La Victoire est en Elles - Lucie Bertaud

  • il y a 4 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit la combattante MMA du Bellator Lucie Bertaud, la dirigeante Aurélie Bresson, créatrice du magazine "Les Sportives" et la triathlète déficiente visuelle Meriam Amara.

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Sport
Transcription
00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21soyez les bienvenus dans votre rendez-vous
00:23dédié aux femmes dans le sport.
00:25Allons encore aujourd'hui à la rencontre de femmes
00:28et bien, dans votre rendez-vous, la victoire est en elles.
00:31Elles, ce sont ces femmes.
00:32Voici le sommaire de notre émission du jour.
00:35Une guerrière avec nous aujourd'hui,
00:37Lucie Berthaut, combattante de MMA,
00:39la Française de 37 ans, veut marquer l'histoire de son sport
00:42après une brillante carrière en boxe anglaise,
00:45un parcours hors du commun.
00:46La dirigeante de la semaine est Aurélie Bresson,
00:49entrepreneuse, militante.
00:51Elle a fondé le magazine Les Sportives en 2016,
00:53un média unique qui met en avant le sport féminin
00:56et c'est déjà une réussite.
00:58Et puis, rencontre avec Myriam Amara,
01:02triathlète non voyante, vice-championne de France.
01:05Elle a récemment terminé un Ironman.
01:08Elle nous parlera de son histoire,
01:10elle aussi particulièrement inspirante.
01:12Voilà pour le sommaire de cette émission.
01:15Nous partons retrouver Lucie Berthaut
01:17du côté de Champigny-sur-Marne.
01:19Ma chère Lucie, bonsoir.
01:21Champigny, oui, c'est l'action locale.
01:23Mais dites donc, qui est-ce qui t'a livré un tableau de moi ?
01:26Toi, ce corps, je le connais, là.
01:28Oui, mais c'est tout toi.
01:30C'est Mayweather, pardon.
01:33On est ravis de t'accueillir.
01:35Lucie, t'as 37 ans, je le disais, t'es combattante de MMA,
01:38anciennement de boxe.
01:40Tu as une vie assez trépidante, tu es aussi journaliste sportive.
01:43Tu as été candidate de Koh-Lanta.
01:46Aujourd'hui, t'es concentrée sur le MMA, c'est bien ça ?
01:50C'est ça. En fait, pour vous faire un petit résumé,
01:52j'ai d'abord été en équipe de France de boxe
01:54où j'ai eu un niveau d'élite
01:55puisque j'étais en équipe de France.
01:57J'ai tenté de me qualifier pour les Jeux olympiques
01:59et malheureusement, ça s'est soldé par un échec.
02:01Et puis après ça, j'ai eu envie d'autre chose.
02:03J'ai eu envie de m'épanouir en tant que journaliste sportive.
02:07C'était quelque chose d'assez rare dans le monde des sports de combat.
02:10Et c'est finalement en devenant journaliste sportive
02:12que j'ai découvert le MMA.
02:13Je me suis dit, tiens, il y a quelque chose à creuser,
02:15il y a du potentiel dans cette discipline.
02:17Et surtout, ce qui m'a plu,
02:18c'est que les femmes étaient valorisées à l'égal des hommes.
02:21C'est-à-dire qu'en termes de grille de salaire,
02:23en termes de marketing, on les met en lumière.
02:26Et ça, c'est ce qui m'a plu et séduit.
02:27Et je me suis dit, OK, j'ai des a priori sur cette discipline,
02:30mais il y a quelque chose à explorer.
02:32Je retiens deux choses.
02:33Un, tu es une combattante. Deux, tu n'as peur de rien.
02:36Alors, peur de rien, c'est faux.
02:38J'ai peur de tout, mais je mets un point d'honneur
02:41à affronter toutes mes peurs
02:42parce que c'est le seul moyen de les surmonter, en fait.
02:44Donc à chaque fois qu'il y a une aventure,
02:47je réponds présente.
02:48Et peu importe que je sois dans ma zone de confort ou non,
02:51ce qui est excitant, c'est justement
02:52d'aller voir où sont ces peurs et comment les dépasser.
02:55Le 6 mai prochain, tu vas combattre au Bellator MMA.
02:58C'est la deuxième plus grande organisation mondiale
03:00derrière l'UFC à Paris.
03:01On va revenir en arrière.
03:04Toute petite, tu rêvais de quoi ?
03:06Tu as pratiqué le sport et quel sport à partir de quel âge ?
03:09En fait, j'ai toujours été sportive et je me cherchais.
03:12C'est-à-dire que je n'étais pas mauvaise dans les sports que je pratiquais.
03:14J'ai fait un petit peu de danse, un peu d'athlétisme, un peu de basket.
03:18Je n'étais pas mauvaise, mais je n'étais pas bonne non plus.
03:21Et puis un jour, c'était pour apprendre à me défendre
03:24parce que je me faisais attaquer à l'école quand j'étais jeune
03:26et je ne savais pas me défendre et je le vivais très mal.
03:29Ça a rendu ma scolarité très difficile.
03:33Et donc, ma mère m'a proposé d'aller apprendre à me défendre
03:35et elle m'a inscrite dans un club de boxe.
03:37Tu avais quel âge ?
03:38J'avais 14 ans.
03:40OK.
03:4114 ans. Et donc, de là, ça a été une révélation
03:45parce qu'on a découvert que j'étais plutôt bonne.
03:47Dès mon premier combat...
03:49Écoutez, j'ai tabassé mon adversaire.
03:52C'est-à-dire que j'avais tellement peur
03:53que je lui ai littéralement sauté à la gorge
03:55pour en sortir finalement, l'instinct de survie.
03:58Et finalement, j'ai gagné par jeu de l'éprounge de mon adversaire.
04:00Et là, on s'est dit, tiens, il y a quelque chose.
04:02Et donc, finalement, ça m'a aidée à prendre confiance en moi.
04:05Ça m'a aidée à me construire sportivement
04:07et c'est même devenu une partie intégrante de mon identité
04:10parce que finalement, cette carapace de combattante,
04:14c'est ce qui me protégeait contre ce monde que je trouvais hostile.
04:17Et finalement, c'est devenu mon identité.
04:20C'est vraiment une carapace ?
04:21C'est-à-dire qu'au fond de toi, c'est autre chose ?
04:24Il y a cette jeune femme ou cette femme fragile, sensible ?
04:29Carrément. D'ailleurs, c'est ce qui est apparu
04:31dans la dernière aventure à Koh-Lanta.
04:32J'ai été un peu exposée au grand jour.
04:34Moi qui me cache toujours derrière cette carapace de combattante.
04:37Voilà, on me voit comme une femme très, très forte, etc.
04:40Non, je ne suis pas une femme forte.
04:41Je suis juste une femme courageuse, en fait,
04:44qui n'a pas peur d'aller affronter ses peurs.
04:46Et donc, c'est vrai que oui, je suis quelqu'un d'assez ultra-sensible.
04:51Ça veut dire que même sportivement, la manière dont ça s'exprime,
04:54on passe par des grands hauts, des grands bas.
04:55Et puis, je ne suis pas la sportive la plus stable.
04:58C'est-à-dire que je ne suis pas constante en termes de performance.
05:02Ça va être très lié aussi à ma gestion d'émotions.
05:05Courageuse, ça veut dire quoi pour toi ?
05:07Courageuse, ça veut dire avoir peur et y aller quand même.
05:11Ça veut dire faire ce que les autres ne font pas.
05:13Ça veut dire faire des sacrifices et aller chercher ce dont on rêve.
05:19Tu vas réussir à décrocher cinq titres de championne de France.
05:22Tu es également championne d'Europe en boxe.
05:24Qu'est-ce qui fait que tu arrêtes tout d'un coup ?
05:28Je crois qu'après dix ans de me passer en équipe de France,
05:30j'ai eu l'impression d'avoir fait le tour.
05:33Et puis, à ce moment-là,
05:35je sentais que j'étais sur une pente un peu descendante sportivement.
05:38J'avais d'autres aspirations
05:39et j'avais envie de m'accomplir professionnellement.
05:42Comme je l'ai dit, ce qui m'a séduite en MMA,
05:46c'est tout simplement la valorisation de la femme,
05:48le fait que les grilles de salaire soient les mêmes, etc.
05:50Ça, je ne l'avais pas en boxe.
05:51Et à un moment donné, c'est bien de combattre pour la gloire,
05:54mais ce n'est pas ce qui me nourrit.
05:55Donc, j'ai eu envie d'autre chose.
05:57Et j'avais envie d'être plus créative,
05:59d'être dans l'écriture, dans la conception audiovisuelle, etc.
06:02Donc, c'est ce qui fait que j'ai trouvé la passerelle
06:05entre le sport et le journalisme.
06:07C'était une passerelle assez simple, finalement.
06:09Et aujourd'hui, je fais la même chose,
06:12mais plus sur une plateforme digitale.
06:15Maintenant, j'essaie vraiment de m'orienter
06:17et de suivre la vague, de m'adapter vraiment à mon temps.
06:20Quand, en 2010, tu vas t'inscrire au CFPJ
06:22pour devenir journaliste, journaliste sportive notamment,
06:25qu'est-ce qui te motive ?
06:26Qu'est-ce qui te nourrit ? Pourquoi ça ?
06:29Est-ce que c'est par opportunité ?
06:32Ce n'est pas péjoratif quand je dis ça.
06:34Bien sûr. Alors, il y a un peu des deux.
06:36Il y a un peu d'opportunité parce que la passerelle est facile,
06:38mais en réalité, c'était un rêve d'enfant.
06:40Quand j'étais plus jeune, je venais juste de commencer la boxe,
06:43et j'ai vu, je me rappelle à l'époque, Valérie Hénin,
06:46c'était une pionnière, championne du monde de boxe,
06:49et elle avait eu un rôle de consultante sur Canal+, à l'époque,
06:53et ça m'avait inspirée. Je m'étais dit,
06:55mais mince, ça veut dire que ça, c'est accessible pour une combattante ?
06:58Et d'un seul coup, ça a ouvert mon esprit sur le fait que ce soit possible,
07:02et je me suis engagée dans cette voie à partir de ce moment-là.
