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00:00206 comités nationaux, plus l'équipe des réfugiés ce soir, vont effectuer cette parade sur la scène.
00:07Deux comités ne vont pas participer à ce défilé, les comités russes et biélorusses, conséquence directe de l'invasion, évidemment, de l'Ukraine.
00:16Quinze athlètes russes présents à Paris, dont la moitié sont des tennismen. Ils vont concourir sous bannière neutre.
00:21Pas d'hymne russe sur les podiums et ils ne figureront pas dans le tableau des médailles.
00:26Les conditions, Fabien, fixées par le CIO à ces athlètes russes pour participer à ces Jeux de Paris, les conditions étaient extrêmement strictes.
00:35Oui. En fait, le CIO est pris entre deux feux. C'est-à-dire qu'il ne voulait pas... Enfin, il ne voulait pas exclure les Russes et les Biélorusses.
00:45La décision a été rendue assez tard, d'ailleurs.
00:47Alors, elle a été... En fait, l'objectif du CIO, c'est de rester universel et de conserver le monopole qu'il a sur le système sportif mondial.
00:55Le problème qu'ils ont eu avec l'invasion de l'Ukraine, c'était qu'ils étaient confrontés à des risques de boycottage de la part de pays occidentaux,
01:03qui, par exemple, pourraient refuser des visas à des athlètes russes ou biélorusses qui viendraient dans des pays occidentaux,
01:08voire même des boycottages de l'Occident si les Russes participent.
01:13Alors, ce qui est intéressant, c'est que l'exclusion de la Russie ne s'est pas faite pour des raisons politiques, même si c'est évidemment pour des raisons politiques.
01:20C'est officiellement... C'est parce que la Russie a enfreint la trêve olympique.
01:25C'est-à-dire que le CIO a bien pris soin de ne pas...
01:28— Donc elle existe encore, la trêve olympique ? On l'a cherchée un peu partout.
01:31— Alors le problème pour eux, c'est qu'en gros, ils avaient trouvé ce prétexte qui faisait croire que ce n'est pas une décision parce qu'ils ne voulaient pas créer un précédent.
01:39C'est-à-dire que s'ils excluaient la Russie en disant que c'est parce que vous avez envahi l'Ukraine, tout de suite, les pays du Sud, le Haredi et l'Irak,
01:45qui a été envahi par les États-Unis en 2003, qu'est-ce que vous avez dit à ce moment-là ?
01:49Donc voilà. Alors le problème pour eux, c'est Israël, qui... La trêve a commencé le 19 juillet.
01:54Il y a eu des bombardements sur Gaza pendant le week-end. Et le comité olympique palestinien s'est estimé en droit d'écrire au CIO
02:02pour demander que les mêmes sanctions soient appliquées à Israël. Et donc là, ça va être dur pour le CIO, qui va perdre un peu de crédibilité dans les années qui viennent.
02:11— La Russie, Gauthier, privée quasiment encore une fois de JO. C'est pas la première fois que ça arrive.
02:17Comment ça s'est perçu en Russie par les Russes eux-mêmes ?
02:21— Bon. C'est un motif toujours de fierté pour les Russes, y compris même lorsque eux-mêmes, à titre individuel, sont opposés à leur régime.
02:30Il y a quelque chose de très fort là-dessus, qu'on a vu aussi souvent en Biélorussie, malgré la patte de fer de Loukachenko.
02:38Ça, c'est quelque chose qui marche très fort. Je voudrais juste très rapidement rebondir sur ce qui a été dit.
02:44Si l'on part du principe que les Jeux olympiques, que l'esprit olympique, c'est précisément l'universel...
02:49Je dirais même un petit peu plus loin, l'universalisme. À ce moment-là, refuser les athlètes russes, biélorusses,
02:56ou demander que les Israéliens soient mangés de la même manière, soient logés à la même enseigne, c'est absurde.
03:03C'est-à-dire que nous, ce que nous défendons, c'est de dire mais venez, venez tous, venez sous votre drapeau, peu importe.
03:09Et on parle. Et on vous montre que nous, on n'est pas comme vous. C'est-à-dire qu'on n'assimile pas, on n'assigne pas un individu à sa nation, à son pouvoir.
03:17À son régime. Parmi les athlètes russes, il y en a probablement qui, dans leur fort intérieur, ne sont pas pro-Poutine.
03:24Et parmi les athlètes israéliens, il y en a également, c'est plus facile parce que c'est une démocratie, mais qui ne sont pas pro-Netanyahou.
03:30Et je veux dire par là que nous, entrer dans ce jeu-là, ce jeu-là, oui, toi, tu ne viens pas sous ta bannière, etc., c'est absurde.
03:37Ça n'a aucun lien avec cet esprit, justement, des Jeux olympiques, qui est de dire, justement, on considère les individus.
03:45Et comme vous disiez tout à l'heure, chaque participant a son histoire, peut-être a son histoire qui est une histoire dramatique.
03:51D'autres en ont qui sont moins dramatiques. Mais c'est ça aussi qu'il faut percevoir dans les Jeux olympiques.
03:55Ce sont les histoires individuelles, même si à la fin, ben oui, il y a un tableau avec les nations. Mais c'est peut-être pas ça le plus important.
04:01— Je rappelle que cette cérémonie, pour la première fois depuis des dizaines d'années, elle ne sera pas diffusée en clair sur les différentes chaînes de télé russes.
