Mercredi 3 juillet 2024, SMART IMPACT reçoit Cécile Denormandie (directrice générale, Les Moutons de l’Ouest) , Maxime Eduardo (cofondateur, Naboo) et Jean-Noël de Charentenay (directeur général, HDF)
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13Et voici le sommet. A mon invité, c'est Jean-Noël Decharentenay, directeur général d'Hydrogène de France.
00:19Il vient d'inaugurer son usine de piles à combustible à forte puissance. Dans notre Zoom RSE, on parlera du développement des éco-pâturages,
00:28un marché en plein essor où, quand les moutons remplacent les tondeuses à gazon. Et puis, dans notre rubrique Startup, je vous présenterai Naboo.
00:35Naboo, c'est une plateforme de réservation de séminaires d'entreprises bas carbone. Voilà pour les titres. C'est parti.
00:48L'invité de Smart Impact, c'est Jean-Noël Decharentenay, directeur général d'Hydrogène de France, qui est avec nous en duplex.
00:55Bonjour, bienvenue. – Bonjour.
00:57– Vous venez d'inaugurer votre usine de piles à combustible forte puissance. Alors, vous en êtes où ?
01:04Parce qu'inauguration dit tout de suite entrer en fonctionnement ou il y a encore quelques étapes ?
01:09– Non, inauguration dit les bâtiments sont terminés. Ça correspond effectivement au programme qu'on avait lancé il y a maintenant 2 ans,
01:16puisqu'on avait posé la première pierre en novembre 2022. Donc le bâtiment a été livré en avril 2024.
01:23On a procédé à l'inauguration. Maintenant, la phase de mise en production démarre.
01:28Notre planning, c'est de commencer cette mise en production d'ici l'automne, à peu près,
01:33pour être prêt à rentrer dans de la production en faible série en 2025 et en forte série à partir de 2026.
01:40– Alors, on va faire de la pédagogie, parler évidemment des clients des marchés potentiels.
01:46Mais d'abord, je voudrais visiter en quelque sorte ce site qui a obtenu la certification BREEAM.
01:52On parle de quoi ? De normes environnementales assez ambitieuses, c'est ça ?
01:55– C'est ça, on parle de normes environnementales, à la fois sur le plan énergétique,
02:00mais aussi sur le confort des utilisateurs, sur l'utilisation de la lumière naturelle,
02:05sur l'utilisation de la climatisation plutôt active plutôt que passive.
02:10Donc c'est toute une conception de bâtiment qu'on a voulu, sur le plan esthétique,
02:15mariées telles qu'elles étaient dessinées au XIXe siècle, c'est-à-dire avec ce qu'on appelle des chêdes,
02:22donc avec des ruptures de pente orientées au nord, de façon à ce que du côté nord,
02:27vous avez des vitres qui ne reçoivent pas la lumière directe du soleil,
02:30qui permettent à l'atelier de fonctionner sans apport de lumière électrique.
02:33Et au sud, sur les points inclinés au sud, bien sûr, aujourd'hui, on n'est plus au XIXe siècle,
02:38on met des panneaux solaires et ça produit de l'électricité qui sera autoconsommée.
02:42– Ça coûte plus cher de construire une usine avec ces normes ?
02:47– Non, à partir du moment où on a pris le sujet dès le départ.
02:52Dès le départ, on a pris le sujet avec l'aide de l'architecte, le cabinet d'architecte patriarche,
02:56on a pu vraiment concevoir le bâtiment sur cette base-là,
03:01et à partir du moment où vous démarrez depuis le début sur ces bases-là,
03:04il n'y a pas de surcoût fondamental, et la valeur potentielle,
03:08la valeur foncière du bâtiment est bien meilleure que si vous aviez un bâtiment
03:11qui était une passoire, qui sera invendable par exemple dans 10 ans.
03:15Notre but, ce n'est pas de revendre le bâtiment,
03:18mais la valeur terminale est quand même assez intéressante
03:22quand vous voulez financer un bâtiment.
03:23– Bien sûr, évidemment.
03:24On va faire un peu de pédagogie, on rappelle comment fonctionne une pile à combustible,
03:28et puis alors là, on parle de pile à combustible forte puissance, de quoi s'agit-il ?
