"Nous sommes en plein bourbier": l'interview en intégralité de Marine Le Pen

  • il y a 3 mois
Marine Le Pen, députée RN du Pas-de-Calais, était l’invitée du Face-à-Face ce mercredi sur BFMTV et RMC.

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Transcription
00:008h30 sur BFM TV RMC, bonjour Marine Le Pen.
00:03Bonjour.
00:03Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin,
00:05c'est votre première longue interview depuis le 7 juillet,
00:09depuis le second tour des législatives.
00:12Et le moins que l'on puisse dire,
00:13c'est que la situation politique n'est pas beaucoup plus claire depuis.
00:16Emmanuel Macron a accepté hier la démission du gouvernement Attal,
00:20sans en nommer de nouveau,
00:21ce qui veut dire que les ministres actuels vont expédier les affaires courantes,
00:25c'est le terme.
00:26Est-ce que vous dites comme la gauche que la Macronie s'accroche au pouvoir ?
00:31Ce qui est sûr, c'est qu'il y a quelque chose d'éminemment gênant à voir des ministres,
00:36puisqu'ils sont toujours ministres, courir les couloirs de l'Assemblée
00:40pour faire voter pour eux.
00:42Par exemple, l'article 23 de la Constitution est extrêmement clair,
00:46il y a une incompatibilité entre un poste gouvernemental et l'exercice d'un mandat.
00:51Donc on va se retrouver avec 17 ministres qui sont en même temps députés.
00:55Ça s'appelle, quoi qu'on en dise, une violation de l'esprit de la Constitution,
01:00puisqu'il y a là incontestablement une confusion des pouvoirs.
01:06Or la séparation des pouvoirs est un des principes de base de notre démocratie.
01:12Si l'on comprend, la situation est partie pour durer,
01:15puisqu'Emmanuel Macron veut se donner du temps avant de désigner un successeur.
01:18Ça peut tenir combien de temps ?
01:20Et en même temps, est-ce qu'il avait vraiment le choix Emmanuel Macron ?
01:22Parce que pour l'instant, l'alternative gouvernementale n'est pas évidente.
01:26Non, je ne dis pas que l'alternative est évidente,
01:29je crois que chacun aura compris qu'elle ne l'est pas.
01:32Mais ce que je trouve étonnant, c'est que le Président de la République
01:36n'informe pas les Français en réalité.
01:38Les Français ne savent pas ce qui se passe.
01:40Après tout, le Président de la République aurait dû...
01:42Il a fait une lettre aux Français, il a fait un communiqué hier de l'Elysée,
01:46vous souhaitez qu'il prenne la parole ?
01:47Non mais cette lettre est une vaste blague.
01:49Il aurait pu expliquer aux Français que compte tenu du fait que
01:53ce que j'avais annoncé par ailleurs, nous sommes en plein bourbier,
01:57et qu'il y a les Jeux Olympiques qui arrivent,
02:00et bien il y a un gouvernement qui expédiera les affaires courantes
02:04dans l'attente des Jeux Olympiques.
02:07Or, on n'a pas beaucoup d'explications,
02:09et effectivement ça donne un sentiment aux Français
02:13qui est un peu terrifiant d'une classe politique qui en réalité tourne sur elle-même,
02:17qu'ils ne parlent que d'elle-même,
02:19et je pense que le Nouveau Front Populaire
02:21fait énormément de mal à la démocratie en ce moment.
02:24Pour quelles raisons ?
02:26Bah écoutez, moi je me mets à la place un peu de leurs électeurs
02:29qui ont disparu des radars totalement,
02:31qui s'attendaient à toute une série de promesses
02:34plus mirifiques les unes que les autres,
02:36et qui voient des gens en train de se batailler entre eux
02:38pour des histoires de place.
02:40Vous savez, ces petits jeux partisans
02:43que l'on appelait, sous la troisième,
02:45le crétinisme parlementaire.
