• il y a 3 mois
"Au nom de quoi la parole d'un seul s'impose à tous les autres ?", s'est interrogé ce mardi sur France Inter Olivier Faure, alors que LFI ne juge "pas sérieuse" la proposition de Laurence Tubiana à Matignon. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-16-juillet-2024-9082032

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00:00Bonjour Olivier Faure. Bonjour Céline Asselot. Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin sur France Inter, vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:07Alors qui à Matignon ? C'est la question lancinante qui se pose maintenant depuis un peu plus d'une semaine et des négociations qui semblent mener le nouveau Front Populaire au bord de la rupture.
00:17Vous allez nous dire si c'est effectivement le cas et je rappelle d'ailleurs aux auditeurs et aux auditrices qui voudraient vous interroger que leurs questions sont les bienvenues, 0145 24 7000.
00:27Alors hier soir, Olivier Faure, dans un communiqué, vous avez indiqué avoir soumis une proposition de candidature commune soutenue par les communistes et par les écologistes.
00:37Alors communiqué qui ne donnait pas de nom mais ce nom a été rapidement révélé par la presse.
00:43Est-ce que vous confirmez que c'est bien Laurence Tubiana qui vous apparaît aujourd'hui comme la solution pour sortir de l'impasse ?
00:50Je vous le confirme.
00:52Pourquoi elle ?
00:53Pourquoi elle ? Parce que d'abord j'imagine que vous la connaissez. Elle est celle qui a été l'architecte de la COP 21.
01:02Elle a été ensuite missionnée pour être celle qui a présidé aux travaux de la Commission de la Convention pour le Climat.
01:09Elle est connue pour être une économiste, une diplomate, engagée à la fois sur le terrain écologique et sur le terrain social.
01:17Elle est aussi de ceux qui ont lancé cette initiative Tax the Rich avec Paul Magnette, avec Aurore Laluc,
01:25pour faire en sorte qu'à l'échelon européen, nous puissions retrouver des marges de manœuvre pour financer la transition écologique,
01:34pour financer aussi la lutte contre les inégalités, pour financer nos services publics en faisant en sorte que les plus gros patrimoines,
01:40que les plus grandes fortunes, que les grandes entreprises, que les super profits soient aujourd'hui taxés pour permettre de retrouver des marges de manœuvre.
01:48Et donc elle correspond complètement à ce que nous portons depuis longtemps et depuis cette campagne singulièrement.
01:54Donc faire en sorte d'arriver à avoir une république qui soit sociale et écologique.
02:01Vous lui en aviez parlé ? Elle était partante ?
02:04On n'aurait jamais livré son nom sans lui en avoir parlé, sans avoir vérifié qu'elle était prête à accepter cette mission qui n'est pas une mission simple et qui n'est pas forcément un cadeau.
02:16Aujourd'hui, qui a envie d'aller à Matignon dans un pays qui est totalement fracturé, dont on connaît les difficultés ?
02:23Et donc il faut quelqu'un qui ait de l'engagement, qui ait envie, qui sache aussi ce qu'est l'État,
02:29qui ait déjà une expérience qui permette de dire qu'elle est en mesure de gouverner, ce qui est le cas.
02:36Ce sont les qualités que réunit à l'évidence Laurence Dubiana.
02:40Vous avez forcément vu Olivier Faure que cette proposition ne fait pas sauter de joint les élus de la France insoumise.
02:46Dès hier soir, il y avait des premières réactions, lui reprochant notamment d'être trop Macron compatible.
02:51Et puis il y a quelques minutes, Manuel Bompard dit que ce n'est pas une proposition sérieuse. Qu'en dites-vous ?
02:59Je crois que c'est au contraire très sérieux. Maintenant qu'il y a un débat, ce n'est pas complètement fou.
03:07Et je comprends que les insoumis puissent avoir envie éventuellement de l'entendre.
03:12Ce n'est pas pour moi un obstacle à sa candidature.
03:15Je crois qu'au contraire, il faut cheminer, avancer, faire en sorte d'être à la hauteur de ce que les Français ont demandé.
03:22Puisqu'ils ont souhaité que nous gouvernions. Nous sommes en tête de l'élection législative.
03:27Nous avons repoussé la perspective de l'extrême droite. Et donc maintenant, il nous faut gouverner.
03:32Est-ce que vous y croyez encore à la proposition de Laurence Dubiana ?
