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"La Saga Berlusconi" est un documentaire réalisé par Simone Manetti, sorti en 2024. Voici les principaux éléments à retenir sur ce film :

Synopsis : Le documentaire retrace le parcours de Silvio Berlusconi, depuis ses débuts dans l'immobilier jusqu'à son ascension politique en Italie

.
Contenu : Le film offre un portrait approfondi de Berlusconi, le présentant comme un entrepreneur opportuniste doté d'une aura extraordinaire
.
Contexte : Sorti un an après le décès de Berlusconi à l'âge de 86 ans, le documentaire examine sa vie et son impact sur la société italienne
.
Thèmes abordés : Le film met en lumière les qualités qui ont fait le succès de Berlusconi, notamment son culot, son charme et sa maîtrise des codes de son époque
.
Production : Il s'agit d'une coproduction internationale impliquant arte et ZDF, réalisée entre 2021 et 2024

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Transcription
00:00:30Il y avait beaucoup de mystères autour de Berlusconi, qui est-il, d'où sort-il, d'où vient tout son argent.
00:01:00Berlusconi a toujours voulu être le roi Midas. Sa vanité était immense.
00:01:09Il a été meilleur et meilleur communicant.
00:01:12C'est un magnifique parleur. C'est très difficile de résister à son charme.
00:01:16La télévision à laquelle nous commençons à penser, ça serait mieux une télévision Beaujolais. Champagne le samedi.
00:01:24Il savait cerner la mentalité des Italiens, surtout celle des hommes. Il avait ce génie-là.
00:01:29Ils étaient sous le charme. Ils avaient une admiration enfantine pour son humour, sa prestance et même ses conquêtes féminines.
00:01:42Il comprend que quelque chose est en train de changer, que tout est business et profit.
00:01:50On voyait bien qu'il n'allait pas en rester là.
00:01:54Il m'a dit « J'ai compris. On doit créer notre propre parti. Tout le monde en crée un, alors nous aussi. »
00:02:01À partir de ce moment-là, la politique n'était plus pensée comme une question de vie ou de mort, mais de télévision.
00:02:07C'est son pire défait ?
00:02:10Il y en a tellement, je suis embarrassé.
00:02:12Dites-moi juste un.
00:02:14Un seul.
00:02:15Un vrai.
00:02:17J'y pense.
00:02:25Tout ce qui est important est né à Milano.
00:02:29Toutes les choses importantes se passent à Milano.
00:02:33Il y a des journaux qui font des opinions. Il y a des grands groupes éditoriaux.
00:02:39Il y a une grande industrie à Milano. Il y a une grande finance à Milano.
00:02:44Rome est le centre politique et rien d'autre.
00:02:54La ferveur milanaise est vraiment unique.
00:03:13Milano a toujours été le moteur de l'Italie grâce à son esprit d'entreprise et sa capacité à saisir au vol les occasions qui se présentent.
00:03:28Naturellement, quelqu'un comme Berlusconi était dans son élément dans une ville comme Milano.
00:03:41La Milano que je connais est très laborieuse.
00:03:46Les lumières de l'office sont fermées bien après le dîner.
00:03:51Et je peux vous confirmer qu'après les huit heures, j'atteindrai encore beaucoup de gens au bureau.
00:03:59Nous, avec Berlusconi, nous sommes devenus comme les cinq doigts de la main.
00:04:03Il nous a nommé PDG de ceci, PDG de cela.
00:04:06Mais Berlusconi serait devenu l'homme qu'il était, même avec d'autres collaborateurs que nous.
00:04:15Je me souviens que sa mère lui disait « Toi, t'as le cerveau en ébullition ».
00:04:21Elle lui disait de se calmer, d'être prudent, de ne pas se précipiter, de choisir soigneusement ses amis et de ne pas faire confiance à n'importe qui.
00:04:30Elle lui disait tout le temps « T'as le cerveau en ébullition ». Et c'était vrai.
00:04:39Berlusconi a été un choc pour l'Italie à bien des égards.
00:04:43Que ce soit au niveau local, à Milan, ou au niveau national.
00:04:47A l'époque, personne ne sait rien de lui.
00:04:50Qui est-il ? D'où sort-il ? D'où vient tout son argent ?
00:04:55Il y avait beaucoup de mystères autour de Berlusconi.
00:05:01J'ai entendu parler de Silvio Berlusconi, comme beaucoup de gens, quand il a été question de Milano Due.
00:05:15Milano Due était un projet innovant.
00:05:18C'était un quartier de luxe en bordure de Milan, au beau milieu de la verdure.
00:05:23Dr Silvio Berlusconi, 41 ans. Quels sont les objectifs proposés en Italie ?
00:05:37Silvio Berlusconi était un jeune promoteur immobilier très efficace.
00:05:42Un homme d'action.
00:05:45Il avait du talent pour créer et pour vendre, et donc pour conquérir le marché.
00:05:53Berlusconi allait beaucoup plus loin que ses confrères dans l'immobilier.
00:05:58Milano Due a été une expérience parfaite, extraordinaire, avec des caractéristiques innovantes.
00:06:23L'idée d'une chaîne câblée à Milano Due visait à transmettre des informations du quartier.
00:06:29C'était l'objectif.
00:06:36C'était un service de plus à disposition des habitants.
00:06:39Un service intelligent et extrêmement moderne pour l'époque.
00:06:46Pour montrer aux habitants de Milano Due qu'ils valaient mieux que leurs voisins,
00:06:50Berlusconi a eu l'idée de leur offrir une chaîne de quartier.
00:07:00Dans ces années-là, les gens commençaient à vouloir davantage d'ouverture dans l'offre télévisuelle.
00:07:07Pour beaucoup, le monopole de la rail n'était plus satisfaisant.
00:07:21En Italie, seule la rail avait le droit d'émettre,
00:07:24parce que l'audiovisuel public était sacré et intouchable.
00:07:32Mais quand une décision constitutionnelle a libéralisé les ondes,
00:07:36on a commencé à entendre parler de chaînes télévisuelles.
00:07:39C'est-à-dire qu'une chaîne télévisuelle,
00:07:41c'est-à-dire qu'une chaîne télévisuelle,
00:07:43c'est-à-dire qu'une chaîne télévisuelle,
00:07:46c'est-à-dire qu'une chaîne télévisuelle,
00:07:48on a commencé à entendre parler de chaînes de télévision privées.
00:07:55En 1976, la Cour constitutionnelle décrète que l'État n'a plus le monopole de l'audiovisuel.
00:08:04Cet éclatement du monopole de la rail donne naissance à des chaînes de télé locale.
00:08:10Au départ, c'est le petit monde caché de la province qui occupe l'écran.
00:08:25On a le petit commerçant qui installe une caméra dans la salle à manger,
00:08:29avec sa femme et la copine de sa femme qui s'amusent.
00:08:39Ensuite, on voit apparaître du porno soft.
00:08:53Et des émissions de variété avec des humoristes qu'on ne voyait pas sur la rail.
00:09:03Très peu de gens saisissent le véritable potentiel de ce média.
00:09:07Le seul à comprendre les possibilités qu'offre la télévision commerciale,
00:09:11c'est Silvio Berlusconi.
00:09:38Je suis entré à la rail en 1972.
00:09:44C'était une chaîne formidable.
00:09:46La rail avait le service public chevillé au corps et le défendait.
00:09:51C'était une télévision, c'était une institution.
00:09:54La rail, la radio-télévision italienne, diffuse le professeur Manzi l'après-midi
00:09:58pour enseigner l'alphabet à la population.
00:10:02Il apprend aux gens à lire et à écrire.
00:10:08La rail produit aussi des dramatiques,
00:10:10comme l'apparition d'un film sur la télévision italienne.
00:10:14La télévision italienne, c'est la télévision italienne,
00:10:17c'est la télévision italienne, c'est la télévision italienne.
00:10:21La rail produit aussi des dramatiques
00:10:23qui vont en quelque sorte transformer des grands romans
00:10:26comme « Les frères Karamazov » ou « Les fiancés » en produits de masse.
00:10:33Berlusconi venait d'un autre univers.
00:10:36Il n'avait pas la fibre de la culture ou du documentaire.
00:10:39Il a tout de suite compris.
00:10:41Et il s'est dit, moi je vais m'adresser au consommateur,
00:10:44alors que la rail, elle, s'adresse aux citoyens.
00:10:50Vous pouvez faire une télévision.
