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00:00Jean Garrigue, vous êtes historien spécialiste de la politique, président de la commission internationale d'histoire des assemblées.
00:06Nous l'avons vu à l'instant, environ 95 triangulaires vont avoir lieu dimanche lors du second tour.
00:12C'est bien moins que les plus de 300 qui avaient été annoncés le soir du premier tour.
00:17Les consignes des partis, on peut le dire, ont finalement été plutôt respectées par les différents candidats.
00:23À qui ces désistements pourrait-il le plus profiter ?
00:27C'est-à-dire qu'arithmétiquement, on se dit que ça profitera surtout aux candidats du nouveau front populaire
00:35parce qu'ils sont plus puissants et mieux implantés dans beaucoup de circonscriptions.
00:40Mais ça profitera aussi aux candidats d'ensemble qui sont les mieux placés.
00:45Donc chacun y trouvera son bénéfice.
00:48Et ça aura un impact de toute façon sur le Rassemblement national et leurs candidats ?
00:53Alors, ça aura un impact si les électeurs suivent les consignes de leur parti ou de leurs élus.
01:00De leurs candidats plus exactement.
01:02Si les candidats eux-mêmes manifestent un enthousiasme d'abord à suivre les consignes qui ont été données,
01:10c'est le cas en général, il faut bien le dire.
01:12Mais on peut être un peu hésitant sur le comportement des électeurs
01:18parce que des enquêtes qui ont été menées montraient qu'à peu de choses près,
01:24la France insoumise semblait à l'ensemble des électeurs plus répulsive que le Rassemblement national.
01:30Ce qui fait que dans le cas où le candidat du nouveau front populaire serait un LFI, la France insoumise,
01:37on est moins sûr de la détermination des électeurs.
01:41C'est pour ça qu'on a entendu d'ailleurs dans différents reportages ces électeurs qui se disent un peu déboussolés,
01:45qui ne savent plus trop où aller finalement.
01:48C'est vrai que c'est quand même compliqué d'imaginer une alliance entre des gens qui se sont tapés dessus
01:55pendant des années, en tout cas depuis six mois de manière très virulente,
01:59y compris d'ailleurs au sein même du nouveau front populaire.
02:02Parce qu'on a bien vu qu'il y avait une césure entre d'un côté la France insoumise,
02:06de l'autre côté les partenaires du nouveau front populaire,
02:10et y compris au sein même de la France insoumise,
02:12où on voit très bien là aussi qu'il y a une ligne Mélenchon de conflictualité,
02:16une autre ligne que pourrait incarner un François Ruffin, une Clémentine Autain, qui n'est pas la même.
02:21Donc c'est vrai que là, il faut vraiment que la mythologie du front populaire,
02:27du barrage au Rassemblement national, soit plus puissante que ce réflexe d'hésitation
02:33et ces ambiguïtés qui ont été constatées par les électeurs.
02:37Mais est-ce que c'est possible ? Parce que quand on voit, comme vous l'évoquiez,
02:41que le nouveau front populaire, il y a déjà énormément de dissensions,
02:44on a vu aussi comment ça s'est passé, comment ça s'est fini avec la Nupes,
02:47donc est-ce qu'on peut se dire que ça peut aller dans le bon sens ou pas ?
02:51Surtout pour les prochaines semaines même, par exemple.
02:54Si on se réfère aux arguments qui sont employés par le nouveau front populaire,
02:58et notamment par Marine Tondelier, il faut remarquer que c'est elle qui est en première ligne.
03:02Oui, et puis on la voit très en première ligne depuis quelques jours.
03:05Voilà, on la voit beaucoup et on voit moins les représentants de la France insoumise.
03:08Ce n'est pas un hasard.
03:10Donc l'idée, c'est de dire qu'il y a une priorité qui est le barrage au Rassemblement national,
03:16et pour le reste, on verra après.
03:18On verra après ce qu'on en fera.
