Rentrée politique : la France peut-elle se retrouver sans budget ?

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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Stéphanie de Muru pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Stéphanie Demeureux.
00:06Et place au débat avec nos invités du jour,
00:09Vincent Roy, écrivain et journaliste politique.
00:12Bonsoir Vincent Roy, écrivain même et journaliste.
00:16Olivier Dartigolle, chroniqueur politique.
00:19Bonsoir Olivier.
00:20J'espère que vous allez bien depuis lundi.
00:22Oui, ça va très bien.
00:23Mieux que la gauche manifestement,
00:25qui est très furieuse après l'annonce
00:28du budget proposé en tout cas par Gabriel Attal.
00:31Je vous le rappelle, le Premier ministre qui annonce
00:33vouloir reconduire les crédits d'État à l'identique pour 2025,
00:37tout en laissant quand même une petite porte ouverte
00:39de flexibilité à son successeur.
00:41Il dit que c'est un acte républicain, Gabriel Attal.
00:45Bon, il y a quand même une petite inflation de 2%
00:48qui va à une dizaine de milliards d'euros
00:51et ça évidemment, la gauche fustige.
00:54Olivier Dartigolle, vous, vous êtes en accord ?
00:57Vous l'homme de gauche avec ce budget de Gabriel Attal ?
01:00L'argument de Gabriel Attal est la continuité de l'État.
01:03La préparation d'un budget dans un calendrier
01:05était très contraint.
01:06Il doit être le 1er mardi d'octobre
01:09présenté au bureau de l'Assemblée nationale.
01:13Avant cela, il y a un examen,
01:14un nouveau conseil aux finances publiques,
01:16conseil d'État, passage en conseil ministre.
01:19Donc bien évidemment, il faut bien amorcer l'affaire.
01:23Le fait de faire cette proposition,
01:26c'est-à-dire un budget constant,
01:28va permettre quand même au Parlement
01:32de travailler sur cette copie.
01:35Le ministre démissionnaire des Finances
01:40avait, lui, une copie plus sévère,
01:43avec une orientation politique plus austéritaire, disons.
01:46Alors après, c'est de bonne guerre, j'ai envie de dire,
01:49que la gauche puisse dire
01:53mais enfin, ça va un peu plus loin que les affaires courantes.
01:56Le problème vient de la procrastination
01:59du Président de la République.
02:01Ce vendredi, vendredi qui arrive,
02:03nous allons battre le record de la durée
02:06d'un gouvernement démissionnaire.
02:0838 jours !
02:0938 jours !
02:10Et il faut remonter à 1953, en pleine quatrième.
02:13On est loin des Belges, Olivier Dardigolles !
02:15On est loin des Belges !
02:16Ne vous emballez pas !
02:18On n'a pas cette culture-là, quand même.
02:20On va peut-être la prendre !
02:22Le Président a mis le pays dans une situation difficile, inédite.
02:26Le Premier ministre démissionnaire fait comme il veut
02:29mais je pense qu'il a envie de passer à autre chose.
02:31Vincent Roy.
02:32Écoutez, dans le contexte actuel,
02:35la proposition de Gabriel Attal est de loin la plus raisonnable.
02:39Alors, évidemment, le jeu politique,
02:41comme le soulignait Olivier,
02:43c'est de ne pas être content lorsqu'on appartient à l'opposition,
02:46encore qu'on ne sache pas trop si on appartient à l'opposition ou pas,
02:49puisque Elisabeth Borne veut reprendre les règles...
02:51Oui, vous avez vu le retour !
02:53Oui, mais pourtant, elle vient de la gauche,
02:54alors appartient-elle vraiment à l'opposition ?
02:56Mais c'est vrai qu'elle a été Première ministre d'Emmanuel Macron.
02:58Enfin, tout ça est assez flou.
03:00Mais enfin, en tous les cas, pour ce qui est du budget,
03:02le plus raisonnable est de suivre ce que dit, effectivement, Gabriel Attal,
03:06qui, en plus, laisse une marge de manœuvre
03:08en disant que tout ça est républicain.
03:09Je crois qu'il a raison.
03:10Alors, en tout cas, vous avez peut-être entendu Alexis de La Fontaine
03:14qui a recueilli en exclusivité les propos de Fabien Roussel.
03:17Fabien Roussel n'est pas du tout d'accord avec ça.
03:20Il explique d'ailleurs qu'il viendra en ordre réuni
03:23avec tout le nouveau front populaire.
03:26Demandez notamment la nomination de Lucie Castex à Matignon,
03:30mais avec un changement plus global.
03:32Je vous propose d'écouter le secrétaire général du Parti communiste français.
03:36Je vous l'annonce, nous prévoyons, nous, de l'augmenter de 30 milliards d'euros
03:40pour le passer donc à 522 milliards d'euros
03:43et pouvoir ainsi investir immédiatement
03:46dans l'augmentation des salaires des agents de la fonction publique,
03:49dans des services publics importants,
03:51dans la gratuité de l'école publique, notamment pour cette rentrée,
03:54en allant notamment mettre en place un ISF climatique
03:58et aussi en allant taxer les dividendes des grandes entreprises.
