Législatives : "Le Front républicain a du plomb dans l'aile"

  • il y a 4 mois

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00:00Les temps ont bien changé, Philippe Breault, ce front républicain qu'on a souvent invoqué ces dernières années.
00:05Cette expression a-t-elle encore un sens politique pour vous ?
00:08Bien sûr que le front républicain a du plomb dans l'aile.
00:11Ça marchait très bien en 2002 parce que c'était le parti de Jean-Marie Le Pen
00:17et que c'était un parti qui, en fait, ne pesait pas 30% des électorats français mais 5-10% à l'époque.
00:26Donc c'était un parti, franchement, aux extrêmes.
00:29Et il n'y avait que des petites milices, que des petits partis sectes qui étaient sur sa droite.
00:34Aujourd'hui, ça a bien changé.
00:36Est-ce qu'on peut considérer comme étant un parti infréquentable,
00:40un parti qui fait 32% des électeurs français,
00:43donc 32% de citoyens français qui partageraient des idées extrémistes ?
00:49Il ne faut quand même pas oublier que depuis la mort politique de Jean-Marie Le Pen,
00:57une nouvelle équipe a pris le pouvoir au RN.
01:06Et on ne peut plus considérer ce parti comme étant extrémiste pour un certain nombre de raisons.
01:15Je ne parle pas des politiques qui ont intérêt à dire que c'est encore un parti extrémiste.
01:20C'est normal, c'est une logique électorale.
01:23Mais concrètement, pour vous aujourd'hui,
01:26le programme qui est défendu par Jordan Bardella et la RN n'est plus un programme d'extrême droite ?
01:32Ce qu'il faut dire, oui.
01:34Je dirais ceci, c'est que manifestement le RN suit la ligne Meloni en Italie.
01:42En Italie, comment est-ce que Giorgia Meloni a fonctionné ?
01:48Elle s'est donné un rôle de bonne élève au niveau européen.
01:54La présidence du G7 est un triomphe pour elle.
01:58Et d'autre part, elle a en fait modéré, peut-être pas sa rhétorique anti-immigrés,
02:03mais modéré beaucoup ses positions en politique intérieure.
02:07Or, qu'est-ce qu'on constate si on se place uniquement du point de vue factuel ?
02:13Qu'est-ce qu'on constate du côté du RN ?
02:16Le RN, ou le FN avant, était pour la sortie de l'Europe.
02:21C'est terminé.
02:22Pour la sortie de l'euro.
02:24C'est terminé.
02:25Il était pour, comment dirais-je, pour...
02:32Il acceptait la normalisation, pardon, la cohabitation.
02:36Il accepte la cohabitation maintenant.
02:38Alors qu'avant, il réclamait évidemment la disparition,
02:43enfin la démission du président de la République.
02:46Il parle même de dissoudre le GUD.
02:50Est-ce que c'est pas un leurre tout ça ?
02:52On a entendu la feuille de route de Jean-Denis Pardela.
02:54On dit très timide, coup de frein, très net.
02:57Mais est-ce que c'est pas un leurre pour accéder plus vite au pouvoir ?
03:00Oui, mais ça fait beaucoup de leurres quand même qui s'additionnent.
03:02Et finalement, il est de plus en plus difficile.
03:06D'ailleurs, on le voit bien.
03:08Le combat contre le RN a échoué.
03:11Il se battait sur le terrain.
03:13Il est non fréquentable.
03:15Mais quand un parti qui est fréquenté par 32% des électeurs,
03:19ça peut plus être considéré comme infréquentable.
03:22Et sur quel thème, exactement, on peut le dire infréquentable ?
03:28Je dis bien dans l'abstrait.
03:31Le thème de la préférence nationale, qui est un thème extrêmement polémique,
03:34qui vient tout juste d'être envoyé plus tard à la présidentielle,
03:37dans l'influence du RNB.
03:38Est-ce qu'on peut y croire réellement ?
03:40Écoutez, comment dirais-je ?
03:43Il va être élu sur ce programme-là, n'est-ce pas ?
03:46La préférence nationale, je n'en parle plus.
03:49Le code de la nationalité, je veux privilégier la loi du sol.
03:54Mais finalement, c'est cosmétique tout ça.
03:56Et l'immigration, il veut verrouiller l'accès...
04:01Il veut verrouiller l'immigration.
04:07Mais sur quel thème, exactement ?