00:10:52Parce qu'en Italie, il n'y a pas de savoir-faire
00:10:55pour une télévision privée.
00:10:57Il n'y a pas de techniciens.
00:10:59Et donc, nous formons des jeunes
00:11:01qui, peu à peu, deviennent des professionnistes.
00:11:05Nous ne pouvons pas prendre les techniciens de la rail.
00:11:08Tout d'abord, parce qu'ils ne laissent pas facilement la rail.
00:11:11Et puis, encore, parce qu'ils ont un autre moyen de travailler.
00:11:15Ce moyen rail n'est pas bon pour les télévisions privées.
00:11:18Donc, une télévision doit devenir, avec calme,
00:11:24disons qu'un petit enfant qui aura toutes nos cures
00:11:28pour devenir grand de la meilleure façon.
00:11:49C'était un week-end de novembre.
00:11:52Je faisais du tourisme en Toscane
00:11:55et j'ai reçu un appel de ma société,
00:11:58Electronica Industrial,
00:12:01me disant que M. Silvio Berlusconi
00:12:04m'invitait à dîner le lendemain soir.
00:12:11Alors, je me suis rendu dans sa villa d'harcourt
00:12:14avec l'un de mes associés.
00:12:17On s'est assis et on a discuté avec lui.
00:12:20Et la première question qu'il m'a posée, c'est
00:12:23« M. Gagliani, est-ce que votre société serait capable
00:12:27de mettre au point trois réseaux nationaux de télévision ? »
00:12:37L'objectif de Berlusconi, c'était de lancer un projet
00:12:41de télévision qui battrait la raille,
00:12:44avec trois chaînes d'un côté comme de l'autre.
00:12:53Il a déclaré ça dès les balbutiements
00:12:56de son aventure audiovisuelle.
00:12:59Bien sûr, il a suscité l'incrédulité,
00:13:02voire l'hilarité des gens présents,
00:13:05qui étaient ses collaborateurs de toujours.
00:13:09Son projet était clairement irréalisable,
00:13:12puisque la raille était le prestataire exclusif de l'État
00:13:15pour les diffusions télévisées sur l'ensemble du territoire italien.
00:13:23Je lui ai demandé « Mais comment pourrait-on créer
00:13:26trois chaînes nationales si, à l'heure actuelle,
00:13:29on a le droit de ne faire que de la télévision régionale ? »
00:13:33Il m'a répondu « On ne va pas faire une chaîne nationale,
00:13:36mais plusieurs chaînes régionales
00:13:39qui diffuseront les mêmes programmes,
00:13:42ce qui donnera l'impression d'une télévision
00:13:45à l'échelle du pays tout entier. »
00:13:53Il enregistrait de longues heures d'émissions
00:13:56sur des supports magnétiques.
00:14:00On appelait ces programmes tout près « des pizzones »
00:14:03et il en faisait 20 ou 30 copies,
00:14:06une pour chaque chaîne, aux quatre coins du pays.
00:14:15Les pizzones sont des cassettes d'une heure
00:14:18qui contiennent le programme
00:14:21avec des publicités incluses.
00:14:30Et chaque antenne régionale
00:14:33recevait cet enregistrement clé en main.
00:14:36Il fallait donc expédier les bandes de Milan
00:14:39jusqu'à Palerme ou Paris.
00:14:42Et les envois se faisaient par avion,
00:14:45il n'y avait pas d'autre solution.
00:14:48Parfois, il y avait une grève du trafic aérien
00:14:51ou du brouillard sur l'autoroute.
00:14:54Alors, pour être sûr,
00:14:57toutes les chaînes mettaient la cassette dans le lecteur
00:15:00si bien que l'Italie tout entière
00:15:03regardait exactement la même grille de programme.
00:15:09Berlusconi faisait enregistrer 24 heures de programme,
00:15:12y compris les spots publicitaires,
00:15:15parce qu'au bout du compte,
00:15:18le but ultime de l'opération, c'était la publicité.
00:15:21Un jour, je lui ai demandé
00:15:24« Silvio, c'est quoi la télévision ? »
00:15:27On était en pleine réunion avec tous ses collaborateurs.
00:15:30Il a répondu « La télévision,
00:15:33c'est tout ce qu'il y a autour de la publicité. »
00:15:40J'ai vu que les annonceurs étaient prêts à investir,
00:15:43à condition que leurs spots publicitaires
00:15:46soient diffusés dans le pays tout entier,
00:15:49intercalés entre des émissions à succès.
00:15:54Pour faire en sorte que ce genre de télévision soit en place,
00:15:57nous avons besoin de la publicité des insertionnistes
00:16:00qui ont signé le contrat.
00:16:03Donc, je vous en prie, suivez toujours ce qui sera dit
00:16:06dans le cours de notre transmission et essayez aussi
00:16:09de faire en sorte que ces choses vous soient reclamées
00:16:12dans le cours de Superflash.
00:16:15Donc, ne partez pas, car nous reviendrons dans deux minutes.
00:16:18La RAI avait un quota limité de spots de pub.
00:16:21Donc, les fonctionnaires du service audiovisuel d'État
00:16:24pouvaient tout à fait décider que tel produit
00:16:27n'était pas intéressant pour leur cible.
00:16:30Sur 100 demandes, une moitié était acceptée
00:16:33et l'autre était rejetée.
00:16:36Alors, bien sûr, les marques se bousculaient
00:16:39pour avoir droit à une page de publicité
00:16:42dans cette formidable boîte à rêves qu'est la télévision.
00:16:47Évidemment, la RAI n'arrivait pas à satisfaire
00:16:50toutes les demandes publicitaires de la part des marques.
00:16:55Les spots de pub étaient de formidables boosters de vente,
00:16:58mais aussi de véritables accélérateurs
00:17:01pour la croissance et l'industrie italienne.
00:17:06Dell'Utri et Berlusconi avaient parfaitement compris
00:17:09cette demande en mal de réponse.
00:17:12Et ils en ont profité.
00:17:21Je vais énoncer une banalité sur la publicité,
00:17:24mais beaucoup de gens ont tendance à l'oublier.
00:17:27La publicité n'achète pas les programmes,
00:17:30elle achète les cerveaux qui regardent ces programmes.
00:17:36Des cerveaux, c'est comme ça qu'on dit dans le jargon.
00:17:50Le nombre de spectateurs réunis devant une émission
00:17:53indique la valeur du produit que je vends.
00:17:59C'est un indicateur de la force de mon produit.
00:18:07Les annonces étaient confiées à une régie publicitaire
00:18:10qui appartenait au magazine Familia Cristiana.
00:18:14Mais au bout d'un moment, Berlusconi a décidé
00:18:17de fonder sa propre régie publicitaire.
00:18:20Pourquoi devrait-on confier à d'autres
00:18:23le produit qu'on veut vendre ?
00:18:26Et c'est comme ça qu'est né le groupe Publitalia Ottanta.
00:18:44Tant qu'il n'y a aucune régulation pour le freiner,
00:18:47il accumule les contrats publicitaires.
00:18:50Et il le fait avec des modalités totalement innovantes.
00:18:53Il facture la publicité à un prix très bas.
00:18:56Mais encore plus, il fait des affaires
00:18:59qui sont très difficiles à payer.
00:19:02Il fait des affaires qui sont très difficiles à payer.
00:19:05Il fait des affaires qui sont très difficiles à payer.
00:19:08Il fait des affaires qui sont très difficiles à payer.
00:19:12Mais en contrepartie, il demande aux annonceurs
00:19:15un pourcentage sur la croissance des ventes
00:19:18suite à la diffusion des spots.
00:19:42Berlusconi m'a appris quelque chose de fondamental.
00:19:45Il m'a dit
00:19:48« Carlon, tu dois savoir qu'au siège de notre groupe,
00:19:51il y a quatre garçons
00:19:54qui passent sans coup de fil
00:19:57toutes les demi-heures,
00:20:00du matin jusqu'à 11h du soir
00:20:03pour connaître les chiffres d'audience. »
00:20:06Pour moi,
00:20:09ça a été une formation accélérée en télé commerciale.
00:20:12J'ai tout de suite compris
00:20:15que l'audience était fondamentale.
00:20:18Ce qui comptait,
00:20:21ce n'était pas mon opinion sur les films
00:20:24ou mes goûts personnels.
00:20:27Ça passait au second plan.
