Experts de l'ombre _ Quand les images parlent

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La photographie judiciaire: Ils sont parmi les premiers à arriver sur la scène du crime. Ils y capturent des images cruciales. Quels sont les indices qu’ils ont photographiés et qui n’ont pas été perçus par les enquêteurs ? Et qui sont les experts qui les analysent ?

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Transcript
00:00On trouve une femme dans le stationnement d'une église.
00:10Le tueur n'a laissé aucune arme ni indice.
00:14L'enquête d'un suicide prend soudainement une tournure inquiétante.
00:20Pourra-t-on prouver qu'il s'agit d'un homicide grâce à un appareil photo?
00:28L'incendie d'une pension pour personnes âgées cause la mort de 15 personnes.
00:34A l'aide de seulement quelques photographies,
00:37le coroner mettra six ans à prouver que la tragédie n'était pas accidentelle.
00:44Les photographes judiciaires conservent sur pellicule des données importantes qui ont échappé à l'œil nu.
00:53Les nouveaux détectives peuvent dès lors recourir à ces indices photographiques pour établir la preuve.
01:23En mars 1989, à Fairfax County, en Virginie,
01:36un homme téléphonait à la police pour signaler qu'une femme était tombée sur le pavé glacé du stationnement de l'église.
01:42De retour au poste, l'agent de police rédigea son rapport.
01:46La femme n'était pas tombée accidentellement, elle avait été assassinée.
01:51Au quartier général de la police, le photographe judiciaire Jeff Miller savait que la nuit à venir serait longue.
01:57Il prit son matériel et partit rejoindre les enquêteurs qui se réunissaient sur la scène du crime.
02:04Miller est photographe depuis 18 ans pour la police de Fairfax.
02:09Au cours de sa longue carrière, il a examiné quantité de scènes de crimes à travers sa lentille.
02:19Il est en quelque sorte l'œil de la justice et ses photos en sont la mémoire.
02:26Les enquêteurs arrivèrent au stationnement et mirent au point leur stratégie.
02:32Le détective Ed Guckenberger menait l'enquête. L'équipe recueillait les indices, tous comptaient sur Miller.
02:40Grâce à son appareil photo, les experts pourraient réexaminer les indices tels qu'il les avait trouvés sur la scène
02:46et peut-être trouver la piste qui les mènerait aux meurtriers.
02:51On tente de capturer l'essentiel de la scène du crime.
02:54On doit fournir à la cour une vue exacte de la scène telle qu'elle s'est présentée à nous.
03:00Miller dressa d'abord un plan de la scène.
03:05Les premiers indices étaient simples mais témoignaient d'une violence évidente.
03:09La victime gisait sur le dos dans une mare de sang.
03:12Elle avait reçu plusieurs coups de feu et avait été tuée d'une balle dans la tête.
03:18Pas très loin de son corps, on retrouva son sac à main intact.
03:22Le vol n'était donc pas le mobile de ce crime.
03:26Malgré l'obscurité, Miller commença par prendre une vue d'ensemble de la scène.
03:30Pour ne perdre aucun détail, il recourt à une technique spéciale.
03:36L'appareil photo est posé sur un trépied.
03:39L'obturateur demeure gant ouvert, mais un assistant recouvre l'objectif de l'appareil.
03:44Miller se déplace au bord de la scène à photographier.
03:48Chaque image de la pellicule est exposée à la lumière du flash à plusieurs reprises,
03:53jusqu'à 24 fois pour une même scène, selon un angle à chaque fois légèrement différent.
04:00Voici la photo qu'obtint Miller.
04:03Les lumières vives ressemblent à des lampadaires, mais il s'agit en fait du reflet du flash.
04:10Même s'il tenait le flash dans sa main au moment de la photo,
04:13Miller n'apparaît pas dessus parce qu'il se trouve derrière la lumière.
04:17Contrairement aux indices qu'il capture sur pellicule, il reste invisible.
04:23Après avoir pris un plan d'ensemble, il photographia chacun des détails de la scène.
04:30Miller se rapprochait de plus en plus de la victime.
04:35Puis il photographia ses blessures et la position de son corps.
04:50Il découvrit ensuite des traces de pneus sur le sol ensanglanté près de la victime.
04:57On envoya des agents suivre ces traces.
05:00D'autres experts restèrent sur les lieux pour poursuivre les recherches.
05:06Miller trouva ensuite deux douilles de projectiles.
05:11Le témoin qui avait appelé la police avait garé sa camionnette à cet endroit précis.
05:17Miller photographia ces indices sans faire déplacer la camionnette pour laisser la piste intacte.
05:28Pendant que le photographe cherchait d'autres indices,
05:31les agents revinrent de leurs recherches dans les environs.
05:35Ils avaient trouvé une voiture abandonnée à environ un pâté de maison.
05:39Ils firent les vérifications d'usage.
05:41L'auto appartenait à la victime.
