Zoom - Jean-Paul Brighelli : "Je suis craint, j’ai les idées trop carrées !"

  • il y a 3 mois
Essayiste marseillais, agrégé de Lettres, Jean-Paul Brighelli est l’auteur du livre à succès "La fabrique des crétins". Pourfendeur du wokisme et de l’islamisme radical dans le monde de l’éducation, il répond aux questions de TVL sur cet engagement. Pour lui, les choses sont simples : "Je suis craint parce que j’ai les idées trop carrées. Je prends des risques et je m’en fiche !".
Quittant la brûlante actualité politique, Jean-Paul Brighelli est venu présenter son nouveau roman historique "Soleil noir". Il nous projette au cœur du pays languedocien, en 1685. Fondé sur des faits authentiques, il se situe à l’époque de la révocation de l’Edit de Nantes et nous plonge dans les premières dragonnades contre les protestants. Un jeune seigneur d’un village martyr décide de chercher à Versailles le bras qui a tué et ordonné le massacre -le marquis de Souvré- et la tête qui pense -le roi Louis XIV. Dans sa quête de vengeance, il est accompagné d’un personnage important du roman : le docteur Balthus, un érudit qui porte avec lui les progrès de la science et de la médecine. "Soleil noir", un roman pour l'été !

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00:00Dans les semaines et les mois à venir, TVL va avoir un rôle prépondérant, indispensable.
00:06En fin de semaine passée, la mobilisation en faveur de TV Liberté a été importante,
00:11soyez-en remerciés.
00:12Cette aide n'est pas encore suffisante, alors nous comptons sur votre engagement.
00:17Libérons-nous des chaînes.
00:18Merci de votre soutien, maintenant.
00:30Essayiste, essayiste marseillais, agrégé de lettres, l'auteur du livre à succès
00:51La Fabrice du Crétin est à nouveau présent dans les rayons des librairies pour un roman
00:55historique intitulé Soleil Noir et dont nous allons parler ensemble.
01:00Bonjour Jean-Paul Brighelli.
01:01Bonjour.
01:02Et je rajoute que, bien évidemment, cet ouvrage est édité à l'Archipel et qu'il
01:07est en vente sur le site TVL.fr dans la rubrique boutique.
01:10Jean-Paul Brighelli, on vous connaissait pour fondeur du wokisme et de l'islamisme
01:15dans le monde de l'éducation et on vous retrouve en 1685 au cœur du pays languedocien.
01:20Les événements que nous vivons en 2024, ça ne vous intéresse pas ?
01:23Si.
01:24Vous savez, le roman historique, c'est Lucas qui a inventé ça, travaille ce qu'on appelle
01:30la double historicité, c'est-à-dire qu'il y a bien une histoire qui se passe en 1685-86
01:36mais cette histoire est écrite en 2020-2023 et d'une façon ou d'une autre elle raconte
01:43quelque chose de ce qui se passe.
01:45Elle raconte quelque chose de la montée de l'intolérance, du fanatisme, de la violence
01:53également parce que c'est un roman quand même extrêmement violent à tout point de vue.
01:58Bien sûr, je me suis amusé de la même façon qu'Alexandre Dumas dans Les 3 mosquetaires
02:03parlait bien du XVIIe siècle mais il en parlait d'une façon romantique, c'est-à-dire
02:07qu'il parlait aussi de son siècle.
02:09Vous vous amusez, la totalité de l'éducation nationale est en train de couler, ce combat
02:13vous l'avez maintes fois évoqué, vous avez même affirmé que l'abaissement de la valeur
02:17des diplômes est tel qu'il sera difficile de revenir en arrière.
02:20Ça c'était tout récent ce que vous avez déclaré.
02:22Oui, c'est bien sûr.
02:23En cet temps historique, vous n'avez pas envie de participer à la sortie de la caste
02:27politique qui a forgé un système scolaire qui s'affaisse.
02:30Briély ministre, ça le ferait ?
02:32Alors, primo, il n'y a personne dans la caste politique qui m'a demandé quoi que ce soit
02:37parce que je crois que je suis un peu craint.
02:39Vous savez, j'ai des idées qui sont peut-être un peu trop carrées pour des politiques qui
02:46sont un peu ondoyants, quel que soit leur bord d'ailleurs.
