• il y a 3 mois
Une plongée au cœur du marché noir. C'est à Saint-Denis en banlieue parisienne que nous vous emmenons. Il y a quelques mois, des dizaines de toxicomanes sont venus s'installer dans le quartier de la gare, en pleine rue, voire dans des parcs pour enfant. Ils consomment parfois devant tout le monde, pour les habitants, c'est un enfer. Ils n'en peuvent plus, beaucoup ont peur de sortir de chez eux, mais certains ont décidé d'organiser la résistance et de reconquérir les rues de leur quartier.

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00:00Début de soirée dans le quartier de la gare à Saint-Denis près de Paris.
00:06Passé 20 heures ce fast-food est l'un des rares commerces encore ouverts.
00:11Derrière le comptoir un homme aux fausses airs de Bruce Willis.
00:17Il est là pour servir les clients mais aussi de plus en plus pour les protéger.
00:27Le soir en général ça chauffe un petit peu.
00:33Ça dépend des jours en fait.
00:36C'est en portée ?
00:40Si Tahar doit jouer les gros bras c'est à cause de la localisation de son restaurant.
00:47Alors l'équipe ça va ? C'est juste là dans le hall à côté ? Voilà des fois c'est des
00:55gens qui se regroupent et voilà et ça empêche des familles de rentrer ici.
00:58Ces derniers mois l'immeuble d'à côté est devenu un repère de consommateurs.
01:03Au fond dans la cour quelques silhouettes il y a là une petite dizaine de toxicomanes.
01:10Certains sont aussi dealers ils acceptent de répondre à nos questions.
01:15Combien de clients par jour ?
01:2070.
01:22Plus même.
01:25Alors je ne parle pas du genre des RMI.
01:28Ah oui ? Et il y en a plus ?
01:30Des toxicomanes imprévisibles du coup la moindre altercation peut dégénérer.
01:39Et c'est souvent Tahar le responsable du restaurant qui doit s'interposer.
02:09Tahar joue les médiateurs mais dès qu'un toxicomane empêche les clients d'entrer
02:25dans son restaurant il se montre encore plus expéditif.
02:30Non mais s'il te plaît reste tranquille.
02:32Tu ne te mets pas devant l'entrée parce que là c'est pas la fête maintenant d'accord ?
02:40Va là-bas, rentre dans ton hall.
02:42Rentre là, va faire la fête là-bas.
02:50Je vais t'arracher la tête aussi d'accord ?
02:57C'est bon.
02:59Tu leur fais du bien et voilà.
03:01C'est ce que tu gagnes.
03:03C'est bon c'est bon calmez-vous et voilà.
03:05Pose la bouteille.
03:07J'allais l'exploser la tête là.
03:09A ce jour Tahar n'a jamais été agressé par un toxicomane.
03:11Il faut dire qu'il sait aussi se montrer généreux.
03:13Chaque soir il leur offre gratuitement de la nourriture.
03:15Dérivera en première ligne face à des toxicomanes.
03:17Dans cette ville la situation est devenue explosive.
03:19Saint-Denis, 100.000 habitants.
03:21Une ville de la banlieue nord à quelques minutes de Paris.
03:23Le quartier de la gare est aujourd'hui devenu le repère des fumeurs de c**.
03:25Jadis c'est l'hôpital de l'hôpital.
03:27Jadis c'était à Paris qu'ils s'approvisionnaient.
03:29Mais il y a deux ans la police a délogé la plupart des dealers.
03:31Et c'est dans certains quartiers de Saint-Denis qu'ils ont repris leur commerce.
03:33Depuis, des centaines de toxicomanes viennent tenir.
03:35Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
03:37Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
03:39Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
03:41Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
03:43Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
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03:47Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
03:49Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
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04:01Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
04:03Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
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05:11Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
05:13Et c'est là qu'il y a eu un coup d'enfer.
05:16Je regarde dans mes cheveux.
05:185-8 heures.
05:20Au cas qu'on m'agresse.
05:45Elle ne peut plus s'en passer.
05:58Mais après avoir fumé, vous ressentez quoi ?
06:01Ben, je suis bien et je suis ailleurs.
06:06C'est un petit clash que tu ressens, mais...
06:08C'est tellement bon qu'on peut pas l'expliquer, c'est du poison, tu vois.
06:11Je veux te dire, c'est... c'est pas bon.
