Pourquoi protéger la faune marine de l'île Maurice_
Le photographe sous-marin Hugues Vitry nous emmène à la découverte des merveilles marines de l'Île Maurice, où vivent cachalots, dauphins, requins, tortues et poissons tropicaux.
Accompagné de plongeurs, scientifiques et défenseurs de la faune, il révèle un monde fascinant tout en soulignant l'importance de protéger cet écosystème fragile.
Accompagné de plongeurs, scientifiques et défenseurs de la faune, il révèle un monde fascinant tout en soulignant l'importance de protéger cet écosystème fragile.
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00:00Musique douce
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00:26Perdue dans l'immensité de l'océan Indien,
00:29à près de 3000 km des côtes africaines,
00:32l'île Maurice fait partie des trésors de l'archipel des Mascaraignes.
00:36...
00:41L'île a conservé de son origine volcanique
00:44une végétation généreuse
00:46où se côtoient d'innombrables créatures.
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00:57Sous l'eau, les grottes multicolores offrent aux espèces
01:00un terrain de jeu paradisiaque et unique.
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01:08Hugues Vitry, plongeur et photographe sous-marin,
01:11et Vikash Tathaya, spécialiste de la faune mauricienne,
01:14font partie de ceux qui connaissent le mieux
01:17ce petit coin de paradis.
01:20...
01:22Suivre leurs pas, c'est partir à la rencontre d'amoureux
01:25d'une nature exubérante et fragile.
01:28...
01:30Ils sont scientifiques, plongeurs ou membres d'associations
01:33et sont devenus les gardiens et les ambassadeurs d'espèces
01:36qu'ils côtoient au quotidien,
01:39qui font partie de leur ADN et de leur fierté.
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01:44Voici l'histoire du lien exceptionnel
01:47qui unit des animaux et des hommes à l'île Maurice,
01:50l'étoile de l'océan Indien.
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02:05Notre voyage commence au nord-ouest de l'île,
02:08le long des plages du petit village de Trouobiche.
02:11...
02:16Dans cet environnement paisible, à l'abri des Alizés,
02:19vit un personnage singulier,
02:22connu ici de tous, Hugues Vitry.
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02:29Ses journées, Hugues les passe loin de la terre ferme,
02:32au large des côtes.
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02:41Depuis plus de 30 ans, Hugues explore les richesses sous-marines
02:44de son île, qu'il connaît comme personne.
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02:53Ses photos ont fait le tour du monde
02:56et avec le temps, il a réussi à nouer de vraies relations
02:59avec des animaux sous-marins sauvages,
03:02même ceux réputés comme dangereux.
03:05Sur cette plongée, on va aller voir une très vieille amie
03:08que je connais depuis quand même pas mal de temps.
03:11C'est... Vous allez découvrir, c'est une reine javanaise
03:14qui fait environ 1,80 m
03:17et que je connais, on va dire,
03:20depuis presque une vingtaine d'années.
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03:50La murenne est un animal territorial.
03:53Dans ce labyrinthe rocheux, Hugues sait exactement
03:56où aller la chercher.
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04:02Une fois sur place, le plongeur émet des sons de gorge
04:05pour prévenir l'animal de son arrivée.
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04:37Hugues est le seul plongeur au monde
04:40à être parvenu à une telle intimité avec une murenne.
04:43...
04:49Tenter de faire comme lui pourrait s'avérer extrêmement risqué.
04:52Avec leurs puissantes mâchoires et leurs dents tranchantes,
04:55ces poissons peuvent infliger des blessures graves
04:58et profondes.
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06:31Hugues a su tisser des liens uniques
06:34avec ses surprenants voisins.
06:37Avec lui, un balliste peut même se révéler curieux,
06:40tendre et joueur.
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06:52Dans ces dédales qu'il ne cesse d'arpenter,
06:55Hugues n'est plus vraiment un inconnu.
06:58A 50 m de fond,
07:01des crevettes nettoyeuses lui proposent même leur service
07:04et semblent presque le considérer comme faisant partie de leur univers.
