Campagne électorale américaine : «Le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris a tout changé», constate Jean-Éric Branaa
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NewsTranscript
00:00Vous écoutez Europe 1 avec Lionel Gougelot. Très bon réveil, il est 7h40.
00:04Désormais officiellement investi par le camp démocrate, Kamala Harris donne un nouveau souffle à la course à la Maison Blanche.
00:10Elle renverse la vapeur semble-t-il dans les sondages.
00:13Donald Trump, lui, est déstabilisé par cette nouvelle dynamique du camp d'en face.
00:17L'actuelle vice-présidente peut-elle déjouer les pronostics qui donnaient Trump vainqueur,
00:21surtout après la tentative d'assassinat dont il a fait l'objet ?
00:24Et pour en parler, Jean-Éric Brana est votre invité. Il est chercheur spécialiste des Etats-Unis.
00:29Bonjour Jean-Éric Brana, merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:33Alors je le disais, Kamala Harris est en tête dans certains derniers sondages aux Etats-Unis.
00:39Une nouvelle dynamique dans le camp démocrate.
00:40Est-ce que selon vous, on assiste à une bascule dans cette course à la Maison Blanche
00:44ou alors est-ce que c'est encore trop tôt pour le dire ?
00:48Écoutez, il y a deux semaines c'était trop tôt puisque effectivement on venait d'avoir l'annonce
00:52et que tout de suite les sondages se sont emballés.
00:55Ils se sont emballés dans les deux sens d'ailleurs.
00:56Certains donnant Kamala Harris plus 5 et puis d'autres Donald Trump plus 5.
01:01Il faut dire qu'on sortait d'une chaîne d'action qui faisait que Donald Trump marchait sur l'eau.
01:06Le parti républicain s'était réuni autour de lui, 99% des délégués avaient voté pour lui.
01:11Après sa tentative d'assassinat, on ne voyait pas comment il pouvait être battu.
01:15Et bien maintenant on le voit puisque c'est vrai que le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris
01:20a absolument tout changé.
01:22Les sondages désormais se sont fixés sur plus 3, plus 5.
01:27Et on voit que non seulement elle a effacé l'avance de Donald Trump
01:31mais désormais c'est elle qui a de l'avance dans les sondages.
01:34Et on le sent à la nervosité de Donald Trump qui désormais a l'air de repartir sur une campagne très 2016
01:42alors qu'il cherchait à séduire le centre et que désormais il s'est recroquevillé à nouveau
01:49sur des attaques à Dominem et beaucoup de petites phrases qui n'apportent rien à la campagne
01:55et qui pourraient finir par fatiguer son propre camp.
01:58Oui justement et qui pourraient finalement lui être défavorables.
02:01Alors pour en revenir à Kamala Harris, il se passe quelque chose.
02:03Les intentions de participation des électeurs démocrates sont en augmentation,
02:07l'argent des donateurs afflue, des armées de bénévoles se mobilisent.
02:11C'est une dynamique que vous pourriez comparer à celle de Barack Obama en 2008 ?
02:16Oui c'est exactement le même type de dynamique si ce n'est que pour Barack Obama c'était parti de plus loin.
02:21Donc il y avait eu c'est vrai une montée et une attente qui étaient assez profondes.
02:26Pour Kamala Harris on a du mal à, encore une fois, apprécier si cette dynamique va rester solide
02:35puisque pour l'instant on est encore dans la lune de miel, toujours deux semaines.
02:39Ça ne fait que deux semaines que les candidats attendent.
02:42Mais c'est vrai qu'aujourd'hui on a le VP, son colistier qui va être révélé.
02:50Ça devrait ajouter un point de plus si elle est assez maligne pour aller vers le centre
02:55et donc pour aller chercher ces électeurs indécis qui veulent surtout qu'on leur parle de leurs problèmes à eux,
03:01d'économie, de santé, d'éducation et pas forcément de guéguerre entre les candidats.
03:06Alors justement, est-ce que Kamala Harris, Jean-Éric Branat peut rallier des voix,
03:10par exemple du camp républicain modéré qui est réticent face à un retour de Donald Trump ?
03:16Je pense parce qu'elle est partie sur une campagne qui me semble être la bonne.
03:22Ça fait six mois que j'explique que Joe Biden se trompait en attaquant Donald Trump tout azimut et du soir au matin.
03:29Kamala Harris parle tout à fait autre chose.
03:31Elle parle d'abord sur le thème de sa campagne, c'est la liberté.
