Retrouvez "Eliot Deval sur Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eliot-deval-sur-europe-1
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00:00Bruno Bartossetti, responsable syndical à Unité, donc syndicat de police,
00:05vous craignez des violences du côté de la Côte d'Azur ce dimanche soir à partir de 20h après les résultats ?
00:12Oui, bien évidemment qu'on craint des violences et malheureusement dans notre pays la violence s'installe régulièrement
00:20et tous les prétextes sont bons, on a eu les émeutes l'an dernier, on a eu aussi les gilets jaunes
00:24et là bien sûr avec ce second tour on peut craindre des violences.
00:28En même temps j'ai envie de dire qu'entre les deux tours des présidentielles de 2002,
00:34nous avions eu aussi des violences sous le même fonds politique.
00:38Alors c'est sûr que là j'ai écouté quelques témoignages, bien sûr qu'il faut se protéger,
00:42je pense qu'il faut faire attention en tout cas quand on est commerçant de ne pas tenter de se défendre avec des armes par destination,
00:49j'entendais parler de barre de fer parce que malheureusement les situations pourraient se retourner contre ce commerçant ou d'autres.
00:55Mais bien évidemment pour revenir au sujet, on va déployer encore une fois beaucoup de policiers pour sécuriser un maximum la ville de Marseille
01:04parce qu'on se retrouve à Marseille, c'est quand même la plus grande ville de France après Paris,
01:08avec des situations très très sensibles, les quartiers suds où ça peut voter dans un certain camp,
01:14le quartier nord dans un autre, tout peut se retrouver en centre ville donc on va être très très vigilants
01:19en sachant également qu'on mobilise aussi beaucoup de policiers comme vous le savez pour les Jeux Olympiques,
01:24on a 80% des policiers qui sont mobilisés, très peu de repos pour les agents,
01:30et on va essayer d'être sur tous les fronts et sécuriser au maximum les Marseillais,
01:34mais pas que les Marseillais, je pense à Nice, je pense à Marseille, je pense à Montpellier,
01:38je parle non de toute cette zone sud où on va être très vigilants partout.
01:43Sur le terrain, et si on veut parler de cette zone c'est que vous la connaissez parfaitement cher Bruno Bartossetti,
01:49vous aviez déjà vécu une élection dans un tel climat de tensions,
01:55et notamment, on l'a vu, que ce soit sur les plateaux, les gens ne peuvent plus s'entendre,
02:00les hommes politiques s'invectivent, et peut-être que ça a des répercussions également sur le terrain.
02:05Complètement, c'est vrai que c'est très tendu, ça manque, si vous le permettez,
02:10moi je ne veux pas jouer les analystes politiques, mais ça manque bien souvent de fond,
02:14et c'est la forme qui prend le dessus et ça devient très violent,
02:16et cette violence on la retrouve aussi parmi certains électeurs qui vont très loin dans la passion,
02:21pour ne pas dire autre chose, et c'est vrai que c'est très perceptible.
02:24De plus, nous policiers, nous sommes victimes aussi de ces positions politiques,
02:29tout est très politisé, on stigmatise la police, on passe ses nerfs sur les policiers,
02:37on les prend pour cibles, ils deviennent des adversaires, alors qu'on est là pour sécuriser la population.
02:42Mais c'est vrai que c'est très très tendu, même si j'ai fait un retour sur les années 2002,
02:47au second tour des présidentielles de Chirac et Le Pen, où ça avait été quand même très tendu,
02:54mais dès qu'il s'agit effectivement de politique, dès qu'on rentre en scène des extrêmes, entre guillemets,
03:00sur un champ politique, la passion prend le dessus sur la réflexion politique.
03:05C'est intéressant, Bruno, vous avez parlé de passion, moi je vois également quelque chose d'irrationnel,
03:11et quand l'irrationnel, il y a aussi un peu de bêtise.
03:15Quand je dis ça, je pense à ce clip Nopa Saran, des rappeurs ultra violents,
03:20insultant les candidats ou les responsables politiques du RN,
03:25mais dans ce clip-là, vous avez également des images de policiers,
03:28c'est-à-dire que c'est une sorte de gloubi-boulga d'insultes et de violences,
03:32et finalement, vous vous retrouvez mêlé dans la politique, alors que vous n'avez absolument rien demandé,
03:38et le résultat, c'est que sur le terrain, vous serez une cible privilégiée.
03:42Complètement ! Bien sûr, j'ai parlé de passion, vous avez entendu que derrière ce mot, il y avait autre chose,
03:49et que vous avez relevé, mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de messages de haine,
03:53et à partir d'un moment qu'un parti politique, quel qu'il soit, véhicule la haine,
03:58véhicule l'envie de blesser, voire de tuer, de s'en prendre aux femmes, aux policiers,
04:04ce sont finalement des cibles faciles, parce que comme l'a dit l'auditrice tout à l'heure,
04:09nous, policiers, on ne répond pas, on est obligés d'absorber, de neutraliser au mieux,
04:15et ils le savent très bien, et nous ne nous demandons pas un permis de chasse,
04:22mais en tout cas, nous, nous sommes pris pour cibles, ça c'est sûr.