Pourquoi la France est-elle si forte en judo ?

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Transcript

00:00On va ouvrir notre débat sur la qualité des performances du judo français

00:05avant une petite demi-heure à peine de cette finale olympique.

00:09Peut-être ce premier titre olympique qui manque pour l'instant à cette Olympiade, Marie-Claire.

00:14Globalement, est-ce que ça veut dire que le judo français

00:21est à ce point de performance et de technicité qu'aujourd'hui

00:25il va dominer, il a dominé et il va dominer encore longtemps ?

00:29C'est une recette magique, c'est une recette sur le long terme,

00:32c'est quoi qui permet cette réussite ?

00:35Je pense que c'est une conjugaison de plusieurs choses.

00:38La première chose, c'est qu'on a un vrai Beauvivier,

00:41c'est-à-dire qu'on a un maillage de clubs dans tous les départements de France et d'Outre-mer

00:48qui fait des émules et je pense qu'avec les résultats de cette année,

00:53la rentrée dans les clubs de judo va bien se passer.

00:57On sera peut-être même obligés de refuser du monde, j'espère que non.

01:00Et puis, donc on a un bon vivier et puis on a une organisation fédérale

01:07qui encourage et qui tend à organiser la montée en gamme et en compétences sportives

01:18avec des sports études, avec un INSEP qui accueille toujours les meilleurs judokas de France.

01:29Et donc, je pense que c'est un ensemble de choses,

01:32mais il y a aussi tout un corps d'enseignants qui, à chaque niveau, apporte quelque chose.

01:40Moi, j'ai commencé dans un tout petit club avec un enseignant qui m'a fait aimer le judo

01:45et j'ai commencé pas pour devenir championne olympique, mais pour simplement aimer le judo et faire du judo.

01:50Et puis, progressivement, j'ai changé de club, j'ai fait sport études,

01:54je suis allée à l'INSEP et à chaque étape, j'ai trouvé des enseignants qui m'ont apporté des choses différentes

01:59et qui m'ont permis de continuer à progresser de façon permanente jusqu'à décrocher des grands titres.

02:05C'est vraiment un ensemble de choses et je pense que Patrick Vignal pourrait aussi en témoigner.

02:11Juste avant, il y a eu aussi, et il ne faut pas que vous soyez modestes, des icônes incroyables qui ont donné envie.

02:16Dont Marie-Claire Restoud, bien sûr.

02:18Moi, je ne connaissais pas du tout rien au sport, mais Marie-Claire Restoud, je connaissais son nom, ce qu'elle faisait.

02:24C'est la même chose pour David Douillet, qui était un ambassadeur incroyable à Thierry Ray.

02:29Et donc, il y a eu trois, quatre personnes comme ça qui ont été des images iconiques.

02:35Il y a eu des pionnières. Nous, on est arrivés plus tard.

02:38Quand vous êtes gamin, ça donne envie. On vous admire.

02:43On a commencé en 92, les femmes.

02:46C'était en démonstration à Séoul en 88 avec Brigitte Dédier.

02:50On remet les choses, il y a quelques noms dont on se souvient.

02:54À Barcelone, il y a eu Cécile Novak et Cathy Fleury qui ont décroché l'or.

02:59Et puis moi, ça m'a donné envie, donc j'ai suivi.

03:01C'est si simple.

03:03Patrick Vignal, cette réussite, cette excellence du judo français,

03:09est-ce que ça a aussi poussé tous les autres sports ?

03:12Parce qu'il y avait aussi, pendant un moment,

03:14beaucoup s'interroger sur la méthode du judo français.

03:17Et ça a été très souvent cité en exemple pour augmenter la performance des autres sports français.

03:24Vous savez, je pense que le judo, ce n'est plus qu'un sport, c'est un art martial.

03:29Il se passe quelque chose quand on fait du judo, Marie Claire le disait.

03:33Moi, j'ai eu le plus grand club de France du judo avec 1200 licenciés.

03:37Il y a eu des icônes, David Douillet, Cécile Novak, Cathy Fleury, Brigitte Dédier.

03:43Et surtout, il y avait plus que des enseignantes, il y avait des professeurs du judo.

03:47Tout le monde a fait du judo dans sa vie.

03:50Moi, j'ai souvenir que les parents amenaient leur gamin parce qu'il partait hostile,

03:53le gamin voulait apprendre à chuter.

03:55Si vous voulez, le judo, c'est un art de vivre.

03:58Et franchement, ça ne s'est pas dévoyé.

04:00Et donc, entre les icônes qu'on a eues, les enseignants, les sports études, l'INSEP.

04:06Si vous voulez, la performance au judo, c'est 10% des 600 millicentiés.

04:11Mais dans ces 10%, il y a 10% de gens qui ont le cœur aussi grand que l'univers.

04:16Et c'est la force du judo.