07:04Et donc, d'un stage à un autre, etc., de fil en aiguille,
07:07et je m'inscris dans un processus de formation de journaliste sportive,
07:13et au CFPJ, et dans le cursus Sciences Po pour les sportifs de haut niveau,
07:17et c'est ce qui m'a permis ensuite de devenir journaliste.
07:21Alors, ce n'est pas que par opportunisme,
07:23c'est aussi et surtout par vocation, parce que moi, j'ai subi ça.
07:28Quand j'étais combattante, les médias ne nous donnaient jamais la parole.
07:31On n'existait pas.
07:32On avait beau faire des performances incroyables à l'international,
07:35il n'y avait que nous qui étions au courant de ces performances.
07:38Alors, je me suis dit, OK, la caméra ne veut pas de nous,
07:41moi, je vais devenir la caméra et je vais faire la part belle
07:45à ceux qui se sont ignorés.
07:46Ce que vous faites d'ailleurs à Sport en France,
07:48et d'ailleurs, merci, et je vous applaudis pour ça.
07:51Mais en gros, c'était un peu ça ma vocation,
07:52donner de la lumière à ceux qui n'en ont pas,
07:55parce que moi, je l'avais vécu et j'en avais souffert,
07:57parce que mine de rien, quand tu es sportif,
07:59on te dit oui, il faut trouver des sponsors,
08:01mais comment tu trouves des sponsors si tu n'es pas visible en fait ?
08:04Il y a les réseaux sociaux maintenant en même temps,
08:06mais je comprends qu'évidemment, ça ne suffit pas.
08:09C'est vrai que les réseaux sociaux, c'est vrai.
08:10Maintenant, les sportifs doivent devenir influenceurs,
08:13c'est un petit peu la condition pour trouver des partenariats.
08:16Donc moi, j'ai eu un petit peu cette chance-là de faire Koh-Lanta
08:19et d'aller loin dans l'aventure, donc ça m'a aidée sportivement.
08:22Mais c'est vrai qu'avant ça, c'était compliqué.
08:24Oui, mais justement, j'allais te dire,
08:26il y a le côté journaliste sportif, il y a la boxeuse,
08:29multititré, il y a le MMA.
08:31Pourquoi avoir fait Koh-Lanta ?
08:32Une fois de plus, ce n'est pas une critique, ça.
08:33Tu as cherché une fenêtre médiatique ?
08:41Alors non, c'est pas le but premier,
08:44mais c'est vrai qu'on ne peut pas ignorer l'avantage qu'on en retire.
08:48Donc évidemment, je faisais une pierre deux coups,
08:49mais non, la motivation première, c'était de me fixer un gros challenge.
08:53C'était un challenge ambitieux pour moi,
08:55parce que la survie, soyons clairs, je n'y connais rien.
08:57Je ne suis pas forcément douée dans une quelconque épreuve de Koh-Lanta
09:01puisque ça ne correspond pas à ce que je fais au quotidien,
09:03mais justement, c'est ça qui m'intéressait.
09:05C'était de savoir qui j'étais face à la difficulté,
09:07qui j'étais face à l'hostilité de la nature,
09:09qui j'étais dans un cadre social qui ne me ressemble pas.
09:12Et quand on meurt de faim, comment c'est ?
09:14Parce que je connais la diététique, je suis tout le temps en régime,
09:17mais là, on n'a pas le choix de choisir tel nutriment, etc.,
09:22de concevoir une assiette qui puisse nous nourrir.
09:25Là, vraiment, on ne mange rien à part de la noix de coco
09:28et très franchement, le corps est mis à rude épreuve.
09:32Donc, c'était intéressant de voir ce que je valais
09:34dans une hostilité complète comme celle-ci.
09:37C'était histoire de me challenger,
09:39et puis, moi, plus je s'ébarraie, plus j'y en suis, en fait.
09:43Et te retrouver en finale, ça t'a surpris ?
09:47Franchement, vu les conditions dans lesquelles j'ai démarré l'aventure,
09:51je t'avoue que je n'avais rien pour moi.
09:53Et finalement, je crois que les sports de combat
09:56m'ont aidée à traverser Koh-Lanta.
09:59Je m'explique.
10:01Oui, parce qu'en fait, tu sais, quand tu es combattante,
10:04ta vie, c'est simple, tu as une vie de bonne sœur, d'accord ?
10:07Tu as une vie d'assiette.
10:09Il n'y a aucun écart,
10:11il y a beaucoup de solitude qui s'accompagne avec ça
10:13parce que ta vie sociale, tu dois la mettre entre parenthèses.
10:15Quand tu es au régime dur, tu t'entraînes deux fois par jour,
10:17à un moment donné, tu ne peux pas faire aucun écart,
10:20aucun, sinon tu le payes.
10:22Et donc, finalement, le fait que je sois à l'aise dans la difficulté,
10:25parce que ce sport est difficile, il faut constamment...
10:28Tu tombes, tu te relèves, tu tombes,
10:29tu passes ton temps à...
10:31À prendre des coups.
10:32À surmonter, oui, à prendre des coups et à surmonter la difficulté.
10:35Donc, finalement, je suis à l'aise dans cette zone-là,
10:37je suis aussi à l'aise avec la solitude.
10:39Et finalement, je crois qu'aussi, ma capacité d'adaptation,
10:43qui est mon point fort dans toute ma carrière globale,
10:46que ce soit dans le sport et dans le journalisme,
10:48et de manière générale,
10:50finalement, c'est cette capacité d'adaptation,
10:52cette clairvoyance, entre guillemets, à analyser la menace
10:56et voir où sont les opportunités,
10:57c'est ça qui fait que j'arrive en finale,
10:59parce que ce n'est pas un jeu sportif, c'est un jeu social.
11:03Oui, agilité, adaptabilité.
11:07J'ai envie de te dire, c'est presque la vie, ça, d'ailleurs.
11:10C'est ça, c'est une belle métaphore de la vie,
11:12c'est une belle métaphore du monde de l'entreprise, d'ailleurs.
11:15Je trouve qu'il y a vachement de similitudes
11:16entre le monde de l'entreprise,
11:18mais surtout les grosses corporations
11:19et ce qu'on vit à Koh Lanta, complètement.
11:21Attends, je vais le déposer, ces deux mots,
11:23parce que tu es capable de me les piquer, sinon.
11:242015, tu vas te tourner vers le MMA,
11:28et tu participes au IMMAF,
11:32c'est les champions du monde d'amateurs à Las Vegas,
11:33et là, bim, médaille d'argent.
11:35C'est une surprise ?
11:37Non, parce que je croyais en moi.
11:39J'avais analysé un petit peu le niveau de l'IMAF,
11:41donc on dit l'IMAF,
11:43et en gros, à la base, c'était un one-shot.
11:46C'était un projet journalistico-sportif.
11:49J'avais décidé de faire une émission sur ce sujet-là.
11:52Donc l'idée, c'était de découvrir ce sport,
11:54son univers, ses protagonistes,
11:57découvrir l'équipe de France,
11:58comment on se prépare pour un combat,
12:00comment ça se passe quand on combat à Las Vegas,
12:02la mecque du MMA.
12:03Donc c'était vraiment une introspection profonde
12:06dans cet univers.
12:07Et finalement, j'ai été prise à mon jeu,
12:10parce que je me suis prise d'affection pour cette discipline.
12:14J'ai découvert qu'elle était très intéressante,
12:17et sans fin, elle est illimitée en termes d'apprentissage,
12:20parce qu'il faut savoir tout faire dans ce sport.
12:23Et surtout, j'ai dit...
12:24Attends.
12:25Savoir tout faire, en quoi c'est différent de la boxe anglaise ?
12:28Et c'est quoi ?
12:29La boxe anglaise, c'est que les poings.
12:31Le MMA, c'est un, les poings,
12:35deux, les coups de pied,
12:36trois, les coups de coude,
12:38quatre, les coups de genoux.
12:40Ensuite, il y a la lutte, le judo, le jujitsu.
12:43C'est tellement dense, il faut savoir faire tellement de choses,
12:46que c'est le sport de combat ultime.
12:48Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'il est aussi tendance.
12:50C'est pour ça que, maintenant, les jeunes ne jurent que par ça.
12:52On l'entend partout.
12:54Octogone, octogone, c'est le mot-clé de la nouvelle génération.
12:58Donc, ça a un succès fou.
13:00Et je crois que j'ai...
13:02Un, j'ai découvert que j'avais toujours de l'énergie à revendre.
13:07Deux, j'ai découvert un univers qui me fascinait
13:09et que j'avais envie d'explorer en profondeur.
13:11Et trois, un sport qui valorise la femme.
13:16Clairement, c'est bon, c'est vendu, on y va, on va voir ce qui s'y passe.
13:19Alors, je vais faire exprès de te provoquer,
13:21mais on a l'impression que c'est une discipline où tous les coups sont permis ?
13:26Non, pas du tout.
13:28Alors, en quoi ça valorise la femme ?
13:30Alors, oui, tu m'as parlé de l'aspect financier.
13:32Alors, ça, on est d'accord que...
13:39Notamment, mon dernier combat où je finis avec un œil comme ça,
13:42on est assez d'accord pour dire que ça ne m'a pas valorisé physiquement.
13:44Mais, par contre, ce que j'aime quand je parle de valorisation,
13:48c'est que les médias ont traité les femmes à égalité.
13:51On va les mettre en avant, on va les mettre sur une main card,
13:54sur un main event.
13:56Elles vont partager la fiche avec les plus grandes stars masculines.
13:59Ça, moi, je suis désolée.
14:00À mon époque, je ne l'ai pas vu en boxe anglaise.
14:03Et puis, le fait qu'on ait une grille de salaire qui soit égale,
14:06c'est quand même assez rare pour qu'on le relève.
14:09Donc, ça, ce sont des choses qui m'ont séduit pour tout le monde.
14:12Pour comprendre une chose, Lucie, et ce n'est pas un côté voyeur,
14:15mais c'est pour tomber dans le concret,
14:17en 2020, tu signes avec Bellator MMA,
14:20la deuxième organisation mondiale.
