• il y a 5 mois
A l'occasion du premier tour de ces élections législatives, un électeur sur deux, âgés de 18 à 24 ans, a voté en faveur du Nouveau Front Populaire. Nombre d'entre eux sont des sympathisants de La France Insoumise, qui avaient soutenu Jean-Luc Mélenchon lors des dernières élections présidentielles puis législatives de 2022. Quelles sont les attentes de ces jeunes ? Quelles sont leurs motivations politiques ? Pour en débattre Jean-Pierre Gratien reçoit la députée Sarah Legrain ainsi que les journalistes Olivier Pérou et Lilian Alemagna.

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00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous dans Débat doc.
00:00:17A l'occasion du 1er tour de ces élections législatives,
00:00:21un électeur sur deux, âgé de 18 à 24 ans,
00:00:24a voté en faveur du nouveau Front populaire.
00:00:28Nombreux d'entre eux sont des sympathisants
00:00:31de la France insoumise, qui avait soutenu
00:00:33Jean-Luc Mélenchon lors des dernières élections présidentielles
00:00:36puis législatives de 2022.
00:00:39Quelles sont les attentes de ces jeunes ?
00:00:41Quelles sont leurs motivations politiques ?
00:00:44Les réponses, vous allez le voir, figurent en grande partie
00:00:47dans le documentaire qui va suivre
00:00:49Faites mieux, cette jeunesse derrière Mélenchon,
00:00:52réalisé par Ludivine Thomasi.
00:00:54Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après,
00:00:57en compagnie des journalistes Lilian Alarmania et Olivier Perroux,
00:01:02et de la députée et les filles nouvellement réélues Sarah Legrain.
00:01:06Avec eux, nous nous interrogerons sur cette jeunesse
00:01:09qui s'est engagée pleinement derrière le mouvement
00:01:12de la France insoumise. Bon doc.
00:01:15Musique douce
00:01:17...
00:01:31Comment distinguer une grande histoire d'une simple aventure ?
00:01:36Faut-il se fier au premier rendez-vous ?
00:01:39Jean-Luc Mélenchon, j'ai découvert un jour où je partais à la mairie,
00:01:42j'avais un petit prospectus à ce moment-là,
00:01:45et je me suis dit, c'est qui, ce monsieur ?
00:01:47On dirait un tonton.
00:01:49Tonton ! On t'aime, tonton !
00:01:52Ça me fait marrer.
00:01:54C'est gentil, je vois bien que c'est gentil.
00:01:56Pour moi, le mot tonton, ça renvoie à François Mitterrand.
00:01:59Une belle rencontre,
00:02:01est-ce que ça ne demande pas de dépasser sa première impression ?
00:02:04Je suis resté sur cette image de Jean-Luc Mélenchon
00:02:07pendant quelques années,
00:02:09c'est-à-dire un vieux fou qui se prend plus que tout le monde.
00:02:12Faut-il forcément admirer l'autre pour que ça dure ?
00:02:16C'est un sacré personnage.
00:02:19C'est quelqu'un avec du caractère, qui parle bien,
00:02:22qui prend les foules avec lui quand il parle.
00:02:24Quel est le secret de la réussite d'une relation
00:02:27entre un homme politique et ses soutiens ?
00:02:29Qui sont ces 30 % de jeunes Français
00:02:32qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon ?
00:02:35En espérant qu'on fait la majorité.
00:02:37Comment le fondateur de la France insoumise
00:02:39est-il devenu le rival de l'abstention
00:02:42chez la nouvelle génération ?
00:02:45Pourquoi Yann, Juliette, Dalia
00:02:47et tant d'autres citoyens et citoyennes de moins de 30 ans
00:02:51ont décidé de faire confiance aux plus âgés des candidats,
00:02:54trois fois perdant à la présidentielle ?
00:02:57Ce qui m'a poussé à voter pour Jean-Luc Mélenchon,
00:03:00déjà, c'était le programme environnemental.
00:03:03Si on veut un pays où on vit bien,
00:03:04forcément, il faut faire des réformes par rapport à la police.
00:03:07La lutte contre les violences sexistes et sexuelles,
00:03:10donc un milliard pour lutter contre les violences patriarcales.
00:03:12On est face à quelqu'un qui, même s'il n'est plus tout jeune,
00:03:15il n'est pas jeune du tout,
00:03:17il est quand même à l'écoute de ce qui se passe.
00:03:19C'est important.
00:03:20C'est la jeunesse, en fait, qui va subir l'avenir du pays.
00:03:24Et je dis bien subir.
00:03:25Tu te sens écoutée,
00:03:27mais tu te sens écoutée par un ancien.
00:03:29C'est assez rare, mine de rien.
00:03:32Les jeunes et Jean-Luc Mélenchon.
00:03:35Sur quoi repose cette union ?
00:03:37Tout ce que ça provoque, c'est de la colère.
00:03:39Je peux être qu'en colère.
00:03:41Ça, ça me met en colère.
00:03:42Il y a quelque chose dans la colère insoumise
00:03:45qui relève de l'indignation,
00:03:47c'est-à-dire dire, mais vous êtes fous, quoi.
00:03:50La personnalité de Mélenchon est-elle compatible
00:03:53avec le projet de ses neveux et nièces ?
00:03:55L'enjeu pour ma génération, c'est de changer le système.
00:03:57Jean-Luc comprend-il votre question ?
00:04:00Jean-Luc comprend-il vraiment
00:04:02les préoccupations de la jeunesse insoumise ?
00:04:04Je me suis pas dit un jour, les jeunes, c'est formidable,
00:04:06ils vont m'apprendre des trucs.
00:04:07Ou sa capacité de mise à jour, a-t-elle atteint ses limites ?
00:04:12Bonsoir.
00:04:13Je suis pas obligé de réviser ma position à cause de vous.
00:04:15Bah, pourquoi pas ?
00:04:16Non, non, non, non, non, non, j'ai plus envie.
00:04:20Jean-Luc Mélenchon va-t-il laisser sa place ?
00:04:24Pourquoi passer le flambeau paraît-il si compliqué ?
00:04:28Il a vraiment construit la génération qui vient après.
00:04:32Les plus jeunes vont me dire,
00:04:34eh bien, on n'y est encore pas arrivé.
00:04:40C'est pas loin.
00:04:43Faites mieux. Merci.
00:04:45Pour commencer, il faut poser les bases.
00:04:47Une bonne relation, c'est avant tout une bonne communication.
00:04:50Hello !
00:04:52Comment ça va ?
00:04:54Sauf qu'en politique, c'est pas tout à fait comme dans la vraie vie.
00:04:57On a la chance de pouvoir faire appel à des professionnels.
00:05:01Je suis Antoine Léaumant, j'ai 33 ans,
00:05:04et je suis un professeur de l'université d'Ottawa.
00:05:07Je suis un professeur de l'université d'Ottawa.
00:05:09Je suis un professeur de l'université d'Ottawa.
00:05:11Je suis un professeur de l'université d'Ottawa.
00:05:13J'ai 33 ans et je suis député de l'Essonne
00:05:17pour la France insoumise.
00:05:19Avant ça, j'étais responsable
00:05:20de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon.
00:05:23C'est-à-dire que je m'occupais de ses réseaux sociaux, globalement.
00:05:26Moi, je pense que ça serait pas mal de faire des plans de ce sens-là.
00:05:30Parce que là-bas, t'as des bâtiments
00:05:33qui montrent qu'on est dans un quartier pop,
00:05:35sinon t'as l'impression qu'on est à la campagne.
00:05:37Pendant dix ans, Antoine a œuvré en coulisses
00:05:39pour que son patron soit plus qu'un homme politique.
00:05:42Léaument a les codes des réseaux,
00:05:44Mélenchon le talent oratoire.
00:05:47Ensemble, il crée Jean-Luc, l'influenceur.
00:05:50J'ai commencé en 2013.
00:05:52Je crois qu'il devait y avoir 200 000 abonnés sur son compte Twitter
00:05:56et 100 000 sur sa page Facebook.
00:05:57Aujourd'hui, il y en a 2 millions sur Twitter
00:05:59et plus d'un million, je crois, sur Facebook.
00:06:02La ligne générale, pour moi, c'est que tous les médias m'intéressent.
00:06:05Tous, sans exception, quel que soit le lieu, quel que soit le format.
00:06:09Il y a plein de jeunes qui sont passés pour vérifier que c'était bien ici.
00:06:12Donc, ouais, moi, je suis plutôt confiant.
00:06:15J'ai connu la période où on faisait des tracts avec des renais hauts.
00:06:18On se mettait de l'encre jusque dans les trous de nez.
00:06:20Et quand on avait fait 5 000 tracts,
00:06:22bon, ça, on pensait qu'on était les maîtres du monde.
00:06:25Bon, si j'avais su à l'époque que je ferais en une semaine
00:06:2811 millions de vues sur TikTok,
00:06:31je sais pas, peut-être que je me serais évadué.
00:06:33Jusqu'au dernier moment, on aura l'impression qu'il va y avoir personne.
00:06:36On arrive à être l'homme politique numéro un sur les réseaux sociaux
00:06:39en considérant que c'est pas des outils de communication,
00:06:42mais que c'est des outils d'information
00:06:43qui permettent de faire passer des idées
00:06:45et qui permettent de construire quelque chose dans la durée.
00:06:48C'est le contournement de la sphère officielle.
00:06:52Donc, nous, qui sommes pointus, aigus, qui avons calibré un message,
00:06:56on va pouvoir, broum, passer à travers ça.
00:06:58Qu'est-ce qu'on prend ?
00:06:59Ne me dites pas que ça marche à tous les coups.
00:07:00Qu'est-ce qu'on impose dans l'agenda médiatique ?
00:07:01Ouais. Et l'agenda médiatique, des gens qui nous intéressent, nous.
00:07:06Avec Antoine, Jean-Luc a trouvé
00:07:08un de ses meilleurs entremetteurs politiques.
00:07:10En même temps, qui de mieux qu'un ancien centriste
00:07:13pour convaincre les citoyens de se laisser séduire par la gauche ?
00:07:17Moi, j'étais plutôt de droite, j'étais plutôt côté Beyrou.
00:07:20Si j'avais pu voter en 2007, j'aurais voté Beyrou au premier tour,
00:07:23j'aurais voté Sarkozy au deuxième, donc j'étais vraiment bien parti à droite.
00:07:27Et c'est vraiment le moment où, c'est le hasard, mais c'est comme ça,
00:07:30où j'ai découvert Mélenchon avec un bouquin qui s'appelle
00:07:33Qui te s'en aille tous ?
00:07:35Je me suis dit qu'il était génial,
00:07:36que j'étais d'accord avec tout ce qu'il racontait.
00:07:38Levé !
00:07:39On ne veut pas levé !
00:07:43Parce qu'en fait, on a fait un snap avec un rappeur local.
00:07:47J'ai dit, il faut voter pour levé, voter pour levé, comme ça.
00:07:50Maintenant, je suis devenu levé. Je m'appelle Levé Les Jeunes.
00:07:52Si on a beaucoup investi les réseaux sociaux,
00:07:55c'est parce qu'on s'est dit que les jeunes votaient peu,
00:07:58dans l'ensemble, et que donc, il fallait les convaincre d'aller voter.
00:08:01Là, chez Les Jeunes, on a fait des scores vraiment hyper impressionnants.
00:08:05Chez Les Jeunes, et particulièrement chez les jeunes
00:08:09dans les quartiers populaires.
00:08:10Ce qu'on essaye de faire, c'est de les convaincre
00:08:14des idées politiques qu'on porte,
00:08:16et du fait que c'est les idées de l'avenir.
00:08:18Un projet d'avenir, pas une histoire d'un soir d'élection.
00:08:22Il y a l'aspect électoral, bien sûr,
00:08:24qui est un aspect d'urgence, entre guillemets, il faut qu'on gagne.
00:08:27Mais il y a l'aspect plus long terme.
00:08:29Construire une relation durable avec les citoyens,
00:08:31les convaincre d'adhérer à un projet de rupture,
00:08:34ça demande d'y croire à fond, quitte à paraître un peu fan.
00:08:39Merci à toutes et à tous d'être venus si nombreux.
00:08:42Je suis Antoine Léaumant,
00:08:43le candidat dans la dixième circonscription de l'Essonne.
00:08:46Beaucoup me connaissent sous le nom de M.V.
00:08:48Je vous dis juste une chose,
00:08:50on a la possibilité de tout changer dans ce pays.
00:08:52On a la possibilité de faire le SMIC à midi,
00:08:54on a la possibilité de faire le SMIC à soirée,
00:08:57on a la possibilité de faire le SMIC à 1 500 euros,
00:08:59le blocage des prix, la retraite à 60 ans,
00:09:02supprimer Parcoursup, dont je sais que c'est un énorme problème.
00:09:06Nous aurons celui que vous attendez maintenant pour prendre la parole,
00:09:09comme Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon !
00:09:12C'est plus qu'un patron pour moi, ça a été d'abord un mentor.
00:09:17J'ai coupé la parole
00:09:19aux presque meilleurs des nôtres.
00:09:22On prend tous les bulletins pour que personne ne sache ce qu'on va faire.
00:09:26Ensuite, on rentre dans le machin, on tire le rideau,
00:09:28on choisit le bulletin, le plus intéressant,
00:09:31c'est celui où on voit le...
00:09:33Faites voir avec les mains, votez, victoire !
00:09:37En France, les personnes plus âgées
00:09:40vont plus voter que les autres.
00:09:43Et il arrive que quand l'âge vient,
00:09:46on devient plus créatif, plus conservateur,
00:09:49et on n'aime pas trop que tout change, tout bouge, tout le temps.
00:09:53Et on trouve que les jeunes sont bien agités
00:09:56et qu'ils devraient être un peu plus calmes.
00:09:58Mélenchon, l'homme qui a trouvé le secret de la jeunesse éternelle.
00:10:02Une histoire vraie ou juste une story de plus ?
00:10:06Le profil des élus vise à toucher les citoyens au cœur.
00:10:10Âge, origine géographique et sociale,
00:10:13valeur, façon d'être.
00:10:14Les points communs et les différences sont scrutés, jugés.
00:10:18En politique, l'algorithme peut donner des matchs improbables.
00:10:22Comme un homme de 71 ans avec des jeunes,
00:10:25ou un Antoine Léaumant avec des habitants des quartiers populaires.
00:10:29Je n'ai pas grandi dans un quartier populaire.
00:10:31Je n'ai pas grandi non plus dans une ville de la périphérie de Paris.
