Avec Jérôme Sainte-Marie, sondeur et politologue, président de l'institut Pollingvox.
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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-06-10##
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00:00 Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente...
00:06 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Je n'aime pas la blanquette de veau. Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:20 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:23 Dans tous mes états, la France, l'Europe, ne parlons pas de tremblement de terre, de séisme, de tsunami, n'exagérons rien.
00:36 Mais quand même, je vais vous montrer deux cartes.
00:41 Ça, ce sont pour les gens qui sont sur Youtube et pour la radio, on expliquera.
00:45 Élections européennes 2024 en France, sur les communes. Le Rassemblement National est en tête dans 94% des communes de France et de Navarre.
00:57 Et sur les métropoles, c'est Glucksmann sauf Marseille et Nice, c'est le Rassemblement National.
01:03 C'est quand même assez parlant. Et en fait, regardez, je montre ça pour l'image.
01:10 Et encore mieux, en bleu, ce sont les départements. Quelle liste est arrivée en tête dans votre département ?
01:20 Alors regardez bien, bleu, bleu, monochrome, pratiquement une toile de Tinguely, je ne sais pas, ou une toile Yves Klein.
01:28 Sauf Paris, sauf la région parisienne. La région parisienne, alors d'un côté, il y a la France insoumise.
01:34 Et d'un autre côté, il y a Valérie Hayé et un tout petit peu de Bardella à Paris.
01:40 À Paris, il y a Paris, Intramuros, alors là, c'est Glucksmann, c'est Hayé et ensuite, c'est LFI, la France insoumise.
01:48 Intéressant, intéressant, à part ça, effectivement, nous ne sommes pas clivés, nous ne sommes pas divisés, nous n'avons pas de problème,
01:55 il n'y a pas de face à face, il n'y a pas de "non, non, non, tout va bien dans le meilleur des mondes".
01:59 Et en fait, Jérôme Sainte-Marie, moi je voudrais qu'avant qu'on fasse, alors c'est très intéressant,
02:05 parce que depuis hier, j'entends qu'il va se passer ça, il a 10 sous pour ça, il va y avoir, mais les RN ne pourront pas tenir,
02:11 on fait de la cuisine électorale, de la petite soupe électorale.
02:15 Mais est-ce qu'on ne peut pas prendre le temps d'analyser ce qui s'est passé ?
02:19 Et ce qui s'est passé est quand même très intéressant.
02:22 Oui, je crois qu'on est en fait au bout d'une crise politique qui se déroule en France depuis juin 2022,
02:29 depuis le second tour des législatives, depuis l'arrivée de près d'une centaine de députés de Rassemblement National,
02:35 depuis l'absence de majorité pour le parti gouvernemental à l'Assemblée Nationale,
02:40 les institutions sont déréglées en fait.
02:43 Et Emmanuel Macron continue à faire des réformes, récemment la réforme de l'allocation au chômage,
02:49 la réforme des retraites qui a pris des millions de gens dans la rue,
02:52 et il gouverne comme s'il était encore majoritaire et tout cela.
02:56 Et ça les Français l'ont très mal supporté et l'ont sanctionné.
03:00 Je voudrais d'ailleurs souligner que ce n'est pas le Rassemblement National qui a nationalisé ce scrutin.
03:06 Au départ c'était plutôt une stratégie de faire des élections européennes,
03:11 un référendum sur l'immigration et sur des sujets qui étaient à la fois français et européens.
03:18 Mais on a eu la surprise, et pour le Rassemblement National l'heureuse surprise,
03:24 de voir le Premier ministre et le Président de la République tenir à tout prix à s'inviter dans la campagne,
03:31 sans se rendre compte d'un effet d'aveuglement assez incroyable,
03:35 que les Français les rejetaient profondément et ils ont motivé,
03:39 comme le disait Marine Le Pen juste avant l'élection d'ailleurs,
03:42 ces interventions ont motivé les Français pour voter contre eux.
03:46 - Jérôme Saint-Marie, est-ce que ça ne date pas de plus loin ?
03:49 Moi j'étais très frappé, en tout cas les week-ends je me balade beaucoup en France,
03:54 quand je ne suis plus sur Sud Radio, je suis très frappé par trois choses quand même.
03:58 Est-ce qu'il n'y a pas eu cette accumulation ?
04:00 Parce qu'il y a eu quand même, même si ce n'était pas le but du Rassemblement National,
04:04 il y a eu un référendum anti-Macron, en tout cas ça a été ressenti comme ça par la population.
04:09 Est-ce que le fait qu'il y ait eu, encore une fois, cette espèce de culture de la peur,
04:16 du management à la peur, rappelez-vous, Covid, réchauffement climatique,
04:20 guerre Russie-Ukraine, etc.
04:24 Cette espèce de montée des clivages de partout,
04:28 et qui a fait qu'au fond, beaucoup de gens qui peut-être n'auraient pas voté Rassemblement National,
04:34 ils ont dit non, il faut absolument voter contre Macron,
04:37 et pour eux, le vote utile, c'est à toi raison, c'est le Rassemblement National.
04:41 Oui, il y a également le fait que les Français sont totalement affolés par l'état du pays.
04:46 En réalité, nous sommes en crise, nous sommes mis en échec,
04:52 et je dis "nous" pour pas uniquement accabler le gouvernement actuel.
04:56 Sur tous les sujets, regardez l'envol de la dette publique,
04:59 c'est affolant pour aussi les retraités se mettre à voter Rassemblement National,
05:03 jusqu'à présent, ils se disaient "bon ben, ils ont peut-être sur l'immigration des choses à nous dire,
05:07 mais en économie, c'est pas terrible".
