Jacques Pessis reçoit Olivier Guez. Ce journaliste devenu romancier a obtenu le Prix Renaudot avec « la disparition de Joseph Mengele ». Il publie « Mésopotamia », où il raconte le destin de la femme la plus puissante de l’empire britannique, dans les années 1920.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-09-18##
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00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous êtes un journaliste et un écrivain d'aujourd'hui,
00:08également passionné par le monde d'hier et d'avant-hier.
00:11Vous passez des jours et des nuits, pendant des années,
00:13à transformer l'histoire en romans vrais.
00:16Nous avons modestement une heure pour les évoquer.
00:18Bonjour Olivier Guez. Bonjour.
00:20Alors, vous publiez un livre, Mésopotamia, qui est chez Grasset,
00:24qui est un roman assez étonnant qu'on va évoquer.
00:26Mais on va évoquer votre parcours parce que vous êtes journaliste et écrivain.
00:29Et un journaliste, c'est particulier par votre parcours.
00:32Et dans les clés d'une vie, on aime bien évoquer ses parcours
00:35pour vous connaître mieux au-delà de votre livre.
00:37Alors pour ça, j'ai trouvé des dates clés.
00:39Et la première que j'ai trouvée, c'est le 28 janvier 1977,
00:43une inauguration historique.
00:45L'Europe a pensé ses blessures, puis elle a surmonté pour l'essentiel...
00:51L'inauguration du Parlement européen par Valéry Giscard d'Estaing.
00:54Vous avez 3 ans et vous êtes juste en face.
00:57Je suis juste en face et c'est le futur,
01:01même pas pro-européen, européen que je suis devenu.
01:05C'est un premier traumatisme en fait,
01:07puisque moi j'adorais aller à la piscine.
01:08Je continue d'y aller tout le temps.
01:10Et je comprenais pas pourquoi on avait détruit ma chère piscine
01:14pour cette espèce de grande péniche.
01:16Je crois que c'est le Conseil de l'Europe, c'est pas le Parlement européen.
01:19Parce que le Conseil accueillait le Parlement à l'époque.
01:22Donc il y avait un double...
01:25Effectivement, c'est un premier traumatisme
01:28qui ne dit rien de ma future relation à l'Europe.
01:31Je crois que c'est vos grands-parents qui habitaient juste en face.
01:33Exactement, j'ai passé ma petite enfant chez mes grands-parents
01:38et vraiment ils étaient juste en face du Conseil.
01:42Il se trouve que le premier bâtiment où siégeait le Conseil de l'Europe en 1949
01:46c'était le bâtiment de l'Université de Strasbourg.
01:48C'était le palais universitaire.
01:51Ensuite il y a eu un bâtiment provisoire en béton, la Maison de l'Europe.
01:54Et ensuite il y a eu ce fameux siège du Conseil de l'Europe.
01:57Alors, ce qui fait que vous allez grandir
01:59dans une ambiance cosmopolite européenne, Olivier Guez ?
02:03Cosmopolite, n'exagérons rien, mais disons que
02:06j'ai grandi dans une ville qui dans les années 80
02:11célèbre l'amitié franco-allemande, la réconciliation et l'Europe presque au quotidien.
02:17Il y avait une atmosphère très particulière quand j'étais enfant à Strasbourg.
02:21Il y avait ces sommets très régulièrement entre Côles et Mitterrand.
02:26Il y avait évidemment différents conseils européens.
02:29Jacques Delors venait souvent.
02:31Il y avait cette proximité à la fois avec l'histoire,
02:34tout ce qu'elle avait pu faire de mal à la région,
02:37et par ailleurs un vent d'espoir incroyable qui s'est conclu
02:41par la chute du mur à la fin de 1989.
02:44Et pour un gamin de 15 ans c'est quelque chose d'assez exceptionnel.
02:48Oui, c'est vrai que Helmut Kohl adorait venir à Strasbourg régulièrement.
02:51Il y venait à titre privé.
02:52Il adorait manger à Strasbourg, chez Yvonne entre autres,
02:55avec François Mitterrand.
02:57Et je crois qu'il y a une image à la télévision à la fin d'un conseil européen
03:01où ils vont boire un dernier verre dans une brasserie
03:04et Kohl demande une bière et le président Mitterrand une tisane.
03:07Ça en dit long sur l'amitié franco-allemande, tout est possible.
03:11Alors il se trouve aussi quand vous parlez des problèmes,
03:13c'est vrai qu'après le traité de Sedan,
03:15l'Alsace et la Lorraine sont devenues allemandes
03:18et que ça a posé plein de problèmes à des familles qui ont quitté l'Alsace.
03:23Et c'est vrai que votre famille, vos ancêtres sont d'origine juive
03:27et d'Alsace-Lorraine ?
03:28Pas que.
03:29Et Mitterrand aussi ?
03:30En fait très peu.
03:31Fondamentalement l'Alsace-Lorraine a oui et non.
03:34C'est-à-dire que la famille de ma mère,
03:37ma grand-mère qui a énormément compté pour moi,
03:40est née à Thionville,
03:42donc en Lorraine allemande à la fin de la première guerre mondiale.
03:45Mais sa famille était d'origine plutôt rhénane,
03:50donc plutôt allemande.
03:51J'ai retrouvé récemment d'ailleurs des papiers,
03:53ils se sont mariés à Fribourg,
03:56donc côté allemand.
03:58Et alors la famille de mon père, rien à voir.
04:00Eux sont des juifs tunisiens.
04:02Mon père est arrivé au début des années 60 en Alsace étudier.
04:06Oui donc quand je parle de quelque chose de cosmopolite,
04:08on n'est pas loin avec le mélange.
04:10Vous avez raison.
04:11En effet.
04:12Il y avait entre l'atmosphère dans la ville
04:15et l'atmosphère dans laquelle j'ai grandi,
04:17il y a eu des influences très diverses, très fortes.
04:19Olivier Guez, en plus vos parents n'ont rien à voir avec le journalisme,
04:22votre père est gynécologue et votre mère pédiatre,
04:25et puis le journalisme ça vous attire ?
04:27Parce que ce qui vous attire au départ c'est la géographie européenne.
04:30Pas que.
04:31Ce qui m'attire au départ,
04:33en fait enfant,
04:35j'ai toujours été fasciné par l'objet livre,
04:37l'objet journal,
04:39le papier, les histoires.
04:40Et au fond je pense que je ne me suis jamais vraiment
04:45posé la question de ce que j'allais devenir.
04:47J'étais presque persuadé que je travaillerais,
04:51j'écrirais, d'une manière ou d'une autre.
04:53D'ailleurs votre grand-mère vous avez découvert les livres je crois.
04:56C'est ma grand-mère et ma mère.
04:58Ma mère aussi a quand même joué un rôle dans César,
05:00ce qui appartient à César.
05:02Ma mère m'emmenait très très régulièrement en librairie le samedi,
05:05c'était une joie immense.
05:07Et pour découvrir toutes sortes de livres ?
05:09Tout et n'importe quoi.
05:10Je revenais avec des piles de Bibliothèque Rose, Bibliothèque Verte,
05:13Folio Junior, Livre de poche,
05:15beaucoup de journaux aussi.
05:16Je lisais beaucoup de journaux pour enfants.
05:18Et les journaux pour enfants,
05:20d'ailleurs le premier journal pour enfants qui a parlé de l'Europe,
05:22c'est Tintin,
05:23il y a eu un concours Europa Junior
05:25organisé par Raymond Leblanc,
05:27l'éditeur,
05:28avec la question
05:29quelle est votre vision de l'Europe pour les enfants en 60 ?
05:32Vous me l'apprenez,
05:33je n'étais pas là en 60,
05:35mais je sais par exemple,
05:36moi j'ai été biberonné à la bande dessinée belge.
05:38Donc il y avait aussi cette ouverture sur un ailleurs
05:40qui était très proche.
05:41Mais c'était quand même autre chose.
05:43Moi ma référence c'était vraiment le journal de Spirou par exemple,
05:46parce que vous voulez qu'on parle de l'enfance.
05:48Et là on est dans une logique très belge,
05:51très catholique,
05:52branchée pas mal aussi sur les années 60-70.
05:55J'ai toujours eu un rapport avec le passé assez étrange.
05:57Je n'étais pas tellement un enfant de ma génération.
05:59Oui, en même temps Spirou et Fantasio sont devenus des classiques.
06:02Sont devenus des classiques,
06:04mais ce qui m'intéressait c'était les Spirou et Fantasio
06:06qui avaient été écrits, dessinés 20-30 ans plus tôt, bizarrement.
06:09Oui, par Robevel et Giger et Franquin.
06:12Il y a Robevel et puis le plus grand Franquin.
06:14Mais même Fournier par exemple,
06:17le Spirou et Fantasio des années 70 avait un certain charme.
06:20Alors il se trouve que finalement,
06:21beaucoup de jeunes sont attirés par l'Amérique,
06:23vous par l'Europe.
06:24Et l'un de vos premiers voyages,
06:26ça va être à Varsovie à 19 ans.
06:29Alors c'est pas Varsovie, c'est Vienne.
06:31C'est Vienne, c'est Vienne.
06:33Il y a eu Vienne et il y a eu la Hongrie.
06:36Dans la région, on va dire.
06:39Alors cela dit, moi aussi j'étais attiré par les Etats-Unis
06:41comme pas mal de gens de ma génération,
06:43mais c'est vrai que mon imaginaire était européen.
06:45Mais tout simplement parce que si vous regardez une carte de géographie,
06:47Strasbourg est plus proche de Milan que de Paris, par exemple.
06:52C'est une affaire de représentation.
