À une semaine de la fin des Jeux olympiques, les athlètes français poursuivent leur moisson de médailles et les organisateurs se félicitent de l'ambiance. Ils se réjouissent aussi du faible nombre de couacs recensé. Les JO ont déjà "apporté beaucoup de bonheur et d'émotion", s'est félicité Tony Estanguet, président du Comité d'organisation de Paris 2024. La France vit au rythme des médailles et célèbre ses champions, après quelques mois politiques "difficiles". Mais cette accalmie peut-elle durer ? Et que restera-t-il des Jeux de Paris ? Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec William Galibert du 05 août 2024.
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00:00Il est 7h47, Mathieu Annotin, le maire de Saint-Denis est avec nous, on disait avant la pub, ça y est le pari il est déjà réussi pour vous, pour le 93 comme on dit parfois ?
00:15Oui le pari il est réussi, mais évidemment qu'on veut surtout continuer. Dans ces jeux on le savait dès le début, il y avait plusieurs dimensions.
00:27Il y avait d'abord le défi de réussir à organiser la plus belle des fêtes olympiques, cet événement qui fédère, qui rassemble un pays, le monde entier.
00:41Ce qui fait quand même le Dubien dans ces moments difficiles que nous vivons notamment d'un point de vue international.
00:49Mais la crainte c'était aussi que ça soit champagne et petits fours dans les loges du Stade de France et puis les autres vous regardez ça de loin à la télé si vous voulez bien. Est-ce qu'on a réussi à casser ça ?
01:00En tout cas c'est pour ça que nous on s'est investi avec mes collègues de Saint-Denis, avec le président du département Stéphane Troussel et je pense qu'aujourd'hui il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour voir la ferveur populaire qu'il y a.
01:13Bien sûr qu'il y a des gens qui vont au stade et que tout le monde n'y va pas. Vous savez les Jeux Olympiques et Paralympiques c'est 13 millions de billets et je crois qu'il y a 100 millions de demandes.
01:23Donc tout le monde ne va pas aller au stade. Mais c'est ce que nous on a essayé de faire, c'est que tout le monde puisse profiter de l'été olympique, puisse avoir eu la sensation de participer à l'été olympique.
01:36Il y a ceux qui vont au stade et on a mené une politique de billetterie sociale extrêmement importante. C'est 10% de notre population par exemple pour Saint-Denis qui va aller voir une épreuve olympique ou paralympique.
01:46Et à côté de ça on s'est occupé des 90% qui restaient en construisant notamment des zones de célébration qui cartonnent à la fois pour ceux qui veulent visionner et faire la fête aussi,
01:57parce que ça fait du bien de faire la fête, et en même temps pour tous les jeunes qui pratiquent le sport. Vous savez tous les jours à Saint-Denis sur notre fan zone sportive, dans le parc de Légion d'honneur,
02:07c'est 5 000, 6 000 personnes, 7 000 qui viennent faire une vingtaine, trentaine de sports. Et hier ils ont été partout mis à l'honneur par Teddy Riner qui est venu les saluer.
02:18C'était sa première sortie en dehors du Club France public. Il avait voulu revenir à Saint-Denis parce que sa dernière sortie avant de se mettre dans sa bulle pour sa compète, c'était à Saint-Denis au pied de la basilique et on peut dire que je crois que ça lui a apporté chance.
02:31Vous leur ramenez des stars, vous nous le disiez tout à l'heure, stars de la chanson, stars américaines, stars du sport bien sûr pour toucher un bout de ce rêve olympique. Vous attendiez à cette contagion, à cette liesse qui s'étend.
02:45Elle s'étend à Saint-Denis, elle s'étend visiblement dans tout le pays. Vous vous attendiez à autant ou c'était totalement inaspiré ?
02:53Non, c'était pas inaspiré. J'avais beaucoup travaillé avec les autres maires qui avaient organisé des précédentes Olympiades. Je pense à la maire de Newham, dans la banlieue de Londres, je pense à Barcelone, à Athènes.
03:08Et le mot qui revenait à chaque fois en termes d'héritage, et bien sûr l'héritage physique, matériel, les bâtiments qui sont livrés, mais il y avait le mot fierté.
03:18Et la question d'une fierté retrouvée pour les banlieues populaires, de pouvoir montrer ce que nous sommes réellement, que les Jeux Olympiques et Paralympiques permettent aussi un changement de regard sur ce qu'est Saint-Denis,
03:33ce qu'est du coup à travers Saint-Denis toutes les banlieues populaires, et bien ça aujourd'hui ça fait exiger en partie nos objectifs, mais il y a déjà une forme de Paris réussi.
03:42Parce que ça c'est la fête, mais effectivement quand les lumières du stade vont s'éteindre, quand le cirque olympique va remballer et se diriger vers d'autres horizons, ça en sera pas fini, ça sera même un autre début, un nouveau départ pour Saint-Denis.
