[Vidéo] Agriculture du vivant
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour François Mulet, vous êtes agronome, fondateur de verres de terre production,
00:04fondateur de maraîchage de sol vivant et un des fondateurs aussi de l'association
00:09l'agriculture du vivant. Qu'est-ce que c'est l'agriculture du vivant ?
00:12Alors l'agriculture du vivant c'est je dirais une tentative de faire un peu front commun entre le
00:21maraîchage sol vivant, le semis direct sous couvert, l'agriculture de conservation, la permaculture,
00:25l'agroforesterie, les verres de terre et les mycorhizes n'oublions pas et globalement toute
00:33cette tendance agroécologique qui est en train d'émerger et l'idée d'agriculture du vivant c'est
00:39donc de créer un modèle agricole, des techniques agricoles qui soient basées sur les principes de
00:45la fertilité naturelle des sols en fait, vraiment les principes naturels des sols pour retrouver
00:49une certaine auto fertilité dans les sols. Donc on regroupe toutes ces techniques là pour essayer
00:53de développer un mouvement qui va favoriser ces techniques agricoles. 2019 c'est l'année des
00:58premières rencontres internationales de l'agriculture du vivant, quels ont été les messages forts de
01:02l'événement ? Alors on a organisé cet événement parce qu'on a senti que c'était le moment de
01:07faire connaître l'ensemble des démarches qui allaient dans notre sens et donc on a réuni 65
01:14spécialistes du sol vivant, de la valeur nutritive, de l'agronomie, même de la thermodynamique et de
01:20la physique quantique parce qu'on avait besoin de creuser un peu certains sujets. Donc les messages
01:24forts ça a été tout d'abord que je dirais c'est en train de bouger sur tous les continents. On
01:29avait des gens du Canada, des Etats-Unis, des Français et tout le monde était franchement
01:34d'accord sur en fait ce qu'il fallait faire, c'est à dire qu'il n'y a pas chacun sa petite vision de
01:38l'agroécologie, son petit bidule et son chose. Tout le monde est d'accord, il faut couvrir les
01:42sols avec des plantes tout le temps, il faut jamais que les sols soient nus, il faut faire
01:46de la photosynthèse, il faut arrêter de les travailler parce que c'est extrêmement néfaste
01:50de les travailler. Il faut au contraire nourrir les vers de terre pour que ce soit justement
01:54l'activité biologique qui travaille les sols, les vers de terre. L'autre message fort je dirais ça
01:59a été qu'on va commencer, puisqu'on commence à avoir des sols vivants, on va commencer à faire le
02:03lien avec la valeur nutritive des produits. Donc on a fait venir des spécialistes de la
02:08nutrition qui nous ont montré très clairement quand est-ce que et pourquoi il y avait un lien
02:14entre la densité nutritive des produits et les techniques agricoles qu'on développe en amont.
02:19Donc on a discuté de ça et aujourd'hui le lien est clair, c'est à dire sols pauvres en vie,
02:24nutrition pauvre en vie et inversement dès qu'on reconstruit biologiquement nos sols,
02:29en fait on se retrouve avec des aliments très nutritifs. Alors c'est des débats compliqués
02:35mais on voit cette relation qui arrive petit à petit. Et l'autre message fort c'est qu'on va
02:40commencer à pouvoir le mesurer, en fait mesurer cette valeur nutritive et mesurer la valeur
02:45biologique des sols. Puisqu'aujourd'hui en fait on travaille beaucoup dans toutes les chartes,
02:49les multiples labels avec des indicateurs de moyens. On se dit si j'utilisais tel outil
02:54probablement que ça serait mieux, si j'avais telle pratique probablement que ça irait dans le bon
02:57sens, si j'utilisais un peu moins de chimie probablement que je ne sais pas quoi. Et en fait
03:02le problème c'est qu'on ne mesure pas les résultats et donc on reste très souvent quand même dans une
03:07certaine expectative, on se demande un peu où est-ce qu'on va. Donc là l'autre message fort
