Election présidentielle 2012
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00:00Carole Verheyken, bonjour. Et merci beaucoup d'avoir répondu aux questions des agriculteurs pendant une heure de tchat.
00:11Vous êtes porte-parole de Jacques Cheminade. Un des porte-parole de Jacques Cheminade.
00:16Et nous avons quelques questions liées à la politique générale et au programme du candidat de Solidarité et Progrès.
00:24La première sur l'idée de Jacques Cheminade et la proposition de Jacques Cheminade d'établir un nouvel ordre financier mondial, un nouvel ordre mondial.
00:34Le secteur agricole doit-il, dans ce cadre-là, rester dans le giron de l'OMC ?
00:40Et comme le demandent certaines organisations, faut-il sortir le secteur agricole de l'OMC pour traiter toutes ces questions commerciales et agricoles dans une autre structure à part, avec des règles à part ?
00:54Oui. Donc d'abord, cet nouvel ordre financier passe donc par une refondation, ou plutôt une reconstruction d'un système bancaire et de crédit qui soit vraiment au service de l'homme, de la nature et de la production.
01:09Et non pas seulement au service de bulles financières qui se nourrissent avec d'autres bulles financières.
01:18Les marchés et la production agricole étant, et ça on le sait depuis Roosevelt, depuis l'époque de la grande crise, Denis Zévin, c'est que la production agricole, c'est bien le secteur où il y a le moins d'élasticité au niveau des marchés.
01:34Donc l'agriculture, c'est quelque chose qui se fait dans le temps. Donc c'est là où il faut un vrai encadrement, il faut une vraie organisation des marchés.
01:42C'est pour ça qu'il y a toujours eu ce choc entre le monde financier qui marche à très court terme, dans les nanosecondes où on joue sur les produits financiers,
01:51et qui donc par définition est totalement incompatible avec ce travail dans le temps de la création humaine, de la création de la production agricole.
02:00Donc de ce point de vue là, il est clair que si l'OMC, ça devient un cartel de financiers qui fait des accords où ce qui prime c'est l'intérêt financier à court terme,
02:12qu'on ne peut pas rester, qu'on ne peut pas garder le flux agricole dans cet OMC là.
02:17Mais ça veut dire aussi, s'il y a un G20 agricole, qu'on a besoin de chefs d'état vraiment responsables, qui aient une vision dans le temps d'organiser cette production.
02:28Donc il faut un marché financier qui se mette au rythme de la production agricole et au service de la production agricole.
02:35Oui tout à fait, c'est-à-dire qu'il faut un système de crédit en opposition avec un système monétaire.
02:40Aujourd'hui on est en réalité dans une espèce d'empire financier, c'est-à-dire un système monétaire qui est dématérialisé,
02:48qui est cette mondialisation financière qui est même en guerre contre la mondialisation de l'économie physique, qu'il faut soutenir et développer.
02:58Vous n'êtes pas sans savoir qu'une proposition législative sur la réforme de la PAC est encore une législation au Parlement européen.
03:04Quelles devraient-elles être connues pour qu'elles soient à vos yeux acceptables ?
03:08Il faut qu'elles prennent une philosophie totalement opposée à ce qui est discuté actuellement.
03:13C'est-à-dire qu'aujourd'hui déjà nous sommes dans le découplage entre la production et les aides.
03:19Donc s'il y a aide, il faut que ces aides soient orientées vers une mobilisation de la production qui sera nécessaire si on veut réellement nourrir 9 milliards et plus d'individus d'ici 2050.
03:32Ensuite, après on peut discuter comment ces aides puissent être plus justes par région, par pays, par production, etc.
03:42Là, il y a un débat à ouvrir qui est légitime, qui doit être fait.
03:47Et ensuite, il faut revenir aux principes fondateurs de la PAC d'origine.
03:53Moi, je l'ai relu et quand on la relit, on est choqué quand on constate à tel point la PAC d'aujourd'hui est quasiment le contraire des principes fondateurs de la PAC.
04:04C'est-à-dire garantir un juste revenu au producteur, lui donner une visibilité dans le temps par des prix garantis.
04:11Avoir des stocks physiques permettant de casser la spéculation.
04:16Puisque si on a des stocks, si les prix montent trop, on peut en vendre, faire baisser les prix.
04:22On peut intervenir aussi bien pour le producteur que pour le consommateur.
04:27Et ensuite, une préférence communautaire.
04:29Depuis que les Anglais sont entrés dans le marché commun, ils ont voulu garder l'Empire et en même temps garder l'Europe.
04:36Donc on fait venir de la viande de la Nouvelle-Zélande.
04:39On fait venir le lait du Canada, etc.
04:42Parce que quand on a demandé aux Anglais, vous devez choisir entre l'Empire et l'Union européenne.
04:48Ils ont dit on veut les deux.
04:50De Gaulle a mis deux fois le veto sur leur entrée.
04:55Finalement, sous Pompidou, on a capitulé.
04:58Mais donc, et grâce à cela ou à cause de cela, cette Europe est dévoyée.
05:04La Grande-Bretagne peut moins compter sur son Empire qu'il y a 30 ans ou 35 ans quand elle est rentrée dans l'Union européenne.