03:35Je précise, est-ce que ce n'est pas morné justement parce que les réactions des insoumis sont immédiates et ferment la porte ?
03:43Mais je crois qu'ils ont essayé de poser ce qui ressemble à un refus.
03:53Mais nous sommes dans une discussion. Et dans cette discussion, il faut évidemment aller jusqu'au bout de la discussion.
03:58Je ne vois pas au nom de quoi il faudrait considérer que quand il y a trois formations politiques sur quatre,
04:04et en réalité une majorité de parlementaires du Front Populaire qui sont prêts à accepter cette candidature,
04:10je ne vois pas en quoi il faudrait considérer que la parole d'un seul s'impose à tous les autres.
04:15Moi, je n'ai jamais imposé la parole des socialistes face à tous les autres.
04:18J'ai toujours considéré que quand il y avait un fait majoritaire qui s'exprimait, il fallait en tenir compte.
04:23Donc voilà, il faut que maintenant on réfléchisse, qu'on se parle et qu'on reprenne la discussion dès aujourd'hui.
04:30Parce que nous ne pouvons pas attendre. Il y a une forme d'attente justement dans l'opinion publique.
04:36Les gens se disent mais est-ce qu'ils sont prêts à gouverner ? Nous sommes prêts à gouverner.
04:41Nous sommes prêts à avancer. Nous sommes prêts à mettre en oeuvre ce programme du Front Populaire
04:46parce qu'il est aujourd'hui la seule façon de réparer un pays qui est un pays déchiré.
04:52Et donc il faut pour cela avancer, mettre le président de la République devant sa responsabilité
04:57puisqu'il joue de cette attente. Il est celui qui fait semblant de ne pas voir qu'il y a aujourd'hui une évidence.
05:04Il y a une coalition qui est arrivée en tête et il doit maintenant l'appeler à Matignon.
05:09Vous dites qu'il faut avancer Olivier Faure, sauf que le premier pas, on voit bien que vous avez du mal à le franchir.
05:13Pour revenir sur la proposition que vous avez faite de Laurence Tubiana,
05:18vous ne pouviez pas ignorer que ça allait crisper une partie de la France Insoumise
05:23qui avait déjà dit qu'on ne veut pas quelqu'un de la société civile parce que ce n'est pas une garantie suffisante
05:28que le programme, notamment économique, du nouveau Front Populaire sera bien appliqué.
05:32On a vu que son nom avait circulé comme une potentielle première ministre d'Emmanuel Macron il y a quelques années.
05:40Vous saviez que ça, ça n'allait pas faire l'unanimité, en tout cas pas immédiatement, au sein de la France Insoumise ?
05:46Mais je ne savais rien du tout et je pense au contraire que ce que vous dites là,
05:51qu'elle ait été un moment sollicité par Emmanuel Macron, qu'il ait cherché à la débaucher, c'est une réalité.
05:59Est-ce qu'elle a accepté ? La réponse est non.
06:01Ça prouve quoi ? Ça prouve au contraire que c'est quelqu'un qui a des convictions solides,
06:05qu'elle n'a jamais transdigé avec ses convictions et qu'elle a au contraire cherché à dire que son camp, c'était la gauche.
06:13Elle a toujours été de ce camp-là, elle n'a jamais dévié et je ne vois pas au nom de quoi il faudrait disqualifier des gens
06:19qui ont précisément renoncé à une prise de pouvoir qui leur aurait été facile
06:24à un moment où Emmanuel Macron était encore majoritaire et largement majoritaire.
06:27Donc c'est la démonstration au contraire de sa capacité à tenir tête et à faire en sorte de ne jamais céder sur ses convictions
06:36et de faire en sorte d'avancer au contraire sur ce qu'elle croit juste, sur ce qu'elle croit utile pour le pays.
06:41Elle a signé une tribune il y a quelques jours, rappelant le Nouveau Front Populaire à, je cite,
06:45« tendre la main aux autres acteurs du Front Républicain ».
06:48Ça veut dire que vous choisissez quelqu'un qui est prêt à faire coalition avec d'autres partis, y compris avec le camp présidentiel ?
06:55Ça veut dire que dans une situation où nous sommes arrivés en tête, mais où nous avons une majorité relative trop relative
07:03et nous n'avons évidemment pas de majorité absolue, ça veut dire tout simplement que quand nous serons devant le Parlement,
07:10nous présenterons le programme du Front Populaire, c'est pour cette raison-là que nous avons été élus,
07:15mais il faudra bien à un moment discuter avec le Parlement.