00:20:30L'important, c'était les chiffres
00:20:33que les garçons notaient à côté de chaque tranche horaire.
00:20:36« Carlon, il faut élaborer une grille de programmes
00:20:39qui rendent le public captif. »
00:20:46« Il faut programmer des émissions feuilletonnantes
00:20:49pour obliger le spectateur à revenir. »
00:20:52Ma mission consistait à affaiblir le succès de la rail
00:20:55qui était la chaîne majoritaire.
00:20:58Et pour ça, la seule solution, c'était la contre-programmation.
00:21:01Il fallait choisir exactement le contraire
00:21:04de la rail pour lui prendre des parts d'audience.
00:21:10D'où l'idée de programmer les schtroumpfs face aux infos.
00:21:13C'est un dessin animé pour enfants
00:21:16et les petits faisaient souvent des difficultés au moment du dîner.
00:21:19Alors grâce aux schtroumpfs,
00:21:22les mamans allaient pouvoir être soulagées au moment du repas.
00:21:25Ça a été un succès retentissant.
00:21:28C'est un dessin animé formidable.
00:21:32Berlusconi a su saisir tout l'esprit de l'époque.
00:21:35Il comprend que quelque chose est en train de changer,
00:21:38que le marché est roi,
00:21:41tout est business et profit.
00:21:44Et la télévision est l'instrument de cette stratégie. »
00:21:55« C'était un peu l'americano.
00:21:59Les Américains n'ont pas peur de casser les codes.
00:22:02Ils savent que ça peut soit mener à la catastrophe,
00:22:05soit permettre de s'enrichir. »
00:22:24« Ok, c'est le juste prix.
00:22:27C'était une poule aux oeufs d'or,
00:22:30une machine super puissante. »
00:22:49« Un responsable de la chaîne m'a appelé et m'a dit
00:22:52« Madame Zanetti, on voudrait vous proposer de présenter un jeu
00:22:55et vous avez du chien. Ça vous dirait d'essayer ? »
00:22:58« Mais je suis chanteuse, moi je ne peux pas ! »
00:23:11« Je faisais la tournée des festivals,
00:23:14de San Remo à Castro Caro.
00:23:17Les moments les plus importants pour moi,
00:23:20c'était mes passages à San Remo. »
00:23:25« Madame Zanetti ! »
00:23:30« Alors j'ai refusé, même si la somme qu'on me proposait
00:23:33était très coquette. »
00:23:37« Le lendemain, Berlusconi m'appelle en personne
00:23:40et me dit « Je m'en souviendrai toujours.
00:23:43Madame Zanetti, je viendrai bien prendre un café avec vous,
00:23:46mais j'ai beaucoup de rendez-vous.
00:23:49Vous pourriez venir, vous ? »
00:23:52« J'enfourche mon vélo et j'arrive. »
00:23:55« On entre dans une petite salle de théâtre
00:23:58avec un superbe piano à queue, je vois qu'il s'en approche.
00:24:01Je me dis « Mince, je vais devoir chanter ! »
00:24:04Mais non, c'est lui qui s'installe au piano
00:24:07et il me chante tout le répertoire de Charles Trenet,
00:24:10d'Édith Piaf, avant de passer à Aznavour.
00:24:13Et avec talent !
00:24:16C'est ça la grandeur,
00:24:20la capacité à convaincre n'importe qui
00:24:23d'aller vendre des glaces au Pôle Nord.
00:24:26Et lui, il y est arrivé,
00:24:29il vous en sorcelait. »
00:24:40Les grands groupes et les grandes marques
00:24:43se bagarraient pour placer leur publicité dans l'émission.
00:24:46C'était quelque chose.
00:24:59« C'était un rendez-vous rassurant.
00:25:02Les grands-mères regardaient avec leurs petits-enfants.
00:25:05Je le vois maintenant quand je rencontre des gens de 35-40 ans.
00:25:08Ils s'en fichent pas mal que j'ai remporté trois fois
00:25:11le festival de San Remo, que j'ai chanté sur les plus grandes scènes du monde.
00:25:14Ils se disent tous « 100, 100 ! » »
00:25:27Berlusconi disait « J'ai changé la vie
00:25:30de millions d'Italiens qui s'ennuyaient.
00:25:33En allumant une télé en continu,
00:25:36j'ai amélioré leur qualité de vie.
00:25:40Et il y croyait vraiment.
00:25:46Beaucoup de gens le prenaient pour un cynique et un tricheur,
00:25:49ce qui était vrai aussi.
00:25:52Mais il était sincèrement persuadé d'avoir permis aux Italiens
00:25:55d'avoir une vie meilleure.
00:26:09Je ne sais pas si ce sont des mots attribués à moi.
00:26:12Ce sont des concepts que je considère corrects
00:26:15et que je soutiens.
00:26:18En ce qui concerne le niveau de vie,
00:26:21il suffit d'allumer une télé,
00:26:24il y a une offre de spectacle à chaque heure du jour et de la nuit.
00:26:27C'est très remarquable.
00:26:30Et ce que fait la RAI a beaucoup amélioré.
00:26:33La concurrence a fait bien aussi à la télé.
00:26:40Dans un article du Corriere della Sera,
00:26:43il était écrit
00:26:46« Berlusconi a colonisé les cerveaux ».
00:26:49C'est exactement ça.
00:26:52Il a fait de l'Italie un autre pays.
00:26:55Et il a donné à voir une image de la femme
00:26:58qui a durablement marqué les esprits.
00:27:01Les femmes qui apparaissaient
00:27:04sur ces chaînes de télévision privées
00:27:08étaient à moitié nues, vulgaires et muettes.
00:27:11Elles ne parlaient jamais.
00:27:14Elles étaient vraiment reléguées au rang d'objets sexuels
00:27:17et n'étaient que des éléments du décor.
00:27:37Quand Berlusconi a connu ce succès phénoménal
00:27:40avec Canale Cinque
00:27:43en termes d'audience et de recettes publicitaires,
00:27:46ça a aiguisé l'appétit
00:27:49de groupes de presse concurrents.
00:27:52Il y a eu Rusconi
00:27:55avec Italia Uno
00:27:58et surtout Mandadori,
00:28:01une maison d'édition
00:28:04qui était alors dirigée par une très grande figure
00:28:07de la culture et de l'économie italienne.
00:28:10C'est une maison d'édition
00:28:13qui a été rénovée par Berlusconi
00:28:16et qui s'appelait Mandadori.
00:28:19C'est une maison d'édition
00:28:22qui a été rénovée par Berlusconi
00:28:25et qui s'appelle Mandadori.
00:28:28Berlusconi a réussi à tenir tête à cette concurrence.
00:28:31Ses talents d'entrepreneur de l'audiovisuel
00:28:34ont plongé Rusconi et Mandadori
00:28:37dans une énorme crise.
00:28:40A tel point que
00:28:43il n'y avait plus qu'une seule entreprise
00:28:47A tel point qu'il a fait une offre
00:28:50de rachat à Rusconi
00:28:53qui lui a cédé Italia Uno.
00:28:56Mais son vrai tour de force
00:28:59a été avec Mandadori.
00:29:02Retequatro et Canale Cinque
00:29:05se font la guerre à coups de séries télé.
00:29:08L'une achète Dynastie, l'autre Dallas
00:29:11et à coups de rabaisses sur les spots publicitaires
00:29:15Jusqu'à ce qu'un jour Berlusconi
00:29:18arrache Retequatro à Mandadori
00:29:21avec une des manigances dont il a le secret.
00:29:27Berlusconi se rend chez Formentone
00:29:30et lui dit passons un accord.
00:29:33On arrête les surenchères d'acquisition
00:29:36et surtout les risques tournes sur la publicité.
00:29:40Formentone, grand prince,
00:29:43il n'avait qu'une hâte faire du voilier
00:29:46a répondu ça me va, passons cet accord
00:29:49à partir de lundi prochain on arrête la guerre des rabais et des acquisitions
00:29:52sur ce je te souhaite un bon week-end.
00:29:55Formentone part vraiment faire du bateau
00:29:58ce vendredi là.
00:30:01Berlusconi, lui, retourne au siège de sa télévision
00:30:04convoque tout le groupe Publitalia
00:30:07vous avez 72 heures pour rafler tous les clients possibles
00:30:10quitte à baisser les tarifs autant que nécessaire.
00:30:13C'est ce qu'ils font.