00:10:35J'ai grandi dans une petite ville de province, à Châteauroux.
00:10:39OK, je suis blanc. C'est ça, la question.
00:10:42Mais les problèmes que j'ai rencontrés dans mon enfance,
00:10:44liés à la ruralité et pas au quartier populaire,
00:10:47sont des problèmes similaires au quartier populaire, moins le racisme.
00:10:50Est-ce qu'il n'y a pas des moyens de faire en sorte
00:10:53que la jeunesse qui vit en banlieue ait plus envie de s'investir en politique
00:10:57et de se représenter ici ?
00:10:58Non, non, il doit faire le boulot.
00:11:01Rien n'est jamais cadeau, les jeunes.
00:11:03Ça n'existe pas, surtout si tu es pauvre,
00:11:05surtout si tu viens du milieu populaire.
00:11:07La seule consigne, c'est bat-toi.
00:11:09Rien n'est jamais cadeau,
00:11:10mais certaines mesures politiques peuvent aider à faire sa place
00:11:14et donc s'engager.
00:11:16Si chacun est responsable de son destin,
00:11:18l'environnement social joue aussi un grand rôle.
00:11:21Pour rappel, la lutte contre Parcoursup et son système scolaire élitiste
00:11:26figure au programme de la France Insoumise.
00:11:30En quoi Mélenchon serait-il le mieux placé
00:11:33pour représenter la jeunesse de banlieue ?
00:11:37Une jeunesse connectée, certes.
00:11:40Il n'y a pas de belles photos de Jean-Luc et moi
00:11:43quand on se prend dans les rues ?
00:11:44Il y a la petite vidéo de Pierre.
00:11:47C'est bon.
00:11:48C'est pas de chance.
00:11:50Mais une jeunesse qui attend surtout l'étape d'après.
00:11:52Trouver enfin cette personne qui comprend leurs besoins,
00:11:56une personne qui incarne le progrès social.
00:12:04Parfois, je me dis que la journée, elle est finie,
00:12:08mais non, elle n'est pas finie.
00:12:10Comment ça se passe la première fois ?
00:12:12La première fois qu'on se motive pour aller voter
00:12:15et qu'il faut donner sa confiance à un inconnu.
00:12:18Est-ce qu'on se lance tête baissée, les yeux fermés ?
00:12:21Ou plutôt avec prudence ?
00:12:23J'ai voté utile.
00:12:24C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon,
00:12:26c'est pas le choix parfait,
00:12:27c'est vraiment juste un bon début pour atteindre des objectifs.
00:12:33Je m'appelle Dalia, j'ai 25 ans,
00:12:35j'ai toujours grandi et vécu en banlieue.
00:12:37J'ai une licence de japonais
00:12:38et je travaille dans une épicerie spécialisée asiatique.
00:12:40Le système de vote, déjà, en lui-même, est biaisé.
00:12:43Le messieur a besoin de vous dire
00:12:45qu'il faudra déterminer s'il y a des grandes vies dans le Nord,
00:12:48mais la circulation continue.
00:12:49Vous pouvez aller sous le pied, juste en face.
00:12:53Le premier, il vous attend.
00:12:55Si Dalia et sa sœur Yasmine ont décidé de soutenir Jean-Luc Mélenchon,
00:12:59c'est avant tout une question de foi et de trauma.
00:13:02J'ai grandi dans une ville où j'avais des amis
00:13:04quand j'étais au collège,
00:13:06qui arrivaient un jour à l'école
00:13:08et ils avaient des bleus sur le corps
00:13:10parce qu'ils étaient partis en garde à vue.
00:13:12Leur seule erreur, c'était d'être partis faire des courses
00:13:15sans leur justificatif d'identité.
00:13:17En banlieue, on est conditionnés à penser à ça.
00:13:21Si on ne le fait pas, on sait qu'on risque d'avoir des problèmes.
00:13:26Sarcelles, au nord de Paris.
00:13:28Comme dans beaucoup d'autres banlieues,
00:13:30la moitié des votants a glissé un bulletin Mélenchon dans l'urne
00:13:33à la dernière présidentielle.
00:13:36Promesse de réformer la police,
00:13:38soutien à la communauté musulmane,
00:13:41Jean-Luc a rallumé un espoir.
00:13:46Je vais aller prier, habibi.
00:13:48Vas-y, ça marche.
00:13:49Faut que je coupe des légumes en attendant ?
00:13:53Euh... Je veux bien, s'il te plaît.
00:13:57La prière, c'est quelque chose qui a une place importante,
00:14:00sauf que de base, je suis censée prier à des moments précis dans la journée.
00:14:03Mais pour des raisons de laïcité, je ne prie pas sur mon lieu de travail.
00:14:06Et du coup, les jours où je travaille, je rate mes prières.
00:14:09Donc, en rentrant, forcément, je les rattrape.
00:14:11C'est un moment où je sais que personne ne va me déranger.
00:14:15C'est mon moment à moi.
00:14:16Ça me prend quelques minutes dans la journée.
00:14:19Et c'est quelques minutes de pur silence autour de moi.
00:14:40Je comprends de quoi il s'agit.
00:14:41J'ai moi-même été un jeune croyant.
00:14:44Puis, les circonstances de l'existence m'ont éloigné
00:14:47du discours et de la pratique de la foi catholique.
00:14:51Donc, je ne suis pas surpris qu'un jeune soit croyant.
00:14:54Ça ne me paraît pas être une monstruosité.
00:14:56De temps en temps, comme ça, dans mon travail,
00:14:58je me dis que je ne suis pas le seul à avoir été un jeune croyant.
00:15:02Je suis un peu le seul à avoir été un jeune non-croyant.
00:15:04Je suis un peu le seul à avoir été un jeune non-croyant.
00:15:07De temps en temps, comme ça, dans ma vie,
00:15:10je suis choquée par ce qui m'entoure.
00:15:12C'est-à-dire que je peux rencontrer quelqu'un,
00:15:14être amie avec cette personne pendant des années et des années,
00:15:17et d'un coup, cette personne me dit une monstruosité raciste.
00:15:21On m'explique qu'on me déteste et qu'on déteste ceux qui me ressemblent.
00:15:25Enfin, non, qu'on ne me déteste pas moi,
00:15:27parce que moi, je ne suis pas comme les autres, justement.
00:15:29Eh bien, si, en fait.
00:15:31Moi aussi, je suis comme ça.
00:15:33Je suis exactement comme les autres.
00:15:35Les autres que tu détestes, c'est-à-dire les Arabes et les musulmans,
00:15:37eh bien, devine quoi ?
00:15:40Mauvaise nouvelle, j'en suis une.
00:15:43La patrie républicaine, elle est à tous ces enfants.
00:15:47Cette jeune femme, c'est ma compatriote.
00:15:49Je ressens une profonde idée d'attachement.
00:15:54Et je ne supporte pas
00:15:56ceux qui voudraient provoquer dans ce pays cette coupure abominable.
00:16:00La voie de passage,
00:16:01ce n'est pas essayer d'extirper la religion du cœur des gens.
00:16:04Ça ne sert à rien.
00:16:05C'est un truc qui a changé depuis que tu t'es remise à prier tout doucement.
00:16:11C'est que, moi, je te sens beaucoup plus sereine depuis.
00:16:13C'est le cas.
00:16:14C'est le cas, je suis beaucoup plus sereine.
00:16:17J'ai moins de pression,
00:16:19j'ai l'impression d'avoir moins de pression sur les épaules.
00:16:22Un discours de tolérance vis-à-vis des religions, étonnant.
00:16:25Connu et reconnu pour ses positions anticommunautaristes,
00:16:29Jean-Luc Mélenchon renie-t-il son passé ?
00:16:32Je ne sais pas, peut-être qu'il y a 30 ans, je n'aurais pas réagi comme ça.
00:16:35Tout m'insupportait.
00:16:36Les bonnes sœurs qui passaient en cornettes.
00:16:38Mais qu'est-ce qui s'est passé entre-temps ?
00:16:39Et puis après, vous recevez la leçon de la vie.
00:16:42Vous vous dites, ça n'a pas de sens d'être comme ça.
00:16:44Ça n'a pas de sens.
00:16:45Parce que si vous êtes un anticlérical forcené
00:16:48qui ne supporte aucune pratique religieuse,
00:16:51ça vous élimine un nombre de gens considérables autour de vous.
00:16:54Opportunisme électoral, antiracisme sincère,
00:16:58Jean-Luc Mélenchon met sa capacité de remise en question
00:17:01au service de la lutte contre un ennemi que lui et Dalia ont en commun.
00:17:06J'ai grandi à Garges-Légonnaises dans le 95.
00:17:09J'avais envie de faire mon devoir de citoyenne d'une manière ou d'une autre.
00:17:12Donc je me suis proposée pour dépouiller.
00:17:15Et Garges, c'est une ville, c'est un melting pot, en fait.
00:17:19Il y a toutes les cultures qui sont mélangées.
00:17:21Et quand on marche dans les rues à Garges,
00:17:23on n'a pas l'impression que le racisme existe.
00:17:26Et après, on se retrouve, on ouvre le premier vote,
00:17:28et c'est Marine Le Pen.
00:17:30Et on se dit, ah ! Ils sont où, ces gens, dans la vraie vie ?
00:17:33Exactement, ils sont où, en fait ?
00:17:36Je me suis dit, mais dans quel monde je vis, finalement ?
00:17:39Tout de suite, on se dit, mais qu'est-ce qui va se passer pendant ces élections ?
00:17:43Je suis franco-égyptienne.
00:17:45J'ai pas envie de continuer à vivre dans un pays qui me déteste.
00:17:49J'ai envie d'avoir des enfants un jour.
00:17:50J'ai pas envie de leur donner un pays qui les déteste non plus.
00:17:53Enfin, c'est pas un objectif.
00:17:56Combattre l'extrême droite par tous les moyens,
00:17:59lutter contre le racisme quotidien,
00:18:02c'est aussi partir en guerre contre un adversaire
00:18:04bien plus difficile à neutraliser.
00:18:07Il manque un peu de sel.
00:18:09Ce serait mentir de dire qu'il n'y a pas de racisme d'État,
00:18:12c'est-à-dire qu'on est dans un pays où, quel que soit notre statut social,
00:18:16à partir du moment où on n'est pas blanc, on aura des difficultés.
00:18:18Quand on ressent justement ce privilège d'être un homme blanc...
00:18:22Je sais pas, on s'en rend pas compte, il faut que les autres vous le disent.
00:18:24Au début, moi, j'ai commencé par dire non, mais ça va pas.
00:18:26C'est quoi le privilège d'un homme blanc quand il est pauvre ?
00:18:29On m'a dit, on va te le raconter.
00:18:31Et puis, quand on vous le raconte, vous dites, c'est pas que faux, quoi.
00:18:35Parce que ça touche à tout, ça touche à l'intime.
00:18:37Vous, vous définiriez comment, alors ?
00:18:38Être humain.
00:18:39Je n'appartiens à aucune communauté fondée sur la couleur de peau.
00:18:43Ça, jamais. Quelle horreur.
00:18:45Qui peut affirmer aujourd'hui ne pas se définir par sa couleur de peau ?
00:18:50Pour qui l'intime n'est-il toujours pas politique ?
00:18:54Peut-être pour ceux qui peinent à prendre conscience de leurs privilèges.
00:18:59On pourrait commencer récomportant comme plat.
00:19:01Jean-Luc Mélenchon, il incarne pas vraiment l'antiracisme
00:19:04tel qu'on aimerait le voir en France, mais c'est un bon début.
00:19:08C'est-à-dire que si je devais faire des choix par rapport à l'antiracisme
00:19:11en France, politiquement parlant, je voterais pas Jean-Luc Mélenchon.
00:19:15C'était quelque chose qui était bien plus présent dans le discours de Poutou
00:19:17que dans le discours de Mélenchon.
00:19:19Sauf qu'encore une fois, il s'agirait d'unir la gauche.
00:19:22C'est trop mon allure.
00:19:23On passe un bon moment, là.
00:19:24Je t'aime.
00:19:27Moi aussi, je t'aime, Jean-Luc.
00:19:30Salope.
00:19:31Je sais pas si je t'aimerais autant si tu savais pas cuisiner.
00:19:37Ah, désolée, la vérité est sortie.
00:19:49La passion du début.
00:19:51À la découverte de l'autre et de son univers.
00:19:54Les yeux, le cœur, tout est grand ouvert.
00:19:58C'est la première fois que je le vois porter du maquillage.
00:20:00Et en plus, c'est moi qui le fais.
00:20:02Il est beau, mon cœur.
00:20:03Il est beau, ton cœur.
00:20:04Bah oui, il est beau, mon cœur.
00:20:07On se laisse prendre par la main jusqu'à Annecy pour la marche des fiertés,
00:20:11en soutien à la communauté LGBTQIA+,
00:20:15et pas avec n'importe qui, avec toute la famille.
00:20:18On parle assez peu politique dans ma famille,
00:20:21et en arrivant à Paris, du coup, j'ai rencontré des personnes
00:20:24qui m'ont politisé.
00:20:26T'en as combien, là ?
00:20:27Plein.
00:20:31Ah, j'ai mal au bras.
00:20:32Je m'appelle Yann Guérin.
00:20:34J'ai 24 ans depuis cet été,
00:20:36fraîchement diplômé des Arts et Métiers à une école d'ingénieurs,
00:20:40et donc je suis ingénieur en CDI.
00:20:42La vie parisienne, la politique, Mélenchon,
00:20:45Yann a tout découvert.
00:20:47Yann a tout découvert en même temps.
00:20:49En 2017, je n'étais pas politisé.
00:20:51J'avais eu un papier dans ma boîte aux lettres d'Emmanuel Macron
00:20:56qui avait dit que le candidat des jeunes, c'est notre projet et tout.
00:21:00Et du coup, j'ai voté Emmanuel Macron.
00:21:04Je n'assume plus, maintenant.
00:21:05Mais c'est une erreur de parcours, une erreur de jeunesse.
00:21:11Une erreur que peu reconnaissent.
00:21:13Le vote gay pour Mélenchon ne va pas toujours de soi.
00:21:16Macron, Le Pen et même Zemmour
00:21:18sont aussi appelés dans les urnes par la communauté,
00:21:21même si Mélenchon reste un des rares à penser à elle dans son programme.
00:21:26Chez Jean-Luc Mélenchon, j'aime beaucoup sa capacité
00:21:29à accepter de changer d'avis.