02:47Et dans le même temps, Marine Le Pen,
02:50vous dites Emmanuel Macron n'a pas pris la parole,
02:52Gabriel Attal l'a fait, il a expliqué que c'était au nom de la stabilité,
02:55est-ce que vous lancez un appel à la responsabilité aux oppositions
03:00en leur disant, bon, Emmanuel Macron ne souhaite pas
03:03faire appel au rassemblement national dont acte,
03:05mais il faudra quand même tout de même se mettre d'accord sur un chemin,
03:08le pays ne peut pas être gouverné de la sorte.
03:10Vous évoquez de la stabilité pendant les JO,
03:12c'est deux mois Marine Le Pen, c'est long.
03:14Pour l'instant, le pays n'est pas gouverné.
03:16Parce qu'il n'y a pas de gouvernement.
03:18Bon, par conséquent, il n'est pas gouverné.
03:20Il n'y a pas de gouvernement d'affaires courantes.
03:22Il n'est pas gouverné, et voilà, on gère les urgences,
03:25il n'est pas gouverné.
03:27Donc il va falloir de toute façon en sortir.
03:29Le problème, si vous voulez, c'est que,
03:31moi je vois bien arriver le gouvernement technique,
03:34tel que l'Italie l'a vécu.
03:36C'est une bonne solution ou c'est votre pire choix ?
03:38Non, non, mais ce n'est absolument pas une bonne solution,
03:40parce qu'Emmanuel Macron a quand même fait
03:42la dissolution de l'Assemblée nationale,
03:44soi-disant pour rendre le pouvoir au peuple.
03:47Et en réalité, c'est la technocratie
03:49qui va prendre le pouvoir,
03:51sachant pertinemment que la technocratie
03:54va œuvrer contre les intérêts.
03:58Peut-être que je peux expliquer ce qu'on appelle
04:00un gouvernement technique Marine Le Pen,
04:02c'est un gouvernement de hauts fonctionnaires et d'experts.
04:04Oui, c'est un démacroniste quoi.
04:06Un gouvernement Macron en fait.
04:08Ça fait à peu près 7 ans qu'on a ça déjà.
04:10Que ça n'a pas votre préférence.
04:13Mais dans le même temps,
04:15il n'y a pas beaucoup d'alternatives à ce stade.
04:17C'est soit confier au Nouveau Front Populaire
04:20la tâche d'essayer de former un gouvernement,
04:22et de ce point de vue-là,
04:24lorsque vous dites que nous déposerons
04:26automatiquement une motion de censure,
04:28s'il y a des insoumis ou des écologistes
04:30au pouvoir, vous fermez la porte aussi
04:32un peu à cette voie-là.
04:34Soit c'est la reconduction du camp d'Emmanuel Macron
04:36avec quelques alliés, peut-être à droite, peut-être à gauche.
04:38C'est cette dernière option que vous préférez.
04:40En fait, ça vous arrangerait que Gabriel Attalbis
04:43reste avec un peu de gauche, un peu de droite ?
04:45Je crois que tout est mieux
04:48qu'un gouvernement du Nouveau Front Populaire
04:51qui n'est pas majoritaire.
04:53Moi, j'essaie de penser
04:55idée politique et projet politique.
04:58Pas seulement personne.
05:00Ça, c'est leur magouille.
05:02Le pire projet du Nouveau Front Populaire.
05:04C'est la posture.
05:06Les personnes et toi, non, c'est pas toi, c'est lui,
05:08non, c'est pas lui, c'est toi.
05:10Je trouve que ça contribue à affaiblir encore plus,
05:12si c'est possible, le lien qui existe
05:14entre les Français et leurs dirigeants.
05:16Moi, ce qui m'importe, c'est que les Français,
05:18au moment où nous nous parlons,
05:20l'immigration continue
05:22à aggraver la situation du pays.
05:24Elle continue à être hors contrôle.
05:26L'insécurité continue à exploser.
05:28Les problèmes de pouvoir d'achat
05:30continuent à pourrir l'existence
05:32de nos compatriotes et aucune réponse n'est apportée à cela.
05:34Donc, un gouvernement
05:36sera,
05:38de toute façon, à un moment donné ou à un autre
05:40nommé, et nous ferons ce que
05:42nous avons toujours fait, avec clarté
05:44et avec cohérence.
