Jacques Pessis reçoit Dany Jucaud : journaliste à Hollywood, elle a côtoyé des stars de légende, parmi lesquelles Sharon Stone, mais aussi Madame Claude. Elle les raconte dans un livre , « J’avais une maison à Los Angeles »
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-07-03##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous êtes parti à la conquête de l'Amérique où vous avez conquis les stars d'Hollywood
00:10en ne jouant pas à la carte du buzz mais en demeurant fidèle à la véritable mission de la journaliste.
00:16Vous le racontez aujourd'hui dans un livre qui nous fait rêver.
00:19Bonjour Danny Jucco.
00:20Bonjour Jacques.
00:21Alors pour celles et ceux qui ne nous connaissent pas, vous êtes journaliste.
00:24Vous avez été pendant 42 ans à Paris Match, notamment à Hollywood.
00:29Et c'est la raison de ce livre de souvenirs « J'avais une maison à Los Angeles » chez Stock
00:34où vous racontez vos souvenirs de grands reporters.
00:36Alors ces souvenirs, on va les égrener à travers des dates clés puisque c'est le principe des clés d'une vie.
00:40Avec plaisir, oui.
00:41Première date, elle ne vous concerne pas directement mais elle est importante dans votre vie,
00:45le 26 juin 1974, sortie de ce film.
00:51Bien sûr.
00:53Emmanuel, qui d'ailleurs, lors de son passage en condition de censure, avait été interdit.
00:59Et comme Pompidou est mort, le ministre de la Culture, Michel Guy, lui, a laissé une ouverture
01:04pour que le film soit seulement interdit aux moins de 18 ans.
01:07Et ce film, vous en avez assuré le montage, Danny Jucco.
01:10Oui, j'étais assistante monteuse sur ce film.
01:13Et je dois dire que l'expérience était extraordinaire parce que personne ne pouvait imaginer
01:18pendant le cours du montage, etc., qu'elle serait le succès incroyable de ce film
01:23car c'était un ratage total au départ.
01:25Et tout le monde avait pensé que le tournage s'arrêterait au bout de quelques jours
01:29et puis la suite fait partie de l'histoire.
01:31Juge Jacquin était un photographe qui, au départ, avait tourné quelques spots pour Dim Damdom.
01:37Il a été engagé mais il ne connaissait pas le métier.
01:39Pas bien. On ne dirait pas autant pas bien.
01:42Je sais que nous avions commencé le montage à Paris, dans un appartement rue Gouvion Saint-Cyr,
01:46sur un premier étage, dans une salle de bain, pour être très précis.
01:49Et le tournage était en cours à Bangkok.
01:52Et au fur et à mesure que les rushs arrivaient, c'était une catastrophe.
01:55Donc le producteur, Yvon Serroir, avait décidé d'arrêter le tournage.
01:58Enfin, il hésitait entre arrêter ou pas.
02:00Finalement, je pense qu'il a fait le bon choix.
02:03Il a proposé, comme il n'y avait plus d'argent, des intéressements à toute l'équipe.
02:07C'était en cours, c'était plus loin.
02:09Il a proposé à tout le monde et comme je n'ai aucun sens de l'argent,
02:11j'ai refusé à peu près tout le monde.
02:13Et les gens qui ont accepté, dont le scénariste, Jean-Louis Richard,
02:17qui était l'ex-mari de Jeanne Moreau d'ailleurs, qui a accepté, ont fait des fortunes.
02:21Lui, et puis je crois qu'il y avait un acteur aussi.
02:23Mais tout le monde avait refusé en se disant, mais où mettons les pieds ?
02:26Ce film a fait 8 813 996 entrées en France, en 1974.
02:32Et il a été vu par plus de 50 millions de spectateurs dans le monde.
02:35Ce que personne ne pouvait imaginer.
02:37Vous étiez pour l'heure rue Gouvion Saint-Cyr et juste à côté,
02:40il y avait un garage Neubauer où a débuté une certaine Nadine Tallier
02:43comme secrétaire. Nadine de Rothschild.
02:45Je ne savais pas.
02:46Alors le stagiaire, c'est Jérôme Richard qui est le fils de Jeanne Moreau.
02:50Absolument.
02:51Et ce métier, vous l'avez appris sur le terrain finalement ?
02:54Alors ce métier sur le terrain, enfin j'ai tout appris sur le terrain.
02:57Ce métier, journaliste, c'est peut-être mon destin.
03:01Mais j'avais été assistante, j'avais travaillé sur un film de Roman Polanski,
03:05sur Le Locataire, sur d'autres films, etc.
03:08Et une suite de coïncidences m'a prise.
03:11C'était mon premier film comme assistante monteuse.
03:13Alors il se trouve aussi que vous êtes née à Nice et que vous avez fait une fac de lettres.
03:17Je suis née à Paris.
03:18Vous êtes née à Paris, vous avez grandi à Nice.
03:19Oui.
03:19Mais vous avez fait une fac de lettres, ce qui n'a rien à voir avec le montage au départ.
03:23Rien à voir avec rien.
03:25C'est-à-dire que j'étais en fac de lettres pendant un an, j'hésitais.
03:28Et puis ma vie privée m'a emmenée à Paris.
03:30Et de là, c'est une suite d'histoires, de coïncidences.
03:33Alors il se trouve que la première personne que vous avez rencontrée, c'est dans un train.
03:37C'est pas n'importe qui, c'est Solzhenitsyn.
03:39Oui, absolument.
03:40Comment ça se fait ?
03:41Oui, comment ça se fait ?
03:42J'étais plus jeune, je vais avoir 16 ans, je ne sais pas exactement.
03:44Je partais en vacances à Crans-sur-Sierre.
03:46J'étais en seconde classe d'un journée.
03:50J'étais seule dans un wagon en train de lire, comme souvent.
03:53Et un monsieur est rentré, grande barbe, un peu sombre, comme ça, qui m'observait.
03:57Et il s'est assis en face de moi et j'ai tout de suite reconnu.
03:59Je n'étais pas journaliste, mais j'avais dû avoir le sens déjà.
04:01Solzhenitsyn.
04:02Et on a passé plusieurs heures ensemble à se sourire.
04:05Parce que, bon, je ne sais pas quoi lui dire.
04:06Lui non plus, à mon avis.
04:08Et donc, c'est quand même formidable de voyager avec Solzhenitsyn.
04:11Bon, c'était ma première expérience.
04:13Alors, Dany Jucot, ce qu'il faut savoir, c'est que le journalisme, ça a commencé par hasard
04:17quand vous étiez informatrice, sans le savoir, à Paris Match.
04:20Exactement.
04:21J'ai fait du montage, Emmanuel et d'autres films.
04:25Ça ne me plaisait pas trop.
04:27Je me cherchais un petit peu.
04:29J'avais une ou deux camarades qui étaient journalistes à Paris Match.
04:31Donc, je m'arrêtais dans Saint-Soël-Champs-Élysée pour prendre un café.
04:34Ma vie fait que j'étais très, comment dire, très ancrée dans le cinéma français.
04:42Et les gens cherchaient toujours quelqu'un.
04:43Et j'avais toujours la réponse, mais par hasard.
04:45Et un jour, un des rédacteurs chefs est venu me chercher.
04:48Il m'a dit, écoutez, j'aimerais bien vous voir.
04:50Et est-ce que vous accepteriez de travailler pour nous ?
04:52Alors, je n'ai pas très bien compris ce qu'on me disait.
04:53Parce qu'il m'a dit, vous pouvez faire des piges.
04:55Mais comme je ne sais pas du tout ce que ça voulait dire, j'ai fait semblant d'oublier.
04:58Des piges, c'est des articles où on est payé à chaque fois que l'article sort.
05:01Mais moi, je ne pouvais pas savoir.
05:02Je ne savais rien.
05:03Et j'ai laissé passer un peu de temps.
05:06Je n'ai pas répondu oui.
05:07Puis encore, toujours des histoires privées en début.
05:09Je me cherchais.
05:10Je n'avais plus envie d'être à Paris.
05:12Et une amie, Anne-Marie Berry, qui était la femme de Claude Berry.
05:15Et la sœur de Jean-Pierre Rassam, producteur très connu.
05:17Exactement.
05:18Qui était une très bonne amie à moi à l'époque.
05:20Elle me dit, écoute, je pars pour Los Angeles.
05:22On était en 79, août 79.
05:23Elle me dit, je pars un mois de vacances là-bas.
05:25Viens passer un mois.
05:26Et j'ai trouvé ça grisant.
05:28Mais je n'avais pas d'argent, comme toujours.
05:31Un billet à l'époque coûtait 5000 francs, je me souviens.
05:34Je n'avais absolument pas d'argent pour prendre un billet d'avion.
05:36Et elle m'a dit, écoute, mais tu m'as bien dit,
05:38tu m'as bien raconté que les gens de Paris marchent.
05:40Elle m'a re-raconté l'histoire.
05:42Alors, je dis oui, mais j'étais très indécise.
05:45Je me suis dit, j'avais qu'une envie, c'est quitter Paris à ce moment-là.
05:47J'ai dit, OK, j'y vais.
05:48Et c'est comme ça que je suis allée voir au flanc.
05:50Revoir le directeur, le rédacteur en chef à l'époque de Match.
05:54Proposer mes services sans savoir vraiment ce que je disais.
05:56J'avais qu'une envie, c'est me propulser gratuitement aux Etats-Unis.
06:00Ce que j'ai fait.
06:01Il se trouve que c'était l'année d'Apocalypse Now.
06:04C'était donc 79.
06:05Apocalypse avait eu la palme d'or à Cannes.
06:08Et mon amie était très amie avec Coppola.
06:10Et elle m'a dit, je t'organise un reportage avec Coppola.
06:13Qui ne s'est jamais fait.
06:14Je l'ai proposé à Match.
06:15C'est la raison pour laquelle ils m'ont envoyé là-bas.
06:16Ça ne s'est pas fait.
06:17Et comme j'ai eu le sens de la dette, je l'ai remboursé autrement.
06:20Alors, il se trouve aussi que votre métier, vous l'avez appris
06:23en regardant la télévision.
06:24Une journaliste qu'on ne connaît pas en France.
06:25Mais qui est très célèbre aux Etats-Unis.
06:27Barbara Walters.
06:28Voilà.
06:29Alors, qui est décédée d'ailleurs il y a 2-3 ans.