04:18Ou encore une fois, il n'y a pas d'adversaire au judo, il n'y a que des partenaires.

04:23Vous voyez rarement des histoires de bagarres sur un tatami.

04:28Vous savez, j'ai été le fer de lance pour la reconnaissance du MMA, les arts martiaux dans les cages.

04:34J'avais passé une soirée d'ailleurs avec Jean-Pierre Tripé,

04:37vous connaissez Marek Karagrestou, avec Jean-Luc Rouget,

04:40et j'ai voulu légaliser moi le MMA.

04:43Mais je voulais lui donner la même empreinte que le judo, c'est-à-dire le respect de l'autre.

04:49Et c'est pour ça que ce judo a été formateur pour les hommes, pour les femmes.

04:54Alors je ne sais pas ce qu'en pense Marie-Claire, on perd par contre des adultes en ce moment,

04:59et on perd quelques ados qui se sont tournés sur l'art martial qui est facile, vous savez,

05:05avec aujourd'hui ces chaînes de réseaux et d'infos,

05:08on aura un vrai combat à la rentrée de récupérer des adolescents aussi dans nos clubs

05:13qui porteront des vraies valeurs.

05:15Et ça je pense que c'est un objectif qui est commun à tous les sports,

05:18puisque l'adolescence, on sait que c'est un moment charnière dans la vie des jeunes,

05:23et donc c'est vrai pour le judo, mais c'est vrai aussi pour tous les sports.

05:27J'ajouterais, parce que ce que dit Patrick c'est très très juste,

05:31en fait on n'est jamais ancien judoka.

05:33Quand on est judoka un jour, on est judoka toujours,

05:36c'est un état d'esprit, il l'a bien dit, c'est un art martial,

05:39mais c'est une philosophie avant tout.

05:41Marion Cligné, là aussi modèle, exemple, le judo,

05:46quand on est sportif, on les regardait de près,

05:49comment ils s'entraînaient, comment ça se passait ?

05:51Écoute, moi j'ai grandi aux Etats-Unis,

05:54donc le judo n'est pas vraiment dans la culture là-bas.

05:58Je suis arrivée en France en 90,

06:00et au premier JO c'était Barcelone, j'ai découvert le judo,

06:03et pour moi c'était vraiment, comme il disait, un art de vivre.

06:07J'ai connu pas mal de jeunes qui se sont mis au judo pour le rugby,

06:10pour apprendre à faire des prises, à faire tomber quelqu'un,

06:12et puis ça m'a toujours intriguée, j'ai toujours trouvé ça intéressant,

06:16et surtout j'ai toujours entendu des jeunes dire,

06:19exactement ce que Marie-Claire a dit,

06:21c'est que leur prof de judo était captivant.

06:24Inspirant ?

06:26Oui, inspirant, captivant, ça les a donné cette envie de continuer plus loin,

06:30et de voir jusqu'à où ils pouvaient aller.

06:33Teddy Riner, il a combien de chances, pourcentage tout à l'heure,

06:37décrocher l'or ? C'est un extraterrestre ?

06:40Il va gagner !

06:41Moi j'espère 100% !

06:42Mais c'est un ex-Marie-Claire Estou, et il va gagner,

06:45mais c'est un extraterrestre.

06:46Tous les superlatifs ont été utilisés, mais il faut se rendre compte...

06:49Surtout pour la catégorie des lourds,

06:51tous les superlatifs sont autorisés.

06:53Oui !

06:54C'est un très jeune combattant qui va affronter Teddy Riner,

06:58c'est le sud-coréen Kim Mi Jong, 23 ans,

07:01il avait profité de l'absence de Teddy Riner,

07:03tournant le titre des plus de 100 kg mondiaux à Abu Dhabi,

07:05pour devenir champion,

07:06donc c'est quand même un très jeune combattant qui va affronter Teddy Riner.

07:08Et il passe combien ?

07:09Plus de 100 kg.

07:11Et je pense qu'à ce stade, il y a aussi un effet psychologique,

07:16c'est-à-dire que Teddy a tellement gagné de grandes compétitions,

07:21que maintenant il suffit qu'il monte sur le tapis que les autres,

07:23déjà ils ont peur, mais ils ont perdu à moitié !

07:26Ils n'ont pas envie de faire tomber le...

07:28Ils ont envie, mais quelque part, c'est impressionnant !

07:32Voilà, psychologiquement, c'est compliqué pour eux !

07:35Et quand il arrive sur un tatami, il est le maître des lieux !

07:40Le tapis bouge !

07:41C'est comme ça qu'on gagne !

07:43C'est aussi comme ça qu'on gagne !

07:45Il y a une partie physique, mais il y a aussi une partie psychologique non négligeable,

07:50j'irais même que l'aspect mental est primordial sur la très haute compétition

07:54comme les Jeux Olympiques, c'est ce qui fait la différence !