05:10C'est vrai, mais j'ai lu l'année dernière dans The Economist que leur projet, c'est les quatrièmes vagues de la délocalisation, c'était l'agriculture.
05:21C'est-à-dire pour, non pas le peuple anglais, mais pour les milieux financiers de la city, le libre-échange total est toujours leur religion.
05:31C'est un dogme fondamental.
05:34Aujourd'hui, on n'est fait qu'assister au triomphe de la city au niveau financier et à la destruction de la PAC, qui est souhaitée par ces mêmes milieux de la city, donc des intérêts financiers.
05:46Justement, sur cette proposition de PAC, il y a cette idée de plafonner les aides, d'une part, et le verdissement de 30% des aides du premier pilier.
05:57Est-ce que vous êtes favorable à ces deux idées-là ?
06:01On peut toujours dans l'absolu penser que ce serait mieux d'avoir des justes prix, d'avoir un système avec des prix justes plutôt qu'un système avec des aides.
06:09C'est un autre volet dont on peut discuter.
06:12Aujourd'hui, dans le contexte où il y a danger de crise alimentaire et des émeutes de la faim ailleurs dans le monde, je pense que c'est aberrant de baisser et même de geler le budget de la PAC.
06:25Peut-être même de le remonter.
06:27Le verdissement tel qu'il est fait est aussi une aberration, parce que toujours, on veut nous faire croire qu'on est dans une logique de surproduction,
06:35alors qu'en réalité, toute l'Union européenne est en sous-production, c'est-à-dire qu'on importe pour satisfaire nos besoins.
06:43Tout cela ne rime à rien.
06:46On prend le prétexte environnemental pour amener les gens à baisser leurs rendements et donc de produire moins.
06:52Cela permettra d'importer plus et de faire le beurre de gens qui, effectivement, produisent ailleurs et dont l'intérêt n'est pas forcément de développer nos pays.
07:05Et toujours dans la logique de la réforme de la PAC, il y a la suppression des quotas qui, en parallèle, est décidée pour 2015.
07:16Récemment, il y a une remise en cause des droits de plantation en vigne.
07:21Ceci dit, il y a plus de chances qu'eux soient conservés.
07:26Est-ce que vous seriez favorable qu'on revienne sur la suppression des quotas ?
07:32Cela veut dire qu'on revienne indirectement à des prix plus encadrés ?
07:38C'est sûr que le problème, c'est que les quotas étaient en fait le dernier bout qui nous restait de la régulation.
07:47Donc les supprimer, effectivement, c'est-à-dire où on remet tous les systèmes à plat, on refait réellement une vraie régulation.
07:55Ou sinon, les quotas, c'était vraiment le minimum qu'on aurait dû défendre.
07:59Surtout quand on voit des gens en Allemagne qui veulent produire plus, mais à des prix beaucoup plus bas,
08:07et même en important quasiment d'une façon clandestine, par exemple, du lait, des pays de l'Est et même d'Ukraine,
08:14qui entrent en Europe parce qu'il n'y a pas les contrôles qu'il faut non plus.
08:19Donc tout cela, c'est du court terme. Et surtout, c'est toujours cette vision financière qui triomphe sur la vision de la production.
08:34Venons-en à l'Europe dans sa globalité et l'euro. Est-ce que l'euro est l'ennemi de prix rémunérateurs pour les agriculteurs ?
08:42Toujours dans la logique que vous défendez.
08:45Est-ce qu'il faut en sortir de l'euro ?
08:48Le point de vue de Jacques Cheminade, c'est que si le prochain président devrait aller à Bruxelles et dire
08:56« Voilà, je lance ces grands projets dans le domaine industriel, mais aussi agricole, pour recréer des emplois qualifiés en Europe »,
09:04alors soit on le fait, et si cela ne se fait pas parce qu'il y a des oppositions les uns des autres,
09:16à un moment donné, il faut quasiment faire une politique de la chaise vide et lancer au niveau de la France ce qu'on doit faire.
09:23Donc à ce moment-là, l'euro peut rester, je dirais, une monnaie commune ou une sorte d'écu,
09:31tandis qu'effectivement, à l'intérieur, on pourrait mettre en œuvre, revenir à un franc que Jacques Cheminade appelle un « franc polytechnique »,
09:39parce qu'il pense que la valeur d'une monnaie, ce n'est pas juste une valeur de chiffres, mais que c'est son engagement,
09:45ce qu'on fait avec la monnaie, ce qui donne la valeur à la monnaie.
09:50Donc il faut se préparer à cette éventualité, parce que l'Europe, de toute façon, est en train de se faire kamikaze,
10:03les taux d'intérêt sont totalement différents, et là, vous avez les taux espagnols qui repartent à la hausse.
10:07Donc ce n'est pas seulement l'euro, c'est même toute la structure même de l'Union européenne et même la future PAC.
10:15Moi, je vois des énormes secousses qui vont être devant nous, où on pourra faire tous les lois qu'on voudra,
10:22mais si tout ce système financier va dans le mur, il y aura vraiment tout à repenser.