• l’année dernière
Mardi 3 octobre 2023, SMART IMPACT reçoit Antoine Giacopazzi (Fondateur, CEES) , Alexia Germont (Avocate, Présidente, France Audacieuse) , Blaise Desbordes (Directeur général, Max Havelaar France) et Frédéric Lerebour (Directeur général, Lobodis)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:14 Et voici le sommaire, c'est justement d'un nouveau capitalisme à inventer, à réinventer, que l'on parlera avec l'invité de Smart Impact,
00:22 l'avocate Alexia Germont, qui est également présidente du Cercle de réflexion France Audacieuse.
00:27 Dans notre débat, on va arbitrer le match entre commerce bio et équitable, qui résiste le mieux à l'inflation et au bouleversement des habitudes de consommation des Français ?
00:37 Réponse tout à l'heure. Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai les lunettes de soleil SIS fabriquées à base de déchets plastiques recyclés.
00:48 Voilà pour les titres, c'est Smart Impact, tout de suite.
00:51 [Générique]
00:57 Bonjour Alexia Germont, bienvenue.
00:59 Bonjour à vous.
01:00 Vous êtes avocate présidente du CERCLE DE RÉFLEXION FRANCE AUDACIEUSE, à tout bon endroit, BISMART c'est la chaîne des audacieux.
01:07 Quelles sont les missions de ce CERCLE DE RÉFLEXION ?
01:09 Écoutez, c'est très simple, c'est participer à notre propre mesure, à la réflexion collective, avec un prisme un peu particulier qui était le prisme de la société civile.
01:19 Donc simplement avoir des personnalités issues de la société civile, légitimes par leur parcours et qui tentent de réfléchir ensemble,
01:28 non seulement sur les constats bien sûr, mais également sur des solutions qui peuvent éventuellement être proposées.
01:35 Donc on est véritablement sur des questions essentiellement économiques, mais aujourd'hui l'économie ce n'est pas de l'économie sans masse musculaire sociale évidemment.
01:48 Donc ça nous permet de toucher à des sujets transversaux.
01:52 Et notamment aux questions dont on va parler ensemble, ce nouveau capitalisme d'une certaine façon qu'il faut inventer, l'urgence climatique nous y oblige.
02:02 C'est quoi ? C'est l'économie circulaire qui doit prendre le dessus ?
02:05 Alors l'économie circulaire évidemment est très importante dans la définition.
02:10 Ce que je trouve justement intéressant sur ces sujets là, c'est que ce sont des sujets qui par nature maintenant imprègnent l'ensemble des réflexions que nous devons tous avoir,
02:19 citoyens mais également responsables politiques et publics.
02:24 Et ça devient finalement des sujets transversaux qui doivent vraiment venir nourrir l'ensemble de la réflexion.
02:31 Alors une fois qu'on a dit ça, c'est vrai qu'en matière de transition écologique, très honnêtement, je vous parle de façon assez directe,
02:39 mais moi je trouve qu'on s'y prend assez mal en tout cas dans la façon dont on parle de la transition écologique.
02:45 Pourquoi ? C'est encore trop anxiogène ? On n'arrive pas à la ronde désirable ? Pourquoi ?
02:50 Alors je crois que d'abord il faut dépolitiser le débat.
02:54 Et qu'il y a déjà un certain nombre de travaux remarquables qui ont été faits par des cercles de réflexion.
03:01 Je pense bien sûr au Chief Project, que je ne connais pas par ailleurs, donc vous voyez c'est totalement libre dans ce que je pointe.
03:09 Mais également il y a eu de très fortes modifications dans l'approche gouvernementale ces derniers temps.
03:16 Vous avez le Secrétariat Général à la planification écologique, vous avez eu le rapport de M. Pisaniferi, qui pour France Stratégie également.
03:25 Donc on a aujourd'hui...
03:27 On a les outils, on a la connaissance. Est-ce qu'on prend les bonnes décisions ?
03:31 Alors déjà, elle n'est pas partagée.
03:33 Et c'est là où je pense qu'il y a un rôle qu'on devrait essayer de pousser.
03:38 Et au sein de France Audacieuse, moi c'est ce qui m'intéresse, c'est que notamment je trouve que les élus par exemple ne sont pas utilisés à bon escient
03:46 pour justement faire connaître les outils objectifs dont nous disposons aujourd'hui. Pourquoi ? Pour mobiliser.