02:50Ça d'un côté, et puis je sors de toute façon un essai fin août qui s'appellera
02:56l'école sous emprise sur l'antrisme des islamistes et des frères musulmans en particulier
03:05via un certain nombre de profs dans l'éducation nationale.
03:08Je vais me faire des amis.
03:09Vous m'avez dit avant qu'on rentre dans ce studio avec ce bouquin, ce livre, pardon,
03:14je vais me faire tuer.
03:15Ah oui, j'ai l'une de mes ex-femmes avec qui je partage un enfant qui m'a dit
03:22« Vas-y, comme ça ta fille sera pupille de la nation ».
03:26Vous dire à quel point, à l'instant, je prends des risques.
03:30Mais vous savez quoi ? Je m'en fiche.
03:31Vous vous en fichez ? Et si vous aviez été ministre avant, ça aurait été sympa.
03:35Un ministre, ça se protège un peu plus.
03:37Avant, c'était impossible.
03:38De toute façon, parce que tous les ministres qui sont succédés, de droite et de gauche,
03:43allaient tous dans le même sens.
03:44Ils ont fait semblant de s'occuper des plus pauvres, de s'occuper de ceci, de s'occuper
03:50de cela, de réformer les concours, etc.
03:52Mais quand on regarde en perspective ce qu'ils ont fait, ça allait toujours dans le même
03:57sens d'une dévaluation globale des diplômes, d'une désagrégation du sentiment national
04:05à travers l'école et d'une dissémination de la langue.
04:09Vous savez, moi je suis parti, on est globalement de la même génération, on apprenait La Fontaine,
04:16Racine, Victor Hugo, etc.
04:18Et 50 ans plus tard, on a Ayanna Kamoura.
04:21Vous voyez la trajectoire en quelque sorte, ce côté inéluctable.
04:28Donc oui, il fallait que je me repose un petit peu et que je revienne à mes premiers amours.
04:35J'ai fait un bouquin il y a très longtemps sur Alexandre Dumas chez Gallimard.
04:38C'était un hommage finalement à tout ce que j'avais lu.
04:42C'est ma part d'enfance.
04:44On va y arriver à cet ouvrage.
04:46Néanmoins, ma dernière question, c'est est-ce que vous auriez envie d'être ministre ?
04:49Pas qu'on vous le demande, mais après tout, vous pouvez faire des offres de service à qui que ce soit d'ailleurs.
04:54Alors, c'est un secret pour personne, j'ai été le negre de différentes personnalités politiques,
05:01en particulier de Balkany.
05:03Et quand Sarko est arrivé au pouvoir, Sarko a dit à Balkany, qui était un ami très proche,
05:10« Demande-moi ce que tu veux, tu l'as. »
05:12Et Balkany a dit « Je ne veux rien, parce qu'il n'y a que deux fonctions en France qui donnent du pouvoir,
05:16c'est président de la République et maire.
05:18Un ministre, c'est un train de savate. »
05:22Voilà, un ministre, c'est un train de savate.
05:25Comme disait l'autre, ça ferme sa gueule.
05:30Ou ça se part.
05:31Allez, on en arrive à votre livre « Soleil noir ».
05:34Je l'ai dit, c'est un vrai roman historique, c'est un vrai roman de cape et d'épée plutôt.
05:38Un genre qui se prête d'ailleurs très bien à l'œuvre cinématographique.
05:41Et il est fondé sur des faits authentiques au moment de la révocation de l'édite Nantes.
05:46Petit rappel des faits, la France est dirigée à cette époque-là par le grand roi Louis XIV.
05:51Et nous sommes le 18 octobre 1865.
05:5685.
05:5785 pardon, 1685, vous avez raison.
06:00Et Louis XIV est très malade.
06:03Il faut partir de ça.
06:05Vous savez, la grande histoire se comprend très souvent par des détails intimes.
06:10Louis XIV est très malade, il va mourir.
06:13C'est écrit, il va mourir.
06:15Il a quelque chose qu'à l'époque ne pardonne pas.
06:18On va en reparler après.
06:22Et sa nouvelle épouse, Morganatique, Madame de Maintenon, lui dit écoutez,
06:29Sire, avant de monter au ciel, il faudrait faire une action qui plaise à Dieu
06:35et qui répare la vie de péché que vous avez menée.
06:39Parce que Louis XIV s'est un peu laissé aller quand même.