03:34– Une pile à combustible, c'est un élément chimique,
03:38on réintroduit un élément chimique qui est l'inverse de l'électrolyse de l'eau,
03:42on va recombiner les atomes d'oxygène qui se trouvent dans l'air
03:46avec des atomes d'hydrogène qu'on a stockés par ailleurs,
03:49et cette recombinaison reforme de la vapeur d'eau, H2O,
03:53et émet des électrons, donc produit de l'électricité.
03:57La plupart des applications sur des piles à combustible jusqu'à maintenant
04:02étaient plutôt limitées à de la puissance relativement faible,
04:05parce que les marchés anticipés, déjà depuis 20-30 ans,
04:09c'était plutôt des marchés de la mobilité, les voitures à hydrogène,
04:12Peugeot a expérimenté un prototype dans les années 80,
04:16donc ce n'est pas tout neuf, et depuis une dizaine d'années,
04:19on considère qu'hydrogène est un gaz qui sera plus intéressant
04:22que l'utilisation juste dans la mobilité légère,
04:25et le pari d'Hydrogène de France, c'est de dire que cette technologie
04:30peut être utilisée sur des grosses puissances électriques,
04:33et donc nous avons anticipé ce mouvement-là depuis 7-8 ans,
04:39pour arriver à concevoir, passer des accords avec des fournisseurs stratégiques,
04:44pour pouvoir fabriquer nous-mêmes des piles à combustible
04:46qui peuvent produire des puissances très fortes.
04:49Jusqu'à maintenant, les puissances que vous trouviez sur le marché,
04:52c'était du genre, sans prendre trop de chiffres, entre 30 et 100 kW.
04:57Nous, nous fabriquons des piles qui sont plutôt entre 1 MW et 2 MW,
05:02donc vous voyez que c'est un facteur d'échelle qui implique
05:05une méthodologie et une industrialisation un peu différentes.
05:08Effectivement, on n'est plus du tout dans la même échelle,
05:11avec un intérêt pour le mix énergétique français,
05:14c'est-à-dire que vous venez en complémentarité
05:17de l'intermittence des énergies renouvelables, on peut dire ça ?
05:20Oui, absolument. Le pari qu'on a fait au moment de la création d'Hydrogène de France,
05:25c'était de se dire que l'hydrogène était un bon moyen
05:27de stocker l'intermittence des énergies renouvelables.
05:30Alors, dans des réseaux électriques très bien interconnectés,
05:33comme l'Europe continentale, avec des grosses puissances,
05:36ces réseaux-là sont capables, on l'a vu, sont capables
05:40d'amortir un peu les chocs de l'intermittence, jusqu'à un certain point.
05:45Dans des petits réseaux, comme des réseaux insulaires,
05:48là, on ne peut pas mettre beaucoup d'intermittence,
05:50parce que les réseaux électriques ne seront pas capables
05:52d'amortir ces intermittences.
05:54Donc là, c'est pour ça qu'on s'est développé d'abord à l'international,
05:57on est présent dans 30 pays dans le monde,
06:00parce qu'on va chercher les réseaux électriques qui sont assez faibles,
06:03et après la vague suivante, qui dépendra des infrastructures hydrogènes
06:07qui vont se mettre en place, on pourra s'interconnecter
06:11entre le réseau de gaz hydrogène et le réseau d'électricité,
06:15de la même façon qu'aujourd'hui, les centrales à gaz
06:18qui sont utilisées pour faire des productions de pointe
06:21ou des productions de semi-base, on peut très bien imaginer
06:24que l'hydrogène et la technologie sous sel
06:27pourra remplacer les technologies des centrales à gaz dans le futur.
06:31– Vous affichez un objectif de chiffre d'affaires
06:33de 100 millions d'euros en 2027,
06:35avec quelle perspective, quel marché, quel client ?
06:38– Alors sur les marchés qu'on a déjà ouverts,
06:41puisque je vous ai dit, on est présent dans une trentaine de pays,
06:43on travaille sur le développement de projets
06:45qui représentent un investissement global
06:47de l'ordre de 5 milliards de dollars,
06:50à chaque fois qu'on développe un projet,
06:52on capte la valeur à la fois en tant qu'assistant maîtrise d'ouvrage
06:57dans le cadre des développements des projets,
06:59et on capte de la valeur aussi en fournissant les piles à combustible
07:01qui vont faire partie de ces projets-là.
07:03Donc sur une base de 5 milliards de dollars,
07:06on estime que nous, la captation de valeur,
07:08notre objectif c'est de capter entre 15 et 17%
07:11de la valeur des investissements.