03:53 Ce n'est pas du tout une question de pédagogie, parce que ça a toujours un côté un peu péjoratif de parler de plus de pédagogie.
04:02 La réalité c'est que vous avez toute une frange de la population qui est immédiatement concernée par ces sujets.
04:07 Celle-là, on n'a pas besoin de travailler plus avec elle. Il faut maintenant lui donner les solutions qu'elle puisse les prendre en main.
04:14 Mais en revanche, il y a encore toute une partie de la population pour qui ces sujets sont très lointains.
04:19 Et on voit bien sur la partie politique notamment que quand on a essayé la contrainte avec la taxe carbone, on a eu les gilets jaunes.
04:28 Donc aujourd'hui, ça explique aussi pourquoi la démarche, y compris gouvernementale, elle est d'aller vers l'incitation.
04:35 Alors c'est ce qu'on a vu avec la loi de planification écologique qui doit être débattue dans les prochains jours, prochaines semaines au Parlement.
04:43 Il y a eu des annonces du chef de l'État. Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Est-ce qu'elles sont pour vous à la hauteur de l'urgence climatique en matière de climat et de biodiversité ?
04:51 Écoutez, je crois que surtout la façon dont elles sont retransmises, on a l'impression d'avoir des mesures certes fortes individuellement,
04:59 mais sans les remettre dans la grande image. Pourquoi on fait ça ? Qu'est-ce qui nous attend ?
05:07 Et se dire que ce n'est pas qu'en 2024 qu'il va falloir faire ça. Pourquoi ? Parce que, vous l'avez évidemment tous en tête,
05:15 mais il faut simplement aujourd'hui qu'on atteigne -55% de nos émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à ce qu'on faisait en 1990.
05:27 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que maintenant, en moins de 7 ans, on doit faire plus que ce que nous avons fait en 33 ans. C'est ça que ça veut dire.
05:36 Et le jour où on prend conscience véritablement de l'urgence, c'est le jour où on comprend que 80% de l'énergie dans le monde provient des énergies fossiles,
05:45 qu'elles, par nature, ne sont pas inépuisables et qu'on est déjà sur la pente descendante pour certaines. Donc il n'y a pas à tergiverser.
05:54 Aujourd'hui, l'urgence, elle est là. Donc ce qu'il faut, c'est... Et je trouve que de ce point de vue-là, le secrétariat général à la planification écologique
06:04 a fait le travail. Mais il faut faire connaître ce travail, justement pour répondre à votre question. Pourquoi on demande des efforts aux Français ?
06:11 Pourquoi on flèche ? C'est tout simplement pour préserver l'eau et la biodiversité, mieux se chauffer, mieux consommer, mieux produire.
06:21 Donc tous ces secteurs-là vont devoir être déclinés, y compris évidemment avec les territoires.
06:28 — Oui. Je lisais sous la plume de Cécile Cournudet dans les échos au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron. Le titre, c'était
06:36 « Macron, l'écologie », qui pense à Le Pen. Et je trouve que l'idée est intéressante, parce que moi, j'ai un peu eu ce sentiment-là,
06:44 avec des mesures qui étaient plus incitatives que sacrificielles, et que finalement, président de la République, il faisait beaucoup de politique aussi
06:51 avec cette planification écologique en essayant de ne pas donner de carburant à Marine Le Pen. Qu'est-ce que vous en pensez ?
06:57 — Je pense que c'est certainement une... Vous l'avez dit, il a fait de la politique également. Mais il a fait de la politique en se fondant...
07:07 Et c'est ça qui est intéressant, et c'est ça qu'il faut retenir, en fait. C'est qu'aujourd'hui, les politiques publiques sont assises,
07:13 parce que c'est extrêmement compliqué, sur des travaux qui viennent objectiver les choix qui sont faits. Mais aujourd'hui...
07:20 — Basés sur la science. — Basés sur la science.
07:22 — Beaucoup d'entreprises font ces choix aujourd'hui également.
07:25 — Exactement. Basés sur la science et basés sur une méthode. Et pourquoi je vous dis ça ? C'est parce que je crois qu'il faut...
07:31 Justement, là où nous devons nous réinventer, c'est qu'il va falloir transformer cette très lourde contrainte – parce que c'est comme même de ça
07:38 dont on parle – en une formidable opportunité. Pourquoi ? Juste pour finir là-dessus.