05:46L'endroit où se trouvait l'auto devenait une deuxième scène de crime.
05:51Miller photographia cette nouvelle scène sous tous ses angles.
05:54Il espérait découvrir comment le corps de la femme s'était retrouvé à une telle distance de son véhicule.
06:03Miller procéda de la même façon que Miller le photographia.
06:07Miller procéda de la même façon que dans le stationnement.
06:10Il commença par photographier la scène à distance, puis il fit des plans rapprochés.
06:16La vitre de la portière de gauche avait été fracassée.
06:19Il y avait des fragments de verre à l'intérieur de la voiture.
06:24On retrouva une cartouche dans la neige du côté gauche de la voiture.
06:30Une balle s'était logée dans une moulure de plastique.
06:35De l'autre côté de la voiture, Miller trouva un nouvel indice.
06:40Sur la mince couche de neige, on pouvait discerner une empreinte de pas,
06:44trop grande pour provenir de la victime.
06:48Les experts judiciaires auraient du mal à faire un moulage de cette empreinte.
06:53Mais il devait agir vite, car elle disparaîtrait dès le lever du soleil.
06:57Miller se dépêcha donc à prendre quelques photos pour conserver ses indices.
07:05On peut prélever l'empreinte à même le sol quand il est gelé,
07:09et la conserver à une certaine température.
07:13Parfois cela fonctionne, d'autres fois non.
07:17Il y a également des produits chimiques que l'on peut vaporiser pour aider à sa conservation.
07:24Mais tout compte fait, la photo demeure la preuve la plus fiable et la plus fidèle à l'original.
07:31On se mit à la recherche d'autres indices dans le quartier.
07:36Un agent découvrit une voiture abandonnée à environ un kilomètre du stationnement de l'église.
07:42Apparemment, la voiture avait dérapé et aboutit dans un fossé.
07:48Cette seconde voiture devenait l'indice de la première.
07:52La première voiture a été retrouvée dans le quartier.
07:55Elle a abouti dans un fossé.
07:59Cette seconde voiture devenait la troisième scène de crime au cours de cette nuit mouvementée.
08:05Il s'agissait de trouver comment elle était reliée aux deux autres.
08:11Sur la banquette, l'agent aperçut un holster de cuir.
08:16Il vérifia les plaques d'immatriculation.
08:19Par une étrange coïncidence, le propriétaire était un voisin de la victime.
08:25À l'aube, Jeff Miller examina de nouveau le stationnement de l'église.
08:30Il espérait que le soleil jetterait un nouvel éclairage sur les lieux.
08:34La neige avait fondu.
08:36Nous voulions vérifier l'asphalte et nous assurer que nous avions recueilli tout ce qu'il y avait à trouver.
08:41Il n'était pas question de mettre quelque chose.
08:43Une fois que nous avons quitté les lieux, nous ne pouvons plus revenir en arrière.
08:48Ces efforts ne furent pas vains.
08:51Il découvrit des fragments de verre que la neige avait dissimulés.
08:56Si ces fragments provenaient de la vitre brisée de la voiture de la victime,
09:00cela signifiait que la voiture se trouvait dans le stationnement au moment du meurtre.
09:13Il y avait également un projectile à l'extrémité du stationnement.
09:17Des analyses confirmèrent ultérieurement qu'il était identique à celui qui avait été trouvé dans la voiture de la victime.
09:32Pendant que Miller examinait le stationnement, Ed Guckenberger se mit en route.
09:37Son premier arrêt fut la maison de la victime.
09:40Lors d'un homicide, les membres de la famille sont les premiers à se rendre à la maison.
09:44Les membres de la famille sont les premiers suspects.
09:51Lorsque je frappe à une porte, je dois rapidement me faire une idée du type de personne qui me répond.
09:57Dans ce cas-ci, c'était un mari en robe de chambre.
10:01Je l'avais réveillé.
10:08Il m'a dit que sa femme aurait dû rentrer à la maison après sa réunion à l'église.
10:15Quand on est enquêteur d'homicide, il nous faut décoder les gens et juger s'ils sont sincères.
10:26Rien dans le comportement de ce mari n'indiquait qu'il était impliqué dans le meurtre.
10:34Comme les policiers avaient le sentiment que le mari de la victime n'était pas l'assassin, ils suivirent leur seconde piste.
10:40Ils n'eurent pas à aller très loin.
10:43Le propriétaire de l'autre véhicule vivait à deux maisons de la victime.
10:48La police le connaissait déjà.
10:55L'enquête entourant le meurtre d'une femme dans le stationnement d'une église avait débuté dix heures plus tôt.
11:01Jusqu'à présent, le détective Guckenberger n'avait pas encore trouvé du suspect.
11:05Sa seule piste menait au propriétaire de la seconde voiture découverte.
11:10L'homme en question s'appelait Gary Aza Donahue.
11:14Ed Guckenberger lui demanda de se rendre au poste pour l'interroger.