07:13Donc vous voyez, 100 millions d'euros,
07:15c'est quelque chose qui est relativement atteignable.
07:19Est-ce que le fait qu'on soit dans une attente,
07:22alors là je redeviens un peu franco-français,
07:24d'une stratégie nationale pour l'hydrogène,
07:27il y a des décisions qui ne sont pas vraiment prises,
07:29est-ce que pour vous c'est une source d'inquiétude,
07:32c'est un frein à votre développement, ou pas ?
07:36Non, ce n'est pas vraiment une source d'inquiétude,
07:38parce qu'encore une fois, je vous le dis,
07:40on s'est d'abord projeté à l'international,
07:42donc on est dans des rapports en termes de régulation
07:44qui sont un peu différents que ce qu'on peut trouver
07:46en Europe continentale et spécifiquement en France.
07:48En France, on a une difficulté,
07:51c'est qu'on fait des choix en matière énergétique
07:54qui sont très structurants,
07:57le choix nucléaire est extrêmement structurant,
07:59donc on a toujours un peu de mal à placer d'autres technologies
08:03dans une programmation globale de l'énergie,
08:06donc il faut attendre que tout ça se mette en place.
08:09L'hydrogène, ce n'est pas quelque chose
08:12qui se met en place d'un claquement de doigts,
08:14ça va prendre un peu de temps.
08:16Moi, j'ai coutume de dire que,
08:18si on revient un petit peu en arrière,
08:20dans les années 50, je sais que ça fait un moment,
08:23mais dans les années 50,
08:25quand vous allumiez votre cuisinière à Paris,
08:27c'était ce qu'on appelait du gaz de ville.
08:29Le gaz de ville, c'était la distillation du charbon
08:32qui produisait de l'hydrogène principalement d'ailleurs,
08:35et ensuite, à partir de la fin des années 50,
08:37on a découvert les gisements de gaz naturel à Lac
08:40et les gisements de gaz naturel en Hollande.
08:42Et l'Europe s'est entièrement convertie, en 7 ans,
08:45au gaz naturel, c'est-à-dire a déployé un réseau,
08:48une infrastructure totale pour basculer du gaz de ville
08:51au gaz naturel en 7 ans.
08:53On peut penser, et ça c'est une volonté politique,
08:56mais l'Europe a été bien impactée par la guerre en Ukraine
09:00et le réchauffement climatique,
09:03pour se dire que le gaz naturel n'est pas forcément
09:06une solution viable à moyen terme,
09:08et donc il faut mettre en place toutes les politiques
09:10qui vont nous permettre d'évoluer vers une nouvelle infrastructure
09:13qui est plutôt basée sur l'hydrogène.
09:15Mais est-ce que l'Europe a pris ses décisions ?
09:18Ah oui, l'Europe a pris ses décisions,
09:20l'Europe vient de mettre en place le package gaz
09:24dans lequel l'hydrogène a sa place,
09:27et l'intégralité des fournisseurs, des transporteurs de gaz européens
09:31est à l'origine d'une initiative
09:35pour déployer des réseaux d'hydrogène en Europe,
09:38et ils ont tout un plan de travail qui est prêt, qui est sur la table,
09:42qui a été pris en compte par l'Union Européenne aussi,
09:45et donc les choses avancent,
09:47et effectivement ça n'avance pas très très vite,
09:49ça avance à la vitesse des infrastructures énergétiques,
09:52ce sont quand même des investissements très très lourds,
09:55et donc on ne peut pas se faire ça d'un claquement de doigts.
09:57Evidemment, est-ce que pour une entreprise comme la vôtre,
09:59ça veut dire que par exemple il y a des subventions européennes
10:02qui sont arrivées, qui pourraient arriver ?
10:06Il y a des subventions européennes qui ont été validées par la Commission
10:10assez récemment, parce qu'on était dans la vague des pièges hydrogène,
10:15donc on a fait partie de la quatrième vague,
10:17donc plutôt dédiée à la mobilité lourde,
10:20et la Commission européenne a reconnu que notre dossier était finançable,
10:25donc les dossiers dans le cadre des procédures pièges
10:27sont présentés par les États membres à la Commission,
10:30et la Commission accorde à l'État membre le droit de subventionner
10:33en dehors des aides d'État, en dehors des traités européens,
10:36le droit de subventionner des projets qui ont été clairement identifiés.
