• il y a 5 mois
Jacques Pessis reçoit Jacques Verrechia : il a été l’avocat de Johnny mais surtout un ami de 40 ans. Il raconte dans un livre les coulisses de leur complicité et les négociations secrètes au moment de changer de maison de disques

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-07-01##
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Johnny, vous avez surnommé l'avocat rock'n'roll.
00:09Vous avez partagé son quotidien.
00:11Vous le racontez dans un livre dont le public sera juge.
00:14Un livre où vous n'avez pas besoin de jurer pour que l'on comprenne que vous dites la vérité, toute la vérité.
00:19Bonjour Jacques Verrechia.
00:21Bonjour Jacques Pessis, merci de m'accueillir dans votre émission.
00:24Je vous accueille parce que vous avez fait avocat du patron aux éditions Mareuille.
00:28Et ce livre est vraiment étonnant parce que vous connaissez Johnny.
00:31Vous l'avez connu pendant des années, 50 ans.
00:33Mais vous le racontez tel qu'on ne l'a jamais raconté.
00:36Donc c'est ce qu'on va faire aujourd'hui dans les clés d'une vie.
00:38Parce qu'il y a tellement de livres sur Johnny.
00:40Je crois que j'en ai 70 chez moi.
00:42Il y en a énormément.
00:43Et il y en aura d'autres.
00:45Si vous permettez juste une précision, ce que j'ai souhaité faire ce n'est pas un livre de plus sur Johnny Hallyday.
00:53Nous sommes d'accord, c'est pour ça que je vous reçois et qu'on va en parler.
00:56Ça ne vous a pas échappé ?
00:58Non. On va évoquer aussi votre carrière.
01:00On va commencer par une date importante pour vous, le 10 août 1973.
01:04Écoutez.
01:12Alors là, ce n'est pas l'avocat, c'est le chanteur Jacques Verrecchia.
01:15Votre première télé dans Midi 30 de Daniel Gilbert.
01:18Daniel Gilbert, bien sûr.
01:20Avec qui nous faisions Midi 1ère.
01:24Car vous avez chanté au départ.
01:26Vous avez chanté et vous avez fait trois disques, je crois.
01:29C'était Antoine qui était le producteur et qui présentait l'émission avec Daniel Gilbert.
01:34Tout à fait.
01:35Midi 1ère.
01:36Et la chanson, ça a été vraiment une passion au départ.
01:39Oui, oui.
01:40Je dois dire que ça n'a pas été un succès fulgurant.
01:43Donc, je ne suis pas resté non plus dans les annales de la chanson française.
01:47En tout cas, on l'a retrouvé dans les annales de l'INA.
01:49Formidable.
01:50Vous venez de l'Union de la musique.
01:52Je crois que vous avez fait vos études musicales dans un conservatoire de banlieue.
01:56Très modestement.
01:57J'ai commencé le piano à l'âge de 6 ans au conservatoire de Pantin, en Seine-Saint-Denis.
02:04J'ai continué les études jusqu'à en faire ma profession pendant une quinzaine d'années.
02:10Votre premier orchestre, donc, c'est au lycée, je crois.
02:13Mais vous êtes guitariste, Jacques Verrecchia.
02:16Oui, puisque c'était la grande mode des « shadows » avec les guitares électriques
02:20qui apparaissaient sur le territoire national.
02:23Et à ce moment-là, j'ai décidé de devenir guitariste.
02:26Et mon premier concert était effectivement la fête du lycée de Montreuil,
02:30à la mairie de Montreuil, en juin 1963.
02:34Et il y a un endroit que vous fréquentez, que tout le monde connaît, qui est le Golfe de Rouault.
02:38Bien sûr.
02:39Ça, c'est un petit peu après, deux, trois ans après,
02:41je commence avec des groupes amateurs au Golfe de Rouault
02:45à me produire sur ce qu'on appelait à l'époque, le vendredi soir, le tremplin du Golfe de Rouault.
02:51Avec un orchestre, je crois, qui s'appelait Les Rockers.
02:53Qui s'appelait Les Rockers, qui avait une certaine notoriété.
02:56Alors, il se trouve que Johnny, lui, n'est jamais passé au tremplin,
02:59mais il a eu le diplôme d'honneur du tremplin, symboliquement.
03:03Bien sûr.
03:04C'est 1960 ou 61, je ne sais plus.
03:06Exactement, 61, je crois.
03:08Alors, vous commencez à faire des concerts,
03:10il y a beaucoup de lieux où on peut faire de la musique,
03:14notamment le Rock and Roll Circus et le Palladium.
03:16Et là, vraiment, vous commencez à gagner modestement votre vie, Jacques Véricard.
03:20Modestement, effectivement.
03:22Mais ça me met le pied à l'étrier pour devenir ce que l'on appelait à l'époque
03:29un accompagnateur d'artistes, de chanteurs de variété, en quelque sorte.
03:34Oui.
03:35Et d'ailleurs, il y a une chanson qui symbolise ce métier, une chanson de Selma Rangel.
03:39Je m'en vais d'un café, non, plutôt un café crème.
03:42Reste-toi, rouille-toi, mêle-toi, on y va.
03:45Si vous connaissez cette chanson, Jacques Véricard.
03:47Bien sûr.
03:48C'est la chanson du musicien qui est toujours derrière la vedette,
03:51ce qui était votre cas et le cas de beaucoup d'autres.
03:53Tout à fait.
03:54C'est quelquefois une galère, il faut suivre.
03:57Ce n'est pas simple, il y a les humeurs.
03:59C'était assez difficile, surtout à l'époque.
04:03À l'époque, ce n'était pas le show business qu'on peut connaître désormais.
04:08J'ai connu ce qu'on appelait les galères, comme vous le dites si bien, effectivement.
04:12J'ai connu des galas où l'organisateur partait avec la caisse à la fin.
04:17Oui.
04:18C'est souvent arrivé.
04:20Même à Johnny, c'est arrivé, d'ailleurs.
04:22Oui, bien sûr.
04:23C'était un classique.
04:24Et puis, c'était des galas avec une sonorisation lamentable,
04:26avec des chapiteaux humides, tout y passait.
04:29Avec une tente en guise de coulisses, de loge pour l'artiste.
04:37Une tente, en général, où la pluie pouvait passer au travers du toit.
04:41Voilà.
04:42Il y a quand même une tournée qui avait très bien marché,
04:45et elle est liée à cette chanson.
04:52On est à la fin des années 60,
04:54et Antoine fait un triomphe en Italie au festival de San Remo
04:58avec cette chanson qui s'appelle La Tramontane.
05:01Antoine, après avoir révolutionné la France avec ses élucubrations,
05:07est véritablement devenu une star en Italie.
05:10Moi, je l'ai connu à cette époque-là.
05:12Nous étions constamment en tournée en Italie,
05:15et j'ai fait quatre fois le festival de San Remo avec Antoine.
05:19Et à chaque fois, moi, je me souviens des Italiens à l'époque.
05:22Antoine, c'était un dieu vivant.
05:24Absolument.
05:26Il y avait des foules extraordinaires à chaque concert.
05:30Ce qui est extraordinaire aussi, c'est l'évolution d'Antoine.
05:33Vous racontez dans votre livre, Jacques Védrickia,
05:36un moment où vous avez vu Antoine en smoking et Johnny en hippie.
05:40Oui, c'est une des premières fois où je commence à côtoyer le chanteur Johnny Hallyday.
05:47C'est au moment où nous faisons l'Olympia avec Antoine pendant trois semaines,
05:52avec Robert Charlebois en première partie,
05:55qui arrivait de son Québec natal pour la première fois.
05:58Il y a eu des discussions, je crois, très sévères avec Louis Forestier,
06:02avec qui il s'est engueulé pratiquement sur scène.
06:04Voilà. Il y avait quelques scandales parfois le soir au moment du spectacle.
06:09Et c'est à ce moment-là où Johnny passait le soir après le spectacle
06:14pour prendre un verre pour dire bonjour à Antoine dans les coulisses.