07:20Et c'est le Parlement qui dispose, puisque le pouvoir, évidemment, on croit toujours que c'est le pouvoir exécutif,
07:27mais la réalité, c'est que quand il n'y a pas de majorité claire à l'Assemblée, il faut discuter.
07:33Donc ça veut dire que vous pensez déjà à l'après ? C'est-à-dire qu'il faut déjà convaincre au sein du Nouveau Front Populaire,
07:37mais au-delà aussi ? Et Laurence Tubiana, elle pourrait vous aider à bâtir justement cette majorité ?
07:41Mais c'est une évidence. Qu'avons-nous reproché à Emmanuel Macron ? Deux choses.
07:44La première, c'est d'avoir été élu grâce aux voix de la gauche pour faire face à l'extrême droite lors de l'élection présidentielle,
07:51et le président n'en a jamais tenu compte. Ensuite, il a gouverné avec une majorité relative,
07:57en procédant uniquement par coups de force successifs, avec le 49-3.
08:02Alors, est-ce que nous voulons reproduire ce qu'Emmanuel Macron a lui-même réalisé pendant deux ans ?
08:07Oublier ceux qui avaient voté pour lui, non pas par adhésion, mais simplement pour faire barrage à l'extrême droite,
08:13et procéder uniquement grâce aux outils de ce qu'on appelle parfois le parlementarisme rationalisé.
08:19Donc ces outils, 49-3, ordonnances, tout ce qui permet de défier l'idéal démocratique.
08:26Moi, je crois au contraire que nous devons faire en sorte de faire marcher le Parlement.
08:31Nous sommes toutes et tous partisans d'une évolution de la Ve République, qu'on considère comme trop présidentielle.
08:37Et donc, on va même jusqu'à évoquer une 6ème République.
08:40Eh bien, cette 6ème République, il faut la mettre en œuvre maintenant,
08:43en montrant que le fonctionnement normal d'une démocratie, c'est de respecter son Parlement,
08:48de faire en sorte que le débat puisse être nourri au Parlement,
08:51et qu'il puisse y avoir des majorités d'idées qui se dégagent au fur et à mesure.
08:55Il faudra demander au Parlement de prendre ses responsabilités,
08:58et donc qu'elle sera la charge d'une première ministre.
09:01Ce sera de partir avec ce que nous portons Front Populaire,
09:05de chercher à convaincre une majorité,
09:08et ensuite de faire en sorte de trouver les compromises éventuels,
09:11qui permettent d'avancer le plus loin possible,
09:14pour permettre aux Françaises et aux Français non pas d'avoir un gouvernement qui durerait 3 semaines,
09:18mais d'avoir un gouvernement qui gouverne dans la durée,
09:21et qui permette de grandes avancées pour permettre aux gens de vivre mieux.
09:24Mais est-ce que ce n'est pas la fin du nouveau Front Populaire, tout simplement, qui est actée aujourd'hui ?
09:28Pourquoi ? Moi je n'y vois pas, au contraire.
09:31J'y vois non pas un crépuscule, mais une aube.
09:34J'y vois la possibilité, enfin, de mettre en œuvre nos propositions.
09:38La candidature de Laurence Luyana, elle est irrécusable.
09:41Irrécusée, en l'occurrence.
09:43Non, je parle du chef de l'État.
09:45Le chef de l'État ne peut pas dire « c'est farfelu, c'est n'importe quoi ».
09:50Il est obligé de considérer cette candidature avec attention.
09:54Bien sûr que constitutionnellement, il a le pouvoir de refuser qui il veut,
09:57et il peut encore jouer.
09:59Et je vois bien qu'il cherchera à jouer aussi longtemps qu'il est possible,
10:02parce qu'il a un mépris profond pour ce qui s'est passé le 7 juillet,
10:07et qu'il a un mépris profond pour le choix des Français.
10:09Mais nous ne pouvons pas l'aider dans cette façon de considérer les Français.