05:46Chaque texte qui nous sera proposé,
05:48nous l'analyserons.
05:50S'il est bon pour les Français, nous le voterons.
05:52S'il est mauvais pour les Français,
05:54nous nous y opposerons. Je crois que,
05:56vraiment, le Rassemblement National
05:58représente, dans cette nouvelle Assemblée,
06:00un pôle de clarté,
06:02de transparence,
06:04comme il l'a été d'ailleurs dans cette élection
06:06législative, et de cohérence
06:08politique. Pour résumer à ce stade,
06:10Marine Le Pen, ce que vous nous dites,
06:12un gouvernement du Nouveau Front Populaire,
06:14ce serait le pire. Un gouvernement technique,
06:16ce serait la confiscation,
06:18en quelque sorte,
06:20du vote des Français.
06:22Finalement, la coalition centrale à laquelle
06:24appelle Emmanuel Macron... Non, c'est parce que je vous dis qu'un gouvernement technique,
06:26c'est un gouvernement Macron.
06:28Mais dans le même temps,
06:30vous dites ce que propose le camp central,
06:32c'est-à-dire une coalition droite et de gauche,
06:34ça peut aller. Vous évoquez les textes,
06:36on va rentrer dans les textes. Mais madame Latrouille,
06:38je suis désolée de vous dire que j'avais prévu tout ça.
06:40Je l'avais dit, tout ça.
06:42Je l'avais dit aux Français, moi. J'avais dit
06:44soit le Rassemblement National aura une majorité
06:46absolue, et il est le seul à pouvoir en avoir une,
06:48donc à pouvoir gouverner,
06:50soit ce sera le bourbier.
06:52Bon, c'est le bourbier.
06:54Tout cela a été prévisible.
06:56Vous évoquez les textes. À l'instant, j'aimerais
06:58qu'on entre dans le détail
07:00de ce que peut faire cette
07:02assemblée éclatée sans majorité claire
07:04pour l'instant. Est-ce que...
07:06D'abord, question simple, est-ce qu'il faut
07:08de la stabilité sur un an ? Il ne peut pas y avoir de dissolution
07:10pendant un an. Ou est-ce que
07:12le rôle du Rassemblement National
07:14ce sera de faire chuter
07:16des gouvernements ? Vous l'avez fait pendant
07:18le gouvernement d'Elisabeth Borne, déposer des motions de censure
07:20pour essayer de renverser ce gouvernement. Est-ce que là, vous dites
07:22bon, il faut quand même un esprit de responsabilité,
07:24c'est intenable pour les Français,
07:26tentons pendant un an
07:28d'avancer tel qu'il est possible de le faire.
07:30Mais madame, ça dépend comment le gouvernement
07:32se comportera.
07:34Le Rassemblement National
07:36a fait
07:38avec ses alliés
07:40près de 11 millions de voix.
07:42Il est le premier parti
07:44de France. Il est le premier
07:46parti en nombre
07:48de députés. Il est le premier parti
07:50en nombre de voix.
07:52Est-ce qu'un gouvernement va tenir
07:54compte de cela, oui ou non ?
07:56Ou est-ce qu'il va faire en sorte
07:58de présenter des textes qui vont
08:00radicalement à l'encontre
08:02de cette expression
08:04populaire ? C'est ça la vraie question en réalité.
08:06Ce sont quoi des textes qui tiennent
08:08compte des 11 millions de voix
08:10du Rassemblement National ? Quelles vont être vos
08:12priorités à vous ? Quel texte vous allez
08:14poser sur la table pendant les prochains mois ?
08:16Ce sont des textes qui visent
08:18à répondre à l'urgence du logement
08:20de nos compatriotes. Ce sont des textes qui visent
08:22à répondre à l'urgence de l'insécurité
08:24qui explose dans notre pays
08:26et qui fait des victimes tous les jours.
08:28Ce sont des textes qui visent
08:30à répondre à une immigration
08:32hors contrôle qu'il faut à tout prix
08:34maîtriser.
08:36Ce sont des textes qui visent
08:38à faciliter la vie de nos compatriotes
08:40en leur donnant plus de
08:42pouvoir d'achat et notamment
08:44face à l'augmentation
08:46des factures
08:48de gaz,
08:50une augmentation qui vient intervenir.