07:08...
07:12Je voudrais faire partie de leur monde,
07:15mais je suis qu'un invité chez eux.
07:18Je me vois toujours comme l'étranger qui est accepté
07:21et qui adore leur monde.
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07:27Je ressors de l'eau pour venir respirer, manger et repartir.
07:30C'est une forte passion, une fièvre.
07:33Si j'avais 100 vies à vivre,
07:36je referais exactement la même chose.
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07:54Régulièrement, Hugues quitte son repère de trou aux biches
07:57pour sillonner l'île
08:00et y photographier les animaux de Maurice.
08:03Aujourd'hui, direction la baie de Tamarin,
08:06au sud de Port-Louis, la capitale.
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08:12Hugues y a rendez-vous avec Imogen Webster,
08:15biologiste australienne, spécialiste des dauphins
08:18qui travaille pour la Mauritius Marine Conservation Society.
08:21Salut, comment ça va ?
08:24Bien, merci. Bienvenue.
08:27Monte à bord, je t'en prie.
08:30Alors, comment ça se présente ?
08:33Très bien. Comme tu peux le voir, on a la météo idéale.
08:36Les dauphins sont dans le nord, donc il nous faut 20 minutes
08:39pour aller là-bas.
08:42OK, alors allons-y.
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09:03La baie de Tamarin est réputée dans le monde entier
09:06pour les colonies de dauphins qui y ont élu domicile.
09:09Imogen se rend régulièrement au plus près des animaux.
09:12Au fil du temps, elle a appris à décrypter
09:15leurs habitudes et leurs comportements.
09:18Ceux-là, ce sont des dauphins lombecs.
09:21Ils viennent ici pour se reposer
09:24et se retrouver ensemble pendant la journée.
09:27La nuit, ils partent se nourrir au large,
09:30dans les eaux plus profondes.
09:33Ce groupe est composé d'environ 60 à 80 individus.
09:36Regardez, ils viennent nous dire bonjour.
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09:57Ce qu'on appelle le repos pour nous,
10:00c'est complètement être inné, être allongé
10:03et être presque inconscient.
10:06Alors que pour les animaux comme les requins, les dauphins,
10:09ils dorment d'un hémisphère de la tête à la fois
10:12qui fait qu'ils sont toujours en éveil avec l'autre hémisphère.
10:15Ce que vous voyez là, ce sont des dauphins
10:18qui sont en train de dormir, finalement.
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10:27...
10:30Quand ils se retrouvent ensemble,
10:33ils communiquent de plus en plus.
10:36On commence à les voir faire des sauts
10:39et ils mâchent de plus en plus vite.
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10:57Pour communiquer, ils utilisent des sifflements,
11:00des clics et l'écholocation, des sons typiques des dauphins.
11:03Ils tapent aussi sur l'eau avec leurs nageoires.
11:06Ils sautent et ils se touchent les uns les autres.
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11:48On se sent presque connectés avec les dauphins.
11:51En fait, ils nous ressemblent beaucoup.
11:54Ils les utilisent comme des noms pour s'appeler entre eux.
11:59Il y a vraiment beaucoup de points communs avec nous.
12:03Je pense que c'est pour cette raison qu'on se sent aussi proches.
12:25Les dauphins attirent les hommes depuis toujours.
12:29Mais avec le développement touristique de l'île,
12:32il arrive qu'une véritable cohue se presse autour des cétacés
12:35venus se reposer dans les eaux calmes de la baie.
12:44Cette promiscuité entraîne un stress nouveau pour les animaux.
12:50Partout dans le monde,
12:52il y a eu de nombreuses études très récentes sur le dolphin watching
12:55et sur l'impact de cette activité sur les animaux.
12:58Quand ce n'est pas assez contrôlé,
13:00on commence à voir des changements dans le comportement des dauphins
13:03et ça peut avoir un impact très négatif sur eux.
13:06C'est justement contre ça que nous essayons de lutter.