06:56Et gamins, effectivement,
06:58on était partis avec mon grand-père qui était très âgé,
07:02très malade déjà.
07:03Sur les traces de sa propre famille,
07:05son père était né en Bohême.
07:07Donc on était à Prague en 1988.
07:10On était encore à l'époque communiste.
07:12C'était absolument...
07:14C'était sinistre et on n'a rien trouvé du tout.
07:16Mais effectivement, très jeune,
07:18je suis allé à Berlin-Est,
07:20je suis allé à Prague.
07:22Il y avait la proximité immédiate avec l'Allemagne.
07:25Et puis je pense qu'il y a un voyage fondateur,
07:27c'est ce voyage que je fais en terminale à Vienne,
07:29à 17 ans.
07:30Et là je sens quelque chose.
07:32Il y a...
07:33Je ne sais pas, je me sens en harmonie avec la ville.
07:36Et surtout je raconte des histoires à mes petits camarades de classe.
07:39Je mens un peu, j'invente,
07:41j'embellis la réalité quelque part.
07:43Je leur raconte des histoires.
07:45Et il s'est passé quelque chose à ce moment-là.
07:47Des histoires sur tous les sujets ?
07:48Mais c'était tout et n'importe quoi.
07:49Je me souviens, moi je ne fumais pas à l'époque,
07:52donc je cherchais un paquet de cigarettes,
07:54il y avait des vieilles cigarettes,
07:56et je leur ai raconté une fausse histoire de ces cigarettes.
07:59Je m'en souviens encore.
08:01Ce genre de choses.
08:02C'est très sérieux, vous commencez par Sciences Po Strasbourg,
08:05qui a été créé d'ailleurs juste après l'ENA, après la guerre.
08:07Tout à fait.
08:08Et ça a été le point de départ de votre envie de faire ce métier de journalisme,
08:12ou d'autre chose ?
08:14Alors, vous avez dit que je suis journaliste,
08:16mais je ne suis plus journaliste,
08:17je n'ai pas de carte de presse depuis une dizaine d'années.
08:19J'écris encore dans les journaux,
08:20j'ai commencé comme journaliste,
08:22je respecte beaucoup le métier de journaliste,
08:23mais je ne suis plus journaliste aujourd'hui.
08:25C'était l'idée d'être reporter,
08:27de raconter les choses en fait.
08:29C'était ça, mon ambition très jeune.
08:32Mais en général, on fait une école de journalisme,
08:33faire Sciences Po Strasbourg et ensuite aller en Angleterre,
08:35ce n'est pas le chemin le plus facile.
08:37Je ne sais pas si c'est le plus facile ou pas.
08:39Non mais j'adorais les études.
08:40Et puis je savais,
08:42il y avait l'angoisse des diplômes chez moi.
08:44On est obsédé par les diplômes,
08:46par certaines réussites universitaires en tout cas.
08:49Et puis surtout, moi je m'épanouissais vraiment dans les études.
08:52Autant je m'ennuyais au lycée,
08:53autant l'histoire, le droit, l'économie,
08:58toutes ces choses me passionnaient.
09:01Théorie des relations internationales.
09:03Non, je n'ai jamais vraiment songé à faire une école de journalisme.
09:06Je voulais apprendre en fait.
09:08Et il y a une école très célèbre à Londres,
09:09la London School of Economics,
09:11qui a été dans l'un des quatre créateurs,
09:12et d'ailleurs Georges Bernard Chour,
09:13ce qui est assez étonnant.
09:14Et là aussi, ça a été un apprentissage
09:16à la fois du travail et de la vie et de la fête.
09:20De tout en fait.
09:21C'était l'année 96-97,
09:24et Londres, et en particulier la London School of Economics,
09:27qui à l'époque était dirigée par un homme philosophe
09:30qui s'appelait, je ne sais pas, Anthony Giddens,
09:33qui était le grand théoricien de cette fameuse troisième voie.
09:37Et donc on est dans ce milieu des années 90,
09:39et Tony Blair va arriver au pouvoir ce printemps-là, en 1997.
09:43Et je me souviens, il y avait des délégations du monde entier
09:45qui venaient à la London School of Economics
09:47pour s'entretenir avec Anthony Giddens.
09:49Et Londres était vraiment le...
09:51Il y avait un espoir fou.
09:52Tony Blair était très jeune.
09:54Il y avait cette sensation de mondialisation heureuse.
09:57Et Londres était vraiment l'incarnation
09:59de cette sensation-là, de ce sentiment-là.
10:03Et il y avait aussi,
10:05c'était très frappant pour moi,
10:07en tout cas ils essayaient de recréer
10:09une relation en direct avec la Londres des années 60.
10:12On parlait beaucoup de « cool britannien » à l'époque.
10:14Et ça m'a énormément marqué.
10:16Et quelque part ça m'a déniaisé,
10:17parce que moi je venais de Strasbourg,
10:19et là j'étais en contact vraiment
10:21avec des cerveaux assez fascinants
10:24qui venaient du monde entier.
10:26Ça a été aussi ma première étape
10:28avec la mondialisation, d'une certaine manière.
10:30Et toujours l'envie de devenir reporter, journaliste ?
10:33Je me pose même pas tellement la question.
10:36À l'époque, je suis surtout incroyablement heureux d'étudier.
10:40J'ai des professeurs extraordinaires,
10:41notamment l'histoire du Moyen-Orient.
10:43Qui va vous servir plus tard.
10:45Qui me servira bien plus tard.
10:47J'avais deux professeurs, notamment.
10:50J'en ai eu plusieurs, mais j'aimerais en citer deux.
10:52Il y en a un qui s'appelait Fred Halliday,
10:54qui est disparu.
10:55C'était un immense connaisseur du Moyen-Orient,
10:57qui parlait toutes les langues de la région.
11:00Le farsi, le turc, l'arabe.
11:02Et qui était capable en une heure
11:04de raconter toute l'histoire de l'Égypte
11:06des pharaons à Moubarak.
11:08Et puis un autre, un très vieux monsieur,
11:10qui s'appelait Wilson.
11:11Et ce monsieur Wilson avait servi
11:13dans l'administration britannique
11:15en Transjordanie dans les années 40.
11:17Donc ça a dû me marquer suffisamment
11:20pour que presque 30 ans plus tard,
11:22je revienne avec une histoire
11:24très proche de cet homme-là.
11:26Exactement. Et cette fois, on va en parler tout à l'heure.
11:28Mais avant, on va revenir sur une autre de vos passions,
11:30à travers une date qui ne vous concerne pas,
11:32le 6 mai 1951.
11:34A tout de suite sur Sud Radio, avec Olivier Guez.
11:37Sud Radio, les clés d'une vie.
11:39Jacques Tessis.
11:40Sud Radio, les clés d'une vie.
11:42On va inviter Olivier Guez, qui a été journaliste.
11:44On va en parler.
11:46Vous publiez Mesopotamia,
11:48qui est un roman étonnant chez Grasset,
11:50un roman vrai, inspiré d'une histoire authentique.
11:52On va également en parler.
11:53Mais on revient à votre parcours,
11:54puisque c'est le principe des clés d'une vie.
11:56Et si je parle du 6 mai 1951,
11:58c'est lié à un moment historique pour Strasbourg.
12:01Et c'est le troisième but.
12:04Strasbourg 3, Valenciennes 0.
12:06Strasbourg arrive pour la première fois
12:08à la Coupe de France en 1951.
12:10Je pense que ce genre de chose peut vous toucher,
12:12car le football fait aussi partie de vos passions.
12:14Oui, j'ai écrit sur le football.
12:16Je suis allé dans un très grand nombre de stades.
12:19J'ai eu la chance de suivre la Coupe du Monde
12:21pour le quotidien Le Monde,
12:23qui m'avait envoyé en Russie pour la Coupe du Monde.
12:25Le foot occupe une place beaucoup moins importante
12:27dans ma vie aujourd'hui,
12:28mais c'est relativement récent.
12:30J'ai appris énormément grâce au football.
12:32J'ai beaucoup voyagé,
12:33j'ai rencontré des gens formidables.
12:35Et ça reste quelque chose, oui,
12:37ça fait partie de ma vie, on va dire.
12:39L'équipe de Strasbourg, qui s'appelait au départ
12:41le FC Neudorf, lorsqu'elle est née en 1906,
12:43c'est un quartier de Strasbourg.
12:45Et je crois que c'est à 8 ans que vous avez assisté
12:47pour la première fois à un match, Olivier Guez.
12:49Oui, c'est la première fois que j'allais au Stade de la Mainau.
12:52C'était l'été 1982,
12:54et ça a été un choc esthétique, presque, je dirais.
12:58C'est-à-dire ?
12:59Le stade, les couleurs, les supporters,
13:02l'atmosphère, la façon dont les équipes quadrillaient,
13:05le terrain.
13:06Il y avait la présence de mon père aussi, très probablement.
13:10Et il y avait quelque chose de très fort, de très beau.
13:13Et puis c'est cette tension inhérente d'un match de football
13:16qui m'a toujours séduit.
13:18Non seulement vous avez assisté à des matchs dans les stades
13:20et devant la télévision,
13:21mais vous avez aussi joué au football pendant vos études.
13:23J'ai joué, j'ai joué, oui,
13:25j'ai joué comme tous les petits garçons,
13:27au club du quartier.
13:28Et c'est vrai qu'en Angleterre,
13:30je faisais partie de l'équipe de football
13:32de l'université de Sussex, c'est exact, à Brighton.
13:35Et ça, ça vous amusait entre deux cours ?
13:37Ah, ça m'a plus qu'amusé,
13:38parce qu'à la fois j'adorais le football,
13:40mais ça m'a permis aussi de découvrir une Angleterre
13:43que peu d'étudiants Erasmus connaissent.
