Avec Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication politique, professeur de communication à Sciences Po.
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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-07-08##
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NewsTranscription
00:00SUDRADIO dans tous ses états, le fait du jour.
00:06Jean Ferrat qui n'a pas été chanté mais déclamé hier soir par Jean-Luc Mélenchon,
00:11juste après l'annonce des résultats des législatives,
00:15et plus que jamais la communication a été un vecteur clé de ces législatives.
00:19De l'allocution du même Jean-Luc Mélenchon, quelques minutes après les résultats du premier tour,
00:23appelant les candidats à NFP arrivés en troisième position à se retirer au profit de ceux de l'ex-majorité présidentielle,
00:30aux outings de candidats RN défaillants sur les réseaux sociaux dans l'entre-deux-tours,
00:34pour finir par les réactions d'hier soir où, un peu à l'image d'une émission de télévision mythique,
00:39l'école des fans, tout le monde a gagné.
00:41Cette campagne a été marquée par la compol, la communication politique.
00:45À chaque instant, nous avons le plaisir d'avoir avec nous Philippe Moreau-Chevrolet,
00:49consultant en communication politique et professeur de communication à Sciences Po.
00:53Bonjour.
00:54Bonjour.
00:54Bienvenue sur Sud Radio.
00:56Alors, est-ce que quand on regarde déjà la dissolution au soir des Européennes,
01:01Emmanuel Macron est dans un coup politique, un coup de poker ou un coup de com ?
01:06Il est dans un... c'est un coup de poker et un coup de com.
01:09Il cherche à secouer le cocotier comme il le fait assez souvent pour provoquer des effets.
01:13Il ne sait pas toujours très bien ce qu'il cherche.
01:15Là, il cherchait probablement à se remettre au centre du jeu,
01:19à essayer de recomposer une majorité plus à sa main.
01:21Il essayait quelque chose.
01:23La réaction du pays a été immédiate, ça a été la désapprobation totale.
01:27Vraiment, il y a eu un rejet de la démarche, une incompréhension de la démarche.
01:31Ça a fracturé son camp d'une manière assez incroyable.
01:34Le Premier ministre a pris position contre lui.
01:36À partir de là, il est devenu autonome, Gabriel Attal.
01:38Et la présidente de l'Assemblée nationale aussi qui a dit dans le studio de Sud Radio
01:41que le pire moment de sa carrière politique, c'était la dissolution.
01:44Oui, puis il y a un fossé qui s'est creusé.
01:47Il a fracturé sa propre majorité.
01:49Il a obligé tout le monde à voter en catastrophe en trois semaines, avec une anxiété.
01:54On a des mesures de l'anxiété de tout le monde ici, de ceux qui nous écoutent aussi.
01:59L'anxiété qui a monté d'un seul coup.
02:01Alors qu'on s'apprêtait à partir en vacances, il y avait les JO.
02:04Tout le monde avait son agenda, la vie s'est arrêtée.
02:06On n'a plus du tout parlé de Gaza, on n'a plus du tout parlé de l'Ukraine.
02:09Tout ça, c'est fini.
02:11Et on s'est recentrés sur notre débat national,
02:13pour une bonne vieille psychose gauloise à la française.
02:17On se tape dessus, on fait un banquet après.
02:19Là, on en a encore à se taper dessus.
02:20Oui, le banquet, ce n'est pas prévu pour les jours à venir.
02:23Et on a des barnes, on a des assurances touristes qui ont abayonné.
02:27Il y a Macron, il y a Mélenchon, il y a un paquet de gens qui doivent être à l'écart du banquet.
02:31Oui, c'est peut-être pour ça qu'il n'a pas chanté Ferrahi hier soir, mais juste le déclamer.
02:35Allez, on va commencer par l'avant, premier tour.
02:38Est-ce que le dévoilement du programme du Nouveau Front Populaire,
02:41avec l'imprimature de personnalités, comme Esther Duflo, prix Nobel d'économie,
02:46a été un bon coup de com', Philippe Moreau-Chevroy ?
02:48Il n'a pas été vraiment compris, ni vu.
02:50En fait, la question des programmes, elle est passée quasiment au second plan,
02:54parce qu'il n'y a eu que trois semaines de campagne.
02:56Tout ce qu'on a retenu de la campagne de la communication du Front Populaire,
02:59ça a été le fait que, probablement, ça allait provoquer des hausses d'impôts.
03:03Ça, c'est le message numéro un qu'on a retenu.
03:05Pourquoi ? Parce que le Nouveau Front Populaire a mis en place un calculateur,
03:08et il a lui-même mis en avant le fait qu'il allait peut-être coûter plus cher aux gens,
03:13ce qui était d'une maladresse totale.
03:15Et donc, on a retenu essentiellement ça,
03:17et puis on a retenu du RN essentiellement la campagne d'entre-deux-tours,
03:20qui a été une calamité totale.
03:23Et c'est probablement ça aussi qui a joué.
03:25Alors, justement, revenons sur le RN.
03:28Si le RN arrive aussi haut au premier tour,
03:31est-ce parce que, sur la lancée des Européennes,
03:33il surfait sur la vague Bardella qui venait de triompher,
03:37parce que jamais le RN n'avait fait un tel score,
03:39plus de 30% et en laissant la majorité présidentielle 20 points derrière ?
03:44Alors oui, c'est la question principale qui est posée à Emmanuel Macron.
03:49C'est pourquoi organiser une dissolution juste après une victoire historique du RN ?
03:54C'est incompréhensible. Alors on fait ça pour mettre le RN au pouvoir.
03:58Et surtout qu'on n'a jamais vu un parti gagner des élections triomphalement
04:01après avoir pris une déroute historique trois semaines avant.
04:04Oui, c'est impossible. Mathématiquement, c'est impossible.
04:07Donc on n'a pas compris pourquoi il jouait à qui perd-gagne,
04:10parce que ce n'était juste pas possible en l'occurrence.
04:14Donc on a essayé de comprendre la démarche, on n'y est pas arrivé.