03:20Parce que l'après, justement, c'est très probablement,
03:24s'il n'y a pas une majorité absolue pour le Rassemblement national,
03:27c'est très probablement une chambre qui sera avec des majorités relatives, potentielles.
03:32Donc il faudra trouver des solutions politiques adaptées à cette situation.
03:37On va l'évoquer notamment dans un instant,
03:39mais maintenant qu'on sait justement qu'il va y avoir ces 95 triangulaires environ,
03:43on attend quand même toujours que le ministère de l'Intérieur nous donne les chiffres exacts,
03:48le Rassemblement national a-t-il quand même toujours une chance d'avoir cette majorité absolue,
03:53ou ça s'en est vraiment éloigné avec ces triangulaires qui ont considérablement baissé ?
03:57Je vais faire une réponse de normance.
03:59Cette hypothèse s'est éloignée, mais elle est encore possible.
04:03D'autant plus qu'en réalité, ce qui est à mon sens,
04:07l'intention ou la stratégie,
04:10c'est pas une stratégie, en tout cas les possibilités qui s'ouvrent pour le Rassemblement national,
04:14c'est de ne pas avoir une véritable majorité absolue seule,
04:19c'est-à-dire Rassemblement national plus siotiste,
04:23mais d'arriver à 270 députés,
04:27de manière ensuite à pouvoir raisonnablement, parce que ça peut se faire,
04:32débaucher une dizaine, une quinzaine de députés venus de la droite, du centre droit,
04:37qui seraient intéressés par des responsabilités, peut-être ministérielles,
04:42dans un gouvernement Bardella.
04:44Donc cette hypothèse-là, elle reste possible.
04:48Elle s'est éloignée, et beaucoup s'en féliciteront, d'autres le regretteront,
04:53mais en tout cas elle s'est éloignée, mais elle reste possible,
04:56et je le répète en rappelant que cela veut dire
04:59que si vous avez un gouvernement d'extrême droite la semaine prochaine,
05:04il aura été composé grâce au ralliement des républicains d'Éric Ciotti,
05:11qui portera une responsabilité historique dans l'arrivée d'un parti de culture d'extrême droite au pouvoir.
05:18Alors, sur les plus de 221 candidats qui ont jeté l'éponge,
05:22ce sont en grande majorité des candidats du Nouveau Front Populaire,
05:26132, 83 du camp présidentiel et du centre.
05:30Chez les LR, ça a été quand même plutôt le maintien,
05:33malgré deux désistements de deux candidats.
05:36Ça a coûté beaucoup à certains candidats de le faire,
05:38mais ils ont quand même choisi de respecter.
05:41Ça a coûté notamment à la ministre sortante, Dominique Faure.
05:45Est-ce qu'on peut dire, quand on voit ça, que le Front Républicain est en marche ?
05:50Est-ce qu'il fonctionne ?
05:52Malgré tout, il fonctionne.
05:54D'ailleurs, l'idée du Front Républicain,
05:58c'est l'idée qui a permis dans un premier temps la structuration du Nouveau Front Populaire.
06:02Alors, ils l'ont appelé Nouveau Front Populaire en référence à 1936,
06:06et parce que ça ne réunissait qu'une partie au fond de l'arc républicain,
06:10en laissant de côté, justement, le centre, ce qu'on appelle la Macronie,
06:14mais Horizons ensemble, etc.
06:16Donc, ça veut dire que ça fonctionne.
06:20De toute manière, ça fonctionne.
06:22Et la preuve en est qu'une grande majorité de désistements ont eu lieu,
06:27que les consignes ont plutôt été suivies.
06:30Ça veut dire que ça fonctionne encore.
06:32Mais on ne pourra être sûr du fonctionnement que si les électeurs confirment...
06:38Ce qui revient toujours au même aux électeurs, c'est ça.
06:41La parole revient aux électeurs.
06:43D'ailleurs, c'est bien, c'est le jeu de la démocratie.