03:11vraiment de notre rencontre ça a été de dire que tout ça on va pouvoir le mesurer et le mesurer à
03:15bon marché. C'est à dire qu'on voit arriver sur le marché beaucoup d'outils qui vont nous permettre
03:18de mesurer à la fois la qualité des sols, la valeur nutritive, à des coûts de défi en toute
03:22concurrence. Et c'est d'ailleurs pas impossible, on peut imaginer, je suis même à peu près sûr que
03:27d'ici cinq ou dix ans on ait ces outils là qui soient dans nos smartphones comme on a des appareils
03:32photos, des gps etc. C'est quelque chose qui va rentrer dans l'air du temps. Et donc ça je pense
03:38que c'était peut-être le message le plus fort à la fin, c'était de dire qu'on avait réussi à faire
03:42un nouveau modèle agricole, qu'on commençait à faire un lien avec l'objet même de l'agriculture,
03:46à savoir faire de la valeur nutritive et de la nourriture, et qu'on allait pouvoir le mesurer et
03:50que ça allait devenir une réalité. Et les agriculteurs qui s'intéressent à l'agriculture
03:54du vivant, quelles sont les perspectives de ces rencontres ? Comment les accompagner ? Est-ce
04:02qu'on entend parler de la création d'un label agriculture du vivant ? Est-ce que vous pouvez
04:07nous en dire un peu plus ? Oui alors c'était l'objet de ces rencontres en fait, c'était de faire
04:11un état des lieux justement de toutes ces thématiques pour qu'on se décide dans nos actions
04:18qu'est-ce qu'il allait falloir faire maintenant qu'on a fait un peu un état des lieux, qu'il y a
04:22un certain consensus sur la direction à prendre. Alors effectivement tous les agriculteurs qui
04:28aujourd'hui font l'effort de changer de pratique agricole, de se mettre des couverts végétaux, de
04:32faire des cours d'agronomie, de toutes ces choses là, et bien malheureusement on a l'habitude de
04:38dire ils vont mélanger tout dans la même fosse le jour de la moisson qu'avec les autres agriculteurs.
04:44Donc toute la production va aller dans la même fosse et il n'y a aucune valorisation en fait des
04:49produits alors que dans d'autres techniques agricoles on a des valorisations comme dans
04:53les chartes diverses et variées, les labels bio etc. Et donc effectivement c'est dans l'air du
04:58temps, c'est dans la réflexion de beaucoup d'acteurs de se dire comment on va valoriser
05:02notre démarche qui est une réelle démarche agronomique, on va retrouver des sols biologiquement
05:07en bon état, en bon état biologique, mais on sent qu'on est en train de changer d'air, c'est à dire
05:17que justement on veut pas partir sur des indicateurs de moyens, on veut plutôt s'orienter vers des
05:22indicateurs de résultats et ce qu'on propose nous c'est pas quelque chose comme le label bio où je
05:28suis dedans, je suis dehors, je rentre dans le cahier des charges ou je rentre pas dedans. On sait
05:33que la transition vers les sols vivants elle est longue, pour reconstituer 200 tonnes d'humus à
05:37l'hectare c'est quelque chose qui prend des décennies des fois, si on s'y prend bien ça peut
05:41être un peu plus court mais c'est quand même long et donc ça nous semblait pas très cohérent de faire
05:45un cahier des charges figé où on rentre où on n'est pas dedans. Et donc en fait on pense beaucoup
05:51plus aujourd'hui à une démarche d'accompagnement technique dans un premier temps avant d'avoir un
05:56label consommateur qui arrivera peut-être un jour, je le souhaite de tous mes voeux, parce que
06:00justement on mesurera cette valeur nutritive et donc on pourra dire j'ai telle valeur nutritive
06:04sur ma carotte, sur ma pomme de terre, sur mon blé et donc je suis dans mon cahier des charges. Encore
06:10eut-il fallu savoir ce que c'est que la bonne valeur nutritive, là il y a encore un certain débat,
06:14un certain flou sur qu'est ce que c'est qu'un bon produit, combien de vitamines c'est, combien de
06:18sucre, combien de polyphénol, je ne sais pas quoi. Donc on est plus parti sur une démarche