04:11Faites confiance à Soloviev pour sans doute aborder ce sujet dans son émission du soir. Mais les Russes, qui possèdent d'autres canaux, évidemment,
04:23ils sont tous équipés de VPN. Ils ont la possibilité d'aller notamment sur le site du comité international olympique et de s'enregistrer,
04:31de créer un compte et de voir au moins les images, même si ça ne sera pas commenté en russe.
04:38— La Russie et les Jeux, c'est une histoire... C'est un rapport particulier. — Oui. Ben l'USS a d'abord essayé de...
04:48— Mais la Russie aussi. — Alors la Russie... Alors oui, évidemment, ça commençait... C'est ce qui fait, de toute façon, le succès des Jeux.
04:56C'est que c'est devenu un terrain d'affrontement symbolique pour les grandes puissances. Et c'est pour ça que les Jeux existent encore.
05:03C'est parce qu'ensuite, par exemple, les pays qui ont accédé à l'indépendance dans les années 60, ben voilà, c'est quelque chose qu'on connaît.
05:12Rentrer à l'ONU et participer aux Jeux olympiques, c'est d'ailleurs pour ça que les Palestiniens ont demandé l'exclusion d'Israël.
05:19Mais en fait, ils avaient déjà passé un accord avec Thomas Barre, le président du CIO, puisqu'ils se sont rencontrés,
05:24le président du CNO palestinien et le président du CIO à la mi-avril. En fait, pour les Palestiniens, c'est beaucoup plus important pour eux
05:32de pouvoir défiler derrière leur drapeau ce soir.
05:35C'est peut-être plus important d'avoir son siège au comité olympique plutôt que d'avoir son siège à l'ONU.
05:44Alors disons que pour avoir son siège à l'ONU, symboliquement, c'est très important de défiler ce soir.
05:49Ça veut dire qu'en gros, aux yeux du monde, aux yeux des autres nations, ils sont considérés comme une nation.
05:54Et donc voilà, c'est d'ailleurs ce qui... Jusque là, les Palestiniens ne demandaient pas l'exclusion d'Israël parce que de toute façon,
06:00ils savent que le rapport de force n'est pas leur faveur et qu'ils ne l'obtiendraient pas.
06:04Pour les Russes, oui. Les Russes, enfin les Soviétiques, sont venus parce que les Jeux sont américanisés depuis les années 30.
06:11Donc c'est pour ça, d'ailleurs, que les Jeux existent encore. C'est parce que c'est une des formes de l'américanisation du monde au XXe siècle.
06:17Donc c'est pour ça que les Soviétiques vont les défier sur leur terrain, alors que jusque là, ils avaient tenté avec une culture et une vision opposées.
06:25Alors, pas tant que ça, en fait. C'est-à-dire que la première américanisation des Jeux, c'est le sport amateur.
06:31C'est les championnats universitaires qui sont liés à la religion protestante où l'amateurisme est une valeur cardinale.
06:37Et là, les Russes, enfin les Soviétiques, même si c'est en partie faux, puisque c'est de l'amateurisme d'État, au moins idéologiquement,
06:44en gros, se retrouvent dans cette idéologie coubertinienne. L'important, c'est de participer, etc.
06:51Évidemment, c'est pour des raisons d'enjeux symboliques, dans la guerre froide culturelle, d'arriver en tête devant les États-Unis au classement des médailles.
07:00Mais quand il y a cette deuxième américanisation des années 80, c'est-à-dire commercialisation, ouverture au professionnalisme,
07:07là, vous avez l'URSS qui se pose comme garant et défenseur de l'esprit olympique.
07:13Donc pour toute la population héritière de l'Union soviétique, pas seulement en Russie, mais dans tous les pays de l'Est,
07:20les Jeux olympiques, c'est la compétition par excellence où on leur a appris que c'était là que le socialisme démontrait sa supériorité sur le capitalisme.
07:28Donc une chose est sûre, et on est d'accord tous là-dessus, le sport apolitique, ça c'est un mythe, ça n'existe pas.
07:33Oui, heureusement. Vous prenez par exemple le cas africain, et l'Afrique est vraiment un cas très intéressant pour montrer que le sport est politique.
07:42Quand les pays qui viennent d'être décolonisés au début des années 60 n'ont pas de force économique, n'ont pas de force politique,
07:48ils vont utiliser le sport justement pour investir les grandes institutions à travers le comité olympique.
07:54Et ils vont profiter de l'Union africaine et à travers le C2SA pour cristalliser leur combat contre l'apartheid.
08:01Et ils vont arriver à exclure d'abord les sportifs sud-africains de l'olympisme.
08:09Ensuite, dans les années 70, en 70, ce sera le comité national olympique sud-africain qui sera exclu, et ça c'est l'action commune de tous les gouvernements africains.
08:17Et en 72, c'est la Rhodesie. Et on arrive à 76, qui est le boycott de Montréal par les pays africains,
08:22parce qu'il y a eu un match entre la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud deux semaines après le massacre de Soweto.
08:29C'était insupportable pour les Africains, qui ont dit au CIO, si vous n'excluez pas la Nouvelle-Zélande, qui a été faire un match de rugby en Afrique du Sud,
08:36nous boycotterons. C'est ce qu'ils ont fait deux jours avant la compétition.
08:39Tous les athlètes africains sont rentrés à la maison, sauf deux nations, deux pays, la Côte d'Ivoire et le Sénégal.
08:44Mais en tout cas, on voit que c'est une vingtaine de pays qui, en 76, ont boycotté les Jeux olympiques.

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