08:52C'est cela je crois
08:54de tenir compte
08:56des résultats de l'élection.
08:58Pouvoir d'achat, logement, sécurité,
09:00immigration. Ce sont des urgences
09:02à tenir. Il se trouve que la droite a mis
09:04quelques textes sur la table, sur le sujet, avec des propositions
09:06par exemple sur l'aide médicale d'Etat,
09:08la droite qui propose l'arrêt de l'immigration
09:10contrôlée, le conditionnement de l'accès aux aides sociales
09:12à une durée de présence minimale,
09:14sur le régalien, la sécurité
09:16que vous évoquez, des peines planchées avec la suspension
09:18des aides sociales pour
09:20les délinquants. Est-ce que ce sont des mesures
09:22qui vont dans le bon sens ?
09:24Il y a un chemin qui se dessine.
09:26Madame Latrousse, ce sont des mesures
09:28qui sont dans le projet du Rassemblement National
09:30qui sont presque issues du projet
09:32du Rassemblement National.
09:34Laurent Wauquiez parle comme vous ?
09:36Là pour le coup,
09:38pardon, mais je crois que c'est
09:40évident pour tout le monde. Si ce sont des textes
09:42qui proposent évidemment
09:44ces mesures-là, bien entendu,
09:46nous les voterons. Parce que je crois que c'est
09:48la volonté de la majorité
09:50des Français. La majorité
09:52des Français veulent qu'on s'attaque
09:54à l'insécurité, veulent qu'on s'attaque à l'immigration
09:56et pas seulement
09:58à l'immigration
10:00clandestine, mais aussi
10:02au record d'immigration légale
10:04qui a été celui
10:06imposé par Emmanuel Macron.
10:08Bien entendu que sur ces textes-là,
10:10il y aura le soutien du Rassemblement
10:12National. Maintenant, pardon, mais moi
10:14j'ai vu LR et la Macronie
10:16comment ils ont fonctionné dans les deux
10:18dernières années. C'est grâce
10:20à LR que l'ensemble
10:22d'un certain
10:24nombre de mesures, tout ça a été
10:26travaillé ensemble. Par exemple, les projets de loi de finances
10:28qui ont été travaillés main dans la main
10:30avec les LR. Et bon, on ne peut pas
10:32dire que la loi immigration n'ait pas été
10:34un fiasco tout de même.
10:36Pour vous relayer sur la loi immigration qui a été votée en décembre
10:38dernier et qui avait notamment fragilisé
10:40le précédent gouvernement, je reste tout de même
10:42sur les textes qui peuvent avancer, sur les
10:44mois qui viennent, parce que je crois que c'est ce qui intéresse les Français
10:46qui s'interrogent si cette situation de
10:48blocage va conduire à
10:50l'immobilisme. Si la gauche, par exemple, dépose
10:52l'abrogation de la réforme des retraites,
10:54est-ce que ça aussi, c'est quelque chose qui
10:56pour vous irait dans l'intérêt des Français et que le Rassemblement
10:58National voterait ?
11:00Nous, on est clair. Notre mantra, c'est
11:02le respect des électeurs.
11:04Mais comprenez bien que j'essaie de rentrer texte par texte
11:06pour plus de clarté pour ceux qui nous écoutent.
11:08Je vais vous résumer avec une grande
11:10clarté la position du Rassemblement National
11:12qui a toujours été la même. Si les textes
11:14sont bons, on les vote. Si les textes sont toxiques
11:16pour les Français, on ne les vote pas. Nous sommes
11:18différents des autres. Les autres,
11:20ils se déterminent non pas en fonction
11:22du fond du texte,
11:24du fond des mesures, mais en fonction du groupe
11:26qui les dépose. Parce que ce sont
11:28des sectaires. Nous, nous ne sommes
11:30pas sectaires. Nous ne pensons qu'à l'intérêt
11:32des Français. L'intérêt des Français
11:34et l'intérêt des Français.
11:36Donc, nous voterons en fonction
11:38de l'intérêt des Français.