06:15Quelques marches plus bas, un autre toxicomane prend sa 1re dose de la journée.
06:22En quelques secondes, la drogue lui monte au cerveau.
06:29Il ne semble même plus conscient de notre présence.
06:35Comment vous vous sentez, là ?
06:38J'ai pas... J'ai pas mal.
06:43Cette cage d'escalier est régulièrement occupée par des fumeurs de c***.
06:47Les habitants de l'immeuble ne s'en étonnent même plus.
06:50Comme Sekou, qui vit au dernier étage.
06:54Vous allez bien ?
06:55Oui, oui.
06:56Ça tombe bien.
06:57Ah non, ça tombe mal.
06:59Comment vous vivez ça, monsieur ?
07:01Ben, vraiment une vie difficile.
07:03Une vie, franchement, que nous n'acceptons pas.
07:06Et presque tous les habitants...
07:09La plupart des habitants d'ici, ils ont la trouille, déjà.
07:13C'est grave, on peut même pas amener un parent ou quoi que ce soit.
07:21Enjambé des toxicomanes pour rentrer chez soi,
07:24en ayant peur d'être agressé,
07:26Sekou le supporte en silence.
07:28Mais ce n'est pas le cas de tous les habitants.
07:35Ce matin-là, sur le parvis de la gare,
07:38se tient une réunion de quartier entre riverains et responsables de la mairie.
07:44A la tribune, le député de la circonscription,
07:47le maire de la ville et un de ses adjoints.
07:54Ils sont venus exposer le programme de réhabilitation du quartier de la gare.
08:05La construction de la médiathèque communautaire
08:07pour l'ensemble de ce périmètre sur la ville de Lille-Saint-Denis.
08:12Des projets ambitieux, mais qui ne verront pas le jour avant plusieurs années.
08:16Et dans l'assistance, certains habitants ne semblent pas prêts à l'attendre.
08:19J'ai répondu à ma question.
08:20Je ne vois plus revenir sur la sécurité.
08:22La sécurité, vous l'avez dit, c'est pas de votre faute.
08:24Mais je pense qu'il va pas falloir réfléchir à trouver une solution pour nettoyer...
08:27Mais on réfléchit pas, on agit.
08:29C'est ce que je viens de vous expliquer.
08:32Enfin, ça fait un petit bout de temps que vous avez dû agir.
08:34Non, on a agi et on continuera d'agir.
08:36Pas suffisamment, il y a du sens à avoir.
08:38Parce que les seringues, les trucs dans lesquels ils fument du c**,
08:41dans le parc, les cartons, c'était une vraie déchetterie.
08:43On pouvait même pas emmener nos enfants dans le parc de la rue Brise-Échalas.
08:47Il y a des gens qui habitent ici qui pourront vous le dire.
08:49On pouvait pas emmener nos enfants.
08:50Tout autour, c'est sale.
08:51Il y a de l'urine, des défections, des papiers.
08:55On a déjà agi.
08:57On reprendra des actes avec des moyens renforcés, s'il le faut,
09:00dans les semaines qui viennent, tout de suite.
09:03Et on travaille aussi sur les projets d'avenir.
09:05L'équipe municipale est dans ses petits souliers.
09:08Et ce matin, elle va devoir faire face à la fronte de la population jusque dans la rue.
09:13Qu'est-ce qu'il faut faire, alors ?
09:15Qu'est-ce qu'il faut faire ?
09:17Non, c'est pas de votre faute.
09:19Vous y êtes pour rien, monsieur.
09:21Qu'est-ce qu'il faut faire à l'école ?
09:23Les élus n'ont pas le pouvoir de...
09:25Ça fait mal.
09:26Ça fait mal d'entendre qu'on n'a pas réussi.
09:28Je suis désolé, vous n'avez pas réussi.
09:30Ce sont les gens qui vous ont élus, qui disent que vous n'avez pas réussi.
09:34Je suis désolé.
09:35La mairie peine à trouver des solutions d'urgence.
09:38Alors, certains habitants tentent de prendre les choses en main.
09:42A la tête du mouvement, Françoise.
09:45On a les balcons, on peut même pas en profiter.
09:49Françoise craint des représailles des dealers qui rôdent en bas de chez elle.
09:53Elle souhaite rester anonyme.
09:55Ils sont là, en dessous.
09:57Ils se placent en dessous, là, entre la rue du port et puis jusqu'à la...
