Au terme d'une 1ère semaine de négociations, LFI propose sans surprise 4 candidats pour Matignon

  • il y a 3 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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Transcription
00:00Céline Géraud, toujours entourée de ses invités pour décrypter l'actualité, jusqu'à 14h.
00:05Jean-Michel Salvatore, Nathan Devers nous ont rejoint évidemment pour parler maintenant de la France Insoumise.
00:10Et nos chers auditeurs d'Europe 1, qu'on attend toujours au 01.80.20.39.21 si vous souhaitez réagir.
00:15Alors on parle évidemment de cette première semaine de négociations.
00:18LFI qui propose sans surprise 4 candidats pour le poste de Premier ministre à Matignon.
00:24Alors il y a Clémence Guettet, il y a Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Bompard.
00:31Écoutez, tiens Antoine Léaumant il est député LFI en Essonne, qui c'est les plus forts ?
00:37C'est pas les Verts, c'est LFI.
00:39Vous remarquerez quand même que alors que la France Insoumise était décrite comme un mouvement
00:44qui serait construit autour d'un seul homme, Jean-Luc Mélenchon,
00:48et qu'il y aurait le culte du chef je ne sais quoi, en réalité ce qui se passe c'est qu'on est capable de produire 4 noms.
00:53Pour le poste de Premier ministre et que tout le monde trouve ça normal.
00:56Tout le monde se dit bah oui après tout pourquoi pas Emmanuel Bompard, pourquoi pas Clémence Guettet,
01:01pourquoi pas Mathilde Panot et pour ma part aussi pourquoi pas Jean-Luc Mélenchon évidemment.
01:05Le profil de Jean-Luc Mélenchon est assez clivant,
01:08est-ce que vous avez le sentiment que c'est le mieux placé très clairement pour Matignon ?
01:11Alors la diabolisation de Jean-Luc Mélenchon elle a un objectif politique,
01:14c'est d'empêcher la mise en place du programme du nouveau Front Populaire.
01:17Alors Antoine Léaumant député LFI en Essonne ce matin avec Jacques Serret, Jean-Michel Salvatore.
01:23Sur cette complexité à trouver un candidat commun entre tous alors qu'à LFI prend le lead, prend le pouvoir.
01:31Alors en fait c'est à la fois mon avis très complexe et très simple.
01:33Je pense qu'aujourd'hui la stratégie de la France Insoumise c'est de ne pas aboutir à un accord.
01:39Je pense qu'il y a une volonté de saboter cette discussion.
01:43Donc ils n'en veulent pas en fait ?
01:45Oui tout simplement parce que je pense que Mélenchon se dit qu'il a tout compte fait,
01:49qu'il a vraiment maintenant plutôt intérêt à bordéliser le pays pour déclencher une présidentielle.
01:57Je pense que c'est maintenant la stratégie...
01:59Donc leur stratégie c'est quoi ? Semer le chaos comme ils le font très bien déjà ?
02:02Avec tous les relais possibles et imaginables.
02:04Donc on a vu que la CGT allait se joindre à tout ça la semaine prochaine en organisant des manifestations.
02:09Mais c'est vrai que la France Insoumise a changé de stratégie tout au long de la semaine.
02:13Dimanche soir quand on voit apparaître Mélenchon à 20h05 sur les écrans,
02:17là il y a une volonté de coup de force en disant
02:21il faut que le Président de la République nomme un Premier Ministre
02:25issu de la France Insoumise pour appliquer le programme, tout le programme.
02:29Ça ça a été dimanche.
02:31Et puis au début de la semaine on a senti que la France Insoumise voyait que peut-être
02:35qu'il fallait trouver un terrain d'entente et peut-être mettre un petit peu d'eau dans son vin.
02:39Et donc là on a commencé à parler d'une candidature possible d'Olivier Faure.
02:45Ce qui était finalement très commode facialement parce qu'il est socialiste
02:49donc ça permettait de dire on n'est pas si dangereux que ça.
02:53Mais politiquement c'était évidemment pas mal joué parce qu'Olivier Faure doit tout
02:57à la France Insoumise et notamment sa réélection.