13:45Souvent les étudiants Erasmus restent entre eux,
13:47entre étrangers.
13:48Et là, c'était vraiment l'Angleterre profonde.
13:50C'était les déplacements avec l'équipe,
13:52c'était les beuveries après les matchs,
13:54quelques fois avant les matchs.
13:55Et puis c'était des mecs formidables.
13:57Souvent en Angleterre, les étudiants migrent.
13:59Ceux qui vivent dans le nord viennent au sud, etc.
14:02Et vice-versa.
14:03Et donc, j'ai eu une rencontre intime
14:06avec une Angleterre assez prolo, assez dure,
14:08mais très chaleureuse.
14:10C'était fantastique.
14:11Et les Anglais adorent les Français, à une époque.
14:13À une époque, oui.
14:14À une époque, pendant la guerre par exemple,
14:16un Français qui était résistant,
14:17il ne payait pas dans les pubs quand il allait le soir.
14:19C'était un devoir de lui offrir sa consommation.
14:22C'est vrai, mais ce n'était pas comme ça
14:24quand moi je jouais...
14:26Je n'étais pas considéré comme un résistant
14:28quand je jouais dans l'équipe de Sussex.
14:30C'était très sympathique.
14:31Il se trouve que le football a évolué.
14:32Quand on pense que dans les années 50,
14:34la Fédération Française de Football
14:35a interdit la diffusion à la télévision,
14:37craignant que ça vide les stades.
14:39Et aujourd'hui, c'est devenu une affaire d'argent
14:41beaucoup plus que le sport parfois.
14:43C'est ce qui m'a beaucoup éloigné du football.
14:45En fait, pendant très longtemps,
14:47à part peut-être l'équipe de Strasbourg,
14:50j'aimais le football sans être vraiment supporter.
14:52Je pense qu'aujourd'hui, on ne peut aimer le football
14:54qu'en étant supporter.
14:55C'est-à-dire que si on regarde le football
14:57tel qu'il s'est développé,
14:58c'est impossible de l'aimer.
15:00Par contre, si on reste attaché à une ville,
15:02à des couleurs, ma foi, ça reste envisageable.
15:04Il se trouve que vous avez connu aussi bien
15:06la folie du football au Brésil
15:07que la rigueur du football en Russie
15:09pendant la Coupe du Monde.
15:10Oui, j'ai aussi écrit sur le football argentin.
15:13Le football a été, on va dire,
15:16un moyen et un prétexte pour me promener
15:20et pour raconter d'autres choses.
15:22L'éloge de l'esquive qui est consacrée
15:24au dribble au Brésil,
15:25c'est aussi le moyen de raconter, d'une certaine manière,
15:27la culture noire au Brésil.
15:30La samba, la bossa nova, la musique,
15:32le cinéma nouveau,
15:33tout ça à partir de quelques gestes de football.
15:35Sur l'Argentine, par exemple,
15:37ce qui m'intéressait, c'était les deux demi-dieux
15:40que sont Borges et Maradona.
15:42La relation qu'ils entretenaient totalement à distance,
15:45évidemment, ils ne se sont jamais croisés.
15:49Le football m'a énormément apporté.
15:52Pour comprendre la dynamique
15:54ou les dynamiques d'une ville ou d'un pays,
15:56ça reste absolument fascinant.
15:58La Coupe du Monde en Russie sous Poutine,
16:00on ne devait pas rigoler tous les jours.
16:02Poutine a été un génie pendant cette Coupe du Monde.
16:04Quelqu'un qui n'était pas trop renseigné,
16:07au fond, pouvait tout à fait imaginer
16:10que la Russie était un pays tout à fait normal.
16:12Poutine est venu au match d'ouverture,
16:14il est venu à la finale,
16:15le reste, on ne l'a jamais vu.
16:17Les gens étaient sympathiques,
16:19même les gens dans les musées étaient sympathiques,
16:21les policiers étaient sympathiques,
16:23toute la Russie était sympathique,
16:24en tout cas l'Ouest de la Russie.
16:26Par contre, si on sortait un peu des rails
16:29que le régime nous imposait,
16:31là ça se corsait.
16:33Je me souviens d'un voyage,
16:34j'avais pris un bout de transsibérien
16:36pour suivre des supporters uruguayens
16:38pour aller jusqu'à Yekaterinbourg.
16:41Et je voulais profiter de ce voyage
16:44pour sortir de mon wagon
16:46et parler à des Russes.
16:48Là c'était impossible,
16:50on m'a tout de suite mis dehors
16:52avec ma traductrice de l'époque.
16:55Donc il y avait des choses
16:56qu'on ne pouvait pas faire en Russie.
16:58Ce qu'on sait aussi,
16:59c'est qu'au départ,
17:00la Terre avait dit
17:02qu'il y aurait une rotation
17:03continent par continent,
17:05donc normalement,
17:06si ça avait été suivi,
17:07la Coupe du Monde 2018
17:08aurait dû être au Mexique,
17:09au Canada ou aux Etats-Unis.
17:10Et ça ne s'est pas passé.
17:11Si vous le dites, oui, non,
17:12elle arrive sur la prochaine.
17:14Il se trouve aussi que,
17:16tout ça, le goût des voyages,
17:18vous avez une particularité,
17:19c'est-à-dire que vous êtes un journaliste,
17:20quand on voit la liste des journaux
17:21pour lesquels vous avez travaillé,
17:23Olivier Guez,
17:24on est très impressionné
17:25parce qu'il y a des journaux français,
17:26américains, italiens,
17:27tout y passe.
17:28Allemands.
17:29Allemands.
17:30En général, on rentre dans un journal
17:32et on travaille.
17:33Là, vous êtes resté
17:34un journaliste résolument indépendant
17:35et c'est très rare aujourd'hui.
17:37Alors, ça c'était...
17:39J'écris encore quelques fois
17:41dans les journaux,
17:42mais en fait, très...
17:43Moi, j'ai été salarié
17:44pendant quelques années
17:45et puis après,
17:46je me suis mis à mon compte,
17:47j'avais 30 ans
17:48et je me suis rendu compte
17:50assez rapidement
17:51qu'il y avait certains sujets
17:52qui pouvaient intéresser
17:54à un grand nombre
17:55de publications internationales.
17:56J'ai fait des grands reportages,
17:58j'ai fait des grandes interviews
17:59que je vendais à droite et à gauche
18:01et puis après, j'ai effectivement...
18:03Un jour, j'ai envoyé
18:04un édito au New York Times
18:06en français
18:07et le lendemain,
18:08j'en revenais pas
18:09et ils me proposaient
18:10de le publier
18:11sans connaître personne,
18:12comme ça.
18:13Donc, c'est comme ça
18:14que j'ai écrit quelques articles
18:15pour le New York Times.
18:16Mais c'est un cas à part
18:17parce qu'aujourd'hui,
18:18encore une fois...
18:19Oui, oui.
18:20Je ne connais personne
18:21et j'ai travaillé
18:22et j'ai publié,
18:23quelquefois,
18:24dans des journaux en Pologne,
18:25enfin, je ne sais pas,
18:26une dizaine de pays,
18:27probablement, oui.
18:28Ce qui a demandé
18:29des voyages et des investissements ?
18:30Pas nécessairement, non.
18:31Pas nécessairement.
18:32Ça pouvait...
18:33Soit c'était sous forme d'édito
18:34ou alors c'était
18:35des grands reportages
18:36que j'ai vendus
18:37à diverses publications.
18:38Parce que vous avez été
18:39en Amérique du Nord,
18:40en Amérique latine,
18:41au Moyen-Orient,
18:42partout ?
18:43Non, pas partout.
18:44Je connais très très mal l'Afrique,
18:45je viens de découvrir
18:46un petit peu le Sénégal,
18:47je connais mal l'Asie
18:48et j'ai une passion,
18:49effectivement,
18:50pour les Amériques,
18:51en particulier l'Amérique du Sud
18:52et je pense pouvoir prétendre
18:54très bien connaître l'Europe.
18:56Que je sillonne
18:57en long et en large.
18:58Mais en même temps,
18:59la tradition des grands reporters
19:00de jadis,
19:01d'Albert Londres
19:02à Joseph Kessel,
19:03en passant par les premiers
19:04des petits parisiens,
19:05c'était ça.
19:06Mais aujourd'hui,
19:07il faut savoir
19:08prendre les risques
19:09à tout point de vue
19:10pour réussir
19:11ce genre de choses.
19:12Ce n'était pas évident.
19:13Non, non, non.
19:14C'est gentil
19:15de le souligner.
19:16Non, c'était pas
19:17évident.
19:18J'ai eu la chance,
19:19effectivement,
19:20de pouvoir travailler.
19:21Quand je travaille
19:22pour des journaux,
19:23ce qui doit arriver
19:24peut-être une fois
19:25ou deux fois par an,
19:26à ce qu'on m'envoie
19:27pendant, quelquefois,
19:28deux semaines,
19:29trois semaines,
19:30avec la liberté totale
19:31de ramener quelque chose,
19:32une histoire.
19:33Mais ça aussi,
19:34c'est le résultat
19:35de l'instinct,
19:36du travail,
19:37de vos études ?
19:38Un peu tout.
19:39Beaucoup le travail.
19:40C'est aussi lié
19:41aux livres,
19:42au succès des livres
19:43qui font qu'aujourd'hui,
19:44j'imagine qu'on donne
19:45plus la possibilité
19:46de faire ce genre de choses
19:47à des écrivains
19:48qu'à des journalistes.
19:49C'est la tradition
19:50de Kessel, justement.
19:51C'est la tradition
19:52de Kessel,
19:53d'une certaine manière,
19:54oui.