10:14Mais je vous repose la question, si vous maintenez la proposition de Laurence Luyana,
10:18qui est soutenue par 3 des 4 formations du nouveau Front Populaire,
10:22que vous dites « voilà, cela ne peut pas être refusé par Emmanuel Macron,
10:26est-ce que vous n'actez pas là la fin du nouveau Front Populaire,
10:28qui englobe aujourd'hui, jusqu'à quand on ne sait pas, la France insoumise ? »
10:33Mais moi j'ai toujours plaidé, depuis que je suis Premier Secrétaire,
10:36depuis 6 ans, j'ai toujours plaidé pour le rassemblement de toute la gauche et les écologistes.
10:41Je n'ai jamais adhéré à la thèse des gauches irréconciliables.
10:44J'ai toujours considéré que tout le monde devait avancer d'un même pas.
10:48Et que nous avions là un effort à produire les uns et les autres,
10:52parce qu'évidemment nous sommes différents, autrement nous serions dans le même parti.
10:55Mais aujourd'hui nous avons une opportunité.
10:57Une opportunité qui n'est pas une opportunité très large, nous n'avons pas une majorité absolue.
11:01Donc nous devons forcément, d'abord composer entre nous,
11:05mais faire aussi en sorte d'avancer dans des conditions qui ne sont pas les meilleures.
11:10Mais qu'est-ce qu'on cherche ? Est-ce qu'on veut simplement dire
11:13« Eh bien écoutez, on est maximaliste et on a tenu 2 jours parce qu'on a été censuré au bout de 2 jours »
11:19ou est-ce qu'on veut être au contraire en mesure de dire
11:22« Nous gouvernons et tout ce que nous pourrons rapporter aux français, nous le rapporterons sur les salaires,
11:28sur le climat, sur la démocratie, sur les services publics, sur la liberté de la presse,
11:33sur tous ces sujets-là, nous pouvons avancer et donc nous devons avancer. »
11:36Quand vous faites une proposition en disant « Voilà, on a un nom, une proposition commune »,
11:41vous vous adressez davantage à Emmanuel Macron qu'à vos partenaires insoumis, finalement.
11:45Mais nous nous adressons aux françaises et aux français.
11:47C'est eux qui nous ont missionnés. C'est eux qui ont besoin de savoir que c'est possible.
11:51C'est eux qui ont besoin de comprendre que nous avons là une solution qui permet de changer leur vie.
11:57C'est ça le sujet. Pour moi, c'est le seul sujet.
12:00Que sommes-nous ? D'abord, le Front Populaire, ça n'est pas uniquement un carteron de partis.
12:04Ça n'est pas vrai. Le Front Populaire, depuis le départ, c'est à la fois des partis politiques,
12:09mais c'est aussi la société civile organisée.
12:11Ce sont des syndicats qui se sont mobilisés, ce sont des associations, ce sont des personnalités,
12:16des intellectuels, des économistes qui nous ont accompagnés et qui ont fait le choix de dire
12:20qu'il y a une possibilité pour la gauche de gouverner.
12:23Il faut chercher à l'accompagner et lui permettre un devenir.
12:27C'est ce qui se passe aujourd'hui et c'est la raison pour laquelle j'appuie ce matin, effectivement,
12:31la candidature de Laurence Tubiana.
12:33On va aller au Standard où nous attend Mickaël. Bonjour Mickaël.
12:36Oui, bonjour.
12:37Et bienvenue. Vous nous appelez de Lyon. Olivier Faure écoute votre question.
12:40Bonjour Monsieur Faure.
12:41Bonjour Mickaël.
12:42Je vous appelle. En fait, j'avais deux questions à vous poser qui vont l'une avec l'autre.
12:46En fait, j'ai pensé pendant très longtemps et vous m'avez également convaincu que les idées étaient plus importantes que les personnes
12:52et je constate que vous avez réussi à construire un programme en l'espace de quelques jours
12:55et que depuis vous ne parvenez pas à trouver la personne pour porter ces idées.
13:00Donc ma première question est de savoir si finalement, en fait, les personnes sont plus importantes que les idées.
13:05Moi, j'avais le sentiment que c'était l'inverse.
13:07Puis la deuxième question est simplement de savoir est-ce que vous avez conscience que pour les électeurs de gauche que je suis notamment,
13:11vous renvoyez une image décorable depuis plusieurs semaines en bataillant et en vous déchirant sur la nomination d'une personne.
13:18Merci pour cette double question Mickaël.
13:20Merci Mickaël. Je vais répondre très simplement.