14:21Derrière l'UFC, tu gagnes des grands combats.
14:23Combien tu gagnes dans les victoires comme ça,
14:25dans des grands rassemblements ?
14:28Alors, en fait, chaque organisation a sa politique
14:32en termes de rémunération.
14:34Par exemple, quand on est à l'UFC,
14:36on prend, en moyenne,
14:38c'est entre 10 000 et 12 000 euros le premier combat.
14:40Ça, c'est seulement si tu perds, c'est pour le combat.
14:42Et si tu gagnes, tu as eu le crime de victoire et tu gagnes le double.
14:46Tu passes du simple au double.
14:47Eux, ils ont des grilles de salaire.
14:48C'est-à-dire qu'à l'entrée, tu gagnes 10 plus 10 ou plus 12.
14:51Les autres organisations, ça va être différent.
14:54Il va falloir que tu te vendes, que tu te valorises,
14:58que tu négocies.
14:59C'est une négociation en fonction de ton potentiel
15:01et de ce que tu es, et de ce que tu as à mettre sur la table.
15:04Si tu génères de la billetterie, si tu es quelqu'un de médiatique,
15:07tout ça fait que tu peux être plus ou moins bien payé.
15:09Si tu débarques, tu viens débuter en MMA,
15:12concrètement, si tu t'en sors avec 1 000 euros le premier combat,
15:15c'est déjà très bien.
15:16Mais ça, c'est le premier combat.
15:17Et quand tu rentres dans une très grande organisation,
15:19tu peux facilement l'établir sur du 15 000, 20 000.
15:23Mais de très grandes organisations mondiales,
15:25souvent les américaines.
15:26Donc ça, c'est génial, et tu as raison,
15:28parce que cette équité homme-femme,
15:30il y a peu de disciplines qui le proposent.
15:32Il y en a beaucoup qui le réclament, mais ce n'est pas souvent entendu.
15:36Comme tu le dis aussi, de pouvoir valoriser les femmes
15:38dans leur discipline lors de mêmes combats que les hommes,
15:42alors pas les uns contre les autres, évidemment,
15:44mais un combat d'hommes puis un combat de femmes,
15:46je trouve ça assez génial.
15:47Si je comprends bien, et bravo, et une fois de plus,
15:51ce n'est pas par voyeurisme que je dis ça,
15:53parce que ça m'intéresse et que j'ai envie de te féliciter.
15:56Merci.
15:57Par an, tu gagnes quoi ? 100, 200, 300, 400 000 ?
16:00Je ne me rends pas compte, du coup, de ce que tu as dit.
16:02Non, non, pas du tout. Là, on est carrément au-dessus.
16:04Non, non, non, pas du tout.
16:06Moi, par combat, au Bellator, j'ai un peu plus de 10 000 garanties.
16:12Et après, je double la mise si je gagne, tout simplement.
16:16Et donc, tu as combien de combats par an, pour qu'on essaie de comprendre ?
16:19Il est là, l'aspect fâcheux,
16:23c'est qu'en général, on ne propose pas plus de quatre combats par contrat.
16:28Le contrat, il est de 18 mois.
16:29Donc, tu fais le calcul, mais encore faut-il ne pas se blesser.
16:33Si tu te blesses, par exemple, si ton contrat, tu as quatre combats,
16:36eh bien, s'il y en a un que tu dois refuser parce que tu es blessé,
16:39eh bien, ça compte dans tes quatre combats.
16:41Donc, tu dois t'asseoir sur cet argent.
16:43Donc, c'est pour ça que moi, j'ai fait le choix
16:45de ne pas vivre entièrement de ça parce que j'ai envie de vivre décemment.
16:49Concrètement, un combat, ça représente à peu près 4-5 mois de salaire, décent.
16:54Personnellement, moi, j'ai fait le choix
16:56d'investir toutes mes primes de combat dans l'immobilier
16:58parce que je veux qu'à la fin de ma carrière,
17:00il me reste certes des grands souvenirs, mais surtout un patrimoine.
17:04Je veux que tous ces coups que j'ai pu prendre à l'entraînement et au combat,
17:07ils aient servi à quelque chose et qu'ils m'assurent un futur tranquille.
17:11Donc, ça, c'est ma manière de penser et de voir les choses.
17:13Il y en a qui en vivent.
17:14Moi, j'ai fait le choix de vivre à côté, normalement,
17:16comme tout le monde, en fait, comme vous, comme n'importe qui.
17:19Donc, je fais mon travail.
17:20Je l'aménage en période de préparation de combat.
17:22Je diminue mes charges de travail, mais je travaille toujours.
17:25Lucie, si je dis que j'ai l'impression,
17:28et on se connaît peu, on se découvre, entre guillemets,
17:32que tu es quelqu'un qui a la rage de vivre
17:35et qui a probablement plus faim que d'autres
17:38et que ça se voit ou ça se comprend lors des combats,
17:43mais pas que, même dans l'organisation de ta vie.
17:47Oui, je ne sais pas.
17:49Alors, il paraît, oui, que je suis comme ça.
17:52Je ne me rends pas compte parce que j'ai toujours été comme ça.
17:54Donc, je ne me rends pas compte.
17:56On me qualifie souvent un petit peu d'écorché vive
17:58et surtout, moi, je ne me laisse jamais abattre.
18:02Je refuse, en fait, la fatalité.
18:05Et après, ça s'explique sûrement
18:08parce que j'ai eu une tragédie beaucoup plus jeune
18:11où j'ai été confrontée très, très jeune,
18:13un, à la violence physique à l'école,
18:15dans un deuxième temps, il y a eu des problèmes familiaux,
18:18dans un troisième temps, j'ai été confrontée
18:20à une mort qui m'a traumatisée
18:22et je me suis rendue compte que la vie était vraiment précieuse
18:26et que je ne pouvais pas me permettre de la gâcher.
18:28Donc, à partir de là, j'ai décidé de vivre ma vie à 200 %
18:31et de ne rien laisser.
18:32Le gâteau, je vais le manger en entier
18:35et peu importe que je tombe, je me relèverai, en fait.
18:37Et peu importe qu'on m'appuie sur la tête,
18:39parce qu'il y a parfois des gens qui font des choses
18:42qui ne sont pas très sympas, je n'ai rien à faire.
18:45Je me relève tout le temps et je mets un point d'honneur à ça.
18:49Je décide de ma vie.
18:51Et peu importe ce qu'on essaye de me faire sur la route,
18:54je vais tout traverser.
18:56En revanche, j'imagine qu'il y a, de ta part,
18:58une vraie évaluation du risque à chaque fois.
19:00Ce n'est pas « j'y vais, puis on verra, Inch'Allah, les yeux fermés. »
19:04Non, mais c'est pour ça, quand tu disais que je n'avais peur de rien,
19:07en réalité, non, j'ai peur de tout.
19:10Mais c'est juste que j'ai du courage, j'ai du cœur,
19:14et ça, ça m'aide à me transcender.
19:16J'ai la foi en moi-même, la foi en la vie,
19:18et c'est ce qui me permet d'avancer pas à pas, de toujours marcher,
19:21même quand on traverse l'enfer, je marche, je marche, je marche,
19:23et je ne m'arrête jamais, en fait.
19:25Ça doit être dur de suivre, hein ?
19:28Ouais, faut que j'étais solide, un peu.
19:30Lucie, quand tu gagnes à Bercy,
19:32t'es la première femme à avoir combattu en MMA, là-bas.
19:36J'imagine que Bercy est plein.
19:39Quand tu gagnes, il y a… Non ?
19:41C'était en pleine pandémie.
19:43Oh, merde.
19:43C'était en pleine pandémie.
19:44Du coup, on n'avait que 1 000 spectateurs, donc c'était frustrant.
19:48C'était frustrant à ce niveau-là,
19:50mais ça restait le premier Bellator à Bercy, c'était Bercy, quoi.
19:53C'était l'accord à Rennes.
19:55Qu'est-ce que ça a généré chez toi ?
19:57Un rêve d'enfant, c'est un rêve qui se réalise,
19:59parce que quand j'ai commencé la boxe à l'âge de 14 ans,
20:02je regardais les grands combats qui avaient lieu,
20:05donc diffusés sur Canal+, qui avaient lieu à Bercy, exactement.
20:10À l'époque, je me disais,
20:11« Waouh, il n'y a que des grands combattants,
20:14et un jour, j'aimerais être là, moi aussi. »
20:16Finalement, tu vois, à force de persévérance,
20:19j'ai pourtant arrêté ma carrière de boxeuse.
20:21Ma carrière de boxeuse ne m'aurait probablement pas amenée à Bercy.
20:23Finalement, je reviens, je retourne au charbon,
20:26et là, boum, le rêve se réalise.
20:2830… J'avais quel âge ?
20:29Moi, j'avais 35 ans, à ce moment-là.
20:31Comme quoi, never give up.
20:34Lucie, c'est quoi le prochain défi ?
20:37C'est quoi le petit truc qui te titille,
20:40comme tu essayes tout ce que tu as envie de faire ?
20:44Écoute, déjà, là, on va essayer de gagner ce combat face à la polonaise.
20:49J'ai en face de moi une fille qui est ceinture noire de taekwondo,
20:51donc puisque moi, je suis à la boxe, elle l'est dans le taekwondo,
20:54donc je vais rencontrer mon alter ego dans un autre domaine.
20:57À partir de là, ça va être un combat extrêmement tactique.
21:00C'est une dure à cuire, elle est agressive.
21:03Je pense que c'est le plus gros combat de ma carrière en MMA.
21:06Ça, c'est le Bellator MMA, et c'est le 6 mai prochain.
21:11C'est ça, c'est le 6 mai.
21:14C'est un moment important.
21:16Pourquoi aussi ? Parce que c'est la fin de mon contrat.
21:19À l'issue de ce combat, tout peut arriver.
21:22Soit je gagne et il y a une renégociation,
21:25et clairement, ma renégociation, elle est ambitieuse.
21:29Soit je perds, et potentiellement, ça peut signer la fin de ma carrière.