19:55Kessel a surpris
19:56tout le monde.
19:57Le début
19:58de la guerre
19:59des Six Jours,
20:00tous les reporters
20:01arrivent en Israël
20:02et Kessel était déjà là
20:03le premier,
20:04alors qu'il était
20:05déjà âgé.
20:06Il avait eu la carte
20:07numéro un pour entrer
20:08en Israël
20:09et il avait compris le truc.
20:10Est-ce que ça existe
20:11encore aujourd'hui ?
20:12Il y a un instinct
20:13journalistique.
20:14Je ne me mets pas là-dedans.
20:15C'est-à-dire que je ne vais
20:16jamais sur les terrains
20:17de conflits.
20:18Peut-être que j'aurais aimé
20:19aller en Ukraine
20:20le 22
20:21ou le 24 février 2022.
20:22Je ne me souviens plus
20:23de la date précise
20:24du début de la guerre.
20:25Ce n'est pas tant ça
20:26qui m'intéresse.
20:27Il y en a qui le font très bien
20:28et pour ça,
20:29il faut être vraiment équipé
20:30aujourd'hui.
20:31Non, moi,
20:32j'aime me promener
20:33et raconter
20:34des endroits
20:35qui...
20:36Prenons l'exemple
20:37du dernier grand récit
20:38que j'ai écrit
20:39qui était un portrait
20:40du président Milley
20:41pour Le Point.
20:42Il y a quelques mois.
20:43Moi, je ne voulais pas
20:44tout de suite
20:45aller en Argentine
20:46après son élection.
20:47Je trouvais plus intéressant
20:48de laisser passer
20:49quelques mois
20:50et de voir un petit peu
20:51comment ça se passait.
20:52Donc, il y avait
20:53une masse énorme
20:54de journalistes
20:55qui étaient venus
20:56juste avant
20:57ou au moment de l'élection
20:58et puis, comme toujours,
20:59ils avaient quitté
21:00ce terrain
21:01pour aller en arpenter
21:02un autre.
21:03Et moi, je suis arrivé
21:04quatre mois plus tard
21:05avec plus de 15 jours
21:06devant moi
21:07pour me promener
21:08et essayer de le rencontrer.
21:09Et donc, je raconte
21:10comment je ne l'ai pas rencontré
21:11justement.
21:12Donc, c'est vrai
21:13que c'est une chance immense.
21:14J'en ai conscience
21:15qu'on me fasse confiance
21:16et qu'on m'envoie
21:17comme ça
21:18pendant plusieurs semaines
21:19pour raconter des histoires.
21:21Mais ça, c'est vraiment
21:22une partie
21:23aujourd'hui très,
21:24je ne vais pas dire anecdotique
21:25mais très réduite
21:26de mon activité.
21:27Mon activité,
21:28c'est vraiment
21:29l'écriture de livres.
21:30Eh bien, justement,
21:31on va l'évoquer
21:32à travers une autre date
21:33qui est importante pour vous.
21:34C'est le 6 novembre 2017.
21:35A tout de suite
21:36sur Sud Radio
21:37avec Olivier Guez.
21:41Sur Sud Radio,
21:42les clés d'une vie.
21:43Mon invité Olivier Guez,
21:44nous parlerons tout à l'heure
21:45de ce roman vrai,
21:46Mésopotamia,
21:47que vous publiez chez Grasset
21:48qui est un roman
21:49passionné
21:50et passionnant.
21:51Et justement,
21:52on a parlé de vos débuts
21:53de journaliste
21:54et vous parlez de l'écriture
21:55et il y a une date clé
21:56à mon sens,
21:57c'est le 6 novembre 2017.
21:58Vous recevez ce jour-là
21:59le prix Renaudot.
22:00A votre grande surprise,
22:01c'est dans une décontraction
22:02totale.
22:03C'est vrai ?
22:04Décontraction
22:05et grande surprise ?
22:06Je ne dirais pas décontraction.
22:07Non,
22:08on est quand même
22:09très,
22:10très tendu.
22:11Le week-end
22:12d'avant,
22:13je me souviens,
22:14j'étais à Stockholm,
22:15je suis parti
22:16pour prendre l'air
22:17un peu
22:18et essayer d'oublier
22:19mais je me souviens
22:20que le dimanche
22:21j'étais quand même
22:22assez tendu.
22:23Le lundi matin,
22:24j'avais coupé mon téléphone
22:25en fait.
22:26J'avais rendez-vous
22:27chez Grasset
22:28et
22:29je n'ai pas rallumé
22:30le téléphone.
22:31Olivier Nora,
22:32le PDG de Grasset
22:33m'attendait
22:34en haut des escaliers
22:35mais je ne savais pas
22:36ce qu'il allait me dire.
22:37Vous êtes promené un peu
22:38avant d'arriver ?
22:39Oui,
22:40j'avais besoin de...
22:41J'ai marché,
22:42je ne sais pas,
22:43deux heures dans Paris.
22:44Et là,
22:45vous arrivez
22:46et vous apprenez
22:47que vous avez le prix Renaudot.
22:48Voilà,
22:49exactement.
22:50Vous étiez surpris ?
22:51Oui,
22:52bien sûr,
22:53enfin,
22:54surpris.
22:55Il y a tellement de sélections
22:56qu'à un moment,
22:57on finit par...
22:58ça ne tombe pas
22:59du jour au lendemain
23:00mais je ne m'attendais pas
23:01à l'avoir si vite
23:02pour un deuxième roman
23:03en tout cas.
23:04Oui,
23:05et je crois que vous avez succédé
23:06à Yasmina Reza
23:07qu'il avait eue l'année précédente
23:09Ça a été deux années assez...
23:10enfin,
23:11interrompues en fait
23:12par le Covid
23:13parce que ça aurait peut-être
23:14pu durer encore plus longtemps.
23:15Oui,
23:16parce qu'il y a eu énormément
23:17de traductions à l'étranger,
23:18énormément de ventes,
23:19toutes sortes de sollicitations.
23:20C'est vrai que j'ai basculé
23:21dans quelque chose
23:22auquel...
23:23Non,
23:24je ne m'attendais pas
23:25à ça si vite,
23:26on va dire.
23:27Un moment planifié,
23:28un petit peu là,
23:29ça a basculé très vite.
23:30Et d'ailleurs,
23:31vous avez...
23:32La fête a commencé
23:33chez Drouant
23:34qui à l'époque
23:35appartenait à un propriétaire
23:36alsacien.
23:37Donc vous m'attendez
23:38au restaurant,
23:39c'était très sympathique.
23:40Et je crois que le seul Alsacien
23:41qui ait reçu
23:42le prix Renaudot avant vous,
23:43c'était Alfred Kern
23:44en 1960
23:45pour Le Bonheur Fragile.
23:46Voilà,
23:47vous me l'apprenez.
23:48Alors,
23:49il se trouve que ce roman
23:50s'appelle La disparition
23:51de Joseph Mengele
23:52et ça a été
23:53un sujet
23:54qui vous a passionné
23:55et une idée qui est venue
23:56parce que,
23:57bon,
23:58c'est quand même
23:59un médecin nazi
24:00à Auschwitz
24:01et vous avez eu l'idée
24:03de raconter une histoire
24:05que personne n'avait eu l'idée
24:06de raconter,
24:07sa disparition.
24:08Raconter comme ça,
24:10en tout cas.
24:11Disons que
24:12La disparition de Mengele,
24:14c'est la troisième partie
24:15d'un triptyque
24:16qui avait débuté
24:17dix ans plus tôt
24:18lorsque je me suis installé
24:19à Berlin en 2005
24:20avec une bourse
24:21du Sénat de la ville de Berlin
24:23pour écrire un livre
24:24qui s'est appelé
24:25L'Impossible Retour
24:26sur l'histoire des Juifs
24:27en Allemagne
24:28depuis 1945.
24:29Et c'est un livre,
24:30en fait,
24:31en gros,
24:32sur la mémoire,
24:33sur la reconstruction
24:34ou par
24:35d'individus,
24:36de villes,
24:37de sociétés.
24:38Mais c'était
24:39le regard des victimes
24:40sur cette période-là.
24:41C'était aussi un essai,
24:42une espèce de mosaïque
24:43sur la mémoire allemande
24:44et l'évolution
24:45de la mémoire allemande.
24:46Et à l'époque,
24:47déjà,
24:48j'avais envie
24:49de raconter cette histoire
24:50d'une tout autre perspective,
24:51celle d'un criminel.
24:52Mais à l'époque,
24:53je ne savais pas,
24:54en fait,
24:55quel criminel.
24:56Entre
24:57L'Impossible Retour
24:58et La disparition de Mengele,
24:59il y a un film
25:00qui s'appelle,
25:01en allemand,
25:02Das Stadtgegern
25:03Fritz Bauer.
25:04Fritz Bauer,
25:05un héros allemand,
25:06un bon français,
25:07dont j'ai co-écrit
25:08le scénario
25:09avec le réalisateur
25:10et qui raconte,
25:11justement,
25:12l'histoire
25:13de ce procureur allemand,
25:14grand procureur
25:15à Francfort,
25:16dans l'AS,
25:17qui est connu
25:18pour avoir instruit
25:19le plus grand procès
25:20de l'histoire pénale
25:21de l'Allemagne fédérale,
25:22qui est le procès
25:23d'Auschwitz.
25:24Et cet homme
25:25est celui
25:26qui a localisé
25:27Eichmann en Argentine,
25:28ce qu'on a su
25:29beaucoup plus tard.
25:30Et on raconte
25:31cette histoire-là.
25:32Donc, pour préparer le scénario,
25:33j'ai beaucoup lu
25:34sur les milieux nazis
25:35en Argentine.
