• il y a 5 mois
Ces dernières semaines, plusieurs opérations "spectaculaires" ont eu lieu à Nice pour tenter de récupérer des points de deal. Des vidéos publiées sur les réseaux montrent des hommes cagoulés, n'hésitant pas à sortir des armes de guerre. Des enquêtes ont d'ailleurs de montrer que certains de ces hommes seraient originaires de Marseille. Pourquoi ? On fait le point avec notre reporter Grégory Leclerc.

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Transcription
00:00Ce sont carrément des mercenaires low-cost, vraiment,
00:02c'est-à-dire des jeunes qu'on recrute sur Snapchat
00:05et auxquels on va mettre une arme de guerre entre les mains.
00:07La question n'est pas de savoir s'il va y avoir un mort collatéral,
00:11mais la question est plutôt de savoir quand.
00:12Bonjour, je m'appelle Grégory Leclerc, je suis reporter à Nice matin.
00:16Je vais vous parler aujourd'hui de la guerre des Pointes d'Îles
00:19qui éclate dans les quartiers de Nice, une vraie guerre de territoire
00:21qui, depuis des mois, mène action violente sur action violente.
00:25Ce dont il faut se souvenir, c'est que le 25 juin,
00:27il y a eu une énorme opération de police à l'est de Nice,
00:31dans les résidences Roquebillière.
00:3342 kilos de résine de cannabis ont été saisis,
00:36une dizaine d'armes à feu, dont une Kalachnikov et un fusil mitrailleur usé,
00:40et une dizaine de personnes interpellées.
00:42À la suite, il y a eu, le 1er juillet et le 2 juillet,
00:46deux opérations consécutives pour essayer de reprendre le Pointe d'Île,
00:50c'est-à-dire une attaque éclair à la Kalachnikov.
00:52Cette guerre des Pointes d'Îles à laquelle on assiste,
00:55elle s'inscrit dans un processus beaucoup plus vaste.
00:58Il y a eu le Pointe de la Laverie, à l'ouest de Nice cette fois,
01:01on est dans le quartier des Moulins.
01:02Il y a eu une dizaine d'actions violentes en l'espace d'un an et demi,
01:06un mort quand même, et évidemment beaucoup d'arrestations,
01:10mais une violence qui se rapproche de plus en plus de la population
01:14et qui est extrêmement inquiétante.
01:15Plus récemment, à l'est de Nice, dans les résidences Roquebillière,
01:19d'après l'enquête que nous avons menée,
01:20ce sont plutôt des narcotrafiquants niçois qui essayent de reprendre la place
01:25et qui font appel à un mercenariat low-cost qui est recruté à Marseille,
01:29mais également à Nice et dans le Val-de-Marne.
01:31Certains sont contraints, ils sont sous la coupe des bandes de narcos,
01:34c'est-à-dire qu'ils doivent de l'argent, par exemple, aux narcotrafiquants.
01:38Alors on savait déjà qu'il y avait du recrutement via Snapchat,
01:41de petites mains, des revendeurs, des guetteurs,
01:44mais là, ce sont carrément des mercenaires low-cost,
01:47c'est-à-dire des jeunes qu'on recrute sur Snapchat
01:49et auxquels on va mettre une arme de guerre entre les mains.
01:51Et ce phénomène est particulièrement inquiétant
01:54parce qu'il y a une forme, on va dire, d'amateurisme dans l'action violente
01:57qui risque d'amener à des dommages collatéraux.
02:01La question n'est pas de savoir s'il va y avoir un mort collatéral,
02:05mais la question est plutôt de savoir quand.
02:06Ce qu'il faut comprendre dans cette guerre des points de deal,
02:09c'est que s'il y a eu la lieu, c'est justement parce qu'il y a une action
02:12policière et judiciaire qui n'a jamais été aussi forte,
02:15mais qui crée paradoxalement un vide derrière,
02:17c'est-à-dire que chaque action judiciaire, des arrestations, des interpellations,
02:21vient créer un vide et les narcos se précipitent dedans
02:25pour essayer de récupérer le marché.
02:26Alors, le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli,
02:31évidemment reste confiant, c'est-à-dire que s'il ne faisait rien,
02:35si toutes ces actions n'étaient pas entreprises, la situation serait bien pire.
02:38Pour autant, nous avons interrogé un chercheur, Varroa, Sébastien Rocher,
02:44qui nous dit que ces actions répressives ont été étudiées aux États-Unis,
02:48notamment à Boston.
02:50Plus on est dans le répressif, plus s'engrangent des actions violentes derrière,
02:53donc c'est un cercle sans fin.
02:55À Boston, ils ont tenté une opération qui consiste à bien centraliser les moyens
03:01sur les têtes de pont des réseaux, sur les gros bonnets des réseaux,
03:04et puis à plutôt mettre une pression sociale sur les petits,
03:08sur les revendeurs, sur les getters,
03:10en organisant des opérations avec leurs familles, avec des acteurs sociaux,
03:14pour les remettre sur le marché de l'emploi, pour leur assurer un logement,
03:17les sortir de cette spirale de la violence.
03:20Ça a été efficace, mais c'est ce que dit Sébastien Rocher,
03:22c'est qu'il faut savoir rester modeste en matière de lutte contre les stupéfiants.
03:26À chaque fois que ces opérations étaient menées,
03:28il y a eu une baisse de la criminalité de 14%.
03:31Mais 14%, c'est comme quand vous essayez de traiter un cancer, finalement.
03:3514% d'espérance de vie en plus, c'est bon à prendre.
03:40Donc 14% de violence en moins, c'est toujours bon à prendre.
03:43En matière de lutte contre les stupéfiants, il n'y a aucune victoire totale qui est possible.
03:47Mais en revanche, essayer d'avoir des objectifs atteignables,
03:50c'est ça que les Américains sont en train d'entreprendre dans plusieurs villes.

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