21:35Ce n'est pas quelque chose que je vis de manière grave,
21:37et d'ailleurs, je ne vais pas me mettre de pression avec ça.
21:39Je veux gagner pour mon honneur, surtout, parce que j'y tiens.
21:43Et ce jour-là, je compte bien, comment dire, je ne vais pas reculer.
21:48Je vais essayer de prendre chaque seconde du combat.
21:51Dans tous les cas, un combat reste un combat.
21:55S'il y a un revers, je ne m'autorise pas ce scénario,
21:57mais s'il devait y en avoir un,
21:58eh bien, peut-être que ça signera la fin,
22:01et peut-être que ça signera surtout le début d'un nouveau chapitre.
22:04Peut-être qu'à un moment donné,
22:05il faudrait que je m'occupe aussi de ma vie de femme.
22:07Et donc, quel que soit le résultat, en fait, ce sera positif.
22:12Encore faut-il te suivre.
22:18Lucie, on t'embrasse.
22:19Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
22:20Bonne chance pour le signe.
22:21On suit ça et tu reviens nous raconter après.
22:23Après ta victoire, évidemment.
22:24Rendez-vous le signe.
22:26Salut à toi.
22:27Ne bougez pas, un petit jingle et on parle avec une dirigeante.
22:30Est-ce que vous connaissez le magazine Les Sportives ?
22:33On en parle.
22:40Une entrepreneuse sportive et militante,
22:42c'est Aurélie Bresson qui est avec nous.
22:44Bonjour Aurélie.
22:44Bonjour Alexandre.
22:45On se tutoie ?
22:46Volontiers.
22:47Allez Aurélie, tu as 33 ans.
22:48Tu es la fondatrice du magazine Les Sportives.
22:51Tu es présidente de la fondation Alice Mia.
22:53Les Sportives, c'est le 22e numéro qui va sortir.
22:57Exactement, 22e déjà et on va fêter la sixième bougie.
23:00Donc, septième année d'existence.
23:02Déjà, ça passe vite.
23:03C'est évidemment aussi, j'imagine, du digital, des réseaux sociaux.
23:06C'est vrai que le magazine a beaucoup évolué en six ans.
23:09Quand je l'ai créé, seul en fonds propres,
23:10c'était vraiment le magazine papier.
23:12Déjà, un magazine papier à l'ère du numérique,
23:14on m'a dit, mais tu es un peu folle.
23:15Et finalement, aujourd'hui, c'est bien plus que ça.
23:17C'est une maison d'édition.
23:19On va publier nos premiers ouvrages en 2022
23:21et on a également notre plateforme digitale.
23:25On avait pris le cap digital juste avant le confinement,
23:28avant le Covid, en 2019.
23:30Et c'est une réussite, puisque l'année dernière,
23:31on a fait plus de deux millions de visiteurs en un an.
23:34Comme quoi, le sport féminin compte.
23:36Et on ne va pas s'arrêter là.
23:38Au début, je disais, bon, les Sportives,
23:40le jour où le média ou le magazine n'existera plus
23:42et qu'on n'aura plus besoin de militer,
23:44et je mesure mes mots quand même sur militer,
23:46pour le sport féminin,
23:48mais en fait, il y aura toujours des Sportives autour de nous
23:50et on aura de plus en plus des pratiquantes, des dirigeantes.
23:54Et en fait, finalement, les femmes dans le sport,
23:57il y en aura toujours plus,
23:58donc les Sportives ne peuvent que continuer à grandir.
24:00Elles sont tellement inspirantes, d'abord parce qu'elles sont sportives
24:03et ensuite parce qu'elles sont femmes.
24:05Et on sait que ça amène, ça induit des problématiques, évidemment.
24:10On va en parler dans quelques secondes.
24:1122 unes, quelle est la une qui a été la plus puissante pour toi ?
24:17C'est... C'est vraiment difficile, ta question.
24:19Je comprends.
24:20À chaque fois qu'on fait une d'un numéro,
24:22on consacre vraiment une matinée avec chaque athlète,
24:25sur des photos, sur... On va chez elle.
24:28C'est vraiment des bons moments.
24:29On est allées chez Jade Vielle, la cycliste.
24:32On est allées aussi chez Marinette Pichon.
24:34On a passé une matinée chez elle.
24:35Elle nous a accueillies avec les croissants
24:38et elle disait justement,
24:39je suis ravie de faire une vraie couverture qui m'est dédiée.
24:41Elle voulait parler en plus d'homosexualité.
24:43Donc c'est vraiment un numéro sur ce tabou-là,
24:45il y a déjà trois, quatre ans.
24:47Et je pense qu'il n'y a pas une couverture
24:50qui m'a marquée plus qu'une autre,
24:51parce que chacune a son histoire.
24:53Après, chaque sortie de numéro, j'ai l'impression de perdre un bras
24:56ou j'ai l'impression que c'est un accouchement,
24:58que c'est un nouveau bébé qui sort.
25:00Donc je ne suis pas maman,
25:01mais en tout cas, c'est un gros bébé que j'ai sur les sportives.
25:04Et là, le numéro 22, ça va être une très belle couverture
25:07que je peux presque déjà un peu annoncer.
25:09C'est Wendy Renard qui va nous parler de religion
25:13et qui va également nous parler de la gestion mentale des athlètes.
25:16Et on sait ô combien que ce sujet est cruellement d'actualité.
25:19Une interview est déjà faite ?
25:21Elle est déjà faite et le magazine va bientôt aller dans les rotatives.
25:24Et Wendy est une super personnalité,
25:26une femme forte, engagée et courageuse.
25:28Incroyable, oui. Elle est très engagée et c'est fou
25:30comme aussi elle a pu nous livrer, nous parler d'elle
25:33à travers la religion qui était importante pour elle
25:35et comment, en fait, la ville de Lyon aussi l'a accueillie.
25:38Et on a pu parler aussi de la stratégie de Michel Aulas,
25:41au fait, pour faire évoluer aussi l'OL.
25:43Et ça va être vraiment inspirant de le lire,
25:46je n'en dirai pas plus.
25:47Pour partager ton analyse sur le sport féminin,
25:50pour l'avoir beaucoup commenté, notamment l'équipe de France de football,
25:53je trouve que les femmes...
25:57Parce qu'elles sont femmes et que c'est plus compliqué
25:59parce qu'il y a peu de vitrines accordées aux femmes,
26:02alors heureusement, il y en a de plus en plus,
26:03mais on part de loin,
26:05je trouve que les femmes, du coup, ont donné plus.
26:08Et moi, je me souviens de cette équipe de France.
26:09Alors, il se trouve que c'était un homme, Bruno Bini,
26:11qui l'entraînait à cette époque,
26:12mais il nous ouvrait toutes les portes.
26:14On voyageait avec l'équipe de France,
26:16on logeait avec l'équipe de France,
26:17on mangeait avec l'équipe de France.
26:19L'équipe de France s'entraînait
26:20et j'étais assis à côté de Bruno Bini sur le terrain.
26:22C'était merveilleux.
26:24Et c'est peut-être aussi ce qui permet,
26:26et là, je reviens à toi,
26:29de montrer le sport féminin différemment,
26:31parce qu'on va plus loin.
26:32C'est pas juste 25 négociations avec un attaché de presse
26:34pour avoir le gars un quart d'heure.
26:36J'ai peur que, finalement, avec le temps,
26:38on perde, en fait, ce côté proximité avec les athlètes.
26:41On est en train, malheureusement, de...
26:43Je ne veux pas le perdre, mais je comprends ce que tu veux dire.
26:45Oui, on est en train de faire comme avec les garçons,
26:47il y a 10-15 ans, je pense, en fait,
26:49on est vraiment en train de tourner sur ce côté inaccessible,
26:53on déshumanise, où les sportifs doivent être aussi
26:55de plus en plus visibles sur leurs réseaux sociaux.
26:58Elle en parlait aussi, l'invitée précédente.
27:00Enfin, je pense qu'on est en train de déshumaniser, en fait,
27:03cet aspect social et sociétal qu'est ce pouvoir de la femme sportive,
27:08quand on parle d'elle, quand on fait des reportages,
27:11comme tu l'as très bien dit,
27:12quand on est en immersion,
27:13quand on fait un reportage avec une athlète,
27:16en fait, bien plus que dans sa performance.
27:18On parle de son quotidien, on parle de ses...
27:21Comment dire ? De ses tripes, en fait.
27:23On parle de sa vie, de son salaire,
27:26et on va beaucoup plus sur des faits de société
27:27qui font évoluer la société de manière plus juste et égalitaire
27:30qu'à travers l'homme qui est très axé performance.
27:33Pour le coup, on parle rarement des athlètes masculins
27:36et de leur fait qu'ils soient papas aussi, par exemple.
27:38Il y a des thématiques qui reviennent régulièrement.
27:40Je pense à l'équité salariale, je pense à la maternité,
27:44je pense au regard ou au jugement qui est fait.
27:48Moi, je me souviens, quand j'ai commencé, il y a 10 ans,
27:50à commenter le foot féminin, on m'a dit,
27:51« Le foot féminin, c'est quoi ? Ça n'existe pas. »
27:53Il y a des gens qui, aujourd'hui, nous jurent que par ça,
27:55qui ont vomi sur les équipes de France féminine.
27:57Même quand j'ai créé le Média Les Sportives il y a quelques années,
28:00on me disait, « Aurélie, le sport féminin n'intéresse personne,
28:02ça ne va pas marcher. »
28:04Et même quand on parlait de sport féminin,
28:06le mot « sportive », « la sportive »,
28:08pour moi, ça m'a toujours choqué de dire
28:10qu'on ne pouvait pas nommer une sportive en tant que telle,
28:12qu'il fallait que ce soit « sport féminin ».
28:13Et au fur et à mesure, je me dis,
28:14il faut que le sport féminin s'efface,
28:16qu'on arrête de faire exister le mot « féminin ».
28:19Et tant qu'il n'y a pas le mot masculin en face,
28:20en fait, c'est pour ça que ça choque.
28:23Et finalement, en soi, la Coupe du monde féminine de football
28:25avait été une belle vitrine sur ça,
28:27puisqu'on disait « Coupe féminine de football »
28:29et pas « Coupe du monde de foot féminin ».