07:43 — Allez-y, allez-y. — C'est que la formidable opportunité, c'est que ça devrait être quelque chose, si on le dépolitise, qui nous rassemble tous.
07:52 Parce que pris en silo, rien ne fonctionnera. C'est pas parce que nous, en tant que citoyens, nous ferons des efforts qu'on arrivera à faire notre transformation.
08:00 — Je vais prendre un exemple concret, puisqu'on parle finalement d'un... — Seul.
08:03 — Oui. On parle d'un nouveau capitalisme à réinventer. Est-ce que ça passe aussi par la fin du secret bancaire ?
08:08 C'est ce que proposent par exemple les verts libéraux en Suisse. — Alors les verts libéraux en Suisse, ce qu'il faut savoir...
08:16 Moi, ce que j'aime bien, quand on regarde à l'extérieur ce qui se passe, c'est qu'en Suisse, le mot « libéral » n'est pas un mot de tabou.
08:23 Donc vous avez... — C'est pas un gros mot. — C'est pas un gros mot. Donc vous avez l'écologie libérale.
08:27 Vous avez ce parti vert libéral en Suisse qui propose... Alors qui sont plutôt sur la cartographie à droite, dans le schéma.
08:38 Et puis qui viennent parler des tabous. Et en l'occurrence, pour les Suisses, évidemment, le secret bancaire, vous êtes en plein dans les tabous.
08:44 Et c'est ça qui est intéressant. C'est que l'on voit justement qu'il va falloir... Quand je vous parle de travailler tous ensemble, c'est quoi ?
08:52 C'est les investisseurs. On est pile-poil dans ce que vous évoquez là, donc avec tout le mouvement de la finance verte.
08:59 Vous êtes dans les citoyens avec à la fois leur parti consommateur et puis la partie travailleur également, dans leur façon de revoir leur mode de fonctionnement.
09:11 Vous avez les politiques publiques. Et si on marche en ordre dispersé, rien n'arrivera à s'enclencher.
09:17 Donc si on arrive à l'inverse, à faire de ce mouvement quelque chose de collectif, là, je pense qu'on peut réinventer ce capitalisme.
09:26 Mais rien que de parler de capitalisme aujourd'hui en France est un sujet qui est clivant.
09:30 — Oui, évidemment. Alors un dernier mot, tiens. Vous avez publié récemment une tribune dans le Harvard Business Review.
09:36 Vous y pointez l'importance de l'innovation pour développer l'économie circulaire. Ça veut dire quoi ?
09:42 Elle est sous-employée aujourd'hui ou pas forcément dans la grille de lecture de l'économie circulaire ?
09:47 — Oui, elle n'est pas forcément dans la grille de lecture. C'est ça, moi, qui m'a frappée. C'est qu'en fait, évidemment,
09:52 tout, c'est en matière d'économie circulaire. Pour finalement arriver à monitorer les progrès qui sont faits,
10:00 vous avez un certain nombre d'indicateurs d'évolution. Jusque-là, la méthode est très classique.
10:06 — Il n'y a pas l'innovation. — Il n'y a pas l'innovation dedans. Donc effectivement, pour quelqu'un qui est un peu branché
10:11 sur le secteur économique, on se dit quand même qu'il y a quelque chose qu'on a loupé, là. Donc c'était pour ça que j'ai écrit
10:17 cette tribune, pour dire peut-être qu'on peut aussi... C'est symptomatique aujourd'hui qu'au travers de l'économie circulaire
10:25 et collaborative, finalement, on ne s'appuie pas sur l'innovation, qui est quand même un des critères majeurs,
10:31 parce que tout ça sans le tissu économique et le tissu d'innovation ne se ferait pas.
10:36 — Merci beaucoup, Alexia Germont. Et à bientôt. — Merci à vous.
10:39 — Sur Bismarck, on passe à notre débat « Commerce bio ou équitable ? » Les Français sont en train de choisir.
10:46 (Générique)
10:52 On parle commerce équitable avec mes invités Blaise Desbordes. Bonjour, bienvenue. — Bonjour. Merci.