10:39Donc notre projet qu'on a présenté déjà il y a trois ans
10:42a subi toutes les instructions que vous pouvez imaginer
10:45au niveau national et au niveau communautaire,
10:48et là officiellement la Commission européenne a validé le projet,
10:52et officiellement le ministère de l'Économie a publié
10:56que la ligne budgétaire qui était prévue,
10:58était prévue au maximum jusqu'à 172 millions d'euros de subventions
11:02pour notre programme de développement industriel.
11:04– Petite question parce qu'on a à peine effleuré les mobilités,
11:09il y a aussi pour une entreprise comme la vôtre,
11:12des débouchés peut-être dans le ferroviaire ou dans le transport maritime,
11:16ça fait partie des perspectives ou alors pas du tout ?
11:20– Si, si absolument, c'est-à-dire que pour vous redécrire assez rapidement
11:24notre processus mental si je puis dire,
11:26on s'est intéressé à s'impliquer dans la partie industrielle des piles à combustible,
11:31parce que personne n'était capable dans le monde de répondre à nos besoins
11:36dans le cadre du développement des projets de production d'électricité renouvelable,
11:41stable qu'on développe dans beaucoup de pays dans le monde.
11:44À partir du moment où on s'est intéressé à ça,
11:46l'étape suivante c'est de se dire peut-être on peut s'intéresser
11:50à d'autres marchés que la production d'électricité,
11:52mais par contre on garde cette spécificité de forte puissance.
11:56Donc quels sont les marchés dans lesquels des piles à combustible
11:59de forte puissance peuvent avoir un débouché ?
12:02Il y a deux marchés principaux, c'est le fret ferroviaire et le maritime.
12:06Dans le fret ferroviaire, une locomotive de fret,
12:09c'est à peu près 1 MW, 2 MW pour tirer du fret.
12:14La plupart des locomotives sont en fait des véhicules hybrides,
12:18c'est-à-dire qu'ils ont un moteur diesel qui alimente un moteur électrique.
12:22Donc si vous retirez le moteur diesel et que vous mettez une pile à combustible à la place,
12:26cette pile à combustible va alimenter le moteur électrique.
12:30Il faut savoir qu'il y a beaucoup de locomotives de fret diesel dans le monde
12:35et beaucoup de lunes ferroviaires qui ne peuvent pas être électrifiées dans le monde.
12:39Voilà, donc ça fait du rétrofitage si j'ose dire en perspective.
12:42Merci beaucoup Jean-Noël de Charentenay et à bientôt sur Bismarck.
12:47On passe tout de suite à notre rubrique, le Zoom de Smart Impact.
12:51On va parler d'éco-pâturage.
12:54Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
13:06C'est le Zoom de Smart Impact.
13:08Je vous présente tout de suite mon invitée, Cécile de Normandie.
13:11Bonjour.
13:12Bienvenue, vous êtes directrice générale du pôle nature et biodiversité du groupe SOS
13:16et également directrice des Moutons de l'Ouest.
13:19On va parler d'éco-pâturage.
13:21Peut-être qu'on peut commencer par définir de quoi il s'agit.
13:25Effectivement, l'éco-pâturage, c'est un mot un peu technique
13:30qui veut dire qu'on remplace les tondeuses, les débroussailleuses par des moutons.
13:37Aujourd'hui, si vous vous promenez dans la ville de Nantes, dans la ville de Rennes,
13:41si vous amenez votre enfant à l'école dans le Grand Ouest,
13:44puisque les moutons de l'Ouest sont situés dans la zone ouest de la France,
13:48vous verrez peut-être nos moutons en train de brouter les espaces verts environnants
13:53et ils remplacent finalement tout le travail de la tondeuse et des débroussailleuses.
14:00C'est une activité marginale en développement.
14:03Quand on parle d'éco-pâturage, ça représente quoi en France aujourd'hui ?
14:06Aujourd'hui, c'est une activité qui reste encore niche, je dirais,
14:10mais qui se développe à toute allure.
14:13Nous, c'est vrai qu'on a démarré l'activité en 2016
14:17et aujourd'hui, nos clients ne sont que des clients rentrants.