28:31Et on se dit, pourquoi pas écrire le penchant masculin aussi
28:35sur ce volet-là.
28:36Pour moi, les choses ont vraiment évolué positivement
28:38pour les femmes sportives,
28:40pour la vision qu'on a dans le sport.
28:42Je pense qu'on est même à moins du début,
28:44enfin, même plus que le début, on est à la moitié.
28:47Et quand, justement, on annonce des Jeux olympiques
28:51et paralympiques, enfin, des Jeux olympiques surtout paritaires,
28:55pour 2024, je pense qu'il y a une vraie avancée.
28:58Il y a la loi démocratisation du sport qui est passée
29:01avec l'imposer la parité aussi dans la gouvernance.
29:06Je pense réellement qu'il y a des grandes avancées
29:08et qu'on n'est qu'aux prémices,
29:10mais on avance beaucoup plus rapidement qu'il y a 100 ans déjà.
29:13Oui, je pense qu'il y a 10 ans, on ne parlait que des hommes.
29:16Maintenant, on parle des hommes et beaucoup plus des femmes.
29:19Et on commence à s'intéresser enfin aux paralympiques.
29:23Et je pense que dans l'évolution et la progression,
29:26c'est ça, les différentes étapes.
29:29C'est les différentes étapes.
29:30Après, on dit souvent que le sport féminin,
29:32c'est dans le même panier que le sport paralympique.
29:34On a du mal à les rendre visibles.
29:36C'est un peu aussi mon credo.
29:37J'aime bien dire que je veux rendre visibles les invisibles
29:40et surtout ne plus les oublier
29:41comme on a pu oublier Alice Mia par le passé.
29:44Et je pense que la société d'aujourd'hui,
29:46elle permet plus de ne plus les oublier.
29:48On a tiré les leçons du passé.
29:50On fait beaucoup plus de livres, de magazines.
29:53Il y a les réseaux sociaux.
29:55Après, on est dans une société qui est très éphémère
29:57par les réseaux sociaux, par TikTok, les vidéos.
30:00C'est un peu ce qui m'inquiète quand même,
30:01de dire qu'on vit dans une société qui devient un peu zapping,
30:04un peu éphémère.
30:05Et en même temps, notre travail de journaliste,
30:07donc le tien comme le mien,
30:09fait que c'est à nous d'aller chercher
30:11ces belles histoires inspirantes.
30:13C'est ça, exactement.
30:14Et il y a tellement de femmes inspirantes.
30:16Et moi, je le vois avec toi, avec notre invité avant,
30:19les invités qui vont venir après.
30:21C'est fascinant.
30:24Et puis c'est surtout qu'il y en a tout le temps.
30:26C'est aussi une question qu'on m'avait posée
30:28pour revenir sur ta question d'avant,
30:30auxquelles je n'ai pas répondu d'ailleurs.
30:31Quand on parlait de sujets, de thématiques qui reviennent,
30:35justement, en fait,
30:36s'il y a tout le temps des histoires à raconter,
30:38à chaque fois, même au début que j'ai fourni le Média,
30:40on me disait, mais Aurélie, t'auras des choses à raconter.
30:42Mais en fait, on a trop de choses à raconter.
30:45On reçoit tellement d'histoires tous les jours, au quotidien.
30:48Tellement d'histoires incroyables.
30:51Et en fait, je dirais qu'on essaye de ne pas suivre la vague des thématiques.
30:55C'est exactement ce que j'allais te dire.
30:56Voilà, c'est ça. En fait, sur le deuxième numéro...
30:58En fait, Aurélie, moi, ce qui m'intéresse de moins en moins,
31:01c'est les noms ronflants et tout le monde va commenter la même histoire.
31:03Exactement.
31:04En revanche, la championne ou même pas encore championne
31:09ou post-championne qui a une vie incroyable parce que ça, ça, ça, ça,
31:13d'une discipline qui, au premier abord, ne m'intéresse pas tant que ça,
31:19l'histoire, elle est scotchante.
31:21Ce qui est fou, c'est que quand on a préparé notre 3 ou 4e numéro,
31:25on a dit, on va le faire sur les menstruations.
31:28On a dit, ça va être compliqué.
31:29Il n'y a pas d'autres sujets sur les menstruations
31:31qui existent dans les Médias, surtout dans le sport.
31:34Eh bien, on a fait le pari de faire un sujet sur les menstruations.
31:37Six mois après, l'équipe faisait un spécial.
31:39On lève le tabou des règles dans le sport.
31:41Et finalement, on s'est dit, on n'attend pas qu'il y ait une vague de sujets
31:44ou on n'attend pas qu'une sportive soit en lumière pour parler d'elle.
31:47Aujourd'hui, une Clarisse Agbenenou en parle ouvertement
31:50et pousse sur ce sujet-là.
31:51Exactement. Donc, on voit qu'il y a une libération de la parole.
31:54C'est incroyable et c'est bien.
31:55Ça veut dire que les sportives prennent aussi conscience
31:57qu'elles sont des porte-paroles.
31:59Et nous, au niveau des sportives,
32:00il n'y a pas un jour où on ne valorise pas une sportive.
32:02C'est vraiment notre credo de dire un jour une sportive, en fait,
32:05quelle que soit la discipline et quel que soit le niveau aussi, ceci dit.
32:09Il y a aussi autre chose, Aurélie, qui, moi, je trouve, est passionnant,
32:12fascinant et vous rend, vous, les femmes,
32:14encore plus attachantes, fortes et belles.
32:17Et quand je dis belles, ce n'est pas que physiquement, évidemment.
32:20C'est de pouvoir évoquer ou l'acceptation de la défaite
32:25ou de la difficulté.
32:26Et ça, je trouve que les femmes en parlent plus que les hommes.
32:29Et ça, moi, ça me touche.
32:30Quand je vois la tennis-man américaine,
32:32quand je vois Élodie Clouvel,
32:35quand je vois toutes ces femmes qui culminent
32:38et qui arrivent à en parler,
32:39qui parlent de dépression, post-victoire ou défaite,
32:42et ainsi de suite, je trouve que c'est beau.
32:45Et pardon, mais les hommes qui, soi-disant, ont des grosses,
32:47mais non, on n'en parle pas.
32:49Il faut toujours montrer qu'on est beaux, forts, machin et tout.
32:51On revient sur la question de virilité, finalement,
32:53dont il était question aussi il y a plus de 100 ans,
32:55justement, pour revenir sur Pierre de Coubertin
32:58et tout le personnel médical qui disait à l'époque
33:00que les femmes ne doivent pas faire de sport,
33:02ou pas de traumatisme, parce qu'elles doivent avoir des enfants,
33:05elles doivent, justement, s'occuper de leur famille.
33:08Elles doivent juste être esthétiques.
33:10Et pour le coup, en fait, c'est là qu'on se rend compte
33:13qu'au niveau virilité, on revient de très, très loin, en fait.
33:16C'était l'homme combatif, c'était l'homme qui pilote le pays,
33:21la famille, etc.
33:22Et c'était avant-hier, ça, hein ?
33:23Oui, oui, c'est vrai aussi.
33:25C'est vrai, c'était pas le soir, ça.
33:26Mais es-tu d'accord avec moi que les femmes,
33:28plus que les hommes, sont capables de parler de défaites,
33:31de chocs traumatiques post...
33:36Mais parce qu'elles ont enfin aussi le sas d'expression
33:38qu'elles n'avaient pas avant et qu'elles se sont enfin écoutées.
33:42Je pense qu'il y a quelques années...
33:43Oui, mais quand t'es une femme et que c'est difficile de t'imposer
33:45et qu'en plus, on te fait parler de défaite,
33:47moi, je suis désolé, mais je trouve ça touchant, quoi.
33:49Parce que dans la vie, homme ou femme,
33:50la défaite, elle fait partie de notre chemin et de notre vie.
33:53Non, mais je suis complètement d'accord.
33:54Sauf qu'il y a aussi la culture de l'échec
33:55qu'on n'avait pas forcément avant en France.
33:57Par exemple, dans l'entreprenariat,
33:58pour prendre vraiment mon profil d'entrepreneur,
34:00c'est aussi vraiment ce que je veux défendre aujourd'hui,
34:03après six ans d'avoir monté l'esportive,
34:04c'est au-delà de la militante.
34:06On m'appelle souvent la militante,
34:07mais je suis avant tout aussi entrepreneure
34:09parce que monter un magazine,
34:11c'est pas rien à gérer au quotidien, forcément.
34:13C'est aussi de se dire, en fait, on entreprend,
34:16on gère des projets, on monte...
34:18On voit notre rêve se matérialiser,
34:20mais on peut se planter.
34:21Et en fait, je me plante très souvent aussi.
34:23J'essaye des choses, je construis et je vois que ça plante.
34:27Mais comme le disait Lucie avant, ce qui compte, c'est se relever.
34:29Exactement, ce qui compte, c'est se relever.
34:31Et en fait, dans l'entreprenariat, quand tu as échoué,
34:33quand tu as fermé ton entreprise, tu es pointé du doigt.
34:36Par exemple, au Canada,
34:38on te serre la main parce que tu t'es emmerdé, en fait.
34:42Ton entreprise a merdé, je te serre la main, c'est bien.
34:44Ça veut dire que tu vas mieux rebondir,
34:45que tu vas faire différemment.
34:47Et en France, c'est pas le cas du tout.
34:49Dans le sport, ça a évolué, c'est assez bon.
34:50Tu t'es plantée, tu t'entraînes,
34:52parce qu'on sait que la culture de la victoire dans le sport
34:55est beaucoup plus difficile à aller chercher.
34:57Et dans l'entreprenariat, tu échoues, t'es pointée du doigt.
35:01Et dans le sport, c'est vrai que les femmes ont plus cette tendance
35:03à dire, ben ouais, je me suis plantée, je l'assume.
35:06Et c'est vraiment aussi ce que j'ai envie de transmettre
35:08à travers le média, les sportives, bien plus que le mag
35:11et tout l'écosystème qui tourne autour de l'entité marque,
35:14les sportives, c'est que finalement, être une femme,
35:17être une sportive, c'est bien plus que dans la pratique,
35:19c'est vraiment un état d'esprit.