10:57 — Vous êtes le directeur général de Max Avalar, ONG, la belle de référence du commerce équitable, avec nous également
11:03 en duplex Frédéric Lerebourg. Bonjour et bienvenue. Vous êtes le directeur général de Lobody's PME Breton,
11:10 spécialisé dans la torréfaction du café. Blaise Desbordes, on commence vraiment par la question générale
11:17 sur l'état de la consommation. À quel point cette inflation persistante bouleverse votre marché, le marché du commerce équitable ?
11:25 — Le commerce équitable résiste très bien, en fait, dans la crise. Pourquoi ? Parce que notre ADN, notre principe de fonctionnement,
11:30 c'est justement de mettre de la lumière sur qui gagne quoi et comment se répartit la valeur. Donc en cas de choc,
11:36 comme c'est le cas actuellement, choc sur l'énergie, choc sur l'emballage, choc sur le transport, on est un peu plus à même
11:42 de résister que d'autres. On se parle beaucoup plus dans les chaînes de commerce équitable. Donc ça nous aide.
11:47 Après, le marché a progressé en 2022. Donc ça, c'est une bonne nouvelle. En chiffre d'affaires. — +7%.
11:51 — +7%, absolument. Et il est tiré – je dois le dire – par des passions gourmandes. C'est le cacao, un +19%, qui va maintenir
12:00 le commerce équitable cette année, les glaces aussi, le thé dans une moindre mesure. Et puis aussi, je dirais, quelques enseignes
12:08 ou quelques entreprises très engagées qui vont continuer à le mettre en avant. Un produit équitable peut tout à fait être accessible
12:14 dans une période d'inflation à condition qu'on travaille la marge, qu'on travaille le prix et qu'on le mette au bon endroit.
12:20 — Vous résistez donc mieux que le bio, qui subit un coup d'arrêt qui est quand même important. Comment vous l'expliquez ?
12:25 Par la transparence dont vous parliez, principalement ? — Par la transparence et l'attachement des Français. C'est-à-dire qu'on correspond
12:30 malgré la crise. Vous regardez tous les sondages, toutes les études. Les gens à 80% disent « Nous voulons payer un juste prix ».
12:36 Nous voulons que soit payé un juste prix aux producteurs agricoles. Et ça, c'est une conviction qui se maintient malgré les bouleversements.
12:43 Donc d'autres secteurs, d'autres segments souffrent un peu plus, c'est sûr. Mais celui-là, qui est celui – je dirais – du respect des producteurs,
12:49 il a tellement progressé dans la société qu'il se maintient. Après, deuxième élément, les acteurs du commerce équitable,
12:55 c'est des centaines de PME en France, en Europe, se sont adaptés. Peut-être que Lobody en parlera. Mais l'idée, c'est aussi de proposer
13:02 des produits plus accessibles à certains segments de la population qui sont plus sensibles. Et c'est beaucoup ça qui s'est développé.
13:07 Deux exemples parmi beaucoup d'autres. Intermarché a décidé de faire toutes ses gammes propres de pâtes à tartiner,
13:14 de tablettes de chocolat en équitable. Et puis une enseigne qui est présente dans la restauration rapide, la Micaline,
13:19 qui est une enseigne accessible, populaire, 240 magasins en France. Ils ont eu aussi ce courage. Ils ont basculé leur cacao en équitable
13:25 sans changer leur prix. – Alors justement, on peut effectivement, Frédéric Le Rebours, savoir comment vous faites.
13:30 Parce qu'on l'a dit, les principes, ça vaut évidemment aussi pour le café, du café équitable, c'est la rémunération juste des producteurs.
13:38 On va dire, il n'y a pas que ça, mais c'est quand même un principe de base. Comment la maintenir quand l'inflation, rancherie, l'énergie,
13:45 les engrais, les matières premières, j'en passe ? – On la maintient de toute façon. C'est nos engagements.
13:52 Nos engagements auprès des producteurs, des 25 organisations de producteurs avec lesquelles le BODIS travaille dans 14 pays
13:59 à travers la planète. C'est notre engagement aussi pour le consommateur. Je pense qu'on est connu, reconnu.
14:10 Et parce que les consommateurs ont adhéré à notre démarche, ils nous font confiance et on doit maintenir ça.