14:22C'est-à-dire que les démarches commerciales sont uniquement entrantes chez nous
14:27parce que les moutons font notre propre publicité, si vous voulez,
14:32puisqu'on nous voit un petit peu partout, dans l'espace urbain, dans l'espace rural
14:38et ça fait envie à nos futurs clients de nous rejoindre.
14:42Mais d'ailleurs, qui sont vos clients ? Plutôt des collectivités locales
14:45ou aussi des entreprises qui ont finalement des espaces verts à gérer ?
14:48Ce qui est intéressant, c'est que c'est très varié.
14:51On a aussi bien des clients publics, des métropoles, des grosses collectivités.
14:56Je vous parlais de Nantes, de Rennes, dans lesquelles on intervient.
14:59Par exemple, au centre des impôts de Nantes, vous pouvez voir nos moutons.
15:04Les bassins d'orage de Rennes, vous pouvez voir nos moutons aussi aux alentours.
15:09On intervient dans beaucoup de communautés de communes du bassin d'Antey.
15:14Mais on intervient aussi auprès des PAD, dans des écoles, dans les jardins des écoles,
15:20dans des centres pénitentiaires.
15:22Donc là, c'est vraiment faire venir l'animal, les moutons, auprès du public,
15:28auquel ça fait beaucoup de bien.
15:30Ça crée un lien qui est très riche avec les personnes âgées des PAD, par exemple.
15:34Vous imaginez l'animation que ça crée d'avoir subitement des moutons
15:38au lieu de tondeuses qui viennent dans les espaces verts de l'EPAD.
15:44Et puis, on a aussi des clients privés qui ont, comme toute société, entreprises,
15:50des espaces verts à entretenir.
15:52Par exemple, Airbus, par exemple Lidl, des grosses PME aussi du bassin de l'Ouest.
15:58Et là, il y a un lien très intéressant qui se crée aussi avec les salariés,
16:02puisque tous les matins, les salariés arrivent et voient les moutons,
16:05et souvent leur donnent un petit nom.
16:07Il y a un attachement qui se crée, donc c'est tout à fait intéressant.
16:11Est-ce qu'il y a des races spécifiques ? J'y connais rien.
16:15Est-ce que vous avez choisi une race plus qu'une autre ? Et si oui, pourquoi ?
16:19Effectivement, on a choisi des races rustiques, qui étaient d'ailleurs des races en voie de disparition.
16:25Ça a aussi permis de contribuer, c'est notre petite pierre à l'édifice,
16:29pour contribuer à sauvegarder aussi ces races de moutons.
16:32On a des lampes de Bretagne, des moutons lampes de Bretagne,
16:36qui sont des gros moutons un peu rustiques, qu'on utilise beaucoup plutôt dans les zones rurales ou périurbaines.
16:41Et en zone urbaine, on a des moutons douaissants,
16:45qui sont des petits moutons noirs, très agiles et très rustiques,
16:49qui peuvent rester sur les lieux toute l'année.
16:54Qu'est-ce qu'ils deviennent en fin de vie ? Est-ce qu'ils vont à l'abattoir ?
16:59Qu'est-ce que vous avez choisi comme système, en quelque sorte ?
17:02C'est une question centrale, qui a beaucoup animé et qui anime beaucoup nos bergers, notamment.
17:09Parce que, voilà, qu'est-ce qu'on fait des moutons en fin de vie ?
17:12Nous, on a fait le choix très assumé, et c'est vraiment revendiqué aussi par nos bergers,
17:17de les laisser mourir de leur belle mort.
17:20On a certaines parcelles un peu plus éloignées des zones urbaines,
17:25qui sont un peu nos centres de vieillesse pour les moutons,
17:29et puis meurent de leur belle mort chez nous.
17:32Donc il y a, on l'a bien compris, des préoccupations même plus,
17:36des engagements en termes de bien-être animal.
17:39Par exemple, pour le transport, là je rentre vraiment dans les choix que vous avez dû faire.
17:44Quand vous les transportez d'une parcelle à l'autre, d'un lieu à l'autre, ça dure longtemps ?
17:49Comment ils sont transportés ?
17:50Alors on est organisé en six zones géographiques sur l'ouest de la France,
17:55donc entre Angers et le nord de la Normandie.
17:57Donc on a six bergers qui sont en CDI, ce qui est aussi une particularité,
18:01parce que souvent dans l'éco-pâturage, les bergers ne sont pas forcément salariés.
18:05Nous, on fait le choix de les salarier en CDI.