06:32C'était au-delà d'une journaliste.
06:33C'était la grande star aux Etats-Unis.
06:35Des interviews.
06:36Tous les specials qu'elle faisait.
06:38Elles étaient regardées par des dizaines de millions de gens.
06:40Et j'ai appris d'être extrêmement.
06:42Remarquez, c'est dans mon caractère.
06:43Mais j'ai appris à être extrêmement directe.
06:46Et poser les questions que tout le monde pose.
06:48Se pose.
06:49Et à force de la regarder.
06:51J'ai été comme une seconde nature.
06:53C'est comme ça que j'ai appris mon métier.
06:55En partie, n'est-ce pas ?
06:56Et l'une de vos premières rencontres.
06:57C'était un écrivain très célèbre à l'époque.
06:59Mais qui était très vieux.
07:00Henri Miller.
07:01Oui.
07:02C'est pas exactement une première rencontre.
07:03J'aurais adoré rencontrer.
07:05J'étais une fan de Miller.
07:06J'aurais adoré le rencontrer.
07:08Il se trouve que dans une soirée assez abracadabrande.
07:11Que je raconte dans le livre.
07:12J'ai rencontré quelqu'un qui travaille avec lui.
07:14Et qui m'a proposé de le rencontrer.
07:16Et ça s'est fait à deux.
07:17J'étais très excitée.
07:18Mais je pensais même pas à faire une interview.
07:20J'en étais pas là encore.
07:22Et finalement, à quelques jours près.
07:24Il est mort à ce moment-là.
07:25Donc ça ne s'est pas fait.
07:27Il faut savoir que c'est un écrivain très célèbre.
07:29C'est le père du roman semi-biographique.
07:31Qui a écrit notamment Tropique du Capricorne.
07:33Et il est venu à Paris dans les années 30.
07:35Il parlait français très correctement.
07:37Puisqu'il avait eu une vraie vie de bohème à Paris.
07:39Au temps des années 30.
07:41Où il a rencontré Anaïs Nin et beaucoup d'autres.
07:43C'est d'ailleurs une des raisons.
07:47Cette personne qui était son amie.
07:48Il m'a dit qu'il serait ravi de vous rencontrer.
07:49Il adore la France.
07:50Et les Françaises.
07:51Surtout.
07:52Il y a aussi à ce moment-là une jeune actrice.
07:54Elle est trop tôt disparue.
07:56Que vous rencontrez.
07:57Vous êtes la première à la rencontrer.
07:58Dany Jucaud.
07:59C'est Margot Hemingway.
08:00Oui.
08:01Je la rencontre dans un dîner.
08:03Sans savoir qui elle est vraiment.
08:05La petite fille d'Anaïs Hemingway.
08:06Voilà.
08:07Ça je le savais.
08:08Mais je ne savais pas du tout.
08:09Je ne la situais pas au plan médiatique.
08:11Et je suis allée au flanc la voir.
08:13Sans vraiment savoir ce que je disais.
08:14Je lui ai dit.
08:16Et à l'époque tout était facile.
08:18Après les choses ont changé avec le temps.
08:20Et ça s'est fait comme ça.
08:21Et dans cette même soirée.
08:23J'avais un photographe avec qui j'ai échangé quelques mots.
08:25Et j'ai appris qu'il était photographe.
08:27Donc je suis photographe Margot Hemingway.
08:29J'ai mélangé tout ça.
08:30Et je lui ai dit.
08:31Vous ne voulez pas faire des photos ?
08:32Oui.
08:33Et j'ai pris que c'était une des grandes stars.
08:34Qui s'appelait Douglas Kirkland.
08:35Un des plus grands photographes américains.
08:36Mais je ne le savais pas.
08:37Donc en fin de compte je fais tout comme ça un peu.
08:39Mais finalement c'était une autre époque.
08:40Puisqu'il n'y avait pas 14 attachés de presse.
08:42Et 12 agents qui vous empêchaient de voir quelqu'un.
08:44Absolument.
08:45Absolument.
08:46Et Margot Hemingway c'était un grand espoir.
08:48Je crois qu'elle est tombée dans l'alcool.
08:50Dans la drogue.
08:51C'était un grand désespoir.
08:52Un grand désespoir.
08:53Et après j'ai devenu très amie avec sa plus jeune soeur.
08:57Marielle Hemingway.
08:58Avec qui j'ai vécu un moment.
09:00Et bon voilà.
09:01Il faut savoir.
09:02Chose étonnante.
09:03Dany Choucault.
09:04C'est que vos premiers articles dans Paris Match.
09:06Ne sont pas signés.
09:07Non.
09:08Pendant deux ans.
09:09J'ai payé cher mon entrée à match.
09:10Mais je ne le savais pas.
09:11On m'avait expliqué.
09:12Une ou deux personnes m'avaient très gentiment expliqué que ça se passait comme ça.
09:16Donc je l'ai cru.
09:17Pendant un ou deux ans.
09:18Et maintenant quand je vois que quelqu'un au bout de 15 jours ou trois semaines est
09:22signé dans le journal.
09:23Même maintenant encore.
09:24Je dis quand même.
09:25C'est assez étonnant.
09:26J'ai payé cher mon entrée moi.
09:27Oui.
09:28Mais c'était une autre époque aussi.
09:29Il y avait l'argent coulé à flot et Match était dans le journal.
09:31Où on ne refusait rien au rédacteur.
09:34Non.
09:35Oui.
09:36On peut dire les choses comme ça.
09:37Oui.
09:38Je crois que les journées commençaient à midi au café d'en face.
09:40Les réunions se déroulaient beaucoup plus au café que dans la salle de réunion.
09:44J'ai commencé à travailler aux Etats-Unis et je suis restée presque toute ma vie aux
09:47Etats-Unis.
09:48Et j'ai vraiment beaucoup, beaucoup travaillé.
09:49Beaucoup plus que dans les cafés ou quoi que ce soit parce qu'on voit toujours la partie
09:53glamour.
09:54Mais derrière, il y a beaucoup de travail, beaucoup d'heures de téléphone, de rencontres,
09:57des tas de choses.
09:58Donc je n'avais pas vraiment la même approche de ce métier.
10:00Et puis en plus, vous avez découvert Beverly Hills qui est un endroit totalement fou que
10:04vous n'imaginiez pas au départ.
10:06J'imaginais rien parce que je l'ai dit d'ailleurs.
10:08Je n'avais aucune envie d'être journaliste et encore moins de vivre en Amérique.
10:11Donc tout s'est fait, pardon d'employer toujours ce mot, tout s'est fait un peu par hasard.
10:14Donc je ne rêvais pas de l'Amérique.
10:16Je ne rêvais pas de Los Angeles, mais je l'ai découvert au fur et à mesure.
10:19Et je crois qu'à Hollywood, il y avait des gens vrais et des gens fous.
10:22Et des gens fous ou des gens faux ?
10:24Fous.
10:25Faux et faux.
10:26Faux et faux.
10:27Comme partout, non ?
10:28Vous parliez anglais ?
10:29Oui.
10:30Pas trop bien.
10:31Je parlais, je me débrouillais pas mal.
10:32Mais voilà.
10:33Pas au point de faire des interviews, mais oui.
10:35Et alors le plus compliqué, c'est quand j'interviewais des metteurs en scène anglais,
10:38par exemple, comme Oliver Scott ou des gens comme ça.
10:40Parce que j'ai du mal à comprendre les anglais.
10:42Donc parfois, ils me disaient des choses très drôles et moi, je restais impassible.
10:45Et c'est après, en réécoutant les choses, que j'ai dû passer pour une idiote.
10:48Mais oui.
10:49En tout cas, vous ne passez pas du tout pour une idiote dans ce livre.
10:52Bien au contraire, on va continuer à l'évoquer à travers une autre date, le 24 janvier 1981.
10:56A tout de suite sur Sud Radio avec Dany Jucault.
10:59Sud Radio, les clés d'une vie.
11:01Jacques Pessis.
11:02Sud Radio, les clés d'une vie.
11:04Celle de mon invité Dany Jucault.
11:06Vous publiez ce livre « J'avais une maison à Los Angeles » chez Stock.
11:10Vous avez été grand reporter à Paris Match pendant 42 ans
11:13et vécu une vie de rêve qu'on va évoquer à travers tous les gens célèbres que vous avez rencontrés.
11:19Et j'ai trouvé une date importante, c'est le 24 janvier 1981.
11:23Ce jour-là, TF1 diffuse pour la première fois ce feuilleton.
11:34Dallas, parce que vous avez rencontré Larry Ackman.
11:37Je les ai tous rencontrés.
11:38D'abord, je les ai à peu près tous, à l'époque, interviewés.
11:41Les Victoria Principal, Patrick Duffy.
11:43Je ne me souviens plus de tous les noms, mais je les ai tous interviewés.
11:46La rencontre la plus amusante, c'est que je suis très distraite.
11:49Et souvent, je mélange les gens.
11:53Je ne sais plus si je les ai rencontrés, si je les ai connus, si je les ai vus à la télé.
11:55J'ai fait ça toute ma vie.
11:57Si ça vous amuse, je vous rencontre dans un déjeuner chez des amis à Malibu,
12:02chez des amis producteurs.
12:03Il y avait peut-être une vingtaine de personnes.
12:05Et la tradition était qu'en fin d'après-midi,
12:09parce qu'à Los Angeles, quand on est chez les riches, il y a des projections privées.
12:12Donc, en fin d'après-midi, on allait tous voir un film dans la projection privée.
12:15Et tout le monde se dirigeait vers la projection.
12:18Et moi, je suis restée là parce que j'avais déjà vu le film et tout.
12:21Mais à l'époque, je fumais beaucoup.
12:23J'ai fumé deux paquets par jour pendant très longtemps.
12:25Et je fumais, etc.
12:26Et je vois un monsieur qui vient vers moi.
12:28Mais vraiment, je le sens très énervé, très contrarié.
12:31Je me dis qu'est-ce qu'il fait une drôle de gueule celui-là.
12:33Il était bizarre.
12:34Il part, il revient, il tourne autour de ma table.
12:37Et puis, à un moment donné, il revient avec un petit ventilateur
12:39qui me pose devant le nez comme ça.
12:41Je me dis, mais c'est un goujat.
12:42Et puis, il s'en va dans la projection.