00:30:16Quand Formentone rentre le lundi suivant
00:30:19il comprend que le marché publicitaire a été entièrement siphonné.
00:30:22A ce moment là il est criblé de dettes
00:30:25il n'a plus aucune perspective alors il vend.
00:30:38Berlusconi adorait le pouvoir
00:30:41et il était persuadé de réussir à secouer le pays.
00:30:44Un jour il m'a proposé de m'emmener dans son jet privé
00:30:47alors qu'on survolait Milan
00:30:50il m'a dit
00:30:53ça c'est l'Italie, c'est mon pays
00:30:56en montrant le paysage
00:30:59et il a ajouté
00:31:02et moi maintenant
00:31:06je suis l'homme le plus riche d'Italie.
00:31:11Il veut être le numéro un
00:31:14et rien que ça c'est très américain
00:31:17tout ce qui l'intéresse c'est réussir et entreprendre
00:31:20un point c'est tout.
00:31:25J'ai toujours dit quand je donnais des cours sur la télévision
00:31:28qu'en anglais l'auxiliaire c'est do
00:31:31qui veut dire faire
00:31:34l'auxiliaire c'est être
00:31:37ça montre bien la différence entre l'Amérique et l'Europe
00:31:43lui c'est un homme d'action
00:31:46et d'action gagnante
00:31:49c'est un peu son évangile, sa ligne éditoriale
00:31:52entreprendre et réussir.
00:31:55Je le voyais comme un homme de pouvoir
00:31:58extrêmement brillant
00:32:01sans scrupules et sans pitié
00:32:07mais il avait la capacité et le don
00:32:10de dissimuler ses travers
00:32:13derrière une apparente gaieté
00:32:16des rires, des plaisanteries
00:32:19et une image glamour.
00:32:26Berlusconi était quelqu'un d'éminemment sympathique
00:32:30c'était enthousiasmant de parler télévision avec lui
00:32:33parce qu'il s'y connaissait
00:32:38il l'a vraiment comprise, aimée et fabriquée
00:32:41en sachant ce qu'il faisait
00:32:47alors ça ne m'a pas surpris qu'il connaisse une croissance
00:32:50aussi forte et aussi rapide
00:32:53bien entendu il a dû affronter beaucoup d'obstacles
00:32:56en particulier avec trois chaînes de télévision
00:32:59ça faisait peur à tout le monde
00:33:02on voyait bien qu'il n'allait pas en rester là
00:33:05et qu'il aspirait à utiliser ces médias à d'autres fins
00:33:26...
00:33:29...
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00:34:41...
00:34:44...
00:34:47Sans diffusion, c'en était fini des recettes publicitaires.
00:34:52On avait tous peur que l'entreprise mette la clé sous la porte.
00:35:11Berlusconi était fébrile, mais il s'est toujours montré confiant et déterminé.
00:35:16Envers et contre tout.
00:35:18Il rassurait l'entreprise qui avait encore plus peur que lui,
00:35:22avec tous ses employés qui s'inquiétaient pour leur avenir.
00:35:26Mais intérieurement, je me souviens très bien qu'il était extrêmement préoccupé.
00:35:36Il tremblait.
00:35:38Ses jambes tremblaient comme jamais.
00:35:42Il fallait décider quoi faire, comment réagir.
00:35:45Évidemment, notre première idée a été de contre-attaquer avec nos avocats.
00:35:49Mais en même temps, on recevait des centaines d'appels de téléspectateurs
00:35:53mécontents d'être privés de nos chaînes,
00:35:56et ça a donné une idée à Berlusconi.
00:35:59Il s'est dit, il faut provoquer et attiser la colère de tous ces gens.
00:36:11C'est ce qu'il s'est dit.
00:36:13Il s'est dit, il faut provoquer et attiser la colère de tous ces gens.
00:36:16C'est ce qu'il s'est dit.
00:36:18L'idée a été d'utiliser tous les moyens possibles,
00:36:43et notamment les réseaux télévisés régionaux encore actifs,
00:36:47pour permettre à la population de faire savoir au gouvernement
00:36:50ce qu'elle pensait de la fermeture de nos chaînes.
00:37:17On a surnommé ça la révolte des schtroumpfs,
00:37:44parce que des millions d'enfants regardaient ce dessin animé sur Italia Uno.
00:37:49Et si les schtroumpfs ne passaient plus dans une région,
00:37:52c'était la levée de boucliers.
00:37:54Les maires écrivaient aux journaux, inondaient les standards téléphoniques,
00:37:58et menaçaient de déclencher des émeutes contre les instances politiques et judiciaires
00:38:02qui avaient privé leurs bambins des schtroumpfs.
00:38:07C'était une manœuvre contre Berlusconi et aucun doute là-dessus.
00:38:24Mais dès lors que le pouvoir judiciaire avait tranché,
00:38:27il fallait respecter sa décision.
00:38:30Seul un décret gouvernemental pouvait changer les choses.
00:38:36Berlusconi et moi, on passait des vacances dans la maison de Bettino Craxi à Hammamet.
00:39:04C'était secrétaire général du parti socialiste italien et à la tête du gouvernement depuis 1983.
00:39:10C'était un homme extrêmement intelligent, réaliste et pragmatique.
00:39:27Craxi et Berlusconi semblaient liés par l'amitié,
00:39:31mais ils l'étaient surtout par des affaires louches.
00:39:38Il faut se rappeler que Craxi a fait une énorme fleur à Berlusconi.
00:39:42Il a écourté une visite d'État à Londres pour rentrer en Italie
00:39:46et signé un décret annulant les interdictions de diffusion émises par les magistrats.
00:40:02Bien sûr que Craxi a agi en ami, mais à part un ennemi juré,
00:40:07n'importe qui aurait fait la même chose.
00:40:10Je me souviens qu'il a déclaré « ça me dérange de voir l'écran noir, c'est tout ».
00:40:16Pour conclure, je lui ai posé des questions.
00:40:19Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:22Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:25Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:28Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:31Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:34Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:37Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:40Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire ?
00:40:43Je lui ai posé des questions.
00:40:45Est-ce qu'il y a quelque chose que vous voulez dire et que je ne lui ai pas demandé ?
00:41:13Berlusconi en voulait toujours plus.
00:41:16Et au bout d'un moment, il s'est rendu compte que la télévision commerciale était exportable.
00:41:20Elle connaissait un tel succès en Italie, pourquoi ne pas reproduire le modèle dans d'autres pays ?
00:41:24Elle connaissait un tel succès en Italie, pourquoi ne pas reproduire le modèle dans d'autres pays ?
00:41:27Elle connaissait un tel succès en Italie, pourquoi ne pas reproduire le modèle dans d'autres pays ?
00:41:30Elle connaissait un tel succès en Italie, pourquoi ne pas reproduire le modèle dans d'autres pays ?
00:41:33Elle connaissait un tel succès en Italie, pourquoi ne pas reproduire le modèle dans d'autres pays ?
00:41:36Elle connaissait un tel succès en Italie, pourquoi ne pas reproduire le modèle dans d'autres pays ?
00:41:39Silvio Berlusconi s'est dit que le moment était venu de débarquer en Espagne, en France et en Allemagne.
00:41:43Silvio Berlusconi s'est dit que le moment était venu de débarquer en Espagne, en France et en Allemagne.
00:41:46Silvio Berlusconi s'est dit que le moment était venu de débarquer en Espagne, en France et en Allemagne.
00:41:49Silvio Berlusconi s'est dit que le moment était venu de débarquer en Espagne, en France et en Allemagne.
00:41:52Silvio Berlusconi s'est dit que le moment était venu de débarquer en Espagne, en France et en Allemagne.
00:41:55Sans vouloir paraître prétentieux, c'est moi qui ai eu l'idée de regarder à l'étranger et d'exporter notre télévision.
00:41:58Sans vouloir paraître prétentieux, c'est moi qui ai eu l'idée de regarder à l'étranger et d'exporter notre télévision.
00:42:07J'en ai parlé à Berlusconi, mais j'avoue qu'il ne m'a pas prêté grand attention.
00:42:14Peu de temps après, Kraxi lui a suggéré la même chose.
00:42:20« Pourquoi vous n'essayez pas en France ? »
00:42:23Et là Berlusconi a dû se souvenir de ce que je lui avais proposé.
00:42:28Il m'a chargé de réaliser une étude sur les possibilités réelles ou vraisemblables
00:42:33de développer une de nos chaînes en France.