13:22Je suis d'accord avec vous, les idées importent plus que les personnes.
13:26Et j'en donne une démonstration simple.
13:28Je l'ai dit la semaine dernière, j'étais candidat à cette fonction.
13:32J'aurais pu marquebouter et dire qu'après tout, le parti socialiste a gagné à gauche au moins les élections européennes,
13:39qu'il a été le parti qui a le plus progressé dans l'élection législative.
13:43Nous avons un nombre de parlementaires qui a progressé de 110%.
13:47Donc je pourrais légitimement revendiquer et dire ça ne peut être un socialiste et ça ne peut être qu'un socialiste.
13:53Je fais l'inverse.
13:55D'abord, pendant la semaine passée, j'avais proposé d'autres noms que le mien.
13:58Mais puisque je vois que ça n'avance pas, je cherche évidemment à faire en sorte qu'il y ait maintenant une personnalité qui peut mettre tout le monde d'accord,
14:06qui n'est ni socialiste, ni écologiste, ni communiste, ni insoumise,
14:10qui est une personnalité qui a toujours eu un engagement à gauche, mais qui n'appartient à aucun parti politique.
14:17Et sur l'autre partie de la question de notre auditeur, qui était la partie moins agréable,
14:22sur cette image déplorable, a-t-il dit, que donnent ces tractations qui semblent durer, dont on ne voit pas l'issue, qu'en pensez-vous ?
14:30Je conçois que l'image ne soit pas la meilleure.
14:33Après, là où il faut relativiser les choses, c'est que dans tous les pays européens où il existe des coalitions,
14:38le choix d'un premier ou d'une première ministre, même y compris le choix d'un projet,
14:44ça peut prendre quelques semaines, ça peut prendre quelques mois, ça peut même prendre un an chez nos voisins belges.
14:49Et même chez nos voisins allemands, qu'on cite toujours en exemple, ça prend des mois entiers.
14:54Donc qu'il y ait à un moment une discussion, moi je préfère qu'on prenne le temps avant le démarrage,
15:00plutôt que de constater une panne au bout d'une semaine, deux semaines ou trois semaines.
15:05Donc l'enjeu est tellement important qu'il n'est pas inutile à un moment qu'on se parle et parfois qu'on s'engueule.
15:11Ça fait partie de la vie, ça fait partie des difficultés, mais il vaut mieux s'engueuler avant qu'après, pendant que le gouvernement gouverne.
15:19Sylvie nous attend au Standard. Bonjour Sylvie.
15:21Oui bonjour.
15:22Je vous laisse poser votre question.
15:23J'ai posé donc une question. Certains électeurs ont déploré que dès la période des législatives, certains ont voulu faire des quasi élections exécutives.
15:33On en était déjà à élire ce qu'on appelait un chef du gouvernement.
15:37Je me demande si en réalité, dans cette idée que l'exécutif est un exécutif, la gauche ne pourrait pas s'engager dans la définition, approximative au moins, d'une équipe gouvernementale.
15:49C'est-à-dire qu'on peut discuter de l'élection de l'exécutif, c'est un problème constitutionnel, mais dans la mesure où il s'agirait d'une équipe avec des directions, des orientations,
16:02qui pourraient être incarnées par plusieurs types de responsables de ministères, est-ce que ce ne serait pas plus facile ?
16:08À ce moment-là, le chef serait ce qu'il serait, mais il y aurait en échange d'autres fonctions occupées par d'autres.
16:16Non, plutôt qu'un seul. Merci Sylvie pour votre question.
16:19Merci, vous êtes la sagesse même. La réalité, c'est que oui, bien sûr que dans un gouvernement, il y aura des socialistes, des insoumis, des écologistes, des communistes,
16:30et aussi des personnalités issues de la société civile organisée, et faire en sorte que nous représentions cette diversité.
16:37Et il ne s'agit pas de confier à un ou une Jupiter, avoir quelqu'un qui dirige le pays seul, de toute façon, celui ou celle qui aura les commandes de Matignon
16:48devra aussi composer avec un parlement dans lequel nous ne sommes pas majoritaires absolus.
16:52Donc l'évidence, c'est que, et moi je plaide pour cela, je plaide pour qu'il y ait la diversité du Front Populaire au sein du gouvernement.