13:13Récemment, Imogen et les membres de la Mauritius Marine Conservation Society
13:18ont proposé une loi pour réglementer le nombre de bateaux et les horaires de sortie.
13:26À l'île Maurice se développent ainsi de nouvelles pratiques
13:29pour que les hommes et la faune sauvage partagent leur territoire.
13:39Des réserves naturelles ont également été créées
13:42pour que les espèces les plus fragiles puissent se développer.
13:48Parmi ces lieux protégés, se trouve l'île Oségrete, située au sud-est de Maurice.
13:59C'est ici que se rend Vikash Tathaya, une autre figure emblématique de l'île.
14:12Vikash est ornithologue et travaille pour la Mauritius Wildlife Foundation.
14:18Il est responsable de toutes les opérations de conservation à l'île Maurice depuis une quinzaine d'années.
14:38Alors ça c'est le cardinal de Maurice.
14:40C'est le cardinal mâle, vous voyez avec la tête rouge, avec un petit point de rouge sur la queue.
14:45C'est très rare comme oiseau.
14:47On les a réintroduit ici sur l'île Oségrete, là où il n'y a pas de rats, il n'y a pas de chats,
14:52il n'y a pas de mangousses, il n'y a pas de singes.
14:55Et la forêt est en train d'être restaurée, donc il y a une bonne forêt,
14:59qui fait qu'on a environ 170 oiseaux ici sur l'île Oségrete, sur ce petit îlot.
15:18Nous sommes ici dans la forêt des Beignets.
15:20C'est dans ces arbres-là qu'on trouve les pigeons des morts qui se reproduisent.
15:26Et dans le sous-bois, nous avons des cingues de Telfair, une espèce qui a disparu de Maurice, un reptile.
15:33Donc nous sommes en train de récréer tout cet écosystème qui se compose non seulement de plantes,
15:38mais d'oiseaux et de reptiles.
15:40Et on espère dans les années à venir avoir des oiseaux.
15:44Et on espère dans les années à venir avoir plein d'oiseaux, d'oiseaux de mer qui viendront se reproduire sur l'île.
15:56Vikash effectue des points réguliers avec ses équipes installées sur place.
16:01Salut l'équipe, bonjour, bonjour, bonjour, ça va ?
16:04Alors, quelles sont les bonnes nouvelles ?
16:08Bon appétit !
16:10Elles ont pour mission de surveiller le développement des différentes espèces,
16:14leur accès aux sources de nourriture et le bon déroulement des réintroductions.
16:22Donc maintenant, il est temps de le relâcher.
16:24Là, on l'a attrapé.
16:28Aujourd'hui, les lieux sont redevenus propices à l'épanouissement de la faune sauvage.
16:33Bonjour Julie, comment ça va ?
16:35Bien, merci.
16:36Comment vont les oiseaux aujourd'hui ?
16:38Ils vont bien, ils ont tous pris du poids et je vais leur donner un peu de nourriture supplémentaire.
16:42Excellent, et ils grandissent bien alors ?
16:45Oui, et leur poids est stable.
16:47Très bien, très bien, et la nourriture semble fraîche.
16:58Je me vois mal faisant autre chose que la conservation ou la protection de l'environnement.
17:04L'île Maurice, c'est ma maison, c'est là où j'ai vécu, c'est là où j'ai grandi,
17:08c'est là où je suis né, c'est là où je pense mourir.
17:11C'est tout pour moi.
17:14Chaque jour, Vikash se déplace aux quatre coins de l'île pour suivre les missions de conservation dont il a la charge.
17:21À l'île Maurice et à Rodrigues, l'histoire entre l'homme et la nature,
17:26c'est un peu comme un mystérieux mystère.
17:30C'est pas juste un mystère, c'est un mystère qui se transforme dans une réalité.
17:35C'est une réalité qui se transforme dans un mystère,
17:39c'est une réalité qui se transforme dans un mystère de l'homme.
17:43C'est un mystère qui se transforme dans un mystère de l'homme.
17:46l'histoire entre l'homme et la nature n'a pas été au bénéfice des plantes et des animaux.