14:19 – Et le marché reste dynamique. Moi, je voudrais rajouter un coup. Sur le café, on subit forcément un petit peu la déconsommation actuelle des Français,
14:30 comme tous les segments de marché. Mais là où l'offre du café équitable est toujours présente,
14:38 surtout les segments de consommation, a une bonne dynamique. La marque le BODIS, par exemple, sur le segment des cafés pure origine grains,
14:48 est la deuxième marque en termes de performance aujourd'hui sur ce segment particulier, derrière une grande marque internationale
14:59 qui, elle, est sur le marché conventionnel. Donc les consommateurs sont là.
15:03 – Vous faites du bio et de l'équitable, les deux à part ou les deux en même temps.
15:08 Est-ce que vous, vous voyez effectivement que l'équitable résiste mieux que le bio ?
15:12 – Alors, ça va être compliqué pour nous parce que nous, on a une seule référence qui est uniquement équitable et tout le reste est bioéquitable
15:20 parce qu'on croit beaucoup à cette double labellisation et je pense que c'est un avantage sérieux pour les consommateurs.
15:27 D'un côté, on a l'aspect environnemental porté par l'agriculture biologique et de l'autre, l'aspect social et la garantie du respect,
15:39 du partage de la valeur ajoutée sur tous les acteurs de la filière avec l'équitable.
15:44 Et cette double réassurance est très importante pour les consommateurs.
15:47 Donc, moi, j'ai du mal à… – Oui, je comprends, à pouvoir faire le comparatif.
15:52 Blaise Desbordes, est-ce que, vous nous avez donné les chiffres 2022, mais cette inflation, elle continue, malheureusement, elle persiste.
15:59 Est-ce que c'est toute l'équation économique du commerce équitable qui est quand même fragilisée par l'inflation durable ?
16:06 – Non, pas du tout. Non, c'est l'équation économique tout court qui est fragilisée.
16:09 – La consommation qui baisse en général. – Tout à fait. Les gens réalisent, et il faut qu'ils réalisent,
16:13 que les prix à la consommation dysfonctionnent complètement.
16:17 Quand vous avez une étiquette près d'un produit dans votre magasin, ça ne reflète pas une réalité vraie.
16:22 Ça reflète une certaine réalité, mais ça ne reflète pas les coûts réels de votre produit, la rémunération réelle des gens qui le fabriquent.
16:28 – Vous parlez de coûts cachés, c'est ça ? – C'est ça, absolument.
16:30 C'est ce qu'on appelle les coûts cachés dans le jargon.
16:32 Quand vous avez un produit pas cher qui, derrière, pollue, qui, derrière, rend les gens pauvres,
16:37 eh bien vous avez des coûts qui vont être reportés sur la sécurité sociale, sur les retraites, les transferts de retraite, sur la dépollution.
16:43 Donc vous avez l'impression d'avoir un certain prix, mais il ne reflète rien.
16:46 Et à l'inverse, vous avez des entreprises, et je n'ai pas honte de le dire devant lui, comme Lobody's ou d'autres,
16:53 qui, eux, ont du courage, font du bien à la société, mais qui ne vont pas forcément être encouragées par les pouvoirs publics.
17:00 Donc nous, ce qu'on appelle dans cette rentrée, vous avez raison, il faut revoir le moteur, ouvrir le moteur, regarder les pièces,
17:05 ce à quoi on appelle, c'est un encouragement fiscal majeur aux entreprises qui font du bien à la société.
17:12 C'est facile à faire, on peut moduler la TVA, on peut moduler l'IS.
17:15 Pourquoi l'impôt sur les sociétés est le même pour une entreprise qui maltraite les humains ou la planète,
17:21 et plus bien une entreprise comme Lobody's qui fait du bien ?
17:23 C'est absurde, pourquoi payer chacun 25% ?
17:25 Et enfin, pourquoi pas un crédit d'impôt ? On donne des crédits d'impôt à un certain nombre d'actions publiques,
17:30 et bien il en faut une pour le secteur du commerce équitable, parce que l'État ne peut pas couper la branche sur laquelle il est assis.
17:36 S'il promeut des produits avec des coûts cachés, avec des impacts négatifs, en les laissant être à des prix ridicules,
17:42 et bien plus tard, il se condamne à devoir développer des politiques publiques de dépollution, de prévention des maladies, etc.,
17:48 qui seront beaucoup plus chères.
