Charlotte d’Ornellas revient sur la dangerosité de Mohamed Amra qui a mal été évaluée
Charlotte d’Ornellas sur la dangerosité de Mohamed Amra qui a mal été évaluée «On ne peut pas faire peser sur des gens qui doivent faire tourner une prison tout ce qui doit d’abord être fait dans les meilleures circonstances».
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00:00Oui, le rapport est hallucinant. Après, je pense que je ne veux pas expliquer qu'il n'est pas hallucinant, il est hallucinant quand on le lit.
00:06Simplement, c'est toujours plus facile de faire un rapport sur ce qu'il aurait fallu dire, transmettre, etc.
00:12Une fois qu'on a tous les éléments sous la main, ça révèle plusieurs choses en réalité.
00:17Que oui, il y a un manque de communication, c'est une évidence absolument entre les différents services.
00:22Parce que là, on parle d'une administration pénitentiaire à une autre.
00:24Il y a également les autorités judiciaires, les enquêteurs.
00:27On sait qu'il y a un problème de communication.
00:29Deuxièmement, il y a la question de la bureaucratie complètement hallucinante.
00:32Vous ne pouvez plus dire quelque chose à quelqu'un sans remplir 14 papiers, laisser 12 traces.
00:37Par ailleurs, quand nous parlons dans le débat public en permanence, par exemple, de la surpopulation carcérale,
00:47ça a aussi ça comme conséquence.
00:49C'est-à-dire que vous ne pouvez pas faire peser sur des gens qui doivent faire tourner une prison
00:53tout ce qui devrait être fait d'abord dans les meilleures circonstances possibles, en temps normal,
00:58quand vous devez vous occuper toute la journée de détenus qui sont trop nombreux pour le nombre que vous êtes,
01:03de surveillants qui manquent en plus du nombre de détenus, d'un métier de plus en plus difficile
01:08parce que la violence augmente évidemment aussi en prison comme dans le reste de la société.
01:13Donc on voit qu'il y a des conséquences à des sujets.
01:16C'est-à-dire que tout est lié, entre guillemets, et là aussi.
01:19Et par ailleurs, il ne faudrait pas non plus que ce rapport de l'inspection de la justice
01:26nous fasse oublier qu'il y a un autre sujet que simplement la communication.
01:30C'est-à-dire que l'horreur que nous avons vue, la mort de ces deux agents pénitentiaires,
01:34on ne va pas non plus faire peser la responsabilité sur l'agent pénitentiaire qui n'a pas transmis d'une point à une autre.
01:38Il y a un sujet premier qui est évidemment celui de l'immense violence,
01:44de l'immense violence notamment au sein du trafic de drogue,
01:47de criminels de plus en plus jeunes et de plus en plus prêts à tout et sans proportion aucune.
01:55C'est-à-dire que là, l'histoire, évidemment, on ne la sait pas.
01:57Moi, je ne fais pas l'enquête, je ne sais pas quels sont les éléments de l'enquête.
01:59Et par ailleurs, on n'a pas encore retrouvé Mohamed Amra ou ceux qui l'ont fait évader ou l'ont enlevé au moment de son transfert.
02:06Donc la question-là, en l'occurrence, elle est difficile à résoudre simplement de manière générale dans le trafic de drogue.
02:13Et là, pour le coup, tous les acteurs de la chaîne pénale le disent.
02:16Il y a des profils qui sont prêts à tout pour quelques milliers d'euros.
02:20Ils sont prêts à les tuer et ils sont prêts à les tuer pour des raisons.
02:23C'est-à-dire qu'il y a encore quelques années, vous pouviez tuer pour une raison, entre guillemets, valable dans le monde du crime.
02:30Ce n'est pas moi qui dis que c'est valable, évidemment, mais dans le monde du crime, proportionné, on va dire, à ce à quoi vous répondez.
02:36Là, aujourd'hui, ce n'est même plus le cas.
02:38Ils sont prêts à aller tuer le gamin qui est sur le point de deal d'à côté, parce qu'en fait, celui d'à côté est tombé, donc il faut récupérer celui-là.
02:45Et on va faire trois morts et ce n'est pas grave.
02:47Et ça n'est pas grave.
02:48Donc, on a ce sujet-là, évidemment, qui s'additionne et qui explique aussi et non pas seulement un manque d'information, aussi grave soit-il.
02:55C'est-à-dire que c'est très intéressant, c'est très important qu'on cherche à le résoudre, ce problème de communication.
03:04D'abord, c'est un problème de communication qui, à mon avis, est une conséquence d'un problème dénoncé par les acteurs eux-mêmes de ce manque de communication,
03:11c'est-à-dire une saturation absolue de tout leur quotidien.
03:18Sous-titrage Société Radio-Canada