25:36Et c'est à ce moment-là
25:37que je tombe à plusieurs reprises
25:38sur Mengele.
25:39Et là, je me dis,
25:40voilà,
25:41j'ai cet homme-là.
25:42Et, en fait,
25:43il y avait tellement de légendes
25:44à propos de Mengele
25:45jusqu'aux années 80-90
25:46que je trouvais intéressant
25:47de débroussailler
25:48un petit peu
25:49le mythe Mengele
25:50en Amérique du Sud.
25:51Et donc,
25:52c'est comme ça
25:53qu'est née l'idée
25:54d'écrire la disparition.
25:55Oui, il faut savoir
25:56que ce médecin d'Auschwitz,
25:57ce médecin,
25:58si on ose dire,
25:59qui était un criminel,
26:00finalement,
26:02et on ne l'a jamais retrouvé
26:03jusqu'à sa mort.
26:04On ne l'a jamais retrouvé.
26:05Et non,
26:06il a même échappé
26:07après sa mort
26:08puisqu'il était enterré
26:09sous une fausse identité.
26:10Et ce n'est que
26:11des années plus tard,
26:12au milieu des années 80,
26:13six ans après sa mort,
26:14qu'on a découvert
26:15que l'homme enterré
26:16dans ce cimetière-là
26:17était bien
26:18Joseph Mengele.
26:19Il a même fallu encore
26:20les années 90
26:21pour avoir l'épreuve ADN.
26:22Et c'était bien
26:23le cadavre de Mengele.
26:24Alors que c'était
26:25un petit capitaine SS
26:26au départ,
26:27c'est-à-dire
26:28qu'il n'y avait pas
26:30une famille riche.
26:31C'était sale.
26:32Ce qui m'intéressait,
26:33je pense que Mengele
26:34est l'incarnation,
26:35bien plus qu'Eichmann,
26:36de la banalité du mal.
26:37C'est-à-dire que vous avez
26:38un fils de bourgeois,
26:39un bourgeois lui-même,
26:40plutôt cultivé,
26:41une culture conservatrice,
26:42mais assez cultivée
26:43en littérature
26:44classique allemande,
26:45en musique allemande,
26:46qui épouse une femme
26:47à peu près du même milieu,
26:48qui a fait des études
26:49d'histoire de l'art
26:50à Florence
26:51à la fin des années 30
26:52et qui,
26:53quelques années plus tard,
26:54va envoyer 400 000 personnes
26:55à l'étranger
26:56pour qu'elles puissent
26:58à la mort
26:59en sifflant
27:00des airs d'opéra.
27:01Et pour moi,
27:02Mengele,
27:03au-delà de son histoire
27:04de la traque,
27:05de comment il a disparu,
27:06comment il a échappé,
27:07comment quelque part
27:08il a disparu,
27:09s'est dévoré de lui-même,
27:10pour moi,
27:11c'est la métaphore
27:12de ce qui s'est passé
27:13en Europe
27:14dans la première partie
27:15du XXe siècle.
27:16C'est-à-dire
27:17le suicide européen,
27:18la folie européenne,
27:19la folie meurtrière européenne,
27:20pour moi,
27:21est incarnée
27:22par Joseph Mengele
27:23et c'est aussi pour ça
27:24que je voulais raconter
27:25son histoire.
27:26C'était pas simple
27:27mais ça faisait presque dix ans
27:28que je travaillais
27:29sur ces sujets-là
27:30et en se donnant
27:31un peu de peine,
27:32on trouve quand même,
27:33on lit.
27:34Moi,
27:35j'ai pas l'imprétence,
27:36je suis pas historien,
27:37je n'invente rien,
27:38mais je lis énormément
27:39avant de commencer
27:40à écrire
27:41ce genre de livre.
27:42C'est presque une enquête
27:43que les services secrets
27:44n'ont pas pu faire
27:45du vivant de Mengele.
27:46Tout ça est toujours
27:47beaucoup plus facile
27:48après.
27:49Pendant,
27:50c'est toujours plus compliqué
27:51évidemment.
27:52Et après,
27:53il faut le vouloir.
27:54Moi,
27:55pendant très longtemps,
27:56on n'a pas voulu.
27:57Alors,
27:58il se trouve aussi
27:59qu'on a raconté
28:00des tas d'histoires sur lui,
28:01notamment,
28:02il y a des villages
28:03de jumeaux
28:04qu'il aurait créés.
28:05Ça,
28:06c'est des légendes
28:07qui ont couru
28:08dans le monde entier.
28:09Complètement.
28:10Alors qu'en fait,
28:11à l'époque,
28:12il croupissait
28:13dans une favela
28:14à côté de Sao Paulo,
28:15seul,
28:16à moitié fou,
28:17amoureux de sa femme
28:18de ménage
28:19qu'il n'osait pas épouser
28:20parce qu'il avait peur
28:21de passer devant
28:22l'officier de mairie.
28:23Et donc,
28:24c'est une espèce
28:25de mise en perspective
28:26entre la légende
28:27de Mengele
28:28dans les années 60,
28:29illustrée par des films
28:30comme Marathon Man
28:31ou ces garçons
28:32du Brésil
28:33avec Grégory Peck
28:34et décrire
28:35ce qu'était
28:36le quotidien sordide
28:37de Mengele
28:38à l'époque.
28:39Ça veut dire aussi
28:40se plonger dans sa vie,
28:41ça vous réveillait
28:42la nuit,
28:43de temps en temps ?
28:44Oui,
28:45je l'ai dit,
28:46ça a dû m'arriver
28:47quelques fois,
28:48je ne vais pas
28:49non plus exagérer.
28:50Il y a des gens
28:51qui ont vraiment
28:52souffert de Mengele.
28:53Plonger là-dedans
28:54n'est pas simple.
28:55Je ne suis pas un spécialiste
28:56de la Shoah,
28:57je me suis toujours
28:58tenu un peu à l'écart
28:59parce que je pense
29:00que ça peut vraiment
29:01bouffer littéralement.
29:02Mais là,
29:03je n'avais pas le choix,
29:04il fallait que je lise
29:05sur lui,
29:06il fallait aussi
29:07que je lise
29:08notamment sur
29:09les médecins nazis
29:10dans les camps.
29:11Et en même temps,
29:12il fallait une écriture neutre.
29:13Ça, c'est très important
29:14parce qu'en général,
29:15vous auriez pu écrire
29:16une fresque...
29:17Non, il fallait...
29:18Souvent,
29:19je module mon écriture
29:20en fonction des sujets
29:21sur lesquels
29:22j'écris.
29:23Et là, pour Mengele,
29:24c'est une course-poursuite,
29:25quelque part,
29:26c'est une traque.
29:27Et c'est la traque aussi
29:28d'un personnage très particulier.
29:29Et donc,
29:30il s'agit
29:31d'éviter au maximum
29:32les métaphores,
29:33pas trop d'adjectifs,
29:34beaucoup de verbes,
29:35en fait.
29:36L'idée de la course-poursuite,
29:37d'une certaine manière.
29:38Donc un livre assez ramassé.
29:39Oui, et ça veut dire
29:40que tu dois en faire
29:41pendant trois ans
29:42pour écrire un livre.
29:43Oui, enfin,
29:44trois ans...
29:45En tout cas,
29:46un an même pas,
29:47six, sept mois
29:48d'écriture très intense.
29:49Mais quand j'écris,
29:50c'est toujours très intense.
29:51Je ne fais que ça
29:52sept jours sur sept.
29:53Ça dure le temps
29:54que ça doit durer,
29:55mais il n'y a rien d'autre.
29:56Et ce livre,
29:57effectivement,
29:58a été traduit,
29:59je crois,
30:00dans une dizaine de langues.
30:01Plus, plus.
30:02On en doit être
30:03à trente aujourd'hui.
30:04Puis il y a eu
30:05une adaptation
30:06en bande dessinée,
30:07il y a une adaptation
30:08en théâtre,
30:09il y a une adaptation
30:10en cinéma qui arrive.
30:11Donc ça a été
30:12un gros truc.
30:13Et vous attendiez
30:14un tel succès ?
30:15Jamais un tel succès.
30:16On écrit les livres
30:17qu'on a envie d'écrire
30:18puis après,
30:19à partir du moment
30:20où un livre sort,
30:21il ne vous appartient plus.
30:22Il fait sa vie
30:23ou il ne fait pas sa vie.
30:24Mais
30:25vous ne pouvez rien faire.
30:26Et vous avez dit un jour,
30:27Olivier Guest,
30:28que vous étiez obsédé
30:29par les après-guerres.
30:30Oui.
30:31Oui, oui.
30:32Pendant très longtemps.
30:33C'est un thème qui continue
30:34de m'intéresser.
30:35Surtout
30:36l'après-guerre
30:37en Europe,
30:38en fait.
30:39C'est-à-dire que
30:40quand on voit jusqu'où
30:41l'Europe est arrivée
30:42entre 1914 et 1945,
30:43les blessures
30:44qu'elle s'est infligées,
30:45le suicide européen,
30:46comment
30:48des individus,
30:49des familles,
30:50des villes,
30:51des sociétés,
30:52des nations
30:53se reconstruisent
30:54et à quel prix.
30:55D'abord,
30:56c'est mon histoire
30:57personnelle.
30:58Et
30:59par ailleurs,
31:00je pense
31:01qu'on en est
31:02toujours là.
31:03Je pense que l'Europe
31:04ne s'est jamais vraiment remise
31:05des crimes de Mengele.
31:06Quand je dis de Mengele,
31:07c'est ce que représente
31:08Mengele.