06:23d'accompagnement qui dans le cadre du label agriculture du vivant aujourd'hui se fait sur
06:27la filière longue, c'est à dire qu'on travaille avec des distributeurs, des coopératives, plein
06:32d'acteurs de l'agroalimentaire et on aide leurs producteurs qui ont envie de se lancer dans la
06:37démarche, bon qui sont incités de différentes manières mais qui ont envie de se lancer dans
06:41la démarche, on les accompagne techniquement en fait pour cette transition vers le sol vivant et
06:45faire en sorte qu'ils ne soient pas tout seuls à prendre des risques et donc se pose toute la
06:49question d'étendre aussi cette notion de labellisation à une sécurisation des prix,
06:55une contractualisation plus longue, une véritable reconnaissance par toute la filière en fait de la
07:00démarche. C'est à dire que c'est pas juste l'agriculteur qui change de démarche et puis
07:03après il est noyé au milieu des autres, c'est vraiment l'ensemble de la filière qui bouge pour
07:07essayer de reconnaître le travail de l'agriculteur. Donc on n'a pas encore totalement décidé comment
07:12on allait s'y prendre mais le fait est qu'on a déjà mis en marche les démarches d'accompagnement,
07:15on a déjà rédigé les cahiers des charges qui permettent année après année de changer de
07:20pratique avec toutes les itinéraires techniques et les conseils techniques qui vont avec. On l'a
07:23fait sur beaucoup de filières, on travaille notamment beaucoup sur la vigne, la pomme de
07:26terre, les légumes sous serre, plein champ etc. Donc on a déjà des groupes pilotes très avancés
07:32avec certains de nos partenaires mais on n'est pas encore au stade je dirais d'un label consommateur
07:39puisque notre objet ça va être à la fin de mesurer la valeur nutritive pour résoudre enfin ce
07:43débat de la qualité de ce qu'on mange et là on attend justement l'évolution un peu des outils
07:50techniques pour réussir à mesurer bon marché, à faible coût, la valeur nutritive des produits.
07:55En grande culture c'est la même démarche qui est ici ?
08:02Oui alors nous on travaille sur toutes les filières, l'objet d'agriculture du vivant c'est vraiment de
08:06travailler sur toutes les filières donc d'ailleurs la grande culture c'est une des filières les plus
08:11avancées en fait on se met direct sous couvert en agriculture de conservation donc techniquement
08:15c'est plus un sujet en grande culture on sait à peu près tout faire il va rester des cultures très
08:19spécifiques comme la pomme de terre où on a beaucoup de travail du sol et donc on travaille
08:25d'arrache-pied sur ces filières là pour essayer de trouver des solutions parce qu'en fait
08:29bon typiquement la pomme de terre c'est assez drôle on se rend compte que nos techniques de
08:33mise en culture des pommes de terre datent de Parmentier, ça a 200 ans, ça fait 200 ans qu'on
08:36fait des buttes et qu'on met des pommes de terre dedans alors c'était très malin à l'époque comme
08:39manière de voir les choses avec le même outil on faisait les sillons, on faisait les butois, on
08:44ramassait les pommes de terre et on faisait le désherbage en plus il n'y avait même pas de
08:47désherbant les pommes mais ça fait 200 ans et on se rend compte que la pomme de terre c'est
08:53quand même une culture où il y a beaucoup de travail du sol qui dégrade beaucoup les sols et
08:56c'est des verrous techniques qu'il faut qu'on lève parce que les céraliers qui font de la
09:00céréale en se mettent direct sous couvert si dans la rotation ils ont des pommes de terre c'est
09:03quand même très compliqué de préserver tout le capital biologique qu'ils ont acquis avec des
09:08années de travail sur la céréale et ils le perdent avec la pomme de terre en fait. Donc oui c'est
09:13toute filière confondue et même l'élevage et surtout l'agroforesterie il faut ramener l'arbre
09:18aussi dans nos systèmes. Merci beaucoup François Mulet et bon courage pour tous ces projets.