11:40Est-ce que vous souhaitez, Marine Le Pen, que des textes qui ont été abandonnés
11:42soient aussi remis à l'agenda ?
11:44La dissolution a par exemple suspendu l'examen
11:46du texte sur la fin de vie. Ça ne fait pas
11:48partie des priorités que vous avez énoncées.
11:50Parmi les textes qui sont passés
11:52par perte et fracas, il y a aussi la suppression
11:54du droit du sol à Mayotte, par exemple.
11:56Est-ce que vous souhaitez que ce soit des textes qui soient inscrits à l'agenda ?
11:58Comprenez bien que j'essaie de dessiner
12:00pour ceux qui nous écoutent
12:02un chemin de ce à quoi pourraient ressembler
12:04les prochains mois à l'Assemblée nationale.
12:06Il me semble que, vous voyez,
12:08la suppression du droit du sol
12:10à Mayotte
12:12est une urgence, mais pas seulement à Mayotte.
12:14Elle est une urgence
12:16dans l'ensemble de la France.
12:18Et c'est plus simple de voter pour l'ensemble de la France
12:20qu'uniquement pour
12:22Mayotte, par ailleurs.
12:24Concernant la fin de vie, on peut quand même
12:26se dire ensemble que ça n'est pas
12:28une urgence absolue
12:30par rapport aux préoccupations principales qui sont celles des Français.
12:32Donc, fin de vie, non.
12:34Droit du sol, partout.
12:36Ce qui n'a peu de chances de passer, puisqu'à ce stade,
12:38arithmétiquement en tout cas, il n'y a pas de majorité en ce sens.
12:40La proposition n'est pas portée
12:42par le groupe Renaissance en ce qui concerne
12:44l'ensemble du territoire français.
12:46Je le précise aussi pour ceux qui nous écoutent.
12:48Vous évoquiez le sectarisme à l'instant des autres groupes.
12:50Pourtant, Marine Le Pen,
12:52ce sectarisme,
12:54il ne s'exprime pas partout et en tout lieu.
12:56Il vous arrive, on l'a lu dans Libération
12:58récemment, de dîner avec un certain
13:00nombre de responsables politiques, Édouard Philippe,
13:02pour le citer, l'ancien Premier ministre,
13:04qui, dans le même temps publiquement, appelle
13:06à faire barrage
13:08à vos élus lors des dernières législatives.
13:10Est-ce que vous y voyez
13:12une forme d'hypocrisie ?
13:14Une gêne de sa part ?
13:16Comment se fait-il qu'un certain nombre de responsables,
13:18ministre de la Défense, acceptent de dîner avec vous,
13:20de vous voir en privé, mais publiquement
13:22se présentent comme des opposants
13:24à ce que vous incarnez ?
13:26On ne peut pas dîner avec un opposant ?
13:28On peut dîner publiquement, Marine Le Pen.
13:30Là, ce qui interroge,
13:32c'est le fait que ce soit un dîner caché
13:34dans un appartement...
13:36Oui, c'est vrai que les dîners ne se déroulent
13:38rarement mieux de la rue
13:40ou sur la place
13:42publique, mais
13:44est-ce que nous sommes...
13:46C'est la vraie question que je me pose.
13:48Qu'est devenue notre démocratie
13:50où l'on ne peut pas, où l'on a
13:52interdiction de parler
13:54à un opposant ? On peut parler
13:56à un opposant, c'est le principe même
13:58de la démocratie. Et c'est là où
14:00vous comprenez bien que lorsqu'on voit
14:02un certain nombre de personnes, M. Attal
14:04d'ailleurs en premier,
14:06dire qu'ils souhaitent
14:08s'opposer totalement à ce que
14:10le RN et ses alliés
14:12puissent obtenir le moindre poste dans le fonctionnement
14:14de l'Assemblée nationale.
14:16D'accord, mais ça veut dire que
14:18en réalité,
14:20ils ont procédé à la dissolution
14:22de l'Assemblée et aujourd'hui, ils cherchent à dissoudre
14:24l'opposition. Mais
14:26qu'est-ce qu'une démocratie sans opposition ?
