Dans Europe midi, Thomas Schnell et ses invités débattent de dernières informations.
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00:00Europe 1 13h continue jusqu'à 14h avec Thomas Chenel. Il est 13h19, place au débat avec l'avocat de Sarah Salmane et l'écrivain et journaliste Vincent Roy.
00:10Bonjour à vous, merci d'être avec nous en ce mardi 30 juillet. On se demande jusqu'où les comptes de l'Elysée pourraient déraper.
00:17La Cour des comptes s'alarme du déficit de plus de 8 millions d'euros dans le budget de la présidence.
00:23Les magistrats financiers reprochent la progression des dépenses et la multiplication des réceptions organisées par la présidence de la république.
00:32On en fait trop ? Le faste de la République a ses raisons que la raison ignore. Je ne sais pas si on en fait trop.
00:45Il faut montrer de sa superbe alors c'est peut-être pour cela qu'Emmanuel Macron a été un peu dispendieux.
00:53C'est des localisations à Versailles qui ont coûté assez cher. Je suis en train de chercher les chiffres.
01:00On peut en donner quelques-uns. Au total, 125 millions d'euros dépensés l'an dernier en 2023 pour 171 réceptions.
01:12Il y en avait eu 149 réceptions en 2019. Une progression trop importante selon les magistrats.
01:21C'est normal qu'on utilise l'argent public de cette manière ?
01:24Est-ce que c'est normal ou pas ? Je ne sais pas mais il y a des chiffres qui font presque mal aux Français.
01:28Quand je lis que par ailleurs la cave présidentielle comporte près de 14 000 bouteilles dont la valeur en stock est estimée à 500 000 euros.
01:35Quand on sait que nous avons des Français qui ont du mal à finir le mois, qui gagnent le SMIC, je peux comprendre que ces chiffres leur donnent de l'urticaire.
01:41Est-ce qu'on en fait trop ? Quand on reçoit des chefs d'État, d'un point de vue diplomatique, c'est normal d'en faire trop.
01:49Mais il y a aussi des choses qui sont complètement indécentes. 500 000 euros pour des bouteilles, je pense qu'on peut en faire un peu moins.
01:56Cette cave n'a pas été constituée par Emmanuel Macron. Elle a été établie par les différents successeurs.
02:04Mais c'est vrai qu'il y a eu certaines cérémonies qui ont été chères.
02:07Je ne suis pas d'accord avec ça. Emmanuel Macron n'est pas responsable de la cave de l'Elysée.
02:12Je peux vous donner d'autres chiffres que la cave ?
02:14Les produits du terroir français qui a disparu. On n'a pas vanté le terroir français durant la cérémonie pour les Jeux Olympiques.
02:25C'est passé à la trappe. Mais le terroir français, c'est quelque chose de très important. Les produits français sont très importants.
02:30Je vais vous donner d'autres exemples.
02:33Lorsqu'on reçoit, on doit servir des vins magnifiques. Je ne suis absolument pas choqué.
02:42Quant au fait qu'il y ait des Français qui sautent un repas sur deux, on ne se pose pas la question lorsqu'on va dîner au Grand Véfours.
02:55Après, on a augmenté le nombre des réceptions. Alors que tout le monde doit serrer la ceinture et réduire le budget, ça me paraît plus juste.
03:09Je vais vous donner d'autres chiffres. Parmi les six événements les plus onéreux à l'Elysée en 2023, trois ont été ouverts au public.
03:15Les Français ont pu en profiter. L'exposition du Fabriqué en France, 233 000 euros.
03:20Fête de la musique, 210 000 euros. Les Journées européennes du patrimoine, 208 000 euros.
03:24Ceux qui ont coûté le plus cher, ça reste les visites d'Etat qui ont été organisées, notamment celle du souverain britannique Charles III.
03:32On parle de 474 000 euros. C'est important. 166 000 euros de traiteurs, notamment, pour revenir sur ces produits.
03:40Ça ne me choque pas à haute mesure, mais ça me fait penser un peu à l'écologie. L'écologie, si vous vous souvenez, on nous disait
03:44vous allez tous vous mettre à 19 degrés, mais nous on ne va pas faire d'effort. Là, c'est un peu ça.
03:48Vous allez tous faire un effort, mais nous on va se contenter. On prend note de ce qu'a dit la Cour des comptes.
03:53Ça, je suis assez d'accord.
03:55On prend note, mais bon, finalement, ce n'est pas si grave, ça va. C'est comme l'écologie, c'est la même chose.
04:00On nous fait des leçons de morale à nous. Dès qu'on fait un truc, si on n'a pas le QR code, croyez-moi, l'amende, on l'a comme il faut.
04:05Mais là, en revanche, ils se disent, OK, la Cour des comptes a dit ça, très bien.
04:09Sur le deux poids, deux mesures, il y a un côté, faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.
04:13Plus 13% d'invités et plus 20% de dépenses par invité, c'est ça ? On n'a pas la notion de la sobriété au sommet de l'État ?
04:21Non, mais je crois que de toute façon, vous savez bien, on le dit à longueur d'antenne, il y a une déconnexion du réel qui est avérée.
04:28Bon, ça, voilà, nul doute. Mais c'est vrai que sur le fait qu'on ne fasse pas attention alors qu'on demande aux Français de produire des efforts,
04:37ça, ça n'est pas sans poser problème, puisque dès lors qu'on a des responsabilités nationales et les responsabilités d'un chef d'État,
04:44on se doit à tout le moins de montrer l'exemple.