10:01Jusqu'à la... Jusqu'à la passage.
10:03Vous avez l'impression que vous osez... Vous osez appeler ?
10:06Oui, oui, non, je vais pas.
10:08Réellement, je vais pas me faire repérer.
10:10Pourquoi ?
10:11Parce que je veux bien être gentille, mais je tiens ma vie.
10:15C'est quoi, là ?
10:17Oui, je pense qu'il faut être prudent.
10:19Les gens nous disent quand on...
10:21T'habites de la Gare Saint-Denis, mais comment tu fais ?
10:23Pourquoi tu pars pas ?
10:24Eh bah non, moi, je partirai pas, c'est pas à moi de partir.
10:27Vous refusez de partir.
10:28Je partirai pas, c'est pas à moi de partir.
10:31C'est pas moi, qui suis citoyenne responsable, qui vais partir,
10:34parce qu'il y a des emmerdeurs dans le quartier.
10:39Avec son mari, Françoise a créé une association
10:42et a recruté certains habitants de son immeuble.
10:45Bah, j'espère que ça va durer.
10:47Comme Catherine.
10:48C'est pas encore actif, sinon...
10:50Bah, moi, je me suis pas mise encore à la fenêtre, là, de ce côté-là.
10:54Elle vit ici avec son fils et ses 2 filles.
10:58Elle aussi nous a demandé de cacher son visage par crainte des représailles.
11:04Ce matin, y en avait 3.
11:05L'objectif de Françoise et Catherine,
11:07comme des autres habitants de la résidence,
11:09reconquérir le territoire annexé par les dealers.
11:15Qu'est-ce qui se passe, ce soir ?
11:16Bah voilà, là, vous avez déjà une petite partie qui est arrivée,
11:21qui squatte, là, jusqu'à des heures...
11:24On les entend crier.
11:26Certains consomment, consomment du...
11:30C'est infernal, c'est un square pour enfants.
11:32Et on le voit bien, il y a des petits jeux.
11:34Et donc, les enfants ne peuvent pas descendre.
11:36Les parents ne peuvent pas profiter du square, non plus.
11:39Et c'est inadmissible, quoi.
11:41Je veux dire, on paye, on paye quand même un loyer,
11:45on a des gros charges.
11:47Pour Catherine, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase,
11:50c'est ce qui est arrivé à sa fille.
11:52Il y a 3 mois, elle a été agressée par un toxicomane
11:55alors qu'elle garait sa voiture dans ce parking.
12:00Il s'est accroché à ma vitre.
12:02Et pendant tout le tour du parking,
12:04il s'est resté accroché à ma vitre pendant que je roulais,
12:06et moi, j'accélérais un peu.
12:07Et je suis rentrée directe dans ma place, mais en biais.
12:09Et il y avait un poteau derrière.
12:11Je me suis mise comme ça, j'ai fermé les vitres,
12:13il a commencé à crier et tout.
12:14Il mettait des coups de poing, des coups de poing, des coups de poing.
12:16Donc là, il y avait du sang, des traces de mains et tout.
12:20J'ai ouvert la porte quand même,
12:22et il s'est jeté sur moi dans la voiture,
12:23c'est-à-dire que j'étais presque allongée.
12:25Il s'est jeté sur moi, j'ai dit,
12:26c'est bon, il va me faire quelque chose.
12:28Et en fait, il a pris mon téléphone, il est parti en courant.
12:33C'est un drogue et un toxicomane.
12:37Depuis cette agression,
12:39Françoise et son association multiplient les initiatives.
12:42C'est plus que du courrier, c'est carrément un bouquin.
12:47Comme cette banderole accrochée au balcon de la résidence.
12:50Un fait d'arme repris dans la presse locale.
12:55Une banderole qui disait
12:56alcool, drogue, violence, stop, on n'en peut plus.
13:00Françoise et ses amis inondent aussi de courriers les autorités.
13:05Et la dernière en date, c'est l'orthophobe.
13:08Qu'est-ce qu'il vous a répondu ?
13:10Voilà ce qu'il m'a répondu.
13:12Ça, c'est la réponse d'orthophobe.
13:14Le ministre a pris connaissance de votre correspondance.