00:21:31L'humilité qu'il a de dire
00:21:34« Ah, j'ai eu tort, à cette époque-là, j'avais dit quelque chose,
00:21:38mais j'ai eu tort,
00:21:39parce que j'ai eu de nouvelles informations depuis,
00:21:43et avec ces nouvelles informations, j'ai changé d'avis,
00:21:46et maintenant, mon avis, c'est ça. »
00:21:47Exemple, c'était sur les personnes transgenres, il me semble.
00:21:50Je pars de rien du tout, à me dire « C'est quoi cette histoire ? »
00:21:54C'est pas mon sujet, quoi.
00:21:55Et puis, je participe à la moyenne un peu narquois,
00:21:59je me dis « Franchement, vraiment, c'est un sujet.
00:22:01Quoi ? Je sais pas si t'es un homme ou une femme, c'est quoi cette histoire ? »
00:22:04Le truc niveau zéro, quoi.
00:22:08Vous êtes interpellé par des jeunes camarades.
00:22:12Vous avez de l'estime pour eux, de l'affection.
00:22:14Tout d'un coup, vous amènez un problème comme ça.
00:22:16Bon, il faut réfléchir.
00:22:18Puis, il y a les expériences.
00:22:21Je rencontre une personne transgenre.
00:22:25Et puis, tout d'un coup, le regard change, et sur plein de choses.
00:22:29Faire de la place à toutes les identités,
00:22:32faire la gay pride avec sa mère,
00:22:34c'est aussi ça, la génération Mélenchon.
00:22:36Non, IL. Ceux qui sont ni IL ni L.
00:22:39Allez, non binaire. NB, du coup. Non binaire.
00:22:43Yel. Non, Yel, c'est le pronom.
00:22:45I-E-L. Yel. Le pronom Yel.
00:22:47Une génération qui réinvente le présent et imagine un futur vivable.
00:22:52On est là pour pécho ?
00:22:54Ah oui, le but, c'est pécho. Bah oui.
00:22:56Enfin, moi, toi, tu fais ce que tu veux.
00:22:59Si, regarde, frikis. Faut faire des bisous aux gens.
00:23:04Peut-être parce que cette génération, tout comme Mélenchon, apprend du passé.
00:23:09Et non, j'ai pas envie de revoir les gens qui m'ont harcelé au collège
00:23:12et de leur parler en mode « Ah ouais, trop bien, on est trop potes du collège. »
00:23:16Au début des années 90, Jean-Luc est sénateur
00:23:20et propose dans la foulée la première loi
00:23:23pour créer un partenariat civil, le fameux PACS.
00:23:27Et j'avais un peu un remord, parce qu'en 1982,
00:23:30quand François Mitterrand et ses gouvernements
00:23:32ont aboli la punition, c'était criminaliser l'homosexualité,
00:23:38j'ai fait partie, je pense, je n'ai pas de souvenirs très précis
00:23:41de ces gens qui disaient « Non, mais franchement,
00:23:43on n'a pas autre chose de plus urgent ? »
00:23:45C'était que ça, la mentalité.
00:23:46C'était « Non, mais attends, on n'a pas dit qu'on allait faire le socialisme ?
00:23:49Alors, il est où ? »
00:23:51C'est le côté un peu rustre, je pense que,
00:23:54en tout cas, je n'ai pas compris à l'époque de quoi on parlait
00:23:57et ça ne m'intéressait pas.
00:23:58Et quand ces gens arrivent,
00:24:01tout d'un coup, je découvre ce monde de cruauté,
00:24:05de brutalité comme ça, qu'on avait tous sous les yeux.
00:24:08Il y a eu des pensées très sombres.
00:24:10J'ai voulu faire des trucs qu'il ne faut pas faire.
00:24:14Il y a eu un moment où vraiment, ça n'allait pas du tout
00:24:19et où je me faisais harceler beaucoup, beaucoup.
00:24:23C'était en quatrième, si je ne dis pas de bêtises.
00:24:26J'ai eu des pensées suicidaires, quand même, à l'époque.
00:24:30J'ai eu des moments où je n'étais pas loin du tout.
00:24:35Et heureusement que je n'ai rien fait.
00:24:43Et heureusement que je n'ai rien fait,
00:24:45mais l'idée était là, quoi.
00:25:01Il a une énorme bite !
00:25:02C'est incroyable !
00:25:03J'aime beaucoup. Il me faut la même chose.
00:25:05Si vous ne savez pas quoi m'offrir pour mon anniversaire,
00:25:07je veux une grosse bite.
00:25:09Nous sommes féministes et en colère.
00:25:11OK, j'ai les paroles.
00:25:13Nous sommes queers, nous sommes fiers.
00:25:17Et il faut chanter les chants un peu d'extrême-gauche, là.
00:25:21Allez, les islamo-gauchistes, on chante ensemble.
00:25:25Racisme, discrimination de genre, justice écologique et sociale.
00:25:29Jean-Luc a su capter les intérêts d'une jeunesse progressiste.
00:25:33Nickel.
00:25:34Tout droit venu du monde d'avant,
00:25:35Mélenchon parviendra-t-il à tenir le rythme de ses nouveaux partenaires ?
00:25:40Car cette jeunesse-là n'attend pas qu'on lui donne la permission
00:25:43pour embrasser le nouveau monde et ses combats.
00:25:46D'être moi à 100 % et de le montrer autant,
00:25:50c'est une revanche sur toutes les personnes
00:25:53qui m'ont dit que ce n'était pas normal d'être moi.
00:25:56Mon orientation sexuelle fait de moi une minorité.
00:25:59Même si je suis un homme blanc cisgenre,
00:26:02je reste une minorité.
00:26:03Et ça m'a permis aussi de m'ouvrir aux personnes discriminées.
00:26:07Et du coup, politiquement,
00:26:09ça me fait aller vers des partis qui vont aider ces personnes.
00:26:28L'entrée à la fac.
00:26:29On change de vie, on se fait de nouveaux amis.
00:26:33C'est comme se choisir une nouvelle famille,
00:26:35une famille réunie autour de valeurs et de causes communes.
00:26:39C'est au meeting de Mélenchon
00:26:41dans lequel il présente ce que sera l'union populaire
00:26:45que j'ai rencontré les gens qui sont aujourd'hui mes plus proches amis.
00:26:50Et du coup, c'est à partir de ce meeting-là
00:26:53que je me suis vraiment engagée et que j'ai pas arrêtée par la suite.
00:26:58Je m'appelle Juliette Malbois, j'ai 20 ans.
00:27:00Je suis étudiante en informations-communications à Rennes-deux.
00:27:05Et je milite aussi à côté de mes études.
00:27:08Venez, venez, venez, venez, venez !
00:27:10Alors, première chose, merci beaucoup d'être venue nous aider.
00:27:14Après avoir fait la campagne présidentielle et la campagne législative,
00:27:17je m'étais dit que je ne pouvais plus rien faire.
00:27:21Et du coup, j'ai décidé de m'engager pleinement
00:27:25dans un syndicat étudiant pour lutter contre la précarité étudiante.
00:27:28Juliette découvre Jean-Luc Mélenchon en 2017.
00:27:32Elle a 16 ans et voit son frère militer pour la présidentielle.
00:27:35Trois ans plus tard, elle commence des études supérieures à Rennes
00:27:39et s'engage auprès des jeunes insoumis, loin de son milieu d'origine.
00:27:43Je suis née à Angers.
00:27:44J'ai grandi dans une petite commune du Maine-et-Loire,
00:27:48dans le 49, à Saint-Martin-d'Arcée.
00:27:50Et mes parents sont au cadre.
00:27:53Et du coup, je suis la petite bourgeoisie des campagnes.
00:27:57On en revient à la distribution.
00:27:58Donc, vous avez vu qu'on a réparti les produits par table
00:28:01selon les types de produits.
00:28:03Les féculents, l'épicerie salée, l'épicerie sucrée,
00:28:06les fruits et les légumes.
00:28:08Le rôle des gens, une fois qu'on a tout installé,
00:28:10c'est de se mettre derrière les tables.
00:28:11Et je suis désolé, il n'y a pas un travail très amusant,
00:28:13mais c'est de vérifier que les gens, par table,
00:28:15aient plus que ce qu'on est capable de leur donner.
00:28:16Donc, sur les épiceries salées et sucrées, c'est deux produits.
00:28:20Donc évidemment, il va falloir le répéter, beaucoup.
00:28:22Dès que les personnes arrivent, vous leur redites.
00:28:24Et surtout, il y a du bruit ambiant,
00:28:26il faut le faire avec les doigts.
00:28:28Vous dites deux produits.
00:28:29La moitié de la jeunesse étudiante, la moitié,
00:28:32sur deux millions, ça fait un million,
00:28:34travaille pour suivre ses études.
00:28:36Quand moi, j'étais étudiant,
00:28:39je ne sais pas, on devait être en rien, quoi, 10 %,
00:28:42qui travaillait un peu le soir, un peu ici, un peu là.
00:28:44Maintenant, c'est la moitié.
00:28:46Donc, c'est une jeunesse qui a les deux caractéristiques
00:28:50impliquées dans la vie, comme on dit, concrète, matérielle,
00:28:53et dans l'état de disponibilité intellectuelle
00:28:59pour regarder le monde.
00:29:00Donc, oui, on peut apprendre beaucoup.
00:29:02La précarité étudiante, on a commencé vraiment à en parler
00:29:05pendant le Covid, mais depuis, ça ne s'est pas arrêté.
00:29:08Cette année, ça varie entre 500 et 600 étudiants
00:29:11à chaque distribution.
00:29:13L'Union Pirate, c'est un syndicat étudiant à Rennes
00:29:17qui est majoritaire.
00:29:19Donc nous, avec l'Union Pirate, on essaie de faire en sorte
00:29:22que ça se déroule au mieux,
00:29:23pour pas que ce soit non plus trop un moment chiant,
00:29:27parce que, bon, c'est pas toujours agréable,
00:29:29déjà, d'aller à ces distributions, ça prend du temps,
00:29:31ça prend des fois du temps sur certains cours.
00:29:33C'est pas toujours agréable, je pense, de montrer aux autres
00:29:36qu'on est dans une situation de précarité
00:29:38qui nous oblige à devoir faire 30 minutes de queue
00:29:40pour récupérer un sac.
00:29:42T'as eu droit à deux articles sur l'ensemble de la table.
00:29:46Je sais pas si t'as déjà pris deux articles.
00:29:51Tu veux reposer ça ?
00:29:52Tiens.
00:29:54Prends.
00:29:55Ben, c'est le dégoût, en fait.
00:29:56J'ai vraiment beaucoup de colère envers le gouvernement
00:29:59qui se rend pas compte de cette détresse-là
00:30:03de la jeunesse et des étudiants.
00:30:08Comme Juliette, de plus en plus de jeunes privilégiés
00:30:11se reconnaissent dans le mouvement de la France insoumise.
00:30:14Un non-sens ?
00:30:16Pas tant que ça quand on connaît la situation de Jean-Luc Mélenchon.
00:30:20Issu d'un milieu modeste,
00:30:22le populiste déclare un patrimoine d'un peu plus d'un million d'euros.
00:30:27Vous êtes bourgeois ou vous ne l'êtes pas,
00:30:29vous voyez bien que ça ne peut pas durer comme ça,
00:30:31qu'on est en train de saccager la planète.
00:30:32Je veux dire, c'est pas parce que vous êtes un bourgeois
00:30:34que vous n'avez pas de conscience.
00:30:35Mais la conscience sociale, c'est toujours la chose qui retarde le plus
00:30:38chez le bourgeois.
00:30:40Il faut donc amener, je dis le bourgeois pour caricaturer,
00:30:43mais tout le monde peut être convaincu, et moi, je ne rêve que de ça.
00:30:46Notamment dans la pratique, dans mon idée de la révolution citoyenne.
00:30:51Mais pas pour moi, quand je demande une meilleure répartition des richesses,
00:30:54ce n'est pas pour mes parents,
00:30:56parce que mes parents sont sortis globalement très bien.
00:30:58C'est vraiment une question, je ne sais pas, d'égalité.
00:31:01J'ai envie que tout le monde puisse vivre dans les mêmes conditions
00:31:05et que personne n'ait à s'inquiéter de comment il va finir le mois
00:31:08ou comment il va nourrir ses enfants ce soir.
00:31:10En fait, tu rencontres ceux pour qui et ceux pour qui aussi tu te bats.
00:31:16Tu connaissais l'Union Pirate avant ?
00:31:18De non, oui, ça fait un an que je suis à la PAC, je me suis réorganisé cette année.
00:31:21OK, trop bien. Et du coup, ça va, les distribs alimentaires,
00:31:24tu trouves ça...
00:31:25Enfin, genre, en termes de quantité, ça te suffit ou pas ?
00:31:28Qu'est-ce que tu en penses ?
00:31:29Du coup, je n'ai pas les moyens, parce que je vécu avec la bourse.
00:31:34L'année dernière, du coup, je n'avais pas du tout envie de parler de tout ça,
00:31:38et du coup, ce que j'ai fait, c'est juste que je l'ai vécu en mangeant des pâtes.
00:31:41Ouais.
00:31:42L'avenir de la France, l'avenir des insoumis.
00:31:46C'est en partie ici qu'il se joue.
00:31:48OK, donc ça te permet de manger plus varié
00:31:53et peut-être plus équilibré aussi ?
00:31:55Même si ça, c'est pas forcément très...
00:31:56Oui, mais par exemple, j'ai pris...
00:31:58Ouais, il y avait des fruits et des légumes.
00:31:59Ouais, ça, c'est bien, ouais.
00:32:01Je vais essayer de diversifier.
00:32:02Ouais, mais c'est cool. OK.
00:32:04Entre les boîtes de conserve et les stickers de l'Union Pirate,
00:32:08on aide ceux qui en ont besoin.
00:32:10On réseaute, on fait de la politique.
00:32:14Avoir un taf en parallèle de ses études,
00:32:16c'est la première cause de l'échec de ses études.
00:32:20C'est un cercle vicieux.
00:32:21T'es en difficulté économiquement,
00:32:23du coup, pour payer tes études, tu travailles,
00:32:25et au final, tu mets en danger aussi tes études,
00:32:28et c'est ce que la Macronie appelle la méritocratie,
00:32:31ce qui n'existe pas vraiment.
00:32:33Mais du coup, voilà...
00:32:35C'est un peu indirectement...
00:32:38verser un discours de gauche aussi dans les esprits, en fait.
00:32:41Voilà, c'est la solidarité.