04:01Olivier d'Artigolle, tout de même, 30 milliards d'euros en plus,
04:05vous allez me dire que ce n'est pas la mer à boire,
04:07mais enfin quand même, on est sous le coup d'une procédure de déficit excessif européenne.
04:11Est-ce que c'est bien le moment ?
04:13Mais le secrétaire national du Parti communiste français,
04:15il me semble comme les autres composantes du nouveau front populaire,
04:18est dans son rôle en essayant d'argumenter ce qui serait une autre politique.
04:25Oui, d'augmenter les dépenses et la dette.
04:28Oui, mais le ministre des Finances des missionnaires
04:31a posé comme un préalable, un dogme presque,
04:34un totem qu'on ne pouvait pas bouger,
04:37l'idée qu'on ne pouvait pas aller chercher des recettes fiscales en plus.
04:40Moi, je trouve la question de la construction du budget
04:44et savoir s'il y a des marges de manœuvre intéressantes.
04:46Il y a aujourd'hui 200 milliards d'aides publiques aux entreprises.
04:48Certaines sont très utiles,
04:50mais si vous regardez de près, par exemple, le crédit impôt recherche,
04:52on voit qu'il y a de l'argent à aller chercher.
04:55Il y avait des super profits sur des rentes,
04:57tels que ceux qui ont les containers,
05:01qui se sont fait vraiment de belles opérations financières au moment du Covid.
05:04On peut regarder.
05:05Donc, je trouve qu'il n'y a pas de question de tabou concernant le budget.
05:08Après, bien évidemment, il y a, vous le rappelez,
05:12un processus de déficit excessif.
05:14Il faut donc donner une trajectoire de finances publiques à Bruxelles.
05:18Mais la souveraineté d'un pays,
05:22l'acte de souveraineté sur une année politique,
05:25c'est quand même de décider de son budget.
05:27Et je trouve qu'on devrait avoir dans notre pays
05:30un débat sur quel budget, pour quelle priorité,
05:33quelles dépenses et quelles recettes,
05:35beaucoup plus ouvert que ce qu'on a eu sur les dernières années.
05:37De toute façon, le débat sur la dépense publique,
05:41Olivier, on va l'avoir à un moment ou à un autre.
05:43Parce qu'il va falloir qu'on change, si j'ose dire, notre fusil d'épaule.
05:47On ne va pas pouvoir rester en l'état dans ces conditions-là.
05:50Vous avez raison de parler de Bruxelles,
05:51parce que Bruxelles va nous parler à l'oreille.
05:53Il va bien falloir l'écouter.
05:55À défaut de l'entendre.
05:58Alors, il faudra surtout avancer un premier ministre
06:01pour pouvoir justement parler du budget.
06:04Ah bah bon, qui ?
06:05Alors, vous allez nous annoncer un scoop.
06:07Un scoop.
06:08Écoutez.
06:09Ah ça alors, je vous écoute.
06:10Le président de la République a demandé aux partis politiques de s'entendre
06:15et notamment aux partis politiques dont on nous dit qu'il a fait
06:18le plus grand nombre de sièges.
06:20Alors, pas un parti politique, mais une coalition
06:23qui s'appelle le Nouveau Front Populaire.
06:24Qui n'a pas la majorité, je vous rappelle.
06:26Personne ne l'a.
06:28Donc, le Nouveau Front Populaire a dit
06:30nous avons désigné Madame Castey.
06:33Donc, le casting, par conséquent, est assez simple.
06:38Il suffit de nommer Madame Castey
06:41et de lui dire
06:42écoutez, je viens de vous nommer premier ministre
06:44allez donc chercher auprès de l'Assemblée Nationale
06:47la confiance de votre gouvernement.
06:50Et auquel cas, vous aurez tout fait
06:53d'écarter la possibilité de Madame Castey
06:56de faire vos petites affaires
06:58et d'aller chercher sur votre aile droite
07:01parce que ça se terminera comme ça à un moment ou à un autre
07:04avec quelques socialistes que l'odeur du marocain va...
07:07C'est-à-dire qu'on vous dit ça se terminera comme ça ?
07:09Ça se terminera comme ça, ça va se terminer.
07:11Emmanuel Macron va chercher sur son aile droite
07:14c'est-à-dire qu'en fait, il va jouer l'hyper-centre.
07:16Il va chercher sur son aile droite...
07:18Mais avec les socialistes quand même un peu aussi ?
07:20Parce que les macronistes, certains en tout cas, proposent ça.
07:23Une coalition centrale.
07:25On entendait Jean-René Cazeneuve hier dire
07:27des socialistes OLR.
07:28Mais sans les socialistes, il ne pourra rien faire.
07:32Il va chercher une majorité de circonstances.
07:34Il n'y a pas d'autre solution pour lui.
07:36Là où les choses ne vont pas, c'est que
07:38si tôt le lendemain de second tour,
07:41regardant la nouvelle configuration politique,
07:44personne n'a en effet de majorité absolue
07:46ni de majorité relative forte.
07:49Mais il y a une coalition qui est nettement en tête
07:52et deux autres coalitions qui sont derrière.