35:21Et je prends souvent le parallèle aussi
35:22avec le fait d'avoir fait du sport moi-même,
35:24dix ans de gymnastique, j'étais tombée de la poutre,
35:27je m'étais raflée, mais j'étais tombée trois fois, en plus.
35:30Je m'étais raflée, ça me brûlait.
35:32Je me suis dit, oh, je ne vais jamais pouvoir remonter.
35:34J'avais 13, 14 ans.
35:36Mais il fallait quand même que je remonte sur cette poutre,
35:39que je fasse mes deux, trois pirouettes,
35:41mon enchaînement de fin, mon petit salto,
35:43et que je salue le jury.
35:44Et là, je me suis effondrée en larmes,
35:47mais de se dire, ben, je vais au bout, en fait.
35:49Mais c'est là où on se dit que le sport, c'est l'école de la vie.
35:51Exactement.
35:52C'est de se dire, ben oui, là, je sais que je vais me planter, quoi.
35:55Puis sur le fait d'oser aussi, je pense que le fait de se dire,
35:58ben, en fait, il faut que je la fasse, ma pirouette.
36:00Oui, et puis c'est pour ça qu'il faut que nos enfants,
36:02vos enfants fassent du sport, c'est que dans le sport,
36:05il y a la défaite, donc t'apprends à perdre.
36:07Donc, oui, tu pleures, mais le mercredi suivant,
36:10tu vas t'entraîner, le samedi d'après, tu recommences.
36:12Tu vas quand même te replanter, mais tu sais que même
36:14si tu peux te planter, il faut que tu continues, oui.
36:16Je vous trouve où, les sportives ? Vous n'êtes plus en kiosque.
36:18Alors, les sportives, exactement.
36:20Le magazine n'est plus en kiosque depuis le premier confinement.
36:23On a choisi de se concentrer sur l'abonnement.
36:25Donc, le magazine, c'est possible de s'abonner en ligne
36:29ou alors de se le procurer chez nos partenaires,
36:32donc pas mal de fédérations sportives,
36:34fédérations de handball, de basket,
36:37fédération de hockey sur gazon, qui est notre nouveau partenaire également.
36:40Et aussi dans les salons Grands Voyageurs.
36:44Donc, si vous prenez souvent le train,
36:45vous pouvez feuilleter un petit magazine,
36:47les sportives, en attendant votre train.
36:49Et on favorise vraiment l'abonnement,
36:52puisqu'en fait, finalement, le sport féminin,
36:54ça reste une niche dans la niche,
36:56parce qu'il y a encore beaucoup de travail à faire
36:58pour donner de la visibilité à nos femmes dans le sport.
37:00Un dernier mot sur la Fondation Alice Milliat que tu présides.
37:03Alors, la Fondation Alice Milliat a été créée en simultané,
37:07finalement, des sportives à peu plus de six ans.
37:09Et j'en suis présidente depuis bientôt deux ans.
37:11Ça passe vite.
37:12Et Alice Milliat, en fait, on continue à se battre.
37:16Oui, c'est vraiment un combat pour que son nom soit représenté.
37:20On a inauguré la statue Alice Milliat au CNOSF en mars 2021.
37:25Et là, on a vraiment la volonté, en fait,
37:27qu'il y ait de plus en plus d'infrastructures sportives
37:30qui portent le nom de femmes.
37:32On voit, depuis 2018,
37:34il n'y avait que deux enceintes sportives en France
37:36qui portaient le nom d'Alice Milliat.
37:37Et aujourd'hui, on en compte plus d'une vingtaine, voire une trentaine.
37:40Donc, c'est un vrai accomplissement, au-delà d'Alice Milliat,
37:43que des gymnases, que des piscines portent le nom d'une athlète.
37:47C'est vrai qu'on a tous en tête un entraînement
37:49où on allait voir un spectacle dans un gymnase
37:53qui s'appelait Coubertin, par exemple.
37:55Et on garde, en fait, le nom du gymnase en tête.
37:58Et l'idée est que ce nom d'Alice Milliat,
38:00ou que le nom des sportives,
38:01s'intègre dans le quotidien de tout le monde.
38:03Donc, Alice Milliat avec la fondation,
38:06c'est à la fois à travers Alice Milliat
38:07et à travers tous les projets qu'on soutient à l'année,
38:11à travers nos partenaires, nos financeurs,
38:14pour faire rayonner toutes les initiatives possibles.
38:16Merci beaucoup. Merci, Aurélie, de continuer
38:19de faire briller les femmes et le sport féminin.
38:22Et on n'en est qu'au début.
38:23Et les hommes qui s'investissent pour faire briller les femmes aussi,
38:26c'est important de le noter,
38:27parce que pour aller en mixité, il faut de la féminisation.
38:30Donc, merci à vous aussi, Alexandre.
38:31Merci, Aurélie.
38:32Une aventurière dans quelques secondes, ici, sur ce plateau.
38:36Une triathlète non-voyante
38:38que l'on va accueillir avec beaucoup de plaisir avec Salim.
38:41Salut, Salim.
38:42Salut, Alex.
38:43Salim, à côté de toi, une jeune femme, Myriam Amara.
38:46J'aimerais que toi, et permettez-moi,
38:49parce que je suis ravi, fou de joie de vous avoir tous les deux.
38:52Toi, Salim, le non-voyant, j'aimerais que tu me présentes Myriam.
38:56Alors, Myriam Amara, je la connais depuis un petit moment.
38:58On s'est rencontré autour d'une activité aéronautique
39:01qui a été une de mes premières expériences en avion.
39:04Et puis, j'ai eu l'occasion d'accueillir une jeune femme
39:07qui s'appelle Myriam Amara.
39:08Aéronautique et qui a été une de nos occupations pendant un temps.
39:13Et aujourd'hui, Myriam est une triathlète
39:15et touche à beaucoup de sports.
39:17C'est pour ça que j'aime beaucoup son profil, notamment.
39:19C'est qu'elle fait partie des personnes
39:21qui tentent avant de se demander véritablement
39:24si c'est possible ou pas et si ça lui plaît ou pas.
39:26Et a priori, le triathlon t'a accroché plutôt, Myriam.
39:29J'ai plutôt accroché, oui.
39:31Alors, attends, t'as oublié de préciser une chose.
39:33T'as oublié de préciser quelque chose, effectivement.
39:34Qu'est-ce que j'ai pas dit, alors ?
39:35Quoi ? Je sais pas, à ton avis, qu'est-ce que tu n'as pas dit ?
39:38Non, je sais pas.
39:39Quel est votre point commun à tous les deux ?
39:40À part ne pas avoir de limites, ne pas avoir de freins, aimer la vie ?
39:44Non, si je te dis que je vois pas, ça a double sens.
39:47Faut le saisir, celui-là.
39:48Voilà.
39:49Oui.
39:51Voilà, c'est que Myriam, également, est non-voyante.
39:53Tout à fait.
39:55En quoi c'est quelque chose qui vous rapproche, Myriam ?
40:00Qui me rapproche de Salim ?
40:02Ouais.
40:03Non, mais je crois que tu as bien défini, je pense,
40:08un trait de notre caractère à tous les deux,
40:11ce qui a fait que ça a plutôt bien matché entre Salim et moi
40:15quand on s'est rencontrés, effectivement,
40:17quand on a tenté d'apprendre l'aviation,
40:22d'apprendre à piloter des avions.
40:24Donc, voilà.
40:25Tous les deux non-voyants.
40:26Voilà.
40:27Oui, tout à fait.
40:28Tu as 40 ans, ta déficience visuelle date de quel âge ?
40:31Tu es née non-voyante ?
40:33Je suis née très malvoyante, avec une maladie de la rétine.
40:37Dégénérative.
40:38Donc, j'ai perdu la vue progressivement.
40:41Et aujourd'hui ?
40:42Aujourd'hui, je ne vois quasiment plus rien,
40:44à part la lumière ou des très gros contrastes.
40:47D'accord.
40:48Je sais que tu as un garçon fantastique à côté de toi.
40:51Je le sais.
40:52Mais ce qui est merveilleux, et pour en discuter régulièrement
40:56avec Salim et là, pour entendre les discussions
40:58ou en ayant préparé les émissions ensemble,
41:00c'est que vous avez une perception de la vie
41:02qui est évidemment différente de nous.
41:04On va parler de sport.
41:06D'abord, qu'est-ce que tu savais et pourquoi le triathlon ?
41:10Qu'est-ce que je savais du sport ?
41:12Oui.
41:13Tu as toujours été sportive, toi ?
41:14Alors, non.
41:16Mes premiers souvenirs de sport sont très furtifs.
41:20Quand j'étais enfant,
41:22faire du vélo et du patin avec mon frère et ma sœur,
41:27mais ça n'a pas duré longtemps.
41:29Moi, je viens d'une génération où le sport
41:32n'était pas forcément très valorisé pour les déficiences visuelles
41:35et pour les personnes handicapées au sens large.
41:37Dès que je suis passée au collège, on m'a rapidement dit
41:41« Écoute, tu n'es pas obligée de venir sur les cours de sport.
41:44C'est un peu risqué.
41:45Tu risques de te prendre à un poteau ou je ne sais quoi.
41:47Donc, on va te faire une dérogation et reste chez toi. »
41:50Donc, moi, à l'époque, ça m'arrangeait bien.
41:52J'étais bien contente et gagnais un peu de temps.
41:55Et puis, la vie a fait que j'ai cheminé dans ma vie.
42:00J'avais aussi des exigences par rapport à ma vie professionnelle, etc.
42:05Et donc, quand je me suis mise à travailler,
42:08je travaillais beaucoup pour faire ma place.
42:10Et puis, j'ai eu…
42:11C'était quoi ton boulot ou c'est quoi ton boulot ?
42:12Donc, moi, je travaille dans une grande société informatique
42:16et je fais du marketing.
42:17Donc, je m'occupe du marketing pour plusieurs produits.
42:22D'accord.
42:24Et donc, tu grandis, tu mûris, tu développes à travers le boulot.
