Sur une surface dix fois plus petite que la métropole, la France d'outre-mer réunit autant d'espèces endémiques que l'Europe entière ! Mais pour combien de temps encore ? Biotiful Planète permet d'éveiller les consciences à la fragilité de nos écosystèmes.
Les richesses extraordinaires de la France d'outre-mer constituent un patrimoine fragile.
Dans la première saison, vous aviez découvert la biodiversité de la Guyane, de l'Océan Indien et de la Nouvelle-Calédonie.
Dans cette nouvelle saison, Biotiful Planète vous invite à découvrir les écosystèmes de la Polynésie, de St-Pierre et Miquelon et des Antilles, avec une nouvelle ambassadrice, Jéromine Pasteur.
Cette série reprend les principes qui ont fait le succès de Biotiful Planète : aventures humaines, découverte de la nature et du monde animalier, enquêtes sur le terrain...
Les richesses extraordinaires de la France d'outre-mer constituent un patrimoine fragile.
Dans la première saison, vous aviez découvert la biodiversité de la Guyane, de l'Océan Indien et de la Nouvelle-Calédonie.
Dans cette nouvelle saison, Biotiful Planète vous invite à découvrir les écosystèmes de la Polynésie, de St-Pierre et Miquelon et des Antilles, avec une nouvelle ambassadrice, Jéromine Pasteur.
Cette série reprend les principes qui ont fait le succès de Biotiful Planète : aventures humaines, découverte de la nature et du monde animalier, enquêtes sur le terrain...
Category
🐳
AnimauxTranscription
00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:31Ardeur du soleil, fraîcheur des pluies, crépuscules exquis,
00:35aubes silencieuses.
00:37Il fait bon vivre aux Antilles.
00:41Bonjour et bienvenue aux Antilles !
00:43Nés depuis des millions d'années,
00:45résultat de l'affrontement titanesque entre deux plaques tectoniques,
00:49l'arc Antillais est principalement volcanique.
00:52Dans cette région, les volcans sont des seigneurs à la tête couronnée de nuages.
00:57Véritables châteaux d'eau pour les îles,
00:59ils sont une source de vie.
01:01Grâce à eux, la nature déploie toute sa force, puissante, généreuse,
01:05souvent exubérante.
01:07Du haut des volcans jusqu'au récif corallien aux mille couleurs,
01:11s'étale une infinie variété de paysages, de faunes et de flores.
01:15De longs des rivages se concentrent toutes sortes de poissons
01:18et certaines espèces plus emblématiques,
01:21comme les baleines, les cachalots, les dauphins ou les tortues marines.
01:25La Martinique et la Guadeloupe sont des îles délicieuses à vivre,
01:28sous l'hospice d'un éternel été.
01:30Et au fil des mois, des milliers de visiteurs se succèdent
01:33pour profiter de cet enchantement.
01:36Pourtant, en débarquant aux Antilles, pour un jour, pour un an,
01:39n'oublions pas qu'ici, comme partout ailleurs, la nature est malmenée.
01:43Pour cette raison, ces deux joyaux de l'outre-mer
01:46sont des zones prioritaires pour le WWF,
01:49Organisation Mondiale de Protection de l'Environnement.
01:58Première étape de notre voyage, Madinina l'île aux fleurs,
02:01qui s'appelle désormais la Martinique.
02:07Je suis la route qui mène de Fort-de-France
02:09au premier contrefort de la montagne Pelée.
02:12Cet axe traverse une forêt d'altitude d'exception,
02:15car pratiquement en l'état dans lequel elle se trouvait
02:17il y a des centaines d'années,
02:19bien avant l'arrivée des premiers conquistadors.
02:21J'ai rendez-vous avec Philippe Joseph,
02:23un professeur de l'université de Pointe-à-Pitre,
02:26passionné par les systèmes forestiers des Antilles.
02:29Philippe, on est où exactement ?
02:31On est au milieu de la forêt humide,
02:34qui, comme tu peux le voir, est caractérisée
02:37par une lussuriance de pente qui pose sous les arbres,
02:40ce qu'on appelle des épiphytes.
02:42C'est l'arbre qui pose sur l'arbre ?
02:44Absolument. Et tout cela, c'est typique de la forêt humide.
02:47Une deuxième caractéristique, c'est que les arbres sont beaucoup plus grands.
02:50Cet arbre, il fait quoi ? 40 mètres ?
02:52Entre 30 et 40 mètres de haut.
02:54Il y a beaucoup de puits, donc il y a de la place pour tout le monde.
02:57C'est pourquoi c'est une zone de diversité très élevée.
03:00Autour de nous, il y aurait combien d'espèces d'arbres différents ?
03:04Sous le massif, environ 150.
03:07Et ça, c'est assez dense, 150 espèces différentes ?
03:10Oui, c'est très important, surtout une petite île aussi exiguë comme la Martinique.
03:15D'accord.
03:19Et cet arbre énorme, là, c'est quoi ?
03:22Cet arbre énorme, c'est un magnolia.
03:24C'est un arbre très vieux d'une ancienne forêt âgée.
03:27Cet arbre vivait jusqu'à 700 ans.
03:29C'est un arbre qui, actuellement, est mélangé à une végétation beaucoup plus jeune.
03:35Alors, 700 ans, cet arbre a connu les Amérindiens ?
03:39Oui, bien sûr, plusieurs générations d'Amérindiens.
03:42C'est fabuleux.
03:44Fougères arborescentes, enchevêtrements de lianes et de racines,
03:48une forêt tropicale envoûtante.
03:50Au nord de l'île, entre 300 et 600 m, loin de la présence humaine,
03:54accrochée aux pentes du volcan, cette belle forêt est relativement épargnée.
03:58Plus haut, les nuages s'attardent sur les sommets
04:01et la forêt tropicale abandonne le terrain au vent et à une impressionnante humidité.
04:10Philippe me propose d'aller découvrir un autre type de forêt.
04:13En chemin, le couvert forestier s'éclaircit progressivement.
04:17Ici, les pluies sont moins fréquentes et de ce fait, la civilisation plus conquérante.
04:22Ici se pose le défi de la cohabitation de l'homme avec la nature.
04:35J'ai vraiment l'impression de me retrouver au Pérot, moi, dans la forêt des Achamilcas.
04:39Oui, il y a quand même une certaine équivalence,
04:42puisque c'est aussi une forêt un peu humide.
04:45Ici, nous sommes dans la forêt mésophile.
04:47Mésophile, dis-moi !
04:49Mésophile, si on veut être très simple, c'est aimer les conditions moyennes.
04:53C'est une forêt qui, finalement, pousse là où les conditions de pluviométrie sont moyennes.
05:00Aux Antilles, comme partout où l'homme cultive la mémoire, chaque arbre a son utilité.
05:05Chaque espèce est rattachée à une légende qui remonte souvent au temps les plus anciens,
05:10ceux où vivaient les Indiens caraïbes.
05:13Ah, voilà un merveilleux balata !
05:16C'est drôle, hein ?
05:18Oui.
05:19Un vieux balata. Il sert à quoi, le balata ?
05:22Le balata, c'est un arbre qui était très, très, très représenté dans la phase primitive de la forêt.
05:28Et après, comme c'est un arbre réussi avec un bois assez dense, de belles couleurs,
05:32après, au début de la colonisation, cet arbre a été utilisé.
05:36Et il faisait quoi, des bateaux ?
05:38Plus ou moins des meubles et des meubles de la menuiserie, tout simplement.
05:44Donc, le balata, ce serait un peu un acajou ?
05:46C'est mieux qu'un acajou.
05:48C'est mieux qu'un acajou ?
05:49C'est mieux qu'un acajou, c'est beaucoup plus solide.
05:51Et le balata était complètement éradiqué de l'île.
05:55C'est un arbre qui est très rare en ce moment.