00:42:43Berlusconi a convoqué une grande assemblée
00:42:45pour annoncer qu'il était prêt à passer à l'offensive en France.
00:42:50Il voulait créer la 5.
00:42:59Et moi un jour j'ai eu un coup de téléphone de Berlusconi.
00:43:02Il m'a proposé de déjeuner avec lui.
00:43:05On a déjeuné et il essaye vraiment de me dire qu'il faut que je vienne,
00:43:10que je quitte cette vieille ORTF qui était vraiment poussiéreuse
00:43:15et que l'avenir c'était la 5 et que tout le monde venait, etc.
00:43:21Et moi je lui dis non, j'ai pas envie de faire ça.
00:43:24Et alors là j'ai eu une scène totalement surréaliste.
00:43:28Il s'est levé de table, il était au dessert.
00:43:31Il a fait le tour de la table qui était ronde, à genoux.
00:43:35Il est arrivé devant moi et il m'a dit
00:43:38pardon si j'imite un peu l'accent italien comme le ferait une Française
00:43:44qui ne parle pas très bien.
00:43:46Il m'a dit mais qu'est-ce que vous faites ?
00:43:50Et donc j'éclate de rire et je lui dis
00:43:52mais je veux pas de vos millions, je veux pas de Ferrari,
00:43:55vous ne m'achèterez pas comme ça.
00:44:20Le problème, c'est que les Français sont très chauvins, très nationalistes.
00:44:26Et ils nous ont mis des bâtons dans les roues parce qu'on était étrangers.
00:44:30Du moins, je crois.
00:44:32Silvio Berlusconi, c'est un homme contesté.
00:44:34En Italie où ses initiatives en matière de télévision
00:44:37ont bousculé tout ce qui se faisait auparavant.
00:44:39Et en France, parce que l'exemple italien le fait peur.
00:44:50Berlusconi s'est rendu compte que la presse française
00:44:54était hostile à l'ouverture d'une télévision venue d'Italie.
00:44:58Surtout les grands journaux comme Le Monde.
00:45:02D'ailleurs, c'est sous la plume d'un journaliste
00:45:05qu'est apparue l'expression télé-spaghetti.
00:45:10C'était une humiliation qu'un Italien
00:45:12vienne leur apprendre comment faire de la télé.
00:45:16D'autant plus que la télévision publique française
00:45:19était extrêmement importante, avec des programmes historiques.
00:45:28En France, la télévision a une relation dialectique
00:45:31avec la grande culture.
00:45:34Elle a une relation dialectique avec le cinéma,
00:45:37la littérature, la danse, l'art, etc.
00:45:42Elle n'est donc pas impérialiste comme en Italie,
00:45:45où elle a tué toutes les autres disciplines.
00:45:50Chacun d'entre nous, vous ou moi,
00:45:52quand il réfléchit à la télévision idéale,
00:45:55est partagé au fond entre deux tentations contradictoires.
00:45:59L'une consiste à concevoir des programmes
00:46:02qui viseraient à satisfaire un téléspectateur idéal.
00:46:05Et l'autre tentation, c'est de vouloir imposer
00:46:08ses propres goûts.
00:46:10J'étais le ministre de la culture de François Mitterrand.
00:46:14J'ai soutenu en tant que ministre le cinéma
00:46:17comme un véritable art.
00:46:19Je me suis bagarré pour que sa présence à la télévision
00:46:22soit régulée.
00:46:24Je me suis battu pour qu'on limite au maximum la publicité
00:46:28et que l'on protège les arts, la culture et le cinéma
00:46:31à la télévision.
00:46:33Et je voulais surtout éviter
00:46:35ce qui s'est passé en Italie.
00:47:05J'ai tout fait pour empêcher la naissance de cette scène
00:47:09parce que je voyais Humbert Lusconi
00:47:12un adversaire de la culture.
00:47:14Car, objectivement, il aura été, il l'est,
00:47:18il aura été l'assassin du cinéma italien.
00:47:36Vous êtes un homme de culture.
00:47:38Est-ce que, de ce point de vue, vous n'êtes pas inquiet
00:47:41par les activités, le passé de M. Berlusconi ?
00:47:44Pourquoi s'inquiète-t-on ?
00:47:46Et on s'inquiète à juste titre.
00:47:48L'exemple italien, le déplorable exemple italien.
00:47:52Eh bien, je vous le dirai, mesdames et messieurs,
00:47:55cet exemple italien, c'est pas monsieur untel ou monsieur untel.
00:47:59C'est une situation italienne.
00:48:02Tout simplement par le fait de la loi italienne
00:48:05ou plutôt par l'absence de loi.
00:48:09Au départ, Mitterrand était presque indigné
00:48:12par cette proposition de créer en France
00:48:15une chaîne de télévision sur le modèle berlusconien.
00:48:24Ensuite, je crois que l'influence politique de Craxi
00:48:28a énormément joué pour convaincre le président.
00:48:33Craxi lui aurait dit
00:48:35vous allez inévitablement perdre les élections législatives,
00:48:39vous resterez président de la République,
00:48:42je vous conseille de créer avec lui une chaîne privée
00:48:46qui vous servira d'appui pendant la période
00:48:50où vous serez encore président de la République
00:48:53mais face à un gouvernement de droite
00:48:56qui ne manquera pas une seconde
00:48:58pour prendre en main les télévisions publiques
00:49:01et imposer une télévision de propagande.
00:49:04Alors Mitterrand a été séduit par l'idée.
00:49:08Et c'est comme ça, grâce aux bons offices de Craxi,
00:49:12que Berlusconi a pu obtenir un entretien avec Mitterrand.
00:49:17Avec son charme naturel, il a réussi à le convaincre
00:49:21et il est devenu le parrain de la télévision commerciale en France.
00:49:26Eh bien, si on veut des télévisions commerciales,
00:49:30privées, non commerciales,
00:49:32comme le sera la cinquième, comme le sera la sixième,
00:49:36le spot publicitaire est indispensable.
00:49:39Où est-ce qu'ils prendraient leur argent ?
00:49:41Excusez-moi monsieur le président, je vous interromps,
00:49:43il est 54 minutes après le début de l'émission,
00:49:45je vous propose une page de publicité tout de suite.
00:49:48Cette histoire de la 5,
00:49:50ça a été peut-être mon seul désaccord avec François Mitterrand.
00:49:54Alors c'est ça, la télévision à laquelle nous sommes en train,
00:49:57nous commençons à penser, c'est pas une télévision Coca-Cola,
00:50:01c'est pas une télévision spaghetti,
00:50:03ça serait mieux une télévision Beaujolais.
00:50:08Champagne le samedi.
00:50:10L'homme évidemment est séduisant,
00:50:12c'est un magnifique parleur,
00:50:15habile, rapide, imagé, drôle parfois.
00:50:20C'est très difficile de résister à son charme,
00:50:23c'est difficile.
00:50:54Le lancement de la 5 a été extraordinaire.
00:50:58Les premières images montraient un Concorde qui fonçait sur l'écran,
00:51:02et d'où descendaient ensuite des danseuses de revue.
00:51:10On était comme propulsés au Moulin Rouge.
00:51:14La soirée comptait toutes les plus grandes stars françaises,
00:51:17parce que Berlusconi avait dépensé des sommes colossales.
00:51:20Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ce soir, sur la 5, Charles Aznavour.
00:51:25Je suis heureux de déclarer officiellement ouverte la 5ème édition du Moulin Rouge.
00:51:31C'est la première édition du Moulin Rouge.
00:51:33C'est la première édition du Moulin Rouge.
00:51:35C'est la première édition du Moulin Rouge.
00:51:37C'est la première édition du Moulin Rouge.
00:51:40Je suis heureux de déclarer officiellement ouverte la 5.
00:51:46Je me souviens très bien de toutes ces vedettes françaises.
00:51:49Elles étaient séduites par Berlusconi parce qu'il offrait des cachets mirabolants,
00:51:54qu'il promettait des contrats fastueux.
00:51:57Et parmi toutes ces stars, il y avait Serge Gainsbourg.
00:52:10Et parmi toutes ces stars, il y avait Serge Gainsbourg.
00:52:15Il avait toujours un côté débraillé, mal fagoté, les cheveux sales,
00:52:19la barbe de trois jours et la cigarette au bec.