17:53Tout d'abord, ça a été enlevé des forêts pour faire place à la canne à sucre, au thé et
18:02autre chose. L'introduction des cerfs, des sangliers, des singes, des prédateurs qui ne
18:08sont pas de chez nous. Et je crois qu'avec la superficie qui est quand même très réduite à
18:14Maurice, cette cohabitation se fait très difficilement. Aujourd'hui, il y a beaucoup
18:23plus de Mauriciens et de Rodrigues qui s'intéressent à préserver la biodiversité de leurs îles et c'est
18:32pour cela que nous nous battons pour ne pas perdre ces choses qui sont uniques de chez nous et qui
18:38sont uniques pour l'humanité. Vicache se rend à la lisière du parc national des gorges de
18:54rivière noire. C'est ici qu'a été créé un sanctuaire isolé du reste de l'île et dédié
19:00entièrement à la protection des animaux.
19:30C'est un tout petit centre qui a été très important, capital même, pour le sauvetage
19:42de nombre d'oiseaux de Maurice et de chauves-souris aussi de Rodrigues. C'est aussi un centre de soins
19:52pour les animaux, pour les oiseaux indigènes qui nous reviennent de la forêt, qui ont été
19:56réhabilités ici grâce à ce centre. En ce moment, l'espèce qui est au centre de toutes les attentions,
20:25c'est la catauverte, une perruche très rare que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.
20:30Sa population s'est réduite à seulement 15 individus dans les années 70. Un vaste programme a
20:39donc été lancé pour sauver l'espèce de l'extinction. Les cataudas sont là depuis assez longtemps. On les
20:45a emmenés ici pour la reproduction. Après, les bébés qu'ils ont, on les relâche dans les bois. Mais
20:51ceux-là vont rester ici. On les donne à manger matin et soir, tous les jours, en fait, matin et après.
21:00Chacun a un nom ici. Nazary est le plus vieux. Il a 16 ans, 15 ans, 15 ans, 16 ans. Je l'ai
21:30bien parce qu'il vient à chaque fois sur moi. Il me connaît. J'aime tout le monde. Voilà.
21:38J'ai toujours voulu travailler avec les animaux, mais je n'ai jamais su que j'avais ce don avant.
21:47Mais après, quand je suis venue ici, je suis tombée amoureuse, il faut dire.
22:00Les cataudes vertes, nées en captivité, sont relâchées au cœur des gorges de rivière noire.
22:14Des nichoirs y ont été installés pour qu'elles puissent continuer à s'y reproduire. Mais cette
22:23fois, à l'état sauvage. Régulièrement, Vikash et ses équipes se rendent sur le terrain pour
22:37contrôler leur état de santé. Ici, on est dans un site qui s'appelle Galapagos. On a une femelle
22:52qui s'appelle Icarus et son mâle s'appelle Gandalf. Et là, c'est le moment où il commence
22:59à prendre des oeufs. Donc, on est venu voir si elle a déjà commencé à prendre des oeufs.
23:22Il y a deux oeufs.
23:44Alors, quel est le verdict?
23:45Il y a deux oeufs et ça va éclater d'ici 25 jours.
23:50Donc, dans 25 jours, on aura une bonne nouvelle.
23:53Grâce aux actions du centre, la population de cataudes vertes est passée de 15 à plus de 500
24:08individus. Une réussite saluée dans le monde entier et qui a fait de Maurice un exemple pour
24:16la sauvegarde des espèces menacées. Retour à Trouobiche. Hugues a retrouvé le célèbre
24:32océanographe François Sarano, ancien chef d'expédition du commandant Cousteau et fervent
24:37défenseur du monde sous-marin. Les deux hommes embarquent pour un voyage au large des côtes à
24:52la rencontre d'un véritable géant des mers, le cachalot. Pour l'instant, on n'a rien encore vu,
25:00mais je pense qu'on va s'arrêter pour faire des écoutes. On va faire une écoute pour essayer de
25:12repérer les cliquetis des cachalots. Et tu distingues parfaitement les mâles des femelles?