03:56Il y a ce village olympique qui va être reconverti en logement, et plus de 2800 logements, plus de 6000 personnes accueillies, c'est quelque chose qui va profondément changer le visage de Saint-Denis, de la scène Saint-Denis en général ?
04:10Absolument, la réussite des Jeux je le disais, c'est la belle fête, la plus belle des fêtes olympiques, et ça on est quand même bien parti, il faut bien finir, mais c'est bien parti.
04:20Et puis ça sera aussi l'impact, est-ce que, bien sûr que c'est pas les Jeux olympiques et olympiques qui vont tout changer, je le dis souvent, c'est pas un deus ex machina qui va venir régler tous vos problèmes,
04:30mais est-ce que c'est une opportunité pour un territoire comme le nôtre, qu'on disait, que certains en tout cas disaient perdus pour la république, etc.
04:39Et bien de montrer que justement, non seulement les habitants de ce territoire, de cette ville, ils sont lucides, ils ont décidé par eux-mêmes de régler les problèmes auxquels ils sont confrontés, ça c'est ce qu'on fait,
04:50et que les Jeux olympiques et olympiques sont une opportunité incroyable de démonstration et de révélation de ce que nous sommes en train de faire et de changer sur notre territoire.
05:00Pour montrer que c'est ici qu'une part de l'histoire de France s'écrit, que c'est ici que le contrat républicain, il doit prendre tout son sens et il doit aussi se refonder.
05:09Quelque part, si on réussit à Saint-Denis, si Saint-Denis demain devient ce que j'appelle de mes voeux, c'est pourquoi je travaille tous les jours, une société locale, cosmopolite, diverse, ça nous le sommes déjà,
05:21mais qui demain, à l'image de cette société, non seulement qui réussit, mais qui devient désirable et attractive, je pense que c'est la meilleure réponse à tous les tenants des passions tristes,
05:33qui ne pensent que le repli sur soi et la haine de l'autre, très régulièrement, et ça c'est la preuve par A plus B que finalement ils ont tort.
05:40Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, ancien député socialiste il y a quelques années, l'un des gros enjeux de ces jeux pour vous, c'était aussi la sécurité.
05:4745 000 policiers sont venus en renfort dans toute l'île de France, il y en a de nombreux du côté de la Seine-Saint-Denis.
05:55Gérald Darmanin a annoncé il y a quelques jours, à vos côtés, que le dispositif exceptionnel JO allait devenir pérenne.
06:02C'est faisable, c'est réaliste, vous avez un agenda précis, est-ce que c'est une bonne chose, vous vous en félicitez ?
06:10Alors, d'abord, pour que tout le monde comprenne bien, parce que j'y étais, le ministre n'a pas dit que le dispositif exceptionnel de mobilisation de force pendant les jeux olympiques serait maintenu.
06:20Ça serait trop, objectivement, c'est pas raisonnable, c'est pas possible.
06:24Mais par contre, en amont des jeux, il y avait eu des renforts dans les six mois avant qu'avaient été affectés au commissariat de Saint-Denis,
06:31et ces effectifs finalement, eux, ils seront pérennisés.
06:34On parle d'une trentaine de policiers, ça va effectivement dans le bon sens, est-ce que ça sera suffisant ?
06:40Je pense qu'il en faudra encore un peu plus à l'avenir, effectivement, que ces 30, 40 renforts,
06:47mais on est aussi dans cette co-construction de sécurité entre la ville et l'État, et ce qui compte, c'est le temps long, c'est pas l'impact.
06:55On a fait une démonstration, là, on est en train de la faire tous les jours,
07:00que Saint-Denis, en fait, quand la ville est sécurisée, est une ville hyper sympa, avec une population hospitalière accueillante incroyable,
07:08et bien il faudra qu'on se donne les moyens de continuer, et quand je dis qu'on se donne, c'est l'ensemble de la puissance publique,
07:15État, ville, et chacun doit prendre ses responsabilités de ce point de vue-là.
07:19Vous, l'ancien député PS, vous pensiez dire un jour, merci Emmanuel Macron, merci Gérald Darmanin,
07:24après cette organisation et ces promesses qui, visiblement, ont été tenues pour l'instant ?
07:29Non mais écoutez, moi je suis d'abord, j'ai toujours été, je pense, un fervent partisan de la République,
07:36il y a le temps des élections, il y a le temps des polémiques, et puis il y a le temps de l'action.
07:41Et quand on est dans l'action, on fait avec les gens qui sont là, qu'on soit d'accord ou pas d'accord.
07:45Là, il s'avère qu'il y a tant de troubles politiques, donc la politique reprendra ses droits en septembre, à l'évidence,
07:53mais la responsabilité, quand on a un peu une haute idée de ce que ça veut dire, la responsabilité politique,
08:00c'est aussi d'être au rendez-vous de l'événement, et donc ça se fait évidemment avec les acteurs qui sont là,
08:05et quand les choses sont au rendez-vous, il n'y a pas de problème à le dire.
08:08Merci beaucoup Mathieu.