05:09 Ils étaient macronistes d'ailleurs.
05:11 Et aujourd'hui, on voit bien qu'Emmanuel Macron, on se demande comment on pourrait faire pire,
05:14 quand on voit l'envolée, encore une fois, de la dette, l'état des finances publiques.
05:19 Vous avez, en matière d'éducation, les gens se rendent bien compte que les diplômes n'ont plus la même valeur,
05:24 que tout ça s'effondre, l'immigration, je n'en parle pas,
05:27 la production, la défense de l'industrie française, c'est terrible.
05:30 Au niveau international, on a été rejeté de nos positions africaines, etc.
05:35 Enfin, c'est quelque soit, si vous voulez, c'est tout azimut,
05:38 quel que soit l'angle que vous regardez, vous vous rendez compte que le pays est mis en échec.
05:44 Et en même temps, on a un Emmanuel Macron, incorrigible,
05:48 qui d'ailleurs nomme M. Attal, rappelez-vous, on oublie vite en politique,
05:53 il y a quelques mois, on nous disait que M. Attal était l'arme fatale anti-Bardella.
05:58 On a vu ce qu'il en a été, et avec M. Attal, on avait la quintessence de ce que j'appelle moi le bloc élitaire,
06:04 et dont les français ne peuvent plus, parce que les français, on n'est pas contre les élites en France,
06:08 mais on veut que les élites soient efficaces. Quand elles échouent, ça rend nerveux.
06:11 - Il faut des élites, mais des élites qui soient compétentes, d'ailleurs je rappelle votre livre,
06:15 "Bloc contre bloc", que nous avions effectivement analysé ici même,
06:19 et je voudrais rappeler qu'il y a des choses formidables, vous vous rappelez qu'il a,
06:22 il s'est entretenu avec les journalistes, la journaliste de France 2 et la journaliste de TF1,
06:28 juste avant les élections. Et on a entendu ceci.
06:33 A propos de... - Mais vous ne deviez pas faire baisser le Rassemblement National ?
06:41 - On n'aura pas, c'est ce que je suis en train de faire.
06:43 - Alors c'est formidable, ça écoutez bien, parce que ça dure très peu.
06:47 Vous n'allez pas faire baisser le Rassemblement National ?
06:50 On n'aura pas, on n'aura pas, il voulait dire, on n'aura pas le Front National.
06:53 Il dit, mais c'est ce que je suis en train de faire.
06:55 Et bien on a vu le succès, très intéressant, et alors après donc, il y a les résultats,
07:00 et il annonce la dissolution. Voici comment.
07:04 - J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire, par le vote.
07:10 Je dissous donc ce soir l'Assemblée Nationale.
07:16 Je signerai dans quelques instants le décret de convocation des élections législatives,
07:20 qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour, et le 7 juillet pour le second.
07:27 - Alors là c'est très intéressant, parce que effectivement, je me rappelle d'un mitterrand,
07:32 disons, il faut donner du temps au temps, et là attention, le 30 juin,
07:37 nous sommes aujourd'hui le 10 juin, et voilà, vous avez 20 jours pour vous décider,
07:43 et ne parlons pas des problèmes constitutionnels ou de loi,
07:47 mais je voudrais juste, Jérôme Saint-Pierre, vous faire entendre certaines réactions
07:52 qui ont eu lieu juste après l'annonce de la dissolution.
07:55 - Je ne peux que saluer cette décision qui s'inscrit dans la logique des institutions de la Ve République.
08:02 Nous y sommes prêts.
08:04 - Il faut bien admettre qu'il a eu raison de dissoudre.
08:07 - A obtempérer aux exigences de Jordan Bardella.
08:12 - C'est en fait le Rassemblement National qui fixe désormais le tempo de la vie politique française.
08:17 Rien ne l'y obligeait.
08:19 C'est un jeu extrêmement dangereux avec la démocratie et les institutions.
08:24 - Ce soir, les Français nous envoient un message clair.
08:29 Le Président de la République l'a dit.
08:31 - Pour réussir les élections législatives dans quelques semaines,
08:33 je suis prête à rencontrer dans les jours qui viennent Marine Le Pen et Jordan Bardella,
08:37 Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan pour travailler ensemble.
08:39 Vive la droite qui ne baisse pas les yeux, vive Redonkette, vive la France fière, vive la France !
08:44 - C'est une trahison aussi parce qu'on le sait bien, on le voit bien,
08:47 l'extrême droite a gagné des parts dans l'opinion publique.
08:50 - Et voilà, vous avez entendu justement, vous avez retenu Manon Aubry,
08:55 évidemment d'abord Marine Le Pen, puis Marion Maréchal, puis tous les autres qui y discutaient.
09:01 Et ce qui est intéressant d'ailleurs, il y a eu deux choses qu'il faut remarquer,
09:05 c'était le silence d'Eric Zemmour qui n'a jamais applaudi pendant tout le discours de Marion Maréchal.
09:11 On sent que là, il y a quand même de l'eau dans le gaz, si on peut se permettre.
09:15 Et puis, ce qui est intéressant, c'est qu'il dit "je dissous"
09:20 et ça nous rappelle Jérôme Sainte-Marie, d'autres dissolutions,
09:24 notamment celle de De Gaulle le 30 mai 68, "je dissous l'Assemblée"
09:29 et on connaît la suite, la dissolution de Chirac, etc.
09:33 Orgonné par Chirac, il avait déjà la majorité, lui, et puis il est revenu avec Léonel Jospin et la cohabitation.
