En juin 1944, l'appel à la mobilisation générale lancé par les organisations de la Résistance se traduit par une augmentation massive de l'effectif des maquisards, qui passent d'environ 400 à près de 4000. Un hôpital du maquis est créé pour soigner les blessures et les maladies chroniques. Cette structure et son personnel de santé connaîtront une fin tragique.
« Un été de Résistance, 80 ans après », une série de chroniques coproduites par France Bleu Drôme Ardèche et l'INA
« Un été de Résistance, 80 ans après », une série de chroniques coproduites par France Bleu Drôme Ardèche et l'INA
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00:00Le 8 juin 1944, Marcel Descourts, chef de la Résistance dans le Vercors, installe son
00:22quartier général à Saint-Martin.
00:24C'est l'un des tournants de la guerre.
00:25Les Alliés viennent de débarquer en Normandie et les volontaires affluent de toutes parts
00:29sur le massif du Vercors pour gonfler les rangs des maquisards.
00:32Cet arrivé massif de combattants pose des questions d'organisation de la vie quotidienne.
00:36Un hôpital est créé dans cette même commune de Saint-Martin.
00:40Gilles Vernion, agrégé d'histoire et spécialiste de la Résistance dans le massif du Vercors.
00:44C'est un hôpital qui est géré par des médecins professionnels, les docteurs Ullmann,
00:49Ganymène, qui était de l'hôpital de Romand, d'autres médecins encore, qui mobilisent
00:53des infirmiers professionnels et des infirmiers formés sur le tas, très bien organisés
00:59avec un très bon matériel médical.
01:00On a des photos où on voit les infirmiers en coiffe, en blouse, les médecins en blouse blanche.
01:04Un matériel médical très convenable qui vient pour une part de ce qui a été parachuté,
01:09pour l'autre part de l'hôpital de Romand ou de l'hôpital des environs.
01:12C'est un hôpital qui a plusieurs sections, qui est là pour soigner les blessés de la Résistance
01:18et les blessés civils des bombardements allemands.
01:20L'hôpital soigne aussi les maladies chroniques et également un officier américain parachuté.
01:25Au moment de l'offensive allemande sur le massif du Vercors, le 21 juillet 1944,
01:30la décision est prise d'évacuer les blessés et le personnel médical surdit.
01:34Mais les soldats du régime nazi sont signalés dans cette zone et le convoi doit faire machine arrière.
01:39C'est finalement le Porsche de la Grotte de la Luire, à Saint-Agnan-en-Vercors,
01:43qui servira de campement de fortune à deux médecins, un aumônier, sept infirmières
01:48et une trentaine de blessés, dont six Allemands.
01:50Deux jours après cette installation précaire, une patrouille allemande détecte la cachette,
01:55comme le raconte l'une des infirmières, Rosine Crémieux.
01:58Ce qui a fait, c'est qu'ils ont été très surpris, parce qu'ils sont arrivés chemin tourné à un moment donné,
02:05et tout à coup, ils se sont trouvés avec ce groupe, cet amalgame de gens assis, couchés,
02:15ils ont dit des terroristes.
02:17L'historien Gilles Vernion nous raconte la suite tragique de ces événements.
02:20Donc c'est une patrouille allemande qui tombe sur l'hôpital,
02:23et clairement, dans un premier temps, ils ne savent pas quoi faire.
02:25Ils regardent, les blessés allemands se lèvent en disant
02:28« Ne tirez pas, c'est un hôpital militaire, on a été soignés, on a été bien traités. »
02:32Et donc, le sous-officier allemand qui commande la patrouille ne sait pas quoi faire,
02:36donc il envoie un coureur demander des ordres,
02:38et les ordres reviennent assez vite, quelques heures après,
02:42et l'ordre, vous savez, c'est de tuer les blessés en deux vagues,
02:45de fusiller également les médecins et l'aumônier, et de déporter les infirmières.
02:51C'est un massacre. Les blessés sont exécutés sur leurs brancards,
02:55l'équipe sanitaire est transférée à Grenoble,
02:57les deux chirurgiens et le prêtre y sont fusillés.
03:02Quant aux sept infirmières, elles sont déportées à Ravensbruck, le camp des femmes.
03:07Six d'entre elles reviendront.
03:09Etima Lhossan a été séparée de nous,
03:13et j'allais dire, elle en est morte.
03:16Parce que ce qui nous tenait, c'était la solidarité.
03:21On nous appelait les filles du Vercors.
03:24L'infirmière Rosine Crémieux, qui deviendra après la guerre une psychanalyste réputée,
03:28refusera longtemps de revenir sur ce drame.
03:31À partir du milieu des années 90,
03:33elle acceptera de devenir un témoin privilégié des événements de la Grotte de la Luire.
03:37On lui doit notamment l'ouvrage La traîne sauvage, paru en 1999.
03:50Sous-titrage Société Radio-Canada