02:59Et après ils nous ont promis un candidat avant la fin de la semaine.
03:01Et puis là finalement rien ne se passe.
03:05Ils passent leur temps à dire on discute, on discute, on discute.
03:07Mais j'ai l'impression que tout le monde...
03:09C'est des réunions tupérieurs qui n'en finissent jamais parce qu'il n'y a rien qui sort.
03:13Je pense qu'il y a un accord, sans doute les socialistes, peut-être les communistes, peut-être les écolos.
03:17Et je pense que la France Insoumise essaye de rendre tout accord impossible
03:21notamment en présentant ses quatre noms.
03:23Je ne sais pas ce qu'en pense Nathan.
03:25Avant de vous entendre Nathan, on va faire réagir un auditeur qui nous appelle.
03:29Bonjour Pierre.
03:30Bonjour.
03:31Merci beaucoup d'être avec nous en direct Pierre.
03:32Vous nous écoutez à Sèvres.
03:34Qu'est-ce que vous pensez de ce qui se passe...
03:36Non, de Sèvres, c'est les deux Sèvres.
03:37Ah les deux Sèvres, pardonnez-moi.
03:39Donc vous, vous êtes un électeur de gauche ?
03:43Oui, en plus France Insoumise, oui.
03:46Voilà, et donc comment est-ce que vous voyez ce qui se passe actuellement du côté de la NFP
03:50qui est incapable finalement de s'accorder ?
03:53Ce n'est pas évident parce qu'en fait il faut mettre en place un programme de rupture
03:58et en fait la France Insoumise veut être sûre que la personne qui va aller à Matignon
04:05va mettre en place un programme de rupture.
04:08Donc oui, dis-moi.
04:10Oui, oui, pour vous ce n'est pas forcément un candidat de la France Insoumise qui pourrait prendre ce poste ?
04:15Pas forcément, il faut juste...
04:17Moi ce qui est important pour moi, c'est que ce soit un candidat qui mette en place un programme de rupture
04:22parce qu'en fait on s'est déjà fait avoir deux fois à gauche,
04:27que ce soit avec Mitterrand, moi je n'étais pas né,
04:30ou bien François Hollande avec la loi travail.
04:35Donc voilà, nous on est méfiant.
04:37Ce n'est pas qu'on est sectaire, c'est qu'on est méfiant.
04:39Et en fait, Jean-Luc Mélenchon veut faire cette hégémonie à gauche
04:42pour être sûr qu'on aura une des promesses de rupture,
04:45quelque chose qui va vraiment faire changer la vie des gens.
04:47Mais vous êtes sûr, Pierre, que la France Insoumise veut vraiment ce poste de Premier ministre
04:51ou alors ils attendent que l'EPS et les écologistes se plantent ?
04:55Ou trahissent ?
04:56Non, non, non, je ne pense pas.
04:58Moi je ne suis pas dans ces trucs-là.
05:00Je pense qu'ils le veulent vraiment, mais ils ne veulent pas faire des petites mesurettes.
05:04Ils veulent vraiment changer de front en comble le pays
05:08pour que les gens puissent vivre mieux en fait.
05:10Donc voilà.
05:12Merci Pierre, merci pour votre appel.
05:14Il faut aussi comprendre que c'est ceux des traumatisés du PS.
05:18Et je dis bonjour à Clémence Guettet qui est de chez nous, du Nord de Seine,
05:24et qui serait bien mieux de temps en temps de rentrer à la maison.
05:26Merci pour la dédicace, on essaiera de lui passer le bonjour, mais ce n'est pas gagné.
05:29Merci beaucoup Pierre.
05:32Nathan Devers, on entend notre auditeur qui lui finalement dit ce qui compte c'est le programme,
05:36c'est moins l'incarnation.
05:37Il n'empêche, la question que soulève aussi Jean-Michel,
05:40c'est est-ce qu'aujourd'hui la France Insoumise veut vraiment ce poste de Premier ministre ?