25:21Ah oui, le mâle, c'est comme des coups de marteau sur une enclume, à intermittence. Alors que les
25:26femelles, c'est des cliquetis réguliers. Fais voir, encore une seconde. C'est loin là? C'est assez
25:38loin, c'est assez loin, c'est environ à 7-8 kilomètres. Vous avez une grosse habitude parce
25:47que c'est pas si simple. C'est pas si simple. C'est confirmé, ils sont par là. Tu vois quelque
26:14chose? On est encore un peu éloigné du reste. Tu veux essayer? Ils arrivent vers l'arrière du bateau.
26:36Mère est petite, mère est petite, mère est petite, mère est petite. Il y en a un gros ici,
26:48juste là. Il est à 200 mètres, il vient de souffler juste derrière. C'est peut-être le
26:54grand mâle. C'est peut-être le grand mâle. Il y a un groupe qui fait une douzaine de cachalots?
27:18Non là en ce moment, mais ils peuvent être une soixantaine. Une soixantaine? 60 cachalots qui
27:24peuvent être séparés de grandes distances et qui pourtant sont ensemble. Parce qu'ils se parlent en
27:30permanence, parce qu'ils communiquent en permanence. Et puis il y a un moment extraordinaire où tout
27:36d'un coup ils se regroupent tous en surface et à ce moment là ils se mettent à se frotter,
27:42à se caresser les uns les autres, comme s'il y avait des choses, des choses qui ne pouvaient
27:47pas se dire autrement que par la carenne. Des animaux qui font 50 tonnes et qui sont
27:53et qui sont incroyablement affectifs, sensibles, t'as le mot, t'as le mot juste là.
28:00Ah dis donc, regarde, regarde, regarde, regarde, il est juste là, il est sur la tête.
29:00L'île Maurice est l'un des rares endroits dans le monde choisi par les cachalots pour y résider à
29:18l'année. Aujourd'hui Hugues et François ont la chance de se retrouver près d'un groupe d'une
29:26quinzaine de cachalots. Petit à petit ils parviennent à se faire accepter et à s'approcher
29:41au plus près des animaux, en toute confiance. Après plusieurs minutes d'une plongée merveilleuse,
29:57les deux hommes ont alors une opportunité rare, celle d'observer un bébé cachalot en train de tétér.
30:04C'est un moment où il tété. Il sollicitait du lait de sa mère, mais comme la mère avançait,
30:30elle partait toujours, elle essayait de téter. Magnifique, magnifique. J'ai vu, l'animal ne bouge pas,
30:45mais elle avance.
31:00Tout d'un coup tu te retrouves face à quelque chose qui te dépasse complètement. Les plus grands
31:14carnivores de la création, c'est quand même des animaux qui vont à 2000 mètres de profondeur,
31:20c'est des animaux qui font des amenées d'une heure et c'est des animaux sur lesquels on ne sait
31:25rien. Lui vit dans un monde que nous n'avons pas exploré, il vit dans un autre monde. C'est ça
31:36qui est extraordinaire quand on est avec lui, on est avec un extraterrestre.
31:55Je ne sais pas s'ils font preuve de sentiments, mais je sais que ces animaux font preuve d'une
32:06immense sensibilité, d'altruisme. Ces animaux sont capables de se défendre les uns les autres,
32:14pas simplement la mère et le petit. Le clan est fort, ces animaux sont très soudés. C'est des
32:21animaux qui montent toute la beauté de la nature.
32:51Après leur plongée aux côtés des cachalots, Hugues et François mettent le cap vers le nord,
33:04en direction d'un lieu réservé à seulement quelques initiés.
33:08Ici c'est une nursery pour les bébés requins, pour les requins des grilles de récif, qu'on
33:26retrouve en grande quantité, surtout en début d'année. La nursery c'est le signe d'espoir,
33:35il n'y a zéro doute là-dessus. Les requins sont partout surexploités dans le monde et lorsque par
33:40endroit on a un lieu comme ça, un peu secret, où les jeunes sont en paix et peuvent grandir,
33:47c'est formidable.
