Trêve politique terminée : un réveil brutal pour les Français ?

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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Mickael Dorian pour débattre des actualités du jour.
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Transcript
00:00La fin de la parenthèse enchantée au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques.
00:05Le réveil risque d'être brutal pour les Français avec un calendrier politique
00:09chargé et latente toujours d'un nouveau Premier Ministre.
00:12Attention à la gueule de bois Olivier Dardigolles.
00:15Oui bon, il y a les Jeux Paralympiques qui arrivent.
00:19Donc ça peut prolonger ce climat particulier.
00:24Pour autant Emmanuel Macron doit donc très certainement être dans une phase d'accélération
00:32pour que notre pays ne soit plus dirigé par un gouvernement démissionnaire depuis plus d'un mois.
00:38C'est totalement inédit dans l'histoire de la Ve République cette affaire.
00:41Avec une équation politique très difficile parce qu'il faudrait donc que ce Premier Ministre
00:46se présenta devant l'Assemblée Nationale et obtienne une majorité relative forte
00:55qui ne l'expose pas à une censure.
00:58Donc c'est difficile.
01:00Il y a quelques noms qui circulent beaucoup aujourd'hui dans les médias.
01:03Commencé par ceux de Xavier Bertrand et de Bernard Cazeneuve.
01:07Le plus souvent par expérience ce n'est pas toujours les noms qui circulent le plus
01:11qui au final sortent du chapeau.
01:13Surtout avec Emmanuel Macron.
01:14La semaine est plutôt consacrée pour le Président de la République à des commémorations
01:17sur le débarquement en Provence.
01:20Est-ce qu'il va être tenté de laisser rebondir le climat national vers les Jeux Paralympiques
01:28et sortir son équation politique, mettre carte sur table après le 8 septembre
01:33clôture des Jeux Paralympiques ?
01:37Ou est-ce qu'il le fera plus tôt la semaine prochaine ?
01:40Là il y a un doute sur l'agenda.
01:43N'oublions pas qu'il prolonge un peu puisque le 14 septembre il y a aussi le défilé des athlètes.
01:47Oui mais après vous avez quand même la nécessité de mettre un budget pour la France
01:53le 1er octobre sur la table du Parlement.
01:55D'où ma question Olivier Larchigol.
01:57Sortir un budget en 15 jours.
01:58Va-t-il pouvoir jouer la montre encore longtemps ?
02:00Pas trop. Il n'est plus maître des horloges comme il a pu l'être par le passé.
02:05Il le reste encore un peu mais avec des contraintes terribles sur ses épaules aujourd'hui.
02:12Oui le sablier commence à se vider là maintenant.
02:16Il va bien falloir décider quel Premier ministre va pouvoir mener et avoir une majorité à l'Assemblée nationale.
02:23Parce que c'est ça le problème.
02:25Il avait dit qu'il nommerait quelqu'un entre les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques.
02:29Est-ce que depuis ces quelques jours, je vous rappelle qu'il y a eu quand même du son et de la radio.
02:34On a eu des interviews d'anciens ministres, de proches du Président de la République
02:38ces dernières heures, ces derniers jours, qui nous ont dit que la majorité pouvait être soit à la droite sociale,
02:43soit à la gauche de gouvernement.
02:45Et avec effectivement une volonté de ne pas faire la parenthèse sur l'attente des Français.
02:51Je pense à Madame Pannier-Nourien Hachet, à David Amiel qui se sont exprimés,
02:55qui sont quand même des très proches du Président de la République.
02:57Et on voit bien aussi qu'il y a une réalité.
03:00Ça a été dit à l'instant.
03:01C'est qu'on a des échéances budgétaires.
03:03Quelle que soit la capacité d'améliorer notre PIB et d'améliorer la baisse de l'inflation,
03:10il faut répondre aux attentes des Français également.
03:13Et ça, ça ne peut pas se faire avec un gouvernement démissionnaire depuis plusieurs semaines.
03:17Ça n'est jamais arrivé dans notre histoire de cinquième grippe, ce type de situation.
03:21Qui va être Premier ministre ?
03:23À la rigueur, c'est accessoire.
03:24Quel sera le Premier ministre qui pourra faire un gouvernement,
03:29un gouvernement qui sera durable et non pas 24-48 heures ou 72 heures à l'Assemblée nationale ?
03:33C'est ça.
03:34Pour terminer, il y a une capacité de majorité.
03:37Madame Braune-Pivet a été élue avec une majorité à l'Assemblée nationale face à M. Chassin.
03:42N'oublions pas, c'est qu'il y a une majorité.
03:45Il faut retrouver cette majorité dans le gouvernement.
03:47Après, la capacité d'avoir telle personne ou telle personne, ça reste du domaine du casting.
03:53Ce que veulent les Français, c'est rapidement qu'on réponde à leurs attentes
03:57et qu'on ne traîne pas et surtout qu'on fasse écho à ces différents votes
04:01depuis les élections européennes, puis les élections législatives.
04:05Est-ce qu'on peut imaginer que le succès des Jeux olympiques va avoir un impact
04:10sur la cote de popularité du chef de l'État et donc un impact sur la réflexion du futur gouvernement ?
