FRancis Daspe, le porte-parole de la France Insoumise dans les Pyrénées-Orientales
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00:00France Bleu, matinale spéciale, législative 2024.
00:04Nouvelle invitée de cette matinale spéciale, Simon, nous sommes à présent avec le porte-parole de la France Insoumise
00:09et candidat perdant sur la première circonscription des Pyrénées-Orientales.
00:12Oui, la première, c'est une partie de Perpignan mais aussi les communes de Bonpas, Cabestanie, Poyestre, Toulouse et Canoës.
00:17Bonjour à vous Francis Dasp.
00:18Bonjour.
00:19Hier soir, vous étiez devant l'hôtel de ville de Perpignan avec vos militants
00:22et vous avez qualifié votre camp de vainqueur aux trois quarts.
00:26Qu'est-ce que vous voulez bien dire par là ?
00:28Le dernier quart, ce sera appliquer le programme pour lequel on a gagné, aux trois quarts.
00:34C'est-à-dire qu'en fait, il faudra appliquer le programme, il n'y a pas d'autre alternative.
00:38C'est-à-dire ? Je n'ai toujours pas compris.
00:40C'est-à-dire que nous n'avons pas la majorité absolue
00:43et que donc, il faudra quand même appliquer ce programme-là pour lequel nous avons fait campagne.
00:48Exemple, la réforme des retraites, on ne peut pas continuer avec la réforme à 64 ans.
00:53D'accord, ça veut dire que votre programme, vous comptez l'appliquer en entier ou aux trois quarts ?
00:57C'est-à-dire que vous êtes prêt à faire des concessions ?
00:59Non, non, non, non, pleinement et entièrement.
01:01Avec qui alors ? Parce qu'il va falloir une majorité à l'Assemblée nationale,
01:04289 députés pour abroger la réforme des retraites par exemple.
01:07J'ai écouté les interventions précédentes depuis ce matin et il y a un grand absent.
01:12Le peuple, à 80%, 90%, il ne veut pas de la réforme des retraites à 64 ans.
01:18Donc il va falloir que certains élus prennent en compte, on ne va pas les brutaliser à nouveau
01:24parce que Macron a brutalisé les Français avec la réforme,
01:28contre laquelle 80%, 90% selon les sondages, n'en voulaient pas.
01:33Donc effectivement c'est ça qui va être l'enjeu.
01:35Parce que si on n'applique pas ce programme-là qui a été donné gagnant,
01:40pas avec une majorité absolue certes,
01:42là on va au-devant de grandes désillusions, notamment par rapport au Rassemblement national.
01:47Et je suis presque d'accord avec l'intervenant précédent qui disait
01:50attention si on ne tient pas nos promesses, c'est aussi un carburant pour l'extrême droite cette fois-ci.
01:55Mais vous savez bien aussi que la politique c'est de l'arithmétique aussi.
01:58Il va falloir trouver des alliés. Qui ? Pour gouverner avec vous.
02:02Et de la responsabilité, parce qu'il faudra bien que les députés macronistes qui ont été réélus...
02:08Donc ceux qui ont voté la réforme des retraites vont désormais voter contre ?
02:11Pour vous faire plaisir finalement ?
02:13Non, pour faire plaisir au peuple en fait.
02:15Parce qu'en fait il va falloir qu'ils comprennent...
02:17Mais ils ne sont pas des représentants du peuple ?
02:19Disons qu'ils ne représentent pas les 80% des gens qui ne veulent pas de la réforme des retraites.
02:23Il va falloir peut-être mettre de l'eau dans son vin et se dire j'ai pas raison contre le peuple.
02:27Et c'est ça qui va être vraiment la difficulté.
02:30Parce que là j'ai entendu précédemment ce qui se disait.
02:33On avait l'impression que c'était uniquement des carambouilles entre un petit cercle d'élus.
02:38On va se faire des concessions pour les uns, pour les autres.
02:41C'est pas au centre qu'on va gouverner.
02:43On va gouverner avec le peuple et celui qui est en position centrale c'est le peuple.
02:46Le peuple veut l'augmentation des salaires, veut du pouvoir d'achat.
02:49Et ce n'est pas un caprice du peuple.
02:51C'est une modalité de partage des richesses qui est différente.
02:53Et ça va être, je crois, peut-être une révolution au Parlement.
02:56Mais le peuple aurait pu donner une majorité absolue au nouveau front populaire.
02:59Il ne l'a pas fait.
03:00Oui, mais il a donné un désaveu aux deux autres blocs.
03:04Parce qu'en fait il y a deux grands perdants dans cette élection.
03:07C'est d'abord les politiques macronistes qui ont été désavouées déjà lors des européennes.
03:12Puis lors du premier tour.
03:13Puis lors du second tour.