00:32:43On organise ça parce que le gouvernement fait rien à côté.
00:32:47Et je pense que c'est aussi transmettre des discours de gauche
00:32:50qui sont indispensables.
00:32:53Musique douce
00:32:57...
00:33:07Bruit de la bouche
00:33:10...
00:33:11Le moment où on s'installe.
00:33:13Ca y est, on est dans le vrai, dans le concret.
00:33:15La tête dans le chantier.
00:33:17Du coup, là, en fait, on...
00:33:20On met des cales pour pouvoir avoir un plancher...
00:33:24pour mettre ensuite la cuve souple
00:33:26qui nous permettra de stocker le plat de source.
00:33:29En 2017, il y a eu les élections présidentielles.
00:33:32Moi, j'étais beaucoup sur les réseaux, beaucoup à commenter,
00:33:35beaucoup derrière mon ordi, à lire,
00:33:37à répondre aux gars qui faisaient des commentaires.
00:33:39J'étais pas un troll. J'aime pas le mot troll, toi.
00:33:42Moi, j'arrivais, je te faisais des pavés comme ça,
00:33:44avec tout l'argumentaire, et parfois, ça marchait.
00:33:46Je m'appelle Simon Bracquemart.
00:33:49J'ai 31 ans.
00:33:51Et je suis régisseur sur des tournages de fiction.
00:33:55Je suis néo-rural, j'aime bien dire ça,
00:33:58parce que je suis encore un vrai citadin dans l'âme,
00:34:00mais j'habite maintenant à la campagne.
00:34:01Voilà.
00:34:03Il y a 12 ans, je m'imaginais pas du tout
00:34:06habiter dans un hameau avec Simon...
00:34:10et faire des projets potagers et compagnie, quoi.
00:34:13Marianne et Simon sont tous les deux intermittents du spectacle.
00:34:16Après des années à Paris et Bruxelles,
00:34:19ces deux militants de la France insoumise
00:34:21ont décidé de partir vivre au fin fond de l'Alsace,
00:34:24à Sainte-Marie aux Mines dans le Haut-Rhin,
00:34:26un gros projet.
00:34:27C'est du travail, oui.
00:34:28C'est du travail de s'occuper d'une maison,
00:34:30de devenir autonome, etc.
00:34:33La maison, en général, c'est beaucoup de travaux manuels.
00:34:35Moi, je suis pas du tout bricoleur, donc ça va arriver, j'espère.
00:34:38De toute façon, ça viendra par la force des choses.
00:34:41Déjà, je pensais pas être...
00:34:42Je pensais pas prendre du plaisir autant à couper du bois, etc.
00:34:45Donc ça, c'est déjà coché.
00:34:47Je m'en sors pas trop mal.
00:34:48On est motivés, la sécheresse, ça motive ?
00:34:51Qu'est-ce que...
00:34:53On est motivés par la nécessité.
00:34:55Si, dans les années qui arrivent,
00:34:57on arrive à être indépendants en légumes,
00:35:01indépendants en fruits,
00:35:02c'est tout bénef et c'est...
00:35:05On aura réussi ce qu'on veut faire.
00:35:07Le couple qui installe une cuve, je comprends la démarche.
00:35:11La crise de l'eau, j'ai dû être le seul homme politique
00:35:14qui a essayé de sonner l'alerte.
00:35:16Au niveau de la présidentielle, il y avait déjà des gens,
00:35:19sur le plan associatif, qui faisaient beaucoup de choses,
00:35:22mais pareil, c'est une prise de conscience, il y a 5 ans, 6 ans.
00:35:25On comprend que c'est vital et que c'est en train de tourner à la catastrophe.
00:35:28Et donc, je me dis, je commence ma campagne présidentielle avec ça.
00:35:32Résultat, Oualou, zéro.
00:35:34C'est-à-dire que ça n'a pas pris.
00:35:35Personne n'a rebondi, personne n'a voulu entrer dans la discussion.
00:35:43Donc, en 2012, mon premier vote pour une présidentielle,
00:35:45ça a été pour Mélenchon.
00:35:48Il y a une sorte de vision.
00:35:50Il a compris que c'était ça qu'il fallait porter comme idée,
00:35:53qu'il fallait allier l'écologie, le social, l'anticapitalisme.
00:35:58Il y a une sorte de...
00:35:59Moi, c'est ça que j'aime beaucoup dans le programme.
00:36:05Il y a une volonté de réduire ma dépendance,
00:36:07un système pour être plus en accord avec mes idées politiques aussi,
00:36:11les idées que je défends en tant que militant.
00:36:13C'est important aussi d'être le plus en adéquation possible
00:36:15dans ta vie de tous les jours.
00:36:17Il y a aussi cette idée-là que j'ai un enfant,
00:36:20on s'est posé la question de faire un enfant.
00:36:22C'était déjà dans quel monde notre fille grandira, quoi.
00:36:25Qu'est-ce que tu regardes ?
00:36:27Avoir la responsabilité d'un autre être humain,
00:36:30ça remet en question ses priorités,
00:36:32ça peut aussi accentuer certaines angoisses.
00:36:35C'est rouge, ce sera jaune.
00:36:37Avant, on avait un petit jardin qui faisait 80 mètres carrés.
00:36:41Là, il fait 3 000.
00:36:43Donc, oui, ça change, là.
00:36:45On a notre petit sapeur à perso, là.
00:36:50Il y a aussi le fait que pour moi,
00:36:52il y a plus de sécurité à habiter à la campagne.
00:36:54Il y a un côté de moi qui me dit
00:36:56que l'effondrement peut peut-être arriver un jour
00:36:58et à ce moment-là, il faudra être protégé.
00:37:02Mais je leur dis, je comprends ce que vous faites,
00:37:05mais attention, les amis,
00:37:08la solution, c'est pas chacun pour soi.
00:37:10Chacun sa cuve de flotte, chacun son générateur d'électricité...
00:37:14Non, la solution, elle est collective.
00:37:16C'est une autre gestion de l'eau dans le pays,
00:37:18économe, prudente, méthodique.
00:37:22Et là, c'est pas en régulant l'eau au moment de se brosser les dents
00:37:26qu'on va régler le problème de l'eau dans le pays.
00:37:28C'est en expropriant les compagnies privées qui exploitent l'eau,
00:37:32c'est en organisant des coopératives,
00:37:34bref, c'est en ayant une action sociale.
00:37:37Agir pour la cause, agir pour soi,
00:37:39le dilemme de toute personne engagée.
00:37:42Et si les deux étaient compatibles ?
00:37:45Moi, déjà, je suis un fils de militant.
00:37:47Je suis un enfant d'SOS Racisme.
00:37:49Mes parents se sont rencontrés à SOS Racisme à l'époque.
00:37:52J'ai grandi avec mon père qui me racontait sa vie de militant,
00:37:56qui m'a appris ce que c'était qu'être de gauche,
00:37:58ce que c'était les inégalités,
00:38:01ce que c'était de lutter contre les inégalités.
00:38:03Donc, j'ai grandi dans la politique.
00:38:06Le truc, c'est que là, j'arrive à un stade
00:38:08où il va falloir que je recommence à militer
00:38:10dans pas très longtemps, parce que,
00:38:12au-delà de rien,
00:38:14quand t'es loin des choses qui se passent,
00:38:16t'es tout de suite largué et...
00:38:19Et moi, ça commence à me manquer un petit peu aussi.
00:38:24Un matin, on se lève,
00:38:26tout est devenu mécanique.
00:38:28Ça y est, la routine nous a piégés.
00:38:30Bonjour, monsieur.
00:38:31Faut aller voter dimanche.
00:38:33C'est le second tour des législatives.
00:38:35On est arrivé en tête dimanche dernier,
00:38:37donc on peut gagner cette fois.
00:38:38Sauf que sur notre route,
00:38:40une rencontre va nous réveiller.
00:38:42Du genre, femmes brillantes et expérimentées,
00:38:45ses passions, le changement et l'environnement.
00:38:48C'est vous, ça ?
00:38:49Oui, c'est moi. Voilà.
00:38:50Donc là, on est devant au premier tour,
00:38:53mais de pas grand-chose.
00:38:54C'est Claire Lejeune, j'ai 28 ans,
00:38:57et je suis en thèse de sciences politiques.
00:38:59Et à côté, je suis militante
00:39:02depuis un certain nombre d'années, maintenant.
00:39:04Bonjour.
00:39:06Vous allez faire baisser les taxes de l'essence à 60 % ?
00:39:08On va bloquer les prix, surtout.
00:39:10Ah, c'est bien.
00:39:11C'est une des mesures clés dans le programme.
00:39:14C'est bien, c'est courageux.
00:39:16Au moment de la montée en puissance du mouvement climat,
00:39:19et notamment du mouvement climat jeune en France,
00:39:22j'ai été co-secrétaire fédérale des Jeunes écologistes.
00:39:25On va voter dimanche, à 60 %.
00:39:28Des jeunes femmes comme Claire Lejeune
00:39:30sont les personnes qui, dans la génération de la Thierry,
00:39:33vont être les organisatrices de la planification dans notre pays.
00:39:36C'est vraiment une belle prise, je trouve.
00:39:38Qui, elle ? Ah oui, oui.
00:39:39Et puis, je vous promets une chose,
00:39:41elle existe en plusieurs exemplaires.
00:39:43Pas identiques, mais des jeunes gens
00:39:45qui ont cette puissance de caractère,
00:39:47de volonté d'engagement et clarté intellectuelle.
00:39:50Donc, de ce point de vue, je dors tranquille.
00:39:52La relève est vraiment rassurée.
00:39:54Des jeunes gens engagés.
00:39:56Avec Claire, Jean-Luc a trouvé une camarade solide
00:39:59pour faire sa révolution citoyenne.
00:40:02J'ai voulu faire la campagne de Mélenchon aussi
00:40:04parce que c'était, à mon sens, la seule campagne
00:40:06qui se donnait vraiment comme but de gagner.
00:40:10Rien d'autre.
00:40:10Quand on regarde le bilan,
00:40:13on a recréé une forme d'unité à gauche
00:40:15sur la base d'un score qui était quand même de 22 %,
00:40:19ce qui est immense.
00:40:20C'est-à-dire que là, on s'est remis du hollandisme.
00:40:23On a mis à distance cette gauche
00:40:26qui avait complètement intégré
00:40:28qu'il y a le système tel qu'il est,
00:40:31puis on va essayer de le rendre un peu moins brutal.
00:40:34C'est pas l'enjeu de notre époque.
00:40:36L'enjeu pour ma génération, c'est de changer le système.
00:40:39Sauf que sortir du capitalisme,
00:40:41c'est comme sortir de son canapé
00:40:42quand on y est confortablement installé
00:40:44depuis des années et des années.
00:40:47On voit pas tout de suite l'intérêt,
00:40:48et ça, même quand on est de gauche.
00:40:50Le cœur de la doctrine, à l'époque,
00:40:52comme le professait le socialisme,
00:40:54c'était le développement des forces productives.
00:40:56Donc, c'était vraiment une vision extrêmement productiviste.
00:40:59En gros, moi, je me rappelle avoir dit
00:41:01avec le capitalisme, c'est une 2 chevaux pour les pauvres,
00:41:04une Mercedes pour les riches.
00:41:05Avec nous, Mercedes pour tout le monde.
00:41:07Quelle bêtise.
00:41:08Bon, ben oui, c'est le productivisme, ça.
00:41:10C'est aller en avant.
00:41:12L'avoir fait l'être.
00:41:14Bon, de tout ça, si vous voulez,
00:41:15j'ai compris que l'écologie politique
00:41:19offrait un angle, un balcon,
00:41:22complètement différent pour regarder le monde,
00:41:24qui me permettait de refaire une synthèse
00:41:27entre mes objectifs sociaux,
00:41:29parce que pour moi, l'écologique, c'est une question sociale,
00:41:31c'est que social.
00:41:32Remettre en question tout son modèle de vie
00:41:34pour se lancer dans la grande aventure
00:41:36de la planification écologique.
00:41:39C'est beau sur le papier,
00:41:40mais c'est parfois un peu risqué,
00:41:42surtout quand on a besoin d'embarquer un maximum de gens
00:41:45pour que ça marche.
00:41:46Votre candidat, elle est là.
00:41:48Je ne connais vous.
00:41:49Le moment où vraiment cette politisation
00:41:52s'est transformée en engagement,
00:41:53c'est que ça faisait 3-4 ans que je ne faisais que travailler
00:41:56et j'avais vraiment une perte de sens.
00:41:59On passe nos vies dans les bouquins.
00:42:01C'est extrêmement instructif pour nous sur le plan personnel,
00:42:04mais moi, je suis là aussi parce que je veux que les choses changent, etc.
00:42:09On raconte un autre monde possible
00:42:11et le but, c'est de faire que ça devienne possible
00:42:15dans la tête des gens.
00:42:16Et à partir du moment où ça devient possible dans la tête des gens,
00:42:19ça se traduit dans les urnes
00:42:21et puis ça se traduit, on l'espère,
00:42:24dans une prise de pouvoir.
00:42:26Marier la théorie et la pratique.
00:42:28Après des années à militer sur le terrain,
00:42:31auprès des migrants, des sans-logements,
00:42:33Claire, la doctorante, est là.
00:42:35Je suis personnelle, c'est vrai.
00:42:37Comme ça,
00:42:39ça montre qu'on est vraiment venus en vrai de vrai.
00:42:43Pas le choix.
00:42:44Claire et sa génération doivent composer
00:42:46avec l'héritage des 30 Glorieuses.
00:42:49Bonsoir, monsieur.
00:42:50Blip ?
00:42:51Oui.
00:42:52Comme d'hab, blip, ça passera pas.
00:42:54Ici, ça peut passer, on est en tête au premier tour.
00:42:57Voilà.
00:42:58Donc ça peut passer.
00:43:00Ça peut ?
00:43:01Même vous, vous n'êtes pas sûre que ça passera ?
00:43:03Oui, mais si on faisait que des choses
00:43:04pour lesquelles on était absolument sûr dans la vie,
00:43:06on ferait pas grand-chose.
00:43:07Regardez, je vous en parle.
00:43:09On est tous en galère, comme ça,
00:43:10et il y a personne qui veut nous voir, rarement.
00:43:12Oui.
00:43:13Donc on vote pas.
00:43:15C'est toi qui vas rentrer, tu vas être chez toi, au calme.
00:43:17C'est ça qui n'est pas normal.
00:43:18Mais moi, quoi qu'il en soit,
00:43:20avec tous mes amis, on va être où, là ?