09:43 Au fond, est-ce qu'on peut dire que c'est une conduite de Macron ?
09:49 Alors on dit "oui, il est erratique, il fait n'importe quoi, pour ceux qui ne l'aiment pas,
09:53 pour les autres, non, non, c'est un plan mûrement réfléchi,
09:56 il va mettre le Rassemblement National en difficulté, etc."
10:00 Mais auparavant, je voudrais qu'on aille un peu plus loin,
10:03 la France aujourd'hui, tel que vous la voyez à travers les résultats de ces élections européennes,
10:08 qui, soyons clairs, ont été pour les Français des élections françaises,
10:11 en tout cas, c'est évident, ils ne pensaient pas à l'Europe, ils pensaient à leur pays,
10:15 ça a été la même chose en Belgique, en Autriche, etc.
10:18 - C'est toujours comme ça, plus ou moins, d'ailleurs. - D'ailleurs, exactement.
10:20 Alors, pour la France, ça traduit quoi, à votre avis ?
10:23 - Alors, surtout, je voudrais d'abord répondre sur Emmanuel Macron.
10:27 On a souvent tendance à psychologiser les comportements politiques,
10:31 et puis, comme une majorité des Français n'aiment pas trop Emmanuel Macron,
10:34 à dire "voilà, il est puérile, il est narcissique, il est ceci, il est cela".
10:38 Je crois que ce n'est pas tout à fait vrai, et ce n'est même pas vrai du tout,
10:41 et il faut voir la rationalité de son comportement.
10:44 Depuis le départ, depuis qu'il a été délégué à sa candidature en 2016,
10:50 il a toujours fait de l'opposition au Front National puis au Rassemblement National,
10:54 le sésame, en quelque sorte, de sa réussite.
10:57 - Le socle. - Oui, le ressort profond.
11:00 Il se sait, avec son programme, à ses minorités dans le pays,
11:03 mais au second tour, il a été élu triomphalement en 2017,
11:06 et très largement, 58%, en 2022.
11:10 Et à chaque fois, en quelque sorte, par un vote qui est un vote de peur, en fait,
11:15 plus ou moins manipulé, plus ou moins fantasmé, on convainc les gens.
11:19 Et là, toutes sortes de pouvoirs non politiques,
11:23 je pense notamment des pouvoirs médiatiques, etc.,
11:26 qui sont là pour syndicaux, qui sont là pour effrayer la population,
11:30 et ils servent de rabatteur, en quelque sorte, de cerfile pour le macronisme.
11:34 Et ça a une certaine efficacité.
11:37 Le piège dans lequel vient de tomber Emmanuel Macron,
11:40 c'est que c'est de moins en moins efficace.
11:42 C'est pour ça, d'ailleurs, qu'il s'est impliqué dans la campagne,
11:44 c'est pour transformer ça en tête à tête entre le Rassemblement National
11:47 et lui-même, persuadé que ça suffisait à provoquer un sursaut de l'opinion
11:53 contre le Rassemblement National, et donc, il pensait que ça allait
11:56 drainer des voix vers la liste aïée.
11:58 C'est pour ça qu'il fait cela. Il y a un calcul là-dessus.
12:01 Ce dont il n'a pas, lui et son entourage, suffisamment pris conscience,
12:05 c'est qu'au fil des ans, ce ressort s'est totalement distendu
12:08 au point d'être absolument inefficace.
12:10 Cette campagne incessante de l'exécutif pour effrayer les gens
12:14 contre la liste Bardella et les pousser à voter pour aïer
12:17 n'a pas eu peu de succès. Elle n'a eu aucun succès.
12:20 Et on voit bien qu'aujourd'hui, la ficelle est vraiment trop apparente,
12:25 le ressort est distendu, et ce qui n'a pas marché lors des européennes
12:29 ne marchera très probablement pas lors des législatives.
12:33 C'est bien ça le problème, et c'est là où, à mon avis,
12:36 il essaye de rattraper une erreur par une erreur encore plus grande,
12:39 c'est qu'avec cette dissolution, il mise tout sur la grande peur
12:43 de l'opinion face à l'accession au pouvoir, cette fois-ci,
12:46 bien concrètement, du RN. Je suis persuadé que ça ne marchera pas.
12:50 Mais le RN va être présent dans la plupart des... ce qui n'était pas le cas,
12:53 il était présent que dans 200 circonscriptions au second tour, 202 je crois.
12:56 - Vous voulez dire il y a 5 ans ? - Il y a 2 ans.
12:59 - Il y a 2 ans, c'est ça. - Le temps passe vite en politique.
13:02 Et là, aujourd'hui, ils vont être présents, très probablement,
13:05 c'est les chiffres que vous avez donnés, les cartes que vous avez montrées,
13:09 et donc ils vont être présents dans la plupart des circonscriptions
13:12 face à des oppositions qui sont irréductibles entre elles.
13:17 Ça va être très difficile de faire voter les macronistes pour un candidat
13:20 issu de la dupesse, ou inversement, des insoumis pour un candidat
13:25 issu de la macronie, et ainsi de suite, tant et si bien qu'aujourd'hui,
13:29 je pense que le calcul est... parce que c'est une vieille matrice,
13:32 c'est un vieux logiciel, ce calcul s'est révélé totalement erroné,
13:35 et il le sera encore dans 3 semaines.
13:37 - Alors justement, parlons de ce logiciel, surtout de la grande peur de l'extrême droite.