14:28Parce que le principe même de la...
14:30Non mais, Mme Latrousse, le principe même
14:32de la démocratie, c'est de donner
14:34une place à l'opposition.
14:36Parce qu'on considère que l'opposition
14:38a un rôle important à jouer,
14:40qu'on est plus intelligent quand on
14:42confronte ses idées,
14:44que c'est plus respectueux du peuple
14:46que d'avoir une majorité
14:48et une opposition.
14:50Enfin, si vous vous mettez à leur place, il y a aussi une forme de, j'allais dire, presque de cohérence
14:52idéologique, d'appeler à faire
14:54le front républicain ou le barrage républicain
14:56à l'extérieur de l'Assemblée nationale contre vous,
14:58leurs électeurs ne comprendraient pas non plus que ce barrage
15:00ne s'exprime pas en intérieur.
15:02L'élection est passée.
15:04Ça y est, les députés
15:06sont élus. Donc on ne peut
15:08pas nier
15:1011 millions de Français.
15:1211 millions !
15:1437% des gens qui ont voté au second tour.
15:16Le premier, encore une fois,
15:18parti de l'Assemblée nationale.
15:20Il y a quand même quelque chose,
15:22vous parliez d'hypocrisie,
15:24il y a quand même une hypocrisie majeure.
15:26Ce sont les gens qui passent leur vie
15:28dans des postures à en appeler
15:30à la défense de la démocratie
15:32qui serait soi-disant en danger
15:34et qui la foutent au pied
15:36d'une manière aussi caricaturale,
15:38aussi outrancière, aussi grossière.
15:40Je rappelle juste Marine Le Pen qui a la précédente mandature
15:42où le Rassemblement national avait deux vice-présidences
15:44à l'Assemblée.
15:46Est-ce que du fait de votre score aux européennes
15:48et aux législatives, vous sentez une hostilité
15:50nouvelle en quelque sorte
15:52à l'Assemblée, à votre endroit ?
15:54L'Assemblée n'a pas repris
15:56en l'espace de votre entrée.
15:58Que les choses soient très claires,
16:00nous, on ne souhaite pas ces postes pour nous-mêmes,
16:02pour une histoire d'égo.
16:04On s'en moque complètement.
16:06On souhaite ces postes parce que ces postes,
16:08c'est la conséquence du vote des Français.
16:10Et moi, je suis désolée de le dire,
16:12je suis peut-être la dernière à défendre la démocratie,
16:14mais je considère qu'il est normal
16:16que le nouveau Front populaire ait des postes
16:18dans le fonctionnement de l'Assemblée,
16:20qu'il est évidemment normal que le Rassemblement national
16:22et ses alliés en aient,
16:24qu'il est évidemment normal que le groupe
16:26macroniste en ait.
16:28Il est normal que chacun
16:30puisse participer au fonctionnement
16:32de cette institution, parce que c'est ce que
16:34les Français ont voulu dans leur vote.
16:36Est-ce que, vous évoquiez tout à l'heure
16:38le cumul douteux des fonctions
16:40entre les ministres, les missionnaires et les députés,
16:42est-ce que vous leur demandez de ne pas participer au vote de demain,
16:44de ne pas choisir la présidence de l'Assemblée nationale ?
16:46Je pense qu'ils ne devraient pas le faire.
16:48Je pense que pour respecter
16:50l'esprit de la Constitution, ils ne devraient pas le faire.
16:52Le Rassemblement national présentera
16:54évidemment un candidat à cette présidence ?
16:56Bien sûr.
16:58Parce que sont évoquées des discussions, par exemple,
17:00avec l'ancienne présidente, aussi, Yael Brown-Pivet,
17:02une forme d'entente tacite, est-ce que...
17:04Non, je n'ai pas eu connaissance de ça
17:06et je crois être plutôt bien placée.
17:08Oui.
17:10Donc ce n'est pas votre candidate ?
17:12Non, ça n'est pas...
17:14Nous aurons un candidat présenté
17:16en accord avec nos alliés
17:18à la présidence
17:20de l'Assemblée nationale, bien sûr.
17:22Il sera forcément issu du Rassemblement national ?