12:44Et quand il part, je me renseigne.
12:45Je me dis, mais qui c'est ce type-là ?
12:46On me dit, c'est Larry Hagman, la superstar en Amérique.
12:49Ici aussi.
12:50Mais alors, imaginez là-bas.
12:51JR quoi.
12:52JR.
12:53Oui, c'est ça.
12:54Et on me dit, il fait une campagne contre le tabac.
12:56Tu te rends compte ?
12:57Tu te rends compte de quoi ?
12:58Et alors là, j'ai fait une chose.
12:59J'ai ouvert le ventilateur.
13:00J'ai retiré les piles.
13:01J'ai mis tous mes mégots de cigarette à l'intérieur.
13:03J'ai bien revissé.
13:04J'ai mis ce truc-là.
13:05Je me suis barrée.
13:06Ce qui fait que le lendemain, mon ami qui faisait la soirée,
13:08il m'a appelé.
13:09Il m'a dit, tu sais pas ce que tu as fait.
13:10Il m'a dit, t'es mort de rire.
13:12Il m'a dit, seulement une Française peut faire une chose comme ça.
13:14Larry était fou de rage.
13:16Il m'a dit, écoutez, comme ça, bien reçu.
13:18Remarquez, c'est l'hôpital qui soude la charité
13:20parce qu'il a annoncé que pendant les tournages,
13:22il était capable de boire 5 bouteilles de champagne par jour.
13:24Oui, mais il ne fumait pas.
13:26Mais vous savez que Dallas, c'est incroyable
13:28parce qu'au début, il y a eu 5 épisodes prévus.
13:30Pas plus.
13:31Personne n'y croyait.
13:32Les critiques ont été déplorables.
13:34Ils ont quand même continué.
13:35Et on sait ce que ça a donné.
13:36Ah oui, c'était...
13:37Entendre le nom, toutes ces années reviennent, etc.
13:40Il y a une autre série de cette époque qui a eu un gros succès.
13:43Et vous avez eu le privilège aussi de rencontrer l'héroïne à ses débuts.
13:46Cette drôle de dame, Farah Fusett.
13:48Farah Fusett.
13:49Voilà, encore on en est toujours.
13:50Les grandes séries télévisées, les superstars, etc.
13:55Et il y a eu une toute petite anecdote.
13:57Donc je raconte des petites anecdotes.
13:58Oui, c'est ce qu'il faut.
13:59Elles sont passionnantes dans le livre.
14:01Elles sont amusantes en tous les cas.
14:02J'avais rendez-vous avec Farah Fusett.
14:04Et c'était à l'époque un petit scoop de faire ça
14:06parce que c'était la grande vedette.
14:08Je ne sais pas ce que j'avais trafiqué,
14:09mais j'ai rendez-vous avec elle,
14:10minuit, sur un tournage, sur les hauteurs de Malibu.
14:13Et comme j'étais un petit peu en avance,
14:15je me suis mise en retrait pour observer le tournage.
14:18Et je la vois de loin, assise dans un coin,
14:20elle aussi en train de regarder.
14:21Donc je me suis dit, je vais aller la voir.
14:23J'ai gagné un petit peu de temps.
14:24Je vais la voir, je me présente, très vite.
14:26Et je lui ai dit, je peux vous poser quelques questions ?
14:28Elle m'a dit absolument.
14:29Et donc je m'assieds et je lui pose quelques questions,
14:31trois, quatre questions.
14:32Ça dure un quart d'heure, vingt minutes.
14:33Et c'était charmant.
14:34Et à ce moment-là, une jeune femme arrive.
14:36Elle me dit, vous êtes Dany Jucot ?
14:37Je dis oui.
14:38Elle me dit, écoutez, venez, Farah vous attend.
14:40Je lui ai dit, pardon, je ne comprends pas ce qu'elle me dit.
14:42Oui, non, mais elle vous attend dans sa loge.
14:44Et là, je réalise que je n'étais pas en train d'interviewer Farah Faucette,
14:47mais sa doublure, qui était ravie.
14:50On vient de lui poser des questions.
14:51Moi, j'étais ravie de ses réponses.
14:52Donc voilà, c'était un malentendu comme il y en a eu.
14:54Mais après, tout s'est bien passé avec Farah Faucette.
14:56Évidemment.
14:57Il se trouve qu'on ne se rend pas compte
14:58de ce que représente le travail d'un journaliste ou d'une journaliste.
15:01Et vous l'expliquez, Dany Jucot,
15:03ce sont des heures au téléphone, en particulier dans sa cuisine,
15:06parce qu'il faut sans arrêt relancer les choses et trouver des scoops.
15:09Alors, ce n'est pas le travail de tous les journalistes.
15:13Disons que c'était mon travail.
15:14Ce n'est pas tout à fait pareil.
15:15D'abord, j'étais aux États-Unis.
15:16Il fallait que je trouve des choses qui intéressent la France.
15:19J'étais seule dans un immense, sur un immense,
15:21il y avait quelqu'un à New York à l'époque,
15:22mais sur un immense territoire.
15:23Donc, il faut faire marcher sa tête.
15:25En plus, c'est passionnant.
15:26C'est très amusant.
15:27Et d'ailleurs, je suis toujours surprise
15:29des journalistes qui attendent, assis sur leurs fesses,
15:31qu'on leur donne la béquette.
15:32Je ne fais pas partie de ces gens-là.
15:34D'abord, je trouve ça très ennuyeux et puis très humiliant en même temps.
15:37Donc, moi, j'étais toujours, toujours en train de chercher des histoires.
15:40Et voilà.
15:41Tout le monde était content.
15:42Voilà.
15:43Et il se trouve aussi que vous aviez, à votre ronde serviette,
15:46dans un restaurant qui s'appelait Ma Maison.
15:48Ah oui.
15:49Ma Maison était un peu ce qu'a été à la grande époque Lippe, à Paris.
15:52C'était un restaurant tenu par Patrick Terrail,
15:54le neveu de Terrail qui avait le...
15:56Claude Terrail, à Tour d'Argent.
15:57Claude Terrail, à Tour d'Argent.
15:58Un restaurant français, mais bien franchouillard,
16:01avec des tables à carreaux, des palmiers,
16:03pas des palmiers, des parasols Ricard.
16:05Enfin, bien, bien, bien franchouillard.
16:06Et il y avait de table en table.
16:07Il y avait Elisabeth Taylor, Clint Eastwood, Jack Nicholson.
16:10Enfin, je ne peux même pas vous les citer, mais c'était le quotidien.
16:13Et Orson Welles, surtout, qui avait sa table là-bas,
16:15tous les jours, en entrant à droite.
16:17Et pendant très longtemps, on se voyait.
16:19Moi, je ne lui ai jamais parlé.
16:20J'étais un peu timide à l'époque.
16:22Et puis, je ne voulais surtout pas le déranger.
16:23Ce qui m'était arrivé souvent, c'est de ne pas vouloir déranger les gens.
16:26Je respectais plus leur...
16:28Comment dit-on ?
16:29Leur...
16:30Leur vie privée.
16:31Leur vie privée.
16:32Le fait de demander des interviews.
16:33Voilà.
16:34Donc, c'était assez extraordinaire.
16:36Et au bout d'un moment, on allait vite.
16:37Moi, j'allais quatre, cinq fois par semaine.
16:38J'ai toujours eu des QG comme ça dans le monde.
16:40Et j'étais là.
16:41Et je dois dire que...
16:43Ce que je crois que je raconte, c'est que dans toutes ces années,
16:45j'ai vu une seule fois tout le restaurant s'arrêter.
16:48Vraiment être en apnée quand Jackie Kennedy est entrée dans le restaurant.
16:52Parce que tout le monde est tellement habitué à rencontrer les uns, les autres.
16:55Il ne faut même pas attention.
16:56Mais quand Jackie Kennedy est arrivée pour s'installer une autre table,
16:59je crois qu'elle allait...
17:00C'était l'époque où Michael Jackson voulait faire une autobiographie.
17:04Il voulait écrire son autobiographie.
17:05Donc, comme elle était éditrice, j'en ai déduit qu'elle était là.
17:08Bon, c'est ça être journaliste, en fait.
17:09C'est faire clac-clac les connexions.
17:11Et elle est arrivée.
17:12Et je dois dire que tout le restaurant s'est arrêté de respirer.
17:14Et les serveurs et les machins, on l'a regardé faire un droite-gauche comme ça.
17:18Très Jackie Kennedy s'installer.
17:20Je veux dire, ça, c'est un grand moment.
17:22Elle dégageait quelque chose, une lumière très particulière.
17:24Très particulière.
17:25Et puis, en plus, elle avait une élégance.
17:27Elle était élégante et discrète.
17:29C'est-à-dire, c'était vraiment...
17:31Super élégance, quoi.
17:32Voilà.
17:33Et d'ailleurs, il y a un journaliste de match qui était Benoît Graziani,
17:35qui était très lié à elle.
17:36C'était un de mes amis.
17:37Oui, qui a été très lié à elle en 62.
17:39Ils ont passé des vacances ensemble pendant que John Kennedy, lui,
17:42était à la Maison-Blanche.
17:43Oui, oui.
17:44Absolument.
17:45Alors, il se trouve aussi que Hollywood, à cette époque-là,
17:48les gloires tombent aussi vite qu'elles sont montées.
17:51Et vous l'avez constaté parce que, notamment Esther Williams,
17:54que vous avez rencontrée, qui était la grande sirène d'Hollywood,
17:56quand vous l'avez rencontrée, elle n'était plus rien.
17:58Et elle était contente que vous alliez lui poser des questions.
18:01Elle n'était pas la seule.
18:02Il y avait Esther Williams, il y avait Kim Novak et toutes ces grandes stars.
18:05Mais quand vous dites...
18:06C'est encore aujourd'hui pareil, je veux dire.
18:08Les stars, les gloires, parfois, vont très, très, très vite
18:12et retombent aussi vite comme des soufflés, encore plus rapidement aujourd'hui.
18:15Mais c'est Kim Novak, Esther Williams et d'autres comme ça.
18:18C'était des légendes qui ont traversé le cinéma pendant des années.
18:22Et oui, elles étaient oubliées.
18:24Et moi, j'aimais bien les voir.
18:26Et la rencontre avec Esther Williams, vous la racontez.
18:28Elle était presque au bord des larmes parce que vous l'interviewez.