11:19Les membres du gang de motards de Donahue avaient coutume de l'appeler Redneck.
11:24Les policiers le connaissaient à cause de ses antécédents judiciaires.
11:29Donahue déclara à la police qu'il était sorti boire un verre la veille.
11:32En rentrant chez lui, il avait constaté que son chien s'était enfui.
11:36Il avait donc circulé en voiture dans les environs pour tenter de le retrouver.
11:41La chaussée glissante lui avait fait perdre le contrôle de sa voiture qui avait abouti dans un fossé.
11:49Comme il était incapable de sortir son véhicule de là, il était rentré chez lui à pied.
11:57Selon le trajet qu'il avait parcouru,
11:59il était censé être placé devant la voiture de la victime,
12:02mais il déclara qu'il ne l'avait pas vue.
12:05Quand un holster découvert dans son véhicule,
12:08il affirma qu'il appartenait à l'un de ses amis et qu'il n'avait pas l'arme qui allait avec.
12:13Toute cette histoire était douteuse.
12:16Les policiers demandèrent à Donahue de leur remettre sa veste et ses bottes.
12:21Peut-être que ses effets personnels raconteraient une autre histoire.
12:24Donahue accepta sans opposer de résistance.
12:29Dans la chambre noire, Miller développait l'indice le plus prometteur.
12:34Jusque-là, sa participation à l'affaire s'était limitée à prendre des photographies de la scène
12:39sous le plus grand nombre d'angles possible.
12:42Maintenant, il mettait ses connaissances à profit pour trouver des éléments de preuve.
12:48Grâce à la règle posée à côté de l'empreinte lors de la prise de l'arme,
12:51Miller put tirer une épreuve grandeur nature.
12:55L'empreinte d'une semelle peut être aussi révélatrice qu'une empreinte digitale si elle est assez nette.
13:02Miller était satisfait de son cliché.
13:05Aucun détail ne manquait.
13:07Avec cette photo, il pourrait comparer l'empreinte à celle des bottes d'un suspect.
13:15Miller envoya la photographie au laboratoire judiciaire.
13:18Miller envoya la photographie au laboratoire judiciaire pour la comparer aux bottes de Donahue.
13:25Les experts commencèrent par examiner la grandeur des bottes.
13:29Si les photos différaient de quelques millimètres seulement, on ne pourrait jamais établir de correspondance.
13:36Ils examinèrent ensuite attentivement le motif de la semelle
13:40pour vérifier s'il était identique à celui qui apparaissait sur la photo de Miller.
13:45Jusque-là, tout concordait.
13:48À 16 ans venait le moment de vérité.
13:51Déterminer les caractéristiques physiques du sujet à qui appartenait la botte.
13:55Pour ce faire, on doit procéder à un examen minutieux des traces d'usure.
14:02Chacun a sa propre façon d'user ses souliers.
14:05Cela varie en fonction de la taille, du poids, de l'ossature et de la démarche.
14:09Cela dépend aussi du fait que l'on marche les pieds vers l'intérieur ou l'extérieur sur les talons ou les orteils.
14:15Donahue avait inséré une semelle à l'intérieur d'une de ses bottes.
14:20Cette semelle avait contribué à rendre l'usure unique et laissé une sorte de signature.
14:27Enfin, les techniciens comparèrent les bottes et les photos pour y déceler toute trace particulière.
14:36Dans ce cas-ci en particulier, il y avait certaines marques,
14:39certaines coupures ou détails dans le motif de la semelle que l'expert a pu identifier à la fois sur la photo et sur la botte.
14:48Il a pu conclure formellement que seule cette botte avait pu laisser l'empreinte.
14:54Donahue s'était donc trouvé près de la voiture de la victime.
14:58Cela en faisait le principal suspect.
15:01Grâce aux photos de Miller, Guckenberger pouvait continuer à aller de l'avant.
15:04Dans des cas comme celui-ci, les photos sont très importantes.
15:08Sans la photographie de l'empreinte, nous n'aurions disposé que des projectiles.
15:12Quelqu'un peut posséder une arme, mais cela ne prouve pas que c'est lui qui l'a utilisée.
15:16Par contre, on sait qu'une personne porte toujours ses propres bottes.
15:21Les experts examinèrent la veste de Donahue à la recherche de fibres, de cheveux ou de n'importe quoi
15:27qui démontrerait qu'il avait été en contact avec la victime.
15:30Ils trouvèrent des particules de verre.
15:33Où cela les mènerait-il dans ?
15:38Des analyses poussées leur permirent de découvrir que le verre recueilli dans le stationnement
15:43prevenait bien de la voiture de la victime.
15:46Si les fragments qui se trouvaient sur la veste de Donahue étaient identiques,
15:50on pourrait en conclure qu'ils se trouvaient sur les lieux lorsque la vitre avait été frappée.
15:54Les résultats furent positifs.