04:09Sur le terrain économique, il ne va pas refuser les immigrants
04:15qui veulent venir chercher du travail.
04:18Il veut refuser uniquement les immigrants qui cherchent l'asile.
04:23Ou il veut remettre en cause la politique de regroupement familial.
04:29Là-dessus, tout ça, ça va être assez cosmétique,
04:32sur le plan immigration, contre l'immigration.
04:37Ne serait-ce que parce que, en ce qui concerne la réforme du droit d'asile
04:41ou la réforme sur le regroupement familial,
04:43il va se heurter au Conseil constitutionnel,
04:46à toute une jurisprudence qui protège les immigrés.
04:53Avec le temps, effectivement, on parlait de 2002,
04:56on a vu les images du père Le Pen, Jean-Marie Le Pen.
05:00Il y a eu effectivement un lissage d'opérés,
05:03dans les discours, dans la forme, dans le choix des leaders.
05:06On parle de Jordan Bardella, qui va au contact avec la jeunesse.
05:09Un tiers des Français adhèrent aujourd'hui aux idées du RN.
05:12Il y a eu une normalisation, une crédibilisation du RN.
05:16C'est le fait de quoi, Julie, vous qui avez couvert, en fin de semaine dernière,
05:22cette DIC qui a sauté à droite.
05:24Cet accord négocié en Catimini par Éric Ciotti.
05:27On a d'ailleurs peut-être les images d'Éric Ciotti avec Jordan Bardella ce matin,
05:30à ce grand oral du MEDEF.
05:33La droite a son rôle dans cette normalisation ?
05:37La droite a son rôle et Éric Ciotti a décidé que pour exister et pour persister,
05:41il fallait faire ce choix de cette alliance avec le Rassemblement national
05:45contre les grands ténors du parti Les Républicains.
05:49On a pu voir aujourd'hui, la semaine dernière,
05:51j'ai couvert ce moment assez ubuesque de la vie politique
05:54de ce grand parti de gouvernement qui a été l'UMP,
05:57et ensuite Les Républicains, qui a complètement implosé
06:00avec des scènes complètement hallucinantes,
06:02où le siège avait été verrouillé par Éric Ciotti,
06:05avec les leaders du parti qui arrivaient, etc.
06:07On se retrouve aujourd'hui face à deux partis Les Républicains,
06:10celui qui est allié au Rassemblement national,
06:12avec en effet cette DIC qui a sauté,
06:14et puis ce parti qui tente de subsister
06:17avec Valérie Pécresse, Wauquiez et autres,
06:20mais qui est complètement inaudible aujourd'hui.
06:22Et pour rebondir à ce que disait M. Brault à l'instant,
06:25moi ça fait des années que je couvre la politique,
06:27et notamment que je vais dans les campagnes,
06:29dans les villes, dans les cités, etc.
06:31pour interroger les électeurs sans forcément leur poser la question
06:34de pour qui vous allez voter.
06:35Mais ce qu'on a ressenti ces dernières années,
06:38c'est bien sûr que le Rassemblement national n'est pas le Front national d'hier,
06:42mais que le vote pour le Rassemblement national,
06:44quand les gens me disent je vais voter pour le Rassemblement national,
06:46ils me disent déjà je vais voter pour Marine,
06:48parce qu'elle incarne quelque chose pour eux,
06:50mais ce n'est pas forcément un vote raciste,
06:52c'est un vote par sentiment de déclassement,
06:54par sentiment que le service public n'existe pas,
06:56par sentiment qu'en fait ils sont abandonnés,
06:58par exemple dans la France rurale,
07:00plus d'accès aux médecins...
07:01Il y avait beaucoup couvert le sujet agricole,
07:03la question agricole, on est allé tourner auprès des agriculteurs
07:06il y a encore quelques jours,
07:07certains d'entre eux qui votaient encore à gauche
07:11il y a quelques mois,
07:13ne se cachent plus de ce vote RN
07:15qu'ils vont déposer dans l'urne le 30 juin prochain.
07:17Je vais vous donner un exemple,
07:18la semaine dernière j'étais dans l'urne,
07:20et dans l'urne j'ai parlé avec des agriculteurs
07:23qui avaient voté très majoritairement dans cette commune
07:26pour le Rassemblement national.
07:27Ils me disent on ne s'en sort plus.
07:29Là où hier on s'en sortait,
07:31aujourd'hui on ne s'en sort plus.
