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Xerfi Canal a reçu Alex Lhéritier, fondateur et CEO de Koaloo.fi, pour parler des enjeux pour le monde bancaire et de la fintech.
Une interview menée par Jean-Philippe denis.

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Transcription
00:00Bonjour Alexey Ritier.
00:10Bonjour, enchanté.
00:11Enchanté, vous êtes fondateur et CEO de Coaloo.fi.
00:15Tout à fait.
00:16Et vous êtes conseiller du commerce extérieur de la France.
00:18À mesure perdue.
00:20Voilà, avec une forte expérience dans le monde bancaire.
00:22À peu près 20 ans, donc on peut dire forte maintenant.
00:26Aujourd'hui, le monde bancaire, un des grands sujets, c'est la FinTech.
00:32Alors peut-être avant d'en parler, comment on trouve comme nom de son entreprise Coaloo.fi ?
00:39C'est une bonne question.
00:40En fait, on essaie de faire un clin d'œil et on essaie d'avoir quelque chose qui soit en phase
00:44avec la raison d'être de l'entreprise, qui est en fait d'aider le financement des entreprises
00:50sur une base environnementale saine, l'ESG, la sustainability.
00:55Et donc, c'est un clin d'œil à l'Australie, puisque j'ai passé pas mal d'années avec HSBC
00:59à l'époque en Australie.
01:01On a essayé de trouver ce clin d'œil entre l'environnement et l'Australie, d'où le koala,
01:05qui est un des emblèmes de l'Australie avec le barbecue.
01:08Et en fait, on l'a rendu un peu plus tech, mais en même temps, pour le clin d'œil,
01:12c'est que nous fabriquons en fait de l'analyse et du financement, si je puis dire,
01:17sur la base de la donnée ESG.
01:19Il peut y en avoir beaucoup.
01:20C'est facile en fait de frôler l'indigestion.
01:23Et donc du coup, le koala, ce qu'on sait peu, c'est qu'en fait, certes, il mange de l'eucalyptus,
01:27mais l'eucalyptus est toxique en soi.
01:29Et donc, c'est le seul animal qui peut digérer un aliment, cet aliment toxique,
01:32et le rendre digestible.
01:34Enfin, c'est un peu ce qu'on fait avec l'ESG.
01:36Voilà, en quelques mots, l'origine de Koalou.
01:39Quel bon pitch ! Quel excellent pitch !
01:41C'est très gentil.
01:42Alors, avant de parler de l'ESG, on en parlera, de l'ESG, de la nouvelle donne de la finance
01:47avec Trade Finance, Green Trade Finance, etc.
01:50Tout à fait.
01:51Il y a un grand enjeu quand même aujourd'hui dans le monde bancaire, c'est les fintechs.
01:54Oui.
01:55Où on en est, cette question ?
01:56Alors, je dirais qu'on a fait la moitié du parcours,
01:59mais on n'est pas encore arrivé à la fin.
02:01Pourquoi je dis cela ?
02:02Parce qu'en réalité, si on se souvient un tout petit peu de ce qui s'est passé il y a 10-15 ans
02:07quand le phénomène fintech a commencé à émerger,
02:10la première question était finalement fintech versus la banque,
02:15donc la fintech va bouffer la banque.
02:17C'était en gros ce qu'on entendait pas mal.
02:19Et là maintenant, je pense qu'on a gagné un tout petit peu en maturité
02:22et on a compris que les choses étaient beaucoup plus complexes.
02:24C'est un peu comme dans le livre 50 Shades of Grey,
02:27donc il y a différentes nuances et l'une de ces nuances,
02:29c'est que maintenant la fintech peut travailler, soutenir les banques,
02:33mais aussi être en concurrence avec les banques.
02:35Et donc, c'est à peu près à ce stade que nous sommes.
02:37Maintenant, la raison pour laquelle je dis qu'on n'est pas arrivé encore au bout du chemin,
02:40c'est que les business models, que ce soit des banques aussi bien que ceux des fintechs,
02:46est encore à déterminer.
02:47Pourquoi ?
02:48Parce qu'aujourd'hui, les fintechs, aujourd'hui dans leur immense majorité,
02:51sont toujours loss-making.
02:52Donc, si elles veulent perdurer, il va falloir trouver un business model
02:56qui soit viable sur le long terme.
02:58Et parallèlement à cela, les banques elles-mêmes ont un vrai problème de profitabilité
03:02puisqu'en fait, en 10 ans, entre 2009 et 2019,
03:05les banques ont vu dans la zone euro,
03:08leur return on equity baisser de 7,3% à 5,4%.
03:14Donc, il y a une baisse de profitabilité malgré le phénomène fintech
03:17ou peut-être à cause du phénomène fintech.
03:19Et donc, elles sont obligées de revoir leur approche
03:22et de voir leur mode de collaboration avec ces fintechs.
03:26Vous dites la moitié du chemin, on peut s'attendre à quoi à la fin du chemin ?
03:30C'est une bonne question.
03:31J'ai laissé la boule de cristal à la maison,
03:33mais avant de partir, je l'avais un tout petit peu consultée
03:36et je pense que ce que l'on va voir, ça va être une plus forte intégration
03:40des fintechs dans les banques.
03:43Pourquoi ? Parce que, ça va peut-être embêter les copains de la fintech,
03:47mais les banques sont là pour rester.
03:50Simplement, elles vont devoir se transformer fondamentalement.
03:53Un élément simple, c'est l'OPEX.
03:55Les banques, pendant des années, avaient des départements IT qui étaient colossaux.
04:00Une banque pour laquelle j'ai travaillé, à un moment, était très fière de dire
04:04au Royaume-Uni, nous avons plus d'IT guys que HP.
04:08C'était 40 000 personnes quand même.
04:10Donc, ça fait réfléchir.
04:11Maintenant, on peut se dire, est-ce que c'est véritablement la raison d'être
04:14d'une banque de faire autant d'IT ? Première question.
04:17Deuxième question, comment dépense-t-on cet argent ?
04:21Il y a un grand jeu aujourd'hui.
04:22On monte de très beaux budgets pour l'investissement dans l'IT.
04:29La seule chose, c'est que 90-95% de ces investissements
04:33sont là pour maintenir l'héritage technologique,
04:37mais plus vraiment pour innover.
04:39De plus en plus, les banques étant elles-mêmes sous pression
04:42au niveau de leur profitabilité, doivent outsourcer leur CAPEX
04:47et du coup, le transformer en OPEX.
04:49C'est là que les startups arrivent pour pouvoir dire,
04:52nous allons innover pour vous, nous allons faire ces investissements,
04:56mais en contrepartie, vous allez nous payer de façon régulière,
05:00ce qu'on appelle les ERA, pour tout simplement nous permettre
05:03de faire notre job.
05:05Finalement, on arrive à mutualiser les efforts d'investissement
05:08puisque ces fintechs vont faire cet investissement
05:11et le proposer à différentes banques à la fois.
05:13Je ne vais pas dire qu'on arrive à un mode call-cause,
05:15ce serait un tout petit peu anachronique,
05:17mais en tout cas, on collectivise un tout petit peu, je pense, l'investissement.
05:21Avec une dynamique d'impartition.
05:24Tout à fait.
05:25On outsource, mais en même temps, on est en alliance
05:27et on coopère.
05:29Extrêmement intéressant.
05:30Merci à vous.
05:31Avec plaisir.
05:38Sous-titrage Société Radio-Canada

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