15:57Les policiers étaient en mesure de prouver que Donahue s'était trouvé dans le stationnement
16:01et peut-être même à bord de la voiture au moment du meurtre.
16:05Les traces de pneus étaient le prochain indice à examiner.
16:09La victime ne pouvait pas avoir roulé en voiture dans son propre sang.
16:13Elle était donc morte dans le stationnement
16:16et quelqu'un d'autre qu'elle avait déplacé sa voiture.
16:19En quittant la scène, la voiture a roulé dans la mare de sang de la victime.
16:25Le sang a adhéré aux pneus et laissé des traces sur le terrain de stationnement.
16:33Peu à peu, les indices éparts se complétaient les uns les autres,
16:37en partie grâce au travail du photographe,
16:40mais aussi grâce au travail de la police.
16:43Lorsqu'il y a eu le meurtre de Donahue,
16:45les indices éparts se complétaient les uns les autres,
16:48en partie grâce au travail du photographe, Jeff Miller.
16:53Le seul élément qui manquait était l'arme du crime.
16:58Les analystes examinèrent les projectiles et les douilles
17:01trouvées près de la victime et de sa voiture.
17:06Une autre douille avait été découverte dans la voiture de Donahue.
17:15Les analystes révélèrent que toutes les douilles avaient été tirées à l'aide d'une arme plutôt rare,
17:20un pistolet hongrois de 9 mm de marque Frommer, semi-automatique,
17:25très populaire lors de la Seconde Guerre mondiale.
17:28La forme de l'étui découvert dans la voiture de Donahue
17:31correspondait parfaitement à ce type d'arme.
17:34Mais l'arme était introuvable.
17:38Les policiers examinèrent le secteur, mais ils n'eurent pas de chance.
17:41Quant à Donahue, en dépit de son attitude coopérative,
17:45il jura ne pas l'avoir en sa possession.
17:50Quoi qu'il ait pu faire avec cette arme,
17:53il croyait sans doute qu'il ne courait aucun danger.
18:00Si nous ne disposions pas de cette arme,
18:03nous ne pourrions jamais prouver que c'était lui qui avait fait feu.
18:06Mais la preuve la plus concluante était sans contredit
18:09la photo de l'empreinte de pas de Donahue prise par Miller.
18:13C'était une preuve que n'avait pas prévue Donahue.
18:19Le photographe Miller et le détective Guckenberger
18:23consolidèrent leur enquête.
18:26Les fragments de verre, les douilles, les projectiles
18:29et l'empreinte de bottes leur permettaient de prouver hors de tout
18:32doute raisonnable que Gary Aza Donahue était l'auteur du meurtre.
18:45Les photographies de Miller furent déposées comme pièces à conviction
18:49et présentées au grand jury,
18:52qui émit par la suite les chefs d'inculpation.
18:55Ces indices photographiques permirent d'établir la suite
18:58des événements de cette nuit fatale.
19:01Je crois que ce qui s'est produit, c'est que M. Donahue roulait en voiture.
19:05Il a emprunté la mauvaise rue pour se rendre chez lui,
19:08sans doute parce qu'il était ivre.
19:11Donahue perdit alors le contrôle de son véhicule,
19:14qui dérapa dans le fossé.
19:17En colère, il sortit de la voiture et reprit la route à pied
19:20pour rentrer chez lui.
19:23La victime roulait sur cette même rue.
19:26Elle reconnut la voiture pour l'avoir vue depuis plusieurs années.
19:28Donahue l'avait achetée à un autre voisin.
19:34Elle a peut-être voulu faire une bonne action.
19:37Elle s'est arrêtée et lui a offert de monter.
19:40Peut-être aussi lui a-t-il demandé d'arrêter
19:43ou encore a-t-il sorti son arme pour l'y obliger.
19:49Ils ont roulé jusqu'au stationnement de l'église.
19:52Là, quelque chose est arrivé.
19:55Nous ignorons exactement quoi.
19:58Quand on fait une enquête entourant un homicide,
20:01nous ne répondons pas toujours à toutes les questions.
20:21Elle est tombée au sol et gisait sur le dos.
20:24Donahue s'est avancé vers elle.
20:27Il a placé son arme à quelques centimètres de son visage
20:30et l'a tuée.
20:42Il a ensuite quitté la scène du crime
20:45au volant de l'auto de la victime.
20:48Puis, pour une raison inconnue,
20:50probablement à cause de son état d'ébriété,
20:53il a dérapé de nouveau et embouti un arbre.
20:56Il a décidé de vider son arme.
20:59Il y avait encore une cartouche dans le chargeur.
21:02Il l'a éjectée par la vitre de l'auto du côté du conducteur.
21:05Elle est tombée sur le sol tout à côté du véhicule
21:08là où on l'a retrouvée.
21:11Pour une raison qu'on ignore,
21:14il sortit de la voiture par la portière de droite,
21:17laissant ainsi l'empreinte de sa botte dans la neige.
21:20C'est ce qu'il a fait.