17:24Vous dites avec nos alliés ?
17:26Il y a des chances, mais encore une fois,
17:28cette discussion aura lieu d'ici jeudi.
17:30Marine Le Pen, est-ce que
17:32vous vous préparez à une nouvelle dissolution
17:34dans un an ?
17:36Oui.
17:38Vous pensez que dans un an, les Français sont de nouveau convoqués
17:40par l'élection, que l'Assemblée nationale
17:42ne pourra pas tenir au-delà ?
17:44Oui, mais tout le dit et tout le disait déjà.
17:46Tout disait déjà que
17:48cette alliance contre nature qui a eu lieu,
17:50qui est en réalité
17:52une coalition qui s'est déroulée pendant la campagne
17:54législative, qui n'était pas
17:56une coalition sur des projets, sur des idées,
17:58sur des mesures, c'était une coalition
18:00anti-RN, c'est-à-dire une forme
18:02de parti unique
18:04qui s'est constituée,
18:06qui n'a pas duré d'ailleurs très longtemps,
18:08parce que
18:10j'ai vu les macronistes en appeler
18:12à rejeter une candidature
18:14du nouveau Front populaire, alors que
18:16c'est eux-mêmes qui les ont fait élire trois jours avant.
18:18Donc ça devient vraiment très compliqué pour les Français.
18:20Moi encore une fois, ce que je viens leur dire
18:22c'est qu'avec nous, nous nous faisons les choses
18:24clairement, en transparence.
18:26Les coalitions que nous avons
18:28mises en œuvre, nous les avons présentées
18:30aux Français, dès le premier tour.
18:32Je pense qu'il n'y a pas un seul
18:34mouvement qui peut dire cela,
18:36ni les dernières élections législatives,
18:38ni évidemment les macronistes
18:40et le nouveau Front populaire qui se sont désistés
18:42les uns pour les autres, ni même LR
18:44qui avait passé un accord avec les macronistes, dès le premier tour.
18:46Là, vous faites le match
18:48des élections passées, moi ce qui m'intéresse c'est vraiment les élections
18:50à venir, quand vous dites
18:52« Nous nous préparons pour les Français qui nous écoutent,
18:56et qui nous interrogent,
18:58sont inquiets de la situation. »
19:00Bien sûr qu'ils sont inquiets, ils ont raison, et je le suis aussi.
19:02Qu'est-ce qu'on ferait différemment dans un an
19:04parce que cette expression
19:06« Nous nous préparons », nous l'avions aussi
19:08entendue les dernières semaines, et le moins que l'on puisse dire...
19:10Oui, mais nous nous préparons en permanence,
19:12Madame Latour. Ces élections législatives
19:14ont démontré... Votre chef de parti a reconnu
19:16des erreurs de casting sur le programme.
19:18Je ne reviens pas sur la polémique sur la double nationalité,
19:20mais le moins que l'on puisse dire, c'est que tous vos candidats
19:22ne maîtrisaient pas votre programme.
19:24Nous avons détecté un certain nombre
19:26de faiblesses,
19:28dans cette élection législative
19:30qui s'est déroulée, je le rappelle,
19:32en urgence, avec des candidats,
19:34mille candidats investis en 48 heures.
19:36Oui, vous aviez dit que vous vous prépariez avant.
19:38Oui, vous avez raison, mais ce n'était pas assez avancé.
19:40Nous tirons...
19:42Nous sommes en même temps modestes et pragmatiques.
19:44Nous voyons ce qui a fonctionné,
19:46nous voyons ce qui n'a pas fonctionné,
19:48et nous allons résoudre ce qui n'a pas fonctionné.
19:50Et pour être prêts,
19:52lors des futures élections législatives,
19:56à présenter en même temps
19:58un groupe de députés majoritaires
20:00qui soient
20:02les plus performants possibles,
20:04et évidemment, un gouvernement
20:06sur lequel nous avons déjà travaillé.
20:08Quand Jordan Bardella parle de défaite,
20:10vous, vous n'utilisez pas ce terme.
20:12Vous dites que c'est une victoire différée.
