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Fertilisation des prairies

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00:00Bonjour, nous retrouvons aujourd'hui Anthony Huiteval d'Arvalis.
00:10Anthony, bonjour.
00:12Nous allons parler aujourd'hui de fertilisation des prairies.
00:15Alors, justement, quels sont les grands paramètres à prendre en
00:18compte pour calculer les apports d'azote ?
00:21Oui, il existe différentes méthodes qui, finalement, reviennent à peu
00:26près toutes à la même chose, c'est-à-dire de quantifier
00:30un potentiel, un potentiel qui assouvit les besoins du troupeau ou
00:34un potentiel agronomique qui peut être parfois supérieur aux besoins
00:37du troupeau.
00:38Et aussi de quantifier les différentes sources d'offres en azote
00:44pour faire une balance entre le besoin pour atteindre le potentiel
00:48et puis l'offre.
00:50L'offre, de quoi on parle quand on parle d'offre ?
00:53On parle de minéralisation des matières organiques du sol,
00:56on parle d'azote qui provient de la fixation symbiotique par les
01:00légumineuses et puis d'arrière-effets qui pourraient exister de produits
01:04organiques, par exemple antérieurs.
01:08On atteint souvent un delta, c'est-à-dire que le besoin est
01:10supérieur à l'offre et il s'agit de combler ce besoin en azote.
01:15Du coup, en ce qui concerne la date du premier apport, on parle de 200
01:17degrés jour ?
01:18Oui, complètement.
01:19La règle des 200 degrés jour cumulés depuis le 1er janvier en base
01:23zéro, en fait, elle vaut pour des apports qui se font sous forme
01:27d'azote minéral ou de lysier, qui ont une forte fraction d'azote
01:32ammoniacal, d'azote minéral, en tout cas d'une forme soluble.
01:35Et ces 200 degrés jour, ça correspond au redémarrage de la
01:38végétation, une période où la plante va avoir de forts besoins en azote
01:43et qui ne seront pas compensés par l'offre du sol.
01:45Donc il y a un risque de carence et on va appliquer, pas la dose
01:51annuelle, mais en tout cas des doses qui, le plus souvent, à toutes
01:55conditions confondues, vont aller de 30 à plus de 80 unités pour
02:00assouvir les besoins de prairies plus ou moins productives et où
02:03l'offre, par exemple, d'azote aussi, de la contribution des légumineuses
02:08serait encore limitante.
02:09Et à titre d'indication, cette date-là, on l'obtient sur les zones
02:12précoces, parfois fin janvier, à la faveur d'hiver assez doux et
02:16jusque à la mi-mars, dans les plaines les plus tardives.
02:19Et du coup, on peut fractionner ces apports ?
02:21Alors, on peut fractionner.
02:23En dessous d'une dose de 50 à 60 unités, il n'est pas pertinent et
02:28pas rentable de fertiliser, de fractionner, pardon.
02:33Là où la question du fractionnement peut se poser, c'est dans le cas
02:35de doses assez conséquentes, en particulier supérieures à 100
02:39unités, mais qui, d'ailleurs, sont très rarement justifiées sur
02:42des premiers cycles.
02:43Mais on peut fractionner à des doses inférieures.
02:46On va quand même réserver ces situations-là dans des situations
02:49où il y a un risque de lixiviation, donc des sols qui seraient très
02:52superficiels et de textures très grossières, dans des zones qui sont
02:57fréquemment arrosées, j'allais dire, de manière abondante en sortie
02:59de l'hiver.
03:00Justement, tout à l'heure, tu parlais de légumineuses.
03:02Alors, comment on gère quand il y a présence de légumineuses dans la
03:05parcelle ?
03:07Les légumineuses, la présence de légumineuses dans une parcelle
03:10ne veut pas dire que ça suffit à alimenter la graminée en azote.
03:15Ça veut dire que ça y contribue.
03:17On estime que c'est suffisant lorsque, c'est-à-dire que les légumineuses
03:21et leur fixation symbiotique suffisent à nourrir, ensuite, par effet
03:25un peu de ricochet, les graminées, lorsque leur répartition dépasse
03:2840 à 50 %, leur présence dépasse 40 à 50 % au printemps.
03:35Il n'empêche, on peut justifier un apport d'azote à petite dose,
03:40de l'ordre de 30 à 40 unités, au printemps qui suit, sous réserve
03:43que la réglementation locale le permette, pour booster la production
03:47finalement du premier cycle avant que les légumineuses se réveillent.
03:50Pour les situations en dessous de ces proportions-là, il y a différents
03:53abacs qui permettent de quantifier la contribution et donc c'est pris
03:57en compte dans l'offre par le sol, mais aussi les légumineuses.
04:01Justement, quand il y a une carence, ça s'exprime comment concrètement ?
04:06Que ce soit pour l'azote ou le PEK ?