05:57On en a combien autour de la forêt ?
05:59Cette forêt-là, on en a dénombré, je crois, plus d'une cinquantaine.
06:03Ah, quand même !
06:04Cinquante, c'est pas beaucoup, c'est une petite population.
06:06Donc, on pense qu'avec la protection globale qu'il y a ici, cet arbre pourra, effectivement...
06:10Revivre ?
06:13Il a quel âge, cet auteur, là ?
06:14Eh bien, cet arbre-là, entre deux ou trois cents ans.
06:17Cet arbre a deux ou trois cents ans ?
06:19Oui.
06:20Waouh !
06:22Maximum respect !
06:23Alors, chez les amérindiens, il y avait quand même un petit rituel.
06:26Quand on était près d'un arbre ancien, considéré comme un arbre divin,
06:32il fallait embrasser l'arbre.
06:34Sans problème.
06:36Un arbre divin.
06:37C'est beaucoup d'honneur pour moi.
06:40Tiens le coup, hein.
06:42Plus proche des rivages, la forêt mésophile s'étend sur des pentes également escarpées.
06:46Mais ici, des conditions climatiques plus sereines et la proximité de la mer
06:50ont naturellement invité les hommes à s'installer.
06:53Et l'espace forestier est à chaque instant un peu plus grignoté par cette présence humaine.
06:59Depuis des dizaines d'années, la forêt mésophile de la Martinique perd de sa superficie.
07:03C'est une forêt en bonne santé, là ?
07:05En très bonne santé.
07:06On dit que c'est une forêt qui n'est pas très loin de ce que Christophe Colomb a pu percevoir
07:10en longeant la côte martiniquaise.
07:20Philippe me guide maintenant vers la pointe de la Caravelle, le long de la côte atlantique.
07:25Dans cette zone où les pluies sont rares,
07:27la végétation a adopté une stratégie particulière pour résister à la sécheresse.
07:34Ici, Philippe, on est dans la forêt sèche.
07:37Oui.
07:38La caractéristique, c'est quoi ?
07:39Alors, c'est une forêt qui est caractérisée par, comme tu peux le voir,
07:44des cimes sans feuilles.
07:47D'accord.
07:48Deuxièmement, d'autres arbres ont des feuilles rouges ou rosées.
07:52Et ça, c'est dû au fait qu'il n'y a pas beaucoup de pluies dans cette zone.
07:55Il ne pleut presque pas sur le bord du littoral ?
07:57Absolument.
07:58Il pleut très peu.
07:59Et comme il pleut très peu, il faut absolument une partie de l'année
08:02que ces arbres puissent se protéger contre la chaleur, contre la température.
08:08D'accord.
08:09Donc, ces arbres vont perdre leurs feuilles.
08:15Et Philippe, en fait, qu'est-ce qui s'est passé, là ?
08:17Alors, ça, c'est la conséquence de la déforestation.
08:21L'homme coupe la forêt.
08:23Les hommes ne peuvent plus maintenir mes clous.
08:26Les hommes ne peuvent plus maintenir mécaniquement le sol.
08:30Le sol s'en va par le ruissellement.
08:32Et après, on a cette roche mer, ce substrat infertile
08:37et qui continue à se dégrader.
08:39C'est fichu.
08:40C'est un désert.
08:41Absolument.
08:43Totalement irréversible, la désertification est le pire des ennemis.
08:46Et la forêt martiniquaise ne s'étend déjà plus que sur un tiers de la surface de l'île.
08:52Il est évident que notre responsabilité est engagée
08:55et que nos modes de vie ont un impact sur la nature.
08:58C'est à nous de décider, à chacun d'entre nous,
09:01de faire le choix de protéger ou de détruire.
09:04Toutes les forêts du monde sont en danger de disparition.
09:07Et notre avenir avec elles, leur sauvegarde, est une priorité.
09:11On a fait vraiment une belle balade à travers toutes les forêts de la Martinique.
09:14Tout à fait.
09:15Qu'est-ce qu'il faut faire pour que ces forêts demeurent ?
09:17Ces forêts sont menacées parce que les productions humaines progressent.
09:21Il faut savoir que la forêt, actuellement,
09:24occupe une surface très faible par rapport à sa surface.
09:28Combien il reste de forêt en Martinique ?
09:3020% de surface.
09:32Il faut absolument que cette forêt soit protégée parce que c'est une zone de grande diversité.
09:36Tout à fait.
09:37C'est ce qu'on appelle un hotspot.
09:38Tout à fait.
09:52Toujours dans le nord de l'île,
09:54Jérômine est en compagnie des gardes de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage,
09:59l'ONCFS,
10:01à la recherche d'un trésor.
10:05Le bijou, comme on le surnomme ici.
10:08L'un des fleurons de la faune martiniquaise.
10:11Pour l'instant, la diva se fait attendre.
10:14Jérômine,
10:15à la recherche d'un trésor,
10:17L'un des fleurons de la faune martiniquaise.
10:19Pour l'instant, la diva se fait attendre.
10:33Allez la belle !
10:38Ah, bien vu.
10:41Super.
10:42Et là, il saute.
10:43Ouais.
10:45Ah, c'est magnifique.
10:46C'est beau.
10:47C'est vraiment une belle migale.
10:51C'est une des plus belles migales du monde.
10:54On la traite souvent de petit bijou.
11:00La voilà, la matoutou-falaise.
11:02Lavicularia versicolor.
11:04Migale endémique de la martinique,
11:06qui se nourrit de cafards et de petites larves.
11:09Vous détestez les araignées,
11:11mais matoutou est inoffensive.
11:13Enfin presque,
11:14car quelques fois après l'accouplement,
11:16pour des raisons obscures,
11:17ou peut-être un petit creux compréhensible,
11:19les femelles dévorent leurs amoureux.
11:21Jérômine, viens voir la belle migale.
11:23Il y en a une ?
11:24Il y en a une.
11:27Elle est où ?
11:28Elle est là, sur le col.
11:29Ah, oh là là, la couleur !
11:31Là, on la voit bien.
11:32Elle est très colorée.
11:33On la voit vraiment, vraiment bien.
11:44Tu fais un petit tour ?
11:46Où tu vas, Fifi ?
11:49On t'embête, hein ?
11:50On t'embête beaucoup.
11:51Il y a un important trafic entre la martinique
11:53et certains pays européens,
11:55puisqu'on a constaté
11:57qu'il y avait des expéditions
11:59qui étaient faites depuis la martinique
12:01pour l'Europe,
12:02des expéditions,
12:03des colis avec des migales,
12:05avec des dizaines de migales vivantes,
12:07dans des petites boîtes en plastique.
12:09Il y a des gens qui achètent en Europe
12:11des migales vivantes ?
12:12C'est une espèce endémique à la martinique
12:15qui est très prisée en France
12:17et dans certains pays européens.
12:20Et il y a un commerce
12:22relativement important dans cette migale.
12:24Et comment ils ont trouvé, en fait, à la Poste ?
12:26Comment ça s'est passé pour découvrir
12:28les migales dans les enveloppes ?
12:30C'est le chien stupéfiant
12:32qui a signalé des enveloppes.
12:34Et le douanier, en vérifiant ces enveloppes,
12:37s'apprêtait à trouver des stupéfiants.
12:40Et en fait, il a trouvé des migales.
12:42Il y en avait combien ?
12:43Alors, il y a eu un premier envoi
12:45avec 94 migales vivantes.
12:47Et depuis, il y a eu une deuxième expédition
12:50avec 25 migales.
12:55Protéger la migale du trafic animalier
12:57n'est pas simple.
12:58Elle n'est pas bien grosse
13:00et Matoutou ne bénéficie pas
13:02du même capital sympathie
13:03que notre légendaire panda.
13:10Ici, la migale fait l'objet
13:11d'une protection réglementaire
13:13au niveau local.