04:46Oui, c'est ça. En fait, ce n'est même pas la somme qui me gêne pour le rayonnement international, je peux tout à fait le comprendre,
04:50je ne suis pas envieuse ni jalouse, mais quand je vois des restaurateurs qui galèrent, qui se disent comment je vais faire,
04:55et que de l'autre côté, on leur dit, nous, la Cour des comptes nous dis sommes, ce n'est pas bien grave, on va faire attention.
05:00Le deux poids, deux mesures est effectivement assez gênant.
05:02Alors, on a tendance peut-être à y faire référence trop souvent, mais on a eu un locataire de l'Élysée qui amenait ses propres assiettes
05:08pour ne pas user les couverts de la République.
05:10Le général de Gaulle.
05:11Exactement. Faudrait-il peut-être en revenir là ?
05:15Il paraît que le général de Gaulle, lorsqu'il recevait sa famille, c'est-à-dire ses enfants, ses petits-enfants, etc.,
05:21payait lui-même de manière à ce que cette micro-réception familiale ne pèse pas sur les charges de l'État,
05:30et il s'en acquittait lui-même.
05:32On a changé d'époque, et on a changé de morale, et on a sans doute changé de vertu.
05:39Emmanuel Macron devrait-il plutôt se rendre au touquet, comme le général de Gaulle se rendait à Colombay-les-Deux-Églises, plutôt qu'à Brégançon ?
05:45Non, il fait ce qu'il veut, qu'il se rende au touquet ou ailleurs, ça ne me gêne pas particulièrement.
05:49Mais si je ne dis pas d'erreur, le salaire du président de la République et du Premier ministre ont déjà été baissés il y a quelques années.
05:55Donc, des efforts ont été faits, mais qu'il paye lui-même ses assiettes, qu'il prenne du Ikea ou du Baccarat,
05:59j'ai envie de vous dire, moi, ça ne me change pas grand-chose.
06:02C'est plus la façon dont c'est perçu par les Français.
06:04C'est la réaction à la Cour des Comptes.
06:07La Cour des Comptes leur dit, voilà ce qui ne va pas, oui, on prend note.
06:10La réaction, ça ne va pas, surtout vu la période actuelle, l'inflation, le pouvoir d'achat.
06:14Vous avez beaucoup de Français qui ne partent pas en vacances et qui font des sacrifices permanents.
06:18Et peut-être un petit détail, il me semble que ce n'est pas Baccarat ni Ikea, c'est la manufacture de sève.
06:24C'était une façon de parler.
06:25Alors, pour que les auditeurs relativisent peut-être un petit peu, on parle donc de 125 millions d'euros dépensés en 2023.
06:32Ça pèse peu sur le budget de l'État qui est, rappelons-le, de 400 milliards d'euros par an.
06:37Les retraites de tête, c'est plus de 300 milliards d'euros que l'on dépense.
06:43Bon, évidemment, ce n'est pas comparable.
06:45Les retraites sont un droit acquis.
06:47Le remboursement de la dette, on est entre 170 et 200 milliards d'euros par an également.
06:53Donc, 125 millions d'euros, bon, finalement...
06:56On peut penser aussi qu'il n'y a pas de petites économies.
07:01Et c'est que c'est en commençant par là qu'on va en faire de plus somptuaires.
07:06C'est à chacun de faire un petit peu sa part des choses.
07:09Il y avait déjà eu des articles, je regarde, en 2017, Emmanuel Macron, c'était 26 000 euros de factures de maquillage.
07:14Donc, quand on entend ça comme ça, ça nous semble exorbitant.
07:17Après, finalement, si on répartit, ce n'est pas tant que ça.
07:19Donc, il faut aussi faire attention aux chiffres.
07:21Et puis surtout, il y a un écueil, il ne faut pas, je crois que nous ne l'avons fait ni l'un ni l'autre,
07:25je crois qu'il ne faut pas tomber dans la démagogie.
07:30C'est l'écueil lorsqu'on regarde ces chiffres.
07:33Alors, évidemment que chacun doit faire un effort, c'est entendu.
07:38Et au sommet de l'État, on peut considérer aussi que l'effort doit être plus important.
07:42C'est l'exemplarité.
07:43Voilà, c'est l'exemplarité.
07:44Mais autrement, ne faisons pas de démagogie.
07:47Il y a eu plus de réceptions, c'est sans doute justifiable.
07:49Il y a eu des voyages, et notamment la réception du prince Charles.
07:53Bon, voilà, on doit montrer un certain faste et on doit montrer qu'en France, on sait aussi recevoir.
07:59Le prestige aussi du président est important pour les Français.
08:03C'est très important.
08:04Puis quand il fait des voyages, il n'est pas en voyage au bord de la mer en train de ne rien faire et de profiter.
08:09C'est quand même des voyages de travail où il ne voit pas beaucoup l'hôtel dans lequel il est.
08:13Donc, ça me paraît tout à fait justifié.
08:15Et Emmanuel Macron, on pourrait dire qu'il doit voyager en classe économie.
08:18Je vais vous dire, vu tout ce que ça coûterait en sécurité, il vaut mieux qu'il voyage dans les conditions qui sont les siennes.
08:23D'autres dépenses qui posent question aujourd'hui, ce sont celles pour la modernisation des systèmes de traitement des eaux autour de la Seine.
08:31On en parle dans un instant dans Europe 1-13h, puisque les épreuves de triathlon pour l'instant sont suspendues au bon vouloir de la météo.
08:40On y revient, ce sera juste après toute l'actualité et juste après ça.
08:43A tout de suite.