18:07Chacun a donc une zone qui lui est dédiée,
18:10et en gros, il n'est jamais à plus d'une heure d'une de ces zones d'intervention.
18:15Donc ça nous permet de rationaliser les déplacements.
18:19On réfléchit aussi en termes d'impact carbone, évidemment.
18:23Ça limite notre impact carbone,
18:26et puis ça permet aux bergers d'être très réactifs,
18:28d'aller sur le terrain rapidement s'il y a quoi que ce soit.
18:31Et donc ils sont transportés sur un petit véhicule roulant,
18:34sur cette petite zone géographique en gros.
18:37Est-ce que l'éco-pâturage, il est possible partout ?
18:40Parce qu'en préparant l'émission, il y a quand même des articles assez critiques
18:45sur des moutons en ville, au bord de périphériques, etc.
18:50Est-ce que c'est possible partout ?
18:52Alors c'est surtout une question de surface disponible.
18:55Parce que le mouton, il n'aime pas être tout seul,
18:57donc il faut mettre au moins deux moutons.
18:59Et nous, on intervient sur des surfaces qui sont au moins de 1500 m².
19:03Donc ce n'est pas énorme 1500 m²,
19:05mais ce n'est pas un tout petit jardin dans un centre-ville.
19:08Et on va évidemment jusqu'à plusieurs hectares,
19:10on met sept moutons par hectare en gros.
19:12Mais en réalité, on peut intervenir à partir de ces surfaces-là, partout.
19:17Et même, on encourage justement nos partenaires et nos clients
19:22à nous faire intervenir aussi dans des zones urbaines.
19:25Parce qu'on trouve, et on le constate tous les jours sur le terrain,
19:29que ça crée un lien avec les populations, qui est vraiment très riche.
19:33Ça crée une animation, les gens viennent voir les moutons.
19:36Donc il y a quelque chose qui se passe quand il y a des moutons
19:39dans une zone urbaine, dans un quartier très urbain justement.
19:42C'est au contraire très intéressant.
19:45Et d'ailleurs nous, on ajoute à notre offre d'entretien des espaces verts
19:50une offre d'animation.
19:52Donc on a des animations tontes, une animation chien de berger.
19:56Donc le berger vient avec le chien.
19:58C'est très impressionnant de les voir travailler avec le chien
20:00et faire rassembler les moutons.
20:02Et ça, nos clients aiment beaucoup.
20:04Ça contribue aussi à les fidéliser et au succès des moutons de l'Ouest.
20:09Vous êtes, je l'ai dit, directrice générale du pôle nature et biodiversité
20:12du groupe SOS, le plus grand groupe européen d'économie sociale et solidaire
20:17qui est donc devenu actionnaire des moutons de l'Ouest.
20:22Peut-être pourquoi ? Et puis quelles conséquences a ce partenariat ?
20:27Alors effectivement, le groupe SOS est actionnaire majoritaire
20:30des moutons de l'Ouest depuis un an maintenant.
20:34Comme vous l'avez dit, on est le premier groupe de l'économie sociale et solidaire
20:37d'Europe et de France.
20:39On intervient beaucoup sur les secteurs du médico-social, historiquement,
20:43la protection de l'enfance aussi, mais également le secteur de la transition écologique
20:49en faisant le lien entre transition écologique et lien social.
20:54Et nous, aux moutons de l'Ouest, on a vraiment une ambition forte
20:59sur la dimension RSE et on espère aller très loin sur les impacts sociaux
21:05en faisant intervenir des gens dans un parcours d'insertion professionnelle
21:10qui intégrerait du coup la société les moutons de l'Ouest.
21:14L'insertion professionnelle, c'est quelque chose que le groupe SOS maîtrise bien,
21:17qu'on fait dans de nombreuses associations ou entreprises d'insertion.
21:22Et là, l'éco-pâturage, ça s'y prête particulièrement aussi du fait de ce lien
21:27avec l'animal, donc des gens qui sont éloignés de l'emploi depuis longtemps,
21:32qui rentrent dans une démarche d'insertion professionnelle.
21:34C'est un parcours qui dure deux ans, donc on peut les accompagner pendant deux ans,
21:37leur remettre le pied à l'étrier dans vraiment une démarche de retour à l'emploi.
21:41Et donc c'est ce qu'on va essayer de mettre en place aux moutons de l'Ouest.