07:32On n'a pas encore essayé le RN au pouvoir,
07:35alors pourquoi ne pas essayer ?
07:37Eux ils viennent à nous,
07:38eux ils nous parlent.
07:39Donc ce n'est pas forcément un vote de racisme ou autre,
07:43c'est vraiment un vote de rejet par rapport au système politique
07:46qu'on connaît depuis des décennies.
07:48Philippe Brault.
07:49Moi je crois que justement,
07:51la dissolution,
07:53ce n'était pas du tout un coup de poker,
07:56ce n'était pas du tout une initiative irresponsable,
08:00comme on l'entend ici ou là.
08:01C'est un vrai calcul du camp présidentiel d'Emmanuel Macron.
08:04C'est un piège à trois mâchoires si j'ose dire.
08:07Parce qu'en dissolvant,
08:09il y a trois choses d'une,
08:12soit le RN fait un moins bon score
08:15ou un score décevant,
08:17il n'atteint pas, et de loin, la majorité.
08:20Et donc ça brise ce qui semblait être
08:23une vague montante irrésistiblement jusqu'à l'Elysée.
08:27Deuxièmement,
08:29il vaut mieux,
08:31si de toute façon le RN doit arriver au pouvoir,
08:34il vaut beaucoup mieux que ce soit,
08:36en commençant par Matignon,
08:38plutôt que...
08:39En passant par la casse présidentielle d'Elysée, d'accord.
08:41Ça c'est très dangereux.
08:43Mais là,
08:45Jordan Bardella, qui manifestement n'est pas
08:48un idiot sur le plan politique,
08:51il s'est très...
08:53Enfin, je ne crois pas qu'il soit enthousiaste d'arriver au pouvoir.
08:56On l'entend, il dit si je n'ai pas la majorité absolue,
08:58je n'irai pas, je ne serai pas Premier ministre.
09:00Ça c'est un signe.
09:01Et ce qu'il craint le plus, je crois,
09:04c'est d'arriver...
09:08C'est de faire un mauvais score, bien entendu,
09:11mais c'est d'arriver au pouvoir,
09:13actuellement, avec un programme
09:16dont il sait très bien que les idées majeures
09:19ne sont pas réalisables, bien entendu.
09:24Il sait très bien que, sur beaucoup de points,
09:26il est vide.
09:28Un programme qui, d'ailleurs, n'est plus du tout celui
09:30qui l'était il y a encore quelques mois.
09:32C'est pour ça, quand même, que je comprends les politiques
09:35qui se présentent au suffrage universel,
09:39qui continuent à dire qu'il n'est pas fréquentable,
09:42qu'il est extrémiste, etc.
09:45Mais je crois que si on se place sur un constat,
09:48disons sociologique,
09:50un parti qui fait 5% des voix
09:53et qui a des thèses extrémistes,
09:56ça n'a rien à voir avec un parti
09:58qui fait 30% des voix
10:00et qui ne défend...
10:02Oui, qui balaye beaucoup de thèses
10:04qui étaient extrémistes.
10:07Sur quelle base, aujourd'hui, peut-on dire
10:10qu'il est extrémiste dans son programme ?
10:12Même Serge Klarsfeld lui donne presque un billet de...
10:20Comment dirais-je ?
10:22Un vote.
10:23Pardon ?
10:24Son vote. Il lui donne son vote.
10:26Peut-être pas tout à fait son vote,
10:28mais il lui donne un brevet de respectabilité
10:30sur le terrain de l'antisémitisme.
10:32Mais c'est normal.
10:33Tous ceux qui n'ont pas d'intérêt immédiat,
10:36électoralement parlant,
10:38vont forcément regarder ce qui se passe au RN
10:41depuis 7 ou 8 ans,
10:43avec des yeux différents.
10:45Honnêtement, je pense que le RN a changé.
10:50Et il change parce qu'il sait
10:52qu'il va être pris dans l'étau,
10:54en plus l'étau de la cohabitation.
10:56Normalisation qui est aussi due
10:58à la droitisation des discours.
11:00Vous parlez de l'antisémitisme,
11:01c'est une notion qui a été évoquée ce matin
11:03par Gabriel Attal.
11:04On a entendu le chef de l'État Emmanuel Macron
11:06parler de programmes immigrationnistes hier
11:09lorsqu'il qualifiait le programme
11:11du Nouveau Front Populaire.
11:13Oui, bien entendu.