04:07Oui, alors l'azote, ça va être essentiellement quelque chose
04:11de visuel.
04:12Une plante qui va être d'un verre pâle, parfois jaune, en particulier
04:16sur la pointe des feuilles, dans les situations les plus sévères.
04:20Mais souvent, quand on s'en rend compte, il est trop tard, en tout cas
04:23pour le cycle en question.
04:24Donc voilà, c'est un peu plus de profilaxie, de prévisionnel en amont.
04:28Il y a aussi des conditions de valorisation qui sont assez
04:31évidentes, de caler des apports avant une pluie qui permettent
04:34une bonne valorisation.
04:36C'est vrai pour les 1ers apports, mais c'est en particulier vrai
04:39pour les apports qui se font sur des repousses, à des périodes
04:42où il y a une température supérieure, une pluie qui est souvent
04:45moins fréquente et moins abondante et donc où il y a plus de risques
04:49de volatilisation ammoniacale.
04:52Donc c'est important d'aller positionner en amont d'une pluie.
04:56Et pour phosphore et potassium, finalement, c'est assez insidieux
05:00ce qui se passe sur les espèces fourragères parce qu'elles
05:02traduisent très mal les carences.
05:04Et donc, finalement, on ne se rend pas vraiment compte.
05:08On peut toujours attribuer la perte de rendement à d'autres facteurs,
05:11en particulier climatiques, alors que ça peut être une carence
05:14en P&K.
05:15Et le seul moyen de le savoir, c'est de procéder selon les rotations.
05:22Finalement, est-ce qu'on a affaire à une prairie temporaire,
05:24à une prairie permanente ?
05:25Tantôt à l'analyse de terre ou alors plutôt à l'analyse des plantes
05:29lorsqu'on est en situation de prairie permanente.
05:31C'est le seul moyen.
05:32Et en conduite bio, il faut être d'autant plus vigilant,
05:34je suppose, puisque les produits coûtent cher.
05:37Alors en agriculture biologique, c'est vrai qu'on a eu des situations,
05:40j'allais dire, quelques indicateurs d'alerte où quand on poussait
05:43le diagnostic un petit peu plus loin, on se rendait compte que c'était
05:46finalement pas l'azote qui était le premier facteur limitant
05:49de la production, mais bien phosphore et potassium.
05:52Alors tout ça, aujourd'hui, on y travaille pour pousser un petit
05:56peu plus loin encore les méthodes de diagnostic et dans quelles
05:58mesures on peut étendre, à ce qu'on connaît du conventionnel,
06:01ce qui se passe en agriculture biologique.
06:03Mais c'est important de garder la vigilance sur les niveaux
06:06d'apport et puis les niveaux d'export qui sont en face lorsqu'on part
06:10dans une situation qui est très bien pourvue.
06:12Les risques de carences, évidemment, ils sont limités,
06:14voire nuls.
06:15Et tout ça ne dure qu'un temps puisqu'on épuise un certain stock
06:19présent dans le sol.
06:19Et si on ne compense pas, bien évidemment, on tape un peu dans
06:22cette trésorerie, de sorte que P&K peuvent devenir limitants
06:25en fonction des teneurs.
06:27Alors justement, pour P&K, comment ça se gère, les apports ?
06:33Alors sur prairie, il y a deux situations.
06:35La première, quand la prairie est une prairie temporaire qui rentre
06:38dans une rotation, là, on va utiliser la méthode
06:42qui est classiquement utilisée pour les céréales à paille,
06:45mais d'autres cultures annuelles, qui est la méthode dite du comifère,
06:49qui mobilise une analyse de terre, donc un dosage de l'élément,
06:54de la disponibilité de l'élément P ou K, d'ailleurs, dans le sol,
06:59couplé à l'information dans quel type de sol je me situe,
07:03depuis combien de temps je n'ai pas apporté de chacun de ces deux
07:05éléments-là ?
07:06Et puis, quelle est l'exigence de la culture ?
07:08Et c'est là un point important de le rappeler, c'est que les cultures
07:11fourragères, les graminées ou les légumineuses, sont des espèces
07:14qui sont exigeantes, voire très exigeantes, en particulier pour
07:17le phosphore, dans le cas des légumineuses.
07:20Des espèces exigeantes, moyennement exigeantes, très exigeantes
07:24pour le P et K, ça veut dire qu'il faut une certaine disponibilité
07:26pour qu'elles puissent assouvir leurs besoins.
07:28Je répète, la méthode comifère, une teneur, un type de sol,
07:33une exigence de la culture et un passé récent de fertilisation
07:36permettent de définir la dose à apporter pour atteindre 95 %
07:41au moins du rendement maximal, à assouvir les besoins de la culture.
07:45Et on n'a pas parlé, mais le soufre ?