06:18Et donc, j'ai commencé à le côtoyer de cette façon-là.
06:21En tant que simple et modeste musicien.
06:24Alors, il se trouve qu'on a monté la légende Antoine et Johnny fâchés.
06:30Antoine m'a raconté un jour qu'il arrive dans une discothèque
06:33et qu'on lui dit, il y a Johnny qui est là, il veut vous parler.
06:36Il tremble, bien sûr. Il arrive vers Johnny, qui enlève son manteau,
06:39qui dit, regarde, je porte des chemises à fleurs comme toi.
06:42Car c'était une brouille tout à fait fausse.
06:46Oui, c'était parti du fait qu'Antoine, dans ses élucubrations,
06:50comme je l'indiquais, voulait mettre Johnny Hallyday en cage à Medrano.
06:55Et Johnny lui avait répondu qu'il avait les cheveux longs,
06:58mais les idées un peu courtées, peut-être.
07:01Donc, moi, je les ai vus souvent ensemble et tout se passait très bien.
07:05Et j'en ai parlé avec Antoine il y a deux jours encore.
07:08Parce que je l'ai eu au téléphone, je l'ai régulièrement.
07:11Et il se souvenait de cet épisode.
07:14Alors, vous avez ensuite accompagné Dick Rivers,
07:17mais non seulement accompagné, mais conduit sa voiture.
07:20Oui, parce que j'étais devenu très proche de lui.
07:24Et pour tout vous avouer, Dick Rivers,
07:28qui était un chanteur extraordinaire, un rock'n'roller formidable,
07:32n'avait pas son permis de conduire.
07:34C'est fou, hein ?
07:36Et il était friand des voitures américaines.
07:39Il avait une très belle voiture américaine,
07:42mais il ne savait pas la conduire.
07:44Donc, j'étais l'un de ceux de son entourage,
07:47je n'étais pas le seul, qui pouvait conduire à ses côtés.
07:50Et puis, il y a eu aussi Michel Delpech,
07:52que vous avez accompagné, mais au temps de sa gloire.
07:55C'était au temps de la chanson Les Divorcés.
07:591974, nous faisons la tournée Europe n°1.
08:03Et c'est un succès phénoménal.
08:05Un million de disques vendus à l'époque.
08:08On n'imagine pas le succès que ça représente aujourd'hui.
08:11Je connais effectivement le métier sous un autre jour, à ce moment-là.
08:16Oui, parce qu'effectivement, les foules sont là et ça marche.
08:19D'ailleurs, il y avait une autre chanson ce lundi-là qu'il avait enregistrée.
08:22Énorme succès à la radio, mais vente absolument nulle,
08:25parce que les maris n'osaient pas rapporter le disque à la maison.
08:29Alors, il y a eu aussi Sacha Distel,
08:32qui à l'époque était aussi une star phénoménale en Angleterre.
08:35Sacha Distel m'a fait faire le tour du monde.
08:39Il m'a emmené au Brésil, ce que je n'aurais jamais connu sans lui.
08:42Il m'a emmené en Angleterre, parce que c'était aussi une véritable star.
08:46Sans commune mesure, avec la France en Angleterre,
08:50nous faisions des tournées de deux mois et demi, tous les soirs,
08:53dans des clubs, sans équivalent non plus en France,
08:56des clubs de 3 000 personnes, tous les soirs.
08:59C'est fou, hein ?
09:00Mais 3 000 personnes de la gendre féminine.
09:03Oui, parce qu'il était l'idole des femmes à l'époque, bien sûr.
09:07Il y avait eu Gréco, Bardot, Jeanne Moreau dans sa vie.
09:10Avant, Francine Bréau, sa femme.
09:12Bien sûr.
09:13Alors, il y a eu aussi Gérard Palabra.
09:15C'est plus étonnant, parce que c'est quelqu'un d'assez...
09:17Fais-moi un signe.
09:18Oui.
09:19Oui, je suis resté quelques temps.
09:22C'était moins marquant,
09:24mais j'ai beaucoup apprécié mon passage avec Gérard Palabra.
09:28Et vous parlez aussi, dans votre livre, de Guy Béard.
09:31Ah, Guy.
09:32Guy que vous avez rencontré chez lui dans un fatras de dossiers à Garches.
09:36Dans sa belle maison, dans sa belle demeure de Garches,
09:39où dans le jardin trônait un des éléments de l'escalier de la tour Eiffel d'origine.
09:47Et Guy Béard était un seigneur.
09:50Il m'a reçu, il m'a un peu pris sous son aile, évidemment,
09:54parce qu'il y avait une différence d'âge.
09:56Nous n'étions pas de la même génération,
09:58mais il s'était pris avec moi d'une certaine amitié,
10:03d'une affection en tout cas,
10:05et il aimait converser avec moi.
10:08Et non seulement il aimait converser,
10:10mais il vous connaissait comme avocat,
10:12et il connaissait tous les avocats de Paris pour une raison,
10:14c'est-à-dire qu'il bloquait tous ses disques,
10:15et régulièrement il faisait des procès à tout le monde.
10:17C'était un grand procédurier, et je ne le savais pas.
10:20Je l'ai découvert en le fréquentant, effectivement.
10:23Il connaissait tout à fait tous les avocats de Paris,
10:26et il ne manquait jamais de se renseigner auprès de moi
10:29sur un problème juridique qu'il pouvait résoudre ou pas.
10:33C'est un personnage incroyable.
10:35Il organisait des fêtes où il vous appelait le matin à 7h en disant
10:38« Viens dîner ce soir, on sera quatre ».
10:40Vous arriviez, il y avait 500 personnes à qui il avait dit la même chose.
10:43Exactement.
10:44Et on chantait jusqu'à 2h du matin.
10:46Je vois que vous le connaissiez bien.
10:47C'est quand même un gâchis, parce qu'il a tellement fait procédure
10:50qu'aujourd'hui, malgré le travail d'Emmanuel,
10:53sa fille, on n'entend plus les chansons de Guy Béart.
10:57Je ne connais pas la situation actuelle.
10:59Elle est très simple, c'est-à-dire que
11:02Emmanuel essaye de relancer Guy Béart avec les intégrales,
11:06mais ce n'est pas simple, parce que pendant des années,
11:08il s'est enfermé, et c'est dommage.
11:10C'est quand même un grand poète.
11:12Excellentissime, excellentissime.
11:15Il me faisait écouter, pour son dernier album,
11:18puisque moi c'était sur la fin de sa vie que je l'ai connu malheureusement,
11:22il me faisait écouter les chansons qu'il venait de composer
11:26dans son lit, allongé, avec sa guitare,
11:30et il me demandait de tester les paroles, avec lui.
11:33J'étais assis sur une chaise à côté de lui,
11:35comme un monarque en quelque sorte.
11:37Mais il recevait les gens dans son lit,
11:39avec sa secrétaire à côté qui prenait les notes.
11:41C'était une de ses caractéristiques.
11:43C'est tout à fait ça.
11:45Alors ça, c'est votre première partie de carrière.
11:47Il y en a eu une autre, on va l'évoquer à travers une autre date,
11:50le 20 septembre 1961.
11:52A tout de suite sur Sud Radio, avec Jacques Vérechia.
11:55Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:58Sud Radio, les clés d'une vie.
12:00Mon invité, Jacques Vérechia,
12:02avec ce livre, Avocats du patron,
12:04chez Mareuil Editions.
12:06Un livre où vous racontez, Johnny, l'ami,
12:08mais aussi l'avocat, car vous avez été son avocat.
12:10Un livre où vous racontez des choses
12:12que personne n'a jamais dites.
12:14Vous remettez les pendules à l'heure, on va en parler.
12:16Mais on va revenir à une date importante pour vous,
12:18le 20 septembre 1961,
12:20un soir à l'Olympia.
12:22Souvenirs, souvenirs,
12:24je vous retrouve en mon cœur.
12:26Et vous faites rafleurir
12:29tous mes rêves de bonheur.
12:31Johnny chantait Souvenirs, Souvenirs à l'Olympia, n'est-ce pas ?