06:43Et ce qu'il va faire, c'est ce qu'on appelle l'édite Fontainebleau,
06:49c'est-à-dire la révocation de 1990, la mise hors-la-loi d'un million de protestants,
06:54200.000 qui vont être tués tout de suite,
06:57100.000 à 150.000 qui sont mis aux galères
07:00et 500.000 qui fuient la France avec leur capitale,
07:05qui vont vers la Hollande, un peu la Suisse, un peu l'Angleterre.
07:09Surtout la Hollande.
07:11Une erreur économique en particulier absolument colossale
07:15que Colbert, s'il avait encore vécu à cette époque,
07:18mais il venait de mourir, n'aurait jamais laissé faire.
07:22Donc la France est mise à feu et à sang
07:25et dans les Cévennes, ce n'est pas une métaphore,
07:28c'est vraiment à feu et à sang.
07:30Les horreurs que je raconte dès le premier chapitre
07:33sont tout à fait historiques, ciblées,
07:36et ce n'est pas un sujet inventé, les circonstances,
07:40le temps qu'il faisait, etc.
07:43Il faut que vos éditeurs comprennent bien,
07:46entre 1610, mort d'Henri IV,
07:49et 1715, mort de Louis XIV,
07:52la France est restée à 13 millions d'habitants.
07:56Avec une natalité qui n'a rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui,
08:00on n'a pas gagné un iota.
08:03Il y a eu des guerres, certes,
08:05mais si vous tapez sur votre moteur de recherche
08:08France, XVIIe siècle, famine, épidémie,
08:11vous allez tomber sur un site qui vous donnera
08:14la liste des épidémies et des famines.
08:16D'ailleurs, dans certaines années,
08:18il y a les deux en même temps.
08:20Il y a des heureux gagnants, en quelque sorte.
08:23Ça a été une horreur,
08:26mais une horreur à l'état pur,
08:28sans compter, d'où le côté
08:31le grand roi, le soleil, etc.,
08:34qu'on était dans le plus profond
08:37de ce qu'on appelait le petit âge glaciaire.
08:39Actuellement, on est en réchauffement, paraît-il,
08:42mais à l'époque, on était en refroidissement pour de bon.
08:45On va y revenir.
08:47Moins de degrés, ça veut dire que les moissons
08:50étaient congelés fin mai.
08:52On va reparler de ça, c'est important.
08:55On va rester sur cette révocation de l'édit de Nantes,
08:58donc 1598, l'édit de Nantes, 1685.
09:02La révocation de cet édit de Nantes,
09:04les protestants doivent donc se convertir,
09:07ou mourir.
09:09Le roman nous plonge vers l'Audeve,
09:11on est au cœur des premières dragonnades.
09:14Vous insistez, dès le début de l'ouvrage,
09:16sur les terribles exactions des catholiques.
09:18Ces exactions répondaient,
09:20au rasial des Huguenots.
09:22Est-ce qu'on peut, objectivement,
09:24ne pas dire que les torts sont partagés ?
09:26Au niveau des exactions, oui.
09:30Au niveau du pouvoir, non.
09:32Quand même, les catholiques avaient l'armée royale avec eux.
09:36Quand vous allez à l'Audeve, par exemple,
09:38la façade de la cathédrale de l'Audeve,
09:40qui était fort belle, a été martelée
09:42par les protestants lors d'une descente quelconque.
09:45Que si vous allez en Camargue, à Saint-Gilles,
09:48la Bastiale de Saint-Gilles a été aux trois quarts détruite, etc.
09:52C'était impitoyable, c'était absolument impitoyable.
09:55Mais les protestants n'ont jamais eu
09:58la force de frappe qu'avait le roi.
10:01Le roi a envoyé des armées, des armées entières,
10:05contre des gens qui n'ont véritablement pensé
10:09à lancer une guérilla que dans les années 1702-1703,
10:13avec l'épisode dit des Camisards.
10:15Mais là, on est sur des petites communautés
10:19sur lesquelles les dragons,
10:21ça s'appelle comme ça, on n'est pour rien,
10:25vont faire régner l'ordre du roi en tuant tout.
10:30Voilà, c'est la terreur.
10:32C'est une pratique en France, la terreur.
10:34– Jean-Paul Préguille, je pose cette question-là
10:36parce qu'on a le sentiment dans le roman quand même
10:39que les catholiques ont du mal à être sympathiques.