00:52:23Quand Berlusconi l'a vu, il a dit,
00:52:26« Mais qui c'est ce clochard qui a réussi à entrer et qui bousille le plus grand show de ma vie ? »
00:52:34Pardon, Monsieur Berlusconi, mais c'est Serge Gainsbourg,
00:52:38le célèbre chanteur, c'est l'auteur de grandes chansons.
00:52:43Ah, apportez-lui une veste croisée.
00:52:48La 5, c'est classique.
00:52:52Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !
00:53:02Ce que je craignais, c'est que cette chaîne ne donne le mauvais exemple
00:53:06et qu'à partir du moment où elle serait créée,
00:53:09les chaînes publiques réclament des avantages comparables
00:53:16et donc tout le système risquait d'être bétricoté.
00:53:22tout le système risquait d'être déstabilisé.
00:53:48Je me souviens avec beaucoup d'émotion
00:53:50que le même jour où la 5 est née, le 20 février 1986,
00:53:55nous avons acheté la Cémilan.
00:54:10Présenter l'équipe en faisant descendre les joueurs d'un hélicoptère
00:54:13sur l'air de la chevauchée des Valkyries comme dans Apocalypse Now,
00:54:18c'était une mise en scène extraordinaire.
00:54:21Du Berlusconi pur jus.
00:54:25Berlusconi avait toujours voulu être président de la Cémilan.
00:54:29Il en rêvait déjà dans les années 1970, bien avant sa réussite.
00:54:35Il avait senti qu'être à la tête d'une grande équipe
00:54:38offrait un outil de communication et une proximité avec le public.
00:54:43Ça permettait de toucher le cœur des gens.
00:54:46Surtout un club chargé d'histoire comme le Milan AC.
00:54:59Avant d'acheter le club, il avait commandé toute une campagne de sondage.
00:55:05Si j'achète le Milan, est-ce que les supporters des autres clubs
00:55:08changeront d'avis à mon sujet ?
00:55:11Si j'achète le Milan, est-ce que les fans de l'Inter m'aimeront encore ?
00:55:34Il a mené ce projet exactement comme celui de la télévision.
00:55:41Après avoir acheté le Milan, il a organisé une réunion et il a dit
00:55:46« Maintenant, on doit en faire une équipe qui remporte le championnat d'Italie. »
00:55:51Un participant qu'il connaissait bien a lancé
00:55:53« Le championnat d'Italie ? Mais non, la Coupe d'Europe ! »
00:55:58Et Berlusconi a renchéri « La Coupe d'Europe ? La Coupe du monde, oui ! »
00:56:05Les autres se regardaient l'air de dire « Il est fou ! »
00:56:10Berlusconi avait dit « On doit devenir le premier club du monde. »
00:56:20Au final, le Milan remporte le championnat de 1988.
00:56:41Il gagne la Coupe d'Europe 1989.
00:56:51Et en décembre, avec la Coupe intercontinentale à Tokyo, il est champion du monde.
00:56:58C'est le début de la grande épopée, avec 5 Coupes d'Europe, 8 Coupes d'Italie, etc.
00:57:11Le succès au foot, quand on brandit la Coupe, ça se voit.
00:57:16Dans une autre prise, on ne brandit pas le bilan comptable.
00:57:19Le foot, c'est plus spectaculaire.
00:57:30Quelques jours après avoir remporté le championnat,
00:57:33à la demande d'un journaliste sportif, Berlusconi s'est rendu compte
00:57:37qu'il allait donner une conférence de presse au bord de l'Ada.
00:57:46La nouvelle s'est répandue partout. Berlusconi est là.
00:57:52Il y avait une foule immense.
00:57:56J'étais dans la voiture avec lui, moi à l'avant et lui à l'arrière.
00:58:03Quand on a vu que Berlusconi avait gagné,
00:58:06quand on s'est éloigné, un type s'est jeté sur le capot de la voiture,
00:58:10les bras grands ouverts, et lui a dit
00:58:13« Berlusconi, t'es un putain de génie ».
00:58:22Eh bien, ça l'a porté au paroxysme de sa vanité.
00:58:26Il s'en est souvenu comme l'un des meilleurs moments de sa vie,
00:58:29l'épisode qui lui avait donné le plus de satisfaction,
00:58:32qui l'avait rendu fier de s'appeler Silvio Berlusconi.
00:58:50Pendant sa présidence du club,
00:58:52Silvio est devenu le prénom le plus souvent donné à des nouveau-nés.
00:59:03J'ai assisté à des matchs du Milan AC avec lui deux ou trois fois.
00:59:08C'était vraiment incroyable.
00:59:14Dans le stade, c'est plus fort qu'à la télé parce que le public est réel.
00:59:19Il t'enveloppe, il t'envahit, il te résonne dans les oreilles.
00:59:25C'est une sensation extraordinaire.
00:59:33Merci à tous.
00:59:37Au sein de l'équipe, au sein de tous ceux qui ont contribué à ce succès.
00:59:44Merci à vous tous.
00:59:47Merci à vous, qui toujours remplissez notre stade.
00:59:52Un grâce particulier aux garçons de la courbe sud.
01:00:03Nous sommes fiers...
01:00:08d'avoir des jeunes qui rêvent encore des sons.
01:00:16Berlusconi a toujours voulu être le roi Midas,
01:00:19l'homme qui change en or tout ce qu'il touche.
01:00:24Sa vanité était immense.
01:00:27Il se croyait plus intelligent,
01:00:29plus rusé, plus malin que tout le monde.
01:00:33C'était lui le plus grand et il fallait toujours qu'il mette la barre un peu plus haut.
01:00:40Le fait est qu'il a très bien réussi dans certains domaines,
01:00:43mais il a aussi connu des revers.
01:00:52Berlusconi passe pour un entrepreneur à qui tout réussit,
01:00:56ce qui est relativement vrai.
01:00:59Malgré tout, il a réalisé certaines opérations qui se sont mal terminées.
01:01:04Bien entendu, il n'en a plus jamais parlé.
01:01:06Ça nuisait à son prestige.
01:01:13Parmi ces opérations infructueuses, il y a celle de la Standa,
01:01:17une chaîne de supermarché qu'il a acquise à la fin des années 80
01:01:21pour une somme colossale, peut-être 1000 milliards de lire.
01:01:30Sa proposition commerciale n'a pas fonctionné
01:01:33parce qu'elle s'est révélée cheap, bas de gamme.
01:01:37Tout ça pour dire qu'il a quand même essuyé quelques échecs.
01:01:42Mais il avait une telle capacité à réécrire l'histoire,
01:01:45à se mettre en avant et à se promouvoir
01:01:48qu'ils ont toujours été présentés comme de simples petits accidents de parcours.
01:02:00Le fait est qu'à cette époque, l'entreprise est entrée
01:02:03dans une période de fort endettement auprès des banques.
01:02:10On était à près de 5000 milliards de lire de découvert.
01:02:13Mais les banques continuaient à nous financer
01:02:15parce qu'elles savaient qu'on était en flux continu.
01:02:18On encaissait des recettes publicitaires,
01:02:20on remboursait les banques et ainsi de suite.
01:02:24Il est évident que si on est très endetté auprès des banques,
01:02:28c'est parce qu'elles l'ont bien voulu.
01:02:30Ce n'est pas leur genre de jeter l'argent par les fenêtres.
01:02:33Néanmoins, c'était des années de bouleversements politiques.
01:02:42Ces bouleversements auraient pu pousser les banques
01:02:45à se montrer moins complaisantes envers Berlusconi.
01:02:48Et là, ça aurait eu des conséquences cataclysmiques
01:02:52sur le groupe.
01:03:06Mais quand l'agitation politique est arrivée à son comble,
01:03:09ça a été comme un immense courant d'air
01:03:12qui a ouvert toutes les portes.
01:03:23Une nuit historique, inoubliable,
01:03:26non seulement pour l'Allemagne de l'Est,
01:03:28mais pour toute l'Allemagne et pour le monde entier.
01:03:31Dans quelques heures, après 28 ans,
01:03:34le mur de Berlin dans le cœur de l'Europe,
01:03:36symbole de la contreposition du monde en deux blocs,
01:03:39a été abattu pour toujours.
01:03:42C'est l'histoire de Berlusconi.
01:03:44C'est l'histoire de Berlusconi.
01:03:46C'est l'histoire de Berlusconi.
01:03:50À partir de 1989, le monde a changé.
01:03:58Le mur qui le divisait en deux blocs s'est effondré.