12:33C'était ses débuts.
12:35Eh bien, c'est la première fois que je le découvre,
12:38comme toute une partie de la jeunesse française à l'époque,
12:42son premier Olympia,
12:44le 20 septembre 1961.
12:46Dans la salle.
12:48Très jeune, évidemment, puisque c'est ma mère
12:50qui m'y avait emmené,
12:52ma mère, fan inconditionnel de la première heure,
12:55qui, entre parenthèses,
12:57sera reçu par Johnny 40 ans après
12:59dans sa loge au même endroit à l'Olympia
13:01en l'an 2000.
13:03Et à l'époque, moi je me souviens,
13:05j'ai vu des films de télé, on dit,
13:07Johnny sera un feu de paille, il se roule par terre,
13:09Raymond Devoz l'a sauvé à l'alambra
13:11en empêchant la patronne de le virer
13:13quelque temps plus tôt, c'était un phénomène.
13:15Oui, enfin, l'Olympia en septembre 1961,
13:18il ne se roulait pas par terre du tout,
13:20c'était terminé,
13:22la page était déjà tournée.
13:24Donc, sur le plan artistique,
13:26j'ai commencé,
13:28comme un coup de tonnerre,
13:30à le découvrir à ce moment-là
13:32sur la scène de l'Olympia,
13:34et, pour faire court,
13:36j'ai bouclé la boucle, en quelque sorte,
13:38puisque je l'ai vue à sa dernière montée sur scène
13:41en juillet 2017 à Carcassonne,
13:44la dernière fois où il s'est produit,
13:46avec les vieilles canailles,
13:48en l'occurrence.
13:50Donc, il restait,
13:52il y avait 56 ans,
13:54si je ne me trompe pas, entre les deux dates.
13:56Alors, il se trouve que vous le connaissez
13:58au moment où il vient de quitter sa maison de disques Vogue
14:00pour Philips. D'ailleurs, il y a une chose,
14:02au départ, il devait s'appeler Alidé,
14:04avec un I, et avec un Y,
14:06et il se trouve que la secrétaire a fait
14:08une erreur de transcription.
14:09Erreur d'imprimerie.
14:10Erreur d'imprimerie, tout simplement.
14:12Puisque son cousin,
14:14Lee,
14:16avait le même patronyme,
14:18mais avec un I. Alidé, avec un I.
14:20Exactement. Alors, il se trouve
14:22que vous allez beaucoup passer de soirée
14:24à l'Olympia, parce que vous avez trouvé un moyen,
14:26Jacques Verrecchia, pour entrer et avoir
14:28quelques places très privilégiées.
14:30Comme un adolescent qui n'a pas les moyens,
14:32comme un écolier,
14:34un lycéen, du moins, qui n'a pas les moyens,
14:36je rodais, effectivement, dans les coulisses
14:38de l'Olympia. À l'époque, c'était tout à fait
14:40ouvert, pratiquement, il n'y avait
14:42pas de barrage, pas de sécurité,
14:44et j'avais réussi, effectivement, à faire
14:46ami-ami avec quelqu'un qui travaillait à l'Olympia,
14:48qui m'avait pris sous son aile,
14:50et qui me donnait quelques passe-droits
14:52pour aller voir les spectacles. Et j'ai vu ainsi
14:54pratiquement tous les spectacles
14:56du début des années 60.
14:58Je parle de Brel, je parle de
15:00Édith Piaf,
15:02je parle des Beatles, aussi.
15:04C'est là où je découvre les Beatles
15:06en 64. Oui, et là, en plus,
15:08ça a été très difficile pour Sylvie Vartan, qui, au départ,
15:10passait après eux.
15:12Ah, mais absolument. Ça n'a pas duré longtemps.
15:14Ça n'a pas duré longtemps.
15:16Je pense quelques jours,
15:18mais moi, j'ai vu les
15:20premiers concerts où les
15:22Beatles étaient en première partie, effectivement.
15:24Oui, et où la presse disait
15:26qu'est-ce que c'est que ces jeunes aux cheveux longs ?
15:28Il y a un film de télé, de reportage qui existe
15:30où, vraiment, on les traite plus bas que terre.
15:32Et c'est après l'Olympia qu'ils ont éclaté
15:34aux Etats-Unis. Immédiatement,
15:36le lendemain de l'Olympia, ils partaient aux Etats-Unis.
15:38Il y avait aussi Trini Lopez, avec
15:40« Si j'avais un marteau ». Trini Lopez, très grande
15:42vedette. C'était lui,
15:44véritablement, la vedette qui tirait
15:46son épingle
15:48du spectacle. Mais il a été
15:50extrêmement magnanime,
15:52puisqu'ils ont échangé à la demande de
15:54Bruno Cocatrix, à l'époque,
15:56qui voulait absolument arranger les choses.
15:58Ils ont échangé les places, et Trini Lopez,
16:00qui terminait le spectacle,
16:02s'est retrouvée en vedette anglaise en fin
16:04de première partie, et les Beatles
16:06ont terminé le spectacle.
16:08Alors, il se trouve aussi que, je ne sais pas si vous le savez,
16:10mais aujourd'hui, « Si j'avais un marteau » est au programme
16:12des établissements scolaires.
16:14Ah bon ? Non, je ne savais pas.
16:16Non, des écoles primaires, en CE1, CE2, on apprend
16:18« Si j'avais un marteau ». C'est assez...
16:20Extraordinaire, oui. La chanson de Trini Lopez, reprise
16:22par Claude François. Alors, Piaf,
16:24vous l'avez vu sur scène, aussi.
16:26Ah, Piaf, je l'ai vu à ce moment-là, en 62,
16:28je crois. Oui, son dernier concert.
16:3063. C'est son dernier concert. Et ce qui est étonnant,
16:32ce qu'on ne sait pas, c'est qu'elle avait une façon
16:34très particulière de rentrer sur scène. Elle allait
16:36tout droit, jusqu'au centre, et elle faisait
16:38un angle droit. Ça durait plus longtemps,
16:40comme ça, les applaudissements étaient plus nourris.
16:42Et d'ailleurs,
16:44on a raconté, et Johnny a raconté dans un livre
16:46que Piaf l'avait séduite,
16:48ça me paraît très bizarre.
16:50Je n'ai aucun détail
16:52là-dessus. Non, mais quand on sait
16:54qu'elle était très fatiguée et qu'il était très jeune,
16:56c'est vrai qu'il s'aimait beaucoup, mais je pense que
16:58Johnny a raconté quelquefois n'importe quoi dans ses livres.
17:00C'est vrai que Johnny avait tendance
17:02à embellir les situations.
17:04Parfois. Voilà. Notamment,
17:06il pouvait raconter le tout et son contraire,
17:08Jacques Verricka. Oui. J'en ai été
17:10témoin plus d'une fois,
17:12comme je le raconte dans mon récit.
17:14Voilà. D'ailleurs, vous donnez un exemple, c'est
17:16Daniel Rondeau, qui avait fait une interview de lui
17:18pour Le Monde, et Johnny lui racontait
17:20n'importe quoi. N'importe quoi,
17:22n'exagérons rien non plus, mais
17:24ça a pris de telles proportions,
17:26cet article du Monde, qui était fort bien
17:28écrit. Daniel Rondeau n'est absolument
17:30pas en cause, mais
17:32les propos de Johnny sont à
17:34prendre quand même avec beaucoup de pincettes.
17:36Comme toujours. Et puis vous avez
17:38appris une chose au fil des années, Jacques Verricka,
17:40que l'idole de Johnny,
17:42c'était celui qu'il a un jour chanté.
17:54Un final de Johnny
17:56avec Brel, qui était son
17:58idole. Ah mais c'était
18:00sa plus grande star,
18:02à Johnny Hallyday, c'était
18:04Jacques Brel, effectivement. Lorsqu'il
18:06venait parfois
18:08à la maison pour dîner,
18:10à la fin du repas, il me demandait
18:12de passer une vidéocassette,
18:14à l'époque on avait des vidéocassettes,
18:16pour revoir les adieux
18:18de Brel, ou un
18:20concert de Brel, pour montrer
18:22à son entourage, qui ne connaissait pas Jacques Brel,
18:24ce qu'était
18:26l'artiste belge sur scène.