17:50 – Frédéric Le Rebours, Lobody's fait partie des pionniers du commerce équitable en France,
17:55 je crois qu'il y a 30 ans à peu près, trois décennies, c'est une tendance de progression régulière,
18:02 il y a eu des années fastes, là c'est une année moins faste,
18:04 comment vous pouvez nous peindre le tableau de ces trois décennies, rapidement évidemment ?
18:11 – Oui, alors il y a eu d'abord la phase de découverte, Lobody's a été pionnier,
18:16 le premier produit vendu en France avec le label Max Hablard était un produit Lobody's,
18:23 donc il y a eu une première dizaine d'années, on va dire, avec lesquelles le grand public a découvert ses offres,
18:30 les grandes enseignes s'en sont emparées, elles ont mis à disposition ses offres des consommateurs,
18:39 et puis plein d'acteurs sont arrivés sur le marché entre 90 et 2000.
18:44 Ensuite au milieu des années 2000 il y a eu une petite inflexion,
18:48 et puis j'insiste mais l'apport du bio, le développement du bio et la complémentarité bio et fair trade
19:00 a redonné une nouvelle dynamique au marché, et aujourd'hui effectivement on est,
19:08 pour ce qui nous concerne, si vous voulez plus dans une situation, nos volumes continuent de progresser,
19:15 avec des petites progressions tous les ans, mais on est toujours en progrès, toujours en progrès.
19:19 Le problème aujourd'hui n'est pas trop au niveau des volumes, l'inquiétude d'une entreprise comme la nôtre,
19:27 mais plutôt sur notre capacité à continuer, pourquoi en fait ce marché est resté dynamique,
19:33 c'est parce que des entreprises comme la nôtre ont continué à innover, à porter des solutions,
19:37 à être présents sur tous les segments de consommation du café, et du coup,
19:45 et aujourd'hui on est la première entreprise à avoir proposé des solutions très innovantes,
19:51 des solutions WRAC par exemple, avec la garantie de maintien de la qualité des produits, etc.
19:58 Donc en fait c'est l'innovation qui nous mène, et aujourd'hui la difficulté c'est que tenir nos engagements,
20:07 assurer le partage de la valeur sur toute la chaîne, ça se traduit pour l'entreprise par une baisse drastique de ses marges,
20:15 des difficultés de trésorerie tout au long de l'année qui commencent à apparaître,
20:20 et donc une situation un petit peu inquiétante dans le sens où est-ce qu'on va pouvoir garder cette dynamique de prise de risque
20:28 au travers de l'innovation, etc. pour développer un marché,
20:32 garantir aux producteurs avec lesquels on travaille l'engagement dans la durée, sur les volumes, etc.
20:42 parce qu'eux aussi sont de leur côté en transformation, si vous voulez, les enjeux planétaires sont tels aujourd'hui
20:49 qu'on constate par exemple qu'on ne peut plus faire pousser de café,
20:55 enfin il est considéré que le café gagne en altitude,
20:59 c'est-à-dire plus on est en dessous de 1200 mètres, plus c'est compliqué de faire pousser du café aujourd'hui
21:04 parce que les maladies apparaissent, la rouille, etc.
21:08 et on constate aussi des grosses difficultés sur les cycles de pluie qui sont modifiés, qui deviennent chaotiques,
21:15 et on a besoin de périodes de temps sec pour faire sécher le café,
21:20 ça nécessite que les producteurs déploient d'autres méthodes de travail, etc.
21:25 donc on doit investir dans des petits séchoirs artisanaux qui sont low-tech certes,
21:32 mais c'est des investissements pour eux, et donc les coûts augmentent de toutes parts,
21:36 on doit soutenir tout ça, on doit accompagner ça avec des programmes agronomiques, l'agroforesterie, etc.
21:43 donc les besoins augmentent, les ressources supplémentaires sont nécessaires
21:47 pour faire face à cette transformation, face aux enjeux climatiques.
21:51 De l'autre côté, on doit nous maintenir aussi de l'innovation,
21:56 et voilà, mon inquiétude, elle est là aujourd'hui,
21:59 comment on peut encourager ces entreprises comme la nôtre qui mènent la transformation nécessaire ?
22:05 – Ça rejoint, pardon de vous interrompre, ça rejoint ce que nous disait Blaise Desbordes,
22:08 je vais juste terminer, il nous reste une minute, ça a filé trop vite,
22:10 sur le changement d'échelle, on dit le commerce équitable prend de l'ampleur,
22:13 c'est 5% des bananes vendues à l'international aujourd'hui,
22:16 5% du cacao mondial et 2 à 3% du café mondial,
22:22 ça veut dire quoi ? Ce changement d'échelle, il a quelles conséquences ?