10:42Alors, il y a les dragons qui, bien évidemment,
10:44tuent en eux du catholicisme,
10:46mais les prêtres sont médiocres,
10:49les évêques sont veuls et traîtres.
10:52Il n'y en a pas un pour sauver l'autre,
10:54si vous permettez l'expression.
10:55– Il y a Bossuet.
10:56– Ça en fait un.
10:58Ah oui, mais vous savez, les hommes d'exception,
11:00comme leur nom l'indique, ils sont exceptionnels,
11:03dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs.
11:07Combien de prêtres, à l'époque, se faisaient prêtres
11:09parce que c'était une façon de manger ?
11:12Mais il faut bien voir ça quand même.
11:15La tradition du moine qui s'engraisse,
11:19c'est une tradition médiévale
11:21qui remonte au tout premier temps du christianisme.
11:24Et le système par lequel le roi désignait les évêques, etc.
11:32faisait qu'on avait une chance de progresser dans la carrière
11:36que si on avait une obéissance aveugle
11:39à ce qui venait de Versailles.
11:41Ça c'est toujours la même chose, si vous voulez,
11:45non pas chez les évêques,
11:46qui dépendent à nouveau surtout du pape,
11:48mais chez les hommes de droit, etc.
11:53C'est l'obéissance absolue.
11:56Donc non, je ne pense pas avoir été particulièrement ni anti-protestant,
12:03je dis les protestants ce qu'il en est,
12:05c'est-à-dire que ce n'était pas des enfants de cœur non plus,
12:07ni catholique.
12:09Mon héros, l'un des héros principaux, est catholique.
12:14Et puis ça ne lui pose pas de problème,
12:15il est catholique comme on l'est à l'époque.
12:17Un peu comme Montaigne l'est à l'époque.
12:19Vous savez, Montaigne disant juste avant
12:22« Je suis catholique parce que c'est la religion du roi,
12:25mais je ne tuerai pas pour ça. »
12:29Et à l'époque de Montaigne, c'était courageux de dire une chose comme ça
12:33et de l'imprimer.
12:34Donc il faut voir une chose,
12:37c'est que c'est le dernier moment
12:41où la religion va avoir une place absolutiste,
12:46en quelque sorte.
12:48À partir de 1680, j'ai essayé de le montrer
12:51dans la cour qu'il y a autour du prince de Condé, etc.
12:55Il y a des idées nouvelles qui émergent.
12:58Il y avait un bouquin qui date des années 60
13:00qui s'appelait « La crise de la conscience européenne »
13:02d'un certain Paul Hazard.
13:04Et il montrait très bien comment,
13:07autour de Fontenelle, etc.,
13:09qui apparaît également, Fontenelle, la brouillère, etc.,
13:13vous avez d'un seul coup quelque chose de tout à fait neuf.
13:16Il faut voir une chose,
13:17c'est que l'un des premiers biographes sérieux de Louis XIV,
13:22c'est Voltaire.
13:23C'est Voltaire qui naît sous le règne de Louis XIV.
13:26Toute son enfance, son adolescence,
13:29se passe sous le règne de Louis XIV.
13:32C'est Montesquieu,
13:33Montesquieu qui, dans « L'élèvre personne »,
13:37écrit « Le roi de France est vieux ».
13:40Et le roi de France a été vieux à partir de ces années 1685-1686
13:44où il manque perdre la vie
13:46et où il reste encore 30 ans de règne.
13:49Et ça va être 30 ans terribles,
13:52parce que la France va perdre systématiquement
13:54toutes les guerres dans lesquelles elle s'est lancée.
13:58On va y arriver là aussi.
14:00Retour un peu en arrière,
14:01vous parliez de petit âge glaciaire.
14:03C'est vrai que l'histoire se déroule à la fin du XVIIe siècle,
14:06dans ce qu'on appelait ce petit âge glaciaire.
14:08Et vous affirmez que le long règne de Louis XIV
14:10fut le règne du froid.
14:12J'y ai trouvé quasiment la lettre au Langrois,
14:16c'est-à-dire une forme de déterminisme.
14:18Le climat détermine l'histoire.
14:21Vous savez, pour les gens qui ne savent pas,
14:26on pense que la Renaissance médiévale,
14:30XIIe, XIIIe siècle,
14:32a correspondu à un maximum de températures.
14:36C'est là que commence véritablement l'Argotique, etc.