18:28D'ailleurs, vous avez dû assister
18:30à la création d'Amsterdam à l'Olympia.
18:32Amsterdam, oui, oui, bien sûr,
18:34bien sûr, bien sûr. Vous savez que cette chanson,
18:36il l'avait écrite quelque temps plus tôt
18:38sur une plage de la Côte d'Azur, il y croyait
18:40tellement peu qu'il l'avait placée en troisième
18:42position, c'est-à-dire qu'on allait l'oublier tout de suite.
18:44Ah bon ? Oui.
18:46Je n'étais pas un proche, hélas, de Jacques
18:48Brel, mais je suis
18:50ravi de l'apprendre. Alors, il se trouve
18:52que votre première vraie rencontre avec Johnny
18:54c'est à 18 ans,
18:56dans une boîte qui s'appelle la Tour
18:58de Nel et qui est tenue par Sam Bernet, Jacques Véricard.
19:00Chez Sam Bernet,
19:02notre ami commun, effectivement,
19:04c'était
19:06en 67 ou 68,
19:0867, je pense,
19:10effectivement, c'était
19:12un endroit où tous les musiciens de
19:14Paris, les chanteurs,
19:16se retrouvaient, il y avait Dutronc,
19:18je me souviens, il y avait Johnny, pratiquement,
19:20et tous ses musiciens, tous les soirs.
19:22Et un soir, je rentre
19:24de concert, comme tout le monde, à 2 heures du matin,
19:26il y avait un tout petit restaurant
19:28qui était au premier étage, où il y avait une quinzaine
19:30de couverts, pas plus.
19:32Et la salle était pleine, il restait une place
19:34pour se frayer
19:36un chemin pour essayer de dîner,
19:38c'était à côté de Johnny Hallyday.
19:40Et je lui demande
19:42est-ce que je peux m'asseoir à côté de vous pour
19:44dîner ? Et à ce moment-là, il me répond
19:46bien sûr,
19:48il n'y a aucun problème.
19:50Et je me suis assis à côté de lui et la conversation
19:52s'est engagée sur
19:54la tournée que je venais de faire
19:56justement avec Antoine en Yougoslavie.
19:58Je revenais de Belgrade
20:00avec Antoine
20:02et Johnny, à ma grande
20:04surprise, enchaîne en me disant
20:06je connais très bien Belgrade
20:08parce que ma femme,
20:10Sylvie Vartan, vient d'y chanter.
20:12Et c'est comme ça que c'est parti ?
20:14Et c'est parti comme ça.
20:16Nous n'étions pas encore
20:18véritablement proches, mais nous
20:20nous fréquentions.
20:22Alors il se trouve aussi, et vous le dites dans ce livre, Jacques Verrechia,
20:24que vous avez connu beaucoup plus Jean-Philippe
20:26que Johnny Hallyday.
20:28C'est une façon
20:30de me préserver.
20:32Je le développe à un certain moment
20:34du livre
20:36parce qu'il est extrêmement
20:38difficile de vivre avec la plus
20:40grande star française.
20:42Au quotidien en tout cas.
20:44Donc il était beaucoup plus aisé pour moi
20:46de fréquenter Jean-Philippe
20:48Smet au quotidien
20:50que de côtoyer Johnny Hallyday.
20:52C'est dans ce sens-là que je voulais
20:54le préciser.
20:56En plus, il y avait des clans chez Johnny. Il avait des amis,
20:58mais très différents. Et souvent, ses amis ne se connaissaient
21:00pas entre eux.
21:02Il y avait des strates, des cercles,
21:04effectivement.
21:06Moi, je ne connaissais pas tout le monde parce que
21:08Johnny connaissait énormément
21:10de monde, bien sûr.
21:12Parfois,
21:14les gens pouvaient se rencontrer
21:16sans vraiment avoir eu
21:18de lien en commun.
21:20On se découvrait.
21:22Et en même temps, c'était quelqu'un qui avait
21:24très peu d'amis. Je crois qu'il y a eu une dizaine d'amis
21:26autour de sa vie.
21:28Des véritables intimes,
21:30il y en a toujours eu une dizaine
21:32autour de lui.
21:34C'était quelqu'un qui avait 10 000 connaissances.
21:36Quand on s'appelle Johnny Hallyday,
21:38on a 10 000 connaissances.
21:40Sur ces connaissances, il y a
21:421 000 amis.
21:44On peut avoir 1 000 amis quand on s'appelle Johnny Hallyday.
21:46Mais sur ces 1 000 amis,
21:48il y a une centaine de proches.
21:50C'est-à-dire les proches, les collaborateurs,
21:52ceux avec qui on travaille,
21:54ceux avec qui on est très proches tous les jours.
21:56Mais sur cette centaine,
21:58il en reste une dizaine
22:00qui soit véritablement
22:02intime dans le cercle
22:04rapproché. Alors, ce ne sont pas toujours
22:06les mêmes, bien sûr.
22:08Dans la grande carrière, ça a évolué.
22:10Déjà, dès les années 60,
22:12il y avait déjà un cercle
22:14autour de lui. Tiki Olgado,
22:16Carlos, j'en oublie, bien sûr.
22:18Et chaque
22:20décade, d'après
22:22mes constatations, il y a eu
22:24toujours ce cercle rapproché.
22:26Il avait besoin de gens
22:28sur qui il pouvait compter constamment,
22:30jour et nuit.
22:32Et il pouvait compter sur vous, et vous l'avez démontré.
22:34On va continuer à parler de lui
22:36à travers une date clé, également,
22:38le 15 juin 2000.
22:40A tout de suite sur Sud Radio, avec Jacques Vérechia.
22:42Sud Radio, les clés d'une vie.
22:44Jacques Pessis.
22:46Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité, Jacques
22:48Vérechia. Vous avez été l'ami
22:50et l'avocat de Johnny pendant
22:5250 ans. Vous sortez un livre
22:54« Avocat du patron » où vous racontez le vrai
22:56Johnny, chez Maru Éditions.
22:58On a commencé à en parler, et on continue
23:00à en parler avec une date clé encore,
23:02le 15 juin 2000.
23:04Un concert anniversaire pour ses 57
23:06ans, le passage du siècle,
23:08où il chante, entre autres,
23:10cette chanson.
23:20Alors, ce concert à la Tour Eiffel,
23:22Jacques Vérechia, c'était hallucinant.
23:24À Montmartre, on entendait la voix de
23:26Johnny en train de chanter.
23:28Oui, c'est un des plus grands concerts
23:30parisiens qui existait, je pense.
23:32Vous étiez là, bien sûr.
23:34Oui, oui, de loin, de loin. Je ne me mêle
23:36pas trop dans ces mouvements de foule.
23:38Voilà. Mais en même temps, Johnny,
23:40lui, il avait toujours quelque chose
23:42pour étonner, pour surprendre.
23:46Mais c'était
23:48son but, c'était
23:50son rôle, en fait, je crois,
23:52dans la société, je le dis quelque part
23:54aussi. C'est de surprendre.
23:56Surprendre son entourage, surprendre son public,
23:58bien évidemment. Avant tout, ses fans.
24:00Ils l'ont bien rendu, mais
24:02même dans la vie quotidienne,
24:04il aimait à surprendre.
24:06Oui, mais en même temps, il était très précis.
24:08Chaque détail, il le supervisait.
24:10Et moi, je sais que pendant qu'il répétait
24:12une série de concerts,
24:14il venait une demi-heure voir les musiciens,
24:16il regardait et repartait en donnant ses indications.
24:20Très scrupuleux.
24:22On ne peut pas imaginer ça. Il avait vraiment
24:24le sens de la précision, de la mécanique.
24:26Tout à fait.