04:16Personne. On a fait de la psychologie individuelle d'Emmanuel Macron,
04:19ce qui est le sport national depuis trop longtemps maintenant.
04:21On a essayé de comprendre ce qu'il cherchait à faire.
04:24On ne comprend pas. Et ce matin, moi je mets au défi quelqu'un
04:27de comprendre quel était le but poursuivi par le chef de l'État.
04:30Tout ce que j'ai vu, moi, c'est Gabriel Attal.
04:33Honnêtement, il a 34 ans, pour beaucoup de nos auditeurs, c'est un gamin.
04:38Ce gamin-là, il a tenu dans la tempête.
04:42Il a été là quand l'Élysée a été défaillante,
04:45parce que ça fait quand même 15 jours que l'Élysée fait n'importe quoi.
04:48Lui, il a été là. Et ce gamin-là, il a tenu son camp.
04:51Et il est encore Premier ministre aujourd'hui.
04:53Je veux dire, il y a des personnalités qui se révèlent comme ça.
04:56Ça fait du bien en politique de voir des gens se révéler comme ça de manière positive.
05:01On va reparler un peu après de Gabriel Attal,
05:03parce que là, on est toujours dans l'avant-premier tour et le premier tour.
05:06Au soir du premier tour, est-ce que Mélenchon,
05:08en prenant la parole quelques minutes après les résultats,
05:11et en appelant les candidats du Nouveau Front Populaire à arriver troisième,
05:14n'a pas coupé l'herbe sous le pied de la majorité,
05:17en l'obligeant de faire de même,
05:19pour ne pas risquer de se faire accuser de faire le jeu de l'extrême droite ?
05:23Oui, il a coupé l'herbe sous le pied de tout le monde.
05:25Jean-Luc Mélenchon, c'est à la fois la meilleure et la pire des choses pour son camp.
05:30C'est une bonne chose.
05:31C'est un peu comme Jean-Marie Le Pen, à l'époque, pour le Front National.
05:34Tribun exceptionnel, mais faisant des dérapages inqualifiables.
05:39Même Macron, aujourd'hui, quand il s'exprime,
05:41il a des personnalités qui sont des repoussoirs.
05:43Macron, pour son camp, il est un repoussoir maintenant.
05:46Mélenchon aussi, Le Pen à l'époque.
05:48Mélenchon qui va quand même le soir du premier tour,
05:51alors que tout le monde a besoin d'être rassuré,
05:53avec Rima Hassan à côté de lui, en keffier,
05:56pour intervenir, pour être le premier.
05:58Mais si on avait voulu faire peur aux électeurs modérés,
06:00on n'aurait pas fait pire que ça.
06:02Alors que Rima Hassan n'était pas candidate au législatif.
06:04Pas du tout, et puis on ne parlait pas de Gaza.
06:06C'est pas le sujet, quoi.
06:08Pourquoi mettre ça à l'image,
06:10alors qu'il n'y en a absolument pas besoin,
06:12et que ça va forcément provoquer des réactions de peur,
06:15de la part ne serait-ce que de nos compatriotes juifs,
06:18et tout à fait légitimes, par ailleurs.
06:20C'était quand même d'une maladresse totale.
06:22Est-ce que plus tard dans la soirée,
06:25l'allocution qu'on peut qualifier de martiale,
06:29de Gabriel Attal, dans la cour de Matignon,
06:32c'est-à-dire pas à n'importe quel endroit,
06:35n'est pas, après celle de Mélenchon,
06:37un gros coup de com' qui est, dimanche prochain,
06:39si vous votez pareil que ce dimanche,
06:41ce sera le chaos ?
06:43Oui, il y a ça, et franchement,
06:45pour son camp, en tout cas, il a été salvateur Attal.
06:48C'est pour ça que je parle de lui dans ces termes-là,
06:50je ne suis pas Attaliste, ce n'est pas la question.
06:52Je trouve qu'il a été présidentiel à ce moment-là.
06:55Parce qu'au fond, quelqu'un qui s'avance comme ça
06:57devant les caméras, dans la pénombre,
06:59une mise en scène assez spectaculaire devant un palais...
07:01Alors que le Président avait juste fait un communiqué
07:03de quelques lignes...
07:04En fait, le Président, il a donné l'impression
07:06d'avoir créé le bordel, excusez-moi,
07:09et puis après, on se débrouille tout seul.
07:11Mais là, je ne sais pas si on se rend compte
07:13de la situation dans laquelle on est.
07:15Excusez-moi, il avait dit, j'ai dégoupillé une grenade
07:17et je l'aurais balancée dans les jambes,
07:18et les caricatures disaient qu'il s'était trompé,
07:20que c'était la goupille qui l'avait envoyée dans les jambes.
07:22C'est ça, il s'est auto-fait exploser.
07:26C'est une forme de suicide politique.
07:28Une expression peut-être kamikaze d'Éric Ciotti hier soir.
07:31C'est kamikaze de la part du chef de l'État.
07:33De toute façon, il y a beaucoup eu de kamikaze
07:35dans cette séquence d'Éric Ciotti aussi.
07:36Il a été kamikaze...
07:37Enfin, on s'est enfermé dans son bureau.
07:39Si on parle de séquence de com',
07:41mettez-vous à la place des électeurs-éleurs.
07:43Il y en a certainement qui nous écoutent.
07:44Il voit le patron du parti qui est supposé les représenter
07:48qui, quand il a les caméras braquées sur lui,
07:50au lieu d'essayer d'expliquer aux gens ce qu'il est en train de faire,
07:52ce qu'on aurait peut-être aimé comprendre,
07:54s'enferme dans son bureau et fait une vidéo TikTok.
07:56Je veux dire, mais on est où ?
07:58C'est ça la droite aujourd'hui ? Non.
08:00Il s'est lui-même marginalisé par sa communication,
08:03qui était d'une maladresse totale.
08:05S'il avait pris la caméra pour dire
08:07« Voilà pourquoi je rejoins l'ERN,
08:09l'ERN, ce sera la nouvelle droite.
08:11Moi, je crois en ça, j'ai des convictions, j'y vais »,
08:13ça aurait été complètement différent.