18:31Oui, et j'ai eu ça avec Kim Novak aussi.
18:33Je me souviens, j'étais chez Kim Novak, dans sa propriété près de San Francisco,
18:38parce que je vais parler des années passées.
18:42J'ai fait référence à ce temps-là.
18:44Et elle pleurait, elle pleurait parce qu'elle se souvenait de tout ça,
18:47parce qu'elle se sentait oubliée, parce que mille choses.
18:49Mais la personne que j'ai, et j'en parle,
18:52ma grande rencontre, c'était Katrina Byrne.
18:54Très âgée.
18:56Âgée, mais elle avait toute sa tête, je veux dire.
18:59Katrina Byrne, quatre Oscars à Hollywood.
19:02Pour moi, une des plus grandes stars.
19:04Mais ce que je dis souvent, c'est que plus les gens sont grands,
19:07plus ils sont simples et modestes.
19:09Contrairement à des acteurs en France ou en Amérique,
19:12ou des actrices, parce qu'elles ont un timbre poste dans un film,
19:15dans un journal, qui pensent que tout est arrivé.
19:17Oui, elles donnent leur avis sur tout.
19:19Oui, et tout, etc. Vous connaissez ça.
19:21Mais oui, Katrina Byrne, c'était une très jolie rencontre.
19:24Et puis, une rencontre un peu plus compliquée après,
19:26c'était Warren Beatty.
19:28Je ne peux pas dire que c'était compliqué, Warren Beatty.
19:30C'était... Non.
19:32C'était un seducteur.
19:33Oui, mais ce n'est pas compliqué. C'est très agréable.
19:35Oui, mais en même temps, vous l'interviewez,
19:37il a immédiatement demandé votre numéro de téléphone
19:39et vous a invité à dîner.
19:41Oui, je dis ça en toute modestie.
19:43Ce n'était pas le seul.
19:45Je veux dire, dans le sens où la drague, à l'époque,
19:48était quelque chose de léger.
19:50On n'appelait pas la police, parce que quelqu'un vous demandait
19:52votre numéro de téléphone ou quoi que ce soit.
19:54Je veux dire, c'était sympathique.
19:55Ce n'était pas le plus compliqué, en tous les cas.
19:57On dit que Warren Beatty a toujours eu
19:59plus de 10 000 femmes dans sa vie
20:01et qu'il a passé plus de la moitié de sa vie au lit.
20:03Alors, 10 000 femmes, j'en suis pas sûre.
20:05Ça m'étonnerait qu'il ait dit qu'il ait passé la moitié de sa vie au lit.
20:07Ça, je pense que c'est vrai.
20:08Mais Simonon disait la même chose, 10 000 femmes aussi.
20:10Oui, mais lui, je crois que c'était vrai.
20:12Alors, il se trouve aussi qu'il vous a demandé,
20:14Dany Jucaux, des nouvelles d'Adjani.
20:17Eh bien, je le voyais.
20:19Je l'ai interviewé plusieurs fois,
20:21je l'ai croisé plusieurs fois dans des soirées
20:23chez Daniel Furstenberg, la veille des Oscars.
20:25Et il y avait une espèce de retournage.
20:27Je crois qu'il ne s'en rendait pas compte.
20:28Dès qu'il me voyait, il dégringolait la colline pour me voir.
20:30Il me disait, Dany, comment va Isabelle ?
20:32Alors, je savais qu'il parlait d'Isabelle Adjani.
20:34Et je lui ai dit, très bien.
20:35Même si je ne l'avais pas vu depuis longtemps,
20:36je lui ai dit toujours très, très bien.
20:37Il était content. Il repartait comme ça.
20:39Il avait conservé une longue amitié avec Isabelle.
20:41Oui, oui. Beaucoup de respect, beaucoup d'amitié.
20:43Il l'aimait beaucoup, oui.
20:44C'est vrai que c'est une vie mythique que vous avez vécue là-bas.
20:47C'est-à-dire, je ne me rendais pas compte.
20:49En fait, je ne me rendais pas compte.
20:51Je m'en suis rendue compte.
20:52Enfin, pour revenir à l'origine, je ne voulais pas écrire ce livre du tout
20:55parce que je n'aime pas parler de moi.
20:56Je n'aime pas parler de ce que j'ai fait.
20:57Je n'aime pas parler de tout ça.
20:58Ça m'a pris beaucoup, beaucoup de temps.
21:00C'était le désir des autres, pas le mien.
21:02Mais la curiosité était telle qu'au bout d'un moment,
21:04je me suis dit, pourquoi pas ?
21:06Voilà. Et on va continuer à parler de ce livre et de votre vie
21:09à travers une autre date, le 5 juin 2003.
21:11A tout de suite sur Sud Radio avec Dany Jucot.
21:14Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:16Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Dany Jucot.
21:20Pour ce livre, J'avais une maison à Los Angeles.
21:22Vous racontez 42 années à Paris Match,
21:25notamment comme correspondante à Los Angeles et à New York.
21:28Et c'est vrai que vous avez croisé les plus grandes stars.
21:30Et on le raconte.
21:32Et alors, j'ai trouvé une date intéressante.
21:34C'est le 5 juin 2003.
21:36C'est votre première télé en France.
21:37J'en ai eu trois.
21:38Et ce jour-là, c'est une émission sur Antenne 2
21:41qui s'intitule Johnny Moindis.
21:50Johnny s'apprête à fêter vos 60 ans et vous êtes interviewé.
21:53C'est 60 ans.
21:54C'est 60 ans, pardon, excusez-moi.
21:55Vous êtes beaucoup plus jeune que ça.
21:56Et il se trouve que vous vous êtes interviewé à la télévision
22:00en compagnie de Catherine Lara, Mathilde Seigner, Robert Rue.
22:04Non.
22:05Et on vous voit à l'écran.
22:06On vous voit à l'écran.
22:07Ah bon ? Alors je ne le savais pas.
22:08Je le découvre.
22:09Voilà.
22:10Eh bien voyez, je le découvre.
22:11Et c'est Jean-Marie Perrier qui mène l'interview.
22:13Et vous évoquez Johnny.
22:14Ah ça, c'est incroyable.
22:15Je ne l'ai jamais vu.
22:16Je ne me souviens de rien.
22:17C'est totalement amusant.
22:18Il y a trois émissions de télé sur vous.
22:20Et c'est la première.
22:21Ah, il faut que je les voie alors.
22:22Je ne peux pas vous répondre parce que je ne savais même pas qu'elles existaient.
22:24Je suis content de vous l'apprendre.
22:25Oui.
22:26Alors, Johnny vous a eu de bons et de mauvais rapports avec lui.
22:28À votre grande surprise, un jour, à la suite d'un mêle étrange.
22:33Je veux que ce soit clair.
22:34J'ai toujours eu de très bons rapports avec Johnny.
22:36J'aimais beaucoup Johnny.
22:37Il était quelqu'un...
22:38Bon, alors après, on va parler de Johnny et faire l'émission là-dessus parce qu'on
22:41en a parlé dans tous les sens.
22:42C'est quelqu'un que j'aimais beaucoup.
22:44Et pour ses 60 ans, justement, Malch m'avait demandé de le suivre.
22:49Je l'ai suivi à peu près, je crois, pendant un mois.
22:51C'est-à-dire que j'étais partout.
22:52À Los Angeles, à Lille-Maurice.
22:53Enfin, je ne sais pas.
22:54Pour faire, on a fait deux couvertures avec lui.
22:57Et c'était...
22:58Non, c'était amusant de le voir, de voir l'entourage, tout ça, etc.
23:01Et puis un jour, voilà, à la fin de ce long périple, il y a un dîner, comme les
23:07dîners de fin de film, un dernier dîner qui était un jeudi soir.
23:10Et je dis à Johnny, je repars parce qu'on parle de Los Angeles, mais j'ai vécu 12
23:13ans à New York aussi.
23:14C'est une partie importante de ma vie.
23:16Et je dis à Johnny, bon, je te quitte.
23:17Je rentre à New York.
23:18Il me dit, tu ne vas pas partir, etc.
23:21Reste avec moi.
23:22Je dis, non, non, il faut que j'y aille.
23:23Il faut que je rentre travailler.
23:25Il n'aimait pas qu'on parte.
23:26Il aimait bien.
23:27On s'entendait bien.
23:28Pour une chose, c'est que je lui parlais de cinéma.
23:29L'idée que je puisse avoir déjeuner avec Robert Michoud, moi que j'étais amie avec
23:32Herc Douglas, ça rendait fou.
23:33On ne parlait pas de...
23:34C'est avec ça qu'il aimait, en fin de compte.
23:36Il aimait être chez lui avec sa zapette et regarder des vieux westerns, quoi.
23:39J'exagère à peine.
23:40Donc, il avait insisté très gentiment en me disant, tu ne vas pas partir, reste avec
23:44moi sur la tournée, etc.
23:45On se dit au revoir.
23:46Et il me dit, écoute, je te propose une chose.
23:48Donne-moi ton mail.
23:49On échange de mail.
23:50Et il me dit, on s'envoie des petits messages.
23:52On reste là, on échange les mails et tout.
23:54Et trois jours plus tard, le dimanche soir, je rentre à New York.
23:57J'ouvre mes mails et je vois un mail venant de chez Johnny.
24:01J'ai encore le nom, Salsa Hitter, etc.
24:03qui m'explose au visage.
24:05Un mail épouvantable.
24:06C'est difficile de répéter ça, de raconter ça, mais dans le genre, tu as été épouvantable
24:13dans ma vie, tu finiras seule.
24:15En fait, des choses horribles, horribles.
24:17Et je me dis, ce n'est pas possible qu'il m'écrive une chose pareille.
24:20Et vraiment, j'ai eu envie de pleurer parce que c'était si violent après tous ces jours
24:23qu'on est passés.
24:24Et j'ai appelé un ou deux de ses amis qui m'ont dit, c'est impossible que ce soit Johnny
24:27qui l'ait écrit.
24:28D'abord, il ne savait même pas se servir des mails, etc.
24:30Et j'ai appris plus tard que c'était quelqu'un de très proche de lui qui, fréquemment,
24:35pour se débarrasser des gens, faisait ça.
24:37Oui, on voit très bien de qui il s'agit.
24:38Voilà.