24:28Il osait tout. Il osait tout. Les concerts
24:30que vous avez vécus, que ce soit
24:32à Bercy, au Palais des Sports,
24:34il y avait toujours quelque chose de surprenant
24:36et de dangereux.
24:38C'était dangereux, quelquefois.
24:40Dangereux dans le sens
24:42où il pouvait se blesser, voulez-vous dire ?
24:44Il est arrivé en 1982,
24:46par exemple,
24:48dans le fameux
24:50spectacle à Mad Max,
24:52qu'il prenne un mauvais coup.
24:54C'est arrivé.
24:56Mais en même temps,
24:58vous dites dans votre livre qu'il avait le vertige.
25:00Ecoutez, c'est quelque chose
25:02d'assez étonnant parce que
25:04je l'ai entendu parfois dire
25:06qu'il avait effectivement le vertige
25:08et moi j'ai souvent pris
25:10l'hélicoptère avec lui
25:12pour faire
25:14quelques voyages
25:16et je l'ai toujours vu très à l'aise.
25:18Je ne l'ai jamais vu se plaindre de quoi que ce soit
25:20dans un hélicoptère, de dire qu'il avait
25:22le vertige. Alors quelle est la bonne version ?
25:24Lorsqu'on
25:26écoute Jenny Hallyday, il faut toujours
25:28être extrêmement
25:30réservé. Alors sa forme physique,
25:32il la devait à un sport quotidien
25:34et je crois que ce sport quotidien,
25:36vous y avez participé régulièrement,
25:38Jacques Véricard.
25:40Et oui, nous avons commencé en 1982
25:42grâce à
25:44un coach sportif à l'époque.
25:46Nous allions à la salle des Champs-Élysées, rue de Pontieu
25:48et
25:50il a
25:52commencé comme tout ce
25:54qu'il faisait, c'était à fond.
25:56C'était ou rien ou tout
25:58en même temps.
26:00Et il n'y avait plus
26:02de cesse que de
26:04s'entraîner pour aller faire du sport tous les jours.
26:06Ce n'était pas deux fois par semaine, c'était tous les jours.
26:08Et ça a duré pendant des années et des années
26:10où que soit l'endroit,
26:12il fallait que l'on aille
26:14s'entraîner dans une salle de sport.
26:16Je suis allé par exemple
26:18à sa demande
26:20de le voir sur son yacht à Nassau
26:22en
26:241998. J'arrive à Nassau,
26:26au Bahamas.
26:28Je n'imagine pas un seul instant en arrivant
26:30à Nassau qu'il va me dire
26:32« Viens, on va à la salle de sport
26:34pour s'entraîner ». Et il m'emmène
26:36à la salle de sport du coin, le Gold Gym de Nassau.
26:38Donc
26:40à chaque fois,
26:42dans les périodes
26:44du moins où il a décidé
26:46de se préparer
26:48pour un spectacle, il est extrêmement rigoureux
26:50sur le plan physique.
26:52Il se trouve que Charles Trenet m'a raconté qu'un jour, à ses débuts,
26:54Johnny va le voir à Aix-en-Provence
26:56et Trenet est en train de faire des haltères et du sport
26:58et Johnny a dit « C'est bien, tiens,
27:00si je me mettais à faire du sport. Est-ce que c'est vrai ?
27:02Est-ce que c'est faux ? » Peut-être. Mais ce n'est pas impossible.
27:04Peut-être. Alors il faut savoir aussi
27:06que Johnny, il a subi
27:08des opérations à la hanche dont il s'est remis
27:10à une vitesse incroyable, Jacques Véricard.
27:12J'ai
27:14toujours été extrêmement étonné
27:16de la façon dont il récupérait
27:18physiquement
27:20de toutes ses interventions, car il en a eu
27:22beaucoup.
27:24J'allais le visiter parfois
27:263-4 jours après
27:28une opération de la hanche
27:30à la clinique du sport à l'époque
27:32et il était déjà en train de gambader
27:34et de faire le tour de sa chambre.
27:36J'avoue que c'était extrêmement étonnant.
27:38Et ce qui est étonnant aussi,
27:40c'est sa gentillesse où il fait
27:42comme si tout allait bien.
27:44Et puis dans une soirée, il est capable de partir
27:46en quelques instants parce qu'il s'ennuie,
27:48Johnny.
27:50C'est un de ses problèmes
27:52récurrents, c'est qu'il s'ennuie très
27:54rapidement, Johnny, quel que soit
27:56l'endroit, quels que soient les gens qui l'entourent.
27:58Donc,
28:00parfois il ne prenait pas de gants,
28:02effectivement. Mais il avait aussi
28:04un autre truc, quand il avait une cour
28:06avec qui il allait dîner, la cour prenait ce qui
28:08allait être plus cher, et lui il avait un truc, je ne sais pas si
28:10vous le savez, il appelait son chauffeur discrètement
28:12en disant on va aux toilettes, en même temps il partait
28:14et il laissait la note à la cour.
28:16Ça, je ne l'ai
28:18pas vécu, je ne l'en rapporte pas parce que
28:20Ah, c'est authentique ?
28:22Oui, oui, je sais bien, je suis
28:24parfaitement au fait de ce qui a été
28:26raconté là-dessus, mais moi je ne l'ai
28:28jamais vécu. Alors, il y a aussi des chansons
28:30qu'il ennuyait curieusement sur scène, comme
28:32J'ai oublié de vivre. J'ai oublié de vivre
28:34une des plus belles chansons en ce qui me concerne
28:36écrite par mon ami
28:38Billon, et il revaut
28:40surtout pour la musique.
28:42Il ne pouvait pas
28:44la jouer, la faire vivre
28:46sur scène comme il l'aurait voulu, il fallait
28:48qu'il reste derrière sa guitare,
28:50malgré que les paroles
28:52lui collent à la peau. Il préférait
28:54dix fois plus
28:56celle de Jean-Jacques Goldman,
28:58l'envie, par exemple, qui lui collait
29:00à la peau.
29:09Ça, c'est vraiment
29:11Johnny, Jacques Verrecchia. Parce que l'envie,
29:13c'est sa vie, c'est
29:15Johnny, c'est une pièce
29:17de théâtre, musicalement
29:19c'est extraordinaire, le talent de Goldman
29:21est extraordinaire, et les paroles
29:23collent parfaitement
29:25au personnage de Johnny Hallyday.
29:27Ce personnage de Johnny Hallyday, justement,
29:29c'était la chanson en toutes circonstances.
29:31Il pouvait, dans un endroit, dans une boîte,
29:33se mettre à chanter pour le plaisir.
29:35Ah, mais peu importe
29:37l'endroit, que ce soit à
29:39Bercy, au Stade de France,
29:41ou dans la salle du patronage
29:43d'un petit village,
29:45s'il avait envie de chanter du rock'n'roll,
29:47il le chantait, de la même façon.
29:49Oui, mais alors moi je me souviens d'une soirée à l'Élysée
29:51Matignon, qui était un discothèque à la mode.
29:53Ce sont les 31 ans de Sardou,
29:55il est avec Johnny, je ne sais pas si vous étiez là ce soir-là,
29:57ils montent,
29:59ils sont au sous-sol, ils montent, ils voient des
30:01musiciens qui font un concert de tango,
30:03ils virent les musiciens, ils mettent
30:05ces musiciens de Johnny, et Johnny et Sardou ont fait
30:07un concert de rock improvisé pendant 3 heures.
30:09Voilà, c'était tout à fait
30:11naturel et légitime
30:13de faire ce genre de choses.
30:15Il n'y avait qu'un problème avec Johnny,
30:17et vous le racontez Jacques Verrecchia,
30:19c'était quand la soirée était un peu trop parosée,
30:21il fallait s'éloigner de lui parce qu'on risquait
30:23un coup de poing.
30:25Il était parfois
30:27emprunt à cette époque-là,
30:29parce qu'après, évidemment,
30:31il s'est beaucoup calmé, mais
30:33à cette époque-là, l'époque à laquelle
30:35je fais allusion dans mon récit,
30:37il était emprunt à une certaine violence, effectivement.
