Plusieurs polémiques sur des candidats RN aux législatives plombent une fin de campagne difficile pour le RN. Pour notre éditorialiste politique Matthieu Croissandeau, le Rassemblement national "n'est pas prêt" pour cette élection.
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00:00Elle est un peu compliquée cette soirée de campagne pour le Rassemblement National, alors il reste favori le parti, quand on regarde les intentions de vote, ils sont largement favoris et la majorité absolue n'est pas non plus écartée.
00:09Mais on voit bien que ça se complique, il y a de la fatigue, il y a des polémiques à répétition sur les candidats. Jordan Bardella a été interrogé d'ailleurs sur ce sujet hier soir. Écoutez sa réponse.
00:20Qu'il y ait une, deux, trois, quatre, cinq brebis galeuses dans une organisation humaine, dans un mouvement politique, comme dans tous les mouvements politiques, ça peut arriver.
00:28C'est des erreurs de casting. Mais attendez, mais combien d'erreurs de casting, Jordan Bardella ? Quatre ou cinq profils qui ont des propos dégueulasses, qui sont contraires à ce que je défends, je les mets dehors.
00:38Alors Jordan Bardella a dit « je n'aurai pas la main qui tremble ». Plusieurs fois, elle est drôle cette expression, d'ailleurs elle revient souvent chez Jordan Bardella, comme si au fond la question se posait d'avoir la main qui tremble quand on prétend exercer le pouvoir depuis Matignon.
00:53En fait, ce que découvrent les Français au gré de cette campagne, c'est qu'au-delà des dérapages, il y en a des dérapages de candidats. On aurait pu parler de cette candidate Mayennaise qui a un dentiste musulman et un ophtalmologiste juif, preuve qu'elle n'est pas raciste, ou de ce candidat en Bretagne qui explique que sa moto a été bénie lors d'un rassemblement de motards par un curé de couleur et qu'il ne l'a pas écrasé, donc il n'est pas facho.
01:13Mais au-delà de ces dérapages-là, on a aussi vu des candidats fantômes, des naufrages en interview, je pense à cette candidate qui proposait que les médecins se forment sur le tas en soignant les gens directement, bref, à tel point qu'une trentaine de candidats ont annulé leur présence au débat que leur proposait le réseau France Bleu, on a appris hier, comme s'il y avait de la gêne, un malaise ou un risque.
01:33Est-ce que cela traduit une forme d'improvisation du RN ?
01:37Oui, d'une certaine façon, malgré ces appels répétés à la dissolution, on rappelle que le RN demandait cette dissolution, malgré son opération Matignon, il y avait tout un plan Matignon préparé par le RN, le RN n'est pas prêt pour cette élection, comme les autres parties d'ailleurs, il n'a pas vraiment eu le temps de faire le ménage dans ses candidats, on le voit, il n'a pas eu le temps de travailler le casting, ça va donner des députés qui pour la plupart seront inexpérimentés, alors c'est toujours le cas dans une alternance, mais ça risque de rendre les choses compliquées.
02:02Il y a quand même une absence de cadre, on le voit bien, il n'y a pas de banc au football, il n'y a pas tellement de remplaçants à faire rentrer sur les terrains.
02:08On avait dit la même chose du camp Macron, non ?
02:10Exactement, c'est toujours le problème et avec parfois les mêmes conséquences, là par exemple, on sait que le RN cherche un candidat pour Bercy, sans pouvoir donner de nom, le programme, on l'a vu, c'est quand même un programme en kit où beaucoup de propositions se sont évaporées au fil du temps, il y a eu une peur de la réaction des marchés, on avait vu au lendemain du premier tour les marchés financiers internationaux qui étaient quand même très circonspects,
02:31et puis on sait que le contexte sera difficile parce que la cohabitation sera dure avec Emmanuel Macron, si vous ajoutez à ça l'âge du capitaine, j'ai envie de dire 28 ans seulement, alors il tient le choc Jordan Bardella pour l'instant, il faut le dire, de façon parfois même un peu robotique, mais on l'a vu quand même un peu mal à l'aise hier soir, quand un téléspectateur lui a posé la question de quelle est votre profession, il a dit, j'ai fait de la politique depuis mes 18 ans.
02:52Vraiment d'un mot, il y a comme un vertige du pouvoir ?
02:54Ça existe le vertige du pouvoir, Edouard Philippe avait perdu 10 kilos avant d'aller à Matignon, Jean-Marie Le Pen lui-même le résumait en 2015 alors qu'il était interrogé sur sa réaction au soir du 21 avril 2002, qu'est-ce qu'il disait Jean-Marie Le Pen ?
03:06« Je ne suis pas spécialement un homme politique qui a la réputation d'être un peureux, mais je sais évaluer le danger. Quand vous vous retrouvez dans l'hypothèse d'être président de la République alors que vous n'avez pas l'appareil pour le faire, vous ne trouvez pas que ça puisse susciter légitimement une impression d'angoisse ? Si ce n'est pas le cas, c'est que vous êtes un branleur. »
03:20Quand on lui pose la question, Jordan Bardella confiait au JDD que sa seule peur c'était de décevoir des millions de Français. Je rappelle que c'est la première fois que le RN, dans le meilleur des cas pour lui, exercerait le pouvoir et dans le pire des cas pour lui, échouerait aussi près du pouvoir. C'est dire si la pression est énorme sur les épaules de Jordan Bardella.