04:16Emmanuel Macron a déclaré dans l'équipe qu'il ne regrettait pas d'avoir dissous l'Assemblée nationale.
04:22On peut imaginer qu'il aurait peut-être dû le faire après les Jeux olympiques.
04:26Mais vous savez, notre peuple est adulte.
04:29Notre peuple peut distinguer une crise politique avec un succès olympique.
04:35Les Français ne sont dus peu de rien.
04:38Là où Emmanuel Macron est dans une grande difficulté,
04:41il a donné à peu près ou ses proches conseillers le profil.
04:44Il veut un Premier ministre qui donne le parfum d'une cohabitation
04:48parce que bien évidemment Emmanuel Macron a été sanctionné.
04:51Il a vécu deux défaites électorales.
04:53Il veut un Premier ministre qui ne détricote pas l'essentiel des sept années au pouvoir,
04:58notamment sur des totems tels que la politique fiscale ou la réforme des retraites.
05:04Une personnalité qui pourrait en effet aller chercher une majorité relative forte.
05:10Vous savez, là on parle de 200, 210, pas plus,
05:13qui lui permettent de faire du cabotage texte par texte.
05:16Et un profil qui ne se présenterait pas en 2027 à la prochaine élection présidentielle.
05:22Bon, ça fait pas mal de critères.
05:24Peut-être que l'oiseau rare existe.
05:26Ce ne sera pas Tony Estanguet.
05:28Certaines disent que c'est formidable de trouver un profil.
05:31Mais je pense que Tony Estanguet, d'abord, il n'est pas pour ce job.
05:34Il mérite de prendre un peu de repos.
05:36Je plaisantais.
05:37C'est une solidarité d'un paloua pour un autre paloua.
05:40Mais non, il n'y a aucun nom qui s'impose véritablement.
05:44La première alliance électorale à l'Assemblée, c'est le nouveau Front populaire.
05:48La seconde alliance, c'est le Bloc central présidentiel.
05:51Et la troisième, le RN avec l'allié siotiste.
05:54C'est la première fois que nous avons une telle Assemblée.
05:58Avec ces trois blocs autant fixés.
06:01Mais les Français ont choisi cette Assemblée.
06:03Alors justement, Lucie Castet, la candidate du nouveau Front populaire,
06:06ne s'est pas faite attendre bien longtemps.
06:08Elle s'est exprimée dans une lettre au parlementaire.
06:11Lettre dans laquelle elle décline ses cinq propositions pour le pays.
06:15Le pouvoir d'achat, la justice sociale, avec la hausse du SMIC à 1600 euros
06:19et l'abrogation de la réforme des retraites.
06:21La fiscalité pour mettre davantage à contribution les plus hauts revenus.
06:25Les multinationales et rattraper les fraudeurs.
06:27Et puis la défense des services publics et la transition écologique.
06:31Elle ne perd pas de temps Lucie Castet au lendemain des Jeux olympiques.
06:35Bernard Cohen a daté.
06:36Je crois qu'elle perd son temps.
06:37Elle ne perd pas de temps, mais elle perd son temps.
06:39Pour quelles raisons ?
06:40Parce que je pense que ce n'est pas l'objet de nos institutions.
06:44C'est le président de la République qui nomme un premier ministre.
06:48C'est le président de la République qui choisit un gouvernement.
06:50Et ce que je pense, c'était bien dit tout à l'heure,
06:53le président de la République ne veut pas d'une cohabitation dure.
06:56Il veut d'une cohabitation douce, souple.
06:59C'est-à-dire une cohabitation qui ne mette pas à mal
07:03l'ensemble de la politique menée depuis 2017, pas depuis 2022.
07:07Depuis 2017, c'est-à-dire cette politique de l'offre.
07:09Cette politique pour rassurer les investisseurs.
07:12Avec effectivement, ça a été dit également,
07:14un désaveu des Français sur un certain nombre de points.
07:17Pouvoir d'achat, immigration, sécurité, développement des services publics,
07:21que ce soit de la santé, que ce soit effectivement aussi
07:24les services publics de proximité.
07:26C'est ça la réalité.
07:28Ce n'est pas à un individu, quel qu'il soit.
07:30D'ailleurs, je vous renvoie à ce qu'a dit Anne Hidalgo,
07:33qui pourtant n'est pas quelqu'un de droite, ni d'extrême droite,
07:36sur l'ambition de Madame Castex.
07:39Elle a dit que ce n'était pas le moment.
07:41Il y a bien aujourd'hui une volonté du président de la République
07:43d'avoir à la fois un partenaire, d'être en cohabitation,
07:47et ne pas avoir, comment dirais-je, quelqu'un dans une cohabitation dure.
07:50Parce que tout simplement, ça ne pourrait pas fonctionner
07:53et ce serait une crise supplémentaire institutionnelle.
07:55J'évoquais cette question tout à l'heure.
07:57Vous croyez qu'aujourd'hui, si les législatives avaient lieu demain,
08:00les résultats seraient différents ?