30:39Un mot qu'il ne connaît pas,
30:41une colère brusque, tout était possible.
30:43Mais moi je me souviens, on m'a raconté
30:45qu'un soir, il était à Bruxelles,
30:47dans un grand hôtel, et puis
30:49il a beaucoup bu, il veut rentrer dans sa
30:51chambre, le groom qui est habillé
30:53comme Spirou ne lui plaît pas, dans l'ascenseur,
30:55il lui donne un coup de poing,
30:57mais il s'est excusé le lendemain et il lui a offert
30:59un gros pourboire. Je ne connaissais pas cette anecdote,
31:01mais ça ne m'étonne pas.
31:03Alors, il y a eu aussi
31:05la vie privée de Johnny,
31:07vous l'avez vu draguer
31:09vertement les femmes de ses amis.
31:11Ça, c'est un côté un petit peu
31:13extraordinaire et embêtant,
31:15quand c'est en privé,
31:17parce que
31:19ça s'est passé parfois
31:21lors d'un dîner à table
31:23chez moi, où j'avais invité
31:25d'autres convives,
31:27et que Johnny avait décidé
31:29d'essayer de séduire
31:31l'épouse
31:33du convive qui était
31:35à côté de moi. Donc, effectivement,
31:37c'était un jeu
31:39chez lui, c'était peut-être pas vraiment
31:41sérieux non plus. Ce qu'il fallait,
31:43c'est qu'il obtienne un résultat
31:45et que, à travers
31:47ses yeux lasers
31:49si bleus,
31:51il puisse faire en sorte
31:53que la jante féminine
31:55soit totalement séduite.
31:57En tout cas, il y a une chose très particulière,
31:59il voulait tout le temps se marier, Jacques Verrecchia.
32:01Ça aussi, c'était
32:03un travers
32:05qu'il a perdu ensuite,
32:07puisqu'il s'est marié
32:09avec Laetitia,
32:11et après il a changé de comportement.
32:13Mais moi, j'ai connu une époque où,
32:15à chaque nouvelle compagne,
32:17il me sollicitait
32:19pour que j'assiste à son prochain mariage
32:21et pour certains, que je devienne le témoin
32:23même de son mariage.
32:25C'était en général prévu pour le 15 juin,
32:27le jour de son anniversaire,
32:29et ce qui n'arrivait
32:31jamais, puisque
32:33les compagnes en question
32:35étaient renouvelées sans cesse.
32:37Et d'ailleurs, souvent,
32:39elles étaient virées quand une autre arrivait
32:41et c'est arrivé avec Lee,
32:43qui était une des fiancées de...
32:45Léa, que j'ai
32:47beaucoup connue à une certaine époque,
32:49avec qui je m'entendais
32:51fort bien, et qui était
32:53charmante,
32:55elle est restée un an et demi avec lui,
32:57les projets de mariage étaient
32:59tout à fait avancés, et puis
33:01il est arrivé,
33:03ce qu'il a dû arriver, c'est que quelqu'un d'autre est arrivé
33:05et qu'il s'est marié avec
33:07une autre épouse, qui était Adeline.
33:09Je crois que ça s'est terminé quand
33:11un jour il est rentré de tourner
33:13et qu'il pensait qu'elle n'était pas à la maison.
33:15C'est ce qu'il m'a dit.
33:17Il est arrivé pas seul, donc ça a fait un an.
33:19Je n'y étais pas, mais
33:21il me l'a raconté.
33:23Il y a aussi le Johnny plein d'humour, car on ne le sait pas assez,
33:25Johnny était un roi de la blague
33:27et de la farce. Moi je l'ai vu un jour
33:29à l'Elysée Matignon, et j'étais son complice,
33:31faire croire à Alan,
33:33son secrétaire, qu'il avait
33:35mangé un plat pas bon
33:37et qu'il fallait aller à l'hôpital.
33:39Bien sûr, il adorait ça.
33:41Il faisait beaucoup de blagues ?
33:43Dès qu'il le pouvait.
33:45Quitte à semer un peu
33:47la zizanie entre des amis,
33:49il était capable
33:51de créer indifférent.
33:53Il faisait aussi des faux malaises, vous l'avez vu faire
33:55un faux malaise à Courchevel, je crois.
33:57Oui, il en a fait chez lui aussi.
33:59J'ai été
34:01très au courant
34:03d'un faux malaise
34:05qui a été raconté par son épouse il y a peu de temps.
34:07C'est pour ça que je l'ai à présent à l'esprit.
34:09Lorsqu'il a fait
34:11semblant d'avoir été attaqué par
34:13quelqu'un avec du sang
34:15dans sa cuisine, il était par terre,
34:17évanoui, alors que c'était
34:19du ketchup qui coulait sur sa chemise.
34:21Mais il aimait ça,
34:23ça le faisait rire.
34:25Et puis il y avait les fans. Je me souviens de fans
34:27qui me disaient, le nouveau disque sort
34:29à la FNAC, on y est à 8h du matin,
34:31on veut absolument écouter les nouvelles chansons du Grand.
34:33Il connaissait tout. Il y avait aussi les sosies.
34:35Mais quelquefois, les fans étaient
34:37trop près de lui
34:39et ça, ils ne se supportaient pas, Johnny.
34:41Oui, j'ai
34:43assisté à des scènes parfois
34:45un peu difficiles.
34:47Il a tout donné. Il a donné sa vie
34:49entière pour les fans.
34:51Il était prêt à tout.
34:53Les fans le savent très bien.
34:55Il n'y a aucune
34:57espèce d'ambiguïté là-dessus.
34:59Mais parfois,
35:01certains,
35:03certains peu,
35:05se transformaient presque en harceleurs.
35:07On dirait aujourd'hui que c'était du harcèlement.
35:09Donc là, il le prenait très mal.
35:11Il le prenait très mal.
35:13Je crois qu'il a pris, il y a une vitre
35:15qui a volé à cause du...
35:17Oui, il est descendu de voiture avec une batte de baseball.
35:19Il a fait exploser
35:21le pare-brise de la voiture
35:23qui le suivait.
35:25Et il y a aussi une chose étonnante à la montagne.
35:27Vous êtes à la montagne avec lui, en train de faire du ski.
35:29À Courchevel.
35:31Il se recoiffe avant de descendre.
35:33Ah ça, c'est tellement étonnant. Je ne m'y attendais pas du tout.
35:35C'est une des premières fois où il me fait ce coup-là.
35:37Nous étions en train de faire du ski
35:39et donc il est forcément
35:41un peu décoiffé, mais avant d'arriver à la station
35:43où il y avait des gens qui attendaient
35:45en bas du téléphérique,
35:47il s'arrête, il me dit
35:49j'ai quand même une image à respecter, il faut que je me recoiffe.
35:51C'est fabuleux ça.
35:53Alors justement,
35:55vous étiez avec lui au sommet,
35:57il est resté au sommet, et on va l'évoquer à travers la sortie
35:59de ce livre, le 3 juin 2024.
36:01A tout de suite sur Sud Radio
36:03avec Jacques Verrecchia.
36:05Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
36:07Sud Radio, les clés d'une vie.
36:09Avec mon invité Jacques Verrecchia,
36:11vous avez publié Avocat du patron,
36:13le récit de 50 ans de vie et d'aventure
36:15aux côtés de Johnny, chez Mareuil Éditions.
36:17Un livre plein de révélations,
36:19sur Johnny mais pas seulement, parce que ce livre
36:21vous avez décidé de l'écrire pour une raison très particulière
36:23Jacques Verrecchia.
36:25C'est-à-dire montrer
36:27Johnny mais en même temps raconter ce parcours.
36:29Modestement,
36:31j'ai souhaité
36:33raconter mon parcours
36:35qui s'étend sur
36:37pratiquement près de 60 années
36:39de carrière professionnelle.
36:41D'abord en tant que pianiste
36:43et puis ensuite
36:45en tant qu'avocat
36:47des artistes, avocats
36:49de la plus grande star française.
