La Macronie est-elle au bord de l’implosion ?

  • il y a 3 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:00Heureux qu'un soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:05Toujours en compagnie de Catherine Ney et de Louis de Ragnel pour passer en revue l'actualité politique.
00:10Et j'ai l'impression qu'on a appris beaucoup de choses, Louis de Ragnel, avec Jean-Christophe Cambadélis,
00:14notamment de l'intérieur du Parlement.
00:16Absolument, c'est toujours très intéressant parce que Jean-Christophe Cambadélis est un expert
00:21de tout ce qui est accord d'appareil, mais au sens noble du terme,
00:25parce qu'à chaque fois, c'est une réflexion qui permet de s'extraire un peu de la tambouille
00:30et de comprendre ce qui peut réellement se passer.
00:32Il faudrait avoir un Jean-Christophe Cambadélis dans chaque parti.
00:35Vous devriez l'engager !
00:37Il est socialiste, donc je pense que les Républicains ne l'engageront pas.
00:41Mais ça permet, je pense à tous les décideurs politiques en l'écoutant,
00:45de pouvoir vraiment s'intéresser au vrai sujet politique.
00:48Catherine Ney ?
00:49Oui, parce que c'est un homme qui n'avait jamais eu l'ambition d'être ministre.
00:54Il voulait être premier secrétaire.
00:56C'est ça qui l'intéressait, parce que ce qui l'intéresse, c'est la mécanique d'un parti,
00:59comment on l'organise, comment on pose ses pions dans les provinces,
01:04dans les circonscriptions, comment on travaille.
01:06C'est toute une machine qui permet de gagner le pouvoir.
01:09Et puis il a été Trotsky-Lambertis, donc il y a fait ses classes.
01:14Bon, il en est sorti, mais ça lui donne une vision d'ensemble
01:17et surtout une connaissance de la gauche, parce qu'il passe son temps
01:20à parler à tout le monde, à monter des stratégies.
01:23C'est celui qui connaît le mieux tout l'appareil politique de la gauche.
01:28Donc c'est toujours intéressant de le voir, mais on a bien senti quand même
01:35que si ce bloc central arrive à se constituer, parce que c'est vrai,
01:43quand on voit le dessin de l'hémicycle, ensemble plus LR ça fait plus,
01:48ça fait 10-12 de plus que LFP.
01:52Mais où les ennuis commencent, c'est qu'aujourd'hui ensemble,
01:56c'est un parti qui a vraiment tombé de moitié, avec des gens qui sont
02:01de très mauvaise humeur contre le Président.
02:03Il y avait une aile gauche qui s'était manifestée au moment de la loi
02:07non votée sur les retraites, qui était comme leader Sacha Houllier,
02:11qui aujourd'hui, piaf, il ne sait pas trop ce qu'il va faire.
02:14Il nous l'a expliqué Jean-Christophe Cambadélis, parce qu'il l'a aussi
02:19au téléphone, parce qu'il n'a pas assez de députés pour faire,
02:23pour l'instant, un groupe. Mais si Gérald Darmanin arrive,
02:29revient au Parlement pour essayer de prendre la présidence du groupe,
02:33ou un peu le leadership, là, il pense qu'il y aura au moins
02:36une vingtaine de députés ensemble qui partiront et qui ne resteront pas.
02:39Et donc le groupe central revient, alors peut-être, sera peut-être
02:44même inférieur dans ces cas-là à ce qu'est aujourd'hui la gauche.
02:48Donc c'est quelque chose, j'allais dire, avant que tout le monde
02:52se soit mis d'accord, je pense que ça va prendre du temps,
02:55et que si on demande la météo de l'été, je ne sais pas si ça sera
02:58des grosses chaleurs, mais en tous les cas, ça va être le grand brouillard.
03:01Et Louis Draganel ?
03:03Je rebondis sur ce que vient de dire Catherine, ça prendra du temps.
03:05Et Emmanuel Macron, là, pour le coup, en est conscient,
03:07il est très lucide, il le dit dans sa lettre, cela suppose de laisser
03:11un peu de temps aux forces politiques pour bâtir des compromis.
03:13Et il explique cette temporalité, d'ici là, le gouvernement actuel
03:17continuera d'exercer ses responsabilités, ça c'est la première étape,
03:20et il se projette déjà dans une nouvelle étape, qu'il décrit,
03:23puis le gouvernement actuel sera en charge des affaires courantes,
03:27comme le veut la tradition républicaine.
03:29Donc, qu'est-ce que ça veut dire ?
03:31Ça veut dire qu'Emmanuel Macron a acté le fait que, premièrement,
03:35aucun bloc ne peut gouverner, puisque même aucun bloc n'a une majorité relative suffisante.
03:40Aucun bloc ne peut gouverner seul.
03:42Voilà, exactement. Deuxièmement, ce que les appareils ne permettent pas,
03:46on voit bien qu'il y a des déclés à beaucoup de déclarations,
03:51on a écouté Xavier Bertrand qui dit qu'il veut une alliance entre Ensemble et les Républicains,
03:56Laurent Wauquiez, on en a parlé à l'instant, qu'il ne veut pas une alliance,
03:59mais pourquoi pas un accord législatif sur un certain nombre de textes.