03:34Elle parle de la liberté de pouvoir voter.
03:37Elle s'adresse bien sûr à ce vieux combat des afro-américains sur les droits civiques et des minorités en général.
03:44Elle parle de la liberté de pouvoir disposer de son corps.
03:47Elle parle de la liberté de pouvoir travailler en s'adressant aussi aux PMI, PME qui sont toujours en post-Covid et pour certains en difficulté.
03:55En réalité, c'est le bon tempo.
03:58Il faut attirer l'oreille de l'électeur et surtout l'oreille de l'électeur qui n'est pas politisé.
04:04Et là-dessus, ça me semble assez bien réussi.
04:07Et face aux outrances de Donald Trump, ça peut effectivement fonctionner.
04:11Vous le disiez, une étape importante aujourd'hui pour la candidate, c'est la désignation de son colistier,
04:16donc son futur éventuel vice-président.
04:19Il faut bien le dire pour les auditeurs qui nous écoutent,
04:22c'est des personnalités qu'on ne connaît pas vraiment ici en France.
04:25Joss Shapiro, Mark Kelly, Tim Walz.
04:28Le choix va être vraiment déterminant pour la suite de la campagne en fonction de la personnalité choisie ?
04:32Oui, il va être déterminant.
04:34Il faut comprendre que les électeurs sont déjà en réalité chacun dans leur couloir.
04:39Les démocrates savent pour qui ils vont voter, les républicains aussi.
04:42Donc il faut aller chercher les autres.
04:44C'est pour ça que j'insiste depuis le début de cette conversation sur ces indécis,
04:47ces gens qui ne sont pas spécialement tirés par la politique.
04:50Et ce sont ceux-là que le vice-président va être chargé d'aller chercher.
04:56C'est pour ça que ce sont des personnalités peut-être qu'on ne connaît pas,
05:00mais qui ont chacun un attrait stratégique.
05:03Joss Shapiro, c'est parce qu'il est gouverneur d'un État clé,
05:07qu'il pourra faire l'élection parce qu'il y a 19 grands électeurs.
05:12Et Tim Walz, c'est parce que c'est quelqu'un qui vient du rural.
05:16Il est né dans l'Hibraska, il a été élu dans un État au nord qui est très rural lui-même.
05:22Donc ça va parler à cette Amérique profonde qui est très loin des gesticulations de Washington
05:27et qui cherche quelqu'un de posé et qui leur ressemble.
05:30Le bon créateur pour le choix du futur éventuel vice-président,
05:34ça serait donc un profil plus conservateur dans la galaxie démocrate ?
05:39Absolument, même dans la galaxie tout court,
05:42c'est quelqu'un de l'extrême centre on va dire.
05:45Quelqu'un qui ne fait surtout pas de vagues
05:48et qui va avoir un langage beaucoup plus apaisé que ce qu'on a eu
05:53ces 8 dernières années dans la politique américaine.
05:56Aujourd'hui, les Américains veulent surtout sortir des divisions
06:00et avoir des gens sérieux qui s'occupent du gouvernement.
06:03Encore un tout petit mot si vous le voulez Jean-Éric Branat.
06:06Pour le camp d'en face, Donald Trump, on le disait,
06:09il semble un peu déstabilisé par cette nouvelle dynamique démocrate.
06:12Mais d'une certaine façon, la dynamique démocrate
06:16ne peut-elle pas aussi remobiliser le camp républicain ?
06:20C'est une des vraies questions en réalité qui se posent.
06:24Pour l'instant, ça n'est pas le cas.
06:26Pour l'instant, on sent qu'il y a un flottement.
06:28Il y a même des sondages parmi les républicains qui montrent que
06:31les Américains sont attirés par le profil Kamala Harris.
06:34Il ne faut pas oublier que dans les campagnes présidentielles,
06:36il y a aussi un petit nombre de gens qui vont vers le gagnant.
06:39Or, Donald Trump paraissait être le gagnant depuis 8 ans
06:42pour le camp républicain.
06:44Désormais, c'est vrai que Kamala Harris, qui est portée par un vent
06:47extrêmement fort, peut paraître pour ces gens
06:51plutôt attirés par la lumière comme la personne
06:54sur qui il faut désormais se reporter.
06:56Très intéressant. Merci infiniment Jean-Éric Branat
06:59qui a été en ligne avec nous ce matin sur Europe 1 Politologue
07:02spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l'université Paris 2.
07:06C'est une excellente journée à vous.