13:17Soyez assurés de l'entière détermination du ministre
13:19à lutter contre toutes les formes de délinquance et d'insécurité
13:22afin que chaque citoyen puisse en tout lieu et en tout temps
13:25aspirer à sa tranquillité légitime.
13:28Elle date de quand ?
13:29Du 4 septembre 2009.
13:32Et orthophobe est venu le 15 septembre, je crois,
13:36si je ne me trompe pas de date.
13:38Il est venu à la suite de votre lettre ?
13:40Non, je ne pense pas, je n'ai pas cette célébrité.
13:44Le 15 septembre dernier, en effet,
13:46le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux,
13:48a fait une visite éclair à Saint-Denis.
13:54Il a annoncé le renforcement des effectifs de police
13:57pour tenter d'enrayer le trafic.
14:01Pendant la journée, le quartier est désormais quadrillé.
14:04Pourtant, dealers et toxicomanes n'ont pas vraiment déserté les lieux.
14:11Ils se font juste plus discrets
14:14et se cachent maintenant bien à l'abri des regards
14:17dans les cours d'immeubles comme Chris.
14:26Il a fait une opération coup de poing de temps en temps,
14:28comme ça sort dans le parisien, pour faire montrer qu'on est là.
14:31Et dans un mois, revenez, ça sera toujours pareil.
14:34Et du coup, si vous en voulez, je vous en trouve tout de suite.
14:36Pourtant, il n'y a personne dans la rue.
14:38Je vous en trouve tout de suite.
14:39Pour nous prouver ses dires,
14:41Chris nous propose de l'accompagner, acheter une de ses doses.
14:44Depuis la visite du ministre, en fait, le trafic s'est déplacé.
14:48Il ne se tient plus près de la gare, mais en plein centre-ville.
14:54En pleine journée, dans l'artère la plus commerçante de Saint-Denis,
14:57Chris négocie avec les dealers.
15:00Non, mais c'est pas bon, là.
15:01Là, t'abuses, là.
15:02Là, t'abuses.
15:03Mets-moi ça.
15:04T'as vu, on rajoute.
15:05Mais c'est du bon matos.
15:07Mais je mets 40 dollars, mon frère.
15:09T'as vu ?
15:10Pour consommer, Chris se rend dans un lieu plus discret
15:13que des cages d'escalier.
15:15Un endroit isolé le long du canal
15:17où aucun habitant n'ose s'aventurer.
15:21Les toxicomanes l'appellent la jungle ou le ghetto.
15:25Vas-y.
15:27Chéri, je voulais pas...
15:28Non, je trouve pas mon billet, moi.
15:30A peine arrivé, Chris retrouve Mylène, une autre habituée des lieux.
15:35C'est pas important.
15:37Elle est accro depuis 15 ans.
15:39Malgré tout, elle conserve un peu de lucidité sur sa toxicomanie.
15:47Le 1er jour que mes amis m'ont fait goûter,
15:49je ne savais pas que c'était pas bon.
15:51Si je savais aujourd'hui, je ne l'aurais jamais fait.
15:54Ne touchez jamais à ça, parce que c'est pas un bon produit.
15:58Si je pouvais retourner en arrière, je ne l'aurais jamais fait.
16:05Qu'est-ce que ça vous fait comme effet ?
16:07C'est éphémère.
16:09Finalement, ça me fait plus d'effet,
16:11mais je n'arrive plus à m'arrêter, donc je ne comprends plus rien.
16:14Oui.
16:20Le lendemain, quasiment au même endroit, changement d'ambiance.
16:28Merci.
16:29Voilà la belle crêpe de Nicole et Robert.
16:33Ce samedi, Catherine, Françoise et les autres habitants ont retrouvé le sourire.
16:38Pas de dealers, pas de toxicomanes.
16:41C'est la fête annuelle du quartier.
16:43Et pendant quelques heures, la rue est à nouveau aux habitants.
16:47Mais Françoise ne crie pas victoire.
16:55Heureusement qu'il y a quelques habitants un peu militants,
16:58un peu revendicateurs, un peu rebelles, qui sont présents.
17:07Oui, enfin, qu'essayent de la prendre.
17:14Le combat est loin d'être gagné,
17:17car en face, sur l'autre rive, les affaires continuent.
17:22Les toxicomanes sont toujours là.
17:25On estime à un peu plus de 300 le nombre de fumeurs de ***
17:30qui fréquentent le quartier de la gare de Saint-Denis.

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