01:04:10L'Italie était liée à la partie atlantique de Berlin.
01:04:15L'Italie était liée à la partie atlantique de l'Europe.
01:04:21Et elle s'inscrivait donc dans un cadre politique immuable.
01:04:27La démocratie chrétienne, centriste, dominait le paysage,
01:04:31et en dessous venaient le parti socialiste et les partis laïcs.
01:04:36Quant au parti communiste,
01:04:38il était complètement évincé du pouvoir politique.
01:04:44Quand le mur de Berlin est tombé,
01:04:46cette immobilité politique a volé en éclat avec lui.
01:04:58Les partis de gouvernement,
01:05:00dont le pouvoir n'avait jusqu'alors presque jamais été ébranlé
01:05:03par les enquêtes judiciaires sur la corruption,
01:05:07n'étaient plus en mesure de bloquer ces enquêtes
01:05:10et de chercher quantité d'hommes d'affaires et de responsables politiques.
01:05:15Les dizaines d'emprenneurs qui, pendant 10 ans,
01:05:18ont payé lourdement les politiciens pour pouvoir travailler,
01:05:21ont vauté le sac.
01:05:38Berlusconi avait peur que les juges se jettent sur Craxi.
01:05:45Bien sûr, Berlusconi était très ami avec Bettino Craxi.
01:05:51Craxi le couvrait politiquement.
01:06:15On est sur les cendres d'une république dévastée
01:06:18qui a vu disparaître la démocratie chrétienne,
01:06:21le parti socialiste, les républicains,
01:06:24les libéraux et les sociaux-démocrates.
01:06:27Le seul parti qui n'a pas disparu, c'est le parti communiste.
01:06:34Le parti communiste,
01:06:36c'est un parti qui n'a pas disparu,
01:06:39c'est un parti qui n'a pas disparu.
01:06:43A l'échelle du pays,
01:06:45c'est le parti le moins touché par des enquêtes
01:06:48et donc, vraisemblablement,
01:06:51le parti qui aurait pu remporter les élections de 1994.
01:06:58Occhietto était le secrétaire national du Parti communiste italien
01:07:02qui, plus tard, a changé de nom pour devenir le PDS,
01:07:05le Parti démocrate de gauche.
01:07:12Monsieur Occhietto avait déjà une liste de ministres toutes prêtes,
01:07:16tellement il était persuadé que son parti allait gouverner,
01:07:19puisqu'il n'avait plus aucun adversaire.
01:07:24Mais ça contrariait beaucoup Berlusconi.
01:07:27Il était très inquiet et a raison.
01:07:30Les communistes arrivent au pouvoir dans notre pays,
01:07:33ils vont tout prendre en main et on sera foutus.
01:07:36Pardon pour le terme.
01:07:40Le communisme, partout où il a été appliqué,
01:07:43a toujours porté des effets négatifs.
01:07:46Tout d'abord, la perdue du bien le plus important de l'homme, la liberté,
01:07:50et à laquelle se sont accompagnées des conditions de vie misérables
01:07:54et puis, au fur et à mesure, des choses importantes et négatives,
01:07:58comme l'esclavage, parfois le terror et parfois la mort.
01:08:10Dans le cas d'une éventuelle victoire du Parti communiste,
01:08:14Berlusconi redoutait de devoir rembourser les deux banques
01:08:18auprès desquelles il avait contracté des dettes.
01:08:29La SENC, le canal télévisé,
01:08:32est une des banques les plus importantes du monde.
01:08:36Il a essayé de conquérir l'audiovisuel européen.
01:08:39En France, la SENC, en Allemagne, Telefunf.
01:08:42Il a acheté une chaîne en Espagne.
01:08:49Les trois projets ont capoté, en gros.
01:09:06La SENC était l'une des raisons pour lesquelles
01:09:09les comptes du groupe Mediaset étaient toujours plus dans le rouge.
01:09:18Berlusconi avait emprunté 1000 milliards de lire à deux banques différentes.
01:09:23Il ne les avait pas encore remboursées.
01:09:26Il avait donc 2000 milliards de dettes.
01:09:30L'obligation de rendre cet argent
01:09:32aurait signifié la fin des entreprises de Berlusconi
01:09:35parce qu'il aurait dû vendre beaucoup de ses actifs.
01:09:40Il était criblé de dettes.
01:09:42Il avait d'énormes problèmes financiers.
01:10:00En l'absence de soutien politique,
01:10:02la situation devenait encore plus compliquée.
01:10:07D'autant que les premières enquêtes sur l'empire Berlusconi étaient en cours.
01:10:15Ça a été une sale période, vraiment.
01:10:20Les autorités m'ont interrogé sur Publitalia.
01:10:23Elles voulaient m'arrêter.
01:10:25Au moment de sortir, des amis m'ont appelé.
01:10:28Il paraît qu'on veut t'arrêter.
01:10:30Comme tout le monde fuyait, ils m'ont dit
01:10:32« flanque-toi quelque part ».
01:10:34« Mais où ? »
01:10:42Le premier qu'ils ont mis en examen, c'est moi.
01:10:45J'ai été interrogé.
01:10:47J'ai été interrogé.
01:10:49J'ai été interrogé.
01:10:51J'ai été interrogé.
01:10:53Le premier qu'ils ont mis en examen, c'est moi.
01:11:12Il y avait donc toute une série d'éléments
01:11:14qui ont mis Berlusconi dos au mur.
01:11:18Je l'ai beaucoup interviewé à cette période.
01:11:22Il me racontait que certains soirs, il pleurait.
01:11:26C'est ce qu'il disait, en tout cas.
01:11:29Il pleurait tellement il était angoissé par l'avenir.
01:11:33Tellement il avait peur.
01:11:42Dans ce séisme généralisé,
01:11:44après avoir perdu son allié politique
01:11:46en la personne de Craxi,
01:11:48Berlusconi a décidé d'aller de l'avant.
01:11:54Il a compris qu'il n'avait qu'une seule planche de salut.
01:12:02On s'est trouvés face à un vide.
01:12:05Le centre droit n'avait plus aucun représentant
01:12:08et les conservateurs modérés non plus.
01:12:12Berlusconi s'est engouffré le premier dans la brèche.
01:12:26Un jour, Berlusconi m'a dit
01:12:28« J'ai compris, on doit créer notre propre parti ».
01:12:32J'ai dit « Mais comment ? »
01:12:35Il a répondu « Aucune idée.
01:12:37Tout le monde en crée un, alors nous aussi.
01:12:40On était déjà dans le courant de l'année 1993. »
01:12:48Il pensait pouvoir galvaniser et revitaliser l'Italie,
01:12:51comme il l'avait fait avec les affaires.
01:12:54Il croyait pouvoir reproduire ça en politique.
01:13:01Il a commencé à y penser à l'été 1993.
01:13:11Moi j'étais contre,
01:13:14parce qu'on avait subi les attaques du parquet au printemps 1993.
01:13:22Si on se lançait en politique,
01:13:24les juges allaient encore plus s'acharner contre nous.
01:13:30Confalonieri a voulu le freiner.
01:13:33Fais attention,
01:13:35parce qu'après tu seras vulnérable.
01:13:38Ils vont s'en prendre à toi.
01:13:41D'un autre côté, il y avait Dell'Utri qui l'encourageait,
01:13:45parce qu'il savait très bien
01:13:47qu'il aurait un rôle important au sein du parti
01:13:50si le groupe entrait en politique.
01:13:57Marcello Dell'Utri était à Berlusconi
01:14:00ce que Saint Paul est à Jésus-Christ,
01:14:03un parfait exécutant.
01:14:06Il adhérait entièrement à la doctrine de Berlusconi.
01:14:14Fedele Confalonieri et Gianni Letta
01:14:17s'opposaient fermement à ce que Berlusconi descende dans l'arène.
01:14:24Un jour, ils m'ont pris entre quatre yeux et m'ont dit
01:14:27« Il ne faut pas aider Silvio, ça ne va pas à la tête ».
01:14:30J'ai répondu « Il est parti tout seul et au quart de tour.
01:14:34Moi, je ne fais que ramasser les morceaux derrière lui ».
01:14:46Mettre sur pied un parti, c'est extrêmement compliqué,
01:14:49ça demande du temps, surtout sans structure préalable.
01:14:52Sauf qu'il y avait bien une structure,
01:14:55dont personne n'avait encore perçu tout le potentiel,
01:14:58Publitalia.