13:14Par contre, elle n'est pas inscrite
13:16dans les annexes de la Convention de Washington,
13:18la CITES.
13:19Et donc, son commerce n'est pas réglementé
13:22à l'échelle internationale.
13:24Et, par voie de conséquence,
13:25une des conditions, une des possibilités
13:27pour protéger au niveau international
13:29cette espèce,
13:30ce serait de pouvoir travailler
13:32à son inscription à la CITES.
13:34La CITES réglemente et surveille
13:36le commerce international des espèces sauvages
13:38menacées d'extinction,
13:39faune et flore confondues.
13:41Cette convention et les organismes
13:43chargés de sa mise en œuvre
13:45contribuent à la protection
13:46de milliers d'animaux
13:47comme les baleines, les éléphants,
13:49mais également les coraux,
13:50de nombreuses plantes et bois exotiques.
13:52Au niveau des Antilles,
13:54il faudrait que la CITES se penche
13:56sur le risque d'extinction
13:57de l'avicularia versicolor
13:59et lui accorde au plus vite un statut
14:02qui en limiterait le trafic.
14:09C'est un animal qui n'est pas très parouche
14:11mais qui a peu de défense en plus,
14:13à part se réfugier dans des endroits inaccessibles.
14:20En attendant une protection internationale
14:22encore bien incertaine
14:23de la migale martiniquaise,
14:25sur l'île,
14:26les gardes de l'ONCFS
14:28essaient avec de maigres moyens
14:30d'en limiter le trafic.
14:32Aujourd'hui,
14:33la totalité de l'effectif de surveillance
14:35accompagne Jérômine.
14:37Elle seule, ces trois personnes
14:38ne peuvent pas protéger
14:39toute la biodiversité de la Martinique.
14:43Elle a fermé sa porte.
14:44Elle est dedans.
14:45Je la vois là.
14:46Attends.
14:47Ah oui !
14:49On voit les papattes.
14:50Absolument.
14:51Celle-là vit dans un arbre.
14:53Voilà, celle-ci est arboricole.
14:55Elle vit dans les arbres.
14:57Elle a un oeuf.
14:58Elle est en train de...
15:00Elle est en train, oui, oui,
15:02de faire des petits,
15:04de se reproduire.
15:08Musique douce
15:28Les collectivités françaises d'outre-mer
15:30enferment une richesse en biodiversité
15:32absolument exceptionnelle.
15:34Tout l'endémisme
15:35de ces collectivités d'outre-mer
15:37dépasse l'endémisme
15:38de toute l'Europe continentale.
15:40C'est-à-dire qu'on a plus de plantes
15:42qui n'existent que dans les Antilles
15:44que ce qu'on peut trouver d'uniques
15:46en Europe continentale.
15:47Donc, c'est effectivement
15:49une chance extraordinaire
15:50pour la France,
15:51mais c'est aussi
15:52une responsabilité particulière
15:54parce que ce patrimoine,
15:55il faut pouvoir le protéger,
15:56le conserver et le transmettre.
16:01Musique douce
16:05Un papillon butinant l'océan Atlantique,
16:07deux îles réunies
16:08par une étroite bande de limons,
16:10c'est la Guadeloupe.
16:12Nous survolons la pointe des châteaux.
16:14Gapes tourmentés et majestueux,
16:16plantés face à l'Est en plein vent d'Alizé.
16:19Courte escale aérienne
16:20pour admirer la grandeur de la nature.
16:24Mais éloignons-nous pour un instant
16:26des côtes de la Guadeloupe.
16:27Ce soir, la lune est pleine
16:29et complice,
16:30elle va nous aider à surprendre
16:32sans le déranger
16:33l'envol des chauves-souris
16:34au Trou à Diable,
16:36sur l'île de Marie-Galante.
16:42Trou à Diable,
16:44c'est une grotte dissimulée
16:45en plein bois
16:46au centre de Marie-Galante.
16:48De là, chaque soir,
16:49par milliers,
16:50s'éparpillent alentour
16:51ces petits mammifères volants.
16:54Rapides, précises,
16:56elles s'élancent
16:57au sortir de la grotte
16:58sans jamais se heurter.
17:01Vous voulez les voir de plus près ?
17:03Alors retour en Guadeloupe.
17:05Au pied du volcan de la Soufrière,
17:07lorsque la nuit est bien noire,
17:09le Dr Ibené, vétérinaire,
17:11tend ses filets
17:12pour en capturer quelques-unes.
17:14Béatrice Ibené,
17:15et c'est pour elle une passion,
17:17étudie les chauves-souris
17:18encore mal connues
17:19et pourtant précieuses
17:20à nos écosystèmes.
17:30C'est pas facile
17:31d'étudier les chauves-souris.
17:33Il y a la méthode
17:34par capture au filet.
17:35On a été formés spécialement
17:39parce qu'en fait,
17:40c'est des petites bêtes
17:41extrêmement fragiles,
17:42il ne faut jamais l'oublier.
17:47C'est trop mignon.
18:01C'est une petite bête
18:03qui est endémique des petites antilles,
18:05qu'on ne retrouve que
18:06dans les petites antilles,
18:08et nul part ailleurs au monde.
18:10Elle fait un grand parcours ?
18:11Quand elle part chasser ?
18:13Celle-ci, on ne sait pas
18:14parce qu'on manque des tubes.
18:16Mais d'autres espèces
18:17de la même famille
18:18vont faire jusqu'à une quarantaine
18:20de kilomètres chaque nuit
18:21pour aller chercher leur nourriture.
18:23C'est Ardops nicolsi,
18:25c'est une petite insectivore.
18:28Sexe ?
18:29D'après toi ?
18:30C'est un garçon ?
18:33Mal ?
18:34En fait, celle-ci,
18:35on peut l'utiliser
18:36comme bio-indicateur
18:37des milieux forestiers
18:39parce qu'on l'a en quantité
18:40dans les forêts bien préservées.
18:42Elle indique en fait
18:43que la forêt va bien ?
18:44Que la forêt
18:45n'est pas trop mal menée.
18:47C'est pour nous
18:48un bon bio-indicateur
18:49de la santé
18:50des types forestiers
18:51de la Guadeloupe.
18:52Avant,
18:53on ne pouvait pas
18:54aller chercher
18:55des types forestiers
18:56de la Guadeloupe.
18:57Avant-bras,
18:5847,5.
19:00Avant-bras,
19:0147,5.
19:04Je l'entends,
19:05je l'entends vraiment.
19:06C'est un cri social.
19:07Elle nous dit
19:08qu'elle en a marre.
19:10Cinquième doigt,
19:1273 millimètres.
19:15En fait,
19:16le but ultime
19:17de toutes ces recherches,
19:18toutes ces observations,
19:19c'est quoi ?
19:20De mieux les connaître,
19:21tout simplement.
19:23Mieux connaître
19:24l'observation,
19:25savoir quels milieux
19:26elles fréquentent,
19:27quels milieux
19:28sont importants pour elles.
19:29Les chauves-souris
19:30n'ont pas toujours
19:31vraiment bonne réputation.
19:32En fait,
19:33elles sont
19:34terriblement utiles
19:35pour des tas de raisons.
19:36Elles sont utiles
19:37aux écosystèmes
19:38puisque les espèces
19:39insectivores
19:40régulent les populations
19:41d'insectes.
19:42Par exemple,
19:43pour la Guadeloupe,
19:44ce sont quasi
19:45les seuls prédateurs
19:46d'insectes volants nocturnes.
19:47On estime
19:48qu'elle mange chaque nuit
19:49400 moustiques.
19:50Une petite chauve-souris
19:51insectivore
19:52va manger chaque nuit,
19:53elle va chasser chaque nuit
19:54la moitié de son poids
19:55en insectes.