24:39Et je crois que cette dame ne supportait pas le fait que vous ayez fait une couverture
24:42avec Laura.
24:43C'était une des raisons.
24:44Voilà.
24:45Mais ça s'est passé avec moi, ça s'est passé avec d'autres personnes aussi.
24:48Et je l'ai appris indirectement et je l'ai appris par de la bouche de Johnny des années
24:51plus tard.
24:52Et il m'a dit, tu comprends, je ne pouvais pas faire autrement, ça allait faire un drame.
24:55Voilà.
24:56On voit très bien de qui il s'agit.
24:57Alors, il se trouve qu'il y a une autre personne que vous avez rencontrée.
24:59Et moi, je l'ai rencontrée, jeune journaliste, parce que j'ai préparé une émission de
25:03Philippe Bouvard samedi soir où elle est venue.
25:05Elle est venue à l'image.
25:07C'était une ombre.
25:09On ne pouvait pas voir son visage.
25:11Son visage, ça me rappelait François Sagan.
25:13C'est Mme Claude.
25:14Ah oui, j'ai bien connu Mme Claude.
25:17Alors, si vous voulez, à l'époque, dans les années, je l'ai connue au début des
25:20années 80 et les dix ans où elle était en cavale à Los Angeles, on s'est beaucoup
25:24vu.
25:25Je dois vous dire, j'étais plus amusée de rencontrer Mme Claude que toutes les stars
25:28de la Terre.
25:29Souvent les stars, c'est toujours pareil.
25:30Parce que Mme Claude avait des histoires.
25:32Vous pouvez imaginer toutes les histoires qu'il y avait.
25:34Bon, j'ai découvert en cours de route qu'elle était complètement mythomane, mais elle
25:37était mythomane sur sa propre vie, pas sur les histoires.
25:40Ces histoires étaient relativement vérifiables.
25:42Oui, on a passé beaucoup de déjeuner, beaucoup de dîner ensemble, beaucoup de...
25:46Oui, oui, c'était amusant.
25:48Ce qui m'amusait surtout, c'est qu'il y avait des gens autour de moi qui savaient que je
25:51la connaissais et qui étaient fascinés à l'idée de rencontrer, qui était quand même
25:55la plus grande proxénète qui soit.
25:56C'est peut-être pas genre la femme de Sean Connery, de Michael Caine, etc.
26:00J'avais organisé un ou deux déjeuners et 20 ans après, elle m'en parlait encore.
26:03Il se trouve que vous racontez une chose que je ne savais pas et que peu de gens savent
26:07dans le livre.
26:08C'est la raison pour laquelle elle a quitté la France.
26:10Elle est partie en cavale.
26:11Alors, c'était l'histoire avec Giscard ?
26:14C'est ça.
26:15Oui, c'est ça.
26:16Donc, racontée par Claude.
26:17Mais ça, je crois que c'est vrai.
26:18Il fait tri dans ses histoires.
26:19Mais ça, c'est assez vrai.
26:20Elle avait une associée à l'époque qui s'appelait Catherine Virgiti.
26:23Oui, on voit que c'était son associée.
26:26Et Claude m'a raconté, alors peut-être que je me trompe dans les détails, mais il m'a
26:30raconté qu'un jour, elle est rentrée chez elle.
26:32Enfin, je ne sais pas où elle avait oublié quelque chose, elle est rentrée chez Catherine
26:35Virgiti.
26:36Il y a eu un...
26:37Elle est venue sur ses pas alors que ce n'était pas prévu et qu'elle a trouvé au lit cette
26:41jeune femme avec Giscard qui, à l'époque, n'était pas encore président.
26:45Elle était ministre des Finances.
26:46Je ne me trompe pas, n'est-ce pas ?
26:47Donc, ça fait des ordres, n'est-ce pas ?
26:49Oui, je crois.
26:50Ça fait un peu des ordres.
26:51Donc, il y a dû y avoir un cafouillage là-dessus, etc.
26:54Mais ça, je sais que c'est vrai.
26:56Et suite à quoi, elle a eu un contrôle fiscal.
27:01Et les choses ont dégénéré de plus en plus.
27:05Et les choses ont dégénéré.
27:06Et donc, après ça, tout lui est tombé dessus.
27:08Alors, je ne vous dis pas que ça n'était que ça, mais c'était quand même le départ
27:11de ces emmerdes.
27:13Voilà.
27:14Alors, il se trouve qu'il y a quelqu'un d'autre que vous avez beaucoup communi, mais je vais
27:17vous en parler d'une autre façon, et qui a disparu et qui a été très cher à votre
27:20cœur.
27:21Dany Jucaux, c'est Nathalie Delon.
27:23Ah oui.
27:24Francine Canovas.
27:25Oui, Francine Canovas.
27:26Son vrai nom.
27:27Nathalie, nous nous sommes connues il y a 40 ans maintenant.
27:29J'étais assistante monteuse, justement, sur un film qui s'appelait Le Moine.
27:32Nathalie était actrice et je l'ai vue.
27:34C'était un vrai coup de foudre.
27:36Et c'était quelqu'un de très intéressant, Nathalie.
27:39C'est une femme très...
27:40Bon, sa beauté, on ne parle pas de sa beauté.
27:42Extrêmement libre, joyeuse, dans la vie.
27:45Et on a eu une amitié, parfois en dent de scie, parce que parfois on s'est un peu comme
27:49ça, on gueulait et tout.
27:50Pendant toutes ces années, oui.
27:52Et vous racontez ce qui est étonnant, pendant qu'Alain Delon s'occupait de Jean-Claude
27:56Boutier pour le combat de boxe du siècle, elle avait une histoire avec Carlos Monzon,
28:01son rival.
28:02Ça, c'est vrai.
28:03Ça, je vous le détaille, je ne peux pas vous le dire.
28:05Même si je les avais, je ne vous les donnerais pas.
28:07Je ne les ai pas, mais c'est vrai, oui.
28:09C'est étonnant.
28:10Ce qui est étonnant aussi, c'est qu'un jour, vous avez fêté Noël avec elle, deux
28:14mois avant la date traditionnelle.
28:16Quatre mois avant même, oui, parce qu'elle m'a dit qu'elle adorait Noël.
28:19Elle était partie en tournée avec un de ses fiancés du moment.
28:22Je trouvais ça assez amusant de faire ça.
28:24Donc, avec Anthony, qui était tout petit à l'époque, il avait peut-être dix ans,
28:27je ne sais plus quel âge il avait, j'ai organisé tout un Noël.
28:29Mais ce n'est pas évident de trouver du boudin blanc et des sapins de Noël le 15
28:34septembre, je vous le conseille.
28:35Surtout aux États-Unis.
28:36Ah non, là, c'était à Paris.
28:37C'était à Paris.
28:38C'est à Paris, rue Faber, parce qu'elle habitait en face des Invalides.
28:40Il se trouve qu'il y a quelqu'un d'autre qui faisait ça.
28:42Tous les 28 août, Raymond Moretti fêtait Noël dans un restaurant parisien chez Denise,
28:47la tour de Montlhéry.
28:48Et les clients étaient stupéfiants parce qu'il y avait une dizaine de personnes et
28:51ont fêté Noël avec des guirlandes, avec des costumes de Père Noël.
28:55Ce qui est important, c'est que tout soit bien.
28:57Le boudin blanc, la bûche de Noël, les sapins qui clignotent, etc.
29:00Je vous assure, c'est un challenge de faire ça.
29:03Il faut savoir aussi, et ça, c'est important de rétablir la vérité, c'est que Nathalie
29:07a été très proche d'Alain Delon quand il a eu des moments difficiles de santé.
29:11Mais plus que ça, c'est-à-dire qu'Alain, qui n'a aucun ami, donc ça, on peut l'affirmer
29:15qu'il n'a aucun ami.
29:16Nathalie est partie il y a deux ans, si je ne me trompe pas, et je me suis beaucoup occupée
29:22d'elle à la fin de sa vie.
29:24Mais Alain Delon, qui a eu ses problèmes de santé il y a cinq ans, la seule personne
29:30qui s'occupait vraiment de lui, c'est Nathalie.
29:32Ils ne se sont pas vus pendant des années.
29:35C'était toujours des rapports très passionnels et compliqués.
29:37Ce n'est pas simple avec Delon.
29:39Non.
29:40Ce n'est pas ça, mais je dois dire que Nathalie était là pour lui 24 heures sur 24.
29:44C'est important de le rappeler parce que finalement, on ne l'a pas dit assez.
29:47Vous avez une caractéristique, et c'est celle pour moi du vrai journalisme.
29:53Vous savez beaucoup de choses, mais vous ne dites pas tout.
29:56Oui, c'est une caractéristique.
29:58C'est à ma nature, je suis obsédée par le secret.
30:01C'est compliqué quand on est journaliste et en plus qu'on travaille pour Match.
30:04Ça évite le buzz.
30:06Je crois que ce n'est même pas ça.
30:08C'est dans ma nature.
30:10Je me sentirais minable de trahir mes amis.
30:12Des gens que je ne connais pas, je ne vous dis pas, je suis journaliste, mais je n'ai
30:16jamais trahi mes amis.
30:17Jamais.
30:18Je suis très fière de ça.
30:20Vous parlez de Delon, à l'époque où Alain Delon était extrêmement malade, où tout
30:23le journal était en ébullition.
30:25Pas que le journal, toute la presse pour savoir ce qui se passait.
30:28Je savais minute par minute tout ce qui se passait.
30:30Je n'aurais jamais rien dit.
30:32Je n'ai jamais rien dit d'ailleurs.
30:33Mais je pense que c'est une façon de conserver ses amis et ensuite d'avoir au bon moment
30:37le bon scoop.
30:38Ce n'est pas du tout un calcul de ma part.
30:40Non, mais c'est la vérité.
30:41Ça pourrait l'être.
30:42Ça ne l'a pas toujours été.
30:43Il se trouve aussi que notamment Yoko Uno, que vous avez rencontré, elle avait un homme
30:47dans sa vie.
30:48Vous ne l'avez jamais dit.
30:49Non.
30:50Et là aussi.
30:51C'était pas une amie.
30:52En même temps, vous avez découvert Yoko Uno avec son dressing que vous racontez dans
30:57le livre.
30:58Ça vous amusait ?
30:59Oui.