13:41 Mais ce qui est étonnant, c'est que tous ces gens-là,
13:44 n'ont pas vu que, bon, on peut discuter ce qui est vraiment l'extrême droite ou pas,
13:49 mais enfin, ils ne parlent que de l'extrême droite,
13:51 alors que les Français sont très préoccupés, on n'en a pas parlé,
13:54 mais il n'y avait pas que le Covid, la guerre russie, ou le création du réglement climatique.
13:59 Il y a la sécurité, il y a effectivement la sécurité, d'ailleurs, sociale,
14:03 la sécurité économique, la sécurité aussi par rapport à la violence, etc.,
14:08 la violence quotidienne, on n'en parle tous les jours ici au QTF et compagnie.
14:12 Comment il se fait que cette partie-là, l'opinion, enfin que les appareils,
14:19 ont absolument négligé ça, en disant "oui, oui, on va arranger ça, c'est inadmissible", etc.,
14:24 à part quelques-uns, ils sont restés sourds et muets là-dessus ?
14:28 - Oh, ça a été pire que ça, on a quand même annoncé la répartition autoritaire des migrants
14:32 à travers les campagnes françaises, et ce genre de choses.
14:35 Parce que jusqu'à présent, les français ont finalement, pour différentes raisons,
14:41 mais ont laissé faire, en quelque sorte.
14:43 Je crois que, comme on a affaire à des gens qui vivent dans un milieu social très cantonné,
14:49 moi-même, je suis issu de Sciences Po Paris, je vois à peu près de quoi on parle,
14:53 c'est des gens qui sont habitués à avoir un certain complexe de supériorité par rapport à l'opinion,
14:57 à penser que finalement tous les problèmes viennent, comme ils disent,
15:01 ce qui est assez odieux en démocratie, d'un manque de pédagogie,
15:04 et qu'on peut convaincre, par la communication, ou par la répression d'ailleurs,
15:08 parfois, les français d'à peu près tout.
15:10 C'est visiblement quelque chose qu'ils ont sous-estimé, je crois.
15:13 - Ce peuple ne comprend rien à rien.
15:15 - Ils ont sous-estimé le peuple français, vous savez, c'est la grande matrice des partisans du "oui"
15:18 aux différents référendums, à chaque fois, il y a d'excellentes raisons de voter "oui",
15:22 mais il y avait aussi d'excellentes raisons de voter "non",
15:24 mais c'est vrai que c'est des gens qui, par une espèce de surplomb social et éducatif,
15:28 considèrent que les français sont des gens à éclairer et sinon à contraindre.
15:34 - Alors on va en parler après une petite pause, tout de suite,
15:37 et on va continuer à en parler avec vous, Jérôme Saint-Marie.
15:39 - Et puis avec vous, avec Jérôme Saint-Marie qui est avec nous,
15:41 et avec vous 0826 300 300 pour réagir et pour poser toutes vos questions.
15:46 A tout de suite sur Sud Radio.
15:48 - Magnifique.
15:49 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
15:51 Appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
15:55 Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente...
16:00 Ici Sud Radio.
16:04 Les français parlent au français.
16:09 Les carottes sont cuites.
16:11 Les carottes sont cuites.
16:14 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
16:17 Je ne sais pas pour qui sonne le glas,
16:19 mais en tout cas les réactions que vous a données quelques-unes étaient tout à fait remarquables,
16:24 et évidemment on ne pouvait pas manquer celle de Sandrine Rousseau.
16:28 - Je vais le dire tranquillement, mais moi je ne veux pas,
16:31 je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous n'accédiez pas au pouvoir.
16:34 - Vous ne répondez pas à ma question.
16:35 - Non mais je ne ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous n'accédiez pas au pouvoir.
16:41 Et donc je ferai l'alliance de la gauche.
16:43 Oui je ferai l'alliance de la gauche avec nos différences,
16:45 et ça n'est pas simple.
16:47 Et nous avons raté cette marche,
16:49 nous avons raté cette marche,
16:51 nous avons raté cette marche aux européennes,
16:54 et je ferai tout pour que les candidatures de gauche
16:57 ressemblent absolument à tout ce que nous portons,
16:59 gauche et écologie.
17:00 Et contrairement à ce que dit M. Joffray,
17:02 moi je pense qu'il nous faut une radicalité
17:04 dans un espoir de projet de société qui change véritablement la vie des gens.
17:10 - Voilà, radicalité,
17:12 elle était face à notamment Sébastien Chenu du Rassemblement National,
17:16 et radicalité, etc.
17:18 Bon, au fond, les clivages qui existent depuis des années,
17:23 là ils sont apparus dans leur pureté chimique.
17:26 Jérôme Saint-Paris, je trouve qu'il y a quelque chose de très intéressant,
17:29 d'abord géographiquement, on l'a montré,
17:31 les départements, les communes, Paris, etc.
17:34 Il y a vraiment tout ça, c'est pas tout à fait nouveau,
17:37 mais c'est apparu dans sa, encore une fois, dans sa splendeur.
17:40 Mais en même temps, est-ce que, alors vous croyez vous,
17:43 on va retrouver, non pas peut-être le Front Républicain,
17:46 mais Alliance de la Gauche contre le Rassemblement National,
17:50 et du côté de la droite,
17:52 est-ce qu'on va rejouer, j'allais dire, une tragique comédie
17:57 que nous avons vu déjà s'exercer,
17:59 peut-être dans des circonstances moins aigües, mais quand même ?
18:02 - Ça va être tenté, ça l'est déjà,
18:04 mais ça va être extraordinairement difficile.
18:06 Si vous voulez, Emmanuel Macron n'a pris pas tellement de précautions
18:09 à l'égard des syndicats ou de la gauche.