19:56Ça peut faire
19:572 kg par an insecte
19:58pour les petites bêtes
19:59qu'on a ici.
20:00Certaines chauves-souris
20:01aussi vont
20:02en semencer la forêt.
20:03Elles vont manger les graines
20:04et disperser ces graines.
20:05Oui,
20:06il y a des espèces
20:07qui vont soit
20:08cueillir un fruit,
20:09le déplacer,
20:10le disséminer
20:11ou alors
20:12avaler ce fruit
20:13avec les graines
20:14et relâcher,
20:15le transporter,
20:16le disséminer
20:17et relâcher ces graines
20:18intactes
20:19dans leur défecation,
20:20dans leur croûte.
20:21Ici, en forêt,
20:22tu as plein
20:23d'épiphytes,
20:24de lianes,
20:25de plantes
20:26qui sont disséminées
20:27grâce aux chauves-souris.
20:28Donc elles ont un rôle
20:29essentiel dans la biodiversité,
20:30vraiment essentiel.
20:31Tout à fait,
20:32elles ont un rôle
20:33de maintien de la biodiversité
20:34mais également
20:35de restauration
20:36de cette biodiversité.
20:37Donc ici,
20:38en Guadeloupe,
20:39il est essentiel
20:40de protéger les chauves-souris.
20:41Il y a déjà des espèces
20:42qui sont en voie de disparition ?
20:43Malheureusement,
20:44sur les 13 espèces
20:45qu'on a en Guadeloupe,
20:46on a quand même
20:477 espèces
20:48qui sont sur la liste mondiale
20:49des espèces menacées
20:50avec 3 espèces
20:51qui sont classées
20:52en danger,
20:53donc avec un fort risque
20:54d'extinction
20:55dans les années à venir.
20:56C'est notamment
20:57le cas
20:58des espèces endémiques
20:59de la Guadeloupe
21:00ou de la Guadeloupe
21:01et de Montserrat.
21:05Vous êtes convaincu
21:06de l'utilité
21:07des chauves-souris ?
21:08Alors,
21:09laissez désormais
21:10ces petites bêtes
21:11peupler vos dépendances.
21:12D'autant plus
21:13que les Antilles
21:14n'ont jamais été
21:15une arche de Noé.
21:16La faune y a souffert
21:17et se fait aujourd'hui
21:18bien discrète.
21:19Rares sont les animaux
21:20qui ont survécu
21:21aux flèches et aux fusils.
21:23Après les perroquets
21:24des Antilles
21:25et les phoques moines
21:26des Caraïbes
21:27qui ont été exterminés,
21:28les chauves-souris
21:29ne sont pas à la fête.
21:31Quand allons-nous décider
21:32d'arrêter le massacre ?
21:43Les cours d'eau de l'île
21:44nestent autour du volcan
21:45de la Soufrière.
21:46Sur l'une de ces rivières,
21:47nous voilà partis
21:48à la pêche à l'épuisette
21:49avec Stéphane Dimoro,
21:50garde au Parc National.
21:52Cette épuisette
21:53n'est pas un modèle ordinaire.
21:54Elle est électrique
21:55et permet à Stéphane
21:56de recenser la faune aquatique.
21:58Rassurez-vous,
21:59l'effet est indolore.
22:01Le courant a pour but
22:02de simplifier la capture
22:03en anesthésiant les crustacés
22:04le temps du comptage.
22:16Là, Stéphane,
22:17si j'avais des bottes,
22:18je pourrais être à côté de toi,
22:19mais c'est mieux
22:20que je ne sois pas dans l'eau.
22:21Oui, tout à fait.
22:22Tu pourrais prendre
22:23un bon coup de vue aussi.
22:24Oui.
22:25On a des tensions supérieures
22:26à 400, 500 volts.
22:27Ah oui, d'accord.
22:28Après, les intensités
22:29sont plus faibles,
22:30mais c'est bien pour ça
22:31que les animaux réagissent.
22:33Moi, je me protège
22:34avec des bottes.
22:35Donc attention,
22:36je vais mettre le courant.
22:37Vas-y.
22:38Tu vois que tout de suite,
22:39ça s'agite devant.
22:40D'accord, ça fait remonter
22:41les bestioles à la surface.
22:46C'est une rivière
22:47qui a des grosses densités ici.
22:54Tu as des bêtes, là ?
22:55Ça, là, voilà,
22:56un beau wassou.
22:58Un queue rouge.
22:59En Guadeloupe,
23:00on parle de wassou,
23:01toutes les espèces
23:02qui ont des pinces.
23:03Donc, on a cinq espèces.
23:04Alors,
23:05est-ce que tu veux
23:06venir nous voir ?
23:07Alors, cette espèce-là,
23:08c'est un wassou aussi.
23:09C'est le plus petit
23:10des wassous qu'on ait,
23:11mais il est connu
23:12par cette grosse pince-là,
23:13tu vois, plutôt large.
23:14Donc, on l'appelle
23:15le gros mordant.
23:17On va continuer
23:18de pêcher, Jérôme.
23:21Toujours pareil,
23:22les mêmes consignes
23:23de sécurité.
23:24Tu restes sur les rochers
23:25hors d'eau.
23:26Sur mon île.
23:27Voilà.
23:28Et donc,
23:29on va regarder
23:30ce qu'il y a ici.
23:31À cette altitude,
23:32la qualité des eaux
23:33est excellente.
23:34Mais en descendant
23:35vers les bassins versants,
23:36la situation devient critique.
23:38Là,
23:39les pollutions ponctuelles
23:40ou permanentes
23:41d'origines industrielles,
23:42domestiques ou agricoles
23:43se concentrent
23:44jusqu'à la mer.
23:48C'est quoi, celui-là ?
23:49Celui-ci,
23:50on l'appelle
23:51le grand bras.
23:52Tous ces animaux,
23:53ils naissent en mer.
23:54Ils naissent en mer.
23:55Et tout ça,
23:56ça remonte à la rivière.
23:57Tout à fait.
23:58On suppose
23:59qu'ils pondent
24:00dans la rivière,
24:01que les oeufs éclosent
24:02et après,
24:03les juvéniles,
24:04les larves
24:05sont entraînées
24:06vers la mer.
24:07Et après,
24:08on a effectivement
24:09la remontée
24:10des juvéniles
24:11qui est en quantité
24:12impressionnante
24:13à l'embouchure des rivières.
24:14Des fois,
24:15les fonds sont couverts.
24:16Il y en a une
24:17qui a tout pompé.
24:18Elle a trouvé la sortie.
24:19Effectivement,
24:20c'est les cacadeurs
24:21qui sont tout à fait capables
24:22de marcher hors de l'eau.
24:23Celui-là,
24:24il remonte les cascades,
24:25tu dis ?
24:26Il est tout à fait capable
24:27de remonter les cascades.
24:28C'est impressionnant.
24:29Je crois qu'on va voir.
24:30Est-ce qu'il plonge aussi ?
24:31Sur la rivière
24:32du Grand Carbet,
24:33on a une cascade
24:34qui fait une vingtaine
24:35de mètres.
24:36On retrouve
24:37ses crevettes
24:38en amont.
24:39Une cascade
24:40d'une vingtaine de mètres
24:41qu'ils arrivent à remonter.
24:42Ils arrivent
24:43à la franchir.
24:44Voilà.
25:02C'est vide.
25:04Je peux boire un coup, là ?
25:05C'est pas...
25:06Je ne te le conseille pas trop.
25:07Tu sais, ici,
25:08on a beaucoup de problèmes
25:09de pesticides dans la rivière.
25:10Enfin, la rivière
25:11du sud de la Basse-Terre.
25:13Quelle tristesse !
25:14Et c'est pour quoi ?
25:15C'est des pesticides
25:16qui ont été utilisés
25:17sur les cultures,
25:18notamment les bananes.