07:54Donc, pour lever l'hypothèque, comme on dit,
07:57Emmanuel Macron aurait dû, face à ce nouveau paysage politique,
08:00faire appel à la nouvelle coalition
08:03en lui disant, donnez-moi le nom d'un premier ministre.
08:07Cette coalition aurait d'ailleurs été mise sous tension
08:10parce qu'il a fallu 15 jours pour qu'ils s'entendent
08:12sur un profil qui a agréé tout le monde,
08:14toutes les composantes,
08:16pour permettre dans un second temps,
08:18après une censure,
08:20de permettre notamment,
08:22c'est ce qu'on devine à des élus socialistes,
08:24d'être plutôt disponible pour un plan B.
08:27Mais puisqu'il n'est pas passé par cette première étape,
08:29d'une certaine manière,
08:30il s'est mis dans de grandes difficultés.
08:32Mais le concernant cet été, c'est la phrase de Garford,
08:36que j'aime bien,
08:38voici que s'avance l'immobilisme
08:40et nous ne savons pas comment l'arrêter.
08:42C'est-à-dire cette période,
08:44spectaculairement, d'après moi,
08:46d'accélération de crise politique,
08:49qui fait qu'aujourd'hui,
08:51Emmanuel Macron, qui attendait une clarification
08:54de la dissolution,
08:55est dans une situation
08:57qui peut-être, peut-être, est inextricable
09:00et ne permettra pas
09:02une assemblée gouvernable.
09:04La question se pose quand même.
09:06La gauche va peut-être finir par craquer,
09:08il est à Brégançon, tranquillement,
09:09en train d'observer la gauche se diviser.
09:12Les jumelles, ils regardent.
09:14Je vous invite, évidemment, vous l'avez déjà sans doute vu,
09:16M. Glucksmann, j'allais y venir,
09:18qui appelle à se séparer un petit peu des...
09:20Pardon, mais d'être familière,
09:22mais du boulet insoumis quand même.
09:24Attendez, parce que je ne comprends rien.
09:26Donc, de temps en temps, M. Glucksmann...
09:28On ne comprenait rien à Raphaël Glucksmann.
09:31Mais évidemment, puisque de temps en temps,
09:32M. Glucksmann va à la soupe,
09:34et de temps en temps, il n'en veut plus...
09:36Il a dit que c'était pour faire barrage au RN.
09:37Il s'en est expliqué.
09:38Ce monsieur est un enfant qui fait des caprices.
09:41De temps en temps, il veut bien manger la soupe,
09:43si on lui promet...
09:44Attendez, c'est mange ta soupe,
09:46tu auras un cadeau.
09:48Le cadeau, il l'a eu,
09:50il a fait barrage au RN.
09:52Après, le lendemain, il ne veut plus la manger.
09:54Ecoutez, tout ça n'est pas raisonnable.
09:56Je vois très bien ce que veut faire M. Glucksmann,
10:00mais tout ça ne me paraît pas raisonnable.
10:02Et pourquoi donc ?
10:04Parce que vous comprenez,
10:06vous ne pouvez pas jouer l'union à toute force,
10:10et puis après vouloir vous démarquer, etc.
10:13Maintenant, il faudrait daigner à M. Mélenchon,
10:18qui gouverne toute la gauche depuis longtemps,
10:21c'est lui le patron, c'est lui le chef.
10:23C'est d'ailleurs ce que déplore Raphaël Glucksmann,
10:25il le dit à 20h02 au deuxième tour.
10:28M. Glucksmann s'imagine qu'on peut,
10:30impunément si j'ose dire,
10:32se passer de M. Mélenchon.
10:33Mais c'est très difficile de se passer de M. Mélenchon aujourd'hui.
10:36Ah bon, Olivier d'Artigolle,
10:37vous pensez que c'est très difficile ?
10:39Je vois le gros sourire d'Olivier d'Artigolle.
10:41Il ne peut pas dire le contraire.
10:42Il y a eu un moment, Glucksmann,
10:44pour la gauche française,
10:45au moment des européennes.
10:46Ah oui ?
10:47Non, il y a eu un frémissement de feu
10:50de la social-démocratie,
10:51d'un certain discours.
10:53Puis, ça s'est arrêté net pour M. Glucksmann,
10:57qui n'était pas à la table des négociations
11:00du Nouveau Front Populaire pour la place publique.
11:02Il s'est fait porter pâle,
11:03qui a boudé ce temps politique,
11:06tout en disant aujourd'hui
11:08que le Nouveau Front Populaire
11:09est uniquement une alliance électorale.
11:12Il n'a pas totalement tort.
11:14Bien sûr que non.
11:15Parce que cette alliance électorale
11:17était là dans un instinct
11:19et c'est bien normal
11:20vu le mode de scrutin de survie
11:22ou d'ambition politique
11:25et avait comme principal ciment
11:28le fait de faire barrage au RN.
11:32Mais cela ne veut pas dire
11:34qu'il n'y a pas,
11:35du côté de Glucksmann
11:36et de sa sensibilité politique,
11:38des batailles à venir.

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