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00:00Roselyne Fèvre, on voit des candidats à la présidentielle tenter leur chance,
00:04soit qu'ils étaient déjà députés et qu'ils souhaitent se faire élire,
00:07soit, dans le cas de François Hollande, par exemple, qu'il retourne à l'Assemblée nationale.
00:11Il y a un précédent, Valéry Giscard d'Estaing, mais ça montre l'enjeu de ces élections législatives aujourd'hui.
00:16Oui, où dans le fond, chacun se met dans la position du sauveur.
00:20Alors, il a été beaucoup critiqué, François Hollande, pour cette décision.
00:24Certains n'ont pas compris comment il pouvait s'allier avec, dans le fond, les anciens frondeurs
00:29et ceux qui lui avaient, qui l'avaient empêché de se représenter.
00:33Donc, voilà, il s'est expliqué.
00:37Il a dit que c'était le sort de la France qui, dans le fond, était plus important que sa chère personne.
00:43Donc, c'est une façon de donner son corps à la science, si on l'écoute.
00:48En tout cas, voilà, il y a un président qui pourrait, effectivement,
00:55soit retrouver les bancs de l'Assemblée nationale, soit, dans le cas d'une recomposition,
01:00est-ce qu'Emmanuel Macron, si jamais d'autres parties du Rassemblement national n'avaient pas non plus la majorité,
01:11est-ce que, dans ce cas-là, il y aurait une possibilité de s'allier avec une personnalité comme François Hollande,
01:17qui serait le...
01:18Ce serait assez cocasse par rapport à 2020-2017.
01:23Et avoir une majorité, mais bon, je pense que c'est un scénario qui n'est pas tout à fait posible.
01:29Jean Garrigue, on voit la composition de ces blocs, puisqu'on se retrouve avec trois blocs, a priori, aujourd'hui.
01:36Cette recomposition, enfin, Edouard Philippe disait la poutre bougeait encore, elle n'est pas achevée totalement ?
01:41Mais non, moi, c'est ce qui me frappe dans ces élections, c'est que ce sont précisément les élections de la recomposition.
01:47On a vu ce qui s'est passé avec Éric Ciotti, c'est-à-dire, comme vous le dites, que la poutre travaille,
01:52et sans doute va-t-elle travailler entre les deux tours, et peut-être au troisième tour.
01:57C'est-à-dire qu'on peut parier qu'une grande partie des LR vont, à un moment, se poser la question de savoir avec qui ils vont pouvoir s'allier,
02:04parce que sinon, c'est non pas une disparition, mais enfin un émiettement quand même très fort qui s'annonce.
02:11De la même manière, pour la majorité présidentielle...
02:13Ça veut dire que, pour vous, les LR ne peuvent pas faire cavalier seul très longtemps ?
02:17Il me semble que leur destin, et la logique politique, c'est, à un moment donné, d'aller vers autre chose,
02:24et cette autre chose est en pleine recomposition, c'est ce qu'on appelle la Macronie,
02:28puisqu'au fond, en dissolvant l'Assemblée, Emmanuel Macron, en quelque sorte, il a dissout la Macronie.
02:35On voit bien les réactions des grands leaders, que ce soit François Bayrou, Édouard Philippe,
02:40très mécontents de ce qui s'est passé, ce qui veut dire qu'on prépare déjà l'après-Macron,
02:45en tout cas la recomposition de la Macronie.
02:47Et à gauche, c'est la même chose, parce qu'on peut aussi interpréter, et c'est à peu près ce que disait Roselyne,
02:52mais on pourrait l'interpréter aussi, le retour de François Hollande,
02:56comme quelque chose qui se situerait dans la continuité de ce qui s'est passé aux élections européennes,
03:01c'est-à-dire une inversion du rapport de force au sein du nouveau Front populaire, enfin ex-NUPES,
03:06et la volonté de François Hollande, de l'intérieur de l'Assemblée nationale,
03:11d'essayer de reconstruire ce pôle d'une gauche sociale-démocrate, de gouvernement, on peut l'appeler comme on veut,
03:17qui pourrait faire pièce...
03:18Pour autant, on a bien vu que l'influence de Raphaël Glucksmann avait été moindre sur cette élection législative,
03:25en termes de circonscription, en termes de poids politique.
03:28C'est une certitude, d'autant plus que le leader, Jean-Luc Mélenchon, reste la figure emblématique de la gauche telle qu'elle existe aujourd'hui.
03:36Emblématique et problématique ?
03:38Et problématique, on le voit aussi.
03:39Mais moi, il me semble bien que, que ce soit, vous voyez, à droite ou le Rassemblement national,
03:44est en passe de devenir ce qu'était le RPF du général de Gaulle, le métro à 6h du soir.