25:19Et si tu veux,
25:20je t'emmène voir une bananeraie.
25:21Là, tout près ?
25:22Tout près.
25:23Juste à côté.
25:39Tu vois, dans les années 70,
25:40on a utilisé beaucoup
25:41de produits chimiques.
25:42On a utilisé beaucoup
25:43de produits chimiques
25:44sur ces bananeraies.
25:45Un pesticide
25:46qu'on appelle
25:47le chlordécone,
25:48ou la chlordécone.
25:49C'est un pesticide
25:50qui a été utilisé
25:51en très grande quantité,
25:52qui a été interdit
25:53aux Etats-Unis,
25:54qu'on a utilisé,
25:55malheureusement,
25:56encore dans les Antilles,
25:57Guadeloupe, Martinique,
25:58et qui a pollué
25:59les sols.
26:00Interdit aux Etats-Unis,
26:01interdit en Europe ?
26:02Oui.
26:03Et utilisé ici ?
26:04C'est ce qu'on a
26:05laissé faire.
26:06Donc, ils traitaient
26:07les bananes.
26:08Ensuite,
26:09ils ont été
26:10Ils tombent
26:11beaucoup d'eau
26:12ici, sous les Antilles,
26:13sous les tropiques.
26:14Et donc,
26:15un fort ruissellement
26:16qui entraîne
26:17tout ce produit,
26:18l'excédent du produit,
26:19vers la rivière.
26:20Et on les retrouve
26:21dans les crevettes
26:22qu'on a vues tout à l'heure ?
26:23Ils se concentrent
26:24dans les chaînes alimentaires
26:25des crevettes,
26:26des poissons,
26:27mais surtout,
26:28ça affecte aussi
26:29les captages d'eau potable.
26:30Et donc,
26:31la santé publique
26:32est concernée.
26:33En fait,
26:34Stéphane,
26:35tu es en train
26:36de me parler
26:37d'un drame écologique,
26:38d'une véritable
26:39catastrophe sanitaire.
26:40A la limite,
26:41chaque personne devrait
26:42s'y faire analyser
26:43le sol de son jardin
26:44ou on en arrive là.
26:45Oui,
26:46tu touches le sujet.
26:47Tu as raison là-dessus,
26:48parce qu'il y a
26:49plein d'habitations,
26:50de hameaux,
26:51qui sont construits
26:52sur d'anciennes cultures
26:53et les sols
26:54sont certainement contaminés
26:55puisqu'on considère
26:56que le chlordécone
26:57peut être présent
26:58plusieurs centaines
26:59d'années dans les sols
27:00sans se dégrader.
27:01Il y aurait
27:02beaucoup à dire
27:03sur l'utilisation
27:04du chlordécone
27:05dans la culture
27:06des bananes.
27:07Tout le monde
27:08a commencé
27:09par les pouvoirs publics
27:10à fermer les yeux
27:11et laisser faire
27:12pendant des décennies.
27:14Au niveau des Antilles,
27:15le scandale
27:16est équivalent
27:17à celui de l'amiante,
27:18du sang contaminé
27:19ou encore
27:20de la vache folle
27:21en métropole.
27:22Mais pour l'instant,
27:23c'est encore le silence.
27:34Nous sommes juste
27:35derrière Pointe-à-Pitre,
27:36dans la réserve
27:37de Grand-Culsac marin
27:38en compagnie
27:39de Daniel Imbert,
27:40universitaire
27:41et passionné
27:42des milieux humides.
27:44Daniel connaît
27:45le moindre canal
27:46de ce labyrinthe végétal
27:47et je le suis
27:48avec confiance.
27:58On est dans la mangrove,
27:59là, Daniel.
28:00Voilà, tout à fait.
28:01On est rentré
28:02dans la lagune de Bellepleine.
28:03Il y a plusieurs espèces
28:04de mangroves, en fait.
28:05Oui, il y a plusieurs
28:06espèces de palétuviers.
28:07Ici, en Guadeloupe,
28:08on en a essentiellement
28:09trois qui sont
28:10les plus abondantes.
28:12Là, en bordure de mer,
28:13on ne trouve que
28:14le palétuvier rouge,
28:15celui dont vous voyez
28:16les racines aériennes
28:17qui fait ces fruits
28:18qui pendent les arbres.
28:19C'est un bois
28:20qui est gorgé de tanin.
28:21Quand on coupe...
28:22Ça, c'est du rouge ?
28:23Quand on coupe les racines,
28:24voilà, on voit
28:25la couleur rouge
28:26qui ressort
28:27dans le bois
28:28et dans les racines.
28:29Il est très adapté
28:30à une hauteur
28:31d'eau importante.
28:32Le long du littoral
28:33de Port-Louis,
28:34sur Grande-Terre,
28:35jusqu'à la pointe Latanier,
28:36sur Basse-Terre,
28:37s'étend cette frange végétale
28:39que l'on appelle mangrove.
28:41Végétation apparemment impénétrable
28:43qui semble flotter sur l'eau.
28:45Celle-ci ressemble
28:46à un inextricable buisson
28:47d'arbustes emmêlées
28:48où les mangliers,
28:49plus connus
28:50sous le nom
28:51de palétuviers,
28:52hissent leurs racines
28:53par-dessus les vases.
28:55La mangrove
28:56est un monde végétal
28:57et biologique
28:58qui est un endroit
28:59où la nature
29:01La mangrove
29:02est un monde végétal étrange,
29:04étalé comme une ceinture
29:05entre la terre et la mer,
29:06soumise au rythme des marées.
29:09Les palétuviers,
29:10ces arbres
29:11qui semblent être montés
29:12sur des échasses,
29:13y prospèrent.
29:14Leurs racines aériennes
29:15plongent dans un sol
29:16gorgé d'eau salée.
29:19Certaines zones
29:20de la mangrove
29:21de Grand-Cul-de-Sac-Marin
29:22bénéficient du statut
29:23de réserve naturelle.
29:25Certainement,
29:26l'un des seuls moyens
29:27pour limiter l'extension urbaine
29:29est le bois tapitre.
29:32Voilà, on arrive là
29:33pour notre premier arrêt.
29:37On va rentrer dans la forêt maintenant.
29:48C'est tranquille, hein ?
29:50On est bien là, hein ?
29:51Oui, on est bien.
29:56Donc là, Daniel,
29:57on dirige de plus en plus
29:58vers l'eau douce ?
30:00Voilà, on quitte
30:01l'influence marine
30:03et on s'avance maintenant
30:04vers l'intérieur des terres.
30:05Et ça, c'est encore
30:06un palétuvier ?
30:07Oui, ça, c'est un palétuvier
30:08qu'on appelle
30:09le palétuvier blanc.
30:10Le palétuvier blanc,
30:12lui, il fait des racines
30:13qui sortent du sol.
30:14Celles-là.
30:15Ces petites racines
30:16viennent à l'air libre
30:17chercher l'oxygène.
30:18Donc en fait, ici,
30:19il y a deux systèmes
30:20de racines complètement différentes.
30:21Ça, c'est le palétuvier blanc.
30:23Le palétuvier blanc
30:24qui met ses petites racines courtes
30:26qui sortent du sol.
30:27Oui.
30:28Et puis le palétuvier rouge,
30:29lui, qui met des racines
30:30qui pendent des branches
30:32ou qui sortent des troncs
30:33comme ici
30:34et qui lui permet
30:35de respirer aussi
30:36à l'air libre.
30:42Alors maintenant,
30:43on va quitter la mangrove.
30:44Il y a de moins en moins
30:45de sel dans le sol
30:47et d'autres espèces
30:48vont prendre la suite.
30:49On va déboucher
30:50dans la forêt marécageuse.
30:51C'est une forêt
30:52qui pousse dans l'eau douce.
30:53Le sol est dessalé
30:54à partir de maintenant
30:55qu'au sommet d'eau.