21:44Merci beaucoup Cécile de Normandie et à bientôt.
21:47Sur Bismarck, on passe à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
21:58Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables avec Maxime Edouardo.
22:03Bonjour.
22:04Bienvenue, vous êtes le co-fondateur de Naboo, créé en 2022 avec Antoine Servant,
22:08Lucien Bredin et Jean-Louis Villeminot.
22:11C'est quoi Naboo ? Racontez-moi.
22:12Naboo, c'est une plateforme d'organisation d'événements d'entreprises clés en main,
22:15en réservation instantanée et surtout bas carbone.
22:18Bas carbone, ça c'était le point de départ de la création.
22:21Vous vous êtes dit, il faut réinventer un peu les séminaires.
22:24Alors nous, on ne s'est rien dit, on a surtout écouté.
22:26On a écouté notre clientèle qui, de toute façon, c'est essentiellement des grands groupes
22:31et qui a des engagements désormais RSE très importants
22:34et qui souhaite en effet organiser des événements beaucoup plus faibles émissions
22:38que ceux qu'ils organisaient avant.
22:40En clair, un peu moins d'événements à Marrakech et un peu plus dans le Perche.
22:44Ça rime et ça sonne bien, donc on prend moins l'avion, on l'a bien compris.
22:48La comparaison, même en termes de bilan carbone justement, avec des séminaires classiques,
22:52comment vous la faites ? Comment vous l'évaluez ?
22:54Alors, séminaires classiques, c'est un peu dur à évaluer.
22:56Mais en tout cas, c'est sûr qu'à partir du moment où on prend l'avion,
22:58ça fait exploser les émissions de carbone.
23:00Aujourd'hui, ce que je peux vous dire, c'est que d'après nos analyses,
23:02les séminaires que nos clients organisent locaux en France avec de la mobilité douce,
23:06c'est à peu près 100 à 150 fois moins d'émissions qu'un séminaire où on va prendre de l'avion
23:10que ce soit pour partir en Corse ou pour partir de l'autre côté de la Méditerranée.
23:14Donc c'est un énorme impact pour nos clients.
23:16Je résiste pas à la question, pourquoi Naboo ?
23:18Alors évidemment, les fans, moi, de la saga Star Wars, savent que c'est une planète.
23:22Mais pourquoi vous avez choisi ce nom ?
23:24Parce que vous êtes fan de Star Wars.
23:26Pour la planète de Star Wars, en effet, nous, on vend du voyage.
23:28Et donc, on s'était dit qu'il n'y avait rien de mieux qu'une planète
23:30qui évoque la nature dans le futur pour représenter notre marque.
23:34Donc, une petite question un peu générale sur le marché des séminaires d'entreprise.
23:38On en est où aujourd'hui ?
23:40Le marché des séminaires d'entreprise…
23:42Il y a eu un coup d'arrêt clairement avec le Covid.
23:44C'est ça, mais une très forte reprise juste après
23:46qui est liée non seulement au Covid, mais également à l'essor du télétravail.
23:48Avec le télétravail, évidemment, ça a un petit peu distendu le lien
23:52entre les collaborateurs qui, du coup, se voient un petit peu moins en entreprise.
23:54Et donc, les entreprises ont augmenté massivement leur consommation d'événements
23:58pour rassembler leurs collaborateurs.
24:00Donc le marché, il a pris bien 30% sur les 2-3 dernières années.
24:04Il est toujours en croissance. Il est juste un petit peu différent aujourd'hui
24:06parce qu'il y a plein d'autres impacts comme l'inflation
24:08qui est venue également un peu cisailler les coups dans les entreprises.
24:12Donc aujourd'hui, on fait des plus gros événements.
24:14On en fait un petit peu moins et on essaie de maintenir le budget.
24:16Voilà ce qui se passe.
24:18Et vos clients sont forcément des grands groupes ou des grandes entreprises ?
24:20Majoritairement pour nous.
24:22C'est vrai qu'on a une offre qui est particulièrement dédiée
24:24et adaptée aux grands groupes justement
24:26parce qu'on va travailler toutes ces notions de bilan carbone
24:28pour les événements.
24:30On les accompagne sur toute la réduction de leurs émissions.
24:32On les accompagne sur la gestion intégrale de leurs événements.