31:00Mais oui, Yoko Uno, j'ai mis Yoko Uno, n'est-ce pas ? Donc j'étais au Dakota, dans l'immeuble
31:05où elle vivait avec John Lennon.
31:07Oui, à un moment donné, on faisait des photos dans cet immense appartement.
31:10Elle était toujours habillée en noir.
31:11On en a écrit une petite veuve corse.
31:12Et je lui disais, est-ce que ça ne vous ennuie pas de changer ? Elle m'a dit pas de problème.
31:15On est allé dans une pièce qui est dix fois comme grande comme ce studio, toute noire.
31:19Enfin, la pièce était blanche.
31:20Mais il y avait comme dans les pressings, vous savez, des choses qu'on appuie sur un
31:23bouton et tous les vêtements tournent comme ça.
31:25C'était gigantesque.
31:26Tout était noir.
31:27Et c'était amusant de voir ça, de voir cette petite femme comme ça.
31:30Elle a repris un autre veste noir, un autre pantalon noir.
31:32Et on a continué l'histoire, oui.
31:34Le dressing de Barbra Streisand vous a aussi fasciné ?
31:36Mais pas pour les mêmes raisons.
31:38Parce que j'ai rencontré Barbra Streisand.
31:41Oui, justement.
31:43Parce qu'il y a beaucoup de personnes.
31:44Yoko, je suis passée par des agents, etc.
31:47Mais Streisand, je l'ai rencontrée par des amis.
31:50Et voilà, une série de jolies coïncidences.
31:53Et je suis allée déjeuner quelques fois chez elle, qui n'avait rien à voir avec
31:57Match.
31:58Parce que je dis à un moment donné dans le journal, je dois beaucoup à Match, mais
32:01pas tout.
32:02Là, on parle que de Match, mais il n'y a pas que Match.
32:03Et j'ai été très liée, je reviens à Barbra Streisand, très liée à des gens
32:07pendant des années à qui je n'ai jamais rien demandé, qui auraient fait des reportages
32:12Je tiens beaucoup à éclaircir les choses, ce n'est pas que ça.
32:15Tout à fait, c'est important.
32:16Pour Barbra Streisand, je déjeunais chez elle.
32:19Et à un moment donné, parce qu'elle avait une propriété à Malibu.
32:23Et sur sa propriété, il y avait trois maisons.
32:25Trois énormes maisons à 100 mètres de différence.
32:27Elle m'a emmenée dans une de ces maisons, au premier étage.
32:30Elle m'a dit, elle a ouvert un placard, un énorme placard, je le revois très bien.
32:33Elle me dit, Dany, ça vous dit quoi ?
32:36Qu'est-ce que vous en pensez ?
32:37Alors, je me retrouve devant des fringues comme ça, je ne sais pas trop quoi dire.
32:41J'ai cherché, j'ai cherché et au bout d'un moment, j'ai trouvé.
32:44J'ai dit, c'est la couleur, parce que tout était un dégradé de couleurs.
32:48Ce sont des couleurs qu'il y avait de la maison des années 40, de la décoration.
32:53Je ne sais pas où je suis allée chercher ça, mais c'était ça.
32:55Elle me dit, vous êtes formidable, etc.
32:57C'était du beige, des couleurs.
33:00C'était amusant.
33:01Vous êtes honnête, ce n'est pas le cas de tout le monde,
33:03parce qu'un jour, on vous a volé une pellicule de photo juste après un reportage.
33:07Ça, ça m'a rendue folle.
33:09C'est-à-dire que j'étais, je vivais encore à Los Angeles à l'époque.
33:13Et Catherine Deneuve était venue avec sa fille.
33:17Chiara.
33:18Chiara, qui était toute petite à l'époque,
33:20parce que Marcello Mastroianni venait de terminer un film et était de passage.
33:24Je ne sais plus exactement le détail, mais c'était ça.
33:25Donc, en deux mots, on s'est retrouvés.
33:27On est allés à Disneyland ensemble, tous les trois ensemble,
33:30et tous les quatre ensemble plus exactement.
33:32Et j'avais à l'époque un photographe qui habitait chez moi,
33:36qui était de passage chez moi.
33:37Et je lui avais dit, écoute, tu restes là,
33:39on se retrouve ce soir et tout,
33:40parce que je ne voulais pas qu'il y ait d'histoire de photos.
33:42Il m'a dit, il n'y a aucun problème, je vais faire du shopping.
33:44Donc, je passe ma journée avec, je ne sais pas, Catherine, etc.
33:48Moi, elle me demande à un moment donné de faire une photo.
33:50On me demande de faire une photo.
33:51Je fais une petite photo d'eux, mais comme ça.
33:52Je regarde bien s'il n'y a pas de paparazzi dans les arbres.
33:54Rien, et puis fin de l'histoire.
33:56Et je rentre à Paris, 48 ans plus tard,
33:58et par méfiance, au lieu de donner mes photos au journal à développer,
34:02je les ai données au...
34:04Enfin, comment ça s'appelle ?
34:06Dans un laboratoire voisin.
34:07Un labo de quartier.
34:09Et quand je suis allée chercher mes pellicules,
34:10c'était de l'argentique à l'époque,
34:12il en manquait une.
34:13Alors, j'ai commencé à...
34:15J'ai monté au créneau, mais qu'est-ce que c'est ?
34:16Parce que c'est la pellicule de Disneyland.
34:18Et j'ai découvert plus tard que c'était le photographe
34:22qui habitait chez moi, le soir, quand je suis rentrée,
34:24il est allé dans mon sac, a ouvert mon sac,
34:26a sorti la pellicule, avait dû se redouter, je crois, des photos,
34:28avait mis une pellicule vierge,
34:30et entre-temps avait vendu les photos en Italie,
34:32à d'autres journaux, en Espagne, etc.
34:35C'est pas bon.
34:36En tout cas, des clichés, il n'y en a pas dans ce livre
34:38qu'on va évoquer dans quelques instants,
34:40à travers une autre date, le 15 mai 2024.
34:42A tout de suite sur Sud Radio, avec Danny Jucco.
34:45Sud Radio, les clés d'une vie.
34:47Jacques Pessis.
34:48Sud Radio, les clés d'une vie,
34:50celle de mon invité Danny Jucco.
34:52Donc, le 15 mai 2024 est sorti ce livre.
34:55Vous êtes journaliste à Paris Match,
34:57vous avez été correspondante à Los Angeles et à New York,
34:59et vous écrivez vos souvenirs dans
35:02une maison à Los Angeles, chez Stock,
35:04souvenirs de 42 ans de métier.
35:06Pourquoi d'abord avoir décidé de faire ce livre, Danny Jucco ?
35:09Alors, d'abord, je n'avais aucune envie de le faire.
35:14C'est raté de ce côté-là.
35:16C'est raté.
35:17C'est-à-dire qu'on m'a souvent demandé, très gentiment, etc.
35:20Parce que d'abord, je n'aime pas parler de moi.
35:22D'autre part, toutes ces choses, et j'en ai parlé...
35:24En fait, je voulais préciser une chose,
35:26c'est que maintenant que le livre est terminé,
35:28je me souviens de tout ce que je me dis,
35:30j'aurais dû dire ça, j'aurais dû dire ça.
35:32D'autres souvenirs, des dizaines de souvenirs me reviennent en mémoire.
35:34Ce sera un tome 2.
35:35Je ne pense pas, mais je veux dire...
35:37C'est-à-dire que je ne me suis rendu pas compte de ce que je vivais,
35:40parce que c'était ma vie quotidienne,
35:42c'est-à-dire rencontrer des stars, machin.
35:44Mais moi, je ne vois pas des stars, je vois des gens...
35:46J'insiste beaucoup dans le livre.
35:48Il y a des gens que je trouve bien, pas bien, etc.
35:50Je ne vois pas des stars.
35:51Je ne suis pas du tout éblouie par les gens.
35:53Je suis éblouie par des gens qui ont souffert,
35:55par des gens qui ont eu une vie profonde,
35:58comme Ingrid Bettencourt, Elie Wiesel,
36:00des gens comme ça que je connais très bien.
36:02Mais les autres, on ne m'impressionne pas beaucoup,
36:04dont je n'en voyais pas l'utilité.
36:05Mais bon, c'est fait.
36:06Évidemment, on vous a insisté.
36:07Le livre s'intitule « J'avais une maison en Los Angeles ».
36:10C'était une maison exceptionnelle,
36:11avec une vue des baies vitrées, des lumières de la ville.
36:14C'était étonnant.
36:15C'était très étonnant.
36:17Une maison spectaculaire.
36:19Oui, oui, j'ai bien en tête.
36:21C'était une espèce de ciné-panorama permanent sur la ville.
36:26Là, j'ai eu l'occasion de donner beaucoup de dîners.
36:28J'aimais bien recevoir des dîners.
36:29Beaucoup de gens sont passés là.
36:31Et puis, il y a une histoire sur cette maison, d'ailleurs.
36:36Il y a une histoire étonnante.
36:37Oui, je crois que c'est Delon qui vous en a parlé.
36:39C'est-à-dire que l'histoire n'est pas...
36:40Disons que c'est lié à Delon.
36:42C'est-à-dire qu'un jour, je feuillette un journal,
36:45je ne sais pas lequel,
36:46et je vois un reportage sur Anthony,
36:47qui était tout petit,
36:48et dans un couffin même.
36:51Et je vois qu'il y a une photo
36:52avec une vue derrière incroyable.
36:53C'est bizarre, on croyait que c'était chez moi.
36:54Alors, je pars avec le journal devant ma piscine
36:57et je vois que c'est le même fer forgé.
36:59C'est incroyable.
37:00Donc, j'ai appelé sa mère à Paris
37:01et je lui ai dit, écoute, est-ce que tu te souviens ?
37:02Parce que je savais qu'elle habitait à Los Angeles
37:04avec Alain à une époque.
37:05Elle m'envoyait balader en me disant,
37:07mais je ne m'en souviens pas.
37:08Je ne sais pas de quoi tu parles.
37:09Et finalement, elle me dit,
37:10si on a vécu deux ou trois ans à Los Angeles avec Alain et Anthony,
37:14c'était les plus belles années de sa vie,
37:15de leur vie, en tous les cas.
37:16Oui, ils voulaient faire carrière aux États-Unis de Londres à cette époque.
37:18Voilà.
37:19Et c'était la grande période amoureuse.
37:21En fait, c'est un moment magnifique.