05:44Ou alors ils attendent que l'EPS et les écologistes aillent se brûler les ailes
05:48en passant des accords et en se trahissant ce nouveau Front Populaire ?
05:52C'est toute la question.
05:53Alors déjà dans ce que disait Pierre, il y a une chose que je trouve intéressante,
05:55c'est qu'il parle du programme.
05:56Et en effet, je le dis objectivement,
05:58d'abord le programme du nouveau Front Populaire,
06:01il doit essentiellement au programme de la France Insoumise.
06:03Même si parfois il y a des différences de degrés,
06:05mais si vous voulez aujourd'hui, le mouvement politique à gauche
06:08qui a apporté des idées sur les dernières années,
06:10ce n'est pas tellement les socialistes
06:12qui sont en train de digérer la défaite du bilan Hollande
06:16et qui n'y arrivent pas si vous voulez à se recréer.
06:18C'est un peu les écologistes, mais pas tellement,
06:20parce que même sur l'écologie,
06:21ceux qui ont vraiment porté une réflexion de fond,
06:26qui se sont entourés d'intellectuels
06:27et qui ont construit un programme qui est l'avenir en commun,
06:29qui est en effet un programme de rupture,
06:31et qui est en effet un programme qui est le fruit d'un vrai travail politique,
06:34objectivement, c'est la France Insoumise.
06:36Ensuite, tout le problème est là.
06:37Quand Emmanuel Macron est réélu en 2022
06:39et qu'il a une majorité relative,
06:41Jean-Luc Mélenchon avait raison et avait beau jeu
06:44de dire qu'Emmanuel Macron n'était élu que par défaut,
06:47qu'il avait une majorité relative
06:48et qu'il ne pouvait pas appliquer totalement son propre projet politique.
06:51On l'a beaucoup dit, notamment pendant la réforme des retraites.
06:53Ce serait problématique d'avoir dit ça en 2022
06:55et de dire le contraire,
06:57alors que la France Insoumise a beaucoup moins de députés,
07:00et que le NFP de manière générale,
07:02qu'Emmanuel Macron n'en avait en 2022.
07:05Donc à partir de là, évidemment que cette position
07:07consistant à dire de la part de Jean-Luc Mélenchon à 20h05,
07:10le programme, rien que le programme et tout le programme,
07:13et évidemment la frustration des électeurs
07:15qui sentent que le programme ne peut pas,
07:17ne peut physiquement pas être appliqué,
07:20il faut quand même en tenir compte.
07:21Et évidemment que là on revient,
07:22beaucoup ont dit qu'on revenait dans une situation
07:24de quatrième république, etc.
07:25Mais on revient donc dans une logique
07:27où il va falloir avoir un esprit, de toute part,
07:29de modération, de discussion,
07:31de nuances, de nuances par rapport à soi-même.
07:33Et à partir de là,
07:35toute forme d'absolutisme est rendue caduque et impossible.
07:38On va écouter justement Sébastien Chenu,
07:40le vice-président du RN,
07:42sur ce sujet à propos de la France Insoumise
07:44qui n'a pas la majorité.
07:46Je rappelle que la gauche a fait moins de voix
07:48que le Rassemblement National lors de ses élections.
07:50Et pourtant il revendique un pouvoir
07:52alors qu'ils n'ont pas de majorité.
07:54Jean-Luc Mélenchon a dit pendant des années
07:56le pouvoir macroniste n'est pas légitime
07:58car il est minoritaire en siège à l'Assemblée Nationale.
08:01Il a une majorité relative,
08:02d'ailleurs il l'appelait la minorité présidentielle.
08:04Donc la situation est encore pire les concernant.
08:07Et ils ne veulent pas accepter ça.
08:08Ils n'ont pas de légitimité à conduire les affaires de la France.
08:11Ils ne veulent pas l'accepter.
08:12Ils sont prêts à, évidemment,
08:14casser, empêcher, manifester,
08:17faire pression dans une démocratie.
08:20Est-ce que ces gens, à un moment,
08:22ont réussi à leur dire qu'il y a un cadre
08:24dans lequel la démocratie s'exerce
08:26et ce n'est pas le foutoir permanent ?