14:40Il faut bien comprendre une chose.
14:42Pour faire une cathédrale gothique,
14:44il faut de l'argent.
14:45Il faut même beaucoup d'argent.
14:47J'ai fait un livre sur le Mont-Saint-Michel
14:49et je sais exactement ce que ça a pu coûter.
14:52Cet argent, on ne le trouve que dans des périodes de prospérité.
14:56Cette période de prospérité va crouler
14:59à partir de la moitié du XIVe siècle.
15:03Je rappelle 1348,
15:05vous avez la grande peste noire
15:07plus un tiers de l'Europe.
15:10C'est énorme.
15:12Imaginez actuellement,
15:14ça voudrait dire 300 millions de morts.
15:18Les températures vont baisser progressivement
15:21d'environ 2 degrés,
15:23entre 1,5 et 2 degrés.
15:25Ça ne paraît pas grand-chose.
15:27Mais ça veut dire que localement,
15:29les moissons gèlent fin mai.
15:31Et si les moissons gèlent fin mai,
15:33vous n'avez rien,
15:35vous n'avez rien à replanter.
15:37Vous avez des étés pourris, etc.
15:39Et les gens meurent de faim.
15:41Mais vraiment meurent de faim, littéralement.
15:44On fait des descriptions de forêts
15:47dont les écorces ont été raclées
15:50jusqu'à 2,50 m de hauteur
15:52parce qu'ils se font des décoctions.
15:54Ils n'ont rien.
15:56C'est une horreur à l'état pur.
15:58– Ma question, c'est que vous considérez
16:00qu'il y a une forme de déterminisme
16:02et que le climat détermine l'histoire.
16:04On explique la Révolution française
16:06par les grands froids qui se sont précédés.
16:08On n'explique pas le retour de la prospérité
16:10en France en 2024, même s'il fait chaud.
16:12– Actuellement, on va en reparler
16:14parce que moi j'adore les écolos.
16:16Vous savez, j'en mange un à chaque petit-déjeuner.
16:19On vous dit réchauffement climatique.
16:22Réchauffement climatique par rapport
16:24à la fin du XIXe siècle.
16:26C'est à la fin du XIXe siècle,
16:28du 150-60 à peu près,
16:30que le petit-âge glaciaire s'arrête.
16:32C'est par rapport à des minima
16:34qu'on considère actuellement
16:36qu'on va vers des maxima.
16:38Que l'activité humaine
16:40y soit pour quelque chose,
16:42je veux bien, mais il y a des cycles.
16:44Il y a des cycles solaires,
16:46il y a des cycles de la Terre
16:48auxquels on ne peut rien.
16:50Ça se réchauffe actuellement.
16:52Les glaciers, sous les 14,
16:54descendaient presque
16:56dans la banlieue de Lyon.
16:58Il faut bien voir ça.
17:00Actuellement,
17:02ils sont en pleine récession
17:04au-dessus de Chamonix.
17:06Mais c'est la même terre.
17:08C'est la même terre.
17:10Et au niveau agricole,
17:12on a des performances actuellement.
17:14Simplement,
17:16on va finir par manquer d'eau.
17:18Et puis, dans 2, 3 ou 5 siècles,
17:20ça repartira dans l'autre sens.
17:22Évidemment,
17:24nous avons le nez dessus.
17:26On ne voit pas la perspective.
17:28Mais le XVIIe siècle,
17:30on a eu du pauvre, comprenez ?
17:32On a, vous vous rappelez,
17:34la racine de la brouillère Boileau
17:36de la fontaine Molière,
17:38la racine de la brouillère Corneille.
17:40On a eu une série de génies
17:42absolument extraordinaires,
17:44dans les arts, c'est pareil,
17:46à une époque où tout le monde
17:48crève la dalle.
17:50On a un texte absolument fabuleux
17:52écrit par Vauban,
17:54qui s'appelle la Dime royale,
17:56qui a travaillé dans toute la France
17:58pour faire des forteresses,
18:00dit au roi,
18:02Majesté, on ne peut pas continuer comme ça,
18:04la France meurt de faim.
18:06Et Louis XIV, qui ne tolérait pas,
18:08comme beaucoup de gens de pouvoir
18:10qu'on le contrarie,
18:12a mis Vauban sur la touche.
18:14Il a mis sur la touche
18:16l'un des plus grands constructeurs
18:18de fortifications
18:20à un moment où la France
18:22est assaillie de tous les côtés.
