Elections Chambres d’agriculture 2013
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00:00— Philippe Collin, merci beaucoup d'avoir répondu aux questions des agriculteurs, questions nombreuses sur ces élections Chambre d'agriculture.
00:13On a le sentiment, une fois encore, que la Confédération paysanne, ce n'est pas seulement un syndicat d'agriculteurs, c'est un syndicalisme de société
00:22qu'on peut peut-être mettre en parallèle au syndicalisme de solution défendu par le syndicalisme majoritaire.
00:31Un syndicalisme de société, ça correspond bien à la Confédération paysanne ?
00:36— La formule me plaît. Et je crois qu'effectivement, il n'y a pas de place aujourd'hui dans une société dans laquelle les paysans
00:44représentent moins de 3% de la population active pour construire un projet agricole qui ne prendrait pas en compte
00:51les attentes de la société, qui sont parfois implicites mais qui sont souvent explicites.
00:57Et je crois qu'il y a vraiment besoin aujourd'hui de construire un pont, et en particulier dans le monde rural,
01:02là où les choses sont parfois très difficiles, entre les paysans et leurs voisins ruraux qui ne comprennent pas forcément toujours
01:10l'agriculture telle qu'elle se pratique aujourd'hui. A tort ou à raison, mais en tout cas, la perception des ruraux aujourd'hui
01:15de l'agriculture dans bon nombre de régions, elle nous impose effectivement de construire un projet dans lequel tous les citoyens
01:23puissent se retrouver. — Les objectifs de la Confédération paysanne ?
01:26— La Confédération paysanne entend dans ses élections réaffirmer sa position, faire progresser son audience et faire partager
01:35à l'ensemble des paysans le projet qui est le nôtre. Ce projet, il est d'abord de lutter contre les inégalités de richesses
01:42qui sont en train de se faire à l'intérieur de l'agriculture. Je crois que les chiffres qui sortent des comptes provisoires aujourd'hui
01:48sont une illustration de la fracture qui est en train de se créer à l'intérieur du milieu paysan et qui génère en elle-même
01:55des risques majeurs de cohésion. Je trouve curieux que ceux qui prétendent apporter des solutions ne fassent pas déjà le constat
02:04des problèmes qu'eux-mêmes ont créés. Et la politique agricole telle qu'on la constate aujourd'hui, elle est bien le produit
02:12des décisions antérieures qui ont été faites. L'abandon des contrôles des structures, la libéralisation totale aujourd'hui
02:18de l'agrandissement des fermes, l'incapacité pour beaucoup de porteurs de projets aujourd'hui de trouver des terres
02:26parce qu'elles sont captées, elles sont défendues âprement par ceux qui ont les moyens d'investir, est un problème aujourd'hui
02:32qui fracture le milieu paysan de la même manière qu'il y a une fracture à l'intérieur de la société qui est en train de se créer
02:38entre les riches et les pauvres. Donc ne reproduisons pas ça à l'intérieur de notre métier. Je crois que l'agriculture est une chose
02:43trop sérieuse pour qu'on ne la confie qu'aux seules mains des paysans. Et d'ailleurs, je revendique. C'est pour ça que la formule
02:49syndicat de société me convient bien. Parce que le fait que les paysans puissent vivre partout dignement dans leur territoire,
03:00elle est au prix de l'acceptation, des attentes de nos voisins, de nos citoyens, de nos enfants et de nos proches.
03:11Les paysans ne sont pas en dehors du temps et de l'espace. Et donc on a tous dans nos familles des gens pour lesquels c'est difficile.
03:19Et donc les paysans ne sont pas aujourd'hui exempts de devoirs en matière professionnelle non plus.