21:35Les individus qui tuent par pure méchanceté
21:38sont les tueurs les plus dangereux.
21:41Il n'avait aucune raison de tuer cette femme.
21:44Ce n'était pas le genre de personne
21:47qui se met en situation de péril.
21:50Elle n'est pas ce genre de personne.
22:20Les tueurs sont de plus en plus fréquents
22:23même s'ils n'en demeurent pas moins choquants.
22:27À la morgue de Dade County, en Floride,
22:30on voit la mort sous tous ses visages,
22:33qu'elle soit naturelle ou non.
22:36Les photographes judiciaires de la morgue
22:39ont pour tâche de photographier les blessures
22:42et les caractéristiques particulières de chaque cadavre.
22:45En 1975, la police de Dade County
22:48fut appelée à enquêter sur un cadavre.
22:53Le corps de Jack Sebastian
22:56gisait au sol une carabine de calibre 12 à ses côtés.
23:03La procédure veut que l'on prenne des photographies
23:06dès qu'il y a décès.
23:09La petite amie de la victime déclara
23:11qu'elle était à l'extérieur de la maison
23:14lorsqu'elle avait entendu la détonation.
23:18Sébastien n'avait laissé aucune note d'explication.
23:23À la morgue, un des membres de l'équipe
23:26eut des doutes en voyant la blessure de Sébastien.
23:29Il appela le médecin légiste Jay Barnhart.
23:34Ce dernier examina attentivement la blessure
23:37et la mesura.
23:39Il tira la conclusion préliminaire
23:42qu'il ne pouvait pas s'agir d'un suicide.
23:46Le coup de feu avait atteint Sébastien entre les deux yeux.
23:49Tout autour, il y avait des petites brûlures
23:52causées par la poudre explosive expulsée du canon de l'arme.
23:58Si Sébastien n'avait tenu l'arme directement contre sa tête,
24:01la poudre n'aurait pas ainsi marqué son visage.
24:04Selon Barnhart, il fallait que l'arme
24:06fût à une certaine distance du front de Sébastien
24:09lorsqu'on avait appuyé sur la détente.
24:12Quelque chose clochait,
24:15et Barnhart était résolu à découvrir de quoi il s'agissait.
24:18Le médecin légiste commença par faire photographier
24:21les blessures de Sébastien.
24:32Ensuite, il radiographia la tête de la victime
24:34pour examiner les dommages internes.
24:37Sur la radiographie,
24:40il put distinguer la trajectoire des plombs.
24:44Voici la radiographie qui nous montre
24:47la dispersion des plombs dans le crâne.
24:50Le point d'entrée se trouve immédiatement
24:53au-dessus de l'arête du nez.
24:56Si on trace des lignes entre ce point
24:59et l'endroit où se trouvent les plombs,
25:01on peut constater qu'ils se trouvent
25:04à gauche et sous le point d'entrée.
25:07Cela signifie que le coup est venu
25:10de plus haut et de la droite de la victime.
25:17Barnhart devait ensuite vérifier
25:20si Sébastien n'avait physiquement pu tenir l'arme
25:23selon l'angle indiqué sur la radio.
25:26Cela n'eut pas été très facile.
25:28Les chercheurs placèrent le fusil dans les mains du cadavre
25:31pour vérifier s'il avait pu tirer.
25:34Ses doigts atteignaient à peine la détente.
25:38Ils tentèrent ensuite de vérifier
25:41s'il s'était servi de ses pieds.
25:44Il y serait parvenu s'il avait étenu pied.
25:47Mais Sébastien portait des bottes à bout arrondies
25:50et il lui aurait donc été impossible
25:53d'appuyer sur la détente.
25:55Les prises peuvent sembler insolites.
25:58Elles n'en sont pas moins nécessaires.
26:01Devant les tribunaux, on doit être prêt
26:04à répondre aux questions les plus inattendues.
26:07On pouvait nous demander s'il était possible
26:10qu'il se soit trouvé dans son lit
26:13et qu'il se soit mis le pied par-dessus la tête pour tirer.
26:16S'il avait été nu pied, nous aurions été obligés
26:19de répondre oui.
26:22Le médecin légiste n'était pas encore satisfait des résultats.
26:25Barnard et son équipe firent des tirs d'essai
26:28sur des plaques à des distances variants
26:31entre 25 cm et 2 m.
26:34À 30 cm, la déflagration était assez puissante
26:37pour que la plaque se fende.
26:40L'impact était énorme.
26:43À 60 cm, l'impact était moins important
26:46à cause de la plus grande dispersion des plombs.
26:49À 1,20 m, le trou était deux fois plus gros
26:52puisque les plombs étaient encore plus dispersés.
26:55À 1,80 m, on pouvait clairement voir
26:58des marques de plomb sur toute la plaque.
27:01Ces analyses permirent à Barnard de conclure
27:04que le canon de l'arme se trouvait à une distance minimale
27:07de 45 cm de la tête de Sébastien,
27:10quelqu'un d'autre que la victime
27:13avait donc appuyé sur la détente.