18:24Il y a quelque chose
18:26absolument terrifiant,
18:28c'est pour ça que
18:30j'ai beaucoup hésité sur la couverture.
18:32On a pris un portrait
18:34très connu,
18:36de Mignard,
18:38il est beau, il est retravaillé,
18:40parce qu'il avait le peau un peu grillée,
18:42il avait la variole quand il avait 10-12 ans.
18:44J'ai hésité entre ça
18:46et un portrait fait à la cire
18:48qui date des années 1710
18:50et qui est absolument terrifiant,
18:52qui montre véritablement
18:54comment était le roi à la fin,
18:56c'est-à-dire le désastre physique
18:58qu'il était,
19:00la façon dont, sur sa personne,
19:02puisqu'il était l'État,
19:04c'était la France à moitié détruite
19:06qu'il portait,
19:08vous savez, c'est comme dans
19:10Les Liaisons Dangereuses,
19:12elle porte son âme sur son visage,
19:14le roi portait la France sur son visage.
19:16On va essayer d'avancer quand même
19:18dans l'ouvrage, il y a déjà un jeune seigneur
19:20qui est un martyr des dragonnades
19:22qui décide de chercher à Versailles
19:24le bras qui a tué ses protestants
19:26et la tête qui a pensé
19:28les tuer, le roi.
19:30Et puis, sans dévoiler toute l'histoire,
19:32il y a aussi un personnage qui prend
19:34une place importante dans le roman
19:36et c'est la continuation de ce que vous étiez
19:38en train de dire, il s'agit de Balthazar,
19:40docteur Balthus, c'est un mort érudit
19:42qui porte le progrès des sciences
19:44et de la médecine avec lui
19:46et qui met tout au placard,
19:48la préparation chirurgicale sans anesthésie
19:50et il est évident que cet homme-là
19:52va prendre une place importante
19:54au regard de la santé du roi
19:56qui est la grande affaire.
19:58Écoutez, la médecine au XVIIe
20:00c'est un sujet absolument central
20:02et assez curieusement,
20:04ça rejoint la religion.
20:06Vous vous rappelez, Don Juan,
20:08début de l'acte III,
20:10ils sont déguisés, Don Juan en cavalier
20:12et Sganarell en médecin
20:14parce que c'est tout ce qu'il a trouvé
20:16et vu qu'il a cet habit,
20:18il lui dit
20:20vous ne croyez pas non plus en la médecine ?
20:22L'utilisation du verbe croire
20:24est absolument
20:26et la scène montre bien
20:28le rapport qu'il y a entre les deux.
20:30C'est le moment où vous avez
20:32un affrontement entre la médecine parisienne
20:34qui restait quasiment médiévale,
20:36la sorbonne c'est le degré zéro
20:38de la recherche médicale
20:40et la médecine montpellierenne
20:42qui est montpellier,
20:44c'est la deuxième fac
20:46de médecine d'Europe,
20:48après PIS.
20:50Rabelais.
20:52Rabelais est passé également
20:54pour Montpellier, etc.
20:56À Montpellier par exemple,
20:58ils sont circulationnistes.
21:00Harvey a découvert
21:02la circulation du sang dans les années 1630.
21:04La sorbonne le refuse absolument.
21:06Prendre un exemple
21:08précis,
21:10Molière a vu sa mère être saignée
21:12et mort quand il avait 5 ans, à peu près.
21:14Pourquoi ?
21:16Le médecin vous enlève une pinte,
21:18deux pintes, trois pintes, dix pintes,
21:20à la onzième vous êtes mort.
21:22Mais parce qu'il pense,
21:24il refuse la circulation du sang
21:26parce que c'est un anglais qui a trouvé ça.
21:28Où le nationalisme va se nicher.
21:30Et donc,
21:32si votre sang ne circule pas, mon cher,
21:34au lieu de l'avoir 5 litres des poussières,
21:36il faut que vous en ayez à peu près 25 litres
21:38pour remplir tout le corps.
21:40Ils avaient calculé
21:42la quantité de sang qu'il fallait.
21:44Donc, ils peuvent très bien
21:46en enlever 3 litres,
21:48ça ne pose aucun problème
21:50sur 25. Mais 3 litres sur 5,
21:52vous êtes mort 3 fois.