11:15Sur le terrain de l'antisémitisme,
11:18il n'y a pas besoin d'être très voyant,
11:21très lucide,
11:22pour voir que l'antisémitisme,
11:24ça sent davantage à l'extrême gauche
11:26qu'à l'extrême droite.
11:27Ce qui ne veut pas dire
11:28qu'il n'y a pas d'antisémites à l'extrême droite.
11:30Il y en a plein, bien entendu.
11:31Mais ce qui compte dans un mouvement à 30%,
11:34c'est la direction.
11:37En plus, ce qui rend difficile,
11:40du moins pour les tiers,
11:41encore une fois,
11:42mais pas pour les combattants
11:44de cette dissolution,
11:46ce qui compte,
11:49c'est que le RN,
11:51il a un parti sur sa droite.
11:54Et pas uniquement des groupuscules
11:56genre Gude, etc.
11:57Il a Zemmour
11:59et son parti reconquête.
12:01Alors, c'est beaucoup plus difficile
12:03de faire croire aux gens
12:04qu'il faut mobiliser l'arc républicain
12:08contre le danger de l'extrémisme.
12:11Encore une fois,
12:14si extrémiste, ça veut dire aussi chaos.
12:17Justement, j'aimerais qu'on revienne
12:18sur cette notion qu'on entend beaucoup
12:20et qui est largement appuyée
12:22et par le camp présidentiel
12:24et par la droite,
12:25le risque de l'extrémisme.
12:27On va écouter peut-être Gabriel Attal,
12:28qui s'exprimait ce matin
12:30lors de cette conférence de presse.
12:32On y revient juste après.
12:35Oui, les responsables politiques
12:36ont une responsabilité
12:37pour mettre des digues
12:38et refuser qu'on banalise
12:39ce type de propos.
12:42Et quand on dit,
12:43comme ça a été le cas
12:44pour Jean-Luc Mélenchon,
12:46que l'antisémitisme est,
12:47je cite, « résiduel »
12:49dans notre pays,
12:51alors qu'il frappe
12:53nombre de nos concitoyens,
12:55qu'il a explosé, je crois,
12:56une augmentation de près de 1000%
12:58depuis le 7 octobre.
13:01Moi, Julie,
13:02vous qui y étiez,
13:03la stratégie de la majorité aujourd'hui
13:05qui est de se placer
13:06en bloc au centre,
13:08la majorité au centre,
13:09encadrée par deux extrêmes.
13:12Ça, c'est une stratégie
13:13qui peut fonctionner à court terme ?
13:15C'est difficile à savoir.
13:16En tout cas,
13:17ce qui était clair ce matin,
13:18c'est que le prétexte
13:19de cette conférence de presse
13:20était de présenter ce programme.
13:22Mais en réalité,
13:23c'était très clairement
13:24de critiquer
13:25ce qu'il a appelé
13:26tout au long de cette conférence de presse,
13:28les deux extrêmes.
13:29Il a bien expliqué
13:30qu'il y avait les trois blocs.
13:32Il y avait l'extrême gauche,
13:33l'extrême droite,
13:34et le seul bloc républicain,
13:36eux,
13:37ou plutôt lui,
13:38parce qu'il se met beaucoup en avant
13:39dans cette conférence de presse
13:40pour tenter d'effacer
13:41Emmanuel Macron et son impopularité.
13:43C'est vraiment ce qu'on a ressenti.
13:44Il n'a pas arrêté d'insister
13:45sur le fait que
13:46c'était un choix
13:47du Premier ministre
13:48qui se jouait.
13:49Ce n'était pas une question
13:50de président de la République
13:51puisque le président
13:52était jusque en 2027.
13:53C'était un choix
13:54du Premier ministre
13:55entre Bardella,
13:56Mélenchon,
13:57alors que Mélenchon
13:58n'est pas encore vraiment
13:59présenté comme Premier ministre.
14:00La discussion se fait
14:01au sein du Nouveau Front Populaire
14:02ou encore, moi.
14:03Il a attaqué sans cesse
14:04le programme de ses adversaires.
14:05Ne prenons pas le risque du vide,
14:08du saut en parachute,
14:09sans parachute.
14:10Et voilà,
14:11il a sans cesse renvoyé
14:12dos à dos
14:13ses deux camps,
14:14les traitant de communautaristes,
14:15parlant d'acquaintance
14:16de LFI
14:17avec l'antisémitisme
14:18qu'on vient de l'entendre,
14:19des liens du RN
14:20avec le GUD,
14:21alors que Jordane Bardella,
14:22on le souvient,
14:23hier a annoncé
14:24la dissolution du GUD
14:25au salon Oro Satori.