03:50À 18h.
03:51Ouais, le métro à 18h.
03:52Où, au centre, la Macronie est en train d'exploser, qui va récupérer les décombres de la Macronie ?
04:00Comment vont s'arranger les alliances au centre de l'échiquier politique ?
04:04Et puis, à gauche, est-ce que, précisément, ce nouveau Front populaire n'est pas qu'une alliance électorale,
04:10qui, ne l'oublions pas, inclut le NPA, par exemple, c'est-à-dire un nouveau parti anticapitaliste,
04:15qui n'a rien à voir avec François Hollande ?
04:19Donc, ça veut dire que, dans tout ce qui est en train de se passer, il y a tous les germes d'une recomposition.
04:25Anne-Charlene Bézina, le président de la République, a justifié sa décision de dissoudre
04:31par une volonté de clarification du champ politique.
04:33Or, en écoutant Jean Garrigue, on sent qu'on est davantage en pleine recomposition,
04:37qui ne s'achèvera pas forcément, d'ailleurs, à l'issue de ces élections.
04:41Non, moi, je crois que c'est important de dire que cette clarification, elle a été élective,
04:45pour le moment, électoraliste, sans mauvais qualificatifs.
04:49C'est-à-dire qu'on veut remporter des sièges, on s'organise en urgence pour présenter des candidats dans les circonscriptions.
04:56Mais la question de savoir si ces alliances-là survivent la vie parlementaire,
04:59c'est évidemment quelque chose de totalement différent.
05:02Il y a un enjeu, d'ailleurs, qui est celui de cette participation très forte ce soir.
05:05C'est que, étant donné que notre mode de scrutin organise la possibilité pour une liste, pour un point candidat,
05:11de se maintenir au second tour uniquement s'il a eu 12,5% des inscrits,
05:15et bien dès lors que vous avez une plus forte participation,
05:17et avec la participation de ce soir, on est presque à seulement 18% des voix à obtenir,
05:21ce qui signifie qu'on va avoir peut-être des triangulaires, mais des quadrangulaires aussi.
05:25Et ça, ça repousse, en fait, ce moment du jeu politique,
05:28c'est-à-dire qu'on aura des résultats ce soir, évidemment,
05:30mais, politiquement, il y aura de lourds enjeux, à savoir comment on va s'organiser entre lundi et mardi,
05:35et ça, ça présagera la vie parlementaire, parce que ceux qui se seront désistés en faveur de certains
05:41ou qui auront fait alliance avec d'autres,
05:43eh bien, auront à se justifier auprès de leur électorat et de leur opposition dans l'Assemblée nationale.
05:47Ça annonce, vous pensez, pour lundi, des discussions enfiévrées dans le sein des épargnages.
05:51Ou même ce soir, ce soir.
05:53Un autre de tout.
05:55Explosif.
05:56Et moi, je pense, un après, un deuxième tour aussi,
05:59parce que si on est en présence de trois blocs et d'une majorité relative,
06:03alors c'est là aussi que les négociations vont continuer de plus belle.
06:08Forcément, il y a quelque chose de nouveau qui va sortir de tout ça.
06:12Roselyne, quels sont les scénarios qui sont possibles à l'issue de cette élection ?
06:17Soit la majorité absolue pour un des blocs,
06:22suivez mon regard,
06:24soit un centre qui remonte, qui fait une petite remontada,
06:28mais là, je me base sur les sondages,
06:31et effectivement, un bloc de gauche qui reste assez musclé.
06:36Les scénarios, c'est difficile de les faire,
06:39mais il y a quelque chose qui courait ces dernières semaines,
06:43enfin, cette dernière semaine, c'était un fameux gouvernement technique
06:47si, dans le fond, personne n'avait la majorité absolue.
06:50C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron, dit aux uns et aux autres,
06:53il voulait être Premier ministre,
06:55dont les fameux blocs arrivaient un peu en tête,
06:58mais sans majorité absolue.
07:01Là, il forme un gouvernement technique,
07:03avec un Premier ministre un peu, peut-être, peau de fleur,
07:06et puis, des ministres techniques, comme son nom l'indique,
07:11et, dans le fond, pas de lois qui seront votées.
07:14Un gouvernement technique ?
07:16Et peut-être une dissolution à nouveau dans un an.
07:19Dans un an ?
07:21Ce n'est pas un gouvernement d'Union nationale,
07:23un gouvernement technique ?
07:25Non, a priori, non, mais ça pourrait l'être.
07:27Ça peut être une option ?
07:29En fait, ce qui est fou, en quelque sorte,
07:32c'est que tous les scénarios sont possibles.