00:43:21On va être sur le banc.
00:43:24C'est ça qu'on essaie de changer, monsieur.
00:43:25Ah, vous pouvez le changer très...
00:43:27Avant les élections, vous pouvez le changer très, très fort.
00:43:29Il y a beaucoup de choses, comme il y a beaucoup d'appartements,
00:43:31il y a beaucoup de concessions.
00:43:32Mais on n'a pas le pouvoir.
00:43:34Sans avoir le pouvoir politique, on n'a pas le pouvoir là-dessus.
00:43:36On le connaît, le pouvoir politique, il faut arrêter.
00:43:38On est délaissés.
00:43:39Non, mais je le comprends.
00:43:41Vous ne le comprenez pas parce que vous ne le vivez pas.
00:43:43Vous ne pouvez pas le comprendre.
00:43:44Claire et sa génération doivent accepter la dure réalité.
00:43:47Les nouveaux partenaires payent souvent les peaux cassées
00:43:51de nos histoires passées.
00:43:52J'ai 27 ans, je ne suis pas responsable
00:43:54de toutes les politiques de droite qui ont été menées dans le pays
00:43:57sur la question du mal-logement et la question de la précarité.
00:44:01Et je veux que les gens comprennent
00:44:03la question du mal-logement et la question de la précarité.
00:44:05Et justement, nous, on essaye de faire changer tout ça.
00:44:08Après, moi, je comprends sa colère et je n'ai pas d'argument à lui opposer.
00:44:14Juste peut-être l'écouter,
00:44:15essayer de montrer qu'on comprend et qu'on essaye de faire de notre mieux.
00:44:21Merci, merci beaucoup.
00:44:24Bonsoir.
00:44:25C'est bon, c'est bon.
00:44:27Ça va ?
00:44:29Un insoumis, en général, on peut le distinguer de tous les autres
00:44:32parce que c'est lui qui vous pourrit le repas du dimanche.
00:44:35Donc, il va amener le sujet politique et provoquer le bazar.
00:44:40La période délicate des désaccords.
00:44:43Impossible d'y échapper.
00:44:45Comment gérer ça au mieux ?
00:44:46On peut s'asseoir autour d'une table et discuter ?
00:44:51À table, on fait toujours comme ça, on éteint les téléphones.
00:44:54Mon père, Pascal, est cadre dans l'entreprise du coin.
00:44:59Et il y a ma mère, Yolaine, qui est fonctionnaire,
00:45:03qui travaille dans un lycée.
00:45:05Bon appétit, les jeunes.
00:45:07Oui.
00:45:08Et les moins jeunes.
00:45:10Les moins jeunes.
00:45:11Maman va faire la grève, je dis.
00:45:13Si je peux, je le ferai.
00:45:15Première grève de sa vie.
00:45:17Oui.
00:45:18C'est important.
00:45:19Mon père, lui, politiquement, il se situe à droite,
00:45:24mais on discute quand même plutôt bien avec lui, de plus en plus.
00:45:28Ma mère avait pour habitude de voter comme mon père.
00:45:31Et depuis 2022, elle s'est mise à voter à gauche
00:45:35et un peu plus selon ses propres idées à elle.
00:45:39On va à Paris chez les jeunes. Tu vas, toi, ou pas ?
00:45:43Tu vas à Paris, toi ?
00:45:44Avec les jeunes en dessous. L'Union Pirate, tout ça.
00:45:46Attention, il n'y a plus d'armes.
00:45:50C'est tranquille.
00:45:52Le problème, c'est que des fois, ça dégénère,
00:45:54et tu n'y es pour rien, et tu te prends des coups.
00:45:58Non, mais tu n'es jamais allé dans une manif.
00:46:01Sans déconner, elle en a fait dix fois plus que toi.
00:46:03C'est vrai.
00:46:04Exprimer son point de vue, se confronter aux autres,
00:46:08et si le conflit permettait aussi d'avancer.
00:46:10J'ai toujours trouvé que Mélenchon, c'est un très bon orateur.
00:46:13C'est un des meilleurs. C'est vrai que quand on l'écoute...
00:46:16Pas de Mélenchon, mais sans déconner.
00:46:18T'as voté Sarko toute ta vie.
00:46:20Non, j'ai voté Sarko, oui. J'ai voté Sarko.
00:46:23Oui, mais je trouve que...
00:46:25T'as aussi voté Macron,
00:46:26et Macron avait prévenu qu'il voulait la recevoir bien à 250.
00:46:29C'est vrai, c'est vrai.
00:46:30On ne s'arrête pas à faire des erreurs.
00:46:32Oui, ben voilà.
00:46:33Oui, mais ça fait beaucoup de mal.
00:46:35Chaque homme politique raconte des bêtises.
00:46:37Je ne sais pas si c'est l'effet Juliette,
00:46:39c'est peut-être l'effet des enfants de manière générale.
00:46:41À ce moment-là, on est quand même trois enfants.
00:46:43Non, mais quand même, Axel...
00:46:45Je n'ai pas changé.
00:46:46Non, je n'ai pas changé, je trouve qu'il y a de plus...
00:46:49Les écarts sont de plus en plus importants et ce n'est pas normal.
00:46:51Oui, ben voilà.
00:46:52Mais les écarts n'étaient pas aussi importants que ça il y a dix ans.
00:46:54Oui, peut-être.
00:46:55Non, je vous assure, non.
00:46:56Ça implique quoi d'écouter la jeunesse aujourd'hui ?
00:47:01D'accepter de se remettre en cause.
00:47:04Non, c'est pas...
00:47:05Vincent, t'es de gauche, tu m'étonnes.
00:47:08Non, non, je ne suis pas sûr d'être de gauche, on ne sait rien.
00:47:11Je ne sais pas.
00:47:12Mais en politique, d'abord, je n'y connais pas grand-chose,
00:47:17et de une.
00:47:18Alors, je suis désolé,
00:47:19mais ce n'est pas parce que Juliette est éléphiste.
00:47:22Pas du tout.
00:47:23Je ne me suis pas dit un jour, les jeunes, c'est formidable,
00:47:25ils vont m'apprendre des trucs.
00:47:26C'est quelque chose que j'ai appris sur moi-même.
00:47:28Comment, moi, je m'étais enfermé.
00:47:30Alors, peut-être que si.
00:47:31Parce que la force de...
00:47:32Indirectement, peut-être, mais...
00:47:36La vie démentait absolument tout ce à quoi on avait cru.
00:47:41On s'est donc tellement trompés.
00:47:43T'as juste pas mis la voix.
00:47:44Peut-être, peut-être.
00:47:45Peut-être, peut-être.
00:47:47Mais si vous n'acceptez pas de vous faire secouer...
00:47:50Ah, bon, je ne sais pas.
00:47:52Vous aimez qu'on vous secoue ?
00:47:54Pas trop.
00:47:55Mais oui, j'aime bien aller au contact de ce que je ne comprends pas.
00:48:01Ou qui trouble mes certitudes, oui.
00:48:03Oui, oui, oui.
00:48:04Oui, mais mollo, ce n'est pas de l'extérieur.
00:48:07C'est moi qui décide.
00:48:08Moi, je ne comprends pas ce qui t'est arrivé.
00:48:10Non, mais tu n'entendais juste pas ce qu'on te disait à l'époque.
00:48:13C'est possible, à l'époque.
00:48:15À l'époque, j'avais peut-être un problème d'oreille.
00:48:17Oui, oui, sans doute.
00:48:20Tu avais peut-être des bouchons, je pense, tu sais.
00:48:22Et toi aussi, je pense que de ton côté, t'as mûri aussi.
00:48:24Bah oui.
00:48:25Tu réfléchis peut-être un peu plus avant de parler, je pense.
00:48:29Et moi aussi, peut-être, probablement.
00:48:33Faire preuve de maturité.
00:48:35Qui doit montrer l'exemple ?
00:48:37Les parents ou les enfants ?
00:48:39Les représentants ou les citoyens ?
00:48:42Dans les familles politiques comme dans les vraies familles,
00:48:45les rôles sont parfois inversés.
00:48:47Je suis résolé, parce qu'en fait, je trouve que même Mélenchon,
00:48:50parfois, il dit des grosses conneries, ça me saoule.
00:48:51Je le trouve un peu con, parfois.
00:48:53Après, il n'y a pas de lui, il y a un autre.
00:48:54Ah, mais bien sûr.
00:48:55Qu'il tape sa femme, c'est cool, mais ça me fait chier.
00:48:58Euh...
00:49:00C'est cool ou ça te fait chier ?
00:49:01Non, non, mais c'est juste que c'est chiant.
00:49:02Tout ce qui touche à la politique, moi, ça m'emmerde.
00:49:05J'ai eu l'espoir un jour, je ne l'ai plus.
00:49:07C'est parti vite.
00:49:08L'affaire Katnins est le soutien de Jean-Luc Mélenchon
00:49:11aux députés condamnés pour violences conjugales.
00:49:14Comment ne pas être déçu
00:49:16quand on croit à de meilleurs rapports homme-femme ?
00:49:19Comment ne pas douter de ses propres choix politiques
00:49:22quand on est féministe et qu'on vote pour la France insoumise ?
00:49:26Non, en tant que responsable politique de gauche,
00:49:29je me disais, comment c'est possible que ça ait pu arriver ?
00:49:32On est arrivé là, quoi.
00:49:33Alors après, c'est quand même, enfin bon...
00:49:36T'es dans une vie privée.
00:49:39T'es plus privée.
00:49:41Je ne sais pas si on a le droit de...
00:49:44Je ne sais pas.
00:49:45Tu ne frappes pas ta femme.
00:49:46Oui, ça, c'est sûr.
00:49:48Ça, c'est sûr.
00:49:51Non, au moment de l'affaire, quand j'ai lu sa lettre,
00:49:56je me souviens avoir été très triste, pour être honnête.
00:50:03Et puis, par derrière, j'ai pensé aussi à la victime,
00:50:07du coup, à sa femme.
00:50:08Et donc, voilà, c'est une histoire qui a fait vachement parler.
00:50:15Et tant mieux si c'est pour parler des violences que subissent les femmes.
00:50:19Jean-Luc Mélenchon a fait des tweets, du coup, qui...
00:50:23qui n'étaient pas forcément nécessaires, je pense,
00:50:27qui étaient un peu maladroits et qui auraient pu être bien meilleurs.
00:50:38Bien meilleurs, c'est sûr.
00:50:39Mais...
00:50:41C'est vrai ? Vous pensez ça, vraiment ?
00:50:42Il faut apprendre de tout.
00:50:44Si vous communiquez et que vous n'arrivez pas au but que vous fixez,
00:50:47vous pouvez vous dire qu'il faut faire mieux.
00:50:49Donc, clairement, ma manière de m'exprimer dans cette circonstance...
00:50:55ne pouvait pas s'entendre comme je voulais.
00:50:57J'ai commencé par vous dire, à la raison de dire que c'est maladroit.
00:51:00Pas parce que c'est faux.
00:51:02Parce que ça ne correspond pas à ce que je veux dire.
00:51:05Et à l'époque,
00:51:07Et à l'époque, pourquoi, madame ?
00:51:08Qu'est-ce que vous vouliez dire, alors ?
00:51:11Je comprends qu'on dise qu'il y a une exemplarité.
00:51:13Donc, on en parle.
00:51:14Mais on en parle comme des sujets, si vous voulez,
00:51:17où on essaye d'avoir tous une attitude rationnelle.
00:51:20Et une attitude qui va essayer de penser au futur,
00:51:23d'être conforme à nos principes.
00:51:27Je ne suis pas obligé de réviser ma position à cause de vous.
00:51:30Pourquoi pas ?
00:51:31Non, non, non !
00:51:32J'aurais mieux fait de me taire, c'est ce qu'il y a de mieux.
00:51:35Bon, on essaie de...
00:51:36Non, non, j'ai plus envie.
00:51:38Ah, juste la conclusion ?
00:51:39Non, il n'y en a pas.
00:51:40Ah, juste avec le fait mieux, ce que vous vouliez dire.
00:51:43Démerdez-vous, voilà ce que j'ai à vous dire à tous.
00:51:45Faites mieux, si vous pouvez.
00:51:47Tant pis, on se relèvera, hein.
00:51:49Comment poursuivre la relation quand la confiance est abîmée ?
00:51:54On peut se consoler avec des choses simples,
00:51:57comme un bon vieux principe.
00:51:59On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
00:52:02Tu m'adoubes.
00:52:04Oui, c'est ça.
00:52:05Merci.
00:52:07Super.
00:52:14Faites mieux.
00:52:15Comment interpréter les mots de Jean-Luc Mélenchon ?
00:52:18Faites mieux.
00:52:19Est-ce une invitation ?
00:52:21Ça disait...
00:52:22J'ai fini ma tâche.
00:52:23Et maintenant, faites mieux, c'est la vôtre.
00:52:26Déjà, ça m'incite encore plus
00:52:28à donner de moi-même et à faire mieux, justement.
00:52:31Faites mieux.
00:52:32Ça sonne un peu comme un défi, non ?
00:52:34Faites mieux, c'est... Faites gagner nos idées.
00:52:37Faites en sorte qu'on arrive au pouvoir et qu'on change les choses.
00:52:40Croyez-vous à ça aussi, Camille Six ?
00:52:43On essaye de faire en sorte que les gens y croient.
00:52:47Ouais.
00:52:48Ça, c'est un peu plus compliqué.
00:52:50Faites mieux.
00:52:51C'est peut-être un conseil.
00:52:52Toi aussi, fais mieux, Mélenchon, en fait.
00:52:55Tu contrôles pas ce que tu dis.
00:52:56T'es tout le temps en colère.
00:52:58Tu contrôles mal ta colère.
00:53:00C'est un peu culotté, je trouve,
00:53:01venant d'une certaine génération, de dire aux jeunes,
00:53:03faites mieux, sachant que tout le comportement des jeunes,
00:53:06au final, c'est des résultats de la génération précédente.
00:53:09Donc, on fait mieux, on essaye de faire avec ce qu'on a, en fait.
00:53:12On est plus chauds, plus chauds, plus chauds que le climat !
00:53:16Comment ne pas tomber dans le piège de nos schémas ?
00:53:18Je m'adresse pas à un jeune comme à un jeune,
00:53:20au sens de, ah, t'es un petit jeune, attention,
00:53:23je te caresse la tête, je vais t'expliquer la vie, je fais pas ça.
00:53:26Comment échapper à nos contradictions ?