04:02Bref, on voit bien qu'il y a ces déclarations d'intention,
04:05mais derrière, ça ne suit pas, parce que Laurent Wauquiez a son calendrier
04:08pour la prochaine présidentielle. Bref, tout le monde a un calendrier en tête.
04:11Jean-Luc Mélenchon, Edouard Philippe, et même Gérard Darmanin, on peut l'inclure là-dedans.
04:16Donc, ce que se dit Emmanuel Macron, c'est qu'il n'arrivera pas à forcer les appareils
04:21à bouger suffisamment pour dégager une majorité absolue.
04:25Donc, il prévoit que bientôt, le gouvernement va être chargé de l'exécution des affaires courantes,
04:33c'est-à-dire que le gouvernement va être en mode dégradé.
04:36Il ne pourra plus prendre de grandes décisions,
04:38et comme le gouvernement ne pourra pas prendre des décisions importantes,
04:41ne peut pas, par exemple, soumettre des projets de loi,
04:44ne peut pas décider de la nomination de directeur d'administration centrale,
04:48bref, je ne rentre pas dans le détail, dans la technique,
04:50eh bien, les parlementaires d'eux-mêmes vont se rendre compte
04:53que ça ne peut pas durer au bout de X mois, 1 mois, 2 mois, 3 mois, 4 mois,
04:57et que d'eux-mêmes, les parlementaires vont parvenir à trouver, avec une somme d'individualité,
05:04à former une forme de coalition que les partis n'auraient jamais permis de faire.
05:08Je ne sais pas si c'est clair ce que je dis,
05:09mais donc, ça prendra beaucoup de temps,
05:12et ce que dit Catherine, et ce que dit Emmanuel Macron,
05:14et je pense que, pour une fois, Catherine est d'accord avec Emmanuel Macron,
05:18non, je vous inquiète, Catherine,
05:20mais c'est que ça prendra, c'est-à-dire qu'il ne faut vraiment pas s'imaginer
05:24que la situation va se régler dans les prochaines semaines.
05:26En octobre, on sera peut-être encore là.
05:28Quand il dit, dimanche dernier,
05:30vous avez appelé à l'invention d'une nouvelle culture politique française.
05:34La nouvelle culture politique française, c'est les coalitions que l'on a,
05:37ça ne s'est jamais fait.
05:39Sous la cinquième.
05:40Mais vous voyez bien qu'un pays comme l'Allemagne,
05:44qui est un pays de coalition,
05:46mais quelquefois, ça prend 4 mois, 5 mois,
05:49avant que les gens se mettent d'accord,
05:50mais une fois qu'ils sont d'accord, ils ont tout signé,
05:52et après, ça marche vraiment, derrière un seul homme,
05:55derrière l'agence ELEA.
05:56Mais là, c'est quelque chose de totalement nouveau,
06:00et les Français sont quand même des gens
06:03qui sont absolument les plus réfractaires aux compromis,
06:06parce que ça n'existe pas, les plus intransigeants.
06:08D'ailleurs, leur vote était assez radical.
06:11Je voudrais, si vous voulez bien,
06:13pour montrer que la majorité présidentielle,
06:17non, le camp présidentiel, puisque c'est plus une majorité,
06:19n'est pas défait, mais il commence à s'effriter,
06:22que certains prennent la tangente à droite ou à gauche,
06:25écoutez ce que dit Gérald Darmanin, ce matin,
06:27sur Europe 1 et sur CNews.
06:28Il vient de la gauche, je viens de la droite.
06:30Il est élu en Ile-de-France, je suis élu en province.
06:33Voilà, je pense que nous sommes complémentaires.
06:35Et je pense qu'il faut, avec Gabriel Attal, me semble-t-il,
06:38que l'on puisse parler, demain ou après-demain,
06:40sur comment on peut aider notre camp politique à aller mieux.
06:44On a très bien travaillé ensemble depuis 7 ans,
06:46il n'y a pas de raison que désormais nous soyons en concurrence,
06:48me semble-t-il.
06:49Aujourd'hui, la question des hommes n'intéresse peu,
06:52c'est la ligne politique.
06:53Incontestablement, nous avons un moment
06:55où nous devons dire que nos égos personnels
06:57doivent passer après la ligne politique.
06:58Voilà ce que dit Gérald Darmanin,
07:00et qui vise à droite.
07:01On sait qu'il a rencontré, comment ?
07:04Oui, oui, non mais je dis que Gérald Darmanin
07:06est quand même quelqu'un qui a un peu poussé le Président
07:09à dissoudre, c'était dans leur conversation.
07:11Il a été un des premiers qui a évoqué cette situation,
07:13notamment le retour en voyage en Nouvelle-Calédonie,
07:17parce que je crois que lui, il voulait quitter Bovo
07:22parce qu'il est fatigué, il a le droit d'être fatigué,
07:24et tout ça.