21:54Louis XIV, j'ai regardé ça.
21:56Il a subi,
21:58je ne le savais vraiment pas,
22:00au total 16 opérations sans anesthésie,
22:02on dit une centaine de saignées
22:04et près de 2000 lavements.
22:06Les médecins qui sont succédés au chevet du roi
22:08ont été souvent défaillants.
22:10C'est vrai que l'introduction de Balthus
22:12au coeur de Versailles, au coeur de la cour,
22:14auprès du roi, apparaît comme une évidence
22:16et en avant pour la grande opération,
22:18cette fameuse grande opération.
22:20La grande opération, on va le dire,
22:22à force d'avoir des lavements,
22:24il faut bien comprendre,
22:26les lavements, c'est fait avec des clisters
22:28en métal d'à peu près 80 cm
22:30de longueur.
22:32On vous injecte dans les tripes
22:34l'équivalent d'environ
22:365 à 6 litres de mélange
22:38émollients.
22:42Évidemment, c'est du métal.
22:44Il a fini par être écorché.
22:46Au niveau de
22:48la paroi interne de l'anus,
22:50ça s'est
22:52enflammé, ça s'est pourri
22:54et il y avait une septicémie
22:56qui allait se déclencher.
22:58Je rappelle qu'il n'y a pas d'antibiotiques
23:00à l'époque, si vous avez
23:02une infection grave, vous mourrez.
23:04Ce n'est pas plus compliqué que ça.
23:08Je suggère à vos auditeurs
23:10de penser à leur propre
23:12carrière et à
23:14toutes les occasions qu'ils ont eues
23:16de mourir s'ils avaient vécu au XVIIe siècle.
23:18Toutes les fois qu'on leur a donné
23:20des antibiotiques dans leur vie,
23:22au XVIIe, ils seraient morts.
23:24Voilà, sauf
23:26vraiment les quelques-uns qui ont
23:28cessé de lutter.
23:30Et en plus de ça, il y avait des maladies
23:32très spécifiques. Le typhus,
23:34la peste, etc., ça n'existe
23:36plus trop quand même en France.
23:38Parce qu'on a un peu d'hygiène avec tout ça.
23:40Donc, le roi
23:42va mourir.
23:44Il faut bien comprendre
23:46qu'il a des médecins. Dans la hiérarchie,
23:48le médecin est en haut, le chirurgien
23:50est en bas. Il a un chirurgien qui s'appelle
23:52Félix. On considère que le chirurgien
23:54c'est un succédané du barbier.
23:56Vous savez, le mec qui utilise le rasoir,
23:58à peu près.
24:00Félix
24:02s'appuie sur
24:04mon personnage, effectivement,
24:06pour découper
24:08l'intérieur
24:10du boyau royal,
24:12enlever les parties
24:14pourrissantes,
24:16recoudre
24:18le tout, etc.
24:20Pour vous donner une idée de la violence
24:22du temps, Louvoix,
24:24ministre de l'Intérieur, de la Guerre,
24:26etc., bras droit de Louis XIV
24:28à l'époque, fait enlever
24:30par ses hommes entre 300
24:32et 500 gueux dans les rues de Paris.
24:34On leur fabrique une fistule
24:36au couteau
24:38et on va chercher
24:40la bonne courbure de l'instrument
24:42pour arriver à racler
24:44soigneusement la plaie.
24:46Évidemment, ils vont tous mourir.
24:48Jusqu'à ce qu'on trouve
24:50l'instrument exact.
24:52Il est observable. D'ailleurs, il est dans un musée
24:54actuellement.
24:56C'était pas
24:58des tendres.
25:00Puis la vie d'un gueux, ça comptait pour rien
25:02par rapport à celle du roi.
25:04Ce qui est une bonne nouvelle, c'est que le roi n'est pas
25:06non plus un tendre.
25:08Il est opéré et la vérité,
25:10c'est qu'il ne gémit pas.
25:12Ça, on en est sûr parce qu'on a
25:14un compte rendu au jour le jour
25:16sur tout le règne de Louis XIV
25:18de ses problèmes médicaux.
25:22Il ne gémit pas.
25:24Il a été opéré deux fois dans la réalité.
25:26Il est opéré à vif.
25:28Il n'y a aucun moyen d'anesthésier.
25:30On peut lui faire boire
25:32l'alcool si on veut.