08:15Mais là, on a un type qui s'est barricadé dans son bureau,
08:18forcené et qui a refusé d'en sortir
08:20sans délivrer la moindre explication,
08:22alors que toute la France le regardait.
08:23C'est quand même bizarre, quoi.
08:25C'est vrai. Alors, dans l'entre-deux-tours,
08:27quelles ont été les principales erreurs
08:29de communication du RN ?
08:31Vous l'avez dit, ça s'est expliqué,
08:33la chute s'explique par…
08:35Est-ce que c'est les binationaux ?
08:36C'est quoi les principales erreurs ?
08:38Il y a plusieurs choses.
08:40D'abord, il y a le fait que c'est Bardella
08:42qui est chez nous, et Jordan Bardella,
08:44OK, il a une popularité, mais
08:46c'est pas Marine Le Pen.
08:48Il n'est pas crédible. Peut-être qu'il faut poser
08:50la question de sa crédibilité en tant que
08:52Premier ministre, en tant que figure
08:54unique d'incarnation du RN.
08:56À 28 ans.
08:58Je pense qu'il a manqué Marine Le Pen
09:00dans l'équation, pour pouvoir rassurer
09:02les fidèles du RN, en quelque sorte.
09:04Mais pourquoi est-ce qu'elle s'est mise
09:06en retrait comme ça, à votre avis ?
09:08Soit elle a un sens politique qui fait qu'elle a compris
09:10qu'il n'est pas aussi simple que ça,
09:12et elle n'a pas voulu prendre de risques.
09:14Soit elle s'est dit que c'était joué,
09:16que c'était gagné, et qu'elle n'avait pas,
09:18là non plus, à prendre de risques.
09:20Elle, elle joue 2027, donc elle a un capital
09:22qu'elle veut préserver. Vous savez, les politiques
09:24arrivent à un certain niveau,
09:26ils gèrent leur pelote de laine.
09:28C'est pour ça qu'ils aiment bien la rareté,
09:30ils ne veulent pas prendre de risques,
09:32donc ils vont vous parler le moins possible,
09:34parce que ça pourrait leur coûter un petit peu de sous.
09:36C'est la cassette, la cassette.
09:38Et ça, c'était son attitude, je pense.
09:40Et elle a bien fait, puisqu'au final,
09:42c'est l'échec de Jordan Bardella, aujourd'hui.
09:44Échec relatif, quand même, mais ce n'est pas le sien.
09:46Oui, mais c'est quand même un échec.
09:48C'est un échec, oui,
09:50parce qu'il n'a pas... Même s'ils doublent quasiment leur nombre
09:52de députés. J'ai envie de dire, en nombre de voix,
09:54on est quasiment à 9,5 millions, ce qui est quand même
09:56gigantesque pour l'ORN. C'est-à-dire plus
09:58que le Nouveau Front Populaire
10:00et plus que la majorité présidentielle.
10:02En nombre de voix, c'est pour ça, hier soir, la communication,
10:04si vous écoutez ce que dit l'ORN, a changé.
10:06Et ils sont passés d'une communication
10:08qui était, évidemment, victorieuse
10:10et qu'ils ne peuvent plus avoir,
10:12des éléments de langage qui disaient...
10:14Parce que nous, on appelle en communication des éléments de langage
10:16qui étaient consistés à répéter
10:18le fait qu'en nombre de voix, l'ORN était vainqueur.
10:20Alors, autre chose,
10:22quand on voit les candidats lunaires
10:24présentés par l'ORN,
10:26est-ce que les réseaux sociaux ont joué un rôle
10:28prépondérant dans cette campagne ?
10:30Il y a eu la même chose, on se souvient,
10:32il y a 7 ans, pour certains candidats,
10:34ça s'appelait La République En Marche à l'époque,
10:36c'était encore le premier nom,
10:38qui était lunaire, et là, c'était carrément lunaire.
10:40Est-ce que les réseaux sociaux jouent un rôle
10:42dans ce domaine de plus en plus prépondérant ?
10:44Oui, parce qu'en fait, on va prendre cette pauvre dame
10:46de la Mayenne qui a perdu, d'ailleurs.
10:48Candidate à la députation,
10:50qui disait qu'elle avait un ophtalmologue
10:52musulman et un dentiste juif.
10:54Déjà, moi, j'ai habité en Mayenne
10:56pendant un moment, je ne vois pas
10:58où elle est allée chercher un ophtalmologue
11:00musulman et un dentiste juif.
11:02Je ne veux pas insulter les Mayennais,
11:04mais moi, je n'en ai pas vu quand j'étais petit,
11:06ça a pu changer depuis.
11:08J'ai un doute. C'est ce genre de déclaration,
11:10évidemment, pour les électeurs,
11:12ça veut dire que le RN, il n'a pas du tout changé.
11:14En fait, le RN, c'est pareil.
11:16Et je vais vous dire, ça a pu leur rappeler
11:18LFI, au sens où on a n'importe
11:20qui qui arrive et qui parle et qui dit des bêtises.
11:22Et ça, je pense que
11:24ce qui a raté LFI en termes de communication
11:26depuis 2022, c'est précisément ça,
11:28c'est le n'importe quoi permanent.
11:30Et on n'est pas prêt à voter pour ça, en fait.
11:32– Comment expliquer,
11:34je vais utiliser un terme que n'aiment pas trop
11:36les supporters du PSG, la remontada
11:38du nouveau front populaire
11:40alors que ça se tirait
11:42à boulet rouge dessus,
11:44Ruffin et Mélenchon,
11:46Corbière, enfin les dissidents,
11:48Corbière, Simonnet,
11:50Garrido, etc. et Mélenchon,
11:52Glucksmann et LFI,
11:54comment expliquer cette remontada alors que
11:56tout le monde se tirait à vue, ça je vous l'avoue
11:58pour moi c'est un mystère.
12:00– En fait, ce qu'on a observé,
12:02parce que les sondeurs commencent à regarder
12:04les chiffres, c'est qu'entre deux tours, il y a une mobilisation
12:06exceptionnelle contre le RN.