08:02Écoutez, je crois que tant qu'on aura un système parlementaire
08:06et surtout un système tel que le nôtre,
08:09avec une bi-polarisation de la vie politique,
08:11on a vu que cette bi-polarisation nous a amené
08:13à une tri-polarisation de la vie politique.
08:15Tant qu'on aura un système majoritaire,
08:17on ne pourra pas avoir une expression claire
08:22du vote des Français en fonction des départements.
08:25La réussite du Front républicain,
08:27qui a soutenu le Front populaire,
08:30n'était pas attendue.
08:32Il faut quand même le reconnaître.
08:34Après un premier tour qui a mis
08:3610 à 11 millions de Français
08:39pour le soutien du RN,
08:41on attendait, avec un accord ou avec déception,
08:45la victoire du RN.
08:47Les Français n'ont pas voulu cette victoire-là.
08:49Ça exprime tout simplement un choix
08:51et ça a été bien dit à l'instant également.
08:53Les Français ont besoin de mettre
08:55non pas tous leurs oeufs dans le même panier,
08:57ils ont besoin aussi de protéger
08:59une certaine vision de la société qu'ils ont, et des valeurs.
09:01Je parlais de réveil difficile tout à l'heure,
09:03je parlais de gueule de bois,
09:05on peut même dire que ça a déjà commencé.
09:07C'est vrai que les Français nous l'ont fait comprendre.
09:09On avait assez, on avait marre
09:11de ce spectacle qui, depuis des mois,
09:13était affiché à l'Assemblée nationale.
09:16Pour la porte-parole du gouvernement
09:18démissionnaire Prisca Thévenot,
09:20elle s'est exprimée tout à l'heure,
09:21je voulais vous entendre sur ces mots,
09:22la France insoumise mérite la médaille d'or de l'indécence.
09:26Là, on est clairement dans la fin
09:28de la trêve olympique Olivier Dartigolles.
09:30Oui, pour revenir sur Lucie Castel,
09:32elle fait de la politique,
09:33elle essaye de combler un manque de notoriété,
09:36elle s'est fait connaître pendant cette période-là,
09:38elle n'a pas accepté la trêve olympique,
09:40c'est son droit.
09:41Moi je pense, contrairement à ce qui a été dit,
09:44c'est une différence entre nous,
09:45c'est le débat,
09:46que la lettre des institutions
09:48et des politologues et des constitutionnalistes le disent
09:50aurait pu permettre à Emmanuel Macron
09:53de nommer à Matignon
09:55un représentant de la coalition
09:58arrivé devant.
10:00Je ne dis pas qui a gagné, qui est devant,
10:02ce qui est différent,
10:03parce qu'il y a le succès du Front républicain
10:05mais qui ne veut pas dire qu'il y a une victoire
10:07du nouveau Front populaire.
10:08C'est différent.
10:09Pour lever l'hypothèque,
10:12il y avait une motion de censure qui tombait
10:15et ça permettait peut-être,
10:17certains le disent,
10:18de décrocher une partie de cette coalition à gauche,
10:20notamment concernant les sociolibéraux,
10:22pour aller vers d'autres formes d'alliances.
10:24Mais au moins,
10:25le doute aurait été,
10:27l'hypothèque aurait été levée.
10:29Il n'a pas voulu faire ça
10:31c'est en effet son droit constitutionnel
10:33puisque c'est lui qui nomme à Matignon.
10:35Mais on se retrouve à l'étape 2
10:39et j'attends vraiment,
10:40j'ai la passion du commentaire de l'analyse politique.
10:44Véritablement,
10:45je ne sais même pas si à l'Elysée,
10:48ils sont prêts à ce que la fumée blanche sorte
10:51et qu'ils aient un nom à mettre sur la table.
10:53Parce que justement,
10:54ce qui vient de se passer sur les JO
10:56est à la fois quelque chose de positif
10:58mais de très contraignant pour eux.
11:00Comment faire pour que le nom qu'ils vont mettre sur la table
11:03ne suscite pas, j'ai envie de dire,
11:06une réaction très très très très faiblarde
11:11et qu'il n'y ait aucun effet waouh
11:13après les semaines qu'on vient de vivre
11:15où le pays a souhaité avoir de l'enthousiasme.
11:17Je pense que le pays aujourd'hui
11:19n'a pas du tout envie de remettre le nez dans la politique.
11:22Il faut dire clairement ce qui se passe.
11:25Ça dépend dans quelle politique.
11:27Si c'est une politique qui, par exemple,
11:29permet d'apporter des solutions fortes
11:31sur la question de la sécurité dans l'espace public
11:33comme on vient de le faire avec les JO,
11:35il y a un pays disponible pour ça.
11:37Si c'est pour de la chicaïa politique
11:39et pour des formes de crispation
11:42et de crispe dans le discours et le débat politique,
11:48en effet, je pense qu'ils ne sont pas disponibles.
11:50Je pense que les Français sont lassés du tintamarre
11:52et des petites phrases.
11:53C'est vrai, ils attendent autre chose aujourd'hui
11:54qu'on réponde vraiment à leurs attentes.

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