00:53:28Je suis un paternaliste absolument incorrigible.
00:53:31Comment se libérer de celui qui nous a ouverts le chemin ?
00:53:36Quand la loyauté et le respect s'emmêlent.
00:53:38Aujourd'hui, sans Jean-Luc Mélenchon,
00:53:41la France Insoumise serait pas avec 75 députés à l'Assemblée nationale.
00:53:45Au final, il n'y a ni grand amour, ni un politique providentiel.
00:53:49Il y a des histoires simples...
00:53:51Dans un monde idéal, on mange à sa faim.
00:53:54...et de grandes aventures.
00:53:55Mon rêve, c'est qu'on arrive à refaire collectif, déjà.
00:53:59Tous ensemble, tous ensemble, grève générale !
00:54:02Et peut-être qu'en essayant de sortir de nos rôles...
00:54:07Faire mieux, en quelque sorte, y compris en tant qu'individu,
00:54:10il faut qu'on arrive à s'améliorer
00:54:12et à être conscients de ces mécanismes patriarcaux.
00:54:15Peut-être qu'en sonnant la fin d'une culture, celle du père,
00:54:20peut-être qu'en arrêtant d'attendre qu'on nous passe le flambeau,
00:54:23on réussira un jour à faire mieux.
00:54:26Je dirais que mon chef politique idéal,
00:54:28ce serait une femme écolo.
00:54:30Des cœurs. Plein de cœurs. Je préfère mes cœurs.
00:54:33A l'occasion du premier tour de ces élections législatives,
00:54:36un électeur sur deux, âgé de 18 à 24 ans,
00:54:40a voté en faveur du nouveau Front populaire.
00:54:43Nombre d'entre eux sont des sympathisants
00:54:45de la France insoumise,
00:54:46qui avait déjà soutenu Jean-Luc Mélenchon
00:54:49lors des dernières élections présidentielles,
00:54:51puis législatives de 2022.
00:54:54Et à propos desquelles, nous en savons déjà un peu plus,
00:54:57à la suite de ce documentaire réalisé par Ludivine Thomasi.
00:55:01Qui est cette jeunesse insoumise ?
00:55:03Nous allons y revenir plus au-delà,
00:55:06avec nos invités présents sur ce plateau de Débat Doc.
00:55:09Lilian Allemagnat est avec nous. Bienvenue à vous.
00:55:12Vous êtes journaliste, rédacteur en chef adjoint
00:55:14au quotidien Libération.
00:55:16Vous êtes l'auteur de deux ouvrages consacrés à Jean-Luc Mélenchon,
00:55:20dont celui-ci,
00:55:21Mélenchon à la conquête du peuple,
00:55:23publié chez Robert Laffont et coécrit
00:55:26avec votre confrère Stéphane Alliès.
00:55:29A vos côtés, Sarah Legrain.
00:55:31Bienvenue à vous, Sarah Legrain.
00:55:33Vous avez 38 ans.
00:55:34Vous êtes députée et lesfille de la 16e circonscription de Paris,
00:55:38qui recouvre le 19e arrondissement parisien.
00:55:41Pour ceux qui ne le sauraient pas,
00:55:43le 19e arrondissement parisien est celui qui comprend
00:55:47le plus de jeunes et le plus de personnes
00:55:49issues de milieux populaires à Paris, notre capitale.
00:55:53Vous venez d'être largement réélue au premier tour de ces élections,
00:55:56avec 62,47 % des suffrages exprimés.
00:56:00Vous êtes, par ailleurs, professeur agrégé de lettres modernes,
00:56:05professeur, donc, de français,
00:56:07et votre engagement politique remonte maintenant
00:56:10à plusieurs années, notamment à travers un engagement
00:56:14du côté du Parti de gauche,
00:56:16le PG, qui était le parti
00:56:18qu'avait fondé Jean-Luc Mélenchon
00:56:21une fois qu'il avait quitté le Parti socialiste.
00:56:23Vous aviez adhéré au Parti de gauche.
00:56:26C'était en 2011.
00:56:29Vous aviez alors 25 ans.
00:56:30On y reviendra peut-être, d'ailleurs, tout à l'heure.
00:56:33Enfin, Olivier Perrault est avec nous.
00:56:35Vous êtes grand porteur du service politique de l'hebdomadaire
00:56:39L'Express, en charge de la gauche au sein de cet hebdomadaire.
00:56:42Votre dernier livre a pour titre autopsie d'un cadavre.
00:56:45Le cadavre s'appelle Le Parti socialiste.
00:56:48Cet ouvrage est à découvrir aux éditions Fayard.
00:56:51Premier constat, il est important, pour commencer cette émission,
00:56:56la France insoumise est le premier parti de la jeunesse
00:57:00qui a voté dimanche dernier.
00:57:03C'était aussi le premier parti de la jeunesse
00:57:05qui avait voté précédemment aux européennes.
00:57:08La France insoumise, chez les jeunes,
00:57:11a une forme d'hégémonie parmi les électeurs de gauche aujourd'hui.
00:57:16J'ai quelques chiffres, je ne vais pas vous les citer,
00:57:19mais c'est un fait, évidemment, suivant ces chiffres.
00:57:23Est-ce que le documentaire qu'on vient de voir à l'instant
00:57:27permet de comprendre pourquoi la jeunesse insoumise
00:57:30domine la jeunesse de gauche qui vote aujourd'hui ?
00:57:33Oui, on le comprend à travers les messages
00:57:36qui sont portés par la France insoumise
00:57:38et surtout par Jean-Luc Mélenchon à travers les présidentielles.
00:57:42De 2012, 2017, 2022, il y a aussi une accumulation
00:57:44pour cette jeunesse qui a grandi avec Jean-Luc Mélenchon à la télé,
00:57:49qui s'est politisé avec et qui arrive au moment du vote
00:57:52avec quelqu'un qu'il a connu, qu'il a vu à la télé.
00:57:55Mais les messages sur l'écologie,
00:57:58sur la justice sociale, sur l'antiracisme,
00:58:02c'est des choses qui parlent à la jeunesse de gauche.
00:58:05C'est une certaine jeunesse,
00:58:06mais il y a aussi une jeunesse qu'on ne voit pas
00:58:09dans ce documentaire et qui ne vote pas forcément à gauche.
00:58:13C'est un enjeu aussi.
00:58:14Il y a même un quart, on va en profiter pour le dire,
00:58:17des électeurs de 18 à 24 ans
00:58:20qui ont voté Rassemblement national
00:58:23et pour ses alliés, qui sont dans l'abstention.
00:58:26Mais c'est une vraie victoire aussi pour Jean-Luc Mélenchon
00:58:30qui est, il dirait lui, une fierté,
00:58:32parce qu'il a beaucoup ce mot-là à la bouche
00:58:35souvent quand il en parle,
00:58:37d'avoir réussi à transmettre
00:58:39ses idées, d'avoir réussi à construire
00:58:43et à transmettre le socialisme historique,
00:58:46comme il dit, dans cette nouvelle génération.
00:58:48C'était un des objectifs qu'il avait
00:58:51en quittant le Parti socialiste en 2008
00:58:53et en fondant le Parti de gauche,
00:58:55d'empêcher une dérive, on dit, à l'italienne,
00:58:58c'est-à-dire des partis de gauche
00:59:00qui ne répondent plus aux aspirations
00:59:02notamment de la jeunesse française.
00:59:04On ne va pas refaire l'histoire de la gauche
00:59:06ensemble sur ce plateau, mais en général,
00:59:09on dit qu'il y a une gauche révolutionnaire
00:59:11et une gauche réformiste,
00:59:13depuis le fameux congrès de Tours.
00:59:15Est-ce que c'est une gauche révolutionnaire,
00:59:17une jeunesse révolutionnaire, dont il faut parler
00:59:20lorsqu'on parle des insoumis de cette jeunesse insoumise ?
00:59:24Il fait une synthèse. Il est révolutionnaire,
00:59:26c'est la révolution citoyenne qui veut le faire,
00:59:29pas par les armes et la force, mais par les bulletins de vote.
00:59:32C'était un des slogans du Parti de gauche qu'il a fondé.
00:59:36Et en même temps,
00:59:38il y a ce mot révolution qu'il porte.
00:59:41Donc, c'est arriver au pouvoir par les urnes
00:59:44pour réformer radicalement le pays.
00:59:46On peut dire que c'est une synthèse entre les deux.
00:59:49On va revoir un premier extrait du documentaire,
00:59:52peut-être pour illustrer ce que vous venez de dire.
00:59:55Il concerne le système.
00:59:57Tel que le voient ces jeunes.
00:59:59Quand on regarde le bilan,
01:00:02on a recréé une forme d'unité à gauche
01:00:05sur la base d'un score qui était quand même de 22 %,
01:00:08ce qui est immense.
01:00:09C'est-à-dire que là, on s'est remis du hollandisme.
01:00:12On a mis à distance cette gauche
01:00:15qui avait complètement intégré
01:00:17qu'il y a le système tel qu'il est,
01:00:20et on va essayer de le rendre un peu moins brutal.
01:00:24C'est pas l'enjeu de notre époque.
01:00:25L'enjeu pour ma génération, c'est de changer le système.
01:00:28L'enjeu pour ma génération, c'est de changer le système.
01:00:33Une fois qu'on a dit ça, on a tout dit,
01:00:35mais qu'est-ce qu'il y a derrière ça ?
01:00:37C'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon aussi s'adresse,
01:00:40et la jeunesse qui vote pour lui,
01:00:42c'est une jeunesse qui est très diplômée,
01:00:46ou qui est en voie d'être diplômée,
01:00:48ce qui n'empêche pas d'être précaire dans leur quotidien,
01:00:52notamment d'étudiant, et conscientisée politiquement.
01:00:55Ca, il l'a découvert assez tardivement, Jean-Luc Mélenchon.
01:00:58Après l'élection présidentielle de 2017,
01:01:01ça a été un long combat,
01:01:02mais y compris dans son entourage,
01:01:04où il s'entourait de jeunes élus,
01:01:07mais aussi de jeunes, ce qu'on appelle les petites mains,
01:01:11assez vulgairement, des conseillers,
01:01:14qui, eux, ont une vraie conscience de cette jeunesse-là,
01:01:17qui vit dans les villes ou dans les banlieues,
01:01:20qui est diplômée, conscientisée politiquement,
01:01:23mais il fallait aller les chercher politiquement.
01:01:26Il fallait savoir leur parler.
01:01:28L'usage des réseaux sociaux a été une grande arme,
01:01:32si je peux le dire ainsi, pour Jean-Luc Mélenchon,
01:01:35pour essayer de les conscientiser encore plus vers lui.
01:01:38Et finalement, c'est ce qui s'est passé.
01:01:41Après, en effet, il n'y a pas une seule jeunesse,
01:01:44il y a des jeunesses en France,
01:01:46et plus elle est précaire et moins elle est diplômée,
01:01:51moins, parfois, elle se tourne aussi vers lui.
01:01:54C'est un peu son défi, c'est d'aller chercher cette jeunesse
01:01:58qui ne veut pas seulement, comme Jean-Luc Mélenchon le dit,
01:02:01abattre la citadelle, changer le système.
01:02:03Il y a aussi toute cette jeunesse,
01:02:06pour reprendre l'expression de la France des tours
01:02:09versus la France des villes et la France des champs,
01:02:11il y a une jeunesse qui ne veut pas changer le système,
01:02:14et à cette jeunesse-là,
01:02:16Jean-Luc Mélenchon n'arrive pas à parler.
01:02:18Jean-Luc Mélenchon, il a 72 ans, aujourd'hui.
01:02:21Il en avait un peu moins, au moment où était tourné ce film,
01:02:24mais on sent que parfois, ces jeunes, ils ont envie de le pousser.
01:02:28Ils l'appellent tonton, c'est ce qu'on voit dans ce film,
01:02:31mais est-ce qu'elle l'a pas un peu violentée
01:02:33par ce qui était la conception du socialisme
01:02:36qui était celle de Jean-Luc Mélenchon ?
01:02:38C'est étrange, parce qu'en réalité,
01:02:40Jean-Luc Mélenchon commence par ouvrir le chemin
01:02:43quand il décide de quitter le Parti socialiste.
01:02:45Peut-être qu'il se fait violence,
01:02:47peut-être qu'il y a une forme de violence dans cette rupture-là,
01:02:51mais c'est une rupture qui va rencontrer une certaine jeunesse
01:02:54qui a un désir de rompre avec le système.
01:02:56Peut-être que je me placerais en nuance
01:02:58par rapport à ce que vous avez dit sur la politisation.
01:03:01Ca dépend de ce que vous appelez une jeunesse politisée.
01:03:04Quand j'ai rejoint le Parti de gauche,
01:03:06je n'avais jamais milité dans un parti politique avant.
01:03:09J'étais dans une association,
01:03:11j'avais un sentiment de colère face aux injustices,
01:03:14donc j'avais un degré de conscience face au système
01:03:16qui semblait ne pas fonctionner dans ce système,
01:03:19mais sans s'orienter en fonction des partis politiques existants
01:03:23ou même parfois en les rejetant.
01:03:25Ce qui se produit à fortiori maintenant,
01:03:27maintenant que vous avez une pérennité de Jean-Luc Mélenchon
01:03:31dans le paysage politique pour la jeunesse,
01:03:33c'est cette politisation à travers aussi l'offre politique
01:03:37que représente Jean-Luc Mélenchon à travers les Insoumis.
01:03:40Quand on parle de rupture du système,
01:03:42on n'en est peut-être plus tout à fait
01:03:44à la rupture avec le capitalisme.
01:03:46Est-ce qu'on parle de rupture avec le capitalisme
01:03:49dans cette jeunesse insoumise ?
01:03:51On parle plutôt d'une rupture écologique,
01:03:53d'une rupture institutionnelle ?
01:03:55Je crois que ce qui fait mouche, c'est que vous avez plusieurs ruptures
01:03:59qui s'articulent dans le projet de Jean-Luc Mélenchon.
01:04:02C'est ça qui fait aussi que cette jeunesse montrée dans le documentaire
01:04:06n'est pas l'ensemble de la jeunesse du pays,
01:04:09mais on voit sa diversité, on a affaire à des jeunes
01:04:12qui vont être, bon, certains,
01:04:13préoccupés par la question écologique,
01:04:16d'autres préoccupés par la question de l'égalité,
01:04:19de la lutte contre les discriminations de genre,
01:04:21du féminisme ou des luttes LGBT.
01:04:23D'autres sont préoccupés par la question antiraciste.