34:36Pour accéder à la nursery, Hugues et François doivent franchir plusieurs passages très étroits,
34:46sans se faire emporter par les courants très violents dans la zone.
35:06Après plusieurs minutes de plongée, ils parviennent enfin à pénétrer dans une fosse sous-marine et
35:15se retrouvent face à face avec plusieurs requins. Certains ne sont âgés que de quelques mois et
35:25achèvent leur croissance bien à l'abri. L'endroit sert aussi aux adultes qui viennent
35:38s'y reposer, se laissant porter par les courants et profitant d'une eau riche en oxygène.
35:55Avoir les plongeurs partager le territoire de ces requins en toute quiétude,
36:16difficile d'imaginer qu'ils font partie des animaux les plus redoutés par les hommes.
36:25Ce sont des animaux vraiment très mécompris, mal compris et tout comme les murennes, je me fais
36:37fort d'essayer d'être leur ambassadeur, d'être la voix qu'ils n'ont pas pour dire, pour crier au
36:45monde que ce ne sont pas ces monstres qu'on a toujours voulu se créer. On voudrait que le monde
36:54se plie à nos désirs, à nos besoins. Mais je suis désolé, ça ne se passe pas comme ça,
36:59ça ne se passe pas comme ça dans la nature.
37:13Nous devons accepter une part de ce monde qui ne soit pas le nôtre, qui ne soit pas à notre
37:20merci, qui ne soit pas asservi à nos caprices. Et les requins sont véritablement le symbole dont
37:27nous avons besoin pour comprendre ça. Par conséquent, il est nécessaire de préserver
37:33à tout prix ces requins, symbole de ce monde sauvage indompté qui nous échappe.
37:51A l'île Maurice, le foisonnement de la vie sous-marine offre l'image d'un monde encore
37:59sauvage sur lequel l'homme n'a pas posé son empreinte. En parvenant à s'approcher aussi
38:09près des animaux marins, en respectant leur environnement et leur mode de vie, Hugues et
38:14François montrent à leur manière qu'un territoire se partage et que chacun doit savoir rester à sa place.
38:21Vicache s'envole à présent vers Rodrigues, la plus petite des îles de l'archipel.
38:45Située à près de 600 kilomètres de Maurice, Rodrigues, avec sa superficie d'à peine 100
38:54kilomètres carrés, n'est qu'un tout petit point perdu au milieu de l'océan.
39:02Plusieurs fois par an, Vicache vient prendre le pouls de cette île au charme authentique.
39:06Les 40 mille habitants qui vivent ici sont isolés du reste du monde et la vie s'y écoule paisiblement.
39:25Vicache profite aujourd'hui de son séjour sur l'île pour rendre visite à son ami Aurel André,
39:30responsable d'une réserve un peu particulière.
39:33Le site a été spécialement créé pour héberger des tortues géantes.
39:48Ces impressionnants reptiles évoluent en semi-liberté dans un parc naturel de 20 hectares.
39:57Un écrin de nature recréé à l'identique de l'écosystème originel.
40:04Avec l'arrivée des hommes et l'exploitation de l'île, on a quand même perdu beaucoup de notre
40:15biodiversité et naturelle. Nous avons perdu les deux espèces et du tortue endémique de Rodrigues.
40:24La dernière a été vue en 1795 et puis depuis on n'a plus parlé.
40:29C'est donc pour remplacer les espèces éteintes que deux cousines venues de Madagascar ont été réintroduites.
40:39La première, la tortue radiata, est réputée pour les rayons étoilés qui recouvrent sa carapace.
40:47La seconde, la tortue d'Aldabra, est l'une des plus grosses du monde.
40:54Sa croissance est surprenante. Poids plume d'à peine 50 grammes à la naissance,
40:59elle peut atteindre 300 kg à l'âge adulte.
41:03Les tortues qui broutent à l'infini.
41:06Oui, c'est des tendeuses.