24:34Et pour nous, c'est également, je ne vais pas le cacher,
24:36beaucoup plus rentable de travailler avec des grands groupes
24:38qui ont beaucoup d'événements plutôt que de travailler
24:40un événement par événement pour les plus petites entreprises.
24:42Donc on parle de quoi ?
24:44De séminaire au vert en quelque sorte ?
24:46Vous avez des lieux privilégiés,
24:48pas trop éloignés à chaque fois
24:50du siège des entreprises en question ?
24:52Comment vous travaillez ?
24:54Oui, c'est ça.
24:56On a observé que déjà presque 50%, 47%
24:58des événements d'entreprise ont lieu
25:00à moins d'une heure du bureau.
25:02Déjà c'est une très grosse partie des événements.
25:04Et près de 90% à moins de deux heures des grandes métropoles.
25:06Les facteurs qui impactent énormément les destinations,
25:08c'est justement être proche des métropoles
25:10et avoir une gare à proximité
25:12justement pour y aller en mobilité douce.
25:14Donc nous, notre travail, ça a été
25:16d'aller trouver toutes ces magnifiques destinations
25:18dans les régions, donc les châteaux,
25:20les manoirs que vous pouvez retrouver,
25:22notamment pour des lieux de mariage,
25:24que nous désormais on mobilise pour les entreprises, pour les accueillir.
25:26Donc il y a l'avion,
25:28mobilité douce,
25:30il y a d'autres leviers à activer
25:32pour créer un séminaire bas carbone ?
25:34Alors, nous ce qu'on mobilise,
25:36vous avez raison, avant tout c'est la partie mobilité
25:38c'est ce qui a le plus gros impact.
25:40Mais ce n'est pas le seul impact qu'on peut avoir.
25:42Par exemple, nous on travaille quasi exclusivement avec des acteurs locaux.
25:44Donc on permet à ces gens-là d'avoir du travail toute l'année
25:46plutôt que d'en avoir que dans les pics saisonniers.
25:48Donc on crée de l'emploi indirect dans les régions
25:50et c'est très important, cette année on va créer plus de 500 emplois
25:52indirects dans les régions, sachant qu'aujourd'hui
25:54nous on est 80 salariés chez Naboo,
25:56donc on a quand même un impact qui est encore plus important
25:58sur l'environnement extérieur. Ça je dirais que c'est la première chose.
26:00La deuxième, ça reste
26:02la partie mobilité, c'est sûr,
26:04et le bilan carbone qu'on va effectuer.
26:06Est-ce qu'on fait zéro déchet pendant les événements ?
26:08Est-ce qu'on est en sourcing local ?
26:10Est-ce qu'on cuisine avec des ingrédients de saison ?
26:12Toutes ces choses-là ont un impact réel sur l'environnement.
26:14Et tant qu'on parle
26:16de toute cette partie RSE, il y a un troisième impact
26:18que je voudrais évoquer pour les intermédiaires
26:20comme nous, particulièrement, parce que
26:22ce n'est pas nous qui fournissons le service en réalité,
26:24nous on est intermédiaire, c'est la répartition
26:26de la valeur. Puisque quand une entreprise
26:28passe par un intermédiaire comme nous pour organiser un événement,
26:30elle s'attend à payer un certain prix
26:32et en réalité les intermédiaires se rémunèrent
26:34essentiellement sur les fournisseurs.
26:36Et donc en fait, il y a cette notion de commission,
26:38de rétro-commission que les partenaires vont nous
26:40donner, c'est notre chiffre d'affaires, il est constitué
26:42comme ça, et il y a une notion de juste
26:44commission pour que ces gens-là vivent bien.
26:46C'est un peu comme le système booking,
26:48plus ils sont devenus gros, plus ils ont pris des commissions
26:50et moins c'est devenu juste pour les hôteliers.
26:52Et nous, c'est notre dernier combat, c'est celui
26:54d'avoir une juste répartition de la marge,
26:56donc on prend nous entre 10 et 12% de commission
26:58envers nos partenaires et on considère que c'est ça
27:00qui est juste et qui permet de créer un cercle vertueux
27:02et donc des événements qui sont justes et responsables.
27:04Merci beaucoup Maxime Edouardo
27:06et bon vent à Naboo.
27:08Voilà, c'est la fin de ce numéro de
27:10Smart Impact. Merci à toutes et à tous
27:12de votre fidélité à la chaîne des Audacieuses
27:14et les Audacieuses, salut !