07:48Alors, peut-être avant de parler du soufre, j'ai décrit le cas des
07:50prairies temporaires, puis également le cas des prairies permanentes
07:53qui ne répondent pas.
07:55Finalement, la méthode comifère basée sur l'analyse de terre n'est
07:57pas utilisable, n'est pas interprétable pour différentes
08:03raisons.
08:04Donc là, on a besoin de passer par l'analyse de plantes, une analyse
08:07de plantes qui se fait sous certaines conditions.
08:10Il faut qu'on soit en pleine période de végétation, donc des plantes
08:12qui, finalement, ont assez peu de facteurs limitants de la croissance,
08:16si ce n'est potentiellement P&K, donc insituées au printemps,
08:19des biomasses estimées de l'ordre de 2 à 5 tonnes en l'absence
08:22de stress.
08:23Donc, pas de stress hydrique, pas de stress non plus thermique.
08:27On va prélever et puis on va y envoyer au laboratoire.
08:30On va prélever essentiellement des graminées.
08:32Finalement, c'est un diagnostic qui concerne les graminées.
08:35Donc, s'il y a des légumineuses, évidemment, on évitera ces
08:37diagnostics-là en présence de légumineuses.
08:39Mais s'il y en a, on les exclura du prélèvement et on interprétera
08:43sur la graminée pure.
08:44Et il nous est renvoyé, une fois qu'on a dosé azote, phosphore
08:48et potassium, il nous est renvoyé par le laboratoire, ce qu'on
08:51appelle un indice de nutrition, soit phosphore ou potasse.
08:55Et il s'interprète de la même manière, c'est-à-dire qu'au-delà
08:57d'une valeur de 100, finalement, on peut se permettre une impasse
09:01ponctuelle.
09:03Et puis ensuite, de maintenir les niveaux d'exportation sans risque
09:06de carence, entre 80 et 100, on maintient la stratégie qu'on avait
09:10jusqu'alors.
09:11Et en dessous de 80, là, par contre, on rentre dans une stratégie
09:13plutôt, on va dire, de redressement.
09:16Et donc, il va falloir un petit peu rehausser les doses sans dépasser,
09:20ce sont des essais long terme qui nous l'indiquent, des doses supérieures
09:24à 60 unités de phosphore et 150 unités de potasse.
09:27Ce justifie que dans de très rares situations, et c'est notamment
09:30le cas des luzernières qui peuvent avoir des niveaux d'export P&K
09:33très élevés.
09:34Donc, pour le soufre.
09:36Pour le soufre, finalement, c'était un sujet qui était assez peu abordé
09:42jusqu'à aujourd'hui, on va dire, dans les milieux prairiaux.
09:46Donc, on a relancé depuis quelques années des essais pour aller voir
09:50dans quelle mesure les facteurs qu'on sait être à risque sur d'autres
09:53espèces, en particulier les céréales à paille, mais dans une moindre
09:55mesure aussi le colza, sont valables sur Prairie pour établir des
10:02prédictions des niveaux de risque.
10:04Et donc, il y a plusieurs choses qu'on sait être à risque.
10:06Un type de sol qui serait très filtrant, d'une texture grossière,
10:09plutôt sableuse.
10:11Évidemment, des espèces qui sont exigeantes, qui ont de forts
10:13besoins, mais c'est le cas des graminées et des légumineuses
10:15fourragères.
10:17Absence, ou en tout cas, très faibles apports de produits
10:19organiques.
10:21Et puis, le dernier facteur que l'on, finalement, ne maîtrise pas
10:24ou qu'on ne connaît qu'au dernier moment, c'est la pluviométrie
10:27hivernale qui a tendance à lixivier le stock de soufre minéral,
10:32qui aurait pu être disponible pour la plante au moment de ce
10:35redémarrage.
10:36Jusqu'à aujourd'hui, finalement, dans des contextes à risque,
10:39assez peu de réponses, en tout cas, des contextes à risque dont
10:42on se rend compte qu'ils sont peu présents sur le terrain,
10:44puisque dans les élevages, des effluents organiques sont
10:48épandus, je ne veux pas dire partout, tout le temps, mais assez
10:51fréquemment.
10:52Certaines parcelles peuvent être orphelines et dans ce cas, c'est
10:54elles qui vont être les plus à risque.
10:57Mais on a encore besoin d'aller plus loin dans l'acquisition de
10:59références pour préciser tout ça.
11:01A la fois des enjeux en termes de rendement, il y en a-t-il,
11:03et puis également en termes de qualité.
11:05Il pourrait y en avoir, ça, c'est vu par exemple sur le luzerne,
11:08en Champagne-Créuse, mais dans des milieux assez particuliers.
11:11En tout cas, merci pour ces précieux conseils et retrouvez
11:15d'autres articles sur ce sujet et notamment des conseils d'Arvalis
11:18sur WebAgri.

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