41:08En fait, il y a un marquage qui est visible là.
41:13Et puis bon, il y a les couleurs parce que ce sont des côtes.
41:17Et puis tu vois, les tortues ont des puces aussi.
41:23A l'origine, il y avait un mur là et on marchait en bas.
41:26Et pour ne plus donner d'espace aux tortues, on a dû faire un...
41:29On a dû faire un relevé.
41:31À ce moment-là, ça ne donne plus d'espace, les tortues passent de l'autre côté.
41:39Bon, Vika, je t'ai remarqué la différence.
41:42C'était la dernière fois que tu étais là.
41:44Je suis émerveillé par la pousse de ces plantes.
41:48Ça fait quoi? Trois, quatre ans peut-être?
41:51J'aurais jamais imaginé ça.
41:53Déjà, ça fait une forêt impénétrable.
41:55Tout à fait, tout à fait.
41:57Comme Rodrigue aurait été...
41:59Il y a 300 ans.
42:00Il y a 300 ans, celui-là.
42:06Donc vous avez agrandi cette pépinière-là, alors?
42:08Ah oui, oui, oui.
42:09Parce que bon, il faut agrandir pour accueillir les bébés.
42:13Mais voilà, c'est...
42:15Toujours essayer d'avoir un espace le plus naturel possible.
42:20Tous nos bébés qui sont nés, sont nés naturellement.
42:23C'est un peu la philosophie du projet.
42:25C'est-à-dire refaire Rodrigue d'il y a 300 ans
42:28et le faire le plus naturellement possible.
42:30Nous aussi, on a essayé l'incubation artificielle.
42:32On a vu que c'était même pas la peine.
42:35Parce que l'incubation naturelle était bien meilleure.
42:56Rentre-toi de cette belle tête-là, un coup, là.
42:59Voilà.
43:00Voilà.
43:01Alors c'est intéressant, c'est de savoir que la carapace est sensible.
43:06Parce qu'on a l'impression que c'est dur et puis c'est pas sensible.
43:08Voilà.
43:09Si je fais ça, vous allez voir qu'il est chatouillé.
43:12Il chatouille et je fais ici, là, il va chatouiller derrière.
43:16Voilà.
43:18Parce que les nerfs passent à fleurs de la carapace.
43:22Il y a des vaisseaux sanguins,
43:24ce qui fait que quand je fais comme ça, ça chatouille.
43:41Ah oui, non, non.
43:42C'est pas trop chaud, là.
43:52Tu viens me caresser, n'est-ce pas ?
43:55Voilà.
44:00Je crois qu'il y a une communication qu'on ne peut pas expliquer encore
44:03entre les hommes et les animaux.
44:05Nous faisons partie de la chaîne écologique.
44:09On a une tendance, une perception qu'on est en dehors, nous.
44:12On regarde les choses en dehors.
44:14Travailler avec des animaux, c'est reprendre sa place légitime dans la chaîne
44:19qui est cette chaîne écologique où il y a les plantes, il y a les animaux, il y a nous-mêmes.
44:24Nous ne sommes qu'une espèce, parmi les espèces.
44:42Je peux dire avec conviction aujourd'hui que les Rodriguiers sont fiers
44:46qu'ils ont retrouvé un petit peu de leur identité à travers la présence des tortues à Rodrigue.
45:10À Rodrigue, les flancs de l'île portent encore les stigmates de l'arrivée des premiers colons.
45:17La forêt tropicale, surexploitée pour le commerce du bois,
45:22a laissé place par endroits à de longues étendues d'herbes jaunies par le soleil.
45:32Des programmes de restauration ont peu à peu permis de redonner à l'île son visage d'antan.
45:39Andrea Waterstone, biologiste américaine et rodriguesse d'adoption,
45:44est en charge du suivi de la bonne santé des forêts.
45:52Aujourd'hui, la présence de sites richement boisés a permis la réapparition de la chauve-souris de Rodrigue,
45:58devenue l'emblème de la renaissance de l'île.