03:15Et puis il y a bien sûr l'extrême droite qui a été désavouée alors qu'elle pensait avoir la majorité absolue.
03:18On entend donc dans votre voix, Francis Dasp, pas de compromis, en tout cas sur les axes forts du programme.
03:23Pas de compromission. C'est différent.
03:26Raphaël Glucksmann, pour le Parti Social, vous avez entendu dans le tweet, dans les infos de 8h, explique
03:31il va falloir maintenant se comporter en adulte.
03:33Oui, en adulte c'est voir ce que pense le peuple, ce que veut le peuple.
03:37Et moi, la démocratie ne se fait pas sans le peuple.
03:40Alors votre stratégie, du coup, expliquez-moi.
03:43Expliquez-moi, je n'ai toujours pas compris comment vous faites.
03:45Parce que je ne vois pas les députés macronistes voter contre la réforme des retraites.
03:49Christophe Heuset, il était là à 8h45 sur France Bleu Roussillon.
03:52Il ne veut pas gouverner avec les insoumis, par exemple.
03:54Lui, il parle d'un spectre PS, écologiste, centre droit.
03:58Vous seriez sur la douche.
04:00On ne demande pas à gouverner avec les macronistes.
04:02Et vous ne pouvez pas vous en passer, c'est mathématique.
04:04Nous devons en faire preuve de responsabilité.
04:06Il y a aussi une abstention possible parfois au Parlement.
04:08En se disant, désolé, la réforme des retraites, nous l'avons fait passer au forceps.
04:12En brutalisant le peuple.
04:14Là, on a compris que ça nous a été très préjudiciable.
04:17Parce qu'une grande partie de la défaite des macronistes s'explique par la réforme des retraites.
04:21Par la politique qui, en fait, a donné plus aux plus riches et moins aux plus modestes.
04:27Ce n'est pas vous qui êtes brutal ce matin en disant, c'est comme ça.
04:29Alors que vous avez 178 députés.
04:32Et le peuple, c'est lui qui nous a...
04:34Le peuple, il a parlé hier.
04:35Oui, il a parlé.
04:36Massivement.
04:37Il nous a positionnés en première position.
04:39Donc, il va falloir que nous appliquions ce programme.
04:41Parce que si on n'applique pas le programme pour lequel on a été vainqueur au 3 quarts.
04:46Parce que le dernier quart, il faudra le valider au Parlement.
04:49Là, ça va créer de la désespérance.
04:52Et c'est sur cette désespérance que le RN a toujours proliféré.
04:56Et c'est aussi sur, il y a 10 ans, 15 ans,
04:59l'idée que la gauche de l'époque et la droite faisaient des politiques à peu près identiques au centre.
05:05Justement, que l'extrême droite a gagné.
05:08Qui pour devenir Premier ministre ? Francis Dasp ?
05:10Quelqu'un qui tiendra les promesses du programme.
05:13Jean-Luc Mélenchon ?
05:14Il a eu une très belle formule.
05:16Il ne s'élimine pas, il ne s'impose pas.
05:19Très belle formule.
05:21Et vous, vous êtes favorable à ce que Jean-Luc Mélenchon prenne la tête d'un gouvernement ?
05:25Je pense qu'il a les qualités.
05:26Mais il n'est pas le seul.
05:27Et puis, encore une fois, ça sera lors de la délibération collective des différentes composantes du Nouveau Front Populaire.
05:32Parce que là, les socialistes, les écologistes, ils ont dit Mélenchon, c'est non.
05:35Depuis le début.
05:36Pas un socialiste, pas un écologiste pour dire Mélenchon, d'accord.
05:39Ils ont dit ça, mais le premier groupe au sein du Front Populaire, c'est le groupe insoumis.
05:44Donc il faudra compter.
05:45Légèrement devant les socialistes.
05:46Oui, légèrement.
05:47Mais ce n'est pas non plus une majorité écrasante au sein de l'accord.
05:49C'est pour ça qu'il ne s'impose pas, il ne s'élimine pas.
05:51Donc c'est impossible.
05:53Qui sait ?
05:55Non, rien n'est exclu.
05:56Rien n'est exclu.
05:57Vous avez dit hier soir aussi au micro de France Bleu Roussillon que le RN avait pris une raclée.
06:02Ce sont vos mots.
06:03Est-ce qu'on peut vraiment dire ça ?
06:05Ils avaient seulement 7 députés il y a deux ans et une semaine.
06:0989 il y a encore une semaine.
06:11Ils en ont 143 ce matin avec leurs alliés.
06:14La marée monte.
06:16Elle n'est pas montée assez.
06:17C'est ce qu'a dit Marine Le Pen hier soir.
06:19Oui, mais quand on était presque persuadés, c'est-à-dire le RN, d'avoir une majorité
06:25aux mains relatives, voire absolue, c'est une défaite.