01:04:26Ce que Jean-Luc Mélenchon arrive à faire,
01:04:29c'est donner un horizon commun,
01:04:31ce qu'il appelle la Nouvelle France,
01:04:33qui est cette idée de se retrouver ensemble
01:04:35sur un certain nombre de ruptures avec un système
01:04:38où vous avez des oppressions croisées,
01:04:40qui s'en prend aux êtres humains, mais aussi à la nature.
01:04:43Vous avez aussi une oppression
01:04:45contre l'environnement exercé par le capitalisme.
01:04:48Tout ça s'articule avec des modes de domination,
01:04:51patriarcaux, néocoloniaux ou coloniaux, etc.
01:04:54Je crois que c'est cette articulation-là,
01:04:56cette façon qu'il a de tenir tout ensemble dans un projet
01:05:00qui fait que tous ces jeunes se réunissent
01:05:02dans ce documentaire et se retrouvent dans un même idéal politique.
01:05:06On va revenir sur ce que vous venez de dire
01:05:08dans le deuxième extrait du film,
01:05:10sur les attentes exprimées par un certain nombre d'entre eux.
01:05:14Ce qui m'a poussé à voter pour Jean-Luc Mélenchon,
01:05:17déjà, c'était le programme environnemental.
01:05:20Si on veut un pays où on vit bien,
01:05:22il faut faire des réformes par rapport à la police.
01:05:24La lutte contre les violences sexistes et sexuelles,
01:05:271 milliard pour lutter contre les violences patriarcales.
01:05:30On est face à quelqu'un qui, même s'il est tout jeune,
01:05:34il est quand même à l'écoute de ce qui se passe.
01:05:36C'est important.
01:05:37C'est la jeunesse, en fait, qui va subir l'avenir du pays.
01:05:40Et je dis bien subir.
01:05:42Finalement, quand on entend ces motivations,
01:05:46ça recoupe très bien ce que vous venez de nous dire à l'instant.
01:05:49Jean-Luc Mélenchon, il a découvert toutes ses attentes
01:05:53sur le tard, depuis...
01:05:56Allez, 2020, 2019, peut-être ?
01:06:00Je pense que ça vient aussi avant.
01:06:02Il est souvent bousculé, en fait, dans ses certitudes.
01:06:05Il le dit, d'ailleurs. Il dit qu'il n'aime pas être bousculé.
01:06:08Il aime être confronté à des jeunes,
01:06:10s'entourer de jeunes dans son équipe,
01:06:12confier une tâche à chacun,
01:06:14et il fonctionne comme ça dans sa formation politique.
01:06:18Il vient d'une famille du trotskisme français
01:06:20qui était très organisée, le lambertisme.
01:06:23Il a été franc-maçon, il est très laïcar,
01:06:25pendant très longtemps, Jean-Luc Mélenchon.
01:06:27C'est surtout, j'allais dire, son origine politique
01:06:30et sa formation d'étudiant, quand il était à Besançon.
01:06:33Il est lambertiste aussi, à l'origine.
01:06:35Exactement.
01:06:37Et il met ça aussi en pratique, aujourd'hui,
01:06:39sous une nouvelle forme, avec des nouveaux médias,
01:06:42avec des réseaux sociaux, comme l'a dit Olivier.
01:06:45Donc, il est bousculé dans les questions de fond,
01:06:49sur la question du genre, sur la question écologique.
01:06:52La racialisation, peut-être, de certains débats.
01:06:55Exactement, sur la question de la police,
01:06:57des violences policières. Il n'aurait pas utilisé le mot...
01:07:01La lutte contre toutes les formes de discrimination.
01:07:03Ca a été assez tardif, chez Jean-Luc Mélenchon,
01:07:06cette prise de conscience de la jeunesse.
01:07:08Il fut un temps, dans les années 90,
01:07:10où ses amis s'appelaient, notamment Julien Drey,
01:07:13qui était, lui, pour le coup,
01:07:15un animateur de mouvements de jeunesse,
01:07:17qui arrivait à capter et à ramener
01:07:20dans les manifestations des grands blocs de jeunes.
01:07:24Et à l'époque, à cette époque-là,
01:07:26Jean-Luc Mélenchon était vu comme un ringard,
01:07:28c'était un sénateur,
01:07:30et il n'arrivait pas à capter cette jeunesse
01:07:33et c'est pour ça que je dis que c'est arrivé assez tardivement
01:07:36justement d'être bousculé, comme vous dites,
01:07:39et finalement, c'est une prise de conscience tardive,
01:07:42mais qui va aussi avec l'évolution de la société,
01:07:46et notamment, a fortiori, dans les villes,
01:07:50mais surtout, c'est que Jean-Luc Mélenchon,
01:07:53il est un peu multiple, parfois.
01:07:55Il voit que, dans une partie de l'électorat plus vieillissant,
01:07:58il n'arrive pas forcément toujours à avoir prise,
01:08:01et donc, il doit aussi trouver les clés
01:08:04pour électoralement se...
01:08:08Je ne sais pas si on dirait que ça va jusqu'à de l'électoralisme.
01:08:11Souvent, on dit que c'est électoraliste.
01:08:14Moi, j'ai vécu son tournant écologique
01:08:16avec l'arrivée au Parti de gauche de Martine Billard,
01:08:19et à l'époque...
01:08:20Elle venait de l'Europe écologique,
01:08:22des Verts, à l'époque.
01:08:24C'était après l'Europe écologique, les Verts,
01:08:26au moment où les Verts ont cartonné aux Européennes de 2009,
01:08:29et il fait ce tournant écologique autour de 2011, à peu près.
01:08:33Tout le monde disait que c'était de l'électoralisme,
01:08:36il va les récupérer, l'électorat d'Europe écologique.
01:08:39Non, il y avait une vraie réflexion autour de Martine Billard
01:08:42sur la question du nucléaire, du productivisme,
01:08:45et c'est une nouvelle couche,
01:08:47Jean-Luc Mélenchon, c'est ça, il a dit qu'il y a des couches
01:08:50de sédiments, la Révolution française,
01:08:52le trotskisme, le socialisme mitterrandien,
01:08:55l'écologie, aujourd'hui, les questions de genre,
01:08:58et il se façonne de cette manière.
01:09:00Donc, oui, on va chercher un nouvel électorat,
01:09:03et en même temps, on fait rentrer certaines choses
01:09:05dans la théorie mélenchonienne.
01:09:07Je l'ai dit en vous présentant, vous adhérez au Parti de gauche,
01:09:11vous avez 25 ans, sur des thèmes plutôt sociaux,
01:09:14le Parti de gauche, à l'époque, ou déjà la jeunesse
01:09:17dont vous faisiez partie à l'époque.
01:09:19Entrevoyez les problématiques dont on parle aujourd'hui,
01:09:22à savoir l'environnement...
01:09:24Oui, tout ça était déjà bien présent,
01:09:26mais effectivement, ce qui est souligné là,
01:09:28moi, j'appellerais plutôt ça l'attention de Jean-Luc Mélenchon
01:09:32aux mouvements sociaux, et ça, c'est dans sa formation politique.
01:09:35Il faut se dire que les mouvements sociaux
01:09:38ont beaucoup été portés par la jeunesse.
01:09:40Je crois que ce n'est pas qu'il prend conscience de la jeunesse,
01:09:44c'est qu'il est bousculé, mais je pense qu'il a toujours été
01:09:47bousculé par les mouvements sociaux.
01:09:49Il y a eu aussi le Jean-Luc Mélenchon,
01:09:51qui est le seul à dire, face à un employé d'Air France,
01:09:55qu'au moment de la chemise déchirée,
01:09:57c'est le seul à dire qu'il se bat contre les patrons,
01:10:00que c'est injuste qu'ils vivent,
01:10:02et à pas, avec la masse, aller...
01:10:04Je me souviens de ce moment de Jean-Luc Mélenchon,
01:10:06qui est l'un des seuls à ne pas aller hurler avec les loups
01:10:10et s'en prendre à cet homme qui a arraché la chemise du patron.
01:10:13Il a aussi été très attentif
01:10:15à ce qui s'est passé au moment des Gilets jaunes.
01:10:17C'est de comprendre les mouvements profonds qui agitent la société.
01:10:21Il y a une jeunesse qui se met en mouvement
01:10:23sur des questions écologistes,
01:10:25avec les marches climat,
01:10:27qui ont été des mouvements sociaux majeurs,
01:10:29avec les marches contre les violences faites aux femmes,
01:10:32avec les prides qui sont devenus des moments politiques,
01:10:35des moments d'exigence, d'égalité.
01:10:37Et là, plus récemment, ce n'est pas dans le documentaire,
01:10:40mais il y a eu un mouvement social de la jeunesse
01:10:43sur la question décoloniale et sur la question de la Palestine.
01:10:47Je crois qu'il y a cette attention à ce qui est en train de se passer
01:10:51et à ce que les mouvements nous disent
01:10:53qu'il y a quelque part des points de rupture dans la société
01:10:56et des points de réconciliation du peuple qu'on doit penser.
01:11:00Plutôt que d'aller chercher des secteurs,
01:11:02c'est qu'il se dit que ça nous montre l'horizon
01:11:04vers lequel on peut tendre pour faire France.
01:11:07C'est la question qu'il s'est toujours posée,
01:11:09celle du peuple français, de ce qui constitue le peuple français.
01:11:13Il a cette attention à ce que la jeunesse nous dit
01:11:16d'une nouvelle France et d'un peuple français
01:11:18qui est toujours en devenir.
01:11:20La hiérarchie des attentes de cette jeunesse insoumise,
01:11:24un, l'écologie,
01:11:25deux, le pouvoir d'achat.
01:11:29Il est en phase avec ça, le leader de la France insoumise ?
01:11:32Vous faisiez référence à sa conversion assez tardive,
01:11:35finalement, à l'écologie.
01:11:37Ce n'était pas parti de son logiciel de départ.
01:11:40Il a fait partie, parmi les socialistes,
01:11:42à ceux qui, les premiers, avec Julien Dré et Marie-Noëlle Lindemann,
01:11:46voulaient une coalition entre rouge-rose-vert,
01:11:48les communistes, les verts et les socialistes.
01:11:51Ils ont été les premiers à faire des démotions
01:11:53au Parti socialiste,
01:11:55qui appelaient à cette union avec les verts.
01:11:58Est-ce que vous avez le sentiment que, d'une certaine manière,
01:12:01la France insoumise a cannibalisé les jeunes qui votaient
01:12:04Europe, écologie, les verts ?
01:12:06Notamment sur le terrain écologie.
01:12:08C'est ce qui s'est passé entre 2019 et 2022,
01:12:11de façon assez incroyable.
01:12:12Sur le vote des élections européennes,
01:12:15Yannick Jadot arrive très haut
01:12:16et puis s'en suit les mouvements dans la rue pour le climat,
01:12:20pour la défense du climat,
01:12:21qui sont massifs.
01:12:24Et derrière, on a un passage du vote Jadot
01:12:26vers le vote Mélenchon,
01:12:28assez écrasant, donc, oui, cannibalisant.
01:12:31Donc, évidemment, il a conscience de ça
01:12:34et il sait très bien parler de ces sujets-là,
01:12:37parce qu'il en parle depuis très longtemps.
01:12:40Je revenais sur ce que vous venez de dire tout de suite.
01:12:43Oui, la jeunesse insoumise, sa première préoccupation,
01:12:46c'est l'environnement, etc.
01:12:47Encore une fois, si on prend l'ensemble
01:12:50de la jeunesse française,
01:12:51la première préoccupation, ça reste le pouvoir d'achat.
01:12:55Et donc, ça, c'est un sujet à aller chercher,
01:12:57et pas que sur la question environnementale,
01:13:00pas que sur la question décoloniale et palestinienne,
01:13:03pas que sur la question...
01:13:05La question du genre
01:13:08ou la question féministe.
01:13:11C'est un ensemble de sujets à aller chercher
01:13:14et il y a deux exemples dans le documentaire.
01:13:17Il y a à la fois la banque alimentaire,
01:13:19où là, il y a un engagement là-dessus,
01:13:21mais il y a aussi le militant en Alsace.
01:13:24Il n'est pas face à un jeune derrière la porte,
01:13:26on comprend que la personne est plus âgée,
01:13:29mais qui lui renvoie 1 600 euros, le SMIC, vous y croyez ?
01:13:32Donc, il y a, dans certains territoires,
01:13:34justement, le côté, on veut porter des mesures sociales
01:13:38bonnes pour les gens dans ces territoires
01:13:40qui n'y croient pas, parce que le système leur a dit
01:13:43que 1 600 euros, le SMIC, c'était pas possible économiquement.
01:13:47Il y a cette difficulté, dans certains territoires,
01:13:49à convaincre aussi ces personnes-là.
01:13:52Donc, c'est cette capacité à allier
01:13:55l'électorat jeune bobo
01:13:57et l'électorat jeune défavorisé des banlieues
01:13:59qui fait la force, aujourd'hui,
01:14:01de la politique menée à l'EFI concernant les jeunes ?
01:14:06Oui, mais je suis pas pour catégoriser comme ça,
01:14:08mais se dire qu'il y a des intérêts communs
01:14:11qui se dégagent et qu'il y a aussi une vision vers l'avenir,
01:14:14c'est ça qui fait l'intérêt de la jeunesse,
01:14:16c'est qu'elle nous dit ce que la France a envie de devenir.
01:14:20Les questions économiques sont essentielles chez les jeunes.
01:14:23Jean-Luc Mélenchon marque des points
01:14:25quand il parle de la location autonomie,
01:14:27quand il dit qu'il y a une jeunesse, même étudiante,
01:14:30qui dit qu'il y a des étudiants qui n'ont pas besoin de travailler
01:14:34pour étudier, et d'autres qui combinent
01:14:36avec des petits boulots et qui, en général,
01:14:38sont confrontés, peut-être, à de l'échec dans ses études
01:14:42à cause de ça.
01:14:43Il va parler de cette jeunesse étudiante.
01:14:45Plus largement, il va aussi,
01:14:47et c'est son passé de ministre de l'Education,
01:14:49il va aussi beaucoup parler de l'enseignement pro,
01:14:52alors que c'est quelque chose qui est souvent absent
01:14:55du discours politique.