12:08Mais attention, il y a deux perdants,
12:10il y a certes le RN,
12:12mais il y a aussi Macron.
12:14Donc en fait, quand vous voulez à la fois
12:16ne pas voter RN et taper Macron,
12:18vous votez Front Populaire.
12:20– Vous êtes sûr que Macron, il est perdant
12:22parce que la semaine dernière,
12:24les sondages lui donnaient au second tour
12:26entre 60 et 90 députés,
12:28il en est au double. – Non, il n'est pas perdant,
12:30il est perdant parce que, je vais vous dire,
12:32ah oui, il a perdu
12:34son premier ministre, Gabriel Attal,
12:36a divorcé avec Emmanuel Macron
12:38en deux temps, le soir du premier tour et hier soir.
12:40Il a dit quoi hier soir ? Il a dit
12:42j'ai pas été prévenu de cette dissolution,
12:44mais j'ai décidé de ne pas la subir.
12:46C'est quand même extrêmement violent,
12:48on a Édouard Philippe qui a lancé sa campagne pour 2027
12:50hier soir aussi, ce qu'a fait le chef de l'État
12:52c'est que maintenant il est vraiment tout seul.
12:54Mais lui, c'est le président le plus individualiste
12:56qu'on a jamais eu sur la 5ème République.
12:58Le début et la fin
13:00de l'intérêt d'Emmanuel Macron, c'est Emmanuel Macron.
13:02Donc de ce point de vue-là, vous avez raison,
13:04il n'a pas complètement perdu,
13:06il est certes tout seul,
13:08mais c'est quand même de lui que va dépendre une partie de la suite,
13:10de la nomination du premier ministre.
13:12Il a quand même un panel de choix incroyable.
13:14– Mais d'un point de vue de la communication,
13:16Emmanuel Macron,
13:18il est jupitérien ou il vit sur Jupiter ?
13:20– Il vit sur Jupiter.
13:22Il vit sur Jupiter,
13:24il ne vit pas avec nous.
13:26Il n'est pas avec nous,
13:28mais ça c'est depuis le début
13:30qu'il n'est pas avec nous.
13:32C'est le principal reproche que lui font les gens, c'est ça.
13:34Il n'est pas dans l'empathie, il n'est pas dans la proximité.
13:36Quand il a géré le Covid,
13:38il avait quand même eu un moyen d'être plus gentil avec les gens,
13:40de dire, faites attention aux autres,
13:42faites attention à ce truc, on ne sait pas ce que c'est.
13:44Au lieu de ça, il est venu nous dire, je suis en guerre.
13:46Ce n'est pas le sujet, on n'est pas en guerre,
13:48ce n'est pas le truc.
13:50Le seul qui est venu nous parler du coup à 18h30,
13:52souvenez-vous, pour essayer de nous rassurer un peu,
13:54c'est Edouard Philippe. Donc on a bien aimé Edouard Philippe
13:56parce qu'il ne nous racontait pas des bêtises.
13:58Il était avec nous. Pourtant, ce n'est pas quelqu'un
14:00de super empathique. – Non.
14:02– Edouard Philippe, ce n'est pas le mec avec qui on irait taper le carton,
14:04on est d'accord ? – Ce n'est pas Chirac
14:06avec qui on irait taper le carton et boire une Corona.
14:08– Non, mais il était plus proche de nous à ce moment-là
14:10qu'Emmanuel Macron, c'est quand même dire le problème.
14:12Et il n'a jamais été vraiment avec nous,
14:14Emmanuel Macron. Puis les Français,
14:16ils n'ont pas envie qu'on joue au poker avec leur démocratie
14:18et avec leur politique. Ce n'est pas vrai. La preuve hier soir.
14:20– Mais est-ce que ça peut tenir ?
14:22Macron a lisé encore presque trois ans,
14:24deux ans et neuf mois
14:26si les élections ont eu en avril
14:28comme la dernière fois. – Ça va devoir tenir.
14:30En fait,
14:32maintenant, on est rentré dans une démocratie parlementaire.
14:34Donc le Parlement, ça devient le centre.
14:36On n'est pas habitué à ça en France. En France, on aime bien avoir un chef.
14:38D'ailleurs, depuis 15 jours, on a un problème
14:40parce qu'on n'a pas de chef. Donc on se demande qui va être le prochain chef.
14:42Le truc, c'est qu'il n'y en a pas.
14:44Il va falloir s'entendre entre groupes.
14:46Il va falloir trouver quelqu'un
14:48de consensuel. Christine Lagarde,
14:50Marine Tondelier, Raphaël Glucksmann,
14:52ce sont des noms qu'on entend depuis ce matin.
14:54Mais ce ne sera pas le chef.
14:56– Mais excusez-moi, Jacques Chirac
14:58disait un chef, c'est fait pour cheffer.
15:00Dans les noms que vous avez cités, est-ce que vous
15:02en voyez un ou une capable de cheffer ?
15:04– Ça, c'est le vrai point d'interrogation.
15:06Il va bien falloir.
15:08– On va donc faire
15:10avec les moyens du bord.
15:12– Moi, je suis le chef du timing.
15:14Je dois vous dire qu'on a
15:16marqué une courte pause sur Sud Radio.
15:18– Mais si vous voulez réagir et poser vos questions
15:20à Philippe Moreau-Chevrolet. – Vous connaissez le numéro.
15:220 826 300 300.
15:24On est ensemble jusqu'à midi 45
15:26avec Philippe Moreau-Chevrolet. A tout de suite sur Sud Radio.
15:40Retour de Bercoff
15:42ou Philippe David, si on veut,
15:44dans tous ses états, avec Philippe Moreau-Chevrolet,
15:46consultant en communication politique
15:48et professeur de communication
15:50à Sciences Po. Alors, Philippe Moreau-Chevrolet,
15:52on va écouter, à la suite,
15:54hier soir, Jean-Luc Mélenchon
15:56et Mathilde Panot.
15:58– Il faut faire preuve,
16:00comme nous l'avons fait dans cette élection,
16:02de détermination,
16:04de volonté politique,
16:06de discipline de combat.