18:12 Vous avez une certaine...
18:15 Anthony Rousseau n'a pas entièrement tort,
18:17 quand il dit que la radicalité peut être payante électoralement.
18:20 - C'est sûr, elle a été pour la France insoumise.
18:22 - Insoumise, vous avez d'ailleurs la liste de Manon Aubry,
18:25 elle a fait à peu près 10%, c'était pas écrit.
18:28 Vous avez effectivement un pays qui est très en colère,
18:32 qui est très inquiet, ça s'exprime de manière très différente,
18:36 et puis au milieu, vous avez une France qui va bien,
18:39 en tout cas qui considère qu'il faut continuer à peu près pareil.
18:42 Ces gens-là ne peuvent pas s'entendre, encore une fois,
18:44 c'est pas rien.
18:46 Et les arguments, alors là, on est dans des élections européennes,
18:49 qui ont un corps électoral un peu particulier,
18:51 il faut bien comprendre qu'il y a à peu près
18:53 un inscrit sur deux qui vote aux européennes,
18:55 alors que c'est trois inscrits sur quatre
18:57 qui votent à la présidentielle, c'est pas la même chose.
18:59 - Et combien ont les législatives ?
19:01 - Les législatives, jusqu'à présent, ont voté beaucoup,
19:02 mais les dernières législatives, on a voté très peu à peu près,
19:04 on a même moins voté, je crois, qu'aux européennes.
19:07 Donc on verra bien, justement.
19:09 Sauf que là, ces législatives, on va beaucoup voter,
19:11 parce que c'est pas des législatives qui suivent une présidentielle.
19:14 Là, c'est vraiment, il y a une question énorme.
19:16 - Pour la première fois depuis longtemps !
19:18 - Non, ce que je ne vois pas, je pense que la gauche,
19:21 qui était unie il y a pas si longtemps autour de la NUPES,
19:23 ça a été un accord formidablement efficace électoralement,
19:27 la gauche peut, à mon avis, réussir à peu près à s'accorder.
19:31 Au fond, vous savez, quand il y avait l'union de la gauche,
19:34 à l'époque de François Mitterrand,
19:36 le parti communiste fidèle à Moscou,
19:38 qui était allié à un parti socialiste profondément atlantiste,
19:41 en pleine guerre froide, et pourtant ils se sont alliés.
19:43 Là, ils arriveront, comment dirais-je,
19:45 l'intérêt électoral l'emporte toujours, surtout le reste,
19:48 à ce niveau-là.
19:50 Mais le problème, ça va être au second tour, j'insiste,
19:52 au second tour, comment font,
19:54 comment est-ce qu'on fait voter tous les gens
19:57 qui n'ont pas voté Rassemblement National,
19:59 contre le Rassemblement National ?
20:01 Aujourd'hui, vous avez un effet de masse qui est énorme.
20:03 Le Rassemblement National + disons Reconquête,
20:05 en forme de scission, en quelque sorte,
20:07 vous êtes à près de 40%.
20:10 C'est absolument déterminant.
20:13 Donc, il y a des circonscriptions qui sont ingagnables
20:15 pour le Rassemblement National, ou presque,
20:17 mais dans la plupart des cas, vous avez...
20:19 Et en face, il faudrait que, si c'était un simple
20:21 affrontement gauche-droite, comme dans les années 70,
20:23 vous faites 40%, François Mitterrand avait fait 43%,
20:26 je crois, au premier tour de 74,
20:28 il était presque sûr d'être battu, parce qu'en face,
20:30 les gens étaient à peu près unifiés.
20:32 Aujourd'hui, quand vous êtes à 40%,
20:34 et que le paysage politique est totalement émietté,
20:37 ce qui est peut-être la trace, d'ailleurs, des clivages
20:39 de la société française elle-même,
20:41 eh bien, vous avez un malfou à provoquer une...
20:45 - Une coalition.
20:47 - Sauf, si le ressort de la peur,
20:49 du vote négatif est puissant.
20:51 Il a été, comme je le disais tout à l'heure, en 2017,
20:53 moins en 2022, et presque pas du tout aujourd'hui.
20:56 Et je crois qu'aujourd'hui, la dédiabolisation,
20:59 la normalisation du Rassemblement National,
21:01 fait que constituer une coalition de second tour
21:04 sur un argument strictement négatif,
21:06 ne peut pas fonctionner.
21:08 - Donc, en fait, tout est ouvert, enfin, le jour d'hier,
21:10 - Je crois que là, il est chance que...
21:12 - 3 semaines est ouvert.
21:14 - Je pense que l'ORN peut très... Enfin, pas très facilement,
21:16 on n'exagère en rien, mais que l'ORN peut avoir
21:18 une majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
21:20 - Ah, c'est possible. - Ah oui, bien sûr, bien sûr.
21:22 Vous l'avez dit vous-même, non seulement,
21:24 alors, la carte, vous avez dit, quand vous dites 94% des communes,
21:27 la liste Bardella est arrivée en tête.
21:29 Mais c'est comme si elle arrivait en tête au premier tour.
21:31 - Oui, absolument. - C'est-à-dire que grosso modo,
21:33 elle a fait 33-34%. - Absolument.
21:35 - Moi, j'ai en tête autre chose.
21:37 À la présidentielle, au second tour,
21:39 Marine Le Pen était arrivée en tête au second tour,
21:41 dans 18 000 communes, sur 35 000.
21:44 - Ouais. - Et ça a dû encore s'étendre.
21:47 Donc, vous avez la possibilité, aujourd'hui,
21:49 d'une majorité absolue.