01:14:56C'est pour ça qu'il arrive à faire cette jonction,
01:14:59avec à la fois les préoccupations économiques,
01:15:02mais aussi des préoccupations d'égalité au sens large
01:15:05et qu'elles se recoupent, parce que les difficultés,
01:15:07où vous allez croiser, c'est dans les quartiers
01:15:10où vous prenez en pleine face la question du racisme,
01:15:13que vous prenez aussi la question des inégalités économiques,
01:15:16donc elles sont articulées dans son discours
01:15:19et dans les revendications des jeunes des quartiers populaires.
01:15:22Ils posent ces deux questions ensemble,
01:15:24la question du salaire de leur maman qui est aide à domicile,
01:15:28et la question du fait qu'ils peuvent être confrontés
01:15:31à du délit de faciès de la part de policiers.
01:15:33Les choses sont vécues en même temps.
01:15:35Pourquoi la jeunesse rurale, peut-être, vote essentiellement,
01:15:40c'est ce que nous disent aussi les chiffres,
01:15:42plutôt aujourd'hui à l'extrême droite que pour LFI ?
01:15:45Est-ce qu'il y a encore du travail à faire
01:15:48du côté de cette jeunesse rurale qui semble moins voter
01:15:51en faveur du nouveau Fonds populaire et de LFI ?
01:15:54Ca peut paraître abstrait,
01:15:55mais je crois qu'il y a la dimension utopique
01:15:58qui est très importante aujourd'hui
01:16:00dans l'explication du vote.
01:16:01Je m'explique.
01:16:02Aujourd'hui, la jeunesse française des villes
01:16:06est peut-être un des derniers segments de la société
01:16:09qui arrive encore à avoir,
01:16:10malgré la crainte écologique du réchauffement climatique,
01:16:14qui arrive encore à avoir des utopies,
01:16:16à se battre pour, à battre le pavé pour.
01:16:19C'est important, l'utopie.
01:16:20Mais surtout à gauche, d'avoir des rêves, de pouvoir...
01:16:24Quand vous allez... Je suis allé faire plusieurs reportages,
01:16:27que ce soit dans La Somme ou dans ce qu'on appelait
01:16:30il y a longtemps la diagonale du vide en Ardèche, etc.
01:16:34Quand vous allez là-bas,
01:16:35vous interrogez la jeunesse,
01:16:37il y a moins cette notion d'utopie, cette notion de rêve.
01:16:41Et finalement, quand vous leur parlez du SMIC à 1 600 euros,
01:16:44ils vous disent que ce n'est plus possible.
01:16:47Ca ne sera pas possible, ça ne marchera pas.
01:16:49Ou quand vous leur parlez...
01:16:51Ils n'arrivent pas, justement, à se projeter
01:16:54vers des utopies qui sont proposées
01:16:57dans les programmes politiques de gauche.
01:17:00C'est peut-être ça aussi qui rend la tâche
01:17:02de Jean-Luc Mélenchon difficile.
01:17:04On va voir un dernier extrait de ce film.
01:17:06Vous souhaitez rajouter quelque chose ?
01:17:09C'est un angle que j'appellerais moins idéaliste.
01:17:12On est matérialistes.
01:17:13Une des réflexions qui a mené Mélenchon ces dernières années,
01:17:16c'est la question des réseaux.
01:17:18Je pense que davantage que de se dire qu'idéologiquement,
01:17:21ils sont imperméables à une utopie,
01:17:24il y a des conditions matérielles d'existence,
01:17:26notamment d'isolement, qui fait que vous avez un réseau militant
01:17:30qu'on a développé à la France insoumise,
01:17:32l'idée d'aller développer des territoires,
01:17:35des réseaux de solidarité moins visibles,
01:17:37des luttes collectives moins visibles,
01:17:39et qui fait qu'à conditions en réalité similaires,
01:17:42vous n'avez pas le même rapport à la possibilité
01:17:45de changer les choses et notamment d'avoir des victoires.
01:17:48Ca, je pense que c'est assez décisif
01:17:50dans le rapport à ce qui est possible ou ce qui ne l'est pas.
01:17:54Chose promis, chose due.
01:17:55Troisième et dernier extrait du documentaire
01:17:58concerne l'affaire Katniss.
01:18:01Au moment de l'affaire, quand j'ai lu sa lettre,
01:18:05je me souviens avoir été très triste,
01:18:09pour être honnête.
01:18:11Et puis, par derrière, j'ai pensé aussi à la victime,
01:18:16du coup, à sa femme,
01:18:18et donc, voilà, c'est une histoire
01:18:23qui a fait vachement parler.
01:18:24Et tant mieux si c'est pour parler des violences
01:18:27que subissent les femmes.
01:18:28Jean-Luc Mélenchon a fait des tweets, du coup,
01:18:33qui n'étaient pas forcément nécessaires, je pense,
01:18:36qui étaient un peu maladroits
01:18:39et qui auraient pu être bien meilleurs.
01:18:43L'affaire Adrien Katniss,
01:18:44député Les Filles du Nord,
01:18:46qui a été condamnée pour violences conjugales,
01:18:49elle ne passe pas, cette affaire Katniss,
01:18:52visiblement, dans une partie de cette jeunesse insoumise.
01:18:56Oui.
01:18:57Elle n'est pas passée, en tout cas.
01:18:59Elle a beaucoup plus suivi que moi sur cette période-là.
01:19:02Elle est en contradiction avec les valeurs
01:19:04que défendent la France insoumise,
01:19:06et notamment les valeurs féministes
01:19:09de la France insoumise.
01:19:10Et c'est aussi la gestion qui a été chaotique,
01:19:13avec ces tweets de Jean-Luc Mélenchon
01:19:15qu'on n'a pas compris.
01:19:17Il le dit lui-même, dans votre documentaire.
01:19:20Il n'a pas jusqu'à regretter le tweet,
01:19:22parce qu'il ne regrettera jamais rien,
01:19:24mais Jean-Luc Mélenchon, en revanche,
01:19:26comprend qu'il aurait dû faire autrement.
01:19:29Dans le documentaire...
01:19:30Il y a un avant après l'affaire Katniss,
01:19:33dans cette jeunesse insoumise ?
01:19:34Définitivement. Il y a un avant,
01:19:36il y a un Mélenchon pré-Katniss,
01:19:38et un Mélenchon post-affaire Katniss,
01:19:41de toute évidence.
01:19:42Mais il y a un autre moment qui fait écho
01:19:44à ce qui se passe au moment de l'affaire Katniss.
01:19:47Un moment, il y a une des sympathisantes
01:19:49qui dit que Mélenchon, c'est notre tonton,
01:19:52on l'aime bien, etc.
01:19:53Finalement, ça résume beaucoup de choses.
01:19:55Dans ce moment-là, au moment de l'affaire Katniss,
01:19:58Jean-Luc Mélenchon montre qu'il est,
01:20:00malgré lui, un homme de sa génération,
01:20:02où, à son époque, ce genre d'affaires
01:20:05étaient un peu mis sous le tapis
01:20:07et on ne les traitait pas politiquement.
01:20:09Là, ça lui explose, entre guillemets,
01:20:11et il ne sait pas les gérer.
01:20:13Il apparaît, notamment auprès de son électorat
01:20:15et son électorat le plus jeune,
01:20:17comme un boomer,
01:20:18quelqu'un qui ne comprend plus la situation
01:20:22et qui fait n'importe quoi
01:20:24et qui ressemble à tout ce que cette jeunesse
01:20:26exècre aujourd'hui sur ces sujets-là.
01:20:29Ce qui est étonnant, c'est qu'il a cherché,
01:20:31visiblement, à réinvestir Adrien Katniss
01:20:34dans le Nord à l'occasion de ces législatives,
01:20:37et là, on le dit...
01:20:38Après, il faut dire aussi que...
01:20:40Il a retiré cette investiture.
01:20:42Il a fait machine arrière.
01:20:43Oui, mais dans ce moment et sur l'affaire Katniss,
01:20:46Jean-Luc Mélenchon, pour une fois,
01:20:48une fois n'est pas coutume,
01:20:50c'est-à-dire que l'appareil politique
01:20:52de la France insoumise a exprimé un avis
01:20:54qui n'était pas celui de Jean-Luc Mélenchon
01:20:57et lui a fait comprendre qu'on ne pouvait pas,
01:21:00aujourd'hui, réinvestir Adrien Katniss.
01:21:02-"Avec franchise".
01:21:04Ca vous a frappé, choqué ?
01:21:05Quel est le bon terme sur ce qu'a été la réaction
01:21:09et la ligne concernant Jean-Luc Mélenchon
01:21:12et Adrien Katniss ?
01:21:13Il y a eu clairement, et on le voit dans le documentaire,
01:21:16ça a été un moment d'incompréhension
01:21:18et de blessure.
01:21:20Peut-être entre Jean-Luc Mélenchon et la jeunesse,
01:21:23mais c'est l'angle du documentaire aussi,
01:21:25mais plus largement, ça a été un moment
01:21:27qui a percuté l'ensemble de notre mouvement.
01:21:30Quand vous disiez qu'il n'a pas su le gérer,
01:21:32je crois qu'aujourd'hui, pas grand monde ne sait gérer
01:21:35cette question-là.
01:21:37Les gens prennent la question des violences sexuelles
01:21:41par là où ils y viennent.
01:21:42Vous avez toute une jeunesse qui est conscientisée
01:21:45sur ces questions-là, c'est merveilleux à voir,
01:21:48et qui n'a pas forcément les solutions.
01:21:50J'ai aussi beaucoup discuté avec des jeunes
01:21:52dans cette période-là.
01:21:54Quand on a discuté, on a dit, d'accord,
01:21:56il y avait un principe qui s'est exprimé très nettement,
01:21:59la question de l'exemplarité.
01:22:01C'est un principe très important.
01:22:03Là, il y a une tension qui peut rentrer
01:22:05avec d'autres types de principes.
01:22:07Quel type de programme on veut ?
01:22:09Quel type de fonctionnement interne on veut
01:22:11pour dire qu'en réalité, on va s'affronter aux violences ?
01:22:15Dans la société, quand on a une organisation de gauche,
01:22:18on ne dit pas que les auteurs des violences
01:22:20sont exclués éternellement.
01:22:22Qu'est-ce qu'on fait de ces violences ?
01:22:24Les violences ne tombent pas par hasard sur les individus.
01:22:27On dit que c'est des effets de système.
01:22:29J'ai eu des discussions passionnantes
01:22:31avec les jeunes sur comment on prend des décisions
01:22:34liées à l'exemplarité, mais aussi comment on traite
01:22:37cette question du fait que quand on est de gauche
01:22:40et qu'on regarde en face les violences sexistes et sexuelles,
01:22:43on se rend compte qu'elles traversent les organisations
01:22:46et qu'il faut se demander comment tout ça se répare.
01:22:49Et ça, je crois que personne, pour l'instant,
01:22:51n'a la solution idéale, la recette,
01:22:53et en revanche, je crois que cette jeunesse,
01:22:56elle nous aide à poser ces questions-là,
01:22:58à ne pas les mettre sous le tapis.
01:23:00Il nous reste deux minutes.
01:23:01Ce documentaire a été tourné il y a deux ans.
01:23:04Les choses ont changé, c'est peu de le dire,
01:23:07deux ans, aujourd'hui.
01:23:08Est-ce que la figure paternaliste Mélenchon
01:23:11fonctionne toujours auprès de cette jeunesse ?
01:23:13Ou est-ce que deux ans après le tournage de ce film,
01:23:16ce n'est déjà plus la même chose concernant ce rapport
01:23:19entre cette France insoumise et Jean-Luc Mélenchon ?
01:23:22Il y a eu quelques petites fractures.
01:23:24On parlait de Katniss.
01:23:26Je pense qu'une partie de la société,
01:23:28la période aujourd'hui entre Gaza, la Palestine et Israël
01:23:32a dû aussi percuter une partie de la jeunesse.
01:23:39Il faudra voir ce qui va se passer.
01:23:41Il dit, faites mieux,
01:23:43mais qui va faire mieux que lui ?
01:23:45Est-ce que c'est lui qui repart dans trois ans
01:23:48ou est-ce qu'il passe le flambeau à un autre ou une autre ?
01:23:52La question va se poser.
01:23:53Aujourd'hui, comme il est dans le paysage politique,
01:23:56personne d'autre n'ose prendre le flambeau
01:23:59qu'il veut transmettre.
01:24:00C'est le mot de la fin.
01:24:02Il n'est plus tout seul, aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon.
01:24:05Il y a de nouveaux personnages qui arrivent dans le jeu à gauche,
01:24:09et pas qu'à la France insoumise.
01:24:11On peut parler de Raphaël Glucksmann aussi.
01:24:13Ca, c'est l'effet Nouveau Front Populaire.
01:24:16Exactement. L'effet Nouveau Front Populaire
01:24:18amène une forme de concurrence très saine à gauche
01:24:21et qui peut être aussi un moment où il y a une page qui se tourne.
01:24:25Il y a un risque de voir la jeunesse
01:24:27s'identifier à quelqu'un d'autre que Jean-Luc Mélenchon
01:24:30avec ce Nouveau Front Populaire.
01:24:32Je sors d'une campagne où j'ai vu une jeunesse,
01:24:35que ce soit dans les quartiers populaires du 19e,
01:24:38une jeunesse qui est encore fortement connectée
01:24:41à Jean-Luc Mélenchon, mais aussi à un certain nombre de figures,
01:24:44notamment des figures insoumises,
01:24:46que Jean-Luc Mélenchon a contribuées à faire émerger.
01:24:49Quand vous regardez sur les réseaux sociaux,
01:24:52l'emballement de la jeunesse pour des femmes insoumises,
01:24:55que ce soit Mathilde Panot, Clémence Guettet,
01:24:57et pour ce qui est vu comme une sphère d'insoumis,
01:25:00dont tout le monde sait que c'est aussi par Jean-Luc Mélenchon
01:25:04que cette relève s'est installée dans le paysage politique français.
01:25:07Ca sera le mot de la fin.
01:25:09Un grand merci à tous les invoits
01:25:11d'avoir participé à ce Débat d'octobre.
01:25:13Pour nous en dire plus sur cette jeunesse insoumise
01:25:16qu'on a découvert aussi à travers ce film,
01:25:20vos réactions, ce sera sur hashtag Débat d'octobre.
01:25:23Merci à Félicité Gabalda et Macompf,
01:25:25qui m'ont aidé à préparer cette émission.
01:25:28Prochain rendez-vous avec Débat d'octobre,
01:25:30ça sera à la même place, à la même heure,
01:25:32et toujours avec son documentaire et son débat.
01:25:35A très bientôt.
01:25:37SOUS-TITRAGE ST' 501

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