36:51Ça méritait que je me retourne un petit peu
36:53sur ma trajectoire atypique
36:55mais dont
36:57fait partie, pour plus de la moitié
36:59du temps, Johnny Hallyday
37:01à mes côtés. Oui, parce qu'il faut savoir
37:03que vous êtes musicien, qu'on n'avait pas eu le bac
37:05et qu'un jour vous décidez
37:07de suivre des études de droit.
37:09C'est assez particulier. Oui, oui, parce que
37:11comme je vous le disais tout à l'heure
37:13le métier était fait de galères à l'époque
37:15et les fins de mois étaient difficiles pour un musicien
37:17à l'époque. Je me suis dit
37:19il faudrait peut-être songer
37:21à faire quelque chose de plus sérieux
37:23et quoi de plus sérieux que de pouvoir défendre
37:25une corporation qui en avait bien besoin
37:27c'est-à-dire les artistes, les chanteurs
37:29les musiciens et
37:31de façon peut-être un peu
37:33présomptueuse, je me suis dit je vais devenir
37:35le meilleur avocat qui défendra
37:37la musique. Et résultat, vous êtes devenu
37:39un maître dans la défense de
37:41différentes stars, notamment dans le domaine
37:43de la propriété intellectuelle et Johnny
37:45a été non seulement votre ami mais votre premier
37:47client. Ca a été
37:49contre toute attente l'un de mes premiers
37:51clients
37:53il n'attendait pas après moi
37:55en tant qu'avocat, il en avait
37:57eu d'excellents avant moi
37:59donc s'il est venu me voir c'est parce que
38:01il avait certainement envie de me
38:03faire plaisir, de me mettre le pied à l'étrier
38:05en quelque sorte et qu'il avait déjà
38:07une forme de confiance à mon égard puisqu'on
38:09se connaissait depuis une quinzaine d'années
38:11dans d'autres circonstances et qu'on parlait
38:13le même langage, c'est-à-dire le langage
38:15de la musique, du rock'n'roll. Oui et en même
38:17temps il est venu vous voir en
38:19se disant on va travailler
38:21ensemble, tu me donneras tes notes d'honoraire
38:23et quelquefois il n'y avait pas de notes
38:25d'honoraire. C'est arrivé aussi
38:27mais il y avait des contreparties
38:29des facilités de vie
38:31avec lui
38:33qui étaient tout de même très
38:35agréables mais il faut savoir que j'ai commencé
38:37extrêmement modestement
38:39puisque un des premiers dossiers
38:41comme je le raconte, qu'il
38:43m'ait confié c'était au moment où il est parti
38:45de la maison qu'il louait à Neuilly
38:47rue Pergolaise où
38:49des tâches de pipi de chien
38:51avaient inondé la moquette
38:53et que le propriétaire irascible voulait
38:55lui faire payer donc c'était quand même
38:57un rôle extrêmement important
38:59pour son nouvel avocat de pouvoir s'occuper de cela.
39:01Et ça s'est bien passé comme sur d'autres dossiers
39:03en particulier les dossiers
39:05sur la vie privée car
39:07tous les journaux racontaient n'importe quoi sur Johnny
39:09mais la véritable raison de ses attaques
39:11je crois, et vous l'expliquez Jacques Verichia,
39:13c'est qu'il voulait vivre tranquille et que ses familles
39:15soient protégées.
39:17Oui c'était avant tout
39:19pour sa famille
39:21mais pour lui aussi parce qu'il
39:23était arrivé un moment où c'était
39:25véritablement du harcèlement
39:27là encore et j'ai essayé
39:29d'inverser
39:31la vapeur
39:33des procédures judiciaires qui avaient été engagées
39:35jusqu'à présent qui n'étaient pas
39:37satisfaisantes car
39:39les tribunaux
39:41se plaisaient
39:43à le débouter de toutes les actions
39:45qu'il engageait en disant
39:47qu'il était tellement complaisant
39:49à l'égard de la presse en ce qui concerne
39:51le droit à l'image,
39:53à la vie privée, qu'il ne méritait pas
39:55d'être protégé. Il fallait donc que je trouve
39:57un
39:59nouvel
40:01angle pour
40:03faire en sorte que les choses changent
40:05et j'ai réussi à le faire
40:07en deux années, trois années
40:09maximum pour que
40:11la presse commence
40:13à le considérer d'une autre façon.
40:15Oui, ça a calmé beaucoup la presse
40:17à sa sensation. Énormément.
40:19C'était l'époque où
40:21la presse people commençait
40:25à se créer en France
40:27un créneau extrêmement important.
40:29Vous aviez des journaux qui
40:31tiraient 800 000 exemplaires chaque lundi matin.
40:33C'était colossal.
40:35Donc le préjudice était quand même
40:37très important. Oui, et en même temps
40:39ils avaient toujours un budget pour les frais d'avocats
40:41et pour perdre de l'argent.
40:43Ça ne leur posait aucun problème. Jusqu'au
40:45moment où j'ai réussi
40:47à les faire vaciller entre guillemets
40:49sur leur base
40:51même avec les budgets colossaux
40:53qu'ils avaient.
40:55Il se trouve aussi que dans ce livre, vous mettez fin
40:57à une légende. C'est son histoire d'amour
40:59avec Catherine Deneuve.
41:01Ça aussi, c'est de la pure invention.
41:03Oui, mais bon, il en a tellement
41:05été dit, écrit...
41:07Mais tout le monde y a cru.
41:09Mais ça a existé, effectivement.
41:11Il l'a dit, il l'a raconté
41:13dans son autobiographie.
41:15Mais
41:17il faut rester réservé.
41:19Et il se trouve aussi qu'un soir
41:21il a tenté de séduire Catherine Deneuve
41:23avec une chanson.
41:25Retiens la nuit
41:27pour nous deux
41:29jusqu'à la fin du monde
41:31Retiens
41:33Et il a chanté
41:35ça devant Catherine Deneuve.
41:37Et Sylvie Vartan est arrivée, je crois.
41:39C'est lui qui me l'a raconté.
41:41Je ne sais pas si
41:43il a embelli la scène
41:45qui est digne d'un vaudeville.
41:47Je n'y étais pas.
41:49Mais c'est lui qui l'a raconté,
41:51donc c'est crédible.
41:53Je ne sais pas, ça le faisait beaucoup rire.
41:55Ça l'amusait beaucoup.
41:57Donc je l'ai retranscrit
41:59avec toutes les précautions d'usage.
42:01Ça, c'est l'avocat qui parle.
42:03Mais quelqu'un qui n'appréciait pas
42:05ce genre de choses, c'est Laetitia,
42:07car toutes ses histoires passées,
42:09elle ne voulait pas en entendre parler.
42:11Je suis certain que
42:13bien plus tard, 20 ans
42:15ou 25 ans après,
42:17même l'autobiographie qu'il avait écrite
42:19Destroy
42:21n'était plus la bienvenue à la maison.
42:23Puisque Johnny m'appelle un matin
42:25en me disant maintenant ça suffit.
42:27J'en ai marre de tout ça.
42:29Il faut arrêter. Je ne veux plus que ce livre
42:31soit commercialisé. Il faut tout arrêter.
42:35Et Johnny s'est adapté à Laetitia
42:37et Laetitia s'est adaptée à Johnny.
42:39Laetitia a un monde qu'elle ne connaissait pas.
42:43Laetitia, effectivement,
42:45était certes très
42:47malléable.
42:49Puisqu'elle était fort jeune lorsqu'elle
42:51s'est mariée. Elle avait 20 ans.
42:53Tout à fait logique.
42:55Petit à petit, elle a appris à ses côtés.
42:57Elle a très bien appris.
42:59Elle lui a,
43:01je pense, rendu
43:03d'énormes services
43:05dans sa vie quotidienne.
43:07Elle a découvert la vie quotidienne familiale
43:09qui n'existait pas avant.
43:11C'est grâce à elle qu'il a pu vivre
43:13dans les 10 dernières années
43:15de sa vie, une vie normale.