07:56Oui, c'était le premier, Teddy Riner, à avoir un accompagnement mental,

08:00c'est lui qui a vraiment lancé, et qui ne s'en est pas caché en tout cas,

08:04qui l'a médiatisé !

08:05Alors, on va continuer notre débat autour de ça,

08:07nous dire ce que ça vous procure aussi de voir du judo à la télévision,

08:11ces épreuves olympiques sur les tatamis,

08:14ces combats, on en parle depuis le début des vrais voix des JO,

08:18c'est Frédéric qui est toujours avec nous, notre auditeur du jour,

08:20Frédéric, vous ne bougez pas, parce qu'on est obligé de faire une petite page de pub,

08:24une pause comme on dit,

08:27vous allez nous dire ce que vous ressentez quand vous voyez ces combats de judo,

08:30cette discipline, cet art martial, parce qu'effectivement, c'est un art,

08:34et on oublie un peu ce côté-là, et ça ferait du bien à certains de s'y mettre,

08:38ce n'est pas faux, à tout de suite !

08:44Les vrais voix des JO avec les membres du collectif des championnes et champions français,

08:48ce soir autour de la table, Marie-Claire Restouche, championne olympique de judo,

08:51Marion Klinier, double meilleur d'argent aux Jeux de 1996 et 2000,

08:55on est également avec Patrick Vigna, ancien député Renaissance,

08:59mais également ancien judoka, Gilles Gansman, journaliste Sud Radio,

09:03journaliste média, Antoine Mazer,

09:05alors on est aussi avec Frédéric, notre auditeur depuis Paris,

09:08Frédéric, sur ce débat, sur ce que procure le judo,

09:11cette suprématie du judo français, qu'est-ce que vous en dites, vous ?

09:16Déjà, comme Français, c'est que j'en suis, grâce à tous ces sportifs,

09:21ces grands sportifs, particulièrement fiers,

09:23et je pense que beaucoup de Français me rejoignent dans cette fierté qu'on a pour les judokas,

09:29ce judo est un sport, et vous l'avez très bien dit avant,

09:33c'est un sport complet, c'est un beau sport,

09:36un de mes fils, on a fait de l'âge de 6 ans jusqu'à 18 ans,

09:40avant de s'orienter après vers des études,

09:43qui lui ont mangé son nom tout son temps,

09:46donc il a été obligé de laisser un peu de côté ce judo,

09:48mais il a grandi avec le judo,

09:52il nous a fait grandir avec ce judo,

09:54on a appris ce sport qui est fait de respect,

09:57respect des règles, respect des autres,

10:00comme ça a été très bien dit tout à l'heure,

10:03c'est pas des adversaires en face, mais des partenaires,

10:06dans des clubs, et notamment lui,

10:09où il a été pendant quand même de longues années,

10:12dans une CMA de Maisons-Alfort,

10:14un club qui mettait très haut et très en avant

10:18les valeurs liées à la discipline et au respect,

10:22à l'écoute de ses entraîneurs,

10:25qui sacrifiaient leur temps, leur week-end,

10:28pour ses enfants, pour les faire grandir à travers le judo,

10:31et je crois qu'en France, le judo a pris une place,

10:34un peu moins qu'il suit plutôt un ancien rugbyman,

10:37a pris une place un peu particulière,

10:41un peu comme celle du rugby,

10:44et ça fait partie maintenant des grands sports

10:47et des grandes fiertés françaises, grâce à tous ceux,

10:50la génération de maintenant, la génération d'avant,

10:53M. Vignal, Thierry Lecq, David Douillet, etc.

10:57Voilà, on a grandi avec eux,

11:00nos enfants ont grandi avec eux, et le résultat est là.

11:03Avec cette finale qui se profile,

11:06puisqu'on voit que Teddy Riner est dans le couloir,

11:09est-ce que vous êtes prêts pour sa finale, Antoine Mazère ?

11:12Ça va démarrer dans quelques minutes,

11:15dans quelques instants sur Sud Radio,

11:18on va vivre cette finale pour Teddy Riner,

11:21pour décrocher ce quatrième titre olympique à 35 ans,

11:24les combats qui ont été plus vides que prévus.

11:27Ils avaient annoncé une finale aux alentours de 18h09,

11:30et il est 17h50, et la finale qui va déjà commencer

11:33dans quelques instants, ils sont dans le couloir,

11:36au Club France, où se trouve Clément Arion.

11:39Quelle est l'ambiance quand on voit arriver Teddy Riner

11:42sur le grand écran, avec l'ensemble des supporters français ?

11:45Je viens de vivre une belle scène, Christine,

11:48tout le monde était assis ici au Club France,

11:51et puis on a vu Teddy Riner dans ce couloir,

11:54et tout le monde s'est levé d'un coup, et puis là ça commence à monter,

11:57écoutez l'ambiance, on est chaud ici au Club France,

12:00et tout le monde croit en une médaille pour Teddy Riner.

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