01:15:01On avait beaucoup à faire.
01:15:04Sauver d'entreprises et monter un parti
01:15:07qui sauverait le pays des communistes,
01:15:10mais sans que personne ne soit au courant.
01:15:14On avait un millier d'hommes déployés sur le terrain
01:15:17dans toute l'Italie.
01:15:19Il fallait rallier des chefs d'entreprise, des dirigeants, des sociétés.
01:15:22Berlusconi disait « Surtout personne qui incarne la vieille politique
01:15:25et tous les postes doivent être pourvus ».
01:15:28Comment faire ? C'était un travail de dingue.
01:15:32En italien, il y a le mot furbo,
01:15:35qui signifie ruser.
01:15:37La ruse est vraiment une vertu italienne.
01:15:40En l'occurrence, plus Berlusconi était habile
01:15:43à contourner les lois et à servir ses intérêts,
01:15:46mieux il s'en sortait.
01:15:48Il illustrait parfaitement tout ça.
01:15:53À partir de là, c'est l'armée de Publitalia
01:15:56qui est passée à l'attaque.
01:15:59C'était des gens endoctrinés, des missionnaires si on veut,
01:16:02qui avaient pour but de récolter de l'argent pour Berlusconi
01:16:05et sa télévision, ou dans ce cas précis,
01:16:08des voix pour son parti.
01:16:15Les soldats de cette armée devaient être rasés de près,
01:16:18avoir toujours une chemise et une cravate de rechange dans la voiture,
01:16:21passer en revue jusqu'au dernier moment avant un rendez-vous,
01:16:24même dans l'ascenseur ou la salle d'attente.
01:16:27Ce qu'ils devaient dire et éviter de dire.
01:16:32Ces soldats étaient habitués,
01:16:35comme Berlusconi l'avait fait par le passé
01:16:38pour vendre ses premiers biens immobiliers,
01:16:41à tenir un agenda avec l'anniversaire du chef d'entreprise,
01:16:44celui de sa femme, de son mariage,
01:16:47celui de ses enfants, de sa secrétaire et de sa maîtresse
01:16:50pour leur envoyer des cadeaux le jour J.
01:16:53Il était clair que Berlusconi
01:16:56avait conscience du pouvoir de l'image.
01:16:59Il savait combien il était important de la contrôler
01:17:02et combien l'apparence était primordiale,
01:17:05y compris pour un homme.
01:17:18Que ce soit chez lui à Arcor,
01:17:21ou au siège de la télévision,
01:17:24il faisait passer tous les candidats en plateau.
01:17:32Et il regardait les essais de chacun des postulants
01:17:35pour vérifier s'ils étaient convaincants à l'écran.
01:17:44Il fallait qu'ils aient du bas goût,
01:17:47qu'ils soient à l'aise, convaincants,
01:17:50sympathiques, souriants.
01:17:54On n'a jamais demandé à aucun d'entre eux
01:17:57quelles étaient leurs opinions politiques.
01:18:03Il éliminait tous ceux qui portaient la barbe ou la moustache.
01:18:06C'était sa phobie.
01:18:10Surtout pas de main moite. Ça, c'était non.
01:18:13Désolé, au revoir.
01:18:17Il écartait tous ceux qui n'avaient pas de bonne manière,
01:18:20qui n'étaient pas assez élégants ou charismatiques.
01:18:26Il façonnait le candidat idéal
01:18:29selon les canons de la télé.
01:18:33Il savait qu'il disposait de très gros leviers d'influence
01:18:36grâce à sa main mise sur un large pan des médias italiens.
01:18:40Pour lui, il n'y avait aucun conflit d'intérêt
01:18:43qu'il n'avait pas utilisé pour son autopromotion.
01:18:55On a tout mis sur pied en peu de temps.
01:19:00Tout était prêt,
01:19:03mais on n'avait même pas encore de nom pour cette formation.
01:19:08On disait « Comment il s'appelle, notre parti ? »
01:19:11On lançait plein d'idées.
01:19:14Ça, non. Ça, non. J'aime pas.
01:19:17Un jour, Berlusconi nous a réunis à Harcourt
01:19:20et il a dit « J'ai eu une idée.
01:19:23Le parti s'appellera Forza Italia. »
01:19:26On s'est tous regardés en pensant « C'est nul. »
01:19:41L'Italie est le pays que j'aime.
01:19:44Ici, j'ai mes ressources,
01:19:47mes espérances et mes horizons.
01:19:50Ici, j'ai appris par mon père et par la vie
01:19:53mon métier d'entrepreneur.
01:19:56Ici, j'ai aussi appris
01:19:59par mes parents et par la vie
01:20:02mon métier d'entrepreneur.
01:20:05Ici, j'ai aussi appris par mes parents
01:20:08et par la vie mon métier d'entrepreneur.
01:20:11Ici, j'ai aussi appris
01:20:14la passion pour la liberté.
01:20:17J'ai choisi d'entrer sur le terrain
01:20:20et de m'occuper de la chose publique
01:20:23parce que je ne veux pas vivre
01:20:26dans un pays illibéral
01:20:29gouverné par des forces immatures
01:20:32et par des hommes liés à un passé
01:20:36Il se considérait comme un héros
01:20:39qui avait le pouvoir de transformer les choses.
01:20:42Et on peut le comprendre
01:20:45puisqu'il avait déjà réussi
01:20:48à métamorphoser l'Italie.
01:20:51Il avait modifié ce que les Italiens
01:20:54regardaient chaque jour à la télé,
01:20:57ce qu'ils lisaient, ce qu'ils écoutaient.
01:21:00La TV, durant la campagne électorale,
01:21:03a pris une autre dimension.
01:21:06Elle s'est mise à refléter
01:21:09le rêve de Berlusconi.
01:21:12Un peu comme quand un rideau s'ouvre
01:21:15pour laisser apparaître un magicien.
01:21:18Un magicien capable de réaliser
01:21:21tous tes désirs présents ou passés.
01:21:24Et ce magicien,
01:21:27c'était Berlusconi.
01:21:30Berlusconi, c'est l'homme qui t'aime.
01:21:37À toi, qui regardes mes chaînes de télévision
01:21:40pendant des heures et des heures,
01:21:43je dis que je vais transformer le pays
01:21:46comme j'ai transformé la télé.
01:21:49Je vais en faire une entreprise gagnante.
01:21:52C'est ça, le rêve berlusconien.
01:21:55C'est un rideau de théâtre qui s'ouvre.
01:21:59Tout le monde se demandait
01:22:02comment il avait pu monter un parti politique
01:22:05en aussi peu de temps.
01:22:08L'Italie qui vote dans 3 semaines
01:22:11vit une époque incroyable.
01:22:14En 1994, on a commencé en beaucoup
01:22:17de choses à l'époque.
01:22:20On a commencé à faire de l'argent
01:22:23et on a commencé à faire de l'argent.
01:22:26En 1994, on a commencé à beaucoup parler
01:22:29en France de Berlusconi
01:22:32qui allait se présenter aux élections
01:22:35et on a tous regardé.
01:22:38Ça semble incroyable pour nous Français
01:22:41qu'on veuille passer en si peu de temps
01:22:44du statut de chef d'entreprise
01:22:47à celui de chef de gouvernement.
01:22:50Il avait les sondages pour lui
01:22:53et il est parti.
01:23:23C'est vrai, qu'est-ce qu'on veut faire au pouvoir ?
01:23:53Pour créer son parti,
01:23:56Berlusconi n'a fait que recycler l'existante.
01:24:02Il est allé puiser dans Publitalia
01:24:05un réseau pour Forza Italia.
01:24:08Il est allé chercher du côté de Canale 5
01:24:11son style de candidat à l'élection
01:24:14et il a repris le côté patriote
01:24:17des supporters de foot
01:24:21Donc vous voyez, il n'a fait que recycler
01:24:24ce qu'il avait déjà créé
01:24:27et ça, c'est un élément très important.
01:24:50...
01:25:13Il a, pour ainsi dire,
01:25:16servi de modèle à tous ceux qui ont suivi.
01:25:19En tant que populiste,
01:25:22il concentrait toutes les qualités
01:25:25que Trump, Orban et consorts présenteront plus tard.
01:25:28Leur façon d'apparaître en public,
01:25:31de se comporter avec l'électorat
01:25:34et d'instrumentaliser les médias,
01:25:37tout cela est très comparable.
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