06:28C'est vraiment une défaite.
06:30Et un désaveu.
06:31Un désaveu, malgré le 4 sur 4, encore une fois, en pays catalan ?
06:35Oui, parce que je parle national.
06:38Dans le pays catalan, comme vous dites, on partait de loin.
06:41Le Fonds Populaire a beaucoup progressé.
06:43Nous sommes la vraie alternative à la domination de l'extrême droite dans les Pyrénées-Orientales
06:47désormais.
06:48Ce n'est plus la Macronie.
06:49Donc, effectivement, il y a quelques éléments d'espérance.
06:52Mais on part de loin.
06:54Ce territoire est-il définitivement perdu pour la gauche ?
06:56On voit bien que les Pyrénées-Orientales, 4 sur 4 à son nom national,
07:00mais c'est du 3 sur 3 dans l'Ode.
07:02C'est sur l'ancien Languedoc-Roussillon et sur l'ensemble de l'arc méditerranéen.
07:05Le RN est particulièrement puissant.
07:08En politique, ce qui compte, ce sont les dynamiques nationales.
07:11Et c'est vrai que la dynamique nationale, aujourd'hui, le péri-urbain,
07:14passe de plus en plus à l'extrême droite.
07:16On le voit dans ma circonscription, ou à Perpignan.
07:19Je suis assez proche de la candidate d'extrême droite.
07:22Par contre, le péri-urbain nous plombe.
07:24Et c'est ça qui est important.
07:26Le péri-urbain, sur votre circonscription, c'est Pauillestre, Cabestanie, Bourg-de-Passe.
07:29Toulouge et Canoës. Pourquoi d'ailleurs ?
07:32Pourquoi est-ce que dans cette première couronne autour de Perpignan,
07:35première couronne sud essentiellement,
07:37pourquoi est-ce que ça vote autant RN, selon vous ?
07:39Il y a eu des évolutions depuis 5-6 ans,
07:41notamment la crise des Gilets jaunes qui l'avait mise en valeur.
07:44C'est des gens qui se considèrent comme un peu mis à l'écart,
07:47où il n'y a pas beaucoup de vie associative,
07:49où les mobilités sont un problème.
07:51On vit plutôt bien Cabestanie, à Bourg-de-Passe, à Pauillestre.
07:53C'est des villes où l'immobilier monte.
07:55C'est des secteurs assez prisés, tout de même.
07:58C'est comme pour Perpignan, où il y a des secteurs de lotissement,
08:02où les gens considèrent que la gauche n'est pas la solution.
08:06Il y a aussi un élément historique ancien,
08:11où le RN avait déjà été fort dans les Pyrénées-Orientales,
08:15ou dans l'arc méditerranéen.
08:17C'est multifactoriel.
08:19Invitez-moi et je parlerai pendant une heure de ça.
08:21On fera ça peut-être une autre fois.
08:23Merci Francis Dast.
08:25Je rappelle que vous êtes le porte-parole de la France Insoumise,
08:27ici dans le département des Pyrénées-Orientales.
08:29Vous étiez candidat dans la première circonscription.
08:31Et c'est dans cette circonscription,
08:33Sophie Blanc, la candidate RN,
08:35qui l'a emporté 58% des suffrages hier.
08:37Et beaucoup de réactions au 04-68-35-5000.
08:47Nous avons André en direct avec nous.
08:49André, bonjour.
08:51Bonjour.
08:52Comment nous vous écoutons ?
08:54J'aurais voulu que ce soit le RN qui soit élu,
08:58pour essayer un peu ce parti,
09:00ce qui va aller aux commandes du pays.
09:02Parce que nous avons le nouveau Front de Gauche
09:06qui a été élu.
09:08Mais vont-ils réussir à s'entendre entre eux ?
09:11Déjà ça commence.
09:13Mélenchon, il les en veut, les autres ne le veulent pas.
09:15Alors ça va être une rigolade pendant un an ou deux ans.
09:19En fait, ils vont s'arranger entre eux.
09:23Ils vont se partager.
09:25Lors d'une amnitié de députés,
09:27en avant guingamp,
09:29c'est toujours la même ringuelle.
09:31On ne va pas avancer beaucoup plus avec ces élections.
09:33Pourquoi pour vous le RN aurait fait mieux que...
09:37Écoutez, on ne les a jamais eus au gouvernement.
09:39On ne les a jamais laissés gouverner.
09:41On aurait pu si les Français avaient eu un peu plus de courage.
09:44Parce qu'apparemment,
09:46beaucoup de gens ont tourné leur veste.
09:48Il fallait les laisser essayer pendant deux ans.
09:50Deux ans, deux ans et demi.
09:52Jusqu'à son arrivée à la présidentielle.