21:51 Ça se fera pas uniquement par un vote d'adhésion,
21:54 ça sera aussi par la possibilité, pour un certain nombre d'électeurs,
21:57 de droite, pour voter pour un candidat de gauche,
21:59 de gauche, pour un candidat de droite,
22:01 des deux pour Macron,
22:03 et des électeurs macronistes, pour les deux autres.
22:05 Donc, cette fracturation,
22:07 cette espèce de course,
22:09 de course à l'abîme,
22:11 qu'a été ces deux années,
22:13 du second quinquennat Macron,
22:15 sont aujourd'hui payées très durement par la Macronique.
22:17 - Et un rejet de Macron, très très très fort,
22:19 en tout cas, dans une certaine partie de la population.
22:21 - Mais il a jamais rien concédé, il a jamais rien négocié.
22:23 Moi, j'ai toujours été frappé par la manière
22:25 dont avait été menée la réforme des retraites,
22:27 avec quand même des millions de gens qui étaient là-dessus.
22:29 Il a pas cherché le moindre accord avec la CFDT,
22:31 qui était pas impossible à convaincre.
22:33 Et donc, cette espèce de radicalité macronienne,
22:35 se retourne aujourd'hui contre lui.
22:37 - N'oubliez pas, c'était pas "j'emmerde les non-vaccinés",
22:39 mais "j'ai envie d'emmerder les non-vaccinés".
22:41 C'est "envie" qui est intéressant.
22:43 - Et on précise aussi que tous les textes en cours
22:45 sont caduques, du coup sont remis,
22:47 notamment on pense aux textes sur la fin de vie.
22:49 Avec cette dissolution, on a Dust, André,
22:51 qui nous appelle depuis R1, 0826 300 300.
22:53 Bonjour Dust !
22:55 - Bonjour Syd Radio, bonjour André,
22:57 bonjour à votre invité. Alors j'avais deux petites questions.
22:59 D'abord, j'aurais remonté
23:01 sur la dissolution de Jacques Chirac.
23:03 On l'a bien fait passer pour
23:05 Jean-Tibonet à l'époque,
23:07 mais quelque part,
23:09 quelques temps après,
23:11 Luna Gessin s'était dézinguée aux élections.
23:13 Donc ça quand même, c'était un joli coup,
23:15 parce qu'il était en difficulté,
23:17 effectivement il avait la majorité,
23:19 c'est pas trop, mais ce qui est sûr,
23:21 c'est qu'aux présidentielles suivantes,
23:23 la gauche, elle a dégagé.
23:25 Et je pense que j'aimerais bien qu'on m'explique
23:27 comment quand l'extrême-droite
23:29 cristallise la couleur du peuple français,
23:31 ce que je peux comprendre,
23:33 parce qu'elle a dit quand même "sacrément horrible",
23:35 comment on peut espérer avoir
23:37 du social dans les mouvements politiques
23:39 où il y a droite dans l'amour ?
23:41 Parce que l'extrême-droite, c'est droite.
23:43 - Vous pensez qu'il n'y a pas de social
23:45 dans la droite ?
23:47 Allez-y, Jérôme Saint-Barry vous répond.
23:49 - Je rappellerai quand même que
23:51 si on fait un peu d'histoire,
23:53 toutes les grandes conquêtes
23:55 sociales, et même sociétales d'ailleurs,
23:57 de l'après-guerre, ont été faites
23:59 sous des gouvernements qui étaient généralement
24:01 de droite. Vous savez, la période
24:03 où la France a été la plus égalitariste
24:05 en termes de revenus et de patrimoine,
24:07 ça a été sous Giscard d'Estaing, c'était lié aussi
24:09 à la pression sociale, etc.
24:11 Et inversement, c'est lorsque la gauche arrive au pouvoir,
24:13 sous Mitterrand, à partir de 1983-84,
24:15 que les écarts de revenus, de patrimoine
24:17 s'accroissent, et voilà.
24:19 Donc vous savez, il n'y a pas...
24:21 - Jérôme Saint-Barry, on pourrait toquer le Front Populaire
24:23 quand même, qui en a fait pas mal.
24:25 - Oui, qui a duré un an
24:27 dans des circonstances très particulières,
24:29 dont les éléments ont fini par se diviser
24:31 assez durement, si vous voulez.
24:33 Vous avez une force... A l'époque, il y avait un mouvement
24:35 syndical puissant, c'était ça qui était déterminant en fait.
24:37 Vous aviez un mouvement ouvrier puissant,
24:39 vous aviez une pression qui s'exerçait
24:41 sur tous les gouvernements, et quand c'était la droite qui était au pouvoir,
24:43 ça s'exerçait. Et puis il y avait aussi une démarche
24:45 de croissance à tout niveau. C'était le gaullisme
24:47 en quelque sorte. C'était pas réductible à la gauche
24:49 et à la droite. Je crois que c'est un peu
24:51 la proposition du Rassemblement National aujourd'hui,
24:53 de devenir le parti de la production. C'est pas un parti
24:55 de gauche, contrairement à ce que disait Moore,
24:57 mais c'est pas en réalité non plus
24:59 un parti de droite. C'est un parti qui s'est opposé à la réforme
25:01 des retraites, par exemple. Non, c'est le parti
25:03 de la production, et surtout, ces
25:05 considérations-là, si vous voulez, aujourd'hui, pour les Français,
25:07 sont devenues assez secondaires,
25:09 sinon d'ailleurs,
25:11 la gauche serait au pouvoir,
25:13 sont devenues assez secondaires par rapport à cette impression
25:15 d'effondrement, de délitement
25:17 du pays. Et c'est une impression
25:19 qui est quand même validée par des chiffres
25:21 du commerce extérieur, de la dette publique,
25:23 ou du déclassement scolaire dans les classements internationaux.