27:16Mais le jury n'arriverait peut-être pas à conclure
27:19qu'il s'agissait d'un meurtre avec cette seule analyse.
27:22On fit appel au service d'imagerie judiciaire
27:25pour montrer la preuve.
27:28Todd Reeves, de Dade County,
27:31dirige l'un des meilleurs services d'imagerie aux États-Unis.
27:34On y retrouve plus de 1 000 m2 d'équipements photographiques
27:37ultra sophistiqués.
27:40On peut aussi bien y photographier des indices immenses
27:43que des éléments de preuve invisibles à l'œil nu.
27:48En misant sur la qualité,
27:51on peut fournir au jury une meilleure description des choses,
27:53et c'est ce que nous apportons en cours.
27:56Des faits, pas de la fiction.
27:59Tel est le rôle de la photographie judiciaire professionnelle.
28:02Toute blessure a son histoire.
28:05Dans le cas de Jack Sébastien,
28:08les marques autour de la blessure apportaient davantage de détails.
28:12Lors d'un coup de feu,
28:15le projectile n'est pas le seul élément propulsé hors du canon.
28:18Un éclair de feu, une décharge de gaz,
28:20un peu de fumée et des étincelles s'en échappent aussi.
28:24Chacun de ces éléments laisse des marques.
28:28Si le canon se trouve directement contre la cible,
28:31tous ces débris pénètreront à l'intérieur de la blessure.
28:35Plus le canon est éloigné, plus les débris se disperseront.
28:41Sur les photographies prises lors de l'autopsie de Sébastien,
28:44on pouvait voir toute une série de points
28:47autour de la blessure principale.
28:50Il y avait également des blessures sous les yeux,
28:53sur le nez et l'une des pommettes de la victime.
28:56Ces blessures avaient été causées par l'explosion
28:59de la pellicule de plastique qui retenait les plans.
29:03Mais à quelle distance se trouvait l'arme
29:06pour que cette pellicule ait le temps d'éclater ainsi ?
29:09Barnhart espérait que les photographies à haute vitesse
29:12de Reeves répondraient à ces questions.
29:17Cela permet aux médecins et aux policiers
29:20de voir des choses qu'ils n'auraient pas vues à l'œil nu,
29:23des choses qui peuvent atteindre 15 fois la vitesse du sang.
29:29Grâce à cette technique,
29:32on peut voir un projectile dans sa trajectoire.
29:35Mieux encore, les enquêteurs peuvent examiner,
29:38photogramme par photogramme,
29:41les dommages causés par un projectile
29:44lors de son impact avec la cible.
29:47On peut alors démontrer que tel type de projectile
29:50a causé tel genre de blessure.
29:53Si les détectives n'ont pas retrouvé l'arme du crime
29:56ou le projectile fatal,
29:59ces photos peuvent les aider à compléter les identifications.
30:03Reeves et Barnhart mirent au point un test
30:06pour établir la distance entre la tête de Sébastien
30:09et le canon de l'arme qui l'avait tué.
30:17Ils installèrent un fusil sur un support parfaitement horizontal.
30:24Ensuite, ils mirent en place deux appareils photos
30:27le long de la ligne de tir.
30:30Lorsque le projectile et les autres éléments
30:33quitteraient le canon de l'arme,
30:36ils passeraient devant les objectifs
30:39qui prendraient alors des clichés.
30:42Il était crucial que l'arme soit bien stable
30:44lors du coup de feu.
30:47Ils chargèrent le fusil du même type de munition
30:50que celle qui avait tué Sébastien.
30:56Reeves installa ensuite un micro
30:59près du canon de l'arme.
31:02Ce micro enregistrerait la détonation
31:05et activerait un flash.
31:08Une règle posée derrière le micro
31:11mesurerait la distance parcourue par le projectile
31:14à cause de la pellicule de plastique.
31:18Ce flash réagit au demi-millionième de seconde.
31:21Il est nécessaire pour la photographie à haute vitesse.
31:28Pour obtenir une image nette,
31:31Reeves et Barnard devaient installer l'appareil photo
31:34le plus près possible du projectile.
31:37Ils devaient donc d'abord déterminer
31:40le meilleur endroit pour le placer.
31:42Ils utilisaient un polaroïd.
31:45Le processus de développement rapide
31:48leur permettrait de faire des tests
31:51avant de placer correctement le deuxième appareil photo.
31:55Pour le test en tant que tel,
31:58ils utilisaient un appareil 35 mm
32:01et de la pellicule à haute sensibilité.
32:04Les experts étaient maintenant prêts
32:07à tenter l'expérience.
32:12Si tout se déroulait normalement,
32:15ils disposeraient bientôt d'une preuve irréfutable.
32:18En examinant la photo du projectile et de ses composantes,
32:21Barnard pourrait ensuite établir le moment
32:24où la pellicule avait éclaté et blessé Sébastien au visage.