37:22Elle me dit, je me souviens, il y avait une vie imprenable.
37:24C'était à côté du château Marmont.
37:25Je dis, alors c'est là.
37:26Et donc, j'ai appris que Nathalie avait habité là.
37:28Ça, c'est une première partie de l'histoire.
37:30Et quelques deux ans plus tard, un jour,
37:33un journal m'appelle et me dit, voilà notre correspondante.
37:36T'es pas là.
37:37On correspondait pas là.
37:38Est-ce que tu accepterais de faire une interview pour la France ?
37:40Mais avec des mystères absolument.
37:43Au bout d'un moment, j'apprends que c'est Alain Delon.
37:45C'est pas un grand mystère pour moi, d'autant plus que je le connaissais.
37:47Et à la fin de notre entretien,
37:50je raconte avec détail dans le livre qui s'est raconté maintenant.
37:54Notre entretien, je lui dis,
37:56est-ce que tu veux venir dîner à la maison demain soir ?
37:58Déjà, alors, il était étonné que la personne avec qui je vivais,
38:01qu'il connaissait 30 ans, tout l'étonnait d'ailleurs.
38:03Mais il me dit, viens me chercher à l'hôtel.
38:05Donc, je vais le chercher à l'hôtel en voiture.
38:06Mais je lui dis pas où on va.
38:08Et on monte comme ça le long de cet hôtel mythique.
38:11Le château Marmont, on est en voiture, comme ça, au zigzag.
38:13Au fur et à mesure qu'on avançait, je sentais qu'il était un peu mal à l'aise.
38:17Je le sentais très tendu et j'ai rien dit.
38:19Et quand il est arrivé en haut du chemin, il s'est arrêté.
38:23Il parlait plus.
38:24Il m'a dit, Dany, quand on ouvre la porte, est-ce qu'il y a cette vue incroyable ?
38:27J'ai dit oui.
38:28Et là, il est rentré.
38:29C'est intéressant parce qu'il est entré comme dans un rêve.
38:31C'est-à-dire qu'il ne parlait pas.
38:32Il a fait le tour de toute la maison.
38:34Et il était revenu 30 ans en arrière.
38:36Je ne sais pas combien.
38:37Et c'était assez magique.
38:41Il y a un écrivain qui s'appelait Pierre Rey,
38:43qui a commencé comme journaliste à Paris Jour, il faut le savoir.
38:47Et avec Jacques Chancel, tous les deux, il débutait comme chroniqueur parisien.
38:51Et il a écrit des romans, comme Le Grec, qui a été un best-seller.
38:53Et une saison chez Lacan.
38:55Exactement.
38:56Il se trouve qu'il y a d'autres stars que vous avez rencontrés,
38:58notamment Michel Polnareff.
39:00Oui, je l'ai rencontré.
39:02Oui, je sais à quoi vous faites allusion.
39:05Oui, je l'ai croisé quelques fois.
39:08En fait, quand j'ai une anecdote assez amusante, un peu indirecte,
39:11c'est que je faisais un reportage avec Sylvia Christel,
39:13que j'avais connue à l'époque d'Emmanuel.
39:15Qui a fait 12 Emmanuel, je crois.
39:17Ah oui ?
39:18Vous m'apprenez beaucoup de choses.
39:20Et donc voilà, j'avais rendez-vous avec Sylvia,
39:22chez elle, dans l'immeuble où elle habitait,
39:24où avait habité Betty Davis d'ailleurs à l'époque.
39:26On avait fait un reportage et le lendemain,
39:28elle me dit, viens me montrer les photos, etc.
39:30Donc tout ça est organisé.
39:32Et le lendemain, je t'ai parlé de ma distraction,
39:34qui est permanente.
39:36Je suis en bas, je téléphone.
39:38Enfin, en bas, là, comme ça, je fais le code.
39:40Et elle me dit, monte, c'est au troisième.
39:42Je dis, j'arrive et je monte et je sonne à la porte.
39:45Et...
39:47En fait, oui, j'ai mal raconté l'histoire, mais...
39:49Vous vous trompez d'étage en gros.
39:51Je me trompe d'étage.
39:52Et qu'est-ce que je vois ? Paul Naref qui est là.
39:54Je dis, mais qu'est-ce que tu fais là ?
39:56Il me dit, mais qu'est-ce que tu fais là ?
39:57Je l'avais rencontré quelques fois, mais ce n'est pas du tout un ami.
39:59Et je réalise tout à coup que la veille,
40:02Sylvia m'avait montré, elle faisait de la peinture,
40:04et elle m'avait montré un énorme tableau chez elle
40:06où on voyait de dos, des cheveux blonds bouclés et un piano.
40:10Et je comprends.
40:12Je vois la connexion entre les deux.
40:14En fin de compte, elle avait une maison avec Paul Naref.
40:16Elle me l'avait dit sans vraiment me le dire,
40:18mais je ne savais pas qu'elle habitait dans l'immeuble.
40:19C'est assez drôle.
40:20Je découvre comme ça.
40:21Et surtout, je découvre qu'il y avait une dame...
40:23D'abord, je n'avais pas compris parce qu'elle était dans un meublé un peu Louis XV.
40:26Et je me retrouve dans un truc japonais avec des tatamis par terre.
40:29Je n'avais pas compris.
40:30J'étais passée dans la nuit.
40:32Dans la nuit, mais je ne m'étais pas étonnée non plus.
40:34Il y avait une dame qui était un peu plus loin par terre.
40:35Je me disais, mais où est Sylvia ?
40:37Au moment où j'ai dit ça, j'ai compris que c'était très compliqué.
40:39C'est compliqué.
40:40C'est la vie privée des gens.
40:41Voilà.
40:42Ça ne nous regarde pas.
40:43Alors, quelqu'un d'autre aussi que vous avez connu,
40:44et je crois que vous avez été témoin du début de son ascension.
40:47Écoutez.
40:53La bande originale de Basic Instinct avec Sharon Stone.
40:57Et Sharon Stone, vous avez vécu vraiment le moment où elle est devenue star.
41:02Oui.
41:03J'avais rencontré Sharon.
41:04C'est Régine qui m'a présenté Sharon, disons, je ne sais pas,
41:06trois, quatre ans avant qu'elle fasse ce film.
41:09Nous avions déjeuné tous les trois ensemble.
41:11C'était sympathique.
41:12Elle faisait partie des blondes aux yeux bleus,
41:14des jeunes actrices comme ça.
41:17Et puis, quelque temps avant la sortie de Basic Instinct,
41:20mais personne ne pouvait imaginer, comme Emmanuel d'ailleurs.
41:23Personne ne pouvait imaginer la suite, etc.
41:25J'ai demandé à Sharon de faire un reportage,
41:27je ne la connaissais pas, qui est assez amusant.
41:30Et on a fait un reportage pour Match
41:32où j'ai compris ce jour-là qu'elle avait un sens.
41:35Elle avait compris cette chose incroyable,
41:37c'est-à-dire que c'était une époque où les mannequins avaient remplacé les stars.
41:40Et elle a, comment on dit,
41:43elle a comblé le manque qu'il y avait dans le cinéma,
41:46c'est-à-dire du glamour.
41:48Et dès ce reportage, j'ai vu qu'elle avait quelque chose de très spécial.
41:51Et oui, on a eu une relation pendant des années assez très proche, amicale.
41:55Et puis après, ça a un peu dégénéré.
41:57Oui, parce que le problème, c'est qu'elle a,
41:59c'est toujours plus intéressé au cachet qu'au scénario des films.
42:02Oui, mais ça, ça n'a rien d'avoir avec moi.
42:04Non, c'est autre chose.
42:05Alors, il se trouve aussi que,
42:06il y a dans les stars que vous avez rencontrés,
42:08il y a Rulio Iglesias.
42:09Et le photographe vous a dit un jour,
42:11ah, on a de la chance de ne pas travailler pour un journal de finances.
42:15Oui, enfin, c'est presque ça.
42:16Non, mais c'est-à-dire que, oui, j'ai eu,
42:18tout ce que je raconte, c'est de le dire,
42:20j'ai eu beaucoup de chance de me promener dans le monde entier,
42:23de rencontrer des gens,
42:24puis d'être dans des jolis endroits, etc.
42:26Pour moi, l'aristocratie dans le métier de journaliste,
42:28c'est les photographes de guerre.
42:30Pas les photographes, les...
42:32Les reporteurs de guerre.
42:33Les reporteurs de guerre.
42:34J'ai une immense admiration.
42:35Moi, au pire, je pouvais glisser sur une peau de banane
42:37au Beverly Hills Hotel, mais il ne pouvait rien m'arriver.
42:39Donc, j'étais très privilégiée dans ce sens-là.
42:42Et, voilà.
42:44Et un jour, on était au large de Miami,
42:47sur une mer bleue turquoise, avec un photographe.
42:49Et il m'a dit, tu te rends compte,
42:51on pourrait travailler pour un journal médical.
42:52J'ai dit, t'as raison.
42:53J'ai dit, on ne s'est pas gourés, en tous les cas.
42:55Et parmi les rencontres de gens qui sont des stars
42:57et qui sont modestes,
42:58et que vous le racontez longuement,
43:00Dany Ducos,
43:01il y a Jacques Nicholson.
43:03Oui.
43:04C'était pas du tout un ami.
43:05Je veux dire, je l'ai rencontré plusieurs fois
43:07pour des entretiens.
43:09Mais non, mais...
43:10Comment vous dire...
43:11Vous voyez, je veux dire...
43:12L'approche que j'avais des gens était très particulière.
43:14Que j'avais et que j'ai toujours.
43:15Déjà, très particulière.
43:16Des gens que j'avais trouvé sympathiques,
43:17intelligents, pas sympathiques.
43:18Je leur mettais pas une étiquette en disant
43:20superstar ou pas.
43:21Je veux dire...
43:22J'étais très proche de Sean Connery
43:25et de Kirk Douglas,
43:26qui étaient vraiment des amis, là.
43:28Les autres, ce sont des relations,
43:29alors plus ou moins comme ça.
43:31Mais oui, c'était des...
43:33Et Nicholson, vous l'avez vu un jour
43:34dans une maison, une petite maison ?
43:35Chez lui.
43:36Oui.
43:37Chez lui.
43:38J'étais allée chez lui l'interviewer une fois ou deux.