30:56C'est une forêt
30:57beaucoup plus dense
30:58où les arbres sont
30:59beaucoup plus hauts.
31:00Oui, on le voit vraiment.
31:01C'est évident.
31:02Voilà.
31:03L'ambiance est vraiment
31:04très humide ici.
31:05Les arbres sont
31:06beaucoup plus grands
31:07que tout à l'heure.
31:08Oui, on a
31:09de très belles souches.
31:10On a des arbres
31:11qui sont plus hauts
31:12avec beaucoup d'épiphytes.
31:13C'est le paysage
31:14typique de cette forêt.
31:15Celui-là est superbe.
31:17Oui, tu as vu
31:18ses contrefonds
31:19qui nous permettent
31:21vraiment de se maintenir
31:24sur ces sols
31:25qui sont très mouvants.
31:27Tu as vu qu'il monte haut,
31:29jusqu'à 3, 4 mètres,
31:30des fois 10 mètres de hauteur.
31:31Ça lui permet de résister
31:33aussi bien à la force des vents
31:35et en même temps
31:36à ces sols qui sont mouvants
31:38et ça lui donne
31:39une bonne stabilité.
31:41Il y a ses racines
31:42qui vont sur des mètres.
31:43Voilà, qui prolongent
31:44les contrefonds
31:45et qui lui permettent
31:46de respirer aussi
31:47sur plusieurs mètres
31:48de distance.
31:49C'est ça qui fait
31:50son avantage adaptatif.
31:51C'est pour ça
31:52que cette espèce domine.
31:53C'est ce qu'on trouve
31:54pratiquement comme espèce
31:55d'arbre ici.
32:15Daniel, là on quitte
32:16la forêt marécageuse.
32:18Tout à fait.
32:19On commence à rencontrer
32:20le monde des hommes.
32:23D'ailleurs, là on traverse
32:24un champ.
32:25C'est une plantation
32:26de tarot
32:27à la lisière
32:28avec la forêt.
32:30Voilà, c'est fini.
32:31Prairie, élevage.
32:33Et puis les activités humaines.
32:35Il faut espérer que
32:37l'homme n'oubliera pas
32:38tout ce qu'il doit
32:39à cette forêt.
32:54La réserve naturelle
32:55de grands culs de sacs marins
32:57protège et réglemente
32:58toute l'activité
32:59à l'intérieur d'un périmètre
33:01essentiel pour le patrimoine
33:02faunistique de la Guadeloupe.
33:05Pour les oiseaux,
33:06c'est un véritable sanctuaire.
33:08Aujourd'hui, j'ai la chance
33:09d'être là, à l'aube,
33:11pour les observer en compagnie
33:12d'Edouard Benito Espinal,
33:14l'ornithologue le plus réputé
33:16de la Guadeloupe.
33:23...
33:43Edouard, on a combien
33:44d'espèces d'oiseaux
33:45autour de nous ?
33:46On peut dire qu'on a
33:484 espèces.
33:49Le hirongard de bœuf,
33:50qui est l'espèce dominante.
33:52C'est le blanc ?
33:53C'est le blanc,
33:54avec le mâle qui a la crête,
33:57disons,
33:58un petit peu moins claire,
34:01pierre de Sienne.
34:02Nous avons les frégates,
34:03les frégates à magnificence,
34:05avec les lombettes
34:06qui arrivent,
34:07mâles et femelles.
34:08...
34:18Nous avons les pélicans,
34:19pélicanus occidentalis,
34:21et nous avons aussi
34:23les gouttes neigeuses,
34:25qui se voient moins bien.
34:26On peut dire qu'il y a
34:274 espèces ici,
34:28de façon générale.
34:29Mais il me semble qu'avant,
34:30il n'y avait pas
34:31des pélicans aux Antilles.
34:32C'est assez récent
34:33qu'arrive le pélican ?
34:34Non, les pélicans
34:35ont existé aux Antilles.
34:36D'ailleurs, la ville du Gosier
34:38porte le nom du pélican,
34:40parce que,
34:41dans l'ancien français
34:42du 16e, 17e siècle,
34:44on l'appelle
34:45le grand gousier.
34:46Ah oui !
34:47Le grand gousier.
34:48Et quand on lit, par exemple,
34:50les récits du père d'Utertre
34:52et du père là-bas,
34:53ce sont les premiers coniqueurs
34:54de la Guadeloupe
34:55qui sont arrivés
34:56dans les années 1635,
34:571640, 1670,
34:59on s'aperçoit que les pélicans
35:01étaient tout à fait nombreux,
35:03ainsi que les frégates.
35:04Mais alors,
35:05qu'est-ce qui s'est passé ?
35:06Mais malheureusement,
35:07on utilisait
35:08la graisse de frégate
35:10et du pélican
35:11contre l'asiatique.
35:12Vous n'avez pas de chance,
35:13c'est mal compris.
35:14Ce qui fait que
35:15ces oiseaux ont déserté.
35:16C'est-à-dire que les oiseaux
35:17ont compris qu'ils étaient
35:18pour chasser,
35:19ils ont changé d'île.
35:20Tout à fait,
35:21ils ne sont pas masochistes,
35:22donc ils ont quitté l'île.
35:23Et on peut dire que
35:25depuis les campagnes
35:26de protection,
35:27de sensibilisation
35:28de la population,
35:30il y a à peu près,
35:31disons une quinzaine d'années,
35:33que les frégates
35:34sont en train de revenir
35:35et les pélicans aussi.
35:37Donc ça fonctionne,
35:38une zone protégée,
35:39si c'est vraiment respecté,
35:40ça fonctionne.
35:41Certainement,
35:42certainement,
35:43puisque là,
35:44les animaux sont en sécurité,
35:46la pêche est moins importante,
35:50ce qui fait que
35:51les espèces sont tranquilles
35:53et peuvent se nourrir facilement.
36:14Il y a des nids là,
36:15il y a plein de nids.
36:16Il y a des nids,
36:17c'est une zone aussi,
36:18c'est une zone d'ortoir,
36:19bien sûr,
36:20mais c'est une zone aussi
36:21de nidification.
36:22C'est une espèce dynamique,
36:23le garde-bœuf,
36:24c'est une espèce
36:25qui se reproduit
36:26pendant toute l'année.
36:27Et je peux vous dire
36:28qu'il y a,
36:29à l'époque,
36:30dans les années 80,
36:3110 000 individus,
36:32mais aujourd'hui,
36:33il y a une explosion totale,
36:34nous avons plus de 50 000
36:35à 100 000 individus
36:36en Guadeloupe
36:37de garde-bœufs.
36:38Je crois que,
36:39justement,
36:40ça pourrait pousser
36:41les autorités
36:42à revoir leur position.
36:43Moi, je pense que
36:44tout individu
36:45qui n'a pas
36:46de prédateur naturel
36:47et qui se développe
36:48de façon exponentielle,
36:49on doit contrôler.
36:50On doit contrôler,
36:51ne pas les tirer
36:52à grands coups de fusil,
36:53mais on peut
36:54contrôler les nids,
36:55par exemple.
36:56Et ça se fait
36:57dans d'autres pays du monde,
36:58pour les mouettes,
36:59de telle façon
37:00que la reproduction
37:01se fasse
37:02un petit peu
37:03moins active.
37:05C'est du thon
37:06que tu as là ?
37:07Et c'est combien
37:08le kilo ?
37:0910 euros.
37:10En Guadeloupe,
37:11la pêche
37:12est une activité
37:13ancestrale.
37:14De la mer
37:15est toujours venue
37:16la ressource indispensable
37:17à la vie
37:18des Guadeloupéens.
37:19Et malheureusement,
37:20comme partout,
37:21le poisson
37:22se raréfie dangereusement.