32:32Après chaque détonation,
32:35Reeves éloignait le micro du canon de quelques centimètres.
32:38Ainsi, le flash serait activé un peu plus tard
32:40et le projectile parcourrait une distance plus longue.
32:43L'appareil photo pourrait capter
32:46le moment de l'éclatement de la capsule.
32:53Lors du premier essai,
32:56la pellicule de plastique ne s'ouvrit pas.
33:01À une distance de 45 cm,
33:04la capsule commença à s'ouvrir,
33:07libérant ainsi les plombs avant de tomber.
33:10À 75 cm, elle eut le temps de s'ouvrir complètement.
33:15Barnard et Reeves étaient parvenus
33:18à dresser un plan de la trajectoire du projectile,
33:21point par point.
33:25En comparant la blessure aux photos,
33:28les enquêteurs purent conclure que l'arme
33:31était de 45 à 60 cm du visage de Sébastien.
33:36Les résultats corroboraient les analyses préliminaires de Barnard
33:38et fournissaient du même coup
33:41la preuve que Sébastien ne s'était pas tué.
33:50Les policiers affrontèrent ensuite Diane Shelton,
33:53la petite amie de Sébastien, avec ses preuves.
33:58Elle avoua être l'auteur de ce meurtre
34:01et fut condamnée à 12 ans d'emprisonnement.
34:04La photographie judiciaire a été un outil puissant
34:07pour faire la lumière sur cet homicide.
34:11Parfois, c'est d'ailleurs le seul outil
34:14qui puisse faire la preuve qu'un crime a été commis.
34:19Un coroner de Pennsylvanie était convaincu
34:22qu'un accident tragique était en fait un massacre.
34:25Ses seuls alliés étaient les photos dont il disposait.
34:28La photographie judiciaire allait jouer un rôle déterminant
34:31dans l'enquête entourant l'incendie dévastateur
34:34d'une pension pour gens âgés.
34:37Robert Jennings, qui était alors le coroner de Wayne County,
34:40en Pennsylvanie, mettrait six ans à prouver
34:43que ces morts n'étaient pas accidentelles.
34:46Pendant la majeure partie de sa vie,
34:49Jennings a réussi à assumer son rôle de coroner
34:52sans n'également avoir à faire la preuve.
34:54Il est photographe depuis plus de 45 ans.
35:01Le drame se produisit au cours de la nuit
35:04du 19 octobre 1971.
35:07Un incendie tua 15 résidents de la pension Geyer,
35:10une maison privée rattachée à une ferme
35:13près de Hornsdale, en Pennsylvanie.
35:16Les gens se sont rendus compte
35:19qu'il n'y avait pas d'incendie.
35:21La plupart des victimes furent retrouvées
35:24mortes dans leur lit.
35:27Leur mort avait été causée par l'inhalation de fumée.
35:30Quelques-unes d'entre elles avaient rampé au sol
35:33avant de mourir.
35:36Le coroner Jennings fut dépêché sur les lieux.
35:39A l'aide de son appareil photo,
35:42il tenta de suivre à la trace l'incendie
35:45partout dans le bâtiment malgré l'obscurité.
35:48Il n'y avait pas une minute à perdre.
35:51Il a fait son travail en espérant que ses photos
35:54lui permettraient de découvrir ce qui avait causé l'incendie.
35:57Malheureusement, les photos étaient trop sombres
36:00à cause de l'obscurité et la fumée.
36:11A contre-coeur, il rentra chez lui
36:14et attendit le lever du soleil.
36:17Lorsqu'il retourna sur la scène le lendemain matin,
36:19la fumée s'était dissipée
36:22et il y avait assez de lumière pour prendre
36:25de nouvelles photos des décombres.
36:28En temps normal, l'obturateur est ouvert à F11.
36:31Mais pour ce type de photo judiciaire,
36:34il faut l'ouvrir davantage, au moins de deux crans,
36:37afin de capter plus de lumière.
36:40Les experts en incendie criminel doivent pouvoir examiner
36:43par exemple le degré de carbonisation des matériaux
36:46et ainsi de suite.
36:49Il parvint à illustrer clairement
36:52les petites écailles noires que le feu avait laissées
36:55sur les matériaux.
36:58Cet effet ne se retrouve que lorsque les flammes
37:01atteignent des températures très élevées.
37:04En éclairant les décombres sous plusieurs angles,
37:07Jennings photographia les variantes de ces écailles.
37:10Plus tard, il pourrait se référer à ces photos
37:13pour suivre la progression des flammes.
37:16Les traces de brûlure sur les murs
37:19indiquaient que le feu avait fait rage dans le couloir.
37:22Une section était presque totalement brûlée.
37:25À un endroit précis, le brasier avait créé
37:28un trou dans le plancher.
37:31C'est à cet endroit de la pension que les dégâts
37:34étaient les plus importants.
