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00:00Et pour commenter la situation au Proche-Orient, nous sommes en ligne avec notre invité.
00:04Bonjour Asni Abidi, merci de répondre à nos questions depuis Genève.
00:09Vous êtes le directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen.
00:14Vous avez vu comme nous ces images de ces personnes fuyant le Liban,
00:18partaient immédiatement d'Istanbul par exemple le Canada, la France, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.
00:23Est-ce que le Liban est effectivement sous la menace d'un déluge de feu ?
00:28Le Liban a toujours été le lieu le plus fragile, le plus vulnérable dans la mesure où,
00:35en plus de la crise économique que vous avez bien montré dans le reportage,
00:39évidemment il y a la question des répliques.
00:41Ce que craignent les Lébanais, les chanceleries occidentales, c'est la réplique israélienne.
00:45Si le Hezbollah passe à l'exécution et frappe Israël en profondeur, c'est-à-dire à Tel Aviv,
00:53la réplique israélienne sera aussi douloureuse que celle de Hezbollah.
00:58Dans ce cas-là, c'est-à-dire qu'il y a le risque évidemment que le Liban rentre dans une guerre,
01:05c'est important.
01:06On est arrivé même à un point de ne pas souhaiter une incursion terrestre
01:11et plutôt se contenter des bombardements de représailles israéliens
01:16pour vous dire que ce scénario est plus qu'opposable.
01:18Israël qui se dit effectivement prêt à tous les scénarios,
01:21tous les scénarios tant offensifs que défensifs.
01:24Asni Abidi, il y a des voix, même en Israël,
01:27qui estiment qu'entre les négociations de paix et la libération des otages,
01:31le gouvernement de Benjamin Netanyahou, en liquidant des leaders du Hamas et du Hezbollah,
01:36a choisi en quelque sorte de sacrifier les otages.
01:39Je vous propose d'écouter ces déclarations recueillies hier à Jérusalem.
01:42On se retrouve dans quelques secondes.
01:45Tant qu'il n'y a pas d'accord, nous avons des attaques venant de toute la région.
01:51C'est donc une diversion. Cela retarde un accord.
01:54Je me fiche de l'Iran, je me fiche des houthis, du Hezbollah, du Hamas.
02:01Le seul qui empêche un accord est le Premier ministre, M. Benjamin Netanyahou.
02:09Je suis venue aujourd'hui pour exprimer mon opinion
02:12et montrer ma solidarité avec les Palestiniens de Palestine
02:15qui subissent un nettoyage ethnique et un génocide,
02:18non seulement depuis le 7 octobre, mais même avant 1948.
02:22Nous sommes donc ici pour dire que nous sommes là pour rester,
02:26que nous avons toujours été là et que nous serons toujours là,
02:29Palestiniens et Juifs, Juifs pour le droit au retour,
02:32Juifs contre le génocide de la Palestine.
02:39Asni Abidji, merci d'être resté avec nous.
02:42Elles ont raison, cette personne qu'on vient d'écouter.
02:45Plus largement, est-ce que l'opinion publique israélienne
02:48pèse d'un poids quelconque dans ce qui est en jeu aujourd'hui ?
02:53Il y a deux courants finalement.
02:55La société israélienne, elle veut certes le retour des otages.
03:01D'ailleurs, M. Lapide, chef de l'opposition, l'a dit dès le départ.
03:05Benjamin Netanyahou n'était pas du tout enthousiaste à cette idée du retour.
03:09Vous savez, le retour des otages, il passe par un élément.
03:12L'unique, c'est une trêve, c'est les négociations.
03:15Et M. Benjamin Netanyahou, pour des raisons liées à sa survie politique,
03:20ne veut pas de ces négociations, ne veut pas de cette trêve.
03:24Et donc le résultat, il ne veut pas,
03:26il n'est pas pressé pour le retour des otages à la maison.
03:29Le deuxième élément, c'est que c'est vrai que les Israéliens,
03:33une partie des Israéliens aussi, restent tout de même attachés à la solution des États.
03:38Mais la société, elle est de plus en plus droitisée.
03:41Et malheureusement, les événements de cet octobre ont fini par droitiser
03:44tous ceux qui croyaient encore à cette solution de compromis avec les Palestiniens.
03:50Donc cette franche existe, mais hélas, elle est minoritaire
03:55et elle n'a pas justement l'influence sur le cours des choses.
03:58On l'a bien vu avec les décisions de la Knesset du Parlement,
04:01qui a voté contre la solution des États à la veille de la visite de Benjamin Netanyahou à Washington.
04:06Asni Abidi, l'ESBOLA libanais et l'Iran promettent ce qu'ils appellent une réponse étudiée.
04:13Quelle en serait la forme de votre point de vue ?