31:09Je pense que l'Europe
31:10n'est jamais vraiment
31:11sortie de ça.
31:12Je ne suis pas sûr
31:13qu'elle réussisse
31:14un jour à s'en sortir.
31:15Mais en plus,
31:16elle réussit.
31:17Moi, je me souviens
31:18d'avoir interviewé
31:19Bette Klarsfeld
31:20à tout début.
31:21Je travaillais avec
31:22Philippe Bouvard.
31:23À l'époque,
31:24elle était l'une des rares
31:25à traiter ce genre de sujet,
31:26à commencer la traque
31:27avec son mari.
31:28Et ça n'intéressait
31:29absolument personne.
31:30Non, ça n'intéressait
31:31pas grand monde.
31:32En fait,
31:33il y a des modes
31:34comme pour tout.
31:35Et je crois que
31:36le basculement
31:37en Occident,
31:38c'est ce feuilleton
31:39qui s'appelait Holocaust,
31:40diffusé à la fin
31:41des années 70.
31:42Parce que c'était
31:43l'incarnation du destin
31:44d'une famille juive
31:45en Asie.
31:46Donc, il y avait
31:47une projection personnelle.
31:48En tout cas,
31:49en Allemagne,
31:50il y a un avant
31:51et un après.
31:52Avant,
31:53il y avait des...
31:54Pardon,
31:55je vous interromps,
31:56mais il y avait
31:57des historiens
31:58qui ont tout de suite
31:59travaillé,
32:00où il y a eu
32:01des mémoires,
32:02mais effectivement
32:03qui n'intéressaient
32:04personne.
32:05Mais à partir
32:06de ce moment,
32:07ce feuilleton
32:08est diffusé
32:09et puis aussi
32:10parce que le temps
32:11passe.
32:12En tout cas,
32:13en Allemagne,
32:14encore dans une moindre
32:15mesure,
32:16l'Autriche,
32:17encore plus tard,
32:18l'Allemagne s'attaque
32:19vraiment à ce passé
32:20à partir du moment
32:21de la génération
32:22qui n'était pas
32:23nécessairement au manet,
32:24mais en tout cas
32:25qui était active
32:26pendant la Seconde Guerre
32:27mondiale,
32:28part à la retraite.
32:29C'est-à-dire qu'en fait,
32:30les structures de l'État,
32:31les structures de la société
32:32ne seront pas menacées.
32:33Il y aurait eu un travail
32:34pareil dans les années
32:3550-60.
32:36C'était la moitié
32:37de toute l'administration
32:38qu'il aurait fallu licencier.
32:39Peut-être plus,
32:40même,
32:41les juges,
32:42les universitaires,
32:43mais là,
32:44à la fin des années 70,
32:45on peut se permettre
32:46parce qu'une nouvelle génération
32:47est arrivée
32:48et les a remplacées.
32:49Et en France aussi,
32:50il a fallu attendre
32:51une trentaine d'années.
32:52C'est le chagrin
32:53et la pitié.
32:54C'est le livre
32:55de Robert Paxton
32:56sur la France de Vichy
32:57pour ébranler
32:58un petit peu les consciences.
32:59Mais après,
33:00c'est aussi humain,
33:01j'ai envie de dire.
33:02C'est-à-dire que tout le monde
33:03avait envie de se reconstruire.
33:04Tout le monde avait envie
33:05d'oublier la guerre.
33:06Les victimes
33:07comme les bourreaux,
33:08tout le monde était
33:09se projeter vers l'avant.
33:11On n'en parlait même pas
33:12en famille.
33:13C'est ensuite,
33:14aujourd'hui,
33:15qu'on en parle.
33:16Mais parce que...
33:17D'abord,
33:18il faut aussi comprendre
33:19quelque chose.
33:20Les survivants étaient
33:21très mal vus à l'époque.
33:22C'est-à-dire,
33:23pourquoi lui a survécu
33:24et pas ma mère ou mon frère ?
33:25Qu'est-ce qu'il a fait ?
33:26Est-ce qu'il a trahi ?
33:27Est-ce qu'il a couché ?
33:28Est-ce qu'il a payé ?
33:29Ou que sais-je ?
33:30Et donc,
33:31la vision du survivant
33:32a évolué
33:33avec les décennies.
33:34Aujourd'hui,
33:35il en reste très peu,
33:36mais des années 80
33:37jusqu'à aujourd'hui,
33:38le survivant avait
33:39une figure de saint,
33:40quelque part.
33:41Mais ce n'était pas du tout
33:42le cas de la fin des années 40
33:43aux années 80.
33:44Alors,
33:45vous avez vécu à Berlin,
33:46à Londres,
33:47à Bruxelles,
33:48au Managua
33:49et maintenant en France.
33:50Pourquoi aussi cette...
33:51Non, non,
33:52je ne vis plus en France.
33:53Je vis à Rome aujourd'hui.
33:54Vous êtes mieux à Rome ?
33:55Je suis bien à Rome.
33:56Je suis très bien à Rome.
33:57Pourquoi ce goût
33:58de changer ?
33:59J'aime bien
34:00me sentir étranger.
34:01C'est un exil de luxe,
34:02on va dire.
34:03C'est un exil
34:04où je peux toujours rentrer.
34:05Non,
34:06parce que je veux
34:07j'adore
34:08les langues étrangères,
34:09j'adore
34:10m'immiscer,
34:11m'intégrer
34:12à une autre culture.
34:13J'aime bien
34:14ce mélange
34:15et
34:16parce qu'au fond,
34:17alors,
34:18à part la parenthèse
34:19nicaragouienne
34:20qui n'a pas duré très longtemps,
34:21je considère vraiment
34:22l'Europe
34:23comme mon territoire.
34:24C'est-à-dire,
34:25je suis chez moi en Europe.
34:26Donc,
34:27que je sois à Berlin,
34:28à la rigueur,
34:29je me sens mieux à Berlin
34:30qu'à Toulouse.
34:31Toulouse,
34:32pour moi,
34:33c'est très étranger.
34:34J'ai passé le confinement,
34:35le premier confinement en Bretagne,
34:36et j'aime
34:37les grandes villes européennes
34:38cosmopolites.
34:39C'est mon milieu.
34:40Et pas seulement l'Europe,
34:41on va en parler
34:42à travers la date
34:43de la sortie de votre livre,
34:44le 14 août 2024.
34:45A tout de suite
34:46sur Sud Radio
34:47avec Olivier Ghez.
34:48Sud Radio,
34:49les clés d'une vie.
34:50Jacques Pessis.
34:51Sud Radio,
34:52les clés d'une vie.
34:53Mon invité,
34:54Olivier Ghez.
34:55On a parlé de votre parcours
34:56de journaliste,
34:57du Prix Renaudot
34:58avec Joseph Mengele
34:59et le 14 août 2024
35:00est sorti
35:01Mésopotamia,
35:02un roman,
35:03un roman chez Grasset
35:04avec encore un personnage
35:05méconnu,
35:06Gertrude Bell,
35:07dont vous aviez entendu parler
35:08il y a quelques années
35:09avant même
35:10d'avoir l'idée
35:11d'écrire ce livre.
35:12Oui, oui, tout à fait.
35:13Quand j'étais jeune journaliste,
35:15donc des quelques années
35:16où j'étais salarié,
35:17je travaillais à la tribune,
35:18je m'occupais
35:19des questions pétrolières
35:20et du Moyen-Orient.
35:22Et donc,
35:23commence la guerre en Irak
35:24en 2003,
35:25donc je lis beaucoup
35:26sur la région.
35:27Il était question
35:28que j'aille en Irak
35:29à deux reprises
35:30à ce moment-là,
35:31ça ne s'est pas fait.
35:32Vous avez fait un livre,
35:33d'ailleurs.
35:35J'ai fait un livre,
35:36vous pensez à mon tout premier
35:37livre,
35:38La Grande Alliance.
35:39Oui, oui,
35:40c'est encore un livre
35:41géopolitique,
35:42j'ai compris qu'il ne fallait
35:43plus jamais faire
35:44de livre géopolitique
35:45lié à l'actualité.
35:46C'est risqué.
35:47Mais bon,
35:48c'est un ban d'essai.
35:51Je me suis arrêté,
35:53j'étais parti
35:54du Kurdistan turc
35:56pour essayer d'entrer
35:57au Kurdistan irakien
35:58et en fait,
35:59j'ai tellement traîné,
36:00j'ai bien mangé,
36:01j'ai beaucoup visité,
36:02j'avais un guide formidable.
36:05Plutôt que de me précipiter
36:06dans l'Irak en guerre,
36:08j'ai traîné
36:09et je ne suis jamais
36:10entré en Irak.
36:11Bref,
36:12toujours est-il
36:13qu'à ce moment-là,
36:14je lis beaucoup
36:15sur la région,
36:16sur l'Irak
36:17et
36:18j'entends parler
36:19d'une femme
36:20qui s'appelait Gertrude Bell
36:21et je tombe sur une photo
36:23qui a été prise
36:24en mars 1921
36:25au CAIR,
36:26à la conférence du CAIR
36:27et la conférence du CAIR,
36:28c'est la conférence
36:29lors de laquelle
36:31les britanniques
36:32autour de Winston Churchill
36:33jeune secrétaire
36:34aux colonies,
36:36dessinent les frontières
36:37du Moyen-Orient moderne.
36:38Donc à l'issue
36:39de cette conférence,
36:40une photo de groupe
36:41est prise,
36:42Churchill au milieu,
36:43Laurence,
36:44la fameuse Laurence d'Arabie
36:45derrière lui
36:46et autour d'eux
36:4739 voleurs
36:48et parmi
36:49les 40 voleurs
36:50de Churchill,
36:51il les appelait comme ça,
36:52il y a une voleuse
36:53à l'extrême gauche,
36:55grand chapeau,
36:56un boa en fourrure
36:57et donc cette femme
36:58et Gertrude Bell
36:59et je me suis demandé
37:00mais qui est cette femme ?