25:25 - Et je dirais aussi cette espèce
25:27 de désaffection,
25:29 de ne pas savoir
25:31 où on est, perte de repères, perte de repères
25:33 culturels, perte de repères économiques, et compagnie.
25:35 On le voit. C'est-à-dire que les Français, beaucoup de Français,
25:37 ne savent plus où ils habitent. Pour des raisons...
25:39 - Bien sûr, mais à cette dimension culturelle, je ne la
25:41 mentionnais pas, mais elle est évidente,
25:43 elle est plus difficile à quantifier, si vous voulez, par rapport
25:45 à d'autres indicateurs. - Oui, mais elle existe.
25:47 - Nous avons Jean-Paul, qui nous appelle depuis
25:49 Draguignan dans le Var. Bonjour Jean-Paul. - Bonjour Jean-Paul.
25:51 - Oui, bonjour André,
25:53 bonjour M. Saint-Marie.
25:55 - Bonjour. - Écoutez,
25:57 je fais partie des personnes
25:59 qui sont heureux
26:01 que Macron ait pris cette officie
26:03 par la Mugueron.
26:05 Parce qu'on en aura le bol de tous ces gens,
26:07 de toute cette arrogance, de tout
26:09 l'honneur de leçon. Il y a,
26:11 autant que de Sandrine
26:13 Rousseau et
26:15 autant, les gens
26:17 qui votent pour M.
26:19 Mugueron, pour Mme
26:21 Le Pen ou même M. Zemmour,
26:23 ne sont pas d'extrême droite, comme on
26:25 peut bien le dire.
26:27 Ce sont des ouvriers, ce sont des agriculteurs,
26:29 des artisans, des commerçants, qui se lèvent
26:31 tous les jours pour travailler,
26:33 qui font tourner le pays, qui payent
26:35 leurs impôts, qui payent les PV d'excès de vitesse
26:37 et ainsi de suite, et qui en auront le bol.
26:39 Et qui ont pas envie que leurs enfants
26:41 dans la rue, chaque fois qu'ils sortent
26:43 d'un dûne théâtre, risquent de prendre un coup
26:45 de couteau au cours d'une bagarre ou ce genre
26:47 de choses aussi, vous voyez.
26:49 Et toute cette arrogance
26:51 macroniste, je les entendais encore
26:53 hier soir, au lieu de
26:55 faire un peu profil bas, de dire
26:57 peut-être que voilà,
26:59 on n'a pas eu raison de ne pas
27:01 écouter, ils ne parlent que par le mépris.
27:03 Voilà. Et je pense
27:05 que la majorité de Français, d'un côté
27:07 parti, en ont assez de ce mépris.
27:09 Tout cela suffit.
27:11 Par contre, je suis inquiet de la suite
27:13 des événements. Quand
27:15 j'entends des gens de la France insoumise,
27:17 quand j'entends Sandrine Rousseau,
27:19 je me demande comment ça
27:21 se passait lorsque Marine Le Pen
27:23 aura la majorité.
27:25 Parce que je pense
27:27 que ça va très
27:29 mal tourner cette histoire.
27:31 Parce que ces gens ne sont plus
27:33 républicains. Ce n'est pas, comme
27:35 le veut dire Macron, ou la Macronie,
27:37 Marine Le Pen, qui n'est pas
27:39 encore républicaine. C'est uniquement
27:41 la France insoumise, Sandrine Rousseau
27:43 et tous ces gens de personnage.
27:45 - OK Jean-Paul. Non, non, c'est
27:47 très clair ce que vous avez dit.
27:49 Jérôme Saint-Marie, justement.
27:51 - Je voudrais remercier l'auditeur. Je pense que c'est vraiment
27:53 une traduction... Enfin, c'est... Je ne pourrais pas
27:55 être davantage d'accord, je crois.
27:57 C'est effectivement ce à quoi on insiste.
27:59 C'est une force de révolte
28:01 des gens ordinaires, vous savez. Les gens qui,
28:03 effectivement, dans
28:05 les vraies classes moyennes, c'est-à-dire
28:07 les gens qui ne gagnent pas forcément beaucoup d'argent,
28:09 qui sont actifs, qui payent des impôts,
28:11 qui ont l'impression
28:13 d'être particulièrement surveillés
28:15 et punis. Et c'est ces gens
28:17 qui tiennent le pays. C'est ces gens qu'on a vus,
28:19 auxquels on a rendu hommage. Même Emmanuel Macron
28:21 leur a rendu hommage, mais ça ne s'est pas beaucoup traduit
28:23 dans les actes lors de la crise
28:25 du Covid et du confinement.
28:27 C'est les gens qui ont été réprimés
28:29 férocement
28:31 au moment des Gilets jaunes et c'est des gens qui sont
28:33 stigmatisés en permanence pour leur
28:35 manque de lucidité présumée, etc.
28:37 Ces gens-là n'en peuvent plus
28:39 et ils se heurtent, effectivement, à une barrière
28:41 de mépris. Ça, c'est quelque chose
28:43 qui est extrêmement puissant. Et justement, et j'en
28:45 finirai par là, en cas de victoire du
28:47 Rassemblement National aux législatives,
28:49 je crois, la formule
28:51 peut paraître provocatrice, mais
28:53 elle est sincèrement exprimée,
28:55 qu'il y aura une forme d'état de grâce.