20:14Cette victoire différée, vous l'espérez
20:16dès une prochaine dissolution,
20:18ou vous renvoyez à plus tard en 2027 ?
20:20Parce que dans le même temps, si j'écoute,
20:22et j'ai bien écouté ce que vous m'avez dit jusque-là
20:24sur la puissance du réflexe du Front républicain,
20:26de l'organisation des autres forces
20:28pour vous empêcher d'accéder au pouvoir,
20:30à ce stade, on voit difficilement...
20:32Je n'ai pas dit pas la frontière,
20:34je dis le Front républicain.
20:36Est-ce que ce barrage n'est pas trop puissant
20:38pour vous empêcher d'accéder au pouvoir ?
20:40Ce qui est puissant,
20:42c'est l'eau qui pousse sur le barrage.
20:44Ça, c'est beaucoup plus puissant que le barrage,
20:46d'autant que ce barrage
20:48est considérablement fragilisé,
20:50élection après élection.
20:52Je rappelle qu'il y a un peu plus de deux ans,
20:54nous avions sept députés,
20:56143.
20:58Ça, c'est l'évolution
21:00des idées du Rassemblement national
21:02portées
21:04en France.
21:06Et ça va continuer
21:08à augmenter. Et pour une raison simple,
21:10c'est qu'en réalité, aucun
21:12des groupes ou des partis politiques
21:14qui sont actuellement
21:16dans une forme de majorité
21:18diffuse
21:20ne porte
21:22les idées du Rassemblement national.
21:24Il n'a pas l'encourage, ni l'envie
21:26de régler les problèmes qui sont ceux des Français.
21:28C'est les Républicains qui parlent comme vous,
21:30disiez-vous, il y a quelques instants.
21:32Oui, sur un certain nombre de sujets, c'est vrai,
21:34mais moi je l'admets, sur un certain nombre de sujets,
21:36ils parlent comme nous.
21:38Ils devraient passer le même cap
21:40que Kéric Chottier, si je comprends
21:42ou si j'analyse le sourire que vous avez
21:44en courant, je décris pour ceux qui nous écoutent.
21:46Ils parlent comme nous. Mais ils ont passé un accord
21:48avec la Macronie dès le premier tour
21:50puisque les macronistes n'ont pas présenté
21:52le candidat devant les candidats LR
21:54dès le premier tour.
21:56Et de manière cachée, et moi ça me gêne
21:58quand c'est caché, moi les magouilles cachées,
22:00les négociations de derrière
22:02le rideau, je trouve que c'est profondément
22:04antidémocratique et ça manque de respect
22:06à l'égard des électeurs. Encore une fois,
22:08nous nous avons passé un accord,
22:10mais nous l'avons fait publiquement,
22:12de manière transparente, devant les Français.
22:14D'un mot, vous aviez dit dissolution ou démission
22:16pendant la campagne des Européennes.
22:18Au lendemain de la dissolution, vous avez dit
22:20qu'il faudra au président que la démission pour sortir potentiellement
22:22d'une crise politique. Est-ce que c'est un scénario
22:24aussi auquel vous vous préparez ?
22:26C'est un scénario possible, en tout cas c'est ce que la Constitution
22:28offre en réalité, enfin c'est même
22:30la dernière possibilité que la Constitution offre
22:32à Emmanuel Macron.
22:34La vraie question, et ça c'est les constitutionnalistes
22:36qui doivent y répondre, ils ne sont manifestement
22:38pas d'accord entre eux, c'est est-ce qu'une nouvelle élection
22:40présidentielle peut entraîner
22:42des nouvelles législatives
22:44malgré le fait que le délai
22:46d'un an n'ait pas passé ou pas ?
22:48Moi je pense que c'est cohérent.
22:50Je pense que l'esprit de la Constitution
22:52c'est que s'il y a une nouvelle élection présidentielle
22:54alors il est assez légitime
22:56qu'une élection législative suive
22:58pour pouvoir donner
23:00au président de la République les moyens
23:02d'agir.
23:04Merci Marine Le Pen, 8h53 sur BFM TV et RMC.
23:06Bonne journée à vous et bonne journée à tous.

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