42:28Voilà, je m'installe à Paris, métro, boulot, dodo.
42:30Et puis, j'ai besoin de trouver un nouvel équilibre dans ma vie.
42:33Donc, c'est là que je me dis qu'il faut faire quelque chose
42:36d'un peu dynamique, qui casse un peu ma routine.
42:40Et c'est là que j'ai commencé à faire du sport.
42:43Et je ne m'en suis plus passée.
42:45Tu avais quel âge ?
42:46J'avais 25, 27 ans, quelque chose comme ça.
42:49Donc, je me suis mise vraiment sur le tard.
42:50Oui, je me suis mise sur le tard.
42:53Et j'ai commencé de manière un peu naturelle
42:55avec des sports que je pouvais trouver dans des associations handisport
42:59ou alors des clubs qui ont déjà intégré des personnes déficientes visuelles.
43:03Donc, j'ai commencé par le tandem.
43:05Vélo tandem.
43:06Vélo tandem, voilà.
43:08Et puis, j'ai découvert un club de roller aussi qui a bien voulu m'intégrer.
43:13Et puis là, je me suis lancée mes premiers défis,
43:16les 24 heures du mois à roller.
43:18Donc, je me suis dit...
43:19En relais.
43:20En relais.
43:21Mais je me suis dit, c'est bien gentil de savoir faire du roller,
43:24mais il faut quand même gagner en endurance.
43:25Donc, je me suis mise à courir pour ça.
43:28Et puis là, je suis rentrée dans une phase un peu de boulimie,
43:32d'expérience sportive.
43:35Donc, j'ai fait de la danse, du ski, des sports aériens.
43:39J'ai rencontré Salim.
43:41Je me suis mise à faire des raids aussi.
43:45Ça, ça a été aussi un grand moment dans ma vie
43:47parce que ça a été, je pense, mon premier raid d'Amazon à Bali.
43:51Ça a été...
43:52Ouais, voilà.
43:54Le gros projet qui, pour moi, me semblait totalement inaccessible
43:58initialement, que j'ai réussi à réaliser,
44:01qui a été juste fantastique.
44:04Et donc, j'en ai refait un autre au Cambodge deux ans plus tard.
44:07Et puis, je me suis mise au triathlon.
44:09À force de courir, rouler et nager,
44:13on m'a proposé par hasard de faire les Championnats de France
44:16de paratriathlon qui se tenait juste à côté de chez mes parents,
44:18là, dans le Nord.
44:19C'était quoi, les distances ?
44:21C'était une distance sprint parce qu'en paratriathlon,
44:24donc, ce ne sont que des distances sprint.
44:25Donc, 750 mètres de natation,
44:2820 km à vélo et 5 km en course à pied.
44:31Tu peux nous expliquer concrètement comment ça se passe ?
44:33Alors, je fais ça avec un guide du début à la fin.
44:37Donc, le même guide fait les trois disciplines.
44:38Voilà, le même guide fait les trois disciplines et les transitions.
44:41Donc, pour nager, nous nageons côte à côte
44:44et on est reliés par la cuisse avec un lien.
44:47Mais il ne te traîne pas ?
44:48Non, non, non. Justement, il y a des...
44:50Non, mais c'est une bonne remarque.
44:52Il y a des règles qui font que, justement, le lien doit être assez court
44:56pour qu'il ne puisse pas me tracter en nageant.
44:59Donc, on nage côte à côte.
45:01Le vélo ?
45:02Le vélo, c'est en tandem.
45:04Alors, c'est en tandem, mais si c'est un super cycliste ?
45:07Ah ben, tant mieux pour moi.
45:10OK.
45:10Non, non. Alors, en compétition officielle,
45:13déjà, je ne peux concourir qu'avec une femme guide,
45:16justement, pour éviter qu'il y ait trop de décalage physique.
45:20Et donc, pour courir, on court côte à côte,
45:23pareil, relié avec un petit lien.
45:25Je comprends, un, pourquoi tu es performante
45:28et deux, pourquoi tu bosses dans le marketing.
45:30Et ce que tu disais, c'est qu'effectivement,
45:33on pourrait se poser la question, le guide, etc.,
45:36à quel moment commence la perf de l'athlète
45:39et où, à quel moment, commence celle de son guide ?
45:42C'est pour ça que c'est un peu indissociable.
45:44C'est vraiment un parti pris de cette discipline aussi,
45:47de cette manière de la pratiquer, de se dire que c'est l'équipe
45:51qui est récompensée, qui est jugée.
45:54Et le cas échéant, sanctionné.
45:56Je conçois ça comme un sport d'équipe, effectivement,
45:59alors que le triathlon, à la base, c'est un sport individuel.
46:02Et je trouve que c'est une chance, quelque part,
46:05de faire ça en binôme.
46:07Et on l'a beaucoup ressenti avec mon guide,
46:10parce que, finalement, je fais du paratriathlon,
46:13mais je m'amuse aussi beaucoup sur des épreuves
46:17« valides », entre guillemets.
46:19Et donc, j'ai fait mon premier Ironman en octobre dernier.
46:23My God.
46:25Pas « semi », Ironman.
46:27Tu peux nous rappeler les distances ?
46:29Salim, bouge tes oreilles, ça va être compliqué.
46:33Donc, en natation, c'est 3,8 km.
46:35OK, qui a déjà nagé plus de 200 m ?
46:37On parle de 3,8 km. Ensuite, sur le vélo ?
46:40180 km à vélo.
46:42180 km de vélo, je répète, 180 km de vélo.
46:46Et ensuite, on enchaîne avec un ?
46:47Marathon.
46:48Un marathon.
46:50Pour finir.
46:51Pour finir en beauté. La cerise sur le gâteau.
46:53Et donc, oui, tout ça pour dire qu'avec mon guide,
46:57à chaque fois, quand on passait à côté de nous,
46:59qu'on nous encourageait en disant « bon courage,
47:02vraiment bon courage pour ce que vous faites »,
47:04nous, on était là avec mon guide, « mais bon courage à vous,
47:07nous, on est deux, on est deux »,
47:09c'est parce qu'on était en Espagne, alors on s'amusait.
47:12Et donc, on se disait « ah, mais ça doit être vraiment chiant
47:15d'être tout seul, en fait ».
47:16Donc, voilà, on prend beaucoup de plaisir aussi
47:19à faire du sport ensemble,
47:21et c'est un vrai partage et un vrai plaisir, oui.
47:24Salim, ça doit t'inspirer, tout ça, évidemment,
47:27sachant que toi, par exemple,
47:29tu fais juste de l'équitation chez les valides,
47:31puisque ça n'existe plus chez les non-voyants,
47:34et donc les… comment ça s'appelait, la discipline ?
47:38C'était le para-CSO, le jumping en e-sport,
47:41qui, effectivement, n'existe plus aujourd'hui.
47:43Et ça soulève une conversation qu'on avait il n'y a pas très longtemps
47:46et une question qu'on me pose très régulièrement,
47:49Myriam, j'ai envie de te transmettre un peu la patate chaude, si je peux.
47:53Débrouille-toi avec ça, vas-y.
47:54Si tu devais, avec… parce que tu as eu des titres en para aussi,
47:59tu as été titrée,
48:01si tu devais nous donner aujourd'hui l'élément duquel tu es le plus fière,
48:06le souvenir qui te rend le plus fière en termes de perfs,
48:09en termes de souvenirs, qu'est-ce que ça serait ?
48:14Alors, c'est vrai, Salim, que j'ai cumulé quelques titres.
48:19En vélo, en course à pied, en triathlon.
48:21Vas-y, donne-les-nous, qu'on puisse voir dans quoi tu fais le tri.
48:24Je suis championne de France de semi-marathon,
48:28de paracyclisme,
48:32en contre-la-montre.
48:34J'ai été vice-championne de France de paratriathlon,
48:37et tout ça, c'est en e-sport.
48:39Je n'ai pas de titres valides, on va dire,
48:41mais pour répondre à ta question,
48:44moi, honnêtement, ce qui m'a rendue le plus fière de moi,
48:47et c'est vraiment un sentiment qui a été assez inédit pour moi,
48:51d'avoir cette grande conciliance et bienveillance pour moi,
48:56c'était justement cet Ironman,
48:58même si je suis arrivée, je ne sais plus, 300e ou je ne sais plus combien.
49:01Combien d'heures ?
49:0310h57.
49:05Et ce qui m'a rendue aussi fière, ce n'est pas tant le résultat,
49:10c'est vraiment le cheminement que j'ai fait pour en arriver là.
49:13Parce que préparer un Ironman, déjà seule,
49:16c'est des contraintes énormes, une discipline énorme,
49:20un engagement très fort.
49:21Mais tu ne te prépares pas seule.
49:23J'étais seule face à moi-même.
49:25Après, c'était à moi de m'organiser
49:28pour trouver toutes les personnes qui voulaient bien s'entraîner avec moi,
49:32et ça, quotidiennement, parce que préparer un Ironman,
49:35c'est un entraînement quotidien.
49:37Oui, et puis d'un an.
49:39Je ne me réveille pas en se disant, dans 15 jours, je suis à l'Ironman.
49:42Cette charge mentale que ça a été pour moi de m'organiser,
49:47de trouver des gens, de rester engagée tous les jours pendant autant de mois,
49:52ça, oui, ça me rend fière et heureuse.
49:57Il faut que j'élargisse et qu'on aille plus loin.
50:00Je comprends la question de Salim, elle est géniale,
50:02mais j'ai envie d'aller plus loin.
50:05De quoi es-tu le plus fier ?
50:06De ta réussite sportive, de ta réussite professionnelle,
50:09de ta réussite de femme ?
50:13Je suis fière d'un peu tout ça, parce que je pense que...
50:15Oui, mais tu as su classer les disciplines sportives.
50:18Moi, j'aimerais que tu me dises, je suis plus contente,
50:22ou ça a été plus dur d'être responsable marketing chez IBM,
50:26ou de finir un Ironman, ou d'être championne de France, je ne sais pas.
50:30Après, franchement, je sais que c'est compliqué.