25:36La prestance royale,
25:38le sens qu'il avait de sa fonction
25:40font qu'il a serré les dents
25:42et qu'il n'a rien dit.
25:44Il dit lui-même
25:46traitez-moi comme un paysan.
25:48Balthus, d'ailleurs, chaque fois qu'il y a un de ses patients
25:50qui le soigne, quand le patient se trouve mal, il dit
25:52c'est comme s'il n'y avait pas d'anesthésie.
25:54C'est ma dernière question
25:56parce que le temps passe.
25:58Il faut lire Le Soleil noir
26:00parce que c'est passionnant.
26:02Vous vous semblez vous complaire
26:04dans cette volonté de montrer l'envers
26:06du grand siècle,
26:08aussi du grand roi,
26:10miné par les querelles au sommet de l'État,
26:12les ambitions de Louvois, la vieillesse du Grand Condé.
26:14Je me suis dit,
26:16Jean-Paul Bréguéli se prend finalement
26:18pour Saint-Simon
26:20Qu'est-ce que le grand roi trouve, grâce à ses yeux,
26:22à M. Bréguéli, à Saint-Simon ?
26:24Je serais très flatté
26:26que vous me compariez à Saint-Simon
26:28qui est un écrivain absolument prodigieux.
26:30Il y aura encore 19 autres tomes.
26:32Il y en aura peut-être un suivant.
26:34Ce que j'ai voulu montrer,
26:36c'est que
26:38vous savez qu'actuellement,
26:40les gosses ne savent plus très bien
26:42quand Louis XIV a régné,
26:44à 300 ans près, etc.
26:46Nous-mêmes, nous avons appris finalement
26:48et nous avons reçu le grand siècle,
26:50etc.
26:52J'ai voulu montrer vraiment,
26:54non pas l'envers de ce grand siècle,
26:56mais ce qui se passait en même temps.
26:58Vous savez, actuellement,
27:00je prends un exemple parmi d'autres,
27:02on dit actuellement,
27:04oui, il y a beaucoup trop de délinquance, etc.
27:06Je raconte dedans comment
27:08on traitait les délinquants à l'époque.
27:10Et c'était,
27:12on ne va pas tout dévoiler,
27:14c'était assez âpre quand même.
27:16Mais ce n'est pas parce
27:18qu'on va pendre roue et vif,
27:20etc. des gens.
27:22– Vous ne nous épargnez rien d'ailleurs,
27:24dans le livre.
27:26– Oui, mais voilà,
27:28la vérité fait mal, si je puis dire.
27:30Ce n'est pas parce qu'on va
27:32multiplier les supplices
27:34qu'il y aura moins de délinquance.
27:36Au XVIIe siècle, quand on fait
27:38Paris-Marseille,
27:40d'où je viens là, pour parler avec vous,
27:42on a une chance sur trois
27:44d'être attaqués. Lorsque Mme de Sévigné
27:46va voir sa fille
27:48à Grignan,
27:50elle est escortée d'homme en arme
27:52de façon à ce que sa sûreté
27:54soit établie. Actuellement,
27:56quand même, quand on prend
27:58l'Asset, on a peu de chances
28:00d'être détroussés par des malandrins.
28:02– Vous êtes optimiste.
28:04Allez, Soleil noir
28:06à l'archipel. Je vous invite
28:08à le lire, c'est vraiment
28:10un roman pour l'été aussi,
28:12qu'on soit désagréable.
28:14– J'aimerais bien que ce soit un roman pour l'été.
28:16Je suis un grand lecteur
28:18sur la plage, et ce n'est pas
28:20parce que c'est sur la plage que
28:22c'est à mépriser, au contraire,
28:24ça fait partie, j'aimerais que ce soit
28:26un livre qui a été écrit en partie
28:28pendant le confinement. Je l'ai écrit sur mon blog
28:30chapitre après chapitre, jour après jour
28:32pour les quelques copains
28:34que j'avais à ce moment-là.
28:36J'aimerais que ce soit ça,
28:38que le bonheur du soleil
28:40et de la mer qui vient vous
28:42batifoler sur vos doigts de pied
28:44soit aussi le bonheur
28:46de la lecture. – Voilà. Et là, quand on voit
28:48quelqu'un sur la plage qui lit aussi un Brighelli,
28:50ça devient un copain. Merci beaucoup
28:52Jean-Paul Brighelli. – Merci à vous.

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