16:58Est-ce qu'on ne peut pas le dire tout de suite ? Est-ce qu'on ne peut pas la montrer tout de suite, cette diversité, en disant, voilà, certes pour Matignon on propose un tel ou une telle,
17:04mais il y aura aussi telle ou telle composante. Est-ce que ça ne peut pas aussi atténuer certaines craintes ?
17:08Je vous le dis, à ce micro, il y aura toutes les composantes du Front Populaire, et aucune ne sera oubliée.
17:14Et il y aura des fonctions, il ne s'agit pas de dire que certains occuperont des fonctions qui seraient des fonctions régaliennes, ou des fonctions symboliquement importantes,
17:21et d'autres seraient renvoyées au secrétariat d'État.
17:26Non, il y aura un partage équitable, en fonction de ce que chacun représente, et en fonction des apports aussi, y compris personnels, que chacun peut mettre sur la table,
17:37parce qu'il y a des gens qui sont plus ou moins connus pour leurs compétences sur tel ou tel sujet.
17:41Mais je souhaite évidemment que nous soyons tous représentés, et je ne revendique, pour nous-mêmes socialistes, absolument pas aucune prééminence.
17:49Je souhaite que tout le monde soit là, et que nous puissions former une équipe, une belle équipe qui donne envie aux Françaises et aux Français de croire que c'est possible,
17:57que le changement, effectivement, nous allons le réussir, parce que c'est une obligation que nous avons.
18:03Nous avons obtenu, avec l'élection du 7 juillet, non pas une victoire, mais un répit, et peut-être même simplement un sursis.
18:10Si nous ne réussissons pas, alors la seule alternative qui sera donnée au pays, ce sera l'extrême droite.
18:17Cette responsabilité, je ne veux pas la prendre. Je veux, au contraire, que nous puissions montrer que nous pouvons maintenant changer la vie des Françaises et des Français.
18:24Il y a un autre nom qui doit sortir du chapeau très rapidement, c'est celui du nouveau président, de la nouvelle présidente de l'Assemblée Nationale.
18:30Et là, c'est urgent, puisque le vote, c'est après-demain.
18:33Vous vous êtes mis d'accord, hier soir, sur l'idée d'une candidature unique du nouveau Front Populaire. Est-ce que la personne est trouvée ?
18:40C'est une discussion qui a lieu entre les différents présidents de groupe.
18:44Donc c'est, pour les socialistes, Boris Vallaud, c'est Mathilde Panot pour les insoumis, c'est Henri Chassaigne pour les communistes, et c'est Cyril Châtelain pour les écologistes.
18:55Et donc, ils vont se retrouver à nouveau aujourd'hui, et ils vont décider d'un nom, mais ça ne pose pour nous aucune difficulté.
19:02Donc ce sera l'un de ces quatre-là, le candidat du nouveau Front Populaire.
19:05En tout cas, ces quatre-là sont d'accord sur un nom, et il n'y a pas de revendication marquée des uns ou des autres.
19:13Nous sommes tous d'accord pour dire que s'il y a un nom qui se détache et qui permet d'aller chercher le plus grand nombre de voix, ce sera le bon.
19:21Et nous n'avons pas marqué, il n'y a pas de point dur, en réalité, là-dessus, nous sommes tous d'accord.
19:27Mais est-ce que c'est un jeu à plusieurs bandes ?
19:28On lâche sur Matignon, ou sur tel ou tel poste ministériel pour mieux obtenir le perchoir ?
19:32Est-ce que tout ça fait partie d'une seule et même négociation, finalement ?
19:36Je crois que ce sont deux objets distincts.
19:38La réalité, c'est qu'il y a d'un côté un gouvernement à mettre en place, et de l'autre, il y a quelqu'un à mettre, comme vous dites, au perchoir,
19:47qui présidera aux travaux de l'Assemblée.
19:49Mais ce n'est pas tout à fait la même histoire.
19:52Je crois simplement que nous avons besoin, maintenant, d'incarner ensemble une forme de sérénité, de stabilité,
20:00de montrer que nous sommes en mesure, désormais, de gouverner.
20:04Et je crois que c'est le plus beau cadeau que nous puissions faire à celles et ceux qui nous ont fait confiance
20:09et qui ont besoin de croire que le changement est possible.
20:12L'histoire n'est pas terminée. On l'a, en tout cas, compris avec vous.
20:15Merci, Olivier Faure.
20:16Merci à vous.
20:17Merci à vous.

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