08:28Sébastien Chenu, le foutoir permanent, le chaos,
08:31c'est ce que vous disiez, Jean-Michel Salvatore.
08:33C'est leur stratégie.
08:35Oui, mais il y a aussi une très grosse manip.
08:38La ficelle est grosse comme ça.
08:40En fait, la France Insoumise fait comme si
08:43ils avaient la majorité absolue.
08:45Donc ils font des comparaisons avec Mitterrand en 1981,
08:48avec Jospin en 1997.
08:50Dans ces deux cas,
08:51il y avait une véritable majorité absolue.
08:53Et donc le Président de la République
08:55pouvait nommer un Premier ministre
08:57pour faire appliquer un programme.
09:00Il y avait la majorité.
09:03Il y avait la majorité en 1981 avec un Président
09:05qui avait un Premier ministre de la même couleur.
09:07Et puis en 1997 avec un Président Chirac
09:09qui était obligé de nommer Jospin sur la gauche plurielle.
09:12Là, ce n'est pas le cas.
09:14Il manque 100 députés
09:16pour faire voter le programme de Mélenchon.
09:19Donc je trouve qu'il y a quand même une certaine dupris
09:21à faire croire qu'on leur vole l'élection.
09:23Alors qu'en fait, c'est vrai qu'ils ont été les premiers
09:26aux législatives.
09:28Mais on ne peut pas considérer qu'ils sont les gagnants
09:30du deuxième tour.
09:31Ils n'en sont que les bénéficiaires éventuels.
09:33Ils ne sont peut-être pas les gagnants,
09:34mais ils occupent tellement le terrain,
09:35ils aboient tellement fort Nathan Devers
09:37qu'on efface.
09:40On écrase et on se dit que c'est eux les leaders.
09:43Bien sûr, mais ils sont excellents en communication,
09:46en méthode, en stratégie politique.
09:48Chaque élection présidentielle d'ailleurs,
09:50on promet à Jean-Luc Mélenchon un score
09:52qui est toujours très inférieur
09:54au score qu'il finit par faire
09:55parce que ces méthodes payent.
09:57Et ceux qui disent, à mon avis en tout cas,
09:59que c'est un choix qui est un suicide stratégique,
10:02ce que fait la France insoumise,
10:03se trompent complètement.
10:04C'est ça qui aujourd'hui marche.
10:06Alors ensuite, une remarque,
10:08c'est que dans l'histoire du Front républicain,
10:10depuis 2002,
10:11c'est la première fois que le Front républicain
10:14bénéficie à la gauche.
10:16Et la gauche depuis 2002 a toujours dit,
10:18et elle avait raison,
10:19que quand des candidats de droite
10:20ont été élus grâce au Front républicain
10:22en 2002, en 2017 et en 2022,
10:24ils se sont comportés
10:25comme si c'était un vote d'adhésion.
10:27Alors qu'évidemment, c'était un vote de barrage
10:29et donc un vote en se pinçant le nez.
10:31Il faut aussi, je pense,
10:32que les candidats de gauche
10:33soient conscients de cela.
10:35Ça veut dire qu'il y a beaucoup de circonscriptions
10:37où ils ont été élus par des gens
10:39qui sont allés voter en se pinçant le nez
10:41et qui n'approuvaient absolument pas
10:43leur programme.
10:44Donc c'est une question aussi qui est très délicate.
10:46En tout cas, la stratégie est très intéressante
10:48et on va la rapprocher
10:50de ce qui se passe du côté du Rassemblement national
10:52puisqu'eux aussi préparent
10:54finalement en 2027
10:56et attendent de voir en Ambussoir
10:57ce qui se passe avec l'ERN
10:58qui donc votera bien
11:00la censure d'un gouvernement à tendance LFI.
11:02On en parle dans quelques instants avec vous.
11:04A tout de suite pour la troisième et dernière partie
11:06de ce décryptage à trois voix
11:07avec Céline Giraud et ses invités,
11:08Nathan Devers et Jean-Michel Talbator.

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