37:23Pour enrayer
37:24ce phénomène,
37:25il faut
37:26avoir
37:27de l'eau,
37:28de l'eau d'eau,
37:29de l'eau d'eau,
37:30de l'eau d'eau,
37:31de l'eau d'eau,
37:32de l'eau d'eau,
37:33de l'eau d'eau,
37:34de l'eau d'eau,
37:35de l'eau d'eau.
37:36Pour enrayer
37:37ce phénomène,
37:38les pouvoirs publics
37:39examinent depuis maintenant
37:4020 ans
37:41une solution séduisante,
37:42celle du DCP,
37:43dispositif
37:44de concentration
37:45de poisson.
37:46Ce matin,
37:47je pars avec Bruno
37:48pêcher en mer
37:49sur son DCP.
37:50Les marins
37:51le savent bien.
37:52Lorsqu'un objet
37:53dérive en mer,
37:54il est vite colonisé
37:55par le plancton.
37:56Le DCP repose
37:57sur ce principe.
37:58Alors,
37:59une bouée,
38:00un cordage,
38:01un corps mort
38:02et ce, jusqu'à 1 000 marins aux alentours du système.
38:05Foison de poissons, du plus petit au plus gros,
38:08mais bénéfice pour la pêche ou monstrueux pièges écologiques ?
38:12La pêche sous DCP est un peu décriée au niveau mondial,
38:15mais celle que l'on cible dans ces cas-là,
38:17c'est la pêche industrielle,
38:18qui utilise les DCP pour concentrer ce poisson,
38:21mais qui viennent donner un coup de scène autour du DCP,
38:23rafler l'intégralité de la ressource présente,
38:25juvénile comme adulte, toutes espèces confondues.
38:28Dans le cas de l'utilisation des DCP en Guadeloupe,
38:31les flotilles artisanales autour de ces DCP
38:33utilisent des techniques de pêche très sélectives
38:35et qui ciblent plutôt les adultes,
38:37notamment de dorades, également de tonjons.
38:40Grâce au DCP, les marins reviennent rarement bredouilles.
38:43Ce système pourrait constituer un espoir
38:46pour la survie de la profession aux Antilles.
38:52Pourtant, attention,
38:53même si les hommes rentrent avec du poisson,
38:55tous les problèmes ne sont pas résolus pour autant.
38:59Dans les îles, on pratique le sitôt pêché, sitôt vendu.
39:02La commercialisation du poisson souffre d'un manque alarmant
39:05de structures et d'organisations.
39:11Hier, on est allés à la pêche.
39:12On a pris quelques dorades, on a pris du marlin.
39:15Pour qu'on fasse le plus de bénéfices possibles,
39:17on est obligés de vendre nous-mêmes,
39:18parce que si on doit aller donner à un maraïeur,
39:20si on doit aller donner à quelqu'un, on sera perdant.
39:23S'il y avait une usine de transformation en Guadeloupe,
39:26là, on aurait eu la totale,
39:29c'est-à-dire on aurait pu aller en mer.
39:31Tous les jours, notre poisson, on sait qu'il est pris.
39:34Un riz qui ne va ni descendre ni monter,
39:38qui sera toujours le même.
39:39Donc là, le moment où on est là,
39:41c'est le moment le plus fatiguant de la pêche, en fait.
39:44On le comprend vite.
39:45En Guadeloupe, pas de filière de traitement,
39:47pas de chambre froide, pas de stockage.
39:49Aucune régulation des flux.
39:51En cas de surpêche, le poisson est sacrifié.
39:53Dans le cas contraire, les cours s'enflamment.
39:56Conséquence et ironie,
39:57les grandes surfaces de l'île importent du poisson,
40:00alors que la pêche guadeloupéenne permettrait l'autosuffisance
40:04et même l'exportation.
40:06L'idée de l'exportation, on peut la concevoir,
40:09et en plus, on pourrait la concevoir
40:11sur le marché du poisson de très haute gamme internationale.
40:13Donc ces espèces de thon qui sont aujourd'hui très à la mode
40:16et très prisées pour les préparations à la japonaise en crue.
40:20Le marché est très demandeur,
40:21notamment le marché des Etats-Unis à proximité.
40:23Et qui plus est, le thon guadeloupéen,
40:26tel qu'il est sorti de l'eau, c'est-à-dire du thon de lignes,
40:28ultra frais, au moment où il sort de l'eau,
40:30il répond tout à fait de ces standards
40:32de très haute gamme internationale.
40:33Donc derrière, il suffit simplement d'avoir
40:36toute la chaîne du froid,
40:37la chaîne de transformation, de commercialisation,
40:40qui soit proportionnée,
40:42de manière à ce que ce poisson ne perde pas de sa qualité première
40:45et qu'il puisse donc effectivement trouver du débouché
40:47sur du marché de très haute gamme.
40:50La Guadeloupe compte 1 200 pêcheurs recensés.
40:53Mais la réalité dépasse largement ce chiffre.
40:56Et ce sont officieusement 6 500 personnes
40:59qui prennent presque quotidiennement la mer.
41:02Aux Antilles, tout le monde part à la pêche pour le plaisir.
41:05Et certains par nécessité, pour pouvoir subsister.
41:10Le métier du marin pêcheur n'est pas assez respecté.
41:14Moi, je suis pêcheur professionnel.
41:17Moi, je vais rentrer, la mer, elle est belle,
41:19je vais rentrer, je vais aller vendre du poisson à la campagne.
41:21On va trouver aussi des gens qui ne sont pas de la pêche.
41:25Le boucher, ou bien le maçon, ou bien le policier,
41:28ou bien le je ne sais pas quoi,
41:30tout le monde vend du poisson.
41:31C'est vrai qu'on est coincés avec tout ça.
41:37La pêche guadeloupéenne,
41:39notamment avec toute cette frange informelle,
41:41continue largement de jouer un rôle d'amortisseur social
41:45sur le territoire,
41:47continue d'offrir des métiers refuge, au moins temporaires,
41:51pour guérir tous les accidents de la vie dans d'autres filières.
41:55Quand on a, et c'est le cas, une sinistrose dans l'agriculture,
41:59par exemple, c'est la banane qu'ils dégustent en ce moment.
42:01Il y a beaucoup d'ouvriers agricoles de la banane qui sont au chômage.
42:04Quoi de plus simple pour eux que pour simplement
42:07augmenter un petit peu leurs minimas sociaux,
42:10d'embarquer à port d'un bateau,
42:11et puis de compléter leurs maigres revenus
42:13par ce qu'ils vont pouvoir pêcher instantanément.
42:17...
42:21Cap maintenant vers les îlées de la Petite-Terre,
42:24à une demi-heure de Saint-François.
42:26En 1972, la dernière personne qui vivait ici quitte les lieux.
42:31Depuis, l'Etat a transformé la place en réserve naturelle.
42:36Sous l'égide des gardes de l'Office national des forêts,
42:39l'espace est protégé
42:40et son accès réglementé de façon bien pensée.
42:44René Dumont veille en alternance sur la réserve avec ses collègues.
42:51Ces murets, là, ça indique qu'il y a eu des maisons,
42:54il y a eu des gens qui ont vraiment vécu ici.
42:57Oui, oui, tout à fait.
42:58Il y a eu une population sédentaire à Petite-Terre.
43:01On voit les délimitations des terrains,
43:03on voit un peu plus loin les vestiges des maisons.
43:05Il y a eu jusqu'à une vingtaine de personnes qui ont habité sur le site.
43:08Des familles différentes ?
43:09Des familles différentes.
43:10C'est des gens qui venaient de la Désirade ?
43:12Oui, souvent des familles de Désirade qui venaient ici
43:14et qui pratiquaient la pêche et les cultures végénaires.
43:18Si vous débarquez sur l'île,
43:20voilà la drôle de bête que vous allez croiser,
43:22l'igouane des Petites-Antilles.
