Les financements versés par l'État à partir des élections législatives représentent un tiers des revenus des partis politiques. Et, après le scrutin de dimanche dernier, le Rassemblement national va devenir le parti qui touchera le plus d'aides publiques du pays. Les explications avec le journaliste BFM Business, Guillaume Paul.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et on va parler argent, Guillaume, parce que depuis dimanche, chaque parti politique représenté à l'Assemblée nationale fait ses comptes en termes de députés, mais aussi sur le plan financier.
00:08Mais oui, parce que ne perdez pas ça de vue, c'est que ce qui se passe en ce moment, c'est très politique, mais il y a aussi des affaires de gros sous.
00:14Évidemment, on compte, chaque parti compte son nombre de députés, mais chaque parti compte aussi en ce moment combien, en fonction du nombre de députés, il va toucher d'aides publiques, d'aides de la part de l'État.
00:27Parce que ça se passe comme ça depuis une loi de 1988, vous voyez, ça ne nous rajeunit pas, c'est que ce sont les résultats des élections législatives qui déterminent ce que chaque parti va toucher tous les ans en termes d'aides publiques jusqu'aux législatives suivantes.
00:39Et c'est important parce que vous savez, ces aides, on estime qu'elles représentent environ un tiers des recettes d'un parti politique.
00:45Et c'est important parce que vous savez, un parti politique, finalement, c'est comme une petite entreprise, c'est comme une petite PME, il y a un siège, il y a des salariés, il y a du matériel.
00:51Donc il faut que l'argent rentre, ce n'est pas compliqué.
00:53Et alors comment on calcule qui va toucher quoi exactement ?
00:56Alors vous allez voir, c'est tout bête. On regarde premier tour, deuxième tour. Premier tour, grosso modo, chaque voix qui va à un parti, ça lui garantit 1,10 € de financement public par an.
01:08Deuxième tour, là on regarde carrément le nombre de députés. Chaque député pour un parti, ça lui rapporte 37 000 € d'argent public tous les ans.
01:18Et tout ça, ça additionne. Plus il y a de voix, plus il y a d'élus, plus il y a de sous. C'est comme ça que ça marche fondamentalement.
01:23Donc, à ce petit jeu, forcément, vous dites qu'il y a des gagnants et des perdants parce que les équilibres ont changé dans l'Assemblée depuis dimanche dernier.
01:29Et bien le grand gagnant, c'est le Rassemblement national qui, certes, n'a pas eu autant de députés que ce qu'il espérait il y a peut-être encore 7 ou 10 jours, mais qui quand même passe de 89 à 124 députés.
01:43Donc je fais le calcul. Grosso modo, il y avait 10 millions de voix pour le RN au premier tour. Il y a 124 députés à 37 000 € au second tour.
01:50Si j'additionne tout ça, vous voyez, c'est nous fait 15 millions d'euros d'argent public que va toucher le RN, ce qui en fera quand même, à partir de l'an prochain, le parti politique qui bénéficiera de plus d'aides d'État.
02:01Vous êtes bon au calcul ?
02:02Je l'ai fait avant.
02:03C'est le jeu de potes. En tout cas, on l'a compris pour le RN qui gagne, mais il y a des perdants aussi.
02:08Il y en a qui perdent, forcément. Alors, ensemble, coalition ensemble, donc Renaissance plus Horizons plus Modem, là, c'est la soupe à la grimace parce qu'on va passer, vous voyez, de 19 à 12 millions d'euros.
02:21Et puis, il y a le bloc de gauche assez intéressant. Au global, ça va être stable, 16 millions d'euros par an, mais il va falloir voir à l'intérieur de ce bloc qui a le plus de députés ou moins.
02:31Vous voyez, c'est à côté du choix du Premier ministre. Ça peut être un petit sujet de friction dans les prochains jours du côté du bloc de gauche.
02:36En fait, il va falloir attendre. On parlait tout à l'heure de la date du 18 juillet. C'est là la date limite pour savoir quel député va siéger dans tel ou tel groupe.
02:42Donc, c'est là qu'on y verra un peu plus clair.
02:44Tout ça pour vous dire qu'à côté des petits jeux politiques, bah oui, il y a des questions de gros sous derrière tout ça.
02:48C'est important parce que vous savez, désormais, tous les partis politiques sont tournés vers l'élection présidentielle de 2027.
02:53La présidentielle, c'est beaucoup d'argent pour faire campagne, pour faire des meetings, pour faire des affiches, etc., etc., etc.
03:00L'argent, ce n'est pas comme aux États-Unis où c'est le nerf de la guerre absolue, vous savez, avec les fortunes déversées par les entreprises publiques.
03:06Mais vous comprenez bien que l'argent dans une campagne, même si ce n'est pas décisif en France, ça joue quand même. Donc, on est heureux de voir l'argent arriver.
03:13La calculatrice, instrument indispensable cette semaine. Merci beaucoup, Guillaume.