16:08Discipline de combat !
16:10C'est-à-dire
16:12qu'il faut que, loin de rentrer
16:14chez vous et de vous dire seulement
16:16« ouf », mais vous avez bien sûr le droit
16:18de vous dire « ouf »,
16:20il faut vous mobiliser.
16:24Nous allons avoir
16:26un Premier ministre
16:28ou une Première ministre
16:30du Nouveau Front Populaire.
16:32– On dit souvent
16:34que rien ne sert de courir,
16:36il faut partir à point.
16:38Si on fait la comparaison entre le premier
16:40et le second tour, Philippe Moreau-Chevrolet,
16:42le premier à avoir réagi,
16:44c'est Jean-Luc Mélenchon.
16:46C'est un point fort de communication ?
16:48– Oui, c'est un point fort de communication, parce que c'est lui qui cadre la soirée.
16:50Du coup, aussi bien à droite, hier soir,
16:52qu'à gauche, les gens ont réagi
16:54à Jean-Luc Mélenchon. Sur les groupes
16:56WhatsApp que j'ai, moi j'en ai
16:58de toutes les tendances et je parle à tout le monde,
17:00mais à droite, on était vraiment très inquiets.
17:02Il y a une brusque montée en tension.
17:04Est-ce que Mélenchon va devenir premier ministre ?
17:06Est-ce qu'on va avoir un gouvernement éleffi ?
17:08Est-ce qu'on va augmenter les impôts ?
17:10Stress immédiat.
17:12Et à gauche, on est obligés de réagir
17:14avec Luxman en plateau.
17:16Et obligés de réagir à Mélenchon au lieu de dire
17:18ce que lui venait dire, c'est-à-dire on va faire
17:20une coalition des gens raisonnables.
17:22– Ce qui veut tout dire. On écoute Mathilde Panou.
17:24– Jean-Luc Mélenchon est celui
17:26qui a réappris à la gauche à gagner.
17:28Et celui qui a redonné de l'espoir
17:30à des millions de personnes,
17:32en faisant 22% à l'élection présidentielle.
17:34Et celui qui, grâce à qui,
17:36a pu exister non seulement la NUPES,
17:38mais aujourd'hui le Nouveau Front Populaire.
17:40– Donc c'est lui qui doit aller à Matignon ?
17:42– C'est une des discussions qu'on aura.
17:44– Cette question,
17:46est-ce que quelque part,
17:48là c'est pareil, c'est pas prendre tout le monde de vitesse
17:50et finalement à juste titre,
17:52puisque rappelons qu'ils avaient dit que
17:54parmi les différents partis
17:56du Nouveau Front Populaire,
17:58celui qui aurait le plus de députés
18:00aurait le Premier Ministre.
18:02Et quand on regarde les chiffres, ils sont implacables et c'est net.
18:04Avec 75 députés environ,
18:06Ruffin ne devrait pas y aller, etc.
18:08Donc on dit environ,
18:10parce qu'on ne pense pas que Daniel Simonnet ou Alexis Corbière
18:12vont retourner avec LFI.
18:14Est-ce que quelque part,
18:16c'est pas prendre des gens de vitesse
18:18et que c'est difficilement
18:20comptable et contrôlable pour les alliés politiques ?
18:22– Alors en Allemagne,
18:24c'est toujours des coalitions, je prends cet exemple-là.
18:26– Ils ont même des noms poétiques,
18:28il y a la Ampel Coalition,
18:30la coalition des feux tricolores entre le vert des écolos,
18:32le orange des libéraux
18:34et le rouge du SPD, c'est très imagé outre-Rhin.
18:36– Et ils discutent, une fois l'élection passée,
18:38ils discutent entre eux pour faire une coalition.
18:40Ils discutent entre eux, entre quatre murs
18:42et puis ils viennent quand c'est fait.
18:44Là c'est différent, on fait à la française,
18:46donc on commence par s'engueuler en public,
18:48se taper dessus, et éventuellement
18:50on va essayer de trouver une solution et chacun tire de son côté.
18:52Donc Mélenchon et ses mélenchonistes
18:54disent, nous ce sera Mélenchon.
18:56Ce qui évidemment est totalement impossible,
18:58il exclut Mélenchon, son Premier ministre,
19:00parce que pour être Premier ministre,
19:02même si on est minoritaire,
19:04il faut quand même ne pas réunir contre soi
19:06289 députés.
19:08Et je peux vous dire une chose,
19:10c'est que si c'est Mélenchon qui est Premier ministre,
19:12vous aurez beaucoup plus de 289 députés pour voter contre.
19:14Donc ce n'est pas faisable.
19:16– Alors, ça appelle au 0826 300 300
19:18pour vous faire réagir, direction
19:20la plus belle ville du monde,
19:22direction Toulouse,
19:24bonjour Jean-Pierre,
19:26je suis un peu chauvin dans ce domaine.
19:28– Bonjour.
19:30– On vous écoute, et Philippe Moreau-Chevrolet vous écoute.
19:32– Eh bien, tout d'abord,
19:34Mélenchon,
19:36c'est un petit rigolo,
19:38et ça au cinéma, on n'en veut pas.
19:40Et par contre, François Ruffin,
19:42lui, est posé,
19:44intelligentement,
19:46et posément.
19:48Maintenant, celui
19:50qui sera désigné Premier ministre,
19:52n'a, à mon avis,
19:54pas besoin de majorité, tout simplement,
19:56en faisant
19:58ce que tout le monde réclame
20:00et ne fait pas,
20:02il n'a qu'à faire des référendums,
20:04tel ou tel
20:06élément de loi,
20:08de réforme, etc.
20:10Et donc, c'est le peuple, et lui seul,
20:12qui doit décider
20:14comment doivent être
20:16faits les choses,
20:18aussi bien sociales qu'économiques,
20:20industrielles, commerciales.
20:22– Jean-Pierre…
20:24– Tout le monde le proclame,
20:26et personne ne le donne.
20:28– Jean-Pierre, restez avec nous, parce que ce que vous dites
20:30est très intéressant. Alors, on va déjà
20:32vous faire réagir, Philippe Mouroche-Revollet, sur Ruffin.