28:57 Vous savez, comme l'état de grâce qui avait suivi
28:59 l'élection de 1981, il y aura une forme d'état
29:01 de grâce dans le pays, de ces catégories immenses
29:03 de gens utiles,
29:05 de gens dévoués, etc.
29:07 C'est l'homme ordinaire
29:09 décrit par Georges Orwell ou par le philosophe
29:11 Jean-Claude Bichet. - La décence
29:13 commune. - La décence commune, absolument.
29:15 Ces gens-là se sentiront enfin
29:17 reconnus et par une forme de
29:19 brèche historique accéderont au premier
29:21 plan. Je reprends là les mots de François Mitterrand
29:23 en mai 1981, quand il monte
29:25 au Panthéon, et il évoque cela.
29:27 Le paradoxe et l'ironie de l'histoire,
29:29 c'est qu'aujourd'hui, c'est le Rassemblement National
29:31 qui porte ses aspirations. - Encore faut-il
29:33 savoir si le Rassemblement National sera la hauteur
29:35 effectivement de ses
29:37 attentes-là, c'est une autre question,
29:39 effectivement. - On va marquer
29:41 une petite pause sur Sud Radio, on revient
29:43 dans un instant toujours avec Jérôme Sainte-Marie,
29:45 et puis après on va enchaîner avec les Pères, les Huées et les Bravos
29:47 d'André Bercoff, à tout de suite sur Sud Radio.
29:49 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états
29:53 à midi 14h. André Bercoff.
29:55 Terre-de-France.fr,
29:57 le premier site d'articles français
29:59 et patriotes présente
30:01 - Ici Sud Radio,
30:03 les Français
30:07 parlent au français.
30:09 Je n'aime pas
30:11 la blanquette de veau. Je n'aime
30:13 pas la blanquette de veau.
30:15 - Sud Radio Bercoff dans tous
30:17 ses états. Comme l'a dit
30:19 Aduitos, au fond, si on regarde
30:21 bien les récits d'élections d'hier,
30:23 les parents
30:25 bourgeois,
30:27 ils ont voté Macron,
30:29 Ayé et Bélamy.
30:31 Macron, Ayé, bien sûr,
30:33 et Bélamy. Les
30:35 enfants votaient entre
30:37 Marion et Mélenchon.
30:39 Les banlieues, les
30:41 quartiers dissensibles ont voté
30:43 la France Insoumise.
30:45 Et puis, les salariés,
30:47 etc., il faut bien dire, ont voté en majorité
30:49 les salariés employés,
30:51 ouvriers, etc., ont
30:53 vraiment voté Jordan
30:55 Bardella. Et moi, Jérôme,
30:57 ça te parlait, la dernière question que j'ai
30:59 envie de vous poser, c'est, je ne dis
31:01 pas nostalgie, nostalgie, mais on
31:03 pense au moment, il y a de ça
31:05 quand même quelques décennies,
31:07 où le Parti Communiste représentant
31:09 la classe ouvrière faisait presque
31:11 35%, voire plus,
31:13 des voix. - C'est il y a longtemps, ça, quand même.
31:15 - C'est vrai, c'est vrai.
31:17 Enfin, on était déjà nés, vous et moi.
31:19 Non, enfin, vous,
31:21 à peine moi, oui. Mais
31:23 quand même,
31:25 ce qui est extraordinaire aujourd'hui,
31:27 c'est que ce soit l'Oration nationale,
31:29 considérée fasciste à la droite
31:31 d'Adolf Hitler pendant des décennies,
31:33 du temps de Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui
31:35 draine la majorité des voix
31:37 ouvrières, salariées, classe
31:39 moyenne, vous l'avez dit. Mais, cette espèce
31:41 de passage, quand même, excusez-moi,
31:43 à même quelques décennies, ce n'est pas grand-chose.
31:45 - Oui, c'est quand même très différent, parce que
31:47 le Parti communiste avait un projet
31:49 de transformation sociale radicale, et faisait
31:51 de la classe ouvrière l'acteur de l'histoire.
31:53 L'ERN, ce n'est pas du tout ça. C'est-à-dire,
31:55 il prend en compte les souffrances sociales
31:57 et l'utilité sociale
31:59 des différents groupes, mais il n'est pas
32:01 dans ce projet de transformation
32:03 radicale, etc. Ce n'est pas un parti
32:05 égalitariste, ce n'est pas du tout la
32:07 vision. Si on fait une comparaison
32:09 historique, je crois qu'on est beaucoup plus proche de ce qu'a été
32:11 juste après la guerre, le RPF,
32:13 et ensuite l'UDR ou l'UNR,
32:15 après 1958, quand
32:17 le général de Gaulle revient au pouvoir,
32:19 qu'il récupère aussitôt
32:21 de large part du monde ouvrier, 20%,
32:23 je crois, qu'il prend directement
32:25 au Parti communiste,
32:27 et pour une grande
32:29 union, où effectivement les actifs
32:31 sont majoritaires, - Un rassemblement, voilà,
32:33 - Un grand rassemblement, fondé
32:35 sur un projet nationaliste,
32:37 mais quand on veut l'unité
32:39 et la grandeur de la nation, on est obligé de prendre
32:41 en compte également les objectifs de justice sociale.
32:43 - Merci Jérôme Saint-Marie,
32:45 - Merci à vous. - Voilà, on a
32:47 décortiqué un peu, on a autopsié
32:49 ces élections, et puis le reste,
32:51 on verra comment ça se passera aux législatives.
32:53 On va suivre tout cela, avec vous aussi.