37:01Qu'est-ce qu'elle fait
37:02sur cette photo ?
37:03Donc c'est là que j'ai compris
37:04qu'elle avait une vie
37:05absolument extraordinaire
37:06et qu'en fait
37:07elle était l'architecte
37:08de la Mésopotamie moderne,
37:09ce royaume d'Irak
37:10qui deviendra
37:11la République d'Irak.
37:12C'est-à-dire qu'en fait
37:13c'est une femme
37:14qui était
37:15une femme
37:16de la haute société britannique
37:17qui aurait pu avoir
37:18une vie du côté
37:19du château de Winston
37:20et qui a voulu
37:21tout à fait autre chose.
37:22Elle se sentait mal à l'aise,
37:23elle n'était pas...
37:25Elle avait
37:26d'autres aspirations,
37:28elle n'a pas réussi
37:29à se marier
37:30à l'âge où on se mariait
37:31dans ces milieux-là,
37:32c'est-à-dire très jeune,
37:33autour de la vingtaine.
37:35Elle attendait autre chose,
37:36elle aimait la politique,
37:38elle aimait l'histoire,
37:39elle aimait les voyages
37:40et donc au fur et à mesure
37:42elle largue les Amars
37:43pour devenir
37:44sans doute
37:45la meilleure spécialiste
37:46des déserts
37:47de Syrie,
37:48d'Arabie
37:49et de Mésopotamie
37:50juste avant
37:51la Première Guerre mondiale.
37:52Et elle apprend les langues
37:53donc le persan ?
37:54Elle commence,
37:55elle découvre l'Orient
37:56en Perse
37:57où l'un de ses oncles
37:58est ambassadeur
37:59de Grande-Bretagne.
38:01Mais son grand amour
38:02c'est l'Arabe.
38:03Donc elle étudie
38:04l'Arabe à Jérusalem
38:05en 1899
38:06ou 1900,
38:07je ne me souviens plus.
38:08Et à partir de là
38:09elle va commencer
38:10à s'aventurer,
38:11elle va quitter les villes
38:12pour s'aventurer
38:13dans les déserts.
38:14D'abord autour de Jérusalem,
38:15ensuite vers la Syrie,
38:16ensuite l'Arabie,
38:17la Mésopotamie.
38:18Elle va découvrir
38:19les tribus de Bédouins ?
38:21Plus qu'elle les découvre,
38:22c'est-à-dire qu'elle va trouver
38:23en les Bédouins
38:24des espèces de frères,
38:26des compagnons,
38:27des frères d'âmes.
38:28Ce sont des personnes
38:29qui,
38:30ces Bédouins,
38:31lui ressentent
38:32d'une certaine manière.
38:33Ils sont rebelles
38:34et conservateurs,
38:35par exemple.
38:36Ils sont libres,
38:37ils aiment le voyage,
38:38ils sont attachés aux traditions,
38:39ils ont tout un code d'honneur.
38:41Et c'est ce qui va séduire
38:42aussi le jeune Lawrence
38:43qui est le grand ami
38:44de Gertrude Bell.
38:45Voilà,
38:46ils se sont rencontrés comment ?
38:47Ils se sont rencontrés
38:48sur un site archéologique
38:49puisque Gertrude Bell
38:50a aussi été archéologue
38:51et Lawrence
38:52était aussi archéologue
38:53et à l'époque les deux
38:54d'ailleurs travaillaient déjà
38:55pour les services
38:56secrets britanniques.
38:57Et donc elle,
38:58elle revient de Mésopotamie
38:59justement,
39:00on est en 1911
39:01et elle veut saluer
39:02un ami
39:03qui travaille
39:04sur un site archéologique
39:05dans le nord de la Syrie,
39:06sur un site
39:07qui s'appelle Carkemish
39:08où on fait des fouilles
39:10sur une forteresse
39:12hittite.
39:13Elle,
39:14l'ami en question
39:15n'est pas là
39:16et elle est accueillie
39:17par deux hommes
39:18dont l'un est un
39:19petit monsieur
39:20très jeune,
39:21des cheveux blonds,
39:22paille,
39:23viking,
39:24accoutré
39:25d'une manière
39:26très bizarre,
39:27très excentrique
39:28avec un blazer
39:29et un bermuda
39:30de flannel,
39:31de haute chaussette,
39:32une grande ceinture rouge
39:33arabe,
39:34très impertinent
39:35mais passionnant
39:36qui est le
39:37jeune Lawrence.
39:38Et donc ils se rencontrent
39:39à ce moment-là
39:40et en fait
39:41ils se rencontrent,
39:42ils partagent
39:43beaucoup,
39:44beaucoup
39:45d'affinités
39:46que ce soit
39:47la culture classique,
39:48que ce soit
39:49leur éducation
39:50à Oxford,
39:51le fait de se sentir
39:52à l'étroit
39:53en Angleterre
39:54et une
39:55presque
39:56de la haine
39:57vis-à-vis
39:58des Français.
39:59C'est quelque chose
40:00aussi qui les lie,
40:01c'est qu'ils ne supportent
40:02pas les Français.
40:03Ce qui est curieux
40:04aussi,
40:05c'est qu'il y a eu
40:06un film,
40:07on va écouter
40:08le générique,
40:09et justement
40:10Gertrude Bell,
40:11on n'en parle pas
40:12dans ce film.
40:13Lawrence d'Arabie
40:14adapté
40:15des
40:16Sept Piliers
40:17de la Chagesse
40:18qui était son livre.
40:19Alors je ne sais pas
40:20si vous le savez
40:21mais en fait
40:22il y a trois versions
40:23de ce film.
40:24Il y a une version
40:25de 227 minutes
40:26en 62,
40:27puis en 89
40:28une version
40:29de 227 minutes
40:30et il y a quelques années
40:31une version
40:32de 226 minutes.
40:33Non, je ne savais pas.
40:34Je ne sais pas
40:35laquelle j'ai vue d'ailleurs.
40:36Les trois existent
40:37aujourd'hui
40:38mais surtout
40:39au départ
40:40le rôle
40:41de Lawrence d'Arabie
40:42avait été offert
40:43à Marlon Brando
40:44qui a refusé.
40:45Ensuite il y a eu
40:46Albert Finet
40:47qui a refusé,
40:48Anthony Perkins
40:49qui a refusé
40:50et c'est comme ça
40:51que Peter Hothoul
40:52est devenu une star.
40:53Il peut les remercier.
40:54Ça je savais.
40:55Alors ce film
40:56effectivement
40:57Lawrence d'Arabie
40:58grâce à vos recherches
41:00on découvre
41:01combien Gertrude Bell
41:02a été aussi importante
41:03et pourquoi on n'en parle pas ?
41:04Et peut-être même plus importante.
41:05On n'en parle pas
41:06parce que
41:07parce que
41:08Lawrence a écrit
41:09d'abord parce que
41:10Gertrude est une femme
41:11et qu'effectivement
41:12les femmes à l'époque
41:13on les enterre assez rapidement
41:14on n'en parle pas beaucoup.
41:15Ensuite parce que
41:18Lawrence a écrit un chef-d'oeuvre
41:21Les Sept Piliers de la Sagesse
41:23qui font partie
41:24le livre fait partie
41:25des grands chef-d'oeuvre
41:27de la littérature mondiale
41:28au XXe siècle.
41:29Il y a ce film.
41:30Et puis aussi parce que
41:33donc
41:34Lawrence est un héros romantique
41:36quelque part.
41:37Il lance la révolte arabe.
41:38Alors moi dans le livre
41:39je raconte comment est née
41:40l'idée de cette révolte arabe.
41:41La geste est beaucoup moins révolutionnaire
41:43et généreuse
41:44que le film
41:45la laisse entendre.
41:48Mais à la rigueur
41:49peu importe.
41:50Mais lui n'a pas été associé
41:52à une création aussi durable
41:54que le royaume d'Irak.
41:55Or le royaume d'Irak
41:56c'est une catastrophe.
41:57Au fond c'est un monstre
41:59quelque part
42:00morné dès le départ
42:02l'idée d'associer
42:03des populations
42:04qui ne se sont jamais entendues
42:05de religions différentes
42:08dirigées par une minorité
42:12et Gertrude Bell
42:13en est largement responsable
42:16a fait qu'on ne pouvait pas
42:18associer Gertrude Bell
42:19à une grande réussite géopolitique.
42:21Alors qu'elle a été
42:22un acteur majeur
42:23de la géopolitique
42:24de la région.
42:25Comment elle a été repérée
42:26par les britanniques
42:28par les services secrets
42:29qui l'ont engagée ?
42:30Est-ce que vous voulez
42:31la version du livre
42:32ou la vraie version ?
42:33La vraie version.
42:34La vraie version en fait
42:35moi je simplifie un petit peu.
42:36Elle avait un ami
42:37qui travaillait
42:38qui était journaliste
42:39pour le Times
42:40qui était correspondant étranger
42:41et qui en fait
42:42travaillait pour les services secrets
42:43et c'est lui
42:44qui va la mettre en contact.
42:48Moi j'ai un peu simplifié les choses
42:49cet homme disparaît
42:50dans le roman
42:51et j'écris que c'est son oncle
42:55qui est l'ambassadeur de Perse
42:57qui va avertir
42:58le foreign office.
42:59Mais à l'époque déjà
43:00effectivement tous ces gens
43:01gravitent dans le même milieu
43:03il est très probable
43:04que l'oncle en question
43:05signale la présence de sa nièce
43:08signale les talents
43:09de cette jeune femme.