07:34Qui aurait imaginé, il y a quelques semaines,
07:37que nous aurions une dissolution ?
07:39On était à peu près tous estomaqués le soir des Européennes,
07:46à 21h, quand on a appris qu'Emmanuel Macron parlait.
07:50Et l'ensemble des députés également.
07:52Il va en tirer les conclusions,
07:54mais de là à faire une dissolution,
07:56c'était inimaginable.
07:58Donc, effectivement,
08:00tous les scénarios sont possibles sur la table.
08:02Mais, enfin, si on regarde quand même les sondages,
08:05si on suit les sondages qui ne varient pas
08:07depuis des semaines et des semaines,
08:09eh bien, il y a une possibilité
08:11qu'un bloc ait la majorité absolue.
08:15On évoquait beaucoup le glissement à droite de l'électorat.
08:17On l'a observé, d'ailleurs, à l'occasion
08:19de ces élections européennes,
08:21avec une gauche dans son étiage le plus bas.
08:23Et pourtant, aujourd'hui, on évoque un nouveau front populaire
08:25qui serait en capacité d'être la principale force
08:27de l'opposition, voire même d'empêcher
08:29le Rassemblement national demain
08:31d'obtenir la majorité absolue.
08:33Oui, sans doute que le nouveau front populaire
08:35et la NUPES il y a deux ans sont la conséquence
08:37du faible score de la gauche à l'élection.
08:39C'est-à-dire que les partis de gauche savent
08:41que pour espérer avoir un nombre suffisant de députés,
08:43voire pour espérer avoir une majorité,
08:45il faut qu'ils s'unissent, parce que s'ils partent
08:47en ordre dispersé, ça aurait provoqué vraiment
08:49une... j'allais dire une dissolution
08:51des voix, c'était peut-être pas le bon terme,
08:53mais effectivement une dispersion des voix
08:55de la gauche.
08:57Il y a ce besoin absolument
08:59pour la gauche d'être unie, ce qui explique
09:01le fait que malgré leurs divergences,
09:03malgré tous les conflits qu'on a vus, malgré une campagne
09:05des européennes qui a été marquée quand même
09:07par des disputes entre les partis de gauche
09:09assez virulentes, notamment entre
09:11Raphaël Luxmann, le candidat du Parti Socialiste,
09:13et France Insoumise, malgré ça, on a vu
09:15la gauche réussir à s'unir finalement
09:17assez vite, parce qu'il y a urgence, et aussi
09:19parce que le réflexe antifasciste...
09:21Et les électeurs de gauche y ont cru,
09:23d'après les sondages, c'est ça qui est
09:25le plus étonnant, c'est qu'il y a
09:27un certain nombre d'électeurs, y compris
09:29de Raphaël Luxmann, qui ont suivi
09:31cet attelage. Oui, absolument,
09:33parce que, encore une fois, dans l'histoire
09:35de la gauche française aussi, la lutte
09:37contre l'extrême droite est sans doute l'élément
09:39le plus cimentant de l'unité de la gauche
09:41en France, donc ce n'est pas très surprenant
09:43au final que, voilà, le nom n'a pas été
09:45choisi par hasard non plus, ce n'est pas très
09:47surprenant qu'on ait finalement ce sentiment d'unité
09:49qui est très important, quand bien même
09:51il y a énormément de divisions. Alors on parle de ciment
09:53avec l'union de la gauche,
09:55on a vu la nuque qui a
09:57finalement fini par exploser, moins de deux
09:59ans après sa construction.
10:01Combien vous lui donnez
10:03de temps à ce nouveau
10:05Front Populaire, Jean Garrigue ?
10:07Je ne suis pas prophète, et je ne veux pas leur porter
10:09malchance,
10:11mais a priori,
10:13cette alliance apparaît contre
10:15nature. Manuel Valls
10:17parlait de gauche irréconciliable, je n'irai peut-être pas
10:19jusque-là, mais en tout cas, on a l'impression
10:21que sur un certain nombre d'items,
10:23très important, que ce soit
10:25la politique énergétique,
10:27la politique fiscale, etc., il y a
10:29d'énormes différences. Des antagonismes très forts ?
10:31Des antagonismes très forts, le rapport à l'Europe,
10:33le rapport à la guerre en Ukraine,
10:35le rapport à Gaza, et tout ce qu'on a
10:37vu sur l'antisémitisme, la laïcité.
10:39Donc, ça apparaît quand même
10:41quelque chose de très artificiel.
10:43Si vous comparez, à l'exemple,
10:45au référent, le Front Populaire
10:471936, il a mis deux ans
10:49à se construire. C'est parti du 6 février
10:511934, et on arrive à des élections
10:53en mai 1936. Donc, il y avait
10:55un socle beaucoup plus solide.