04:18Oui, l'usage du mot étudié, il est important pour Hassan Nasrallah.
04:24C'est pour dire ne sommes pas pressés et que finalement,
04:27seul le Hezbollah décidera de l'emploi de calendrier de ces frappes.
04:34Que cette réponse à l'assassinat d'Obaid Chokhor,
04:38le chef de programme des missiles, mais aussi d'Ismaïl Hania,
04:42sera à mon avis coordonnée avec ce qu'on appelle dans la région Prochaine, l'unité des francs.
04:50Et ça, c'est aussi un élément important, c'est-à-dire est-ce qu'on frappe d'une manière unilatérale
04:56pour justement causer plus de problèmes à Israël ou plutôt on se coordonne
05:01et on choisit quelles seraient les cibles.
05:04Ce que craignent justement plusieurs diplomates, notamment aux États-Unis,
05:07est-ce que le Hezbollah franchisse aussi une ligne rouge,
05:10il ne respecte plus ce qu'on appelle les règles de l'engagement,
05:13disons qu'Israël aussi ne l'a pas respecté, c'est-à-dire même les civils deviendraient des cibles.
05:20Asni Abidi, il y a quand même ce qu'on entend jamais ou quasi jamais
05:26dans ces multicrises au Proche-Orient, on pense au gouvernement libanais et syrien.
05:31Pourquoi ce silence à votre avis, c'est stratégique ?
05:35Le gouvernement libanais, évidemment avec M. Najib Mahdi Mikati,
05:39ne cesse d'appeler à la retenue, ne cesse d'épargner la vie des civils.
05:44Il était obligé de condamner la frappe israélienne et la mort de Fouad Chokour.
05:50Mais vous le savez, sa marge de manœuvre est très limitée
05:53dans la mesure où il y a une configuration politique
05:56où la place du chef du gouvernement est très limitée.
06:00En revanche, le gouvernement syrien, il y a un deal très important
06:05dans la région qui dépasse la relation avec le Hezbollah,
06:09qui les deux sont alliés.
06:11C'est-à-dire Bachar el-Assad sait très bien qu'il est aussi vulnérable.
06:15Il a reçu des garanties de plusieurs pays d'État du Golfe
06:18pour plutôt adopter la stratégie de l'évitement
06:23parce que lui-même est donc dans une situation délicate,
06:26ce qui explique le silence du gouvernement de M. Bachar el-Assad
06:31dans ce qui se passe dans la région.
06:32Dernière question, Asnir Bidi.
06:33Quel rôle pour un pays comme les États-Unis dans ce scénario ?
06:37Jusqu'ici, les Américains semblent jouer les pompiers
06:39tout en continuant de soutenir Israël.
06:41Ils annoncent plus de moyens militaires dans la région.
06:44À quelle fin ?
06:47Vous avez posé la question la plus importante.
06:50Les Américains aujourd'hui se trouvent vraiment dans une impasse
06:53parce qu'on parle sur les médias américains d'une nouvelle brouille
06:57entre Benjamin Netanyahou et le président américain
07:01sur les moyens justement d'arrêter cette guerre.
07:05Netanyahou a refusé cette trêve
07:08et je pense que les Américains se trouvent finalement démunis
07:11parce qu'ils ne veulent pas faire usage de leurs moyens d'action.
07:17Le deuxième élément, vous avez vu ce que craignent les Américains,
07:20c'est surtout cette escalade.
07:21Cette escalade est très importante avec les Iraniens,
07:26évidemment avec Dioufi,
07:28avec des conséquences très importantes, vous avez vu.
07:31Le déplacement des unités militaires très importante en Méditerranée,
07:37ça veut dire que finalement les Américains
07:39ne peuvent pas rester sans la défense d'Israël
07:44en cas d'une réponse coordonnée, hybride,
07:47organisée par les membres de l'axe de la Résistance.
07:50En quelque sorte, il y a une inaction des États-Unis
07:54face à ce qui se passe à Gaza.
07:56Ensuite, il y a une décision de répondre
08:00de la part des autres pays.
08:02Les Américains ne peuvent pas faire ce rôle
08:05mais on oublie souvent que la question c'est de Gaza.
08:07Il suffit de revenir finalement à la légalité internationale,
08:11de mettre fin à Gaza
08:13et les autres États, l'Iran, les Houthis,
08:16n'auront plus de raison pour maintenir cette pression sur Israël.
08:20Merci beaucoup, Asni Abidi,
08:23d'avoir accepté de répondre à nos questions ce matin,
08:25directeur du Centre d'études et de recherche
08:27sur le monde arabe et méditerranéen.
08:30Merci d'avoir été avec nous pour répondre à nos questions depuis Genève.
08:33Merci.

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