20:34Est-ce que
20:36sa prise d'indépendance par rapport à
20:38Mélenchon fait de lui, sachant que c'est
20:40un très bon communicant… – C'est un Premier ministrable.
20:42– Premier ministrable, voire même
20:44un candidat à la présidentielle plausible
20:46pendant trois ans ? – Alors, la présidentielle,
20:48c'est encore un peu tôt pour lui, il n'est pas encore
20:50à ce niveau-là, mais Premier ministrable, oui,
20:52il y a lui, dont le nom circule, il y a
20:54Marine Tondelier, qui a fait une extraordinaire
20:56campagne d'entre-deux-tours. Elle est écolo,
20:58elle n'est pas parlementaire, elle est
21:00conseillère municipale d'Enin-Beaumont,
21:02ce serait extrêmement symbolique qu'elle soit Premier ministre,
21:04elle n'a plus d'un titre. Et puis, il y a le nom
21:06de Raphaël Glucksmann qui circule aussi, parce que Glucksmann
21:08a fait un peu le trait d'union
21:10entre LFI et la gauche modérée.
21:12Alors, c'est vrai que LFI
21:14a le plus gros groupe parlementaire, mais
21:16attention, si on cumule
21:18un groupe qui serait PCF
21:20plus d'ici dans LFI,
21:22si on cumule les écolos, si on cumule le PS,
21:24ils sont largement au-dessus de LFI.
21:26– Alors, il y a un mot qu'a utilisé
21:28Jean-Pierre de Toulouse, très intéressant,
21:30le mot référendum, on n'en a plus eu depuis
21:3219 ans en France, le dernier,
21:34c'était le 29 mai 2005, avec
21:36le Traité Constituel Européen,
21:38le résultat sur lequel on s'était assis
21:40sans aucun problème avec le Traité de Lisbonne en 2008,
21:42mais est-ce que
21:44quand il n'y a pas
21:46de majorité comme aujourd'hui,
21:48est-ce que pour faire passer des grands
21:50projets de loi, la solution
21:52ce ne serait pas le référendum ?
21:54Et je rappelle que Gabriel Attal a dit
21:56entre les deux tours qu'il fallait refaire
21:58des référendums, ce qui est quand même fabuleux
22:00venant de quelqu'un qu'on peut qualifier, même s'il vient du PS
22:02de la droite orléaniste, qui a toujours
22:04détesté les référendums.
22:06– Alors oui, on pourrait gouverner par référendum,
22:08typiquement, on pourrait décider
22:10sur l'immigration, sur
22:12le pouvoir d'achat, sur des sujets
22:14comme ça, d'avoir des grandes lois problématiques
22:16adoptées par référendum, c'est possible.
22:18– Sur l'immigration, le Conseil Constitutionnel ne serait pas pour, a priori.
22:20– Non, mais enfin, je prends cet exemple-là
22:22parce qu'il en a été question, on pourrait imaginer que
22:24sur des grandes décisions de principe qui engagent
22:26la nation, on ait un référendum, ce qui permettrait peut-être
22:28d'apaiser certains sujets.
22:30Peut-être que ça permettrait
22:32de poser un débat national dans un cadre
22:34contrôlé, qui ne serait pas dirigé par
22:36l'ORN, quelque chose de plus tranquille,
22:38pour essayer de trouver un consensus républicain
22:40sur des sujets majeurs. Le problème, c'est
22:42qu'il faut réunir la nation à chaque fois pour voter,
22:44il y a des semaines de débats,
22:46on va s'étriper entre
22:48différentes factions politiques, ça va devenir
22:50très passionné, etc. Le climat
22:52n'est pas forcément
22:54très serein en ce moment, donc
22:56on va peut-être attendre un peu. Moi, je pense que le plus
22:58raisonnable, ce serait que les gens raisonnables
23:00se mettent d'accord au sein du Parlement
23:02pour trouver une façon de fonctionner
23:04derrière quelqu'un qui serait
23:06capable de faire de la politique.
23:08Pas juste un Playmobil nommé par
23:10Macron pour faire du Playmobil,
23:12pas un technique du type
23:14Borne ou Castex, un vrai politique.
23:16Une vraie politique qui soit capable,
23:18peut-être Ruffin, peut-être Tondelier,
23:20peut-être Glucksmann, ou peut-être quelqu'un à droite comme Lagarde,
23:22après tout, il y a aussi cette possibilité
23:24d'aller chercher les gens, et de travailler
23:26ensemble. – Mais alors, on va écouter
23:28Gabriel Attal, justement, qui est quand même
23:30un personnage éminent, et qui a peut-être
23:32sauvé les meubles pour la
23:34majorité dans l'entre-deux-tours.
23:36– Votre Premier ministre est l'honneur de ma vie.
23:38Partout où je suis allé,
23:40j'ai eu à cœur de vous rencontrer,
23:42de vous parler, de vous écouter.
23:44Tout ce que vous m'avez dit
23:46m'a fait réfléchir. Le lien que nous avons tissé
23:48est ce que j'ai de plus précieux.
23:50Ce soir, la formation politique
23:52que j'ai représentée dans cette campagne,
23:54quand bien même elle a réalisé un score
23:56trois fois supérieur à ce qui était prédit
23:58ces dernières semaines, ne dispose pas
24:00d'une majorité. Ainsi, fidèle à la
24:02tradition républicaine, et conformément
24:04à mes principes, je remettrai demain matin
24:06ma démission au Président
24:08de la République. – Alors, Philippe Morochev,
24:10l'info tombe à l'instant,
24:12c'est l'AFP, Macron
24:14demanda à Tal de rester Premier ministre,
24:16je cite, pour le moment, afin
24:18d'assurer la stabilité
24:20du pays. – C'est très bien.
24:22Vous imaginez, sans gouvernement,
24:24avec les JO qui arrivent, tout le monde va avoir les yeux
24:26rivés sur nous. En fait,
24:28il faut comprendre que la Belgique, par exemple,
24:30et beaucoup d'autres pays, la Belgique a vécu
24:32500 jours sans gouvernement.