43:24Sur 150 hectares, l'archipel de Petite-Terre
43:27en abrite une colonie de 8 000 à 10 000 individus,
43:30autant qu'à la Désirade et qu'à la Dominique.
43:33C'est des animaux qui mesurent jusqu'à 1,60 m.
43:371,60 m ?
43:39Oui, et qui peuvent peser jusqu'à 3 kg, 3,5 kg.
43:42Il aurait quel âge, celui-là ?
43:44Il est quand même déjà assez vieux,
43:46puisqu'on voit déjà qu'il a ses bajours bien roses
43:51et puis la jugulaire qui est très prononcée.
43:54Il a carrément une posture de mâle dominant.
43:57On sent qu'il est très jeune.
43:58Il a une posture de mâle dominant.
44:00Il est perché très haut.
44:02Tiens, regarde, il y en a un autre là.
44:04Ah, il y en a un là, il y en a un là.
44:06C'est quand même une grande population d'igouanes
44:10qu'on a sur les îlées de Petite-Terre.
44:19En Guadeloupe, l'espèce est menacée
44:22à cause de la destruction de son habitat par l'homme.
44:25La prédation dénie par les chars
44:27et la compétition avec d'autres herbivores.
44:29L'introduction de l'Iguana Delicatissima aux îlées,
44:33associée à des mesures de gestion et une surveillance scientifique,
44:36permet d'envisager le sauvetage de l'espèce.
44:49Pourquoi une réserve, ici ?
44:51Une réserve, puisqu'il n'y a pas d'eau.
44:54Pourquoi une réserve, ici ?
44:56Une réserve, puisque c'est un animal
44:59qui, quand même, s'hybride pas mal avec l'iguane commun.
45:05Ca ne se passe pas ici ?
45:06Ca ne se passe pas ici, Dieu merci pour nous.
45:08On conserve nos individus purs.
45:11Donc, cet iguane qui vit ici, sur Petite-Terre,
45:16pour se reproduire, il fait entre 8 et 20 oeufs.
45:20Or, l'iguane commun, il est entre 10 et 30 oeufs.
45:24Donc, si jamais il est introduit,
45:26c'est la fin de l'iguane des Petites-Antilles.
45:28Et c'est dramatique ?
45:30C'est dramatique.
45:31T'as une espèce, en fait, qui va dévorer l'autre.
45:34Voilà. Ca se fait toujours au détriment de l'iguane des Petites-Antilles.
45:47Alors, c'était comment, la baston ?
45:49T'as gagné ? T'as gagné ?
45:51Je vois que c'est toi qui as gagné.
45:53On voit bien que c'est lui qui a gagné.
45:55Il a la queue qui ondule et puis se gonfle.
46:07Les îlets de Petite-Terre ne sont pas uniquement le sanctuaire des iguanes.
46:11Tout autour s'étalent des récifs coralliens,
46:13de magnifiques herbiers, des plages vierges,
46:16une faune marine et terrestre d'une grande richesse.
46:19A une demi-heure des côtes de la Guadeloupe,
46:22je recommande la visite, en bateau, bien sûr.
46:27René, tout le monde peut venir avec son bateau mouillé,
46:30passer le week-end. C'est autorisé ?
46:32Oui, tout à fait. L'accès à la réserve est libre.
46:34Il y a une réglementation ? Il y a des limites, c'est encadré ?
46:37Oui, il y a une réglementation pour l'activité professionnelle.
46:41D'accord. T'as un quota de gens qui peuvent monter sur l'île,
46:44débarquer sur l'île ?
46:45Il y a un certain nombre de personnes qui peuvent être présentes
46:48pour ne pas faire trop de dégradations.
46:50On autorise 200 personnes par jour.
46:52Et on limite l'accès aux très gros bateaux.
46:54Il y a 50 personnes par bateau.
46:56Les gens comprennent que c'est une réserve et que c'est important.
46:59Les gens sont rentrés dans les habitudes, maintenant,
47:02de venir sur le site,
47:04mais avec des contraintes, une réglementation.
47:06C'est normal.
47:08C'est un peu le début de l'écotourisme ?
47:10Oui, bien sûr. C'est l'idée.
47:12A partir d'une réserve,
47:13on peut développer une vraie conscience et faire de l'écotourisme.
47:17Voilà, c'est l'idée générale.
47:19C'est pour ça que l'accès est totalement libre
47:21pour les personnes qui viennent de façon indépendante
47:24et qu'on a réglementé surtout l'activité professionnelle.
47:33Retour vers la civilisation et ses exubérances.
47:39Pendant longtemps, une partie des côtes de Grande-Terre,
47:41entre Gauzier et Saint-François,
47:43a été victime du bétonnage de la part de certains promoteurs peu scrupuleux.
47:48Le tourisme de masse apportait la fortune.
47:51Aujourd'hui, ce système ne fonctionne plus vraiment.
47:54Les hôtels sont en difficulté, les îles sont moins fréquentées,
47:57au profit de destinations meilleur marché.
48:01La Guadeloupe doit réfléchir à une forme de tourisme plus chaleureuse,
48:04plus authentique.
48:06Jean-Claude Christophe, le maire adjoint de la commune de Gauzier,
48:09l'une des destinations préférées des Charterres,
48:11est de cet avis.
48:17Jean-Claude, on est sur la plage du Gauzier,
48:19au milieu des beaux hôtels qui ont été construits dans les années 70-80.
48:23Est-ce que cette forme de tourisme en Guadeloupe est toujours valable ?
48:27C'est une question intéressante, dans la mesure où,
48:30il n'y a pas si longtemps, deux hôtels viennent de fermer.
48:33L'une a été transformée en logement de luxe
48:36et l'autre est en attente, certainement, de prendre la même direction.
48:39On est allés sur Petit Air, où on a vu un exemple
48:42d'une nouvelle forme de tourisme, un tourisme beaucoup plus écologique.
48:46Est-ce que vous pensez qu'en Guadeloupe même,
48:48on pourrait développer peu à peu cette nouvelle forme de tourisme ?
48:52Écoutez, je crois qu'il y a du soleil partout.
48:55Et le soleil ne fait que limiter
48:59la porte que nous pourrons...
49:03apporter aux touristes qui viennent chez nous.
49:05Je crois que la biodiversité,
49:08c'est la vraie ouverture, la vraie solution à notre tourisme.
49:11Et d'autant plus qu'il faut savoir que la biodiversité en Outre-mer
49:14est très importante.
49:16Jean-Claude, évidemment, cette forme d'éco-tourisme
49:20va imposer un certain nombre de restrictions.
49:22Est-ce que vous pensez que les autorités locales
49:25sont prêtes à marcher main dans la main avec les ONG
49:29qui s'occupent de développement durable et de défense de la biodiversité ?
49:32Oui, d'autant plus que si nous considérons que l'objectif
49:37pour qu'on ait un tourisme durable et solidaire,
49:40c'est qu'il faut qu'on s'inscrive véritablement dans cette dynamique-là.
49:43De toute manière, la notion d'environnement
49:46renvoie une notion d'équilibre entre l'homme et son environnement.
49:49Donc la réglementation, elle est nécessaire,
49:53elle est obligatoire si nous voulons que ce tourisme soit durable.
49:58C'est une chance, je dirais quasiment l'unique chance
50:03qui reste au tourisme en Outre-mer.
50:07Musique intrigante
50:10...
50:26Voilà, nous quittons les Antilles, ces espèces endémiques,
50:29ces zones encore vierges,
50:31ces arbres de l'époque des Indiens-Caraïbes.
50:34Soyons conscients que c'est à nous tous
50:36de décider de notre avenir.
50:38Respecter la nature est un acte quotidien
50:40qui nous permettra encore longtemps
50:42de parcourir les sentiers de notre beautiful planète.