50:32Ce n'est pas évident à répondre,
50:33mais c'est vrai que quand on parle d'épreuves sportives,
50:37comme l'Ironman, etc., il y a toujours un effet wow chez les gens,
50:41qu'ils disent, wow, c'est incroyable ce que tu es capable de faire,
50:44bravo, etc.
50:45Mais pour moi, le plus dur à gérer quand on a un handicap,
50:48ça reste le quotidien.
50:50Le quotidien et trouver vraiment sa place dans la vie professionnelle,
50:56c'est un challenge, mais immense.
50:59Immense.
51:00Et ce n'est pas qu'un entraînement quotidien.
51:03Ça se travaille dès l'enfance, dès la scolarité.
51:08C'est sûr qu'il faut avoir la chance d'être bien entourée,
51:11de croiser les bonnes personnes qui croient en vous au niveau professionnel,
51:16mais c'est une épreuve quotidienne de faire sa place,
51:19de montrer qu'on mérite d'être là.
51:21Et en plus, t'es une femme, Myriam.
51:24Voilà, il y a ça aussi.
51:26Et puis avant de le montrer aux autres, il faut le croire soi-même, déjà.
51:31Il y a beaucoup de gens qui, malheureusement,
51:33sont en situation de handicap, ne le croient pas eux-mêmes
51:37et n'en sont pas convaincus,
51:39et sont dans un schéma qui a été construit depuis toujours.
51:44C'est là que tout est lié.
51:45Ta vie professionnelle se construit sur tes expériences d'avant,
51:49et le sportif rejoint tout à fait ça.
51:51Si tu pars sur une préparation
51:55sans te dire que t'as une lucarne ou peut-être que tu peux y arriver,
51:59c'est pas garanti que tu sois finisheur.
52:03C'est la première lutte à mener contre toi.
52:06Mais tous les deux, pardon, mais vous êtes tellement une leçon.
52:11Je pense avoir interviewé les plus grands et les plus grandes sportives,
52:15mais je prends une claque phénoménale avec toi, Salim, toutes les semaines.
52:18Je prends une claque gigantesque, Myriam, en t'écoutant aujourd'hui.
52:22J'ai l'impression que j'ai plus de limites que vous.
52:26Faut pas le ressentir comme ça,
52:28mais en tout cas, oui, c'est sympa de changer un peu ta perspective
52:35sur les personnes un peu différentes
52:37et de valoriser la diversité dans la société.
52:41Que ce soit nous qui sommes non-voyants
52:44ou toute autre forme de diversité.
52:47À chaque fois que je rencontre des profils comme Myriam ou d'autres
52:51qui servent d'exemple à beaucoup de gens...
52:53Comme toi.
52:54Je sais pas, mais qu'on voit à la télé qui sont aux Jeux paralympiques
52:58ou même des personnes du quotidien qui sont plus anonymes,
53:03ça me fait toujours dire que, ces gens-là,
53:05il y a un logiciel qui est un peu différent.
53:08D'emblée, la première motivation,
53:11c'est de se dépasser soi pour faire comme les autres.
53:14Et au final, plus ça va, plus on est habitués à le faire,
53:16et plus l'idée va être de dépasser les autres
53:18pour correspondre à ce qu'on est nous à l'intérieur.
53:21Et ça devient un truc...
53:23Le quotidien est comme ça.
53:25On n'a pas fini de galérer tous les jours pour les petits trucs du quotidien.
53:28On n'a pas fini d'être heureux pour des petites choses
53:30qui sont un peu bêtes aussi au quotidien.
53:32Mais il y a ce décalage, peut-être, qui reste ancré.
53:37C'est comme une habitude qu'on a quand on attaque un gros programme sportif
53:41où, le matin, on ne se lève pas courir,
53:42on est malheureux de ne pas se lever courir.
53:44C'est un peu ça. Je pense que c'est un peu la même chose.
53:48Fantastique. Myriam, c'est quoi tes prochains challenges ?
53:51T'as envie de quoi ?
53:52Je cherche encore le challenge qui va me faire vibrer prochainement.
53:57Donc, si vous avez des idées...
53:59Tu veux dire plus difficile qu'un Ironman ?
54:01Non, ce n'est pas forcément la difficulté.
54:03Moi, ce que je recherche...
54:04Quand je dis difficulté, ça peut tout en rester, pas que physique.
54:07C'est le côté expérientiel, moi, dans tout ce que j'ai fait.
54:10Tu vois, autant les raids de l'Ironman et tout.
54:13En plus, je ne le fais pas juste là, en Ile-de-France.
54:15En général, je cherche le côté un peu sensoriel, expérientiel.
54:20Donc, oui, je suis encore en quête des belles choses que je vais pouvoir faire.
54:26Salim, t'as pas des suggestions ?
54:28J'en aurais mille, j'en aurais 2000.
54:30J'en aurais...
54:32Et puis, ce qui est génial, c'est que ça accroche.
54:34Moi, Biriam, c'était sur Facebook que j'avais appris
54:37que t'avais essayé le roller et pas fait qu'essayer une journée
54:40et puis tu laisses tomber.
54:41Et quand t'essayes des trucs, en général, bon...
54:43Alors, peut-être que des fois, tu laisses un peu de côté,
54:46mais avant de laisser de côté, t'essayes bien comme il faut, quoi.
54:50Tu vas vraiment à fond et t'essayes quand même de te dépasser là-dedans.
54:54C'est ça qui est plaisant.
54:55Après, tu n'as pas, là, d'idées, en ce moment,
54:57de choses qui te feraient de l'œil,
54:59des petits appels du pied où tu voudrais tenter ?
55:03La curiosité du moment.
55:04Il y a plein de choses que j'ai envie de tenter.
55:07Il y a plein de sports que j'ai pas essayés.
55:09On parlait du surf tout à l'heure avec Salim.
55:12Il y a plein de sports que j'ai pas encore essayés
55:15et qui, certainement, me tenteront à un moment ou à un autre.
55:19Est-ce qu'au-delà du handicap, être une femme en plus,
55:22c'est encore plus compliqué, Biriam ?
55:25Écoute, pour être honnête,
55:28moi, la plus grosse contrainte de ma vie, c'est mon handicap.
55:32Du coup, je pense qu'il a tellement pris le dessus sur tout le reste
55:36que je me suis jamais sentie défavorisée
55:42à cause de ma féminité, on va dire.
55:45Peut-être que j'ai une perspective un peu biaisée de la chose.
55:49Je comprends.
55:51Est-ce que ton guide, quand tu fais des Ironman, des triathlons,
55:54est-ce que c'est toujours le même ?
55:56Non, non, non, c'est pas toujours le même.
56:01À chaque fois, je dis que je suis très opportuniste
56:04dans la manière dont je fais du sport,
56:06parce que ce que j'expliquais à Salim la dernière fois,
56:10c'est que, par exemple, pour préparer l'Ironman,
56:12j'ai dû tellement m'entraîner
56:15et avoir un tel pool de guides potentiels
56:19pour trouver la personne pour m'entraîner au moment où je voulais
56:23pour faire l'entraînement que je souhaitais, à peu près là où je voulais,
56:26qu'en fait, il faut être super entouré,
56:30il faut avoir un gros réseau de personnes
56:32qui sont prêtes à courir avec toi, à rouler avec toi, à nager avec toi
56:35pour pouvoir pratiquer le sport au niveau où j'ai envie de le pratiquer.
56:39Donc, voilà, c'est un appel du pied à tous les spectateurs
56:42qui souhaitent partager des entraînements.
56:45N'hésitez pas à me faire signe.
56:47Tu es au besoin de monde.
56:49J'aimerais, ça sera ma dernière question,
56:50comprendre une chose au niveau sensoriel,
56:52parce que je comprends, et pour en parler de temps en temps avec Salim,
56:55et j'entends ce que tu dis aujourd'hui,
56:56le sensoriel est tellement important pour vous
57:00que vous le savourez probablement plus que nous, les voyants.
57:05Quel est ton sensoriel le plus fort, entre guillemets ?
57:09C'est celui de l'eau dans l'Ironman, c'est de la vitesse sur le vélo
57:13ou c'est le pied sur le sol dans la course et le marathon ?
57:17Écoute, je pense que si j'ai choisi de m'ancrer dans ce sport,
57:20c'est justement parce qu'il y a plein de dimensions différentes.
57:23Et donc, ouais, nager, c'est vraiment la dimension, on va dire,
57:28la plus compliquée à gérer dans le triathlon,
57:31parce qu'on ne voit pas, on n'entend pas.
57:34Donc, voilà, c'est une dimension un peu particulière à gérer,
57:37mais j'adore nager, particulièrement en mer.
57:40Donc, moi, dès qu'il y a un sens qui est en éveil,
57:44je pense que je prends du plaisir.
57:45Donc, les trois dimensions me plaisent et sont complémentaires.
57:50Tu comprends ça, Salim ?
57:51Totalement, même si je ne comprendrai jamais, jamais, jamais
57:55la force de tous ces nageurs, ces nageuses qu'on reçoit ici.
57:59Moi, je nage la partie coulée de la brasse coulée.
58:01Vraiment, je suis un caillou.
58:04J'ai une admiration folle pour ça et je comprends la pluralité
58:07dans tous les sens auxquels tu fais appel sur le triathlon, c'est de la folie.
58:11Et puis là, on se sent vraiment pleinement vivant.
58:14C'est tellement plaisant.
58:16C'est une forme de liberté que tu acquiers dans le sport.
58:20C'est ça qui est fort.
58:21Bravo, Myriam. A très bientôt.
58:23Tu reviendras nous voir quand tu auras fait faire un triathlon olympique
58:26à notre ami Salim.
58:27Ça suffira pour les distances.
58:29Avec plaisir.
58:30Par contre, c'est toi qui le traîneras. Je suis désolé.
58:32On va vite arriver, mais je ne sais pas où on va arriver.
58:34Merci, Myriam. Bravo encore.
58:37Merci, Salim.
58:38Merci. Merci, Alexandre.
58:39Je vous dis merci à toutes et à tous et je vous donne rendez-vous
58:41très prochainement pour un nouveau numéro de La Victoire est en elle.
58:43Allez, salut.

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