46:08Cette chauve-souris qui est unique de Rodrigue, elle était devenue la chauve-souris la plus rare au monde,
46:14réduite à moins de 100 individus.
46:18Il y a eu tout un effort de sensibilisation, de protection, de restauration de la forêt,
46:24et aujourd'hui on dénombre presque 20 000 individus de la chauve-souris à Rodrigue.
46:29C'est un succès phénoménal, c'est le plus grand succès de conservation peut-être de mammifères au monde.
46:39Il y a plein de chauve-souris ici, il doit y en avoir des centaines.
46:45Il est 18 heures, c'est l'heure où elles sortent toujours.
46:50A combien tu estimes leur population ?
46:53Ici il y en a à peu près 1000.
46:56Elles sortent dans trois directions, en dessous, de l'autre côté et ici.
47:03Régulièrement, Andréa et les membres de la Mauritius Wildlife Foundation
47:08font appel aux enfants des villages alentours pour les aider dans leur mission.
47:17Nous sommes ici ce soir pour faire le comptage des chauves-souris à l'échoire de Cassia.
47:23Tous les cinq minutes nous allons compter pour pouvoir savoir la population.
47:27On peut avoir un, deux, trois, quatre.
47:30Puis nous allons compter les chauves-souris qui partent dans cette direction ici.
47:34Et les garçons, je vous laisse pour compter les chauves-souris qui partent dans l'autre direction.
47:40Actuellement, on prend une petite place pour compter combien de chauves-souris il y a.
47:45D'accord.
47:48À côté de toi.
47:49Côté, côté.
47:56Elle est ici.
47:57Oui.
47:58Neuf.
47:59Six.
48:00C'est ici.
48:02Et voilà.
48:03Il y a onze ici.
48:05Il y en a un peu loin là-bas.
48:07Deux, trois.
48:15Depuis toute petite, on a vu les jeunes venir avec nous depuis toute petite.
48:20Maintenant, les autres grandirs continuent à venir nous aider.
48:23Et c'est vrai, régulièrement, elles viennent pour le comptage.
48:27Il faut pas qu'il y ait de la voix d'âge, je veux dire.
48:45Tout ce travail de sensibilisation et de comptage,
48:48et pour travailler avec les villageois et les enfants dans l'école,
48:51ça a marché et c'est très positif avec les réactions que nous avons avec les Rodrigues maintenant.
48:58Ça fait une fierté pour les Rodrigues ici,
49:01parce que c'est quelque chose qui se trouve que sur cette île-là.
49:04Comme les chauves-souris, il y en avait moins que 70.
49:07Et maintenant, il y a plus de 15 000 chauves-souris ici.
49:10C'est une histoire vraiment admirable et vraiment magnifique.
49:26À Rodrigues, comme à l'île Maurice,
49:28le travail de ces gardiens de la faune sauvage
49:31permet peu à peu de voir renaître et prospérer
49:34de nombreuses espèces terrestres et plantes.
49:38Sur la baie de Tamarin, au pied de la montagne du Rempart,
49:42Hugues et Vikash se retrouvent pour un moment de partage
49:45sur leur passion et leur engagement auprès des animaux de leur île.
49:54On sait ce qu'on doit préserver, on sait ce qu'on a,
49:57on sait le potentiel qu'on a, on sait ce qu'il y a d'autre.
50:00C'est ce qu'on fait.
50:03On sait ce qu'on doit préserver, on sait ce qu'on a,
50:06on sait le potentiel qu'on a et on sait combien c'est fragile.
50:14Ce combat pour sauver la nature, que ce soit en mer,
50:17que ce soit sur la terre, ça devient un sacerdoce.
50:20C'est quelque chose qu'on fait par conviction,
50:23qu'on fait par amour, qu'on fait par passion,
50:26qu'on se dédie à cette cause.
50:33Il faudrait pas que quand on porte,
50:36on dit à notre époque, il y avait ça, il y avait ça.
50:40Il faut dire à nos enfants, regardez ce qu'on vous a laissé
50:43et essayer de faire pareil.
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