43:39Et un jour, je revenais de je ne sais plus quel...
43:41Oui, je sais de quoi.
43:42Mais quelle occasion j'avais envie de...
43:43Enfin, j'aurais aimé faire une interview avec lui.
43:45Sa secrétaire m'a dit,
43:46Dany, c'est pas possible.
43:47Il a très peu de temps.
43:48Il prépare un film.
43:49Mais si vous voulez passer et lui dire bonjour,
43:50ça lui fera plaisir.
43:51Je lui dis, moi aussi, d'ailleurs.
43:52J'avais mes valises dans ma voiture
43:55parce que j'étais à Los Angeles.
43:56Je retourne à New York.
43:58Et elle m'a dit, 5 minutes.
44:00Je vous promets, 5 minutes.
44:01Donc, je suis arrivée, je ne sais pas, à 18 heures
44:03et je suis partie à minuit.
44:04C'est-à-dire que finalement,
44:05il était content de parler à quelqu'un.
44:07C'est toujours la même histoire
44:08parce que même des gens, des grandes stars,
44:09ils s'ennuient un peu.
44:10Exactement.
44:11Ça a été beaucoup plus compliqué
44:12Dany Jucco avec Robert Mitchell
44:13une première fois.
44:14C'était très amusant.
44:16Parce qu'il était assez...
44:18Il était assez odieux.
44:19Si vous voulez, Mitchell m'était connue
44:21pour être quelqu'un d'extrêmement drôle,
44:23extrêmement...
44:24Oui, très amusant, très drôle, etc.
44:26Et le premier rendez-vous que j'ai avec lui
44:27en Angleterre sur un tournage,
44:29j'étais partie joyeuse en me disant
44:30waouh, ça va être formidable,
44:32ça va être très amusant et tout.
44:33Et je le vois de loin sur le plateau
44:35en train de rire avec des techniciens.
44:36Je lui dis, je vais bien m'amuser,
44:37ça va être formidable.
44:38Et puis, j'ai rendez-vous dans sa roulotte
44:39ou je ne sais pas trop quoi,
44:40à l'heure précise.
44:41J'arrive et à l'instant où je m'assieds,
44:43on était tous les deux seuls.
44:44Il me voit, il me regarde,
44:45il me met ses lunettes noires.
44:46Je lui dis aïe.
44:47Et je lui pose...
44:48Et comme il faut savoir quand même
44:49qu'aux États-Unis,
44:50d'abord, moi, je n'aime pas parler
44:51pendant des heures pour faire des interviews.
44:53Je trouve que c'est un ennui mortel.
44:54Donc, on a peu de temps
44:56et il faut être très, très concis.
44:58C'est ce qu'on dit, n'est-ce pas ?
44:59Donc, j'avais peu de temps,
45:00des questions assez percutantes et tout.
45:02Donc, je commençais à poser des questions
45:03et il me répondait par oui ou par non.
45:04Je ne sais plus ce que je lui demandais.
45:06Il me disait oui, non, ah bon ?
45:07Vous croyez ?
45:13Je lui dis je ne veux pas aller plus loin
45:14et il me répond oui ou non.
45:15Donc, ça ne sert à rien.
45:16Et on s'est dit...
45:18Je suis sortie.
45:19On s'est dit au revoir
45:20au bout de 20 minutes,
45:21alors qu'il était prévu de rester une heure.
45:24Et quand je suis sortie,
45:25il m'a dit...
45:26Quand je lui ai dit que je partais,
45:27j'étais un peu furieuse, je dois dire.
45:28Et puis...
45:29Et il m'a dit,
45:30mais pourquoi vous partez ?
45:31C'est tellement sympathique.
45:32Et six mois plus tard...
45:33En fait, ce qui était amusant,
45:34c'est que Roger Theron,
45:35qui était le patron de Match,
45:36qui était un type formidable,
45:37un grand patron de presse,
45:38je lui avais raconté l'histoire
45:42et il m'a dit,
45:43mais c'est très drôle, racontez-le comme ça.
45:44Et je l'avais effectivement raconté comme ça,
45:46dans un premier temps.
45:47Et quelques semaines après,
45:48Mitchum m'a rappelé...
45:49Non, c'est...
45:50Pardon.
45:51Le journal m'a demandé de revoir Mitchum.
45:52J'ai dit c'est hors de question.
45:54Et ils m'ont dit tu dois...
45:55Bon, puis j'ai dit OK.
45:56Je l'ai rappelé.
45:57J'avais son numéro direct.
45:58Et donc, il m'a dit venez me voir demain.
46:01Et puis, il y a eu une série.
46:03Tout s'est arrangé,
46:04effectivement,
46:05vous le racontez dans le livre.
46:06Et puis, vous parlez dans ce livre
46:07et c'est assez étonnant,
46:09où personne n'imaginait
46:10qu'il finirait en prison.
46:12Ça, c'est sûr.
46:13Mais il n'y a pas que lui.
46:14Non.
46:15Il n'y a pas que lui.
46:16Mais il faut savoir que
46:17les gens se moquent un peu de moi
46:18quand je dis ça,
46:19mais il faut savoir avoir été...
46:20Bon, moi, j'ai rencontré Weinstein.
46:22Je l'ai interviewé deux fois.
46:24Mais une fois par téléphone
46:25et une fois dans un bar d'hôtel.
46:27Mais je l'ai rencontré cent fois
46:29parce que tout mon circuit de cinéma,
46:32de soirée et tout,
46:33Weinstein était là tout le temps.
46:35Et c'était jusqu'à encore 4-5 ans.
46:37C'était le...
46:38Les gens ne comprennent pas
46:39s'ils n'ont pas été là-bas.
46:40C'était un dieu vivant.
46:42Je ne sais pas si le dieu
46:43est le mot exact,
46:44mais enfin, dans le cinéma.
46:45C'est-à-dire, tout passait par lui.
46:47Tout était lui.
46:48Dès que Weinstein arrivait,
46:49il y avait une espèce de vague
46:50de glamour qui le suivait.
46:51Ça, c'est très particulier.
46:52Alors, non, on ne savait pas.
46:54Mais on ne savait pas
46:55comme on ne savait pas à l'époque DSK.
46:57On entendait des choses.
46:58Et puis après,
46:59on s'aperçoit que c'est vrai.
47:01Donc, c'était assez surprenant.
47:03Mais ce qui est surprenant,
47:04c'est de savoir qu'aujourd'hui encore,
47:06aujourd'hui encore,
47:07je crois que ça fait 4 ans
47:08que ces histoires sont arrivées,
47:09des Américains ou des gens
47:11qui ont bien connu Weinstein,
47:12enfin, connu professionnellement,
47:13j'entends,
47:14quand un film sort,
47:15ils disent
47:16si Harvey était là, etc.
47:17Le nom de Weinstein
47:18continue à venir dans les conversations.
47:19Parce qu'il n'y a pas eu
47:20un deuxième,
47:21je parle bien professionnellement,
47:22un deuxième type comme lui
47:24depuis ces années-là.
47:26Les soupçons ont commencé pour vous
47:28quand il a demandé
47:29les numéros des chambres d'hôtel
47:30de certaines comédiennes.
47:32Pour commencer, pour moi,
47:33non.
47:34Enfin, on ne fait pas très attention.
47:36C'est toujours la séparation
47:38de ce que sont les gens,
47:39ça ne nous regarde pas.
47:40Il se trouve que vous avez vécu
47:42une vie privilégiée
47:43parce qu'effectivement,
47:44comme je le disais,
47:45à Match,
47:46on ne lésinait pas sur l'argent
47:48et vous avez même fait croire
47:50un jour,
47:51vous aviez fait dîner
47:52avec Anthony Quinn
47:53et ses 6 enfants
47:54pendant plusieurs jours.
47:55Ça, c'est formidable.
47:56Ça, c'était une grande époque
47:57avec mon ami Jean-Claude Deutsch
47:58qui était photographe.
47:59J'étais partie à New York,
48:00j'avais organisé
48:01parce que c'est moi
48:02qui organisais tout.
48:03C'est-à-dire que le tout,
48:04ce n'était pas les reportages,
48:05c'était rien,
48:06c'était les organiser,
48:07trouver les rendez-vous.
48:08Et j'avais la même semaine
48:09à New York,
48:10j'avais Catherine Deneuve
48:11avec Yves Saint-Laurent
48:12et avec Anthony Quinn.
48:13Donc, on avait beaucoup d'argent,
48:14c'est plus proportionnellement
48:15gardé de l'argent
48:16pour les notes de frais,
48:17pour les déjeuners.
48:18Mais simplement,
48:19on était invité tout le temps.
48:20Donc, on était invité partout.
48:21Je ne peux pas vous dire,
48:22on essayait d'avoir une note,
48:23on n'avait rien.
48:24Donc, à la fin,
48:25il fallait bien rembourser.
48:27Et j'avais dit au photographe
48:28« Mais qu'est-ce qu'on fait ? »
48:29Il me dit « T'inquiète pas,
48:30on n'a qu'à marquer ».
48:31Ce qu'on ne savait pas,
48:32c'est que tous les deux,
48:33on avait marqué la même chose
48:34et on avait chargé Anthony Quinn.
48:35Je crois qu'il avait à l'époque
48:36comme 10 000 dollars de restaurant
48:38avec ses six enfants.
48:39C'était complètement bidon.
48:40C'était la seule chose
48:41très bidon que j'ai faite.
48:42Et le photographe aussi,
48:43il m'en a beaucoup ri.
48:44Et c'est passé.
48:45C'était formidable.
48:46Il y a beaucoup,
48:47beaucoup d'anecdotes
48:48aussi croustillantes que celle-ci.
48:49Dans ce livre,
48:50j'avais une maison à Los Angeles,
48:52c'est Stock.
48:53Merci de l'avoir écrit,
48:55Denis Jucot.
48:56Et je recommande vraiment
48:57à celles et ceux qui nous écoutent
48:58parce qu'ils découvriront
48:59une époque dorée
49:00que les moins de 20 ans
49:01ne peuvent pas connaître.
49:02Ah oui, c'est bien.
49:03Merci.
49:04Merci à vous.
49:05Les clés d'une vie,
49:06c'est terminé pour aujourd'hui.
49:07On se retrouve bientôt.
49:08Restez fidèles.
49:09A l'écoute de Sud Radio.
49:10Merci.