07:25Et d'ailleurs, il l'a répété, je crois, tout à l'heure,
07:29dans la journée, il a dit,
07:30bon, il faudrait s'entendre, c'est vrai,
07:32il faut jeter les rancunes à la rivière,
07:34parce qu'il y en a beaucoup aussi,
07:35il y a des tombereaux de rancunes qu'il va falloir jeter,
07:37mais il dit, je donnerai volontiers ma place au gouvernement,
07:41parce qu'il veut quitter le gouvernement.
07:43Et donc là, il a un mois pour choisir.
07:45S'il n'y a pas un nouveau gouvernement,
07:49alors il a un mois pour choisir entre l'Assemblée,
07:52et Bovo.
07:54Mais si le Président lui demande de rester,
07:56qu'est-ce qu'il fait ?
07:57Exactement.
07:58Il ne peut pas.
07:59En réalité, dans le fond, il ne peut pas choisir.
08:02Et pour Gérald Darmanin,
08:03la lettre d'Emmanuel Macron est plutôt une mauvaise nouvelle
08:05par rapport à son calendrier.
08:06Gérald Darmanin, lui, se rêve de créer un groupe
08:09à l'Assemblée Nationale,
08:10parce qu'il sait que la prochaine présidentielle
08:12se rejouera dans l'hémicycle.
08:13Et de l'autre côté,
08:14le fait qu'Emmanuel Macron évoque la possibilité
08:16d'un gouvernement qui exécute les affaires courantes,
08:20ça veut dire que ça peut durer une éternité.
08:22Et en fait, Gérald Darmanin voit bien que le 18 juillet prochain
08:28aura lieu l'élection du Président ou de la Présidente
08:30de l'Assemblée Nationale.
08:31Il y aura la composition des groupes à l'Assemblée Nationale.
08:34Et Gérald Darmanin veut tout faire,
08:36surtout pour lui, aller vite.
08:37Là où Emmanuel Macron veut prendre son temps.
08:39Et Gérald Darmanin sait très bien que le 18 juillet,
08:42si Emmanuel Macron lui dit
08:44« Vous restez, Gérald, au ministère de l'Intérieur »,
08:48il peut tirer un trait sur la possibilité
08:50de présider son groupe à l'Assemblée Nationale
08:52pour ensuite essayer d'exister et créer quelque chose pour 2027.
08:57Ce qui est assez étonnant,
08:58c'est que là où Gérald Darmanin,
09:00comme le Président de la République,
09:01dit qu'il faut mettre ses ambitions de côté,
09:04qu'il faut privilégier la nation,
09:06en fait, on en revient toujours intuitus personnais.
09:08On en revient toujours à l'agenda de chaque personne,
09:12de chaque ministre.
09:13« Je veux être ministre. »
09:14« Non, je veux être député. »
09:15« Non, je veux être président de l'Assemblée Nationale. »
09:17Après des électeurs qui sont quand même assez échaudés,
09:2011 millions ont voté pour l'ERN,
09:23et puis finalement, c'est une majorité de gauche
09:25qui se dessine en nombre dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale.
09:29Qu'est-ce que vous voulez que les électeurs comprennent à tout ça ?
09:32Qu'est-ce que vous voulez que les électeurs,
09:33alors qu'on est là en train de parler de destin personnel,
09:36alors que les électeurs disent « Non, il faudrait quand même que ce pays marche »
09:39et on leur explique qu'en l'état, il ne peut pas marcher.
09:41On est contre quand même de l'imbroglio dans lequel on se trouve ?
09:43Pour les électeurs de l'Assemblée Nationale,
09:46de voir tous ces tripatouillages qui vont mener à quoi, j'en sais rien.
09:49Parce que si ça dure plusieurs mois, je ne sais pas,
09:52deux mois, trois mois sans gouvernement,
09:54ça serait insupportable.
09:55Parce qu'il y a des tas de...
09:56Par exemple, les agriculteurs,
09:57il y avait une loi qui était votée à moitié,
10:00dont ils avaient vraiment besoin pour savoir un peu,
10:02pour y voir clair dans la conduite.
10:04Avec des mesures.
10:05Avec des mesures.
10:06Et là, qu'est-ce qu'on fait de cette loi ?
10:07Comment on peut laisser tomber des gens
10:09dont Attal avait dit « C'est la priorité numéro un ».
10:12Comment on peut laisser traîner les choses comme ça ?
10:14C'est insupportable.
10:15Il y a plusieurs projets comme ça qui sont en suspens.
10:18C'est insupportable pour les Français.
10:19Donc, pour ceux qui ont voté Rassemblement National,
10:22qui sont très déçus,
10:23dans le fond, tout ce qu'ils voient,
10:25ça ne donne pas envie de renier leur vote.
10:27Et moi, on se demandait, après tout,
10:29pour Mme Le Pen,
10:30est-ce que ces 10-11 millions de voix qu'elle a eues,
10:33est-ce que c'est un matelas...
10:35C'est vrai qu'elle a un matelas dégonflable,
10:38au contraire, un matelas solide pour la prochaine élection.
10:42Dans ce cas-là, elle est assurée d'être en tête,
10:45en premier tour,
10:46parce que là, il n'y aura pas de triangulaire.

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