22:25 – Il a une conséquence très concrète, c'est qu'on fait faire des économies à l'État,
22:29 aux institutions internationales, puisqu'il y a moins de pauvreté,
22:32 il y a moins de déforestation, il y a moins d'impact sur la société.
22:35 L'absurdité, c'est comme je vous le disais, c'est qu'il y a une égalité de traitement
22:38 entre les entreprises et les filières qui font du bien à la société et à la planète,
22:41 et puis celles qui font plutôt du mal.
22:43 Il est très important que le cadre législatif change,
22:46 l'Union européenne a commencé avec une directive anti-déforestation
22:49 tout à fait intéressante, mais par exemple la fiscalité en France
22:52 doit aussi changer pour soutenir les PME du territoire
22:55 dont on vient d'entendre parler parce que sinon il y a une profonde inégalité.
22:59 Les pouvoirs publics font des économies avec le commerce équitable,
23:02 donc elles doivent l'encourager.
23:03 – Merci beaucoup, merci à tous les deux, à bientôt.
23:06 Sur Bsmart, on passe à Smart Ideas, une start-up en pleine lumière,
23:09 comme tous les jours.
23:10 [Générique]
23:16 Smart Ideas avec Antoine de Giacopazzi, bonjour.
23:20 – Bonjour Thomas, merci.
23:20 – Bienvenue à vous, vous êtes fondateur de Margot et de Seize,
23:25 on va comprendre le lien entre les deux, Margot créée en 2016.
23:28 C'est quoi, quelles sont les valeurs de la marque et qu'est-ce que vous proposez ?
23:31 – Margot est une marque déjà 100% fabriquée en France,
23:35 qui propose des bracelets qu'on peut porter au quotidien
23:39 pour mettre en avant ses origines et ses passions,
23:42 principalement dans le domaine du sport.
23:44 Donc des produits simples à porter.
23:47 – Avec des messages ?
23:49 – Oui, pas forcément des messages, comme ce modèle-là par exemple,
23:51 qui représente l'Hexagone, notre beau pays,
23:53 mais il y a pléthore de pays dans la marque, l'Italie, le Maroc, la Tunisie,
23:57 le principe est de pouvoir afficher fièrement ses origines et ses passions sportives.
24:02 – Et donc vous êtes allé plus loin en créant une marque de lunettes de soleil
24:07 qui s'appelle SIS, déjà ça veut dire quoi ? Parce que ça écrit C2ES ?
24:12 – Tout à fait, alors SIS c'est Clean Earths Enjoyson,
24:15 donc en fait la volonté pour moi était de pouvoir créer un produit utile au quotidien,
24:22 mais sans inciter les gens à surconsommer,
24:24 donc il fallait vraiment que ce soit utile et le plus écoresponsable possible,
24:30 toujours fabriqué en France.
24:32 – Alors elles sont faites de quoi ces lunettes ?
24:33 – Plastique recyclé, uniquement des déchets français qui sont valorisés sur le territoire,
24:40 dans un périmètre le plus proche possible,
24:42 parce que pour ce faire je travaille principalement avec Emmaüs en Isère,
24:47 qui a investi il y a quelques années dans un centre de valorisation de déchets,
24:50 et pour on va dire 10% restant avec des industriels locaux
24:54 qui ont des rebuts de production dans les matières qui sont nécessaires
24:58 pour fabriquer mes lunettes, parce qu'il y a quand même un cahier des charges.
25:00 – Donc ça veut dire que c'est une filière qui existait déjà,
25:02 que vous connaissiez déjà, ou alors vous avez dû trouver les bons partenaires,
25:07 les bons interlocuteurs ?
25:08 – Alors un peu des deux effectivement, il y a certaines marques qui ont essayé de créer,
25:12 ou qui créent encore aujourd'hui des lunettes en matière recyclée,
25:16 alors pas vraiment dans le plastique, ou du moins dans le plastique
25:19 avec un mode de fonctionnement qui moi ne me convenait pas,
25:24 parce que le recyclage c'est bien,
25:26 mais ça peut avoir aussi des données un peu polluantes
25:28 parce qu'il faut retraiter les matières etc.
