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00:00Parce qu'en fait on a une forme d'inertie l'électorat. Un sondage au DOXA qu'on a beaucoup cité avant le premier tour et qui était extrêmement important
00:06montrait que 47% des français voulaient faire barrage au Nouveau Front Populaire.
00:1044% à Emmanuel Macron, 41% au Rassemblement National.
00:13En fait, on a trois blocs et trois épouvantails.
00:16Et chacun de ces épouvantails effraie les deux autres blocs. Les épouvantails s'appellent Macron, Mélenchon et Jordan Bardella ou Marine Le Pen, le RN de façon générale.
00:23Donc c'est le ni, ni, ni.
00:24Exactement. Et ça crée des effets de blocage.
00:26Et là en effet, on a un bloc qui est arrivé un peu devant les autres, le Nouveau Front Populaire, mais il est radioactif, notamment la France Insoumise, pour le centre.
00:32Et donc il n'y a pas vraiment d'alliance possible.
00:34D'où le blocage.
00:35D'un point de vue institutionnel, vous savez, la Quatrième République, elle ne tombe pas à cause de ses institutions.
00:40La Quatrième, elle ressemble beaucoup au régime parlementaire voisin.
00:43Elle tombe parce que vous avez 30% de communistes et 15% de gaullistes et que personne ne veut s'allier avec eux.
00:47Parce que guerre froide et parce que De Gaulle refuse des institutions.
00:50Et donc forcément, vous faites des alliances de briques et de brocs et vous rentrez en crise politique, on en est aujourd'hui un peu là.
00:55On a 35% de RN, 15% de la FI et les alliances sont impossibles entre ces blocs et le centre.
01:02D'où une crise dont on n'est pas tout à fait sorti, je le crains.
01:0477% des Français sont inquiets. Ils ont raison d'être inquiets, Benjamin.
01:08Je crains que oui, c'est-à-dire que ce climat politique, cette assemblée ingouvernable va poser des problèmes à court terme assez importants.
01:15Je ne vois pas actuellement quel gouvernement peut tenir de manière structurelle.
01:19Vous nommez quelqu'un de Nouveau Front Populaire ?
01:21J'entends plein de noms, c'est merveilleux. De Clémence Guettet à Olivier Faure, c'est très bien, ça tient 48 heures.
01:27Pourquoi ?
01:28Parce qu'une motion de censure est présentée, il faut 48 heures pour la voter, elle est votée.
01:33Et Ensemble et le RN se retrouveraient probablement pour censurer un tel gouvernement.
01:38Et on a un vrai sujet avec le budget.
01:40En septembre, le budget ?
01:42Exactement. A partir du 1er octobre, il faut le voter surtout avant le 31 décembre.
01:47Pour arriver à construire une coalition de briquettes brocques, même derrière un gouvernement technique, il va falloir aller du PCF au LR.
01:55Imaginez Eric Woerth et les communistes se mettre autour d'une table et élaborer un budget commun.
02:01On va rigoler.
02:02Donc forcément, on va avoir des situations politiques qui vont être assez compliquées dans les prochains mois,
02:07et au moins pendant un an, un blocage.
02:10Dans un an, on peut redissoudre, mais au vu du paysage politique que j'évoquais tout à l'heure,
02:14je ne suis pas sûr qu'une nouvelle dissolution donne un parlement plus gouvernable.
02:17Alors justement, Bruno...
02:19Je suis désolé que tu déprimes vos auditeurs.
02:20Non, mais c'est pas... Vous savez, il faut être lucide.
02:22On est là aussi pour écouter de la musique, on en écoutera tout à l'heure.
02:26Bebe a fait toute une liste, toute une playlist de chansons d'été,
02:30totalement farfelues, et d'autres moins farfelues d'ailleurs,
02:33parce que ça rappelle chacun à sa Madeleine de Proust.
02:35Mais vous savez, il faut être clair, et c'est la raison pour laquelle vous êtes là, Benjamin Morel,
02:41et les auditeurs vont vous poser des questions.
02:43Ce que je voulais vous dire, c'est, en résonance avec ce que vous venez de dire,
02:46comment est-ce que... C'est vrai qu'à un moment donné,
02:49on peut très bien se demander comment est-ce qu'on fait pour mettre un rond dans un carré, ou l'inverse.
02:53Comment est-ce que vous voulez que des forces de gauche,
02:57avec une idéologie, des convictions, des bases électorales et politiques ancestrales,
03:04peuvent s'entendre avec des forces politiques totalement contraires ?
03:08Écoutez ce que disait Bruno Rotaillot, il était l'invité de Laurence Ferreri ce matin sur CNews.
03:13Quand je vois les écologistes, ou même les socialistes, ont signé avec El-Effi,
03:18un programme ultra-gauchiste, et ce que je veux dire aux Français,
03:22c'est que nous, on ne peut pas nous associer à des mesures que nous réprouvons.
03:25Par exemple, sur l'immigration, nous, on veut la réduire.
03:29Eux, ils veulent l'augmenter, ils veulent même créer un statut de réfugiés climatiques.
03:32Il y a 250 millions d'êtres humains en France,
03:35dans le monde, sur la planète, qui pourraient en bénéficier.
03:39Ce n'est pas possible. Ils veulent donner le droit de vote aux élections locales, aux étrangers.
03:42Nous, on ne le veut pas. Ils veulent moins travailler, passer par exemple de 35 à 32 heures,
03:47abroger la réforme des retraites, ce qui créerait, en termes de pouvoir d'achat pour les retraités,
03:52une sorte de Big Bang, etc. Donc, on ne peut pas non plus gouverner entre la carpe et le lapin.
03:57Un gouvernement et un cap, ça nécessite une cohérence.
04:02Et ce ne sont que quelques exemples, Benjamin Morel.
04:04Oui, bien sûr, et on ne va pas tout à fait se mentir, parce que j'entends beaucoup de sujets.
04:08On dit, on va faire un grand gouvernement de l'Union Nationale, vous allez voir, ça va être merveilleux.
04:11Et ça va permettre de travailler pour le pays à des vrais sujets de fond,
04:15sur l'immigration, sur la retraite, on va trouver des consensus communs,
04:18si vous voulez faire exploser votre gouvernement.
04:21Des sujets aussi consensuels que l'immigration et les retraites,
04:24ce n'est pas vraiment à mettre sur le devant de la scène.
04:26Donc, si jamais on arrive à faire voter un budget au mois de décembre,
04:30je crois que quoi qu'il arrive, on pourra s'estimer extrêmement heureux.