24:34On survit, en fait, parce qu'il y a la haute fonction
24:36publique, il y a des gens très dévoués à l'État,
24:38parce qu'il y a un gouvernement
24:40qui va expédier les affaires courantes, il n'y a pas
24:42de sujet brûlant d'ici
24:44au milieu du mois de juillet,
24:46peut-être même début août, le temps qu'on trouve
24:48une solution politique. Je vais vous dire,
24:50réapprenons à discuter
24:52entre nous. Ça fait des mois
24:54qu'on nous bassine avec, en même temps, si ce n'est
24:56des années, là on a l'occasion de le faire.
24:58Sans chef, entre nous,
25:00pour essayer de trouver une solution commune.
25:02Et si on veut voir le positif,
25:04on peut créer du commun au lieu de se taper dessus.
25:06– Mais Gabriel Attal, on le dit, je pense
25:08qu'on est d'accord là-dessus, il a vraiment limité
25:10les dégâts entre deux tours.
25:12Est-ce que finalement, une hypothèse
25:14de Gabriel Attal restant à Matignon,
25:16lui qui vient du PS,
25:18il pourrait faire rallier quelques socialistes
25:20qui ont été élus avec le Nouveau Front Populaire,
25:22et il n'est pas totalement,
25:24il n'est pas détesté
25:26par les gens de LR, évidemment
25:28ou pas par les gens de Horizon ou du Modem ?
25:30Est-ce qu'une hypothèse Gabriel Attal
25:32qui continuerait, mais avec un gouvernement différent,
25:34ça vous paraîtrait plausible ?
25:36– Alors, sur le papier,
25:38c'est complètement jouable, et je pense que Attal
25:40a une bonne option pour 2027, par ailleurs.
25:42– J'allais vous poser la question.
25:44– Mais accepter que le même Premier ministre
25:46reste alors qu'on nous a cassé les pieds
25:48pour voter pendant 15 jours avec un psychodrome
25:50national qui fait que chaque personne
25:52qui nous écoute a été un tout petit peu anxieuse,
25:54si ce n'est beaucoup, de la situation,
25:56je n'imagine pas que ce soit possible.
25:58C'est malheureux quelque part, parce que ce serait un bon
26:00Premier ministre pour gérer ce type de situation,
26:02je n'y crois pas.
26:04Je pense qu'une nouvelle personnalité,
26:06même y compris, encore une fois, il y a une solution aussi,
26:08à droite, ensemble,
26:10à des députés, LR à des députés,
26:12on peut imaginer qu'ils se mettent
26:14ensemble et qu'ils forment un groupe
26:16et que le Président dise qu'il prend
26:18quelqu'un là-dedans, c'est possible.
26:20Moi, je n'exclus rien
26:22à ce stade, mais ça pourrait être Christine Lagarde,
26:24ça peut être Borloo, ça peut être Tondelier,
26:26encore une fois, ça peut être plein de solutions.
26:28Il va juste falloir trouver un mec ou une fille
26:30qui soit capable de faire de la politique,
26:32qui aille chercher les gens, qui essaie de les convaincre
26:34et qui se donne au pays
26:36pour trouver une solution.
26:38Est-ce qu'il est devenu le successeur naturel d'Emmanuel Macron
26:40pour la prochaine présidentielle,
26:42pour l'ensemble ?
26:44Pour moi, c'est celui qui a montré
26:46le plus de maturité et de calme
26:48et de sang-froid dans cette épreuve-là.
26:50C'est le seul qui a été capable d'adresser au pays
26:52des messages sans aucune ambiguïté,
26:54on est d'accord ou pas, mais il n'est pas ambigu, il n'est pas flou.
26:56Donc oui, pour moi, il a pris une grosse option.
26:58Après, Édouard Philippe s'est déclaré candidat
27:00hier soir aussi.
27:02Il y aura l'un des deux,
27:04Attal ou Philippe, qui sont des bons candidats.
27:06Il y a Darmanin qui est aussi en embuscade,
27:08qui a perdu beaucoup de pubs.
27:10Le Maire, il est carbonisé, je pense que c'est fini.
27:12Après, il y a...
27:14Ça ne pourrait pas gratouiller François Bayrou
27:16pour une dernière tentative ?
27:18Ce serait...
27:20Il va essayer,
27:22parce qu'il essaie toujours François Bayrou.
27:24Il est toujours convaincu d'avoir un destin,
27:26mais depuis qu'il est tout petit, il pense qu'il va devenir président.
27:28Ça ne s'est pas encore réalisé.
27:30Le rêve de Bayrou, c'est Macron qui l'a réalisé.
27:32Bayrou avait inventé
27:34le centre au pouvoir,
27:36c'est Macron qui l'a réalisé,
27:38donc je pense que c'est fini pour lui, malheureusement.
27:40En parlant de communication,
27:42des députés historiques ont perdu leur siège,
27:44comme Nicolas Dupont-Aignan, par exemple,
27:46qui était député depuis plus de 20 ans.
27:48C'est ça, exactement.
27:50Est-ce que ça signifie pas que les Français ont voté
27:52plus pour l'étiquette que pour la personne ?
27:54Si, complètement. On a voté pour l'étiquette.
27:56Dans le cas de Dupont-Aignan,
27:58il y a un effet d'usure quand même.
28:00Quand vous êtes député depuis près de 30 ans, il y a un moment où les électeurs se disent
28:02« Bon, on va peut-être changer quand même ».
28:04Ça va remanier les choses,
28:06parce que Dupont-Aignan, il essayait de faire exister
28:08sa boutique à côté du RN.
28:10Ça ne marchait déjà pas très bien.
28:12Et là, c'est fini, virtuellement, c'est terminé pour lui.
28:14Donc, retraite anticipée.
28:16Il y en a quelques-uns, comme ça,
28:18qui sont tombés.
28:20Philippe Poutou n'a pas réussi à se faire élire.
28:22On parlait pour l'étiquette.