25:32 Donc j'ai pris un peu des idées et essayé de fabriquer avec bon sens,
25:36 ça a vraiment été le leitmotiv du produit, de se dire voilà,
25:39 comment on peut vouloir faire un produit et essayer d'appliquer un bon sens
25:42 à toutes les étapes du produit, de sa conception à sa distribution.
25:46 – Fabriquées en France sur ce marché-là,
25:47 est-ce que ça veut dire que vos lunettes elles sont plus chères que la moyenne,
25:49 forcément ou pas ?
25:51 – Alors forcément c'est le mot normalement qui vient à l'esprit, pas du tout,
25:56 moi mon choix, alors c'est vraiment un choix économique engagé
25:59 puisque forcément c'est un risque supplémentaire pour l'entreprise,
26:02 mais le choix est de vouloir rendre l'achat responsable accessible.
26:06 On entend un peu partout qu'il faut inciter les gens à mieux consommer,
26:09 et c'est une très bonne chose,
26:11 mais de mon point de vue il faut permettre aux gens de mieux consommer.
26:15 Donc les lunettes sont vendues 48 euros en prix public, en magasin,
26:19 le but c'est vraiment de les rendre accessibles,
26:21 c'est pas forcément non plus à portée de toutes les bourses malheureusement,
26:25 mais on est bien en dessous de ce qui se pratique généralement.
26:27 – Donc vous nous avez parlé de partenariats locaux,
26:30 il y a une logique de circuit court aussi dans la conception de l'entreprise et de la marque ?
26:36 – Oui, déjà un circuit court au niveau des matières,
26:40 parce que travailler avec des déchets c'est bien,
26:42 moins on les transporte c'est encore mieux.
26:44 – Évidemment si on les fait venir de l'autre bout de la planète ça n'a pas de sens.
26:47 – Tout à fait, et puis des déchets il y en a dans toutes les régions, dans toutes les villes,
26:51 après effectivement c'est comme vous disiez tout à l'heure,
26:53 c'est réussir à trouver les bons interlocuteurs,
26:55 les bonnes personnes capables de rentrer dans le circuit.
26:59 Et puis aussi pour l'ingénierie,
27:01 je pense que chaque région détient des compétences dans tout métier,
27:06 donc j'ai eu la chance de rencontrer des ingénieurs
27:08 pour la partie en développement technique qui sont à 1 km de mon atelier.
27:12 – Vous êtes dans quelle région ?
27:13 – Annecy, dans Haute-Savoie.
27:15 – Et donc il y a eu une levée de fonds je crois…
27:18 – Qui est en cours.
27:19 – Qui est en cours, d'accord, quel objectif financier et surtout pour en faire quoi ?
27:24 – Alors l'objectif financier est de faire rentrer
27:26 pour environ 30% du capital d'entreprise des investisseurs
27:29 pour un montant qui avoisine les 650 000 euros,
27:33 avec derrière un support de BPI,
27:35 le but est d'avoisiner plus ou moins le million d'euros.
27:38 – Ah ça va.
27:40 – Donc premièrement créer de l'emploi,
27:41 parce que depuis le mois de juin que le produit a été lancé sur le plan commercial,
27:44 il y a eu on va dire une belle réussite et une belle attente,
27:47 donc il y a un peu plus de 7000 paires prévendues déjà,
27:50 un peu comme dans la mode et l'habillement,
27:51 donc c'est pour la saison 2024, printemps-été,
27:55 donc il faut produire, donc il faut du personnel pour ça,
27:58 donc premièrement recruter, créer de l'emploi et ensuite développer le produit,
28:03 parce qu'il va falloir quand même le développer, l'améliorer constamment.
28:06 – Merci beaucoup Antoine Algiacopasi et bon vent à Margot et aux lunettes 6.
28:12 Voilà, fin de cette émission, je voudrais remercier Alex Nguyen
28:15 à la production, à la programmation, c'est son dernier jour à Bismarck,
28:17 donc Alex c'était un bonheur de travailler avec toi
28:19 et on te souhaite bon vent dans tes nouvelles aventures.
28:23 Merci également à Horace Voyer, Xavier Sanchez et Saïd Mahbou.
28:27 Belle fin de journée, salut !
28:28 [Musique]

Recommandations