43:17Une vie normale à l'étranger.
43:19Vous avez assisté à un dîner, je crois,
43:21où il s'est interrogé
43:23sur Saint-Barth.
43:25Il a posé des questions.
43:27C'était à son restaurant, le Balzac.
43:29Effectivement,
43:31vous faites bien de me le rappeler.
43:33Donc,
43:35vous étiez une dizaine à table
43:37et il s'interroge,
43:39il interroge quelqu'un à table
43:41qui habitait Saint-Barth et il lui demande
43:43quelles sont les opportunités.
43:45J'ai assisté à cette première conversation
43:47où on sait maintenant qu'après,
43:49ils ont fait construire
43:51cette fabuleuse maison qu'ils ont eue
43:53pour laquelle ils ont eu un coup de cœur,
43:55une passion pendant 10 ans.
43:57C'était au restaurant le Balzac,
43:59qui était sa cantine puisqu'il l'avait acheté.
44:01Il recevait ses copains.
44:03Il était heureux d'être là-bas, tu as dit.
44:05Ah oui, oui, oui.
44:07Il m'a toujours dit,
44:09il l'a dit à tout le monde,
44:11pas seulement à moi,
44:13puisqu'il allait au restaurant pratiquement tous les jours,
44:15autant que ça soit chez lui.
44:17Moi, j'aimais bien
44:19aller déjeuner avec lui.
44:21J'y allais
44:23relativement peu souvent
44:25parce que je travaillais
44:27en général même à l'heure du déjeuner.
44:29Mais
44:31j'étais toujours à la table du patron,
44:33forcément, c'est le cas de le dire.
44:35La première table à gauche quand on rentrait
44:37et toujours avec des hôtes,
44:39des convives extraordinaires
44:41que je n'aurais jamais rencontrés
44:43sans lui. Je pense simplement
44:45par exemple, en vous parlant,
44:47à Robert Hossein,
44:49l'immense Robert Hossein
44:51que j'ai connu grâce
44:53à cette table du patron
44:55où Pétula Clark
44:57et son mari Claude Wolf
44:59que j'ai rencontré à cette occasion.
45:01Et j'ai découvert
45:03à l'occasion d'un déjeuner
45:05tout à fait simple
45:07qu'il y avait une
45:09connivence que je n'imaginais
45:11pas un seul instant
45:13entre Pétula Clark
45:15et Johnny.
45:17Elle est venue à ce micro quelques temps,
45:19elle est en pleine forme
45:21et malheureusement Claude Wolf est décédé
45:23mais elle reste une icône.
45:25Alors, il y a aussi l'avocat que vous êtes
45:27et l'avocat que vous êtes,
45:29Jacques Ferrichière, a été surpris car
45:31Johnny a proposé quelques fois dans les procès
45:33des solutions auxquelles vous n'avez pas pensé.
45:35Oui, c'était son
45:37esprit pratique. C'est-à-dire que
45:39il arrivait à un moment où, quand ça devenait
45:41trop compliqué, de toute façon
45:43ça l'embêtait considérablement
45:45donc il allait au plus court.
45:47Et puis vous l'avez défendu dans des
45:49affaires assez complexes
45:51notamment lorsqu'on l'a accusé
45:53de chanter en playback au Stade de France.
45:55Oui, oui.
45:57Il y a eu deux façons de réagir.
45:59La première, ça a été
46:01lui-même, le soir
46:03sur scène, lorsqu'il a
46:05pris le public à témoin, souvenez-vous
46:07Jacques Bessis, lorsqu'il
46:09a dit, il y a des journalistes
46:11ce matin qui ont écrit que je chantais en playback
46:13et bien voilà comment ça se passe.
46:15Et puis ensuite, bien sûr, il y a eu une procédure judiciaire
46:17contre le parisien qui a été condamné
46:19pour diffamation.
46:21C'était aussi une époque difficile car
46:23Johnny, à un moment, n'avait plus de carte bleue
46:25Jacques Vériquier. Ah mais c'était pas la même époque
46:27là c'était bien avant.
46:29Donc il avait dépensé
46:31beaucoup d'argent, il est revenu grâce à
46:33Michel Berger, mais vous y êtes aussi pour
46:35quelque chose parce que vous avez
46:37convaincu Johnny
46:39que Johnny ce soit un nom et une marque.
46:41Eh bien,
46:43lorsqu'il a commencé
46:45à me confier ses intérêts, je me suis dit
46:47qu'il fallait que je trouve un billet
46:49quelque chose qui n'avait pas été encore fait.
46:51Et à ma grande stupéfaction,
46:53le nom Johnny Hallyday n'avait jamais
46:55été déposé en tant que marque
46:57commerciale. On est au début des années 80
46:59il y a longtemps, il y a 40 ans.
47:01Et évidemment,
47:03j'ai été le premier à le faire
47:05et il y a eu toute une déclinaison
47:07ensuite sur des produits commerciaux
47:09ce qu'on appelle aujourd'hui le merchandising
47:11qui n'existait
47:13pratiquement pas, ou c'était les balbutiements
47:15en tout cas, qui a maintenant fait
47:17la floraison dans tous les concerts
47:19que ce soit les Rolling Stones, Paul McCartney ou Elton John.
47:21Il se trouve aussi que vous avez été
47:23le premier
47:25à vivre une histoire incroyable
47:27et que vous racontez pour la première fois
47:29c'est comment Johnny a pu passer
47:31de Universal à Warner.
47:33Ça a été le plus beau jour de sa vie, la signature du contrat
47:35et ça, personne ne l'avait raconté et c'est dans ce livre.
47:37C'est une longue histoire
47:39tout de même. Oui, mais on peut raconter
47:41quelques bribes pour donner
47:43envie au lecteur de... Oui, bien sûr.
47:45Je donne un certain nombre de précisions
47:47sur les dossiers que j'ai traités
47:49puisque mon récit
47:51c'est uniquement ce que j'ai vécu
47:53et je ne brode pas autour
47:55je ne m'attache simplement
47:57qu'au dossier que j'ai traité
47:59non pas pour révéler
48:01des secrets, évidemment
48:03mais pour mettre un certain nombre
48:05de choses au point, des précisions
48:07pour remettre les choses à leur place
48:09parce qu'il y a eu tellement
48:11d'imprécisions dans les médias
48:13qu'il fallait, avec un certain recul
48:15revenir dessus.
48:17Donc, son combat contre Universal
48:19ça a été une longue lutte
48:21qui m'a permis parallèlement
48:23et c'était ça le but en fait
48:25premier, c'était de
48:27pouvoir négocier
48:29avec une autre maison de disques
48:31on ne savait pas laquelle
48:33à l'époque
48:35c'était Warner
48:37à l'arrivée
48:39un contrat beaucoup plus avantageux
48:41un contrat beaucoup plus avantageux
48:43mais la première question
48:45pour répondre à votre interrogation
48:47la première question
48:49c'était effectivement de savoir
48:51et c'est celle qu'il m'a posée
48:53et que tout son staff m'a posée
48:55parce qu'il était déjà entouré
48:57des meilleurs conseillers lorsque je suis arrivé dans le dossier
48:59c'était de savoir
49:01est-ce que la star numéro 1
49:03Johnny Hallyday
49:05peut quitter sa maison de disques
49:07est-ce qu'il a le droit
49:09de le laisser partir de sa maison de disques
49:11c'était ça la première question
49:13et c'est un feuilleton que vous racontez avec beaucoup de précision
49:15dans ce livre
49:17Avocats du patron
49:19que je recommande à celles et ceux qui nous écoutent
49:21qu'ils aiment Johnny ou non
49:23les fans bien sûr seront au rendez-vous
49:25parce qu'on découvre un autre Johnny
49:27qui mérite d'être non pas connu mais reconnu
49:29merci Jacques Véricain de l'avoir écrit
49:31merci à vous Jacques Pessis de votre accueil
49:33les clefs d'une vie c'est terminé pour aujourd'hui
49:35on se retrouve bientôt
49:37à l'écoute de Sud Radio

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