28:24Comment expliquer qu'un triple
28:26fiché S ait pu être élu à l'Assemblée nationale
28:28alors que c'est passé sur tous les réseaux sociaux ?
28:30C'est une excellente question.
28:32Pourquoi des gens comme...
28:34Je ne vais pas citer de nom, mais des gens
28:36qui ont été condamnés, parfois, pour des affaires financières
28:38extrêmement graves, sont réélus quand même.
28:40Ou se font virer au premier tour,
28:42comme Kahuzac, la semaine dernière.
28:44Il y a une part d'irrationnée
28:46dans nos choix d'électeur.
28:48Parfois, on vote
28:50parce qu'on est sensible à une étiquette
28:52plus qu'à la personne.
28:54Parfois, on n'a pas
28:56tous la même sensibilité.
28:58Est-ce que les médias
29:00ont eu une responsabilité
29:02sur l'orientation du vote du deuxième tour
29:04dans cette campagne législative ?
29:06J'ai trouvé que les médias
29:08étaient extraordinairement équilibrés.
29:10Vous aviez des médias qui faisaient ouvertement campagne
29:12de droite. Et moi, je ne fais pas partie
29:14de ceux qui hurlent là-dessus. Je pense qu'on a le droit
29:16d'avoir des médias d'opinion. Il faut juste qu'ils s'assument
29:18comme des médias d'opinion.
29:20Pour moi, ça a été assez équilibré.
29:22Je pense que la vraie réaction
29:24est venue du peuple. Les Français
29:26ont décidé qu'ils n'étaient pas
29:28prêts dans le climat
29:30extrêmement anxiogène dans lequel on est.
29:32Naturellement, on sort du Covid,
29:34on a l'Ukraine, on a Gaza, etc.
29:36Ils n'étaient pas prêts à faire une aventure politique.
29:38Ils n'étaient pas prêts à aller dans l'inconnu.
29:40Ils préfèrent avoir les mêmes et qu'on recommence
29:42et qu'on essaie de se redonner une chance.
29:44Je pense que c'est ça la vraie interprétation
29:46du scrutin. Et le RN, c'est juste qu'il est arrivé à un plafond
29:48de verre. Ça donne une indication
29:50pour 2027 à Marine Le Pen. Elle n'a
29:52pas les réserves de voix. En l'état
29:54actuel des choses, elle ne les a pas.
29:56Donc peut-être qu'on peut essayer, au lieu d'avoir
29:58peur du RN et de gouverner avec la peur du RN,
30:00de gouverner avec l'espoir de faire autre chose.
30:02Mais en termes de communication, est-ce que l'élargissement
30:04à gauche pour le RN est terminé
30:06parce qu'ils ont été gagner les voix dans les quartiers populaires ?
30:08Non, c'est le début.
30:10Je voulais dire, pour aller chercher les électeurs
30:12de droite qui pourraient voter
30:14pour elle au second tour, est-ce qu'il ne faudrait pas
30:16libéraliser grandement son programme
30:18économique ?
30:20Il n'y a pas de martingale, mais il va falloir
30:22qu'ils réfléchissent, si on se met du côté du RN.
30:24Pourquoi ? Parce que les messages qu'ils ont envoyés,
30:26c'est soit des messages
30:28complètement dépolitisés, ces bardés-là.
30:30Je suis sympa, je suis jeune, je suis sexy.
30:32Bon, ça marche, mais il ne faut pas
30:34abuser. Il a 28 ans,
30:36l'électeur qui a, je ne sais pas moi,
30:3840, 50, 60, il ne va pas voter pour ça.
30:40Ça ne l'intéresse pas. Il n'a pas TikTok, déjà, à la base.
30:42Et ensuite, le deuxième
30:44message, c'est qu'on a changé, mais on ne sait pas
30:46très bien en quoi. Et le deuxième tour a été fatal
30:48parce qu'on s'est dit, ben non, en fait, c'est les mêmes.
30:50Donc le vrai sujet
30:52pour le RN, c'est de vraiment
30:54changer, pour vraiment
30:56devenir majoritaire.
30:58Dernière question. Vous qui êtes un éminent
31:00communicant, Emmanuel Macron, il est à Washington
31:02pour le sommet de l'OTAN.
31:04Est-ce qu'il doit parler ?
31:06Non, vraiment, alors là, s'il y en a un qui ne doit
31:08pas parler, c'est lui.
31:10Heureusement qu'il est chef de l'État.
31:12Gabriel Attal fait très bien notre job. Je pense que
31:14Gabriel Attal saura beaucoup, beaucoup mieux gérer ça.
31:16Encore une fois, moi, je me fie aux actes.
31:18Celui qui a posé des actes dans cette entre-deux-tours,
31:20c'est Attal. C'est lui qui a su
31:22calmer le jeu, mettre son majorité
31:24en ordre de marche, limiter les dégâts,
31:26et faire en sorte que le pays ne vrille pas complètement.
31:28Il faut garder des gens comme ça.
31:30On verra comment ça se passe. Et mon appréciation
31:32n'est pas du tout politique, c'est factuel.
31:34Donc non, Macron, non.
31:36Une dernière question, je vous demandais de la prospective.
31:38On aura un gouvernement d'ici combien de temps pour vous ?
31:4015 jours.
31:42Ah oui, ça nous met quand même tard, quand même.
31:44Là, on est le 8 juillet, ça nous met vers le 23.
31:46La bonne nouvelle, c'est qu'on peut partir en vacances.
31:48Et on apprendra
31:50quel est le gouvernement. Voilà.
31:52Laissons-les travailler, maintenant.
31:54Merci beaucoup, Philippe Moreau-Chevrolet,
31:56consultant en communication politique
31:58et professeur de communication
32:00qui, on peut le dire,
32:02et c'est très bien sur Sud Radio, parle vrai.
32:04Merci, Philippe d'avoir été avec nous.
32:06On va marquer une courte pause sur Sud Radio.
32:08On revient dans un instant pour les pères, les huées,
32:10les bravos de Philippe David. Vous allez voir,
32:12il y a même du football dans ces coups de gueule.
32:14A tout de suite sur Sud Radio.