14:26En gros,
14:27dans les deux cas,
14:28c'est le désordre.
14:29La seule solution,
14:30c'est moi.
14:31On sent aussi
14:32qu'ils attaquent
14:33particulièrement la gauche
14:34et ça, c'est vraiment
14:35une stratégie
14:36de premier tour
14:37parce qu'il y a...
14:38C'est un liquide extrême
14:39alors que le Conseil d'Etat
14:40a dit récemment,
14:41en mars dernier,
14:42non, pas d'extrême.
14:43Ce n'est pas le cas.
14:44Et c'est marrant
14:45parce qu'il faut analyser
14:46aussi la rhétorique
14:47de Gabriel Bardella
14:49parce qu'il dit
14:50que Gabriel Attal,
14:51ce matin,
14:52jamais,
14:53il ne qualifie
14:54le nouveau fonds populaire.
14:55Il l'appelle encore
14:56la nupes.
14:57Il insiste sur Mélenchon
14:58qu'il sait être un personnage
14:59qui divise énormément
15:00au sein même
15:01très clivant,
15:02au sein même
15:03de son camp
15:04et donc,
15:05il appelle la nupes
15:06et les filles
15:07sans insister sur le fait
15:08que c'est un grand rassemblement
15:09à gauche
15:10au-delà de ces parties.
15:11Donc, on sent
15:12que c'est une stratégie
15:13de premier tour.
15:14Le but étant
15:15d'éviter un maximum
15:16de triangulaires,
15:17de gagner
15:18un maximum
15:19en position
15:20d'être face au RN
15:21au second tour
15:22en espérant mobiliser
15:23l'électorat,
15:24justement,
15:25ce fameux front républicain
15:26dont on parle
15:27en ce moment
15:28pour le second tour.
15:29Mais c'est une stratégie
15:30qui est très dangereuse
15:31pour le grand macronisme
15:32parce que comment être audible
15:33quand on aura utilisé
15:34ces mots d'immigrationnisme
15:35ou encore d'avoir
15:36utilisé ce vocabulaire
15:37d'extrême droite
15:38dans ces rencontres
15:39avec les citoyens ?
15:40Comment expliquer aux gens
15:41ensuite
15:42voter pour moi ?
15:43Philippe Braud,
15:44justement,
15:45on a parlé
15:46de la situation
15:47et justement,
15:48on ne cesse de renvoyer
15:49dos à dos
15:50cette coalition de gauche,
15:51nouveau front populaire,
15:52on a du mal
15:53à s'y mettre,
15:54la NFP
15:55et l'extrême droite,
15:56le rassemblement national.
15:57C'est le pari
15:58du camp présidentiel
15:59aujourd'hui.
16:00On parlait de calcul
16:01tout à l'heure.
16:02Est-ce que déjà
16:03ça peut fonctionner ?
16:04En fait,
16:05il y a un problème
16:06d'usure
16:07de ce format,
16:08si j'ose dire,
16:09politique
16:10et électoral
16:11du gouvernement
16:12au centre.
16:13Parce que le gouvernement
16:14au centre,
16:15c'est un groupe
16:17initialement,
16:18dans les cycles électoraux,
16:19c'est ça.
16:20Le gouvernement
16:21au centre,
16:22c'est ça,
16:23dans le bloc central,
16:24c'est populaire
16:25parce que
16:26dans l'esprit
16:27de beaucoup de gens
16:28un peu naïfs,
16:29peut-être...
16:30Ça parle encore aux gens
16:31sur le centre.
16:32Si...
16:33Non mais attendez,
16:34justement,
16:35je...
16:36En 2017,
16:37c'était ça.
16:38Sous la 4e République,
16:39c'était ça.
16:40Le bloc central,
16:41enfin,
16:42le centre,
16:43gouverné au centre
16:44entre deux extrêmes,
16:45c'est populaire
16:46jusqu'à un certain point
16:47parce que
16:48beaucoup de gens disent
16:49si tout le monde
16:50s'entendait très bien
16:51et...
16:52Ça marcherait.
16:53Le problème,
16:54c'est que
16:55cette popularité
16:56du gouvernement
16:57au centre,
16:58ça ne tient pas
16:59la route
17:00très longtemps.