09:54Maintenant, ce qui va se passer pendant deux ans,
09:56ça va être une porte grande ouverte pour le RN.
09:59Parce qu'ils ne vont faire que des bêtises les unes des autres.
10:01Ils ne s'entendent pas entre eux.
10:03Ce n'est pas possible de gouverner avec des gens pareils.
10:05Deux millions d'électeurs en moins
10:07entre le premier et le deuxième tour pour le RN.
10:09Des personnes qui finalement n'y ont plus cru, André.
10:13Ce n'est pas qu'ils n'y ont plus cru.
10:15C'est qu'on leur a fait croire n'importe quoi.
10:17C'est tout.
10:19Ça a été une campagne de fanfarons.
10:21Ils sont ridicules, tous ces politiques.
10:23Jusqu'à maintenant, j'ai voté.
10:25Je pense que maintenant, je n'irai plus voter.
10:27Parce que que ce soit les uns ou les autres,
10:29ils nous racontent que des conneries.
10:31Alors, voilà.
10:33Un tel dégoût, c'est même pas la peine.
10:35Maintenant, ils vont abroger la retraite.
10:37Maintenant qu'on a réussi à l'avaler,
10:39il va bien falloir que les gens travaillent
10:41pour payer toutes ces retraites.
10:43C'est comme ça.
10:45Moi-même, le premier, je devais prendre la retraite il y a trois mois.
10:47Je vais attendre un an et demi de plus.
10:49Qu'est-ce que vous voulez faire ?
10:51Il faut bien payer tout ça.
10:53On ne peut pas vivre sans travailler.
10:55Ce qu'il faut faire surtout, c'est remettre tout le monde au travail
10:57et arrêter de payer des gens à rien foutre à la maison.
10:59Parce qu'il y en a beaucoup des gens comme ça.
11:01Merci André pour votre point de vue ce matin
11:03sur cette élection.
11:05Sans votre désarroi.
11:07Et je crois qu'on a Michel avec nous.
11:09Bonjour Michel.
11:11Bonjour.
11:13J'ai toujours voté à gauche
11:15lorsqu'il a fallu battre le Front National.
11:17Parce que c'était fasciste pour moi.
11:19Pas les électeurs.
11:21Maintenant,
11:23la gauche s'est passée première.
11:25Mais la gauche n'a pas la majorité.
11:27Donc, vouloir
11:29appliquer le programme intégral de RFI,
11:31non.
11:33De toute façon, on n'y arrivera pas.
11:35Il faut un peu oublier son égo.
11:37Oublier son idéologie.
11:39Et essayer de faire avancer la France.
11:41Voilà.
11:43Parce qu'on n'a pas la majorité.
11:45On va appliquer notre point de vue
11:47avec notre programme.
11:49C'est complètement stupide.
11:51Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire.
11:53C'est stupide.
11:55Parce que si on continue
11:57à faire comme ça,
11:59les prochaines élections, alors là oui,
12:01le Front National, il sera premier.
12:03Parce qu'on aura prouvé qu'on n'est pas foutu
12:05de se mettre d'accord pour que la France
12:07se rétablisse.
12:09Michel, restez avec nous.
12:11Je voudrais qu'on fasse réagir Francis Dasp
12:13qui est resté avec nous de la France Insoumise.
12:15Vous entendez la colère de ces électeurs de gauche
12:17qui disent arrêtez de nous dire que vous allez
12:19appliquer le programme de manière totale
12:21alors que vous n'avez pas la majorité absolue ?
12:23Je lui répondrais que 80%
12:25voire 90% des salariés étaient
12:27contre la réforme des retraites. Il faudra bien
12:29appliquer cette proposition que nous avons faite.
12:31Sinon, on va trahir
12:33encore une fois l'électorat. Et c'est là où le Front National
12:35pourra proliférer.
12:37Merci Francis Dasp.
12:39Michel, un mot rapidement
12:41ou on considère que vous nous avez dit...
12:43Excusez-moi, mais c'est complètement ridicule.
12:45Parce qu'on n'arrivera pas
12:47à le faire. Ce programme,
12:49on ne pourra pas le faire. La seule chose
12:51qu'on va faire, c'est mettre encore plus de
12:53pagaille qu'il y en a déjà. Et cette pagaille
12:55qu'on y commettra, le Front National
12:57va en profiter justement.
12:59Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire. Alors continuez
13:01à vouloir appliquer, à vouloir
13:03être à 100% pour eux.
13:05Il faut oublier
13:07ces égaux. Il faut oublier l'idéologie
13:09si on veut que la France s'éloigne
13:11du Front National. Et on a entendu votre point
13:13de vue ce matin, Michel, pour ce
13:15coup de gueule. Merci de nous avoir appelés.
13:17Michel, qui fait réagir d'autres auditeurs