• il y a 4 mois
Transcription
00:00Alors oui, si vous avez vu Paris Texas, forcément vous vous rappelez de cette mélodie à la
00:11guitare de Ry Cooder qui a fait beaucoup pour la popularité du film de Wim Wenders.
00:16Alors pourquoi on vous en parle ? Parce que Paris Texas est de retour en salle 40 ans
00:20après avoir obtenu La Palme d'Or et c'est toujours un très grand film.
00:30Alors en 1984, quand Paris Texas est sorti, c'était un peu le nec plus ultra du cinéma
00:45d'auteur.
00:46C'est bien simple, c'était vraiment un éloge critique quasi unanime dans le monde
00:51entier.
00:52Le plus beau film de Wim Wenders, le plus beau film de l'histoire des 20 dernières
00:55années du Festival de Cannes.
00:57Pourquoi cet emballement ? Parce qu'à l'époque, ça avait fait un sacré effet.
01:02J'étais jeune à l'époque, j'avais 15 ans, j'avais été particulièrement impressionné
01:04par ce film.
01:05Le regard de Wim Wenders, d'un cinéaste européen sur l'Amérique, il avait beaucoup
01:09fantasmé.
01:10Alors c'est très intéressant de revoir Paris Texas 40 ans après, surtout si on n'avait
01:16pas eu la chance de le découvrir à l'époque, à l'époque où il était vraiment présenté
01:20comme le sommet de la modernité.
01:21C'est intéressant d'aller voir un film justement pour se demander c'était quoi la modernité
01:25à cette époque.
01:26La modernité en cinéma, ça veut dire inventer un langage, une grammaire.
01:30L'idée, c'était de filmer comme si c'était la première fois.
01:33Et de fait, je pense qu'en 84, ça a dû être très impressionnant de voir ces plans magnifiques
01:39sur le désert.
01:40Ce qui est compliqué 40 ans après, c'est que ce mythe américain n'existe plus et
01:46que donc on a l'impression de voir des images qui depuis ont été usées, délavées, reprises,
01:52copiées, pastichées, par la pub, par le cinéma, par la télévision, etc.
01:56C'est très dur de retrouver l'innocence de 1984.
02:17Ça dure deux heures et demie, alors je crois que ma voisine va en dire du mal de ce point
02:20de vue-là.
02:21Je trouve que je l'ai revu le film et ça marche toujours aussi bien, ce rythme très
02:24contemplatif parce que les images sont splendides.
02:27Il y a la fameuse aire de guitare de Ray Cooder et puis il y a Nastassja Kinski, la superstar
02:33du cinéma d'auteur et au-delà même du cinéma d'auteur des années 80, avec cette
02:38fameuse scène devenue mythique du film à la fin, dans un peep show où Harry Dinsanton
02:42et Nastassja Kinski sont de chaque côté de la vitre, se parlent, se retrouvent.
02:46C'est une scène absolument sublime qui fait que Paris-Texas, c'est encore un grand film
02:5040 ans après.
02:51Il est effectivement très lent, très long, deux heures et demie, et je dirais pas exempt
02:56de complaisance.
02:57C'est un peu un souci du cinéma de Vanders.
02:59Il aime bien se regarder filmer, il aime bien qu'on prenne le temps de savourer le plan,
03:04etc.
03:05Moi, j'ai beaucoup de mal avec cette histoire.
03:06C'est quand même un bloc de masculin assez convenu, pas très passionnant, même si l'histoire
03:14pour le coup, elle a quelque chose d'archi-contemporain, mais pris à l'envers.
03:17C'est un type qui se rend compte qu'il a été possessif, jaloux, invivable, pénible,
03:23ultra-toxique en un mot.
03:24Tout à fait une histoire qu'on raconterait aujourd'hui.
03:26Le personnage de Jane, qui est joué par Anastasia Kinski, est à la fois réduit
03:49à sa plastique, sublime, c'est vraiment une apparition, elle est extraordinaire, et
03:55en même temps, curieusement, privée de son histoire, privée de langage, parce que c'est
04:00lui qui raconte.
04:01Ils la retrouvent, ils sont chacun derrière un miroir sans teint, et en même temps, ça
04:05dit tout du film.
04:06C'est son point de vue à lui qui va être étalé, ressassé, etc.
04:12Et elle, finalement, sera réduite à quoi ? À ce qu'elle sait faire de mieux, une
04:17écoute.
04:18Marie est un peu dure quand même, puisque le personnage se rachète et laisse un peu
04:24l'avenir à sa femme et à son fils.
04:26J'entends le côté personnage féminin qui n'existe très peu, mais il est beaucoup
04:33à l'état de fantasme, au bon sens du terme, c'est-à-dire la retrouver, donc comment
04:37on va la retrouver.
04:38Ça, beau se passer dans un peep show, c'est quand même beaucoup plus soft qu'on pouvait
04:42s'attendre.
04:43Je trouve que Wenders, là-dessus, c'est peut-être son côté plus romantique.
04:46Quand on relit l'emballement critique de l'époque, c'est vrai qu'on se dit que c'était
04:49peut-être un tantinet exagéré.
04:51Le film est quand même assez daté, c'est un film des années 80 avec une esthétique
04:55très forte.
04:56Mais c'est vrai qu'on peut préférer la première partie de sa carrière, ces films
05:01allemands.
05:02Ces films qui étaient vraiment, je pense à Alice dans les villes, je pense encore plus
05:06au fil du temps, qui étaient vraiment des films assez contemplatifs, qui prenaient leur
05:09temps.
05:10Mais il y avait vraiment quelque chose de plus frais, d'un petit peu moins fabriqué
05:13que Paris-Texas.
05:14Bien sûr, il faut le voir ou le revoir, mais moi, ça m'émeut trop peu, pour moi, c'est
05:19bof.
05:20Et voilà, 40 ans après ça, Palme d'Or, ça reste très bien.

Recommandations