17:01Ça tient la route,
17:02on le voit,
17:03au 2e mandat.
17:04Pourquoi ?
17:05Parce que le gouvernement
17:06au centre
17:07a
17:08cet immense inconvénient
17:10qu'il refoule
17:12dans l'opposition
17:14il crée
17:15deux oppositions,
17:16bien entendu,
17:17qui se radicalisent
17:18de plus en plus
17:20à mesure qu'ils
17:22sont éloignés du pouvoir.
17:24Donc,
17:25c'est pas tout à fait un hasard
17:26si on se retrouve
17:27aujourd'hui
17:28avec
17:29un bloc
17:30affronté
17:31à des extrêmes.
17:32Et
17:33la mutation
17:34qui est en train
17:35de se préparer
17:36à mon avis
17:37avec
17:38l'accord
17:39d'Emmanuel Macron
17:41et
17:42avec le désaccord
17:43de
17:44Attal,
17:45c'est que
17:46on revient
17:47progressivement
17:48vers
17:49une alternance
17:50à deux blocs.
17:51Trois blocs,
17:52c'est dangereux
17:53à long terme,
17:54encore une fois,
17:55parce que ça radicalise
17:56et l'alternance
17:57n'est plus
17:58qu'entre
17:59le gouvernement
18:00actuel
18:01qui est usé
18:02et puis le pire.
18:03Et donc,
18:04à mon avis,
18:05ce qui se passe,
18:06c'est que
18:07le RN,
18:08progressivement,
18:09est en train
18:10de se
18:11devenir
18:12l'héritier
18:13de la droite
18:14classique
18:15et qui,
18:16dans un
18:17contexte
18:18de
18:19bipolarisation
18:20à deux
18:21échelons,
18:22eh bien,
18:23les
18:24restes
18:25de
18:26LR,
18:27y constitueront
18:28le deuxième
18:29petit pôle
18:30comme il y avait
18:31avant,
18:32jadis,
18:33le
18:34RPR
18:35et puis
18:36le
18:37RN.
18:38Et
18:39donc,
18:40à gauche,
18:41ça sera également
18:42une recomposition,
18:43sauf que
18:44cet accord
18:45à gauche,
18:46il se fait
18:47sur des bases
18:48programmatiques,
18:49d'abord,
18:50confuses.
18:51Mais surtout,
18:52sur le plan
18:53de la tactique
18:54électorale,
18:55c'est pas
18:56une union
18:57de la gauche
18:58comme en 81
18:59ou comme en 36.
19:00C'est-à-dire
19:01que là,
19:02les
19:03circonscriptions
19:04sont d'avance
19:05réparties.
19:06C'est-à-dire
19:07que les
19:08circonscriptions
19:09sont d'avance
19:10réparties.
19:11Ça, c'est un coup
19:12de maître,
19:13d'ailleurs,
19:14du tacticien
19:15Mélenchon.
19:16Jean-Luc Mélenchon,
19:17bien entendu.
19:18Et donc,
19:19il risque que...
19:20Parce que la
19:21bipolarisation,
19:22ça marche bien
19:23pour quand ?
19:24Quand il y a
19:25un grand parti
19:26à droite
19:27qui est républicain
19:28et un autre
19:29qui l'est peut-être
19:30un peu moins,
19:31mais c'est pas grave,
19:32dans la mesure
19:33où il est minoritaire.
19:34Et à gauche,
19:35ça marche bien
19:36quand le PS
19:37l'a emporté
19:38en
19:3981.
19:40Une dernière question,
19:41peut-être,
19:42pour boucler la boucle.
19:43Le calcul d'Emmanuel Macron,
19:44c'était d'aller vite
19:45pour qu'il n'y ait pas
19:46d'accord à gauche,
19:47attirer à lui
19:48les électeurs
19:49sociaux-démocrates,
19:50notamment.
19:51Ce front populaire,
19:52c'est évidemment
19:53une déconvenue
19:54pour la majorité.
19:55Si on vous suit bien
19:56aujourd'hui,
19:57ça a contribué
19:58à renforcer
19:59les deux autres pôles.
20:00Oui.
20:01Mais c'était fatal.
20:02Encore une fois,
20:03le gouvernement
20:04au centre,
20:05c'est une formule
20:06qui s'use.
20:07Elle crée
20:08deux oppositions.
20:09Les gens vont forcément
20:10se retrouver.
20:11Et ça bloque
20:12une alternance crédible.

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