43:11Oui, talent diplomatique
43:12parce qu'elle va naviguer
43:13et les femmes sont rares
43:14au niveau de la diplomatie
43:15et dans ce livre
43:16vous racontez son parcours
43:17qui va l'amener très loin
43:18pour justement construire
43:19le Moyen-Orient d'aujourd'hui.
43:20Tout à fait.
43:21C'est un parcours
43:22tout à fait improbable
43:23elle est vraiment la seule femme
43:24c'est la grande différence
43:25parce qu'il y a d'autres
43:26exploratrices exceptionnelles
43:27à l'époque
43:28mais elle la grande différence
43:30c'est qu'en fait
43:32elle a des responsabilités
43:33politiques immenses
43:35des responsabilités historiques
43:36donc elle est d'abord
43:37chef des renseignements
43:39après son arrivée à Bassora
43:41puis à Bagdad
43:42et ensuite elle est l'architecte
43:44de la création
43:45de ce royaume d'Irak
43:47elle va dessiner ses frontières
43:49elle va décider
43:50en tout cas
43:51elle va convaincre
43:52les responsables
43:53de la nécessité
43:54d'associer Kurdes
43:55Sunnites
43:56et Chiites
43:57ce qui s'est révélé
43:58une folie
43:59elle va imposer
44:00un monarque
44:01qui est le roi Faisal
44:02donc la famille des Achémites
44:03celle qui est toujours
44:04au pouvoir en Jordanie
44:05et aujourd'hui
44:06de régner sur l'Irak
44:07alors qu'il n'avait jamais mis
44:08les pieds en Mésopotamie
44:09donc tout ça
44:10on le lui doit
44:11et donc c'est la grande différence
44:12avec ces autres femmes
44:13et par ailleurs
44:14la différence avec ces autres femmes
44:15c'est que ces femmes
44:16étaient plutôt émancipées
44:17elles étaient avant-gardistes
44:18elle est très conservatrice
44:20elle ne se voit pas du tout
44:21comme l'avant-garde
44:22une avant-garde féministe
44:24mais au contraire
44:25c'est une aventure personnelle
44:26individuelle
44:27et elle se considère plutôt
44:28comme l'égal d'un homme
44:30oui
44:31elle est anti-suffragette
44:32elle est entre autres
44:33anti-suffragette
44:34absolument
44:35elle est même présidente
44:36de la ligue anti-suffragette
44:37du nord de l'Angleterre
44:38donc ça va assez loin
44:39son engagement
44:40elle est forte
44:41les suffragettes
44:42elles sont nées en 1903
44:43je ne sais pas si vous le savez
44:44c'est une dame
44:45qui s'appelait
44:46Christine Pancourse
44:47qui avec ses trois filles
44:48ont fondé
44:49la Women's Social
44:50and Political Union
44:51il y avait
44:52Christabelle
44:53Sylvia et Adela
44:54et elles ont essayé
44:55de faire des femmes
44:56les égales des hommes
44:57c'est les premières
44:58à avoir tenté ça
44:59absolument
45:00et elles apparaissent
45:01à un moment
45:02lors d'un déjeuner
45:03chez des amis
45:04de la famille Belle
45:05justement
45:06de cette bonne société britannique
45:07il se trouve
45:08et vous le racontez
45:09dans votre livre
45:10Olivier Guez
45:11qu'elle est arrivée
45:12justement au bon moment
45:13c'est-à-dire
45:14que c'est le moment
45:15où elle a redécouvert
45:16la Mésopotamie
45:17en disant
45:18tiens l'avenir est peut-être là
45:19alors c'était le passé
45:20Oui parce que
45:21pendant des siècles
45:22en fait
45:23le Moyen-Orient
45:24quelque part
45:25qu'on n'appelait pas
45:26le Moyen-Orient
45:27encore à l'époque
45:28était tombé en déshérence
45:29c'est-à-dire que
45:30l'axe du monde
45:31était passé justement
45:32du Moyen-Orient
45:33qui est évidemment
45:34le nombril du monde
45:35à l'époque de l'Antiquité
45:36et bien plus tard encore
45:38puisque c'est le lieu
45:39où se croisent
45:40les grandes caravanes
45:41commerciales
45:42entre l'Asie
45:43l'Europe et l'Afrique
45:44donc ce Moyen-Orient
45:45avait quasiment disparu
45:46au profit de l'Atlantique
45:47et à partir du moment
45:48où on avait contourné
45:49l'Afrique
45:50pour arriver aux Indes
45:51à la fin du 19ème siècle
45:52le Moyen-Orient
45:53reprend toute sa place
45:54d'abord parce qu'on creuse
45:55on perce le canal de Suez
45:56et donc on raccourcit
45:57considérablement
45:58la durée
45:59des caravanes
46:00commerciales
46:01j'allais dire
46:02modernes
46:03et puis surtout
46:04parce que
46:05commence
46:06la 2ème révolution
46:07industrielle
46:08qui fonctionne
46:09au pétrole
46:10et le pétrole
46:11c'est un pétrole
46:12qui est un pétrole
46:13et le pétrole
46:14il n'y en a pas partout
46:15et il n'y en a pas du tout
46:16dans l'Empire britannique
46:17mais il n'y en a pas
46:18ou très peu
46:19dans l'Empire français
46:20il y en a un petit peu
46:21dans l'Empire russe
46:22mais il n'y en a pas
46:23en Allemagne
46:24pardon
46:25et donc
46:26toutes ces grandes puissances
46:27à partir de la fin
46:28du 19ème
46:29vont jeter leur dévolu
46:30sur le Moyen-Orient
46:31qui à l'époque
46:32appartient encore
46:33à l'Empire ottoman
46:34Moribond
46:35et donc
46:36c'est comme ça
46:37que la Mésopotamie
46:38le pays entre les deux fleuves
46:39qui était le grenier
46:40à blé de l'Orient
46:41antique
46:42redevient
46:43l'objet
46:44de
46:45l'objet
46:46de biens déconquérants
46:47ce travail
46:48vous a demandé 6 ans
46:49Olivier Guèze
46:50avec beaucoup de recherches
46:51dans les archives
46:52pas tant dans les archives
46:53encore une fois
46:54moi je ne suis pas historien
46:55mais beaucoup
46:56beaucoup
46:57beaucoup
46:58beaucoup
46:59de lectures
47:00énormément de lectures
47:01parce que
47:02ça touche à tellement
47:03de sujets
47:04il fallait déjà entrer
47:05dans la peau
47:06d'une femme
47:07née en 1868
47:08donc je suis quand même
47:09très éloigné
47:10ensuite
47:11donc il fallait comprendre
47:12la condition féminine
47:13sous Victoria
47:14sous Édouard
47:15il y a toute la littérature
47:16autour de la première
47:17guerre mondiale
47:18de l'Empire des Indes
47:19qui est directement responsable
47:20de la région
47:21de la région du Golfe
47:23le jeu allemand
47:24au Moyen-Orient
47:25le jeu français
47:26les biographies
47:27de Churchill
47:28de Lawrence
47:29il y en a eu tellement
47:30donc tout ça
47:31il fallait
47:32il fallait
47:33le digérer
47:34donc ça a pris
47:35ça a pris du temps
47:36oui en effet
47:37je crois qu'il y a un retour
47:38aux sources qui est prévu
47:39une présentation
47:40au Parlement européen
47:41de Strasbourg
47:42c'est vrai
47:43là
47:44ce sera ce week-end
47:45le 21 septembre
47:46oui voilà
47:47tout à fait
47:48et ça
47:49c'est presque
47:50une consécration
47:51ça me fait très plaisir
47:52en tout cas
47:53parce que finalement
47:54tout est parti de là
47:55vous imaginiez
47:56faire un tel parcours
47:57et faire un tel travail
47:58sur des livres
47:59ou sur des articles
48:00on imagine rarement
48:01en tout cas
48:02j'ai conscience
48:03de la chance
48:04que j'ai
48:05oui ça c'est clair
48:06de pousser
48:07à partir
48:09dans un monde
48:10comme le nôtre
48:11pouvoir vivre
48:12de sa plume
48:13en écrivant sur des choses
48:14qui vous intéressent
48:15c'est très rare
48:16on n'est pas très nombreux
48:17et des choses
48:18qu'on ne connaît pas
48:19en plus
48:20mais qu'au départ
48:21je connais mal aussi
48:22donc c'est-à-dire que
48:23quelque part
48:24cette volonté
48:25de transmettre
48:26de raconter
48:27d'écrire des récits
48:28est vraiment la chose
48:29qui m'anime
48:30en tout cas
48:31ce livre
48:32Mésopotamia
48:33que je recommande
48:34à celles et ceux
48:35qui nous écoutent
48:36c'est un voyage
48:37on découvre un pays
48:38on découvre le monde d'hier
48:39et le monde d'aujourd'hui
48:40c'est une synthèse
48:41c'était l'ambition
48:42c'est-à-dire raconter
48:43à travers le parcours
48:44tout à fait exceptionnel
48:45la vie exceptionnelle
48:46de cette femme
48:47la genèse du Moyen-Orient
48:48et la genèse en fait
48:49du monde moderne
48:50et bien mission accomplie
48:51et bien merci
48:52ça s'appelle
48:53Mésopotamia
48:54chère Grassey
48:55merci Olivier Guez
48:56d'avoir écrit
48:57et continuez ainsi
48:58merci beaucoup
48:59l'écriture d'une vie
49:00c'est terminé pour aujourd'hui
49:01on se retrouve bientôt
49:02restez fidèles
49:03à l'écoute de Sud Radio