10:57La gauche plurielle,
10:59de la même manière, ils avaient réussi à faire
11:01quelque chose qui était très solide. Et je
11:03rappelle que la gauche plurielle, c'était quand même, au premier tour,
11:0543%. Là,
11:07les sondages nous prédisent
11:09quand même beaucoup moins, a priori, pour
11:11ce nouveau Front Populaire.
11:13Et si vous mettez ensemble, comme c'est
11:15probable, dans une même coalition
11:17François Hollande et Jean-Luc Mélenchon,
11:19je rappelle qu'à l'époque, Jean-Luc Mélenchon
11:21avait traité François Hollande de capitaine de Pédalo.
11:23Vous avez quand même une alliance
11:25qui apparaît pour le moins fragile.
11:27Maintenant, comme vous le dites,
11:29ce qui est très intéressant, c'est qu'aux yeux
11:31des militants, la mythologie du
11:33Front Populaire, du barrage à l'extrême droite,
11:35a permis de passer outre
11:37ces différences. Est-ce
11:39qu'ils arriveront à cultiver
11:41justement cette mythologie,
11:43à faire durer cette alliance ?
11:45C'est une vraie question.
11:47Je pense qu'aujourd'hui, personne ne peut
11:49savoir ce qu'il va devenir.
11:51Et ça dépendra beaucoup, d'ailleurs, des
11:53résultats, et notamment du
11:55rapport des forces au sein de ce
11:57nouveau Front Populaire.
11:59Est-ce que ça peut modifier l'hégémonie des Insoumis, qu'on connaît
12:01aujourd'hui depuis deux ans au Parlement ?
12:03A priori, si on regarde la distribution potentielle
12:05des candidatures,
12:07la France Insoumise garde la mainmise.
12:09Donc, a priori,
12:11si les résultats sont conformes
12:13aux ambitions, on aura toujours
12:15une suprématie de la France Insoumise.
12:17Mais vous n'ignorez pas que la France Insoumise,
12:19elle-même, est en plein doute,
12:21en plein désarroi vis-à-vis de son leader.
12:23Est-ce
12:25qu'un François Ruffin, par exemple,
12:27ne serait pas capable, lui,
12:29de reconstituer, justement, cette alliance
12:31de la gauche ? Voilà, c'est des questions qui se posent
12:33aujourd'hui. Et évidemment, la pression sera sans doute,
12:35Anne-Charlene Bézina, ce soir, sur
12:37le parti présidentiel,
12:39s'il s'avère qu'il arrive en troisième force
12:41pour permettre ou non
12:43un Front Républicain face au Rassemblement National.
12:45En effet, parce qu'il faut se poser une question, ce soir,
12:47à l'étude des résultats. Ça ne sera pas
12:49uniquement la question de la majorité. On a parlé
12:51de la majorité absolue, de la majorité relative.
12:53Mais pour qu'on en arrive au gouvernement
12:55technique ou à toutes les hypothèses
12:57qu'on a parfois mises sur la table, il faut se poser
12:59la question de l'opposition. Et ça, c'est quelque chose
13:01qui imprime un petit peu moins dans l'opinion. Mais
13:03la majorité, c'est une chose. Savoir
13:05si la majorité actuelle, le
13:07bloc centriste, comme on aimerait en parler, le bloc du
13:09centre, eh bien, perd
13:11l'opposition, c'est quelque chose
13:13d'historique qui se nourra, ce soir. Parce que
13:15si, vraiment, on a le bloc de gauche
13:17qui est plus important que ce bloc central,
13:19eh bien, cette opposition,
13:21elle aura un visage complètement différent.
13:23Et encore faut-il, pour en arriver
13:25à l'hypothèse d'un gouvernement technique
13:27ou d'unité nationale, ou savoir, en fait,
13:29quelle sera la gouvernance de demain
13:31si elle n'est pas d'une majorité absolue,
13:33eh bien, encore faudra-t-il savoir
13:35si ce bloc de gauche est composite
13:37ou est unitaire. C'est ça qui
13:39permettra ou non la composition
13:41d'un gouvernement de pluralité. Il faudra arriver
13:43d'abord à faire exploser ce bloc de gauche,
13:45ensuite à affaiblir le bloc central
13:47au point qu'il perde complètement l'opposition,
13:49avant de pouvoir imaginer qu'une majorité
13:51relative change le visage du gouvernement.
13:53Donc, tous les scénarios sont certes possibles,
13:55mais il faut quand même avoir en tête que
13:57la manière dont l'opposition va se structurer,
13:59ça sera très important pour savoir
14:01quel sera le gouvernement de demain.