37:37Jennings concentra son attention sur ce trou.
37:40Il se glissa en dessous
37:43et en photographia le pourtour.
37:46Normalement, les flammes brûlent de bas en haut,
37:49mais ici, elles semblaient être allées
37:52du haut vers le bas.
37:55Cela signifiait qu'on avait utilisé
37:58un agent accélérateur liquide
38:01qui avait pénétré le plancher,
38:04entraînant les flammes avec lui.
38:07Avant que Jennings n'ait terminé son investigation,
38:10les policiers donnèrent un compte-rendu
38:13de leur enquête.
38:16Selon eux, le feu avait débuté dans la buanderie
38:19d'une sécheuse.
38:22Jennings n'en crut pas un mot.
38:25Il allait passer les six prochaines années
38:28à tenter de réfuter cette conclusion.
38:32Les photographies étaient ses seuls indices.
38:35Le plafond au-dessus de la sécheuse
38:38qui avait présumément été la source de l'incendie
38:41était peu abîmé en comparaison du couloir.
38:44Les fils électriques de la buanderie
38:46étaient intacts.
38:49Jennings avait même trouvé des vêtements dans la sécheuse.
38:53Plus il regardait ses photos
38:56et plus sa conviction grandissait.
38:59Il commença à dresser un rapport.
39:02Aujourd'hui, plus de 25 ans plus tard,
39:05les indices de Jennings sont toujours là pour témoigner,
39:08même si la résidence pour personnes âgées
39:11n'existe plus depuis fort longtemps.
39:14Quelques semaines après l'incendie,
39:17ce qui restait de l'immeuble a été démoli.
39:20La résidence de Jennings a été détruite.
39:23La résidence de Jennings a été détruite.
39:26La résidence de Jennings a été détruite.
39:28Ce qui restait de l'immeuble a été démoli.
39:31Par conséquent, les indices que j'avais photographiés n'existaient plus.
39:35Si je n'avais pas eu ces photos pour les mesurer aux autres indices physiques,
39:39il m'aurait été difficile de résoudre ce crime.
39:45La police d'État fut impressionnée par les photos de Jennings,
39:49mais refusait de conclure qu'il s'agissait d'un incendie criminel.
39:53La raison principale de cet entêtement
39:55était qu'on ne disposait d'aucun suspect.
39:59Si l'incendie avait été allumé délibérément,
40:02qui donc avait gratté l'allumette ?
40:05Les photos de Jennings finiraient par fournir une réponse.
40:09Il rencontra l'infirmière Vauden Lyon,
40:12la seule survivante du sinistre.
40:18Elle lui parla d'un de ses patients, Morris Flynn.
40:22M. Flynn était un simple retraité, très timide.
40:26Il terminait toutes ses journées en lisant la Bible le soir dans sa chambre,
40:30à la lueur d'une bougie.
40:33Il avait donc été étrange de retrouver le corps de cet homme
40:37assis dans la chambre d'un couple.
40:40Il était le seul patient absent de sa propre chambre au moment de l'incendie.
40:45Il était aussi le seul à être complètement nu.
40:48À peine brûlé, il était mort dans une chaise,
40:52les jambes et les bras allongés.
40:56La chambre de Flynn était à quelques vingt mètres
40:59de l'endroit où l'on avait retrouvé son corps.
41:02Il ne pouvait pas avoir parcouru cette distance pendant l'incendie.
41:05Les flammes et la fumée l'en auraient empêché.
41:08Jennings détermina que le brasier s'était déclaré
41:11à l'intersection des couloirs.
41:14Pour que Flynn puisse se rendre à la chambre du couple,
41:16il aurait dû passer à travers les flammes.
41:19Si au contraire, il avait voulu échapper aux flammes,
41:22il aurait pu emprunter la sortie qui se trouvait près de sa chambre
41:25et qui était facile à atteindre.
41:28À partir des informations obtenues suite à l'analyse de son corps,
41:32nous en avons conclu qu'il lui avait été impossible
41:35de franchir cette distance et de croiser l'intersection.
41:38Il ne se serait pas rendu et on aurait retrouvé son corps carbonisé.
41:42Le 8 juin 1972,
41:44Robert Jennings fit exhumer le corps du vieillard.
41:50Avant de pratiquer l'autopsie,
41:53il remarqua que la peau de Flynn était presque rouge cerise,
41:56ce qui indiquait qu'il avait été empoisonné au monoxyde de carbone.
42:01Lors de l'autopsie, il constata que les tissus de ses poumons
42:04avaient absorbé des vapeurs de gasoline peu avant sa mort.
42:07L'interrogatoire de l'infirmière Lyon
42:10donna d'autres informations.
42:12Flynn était le seul pensionnaire qui avait l'autorisation
42:15de détenir des allumettes.
42:18Il s'en servait pour allumer des bougies lorsqu'il lisait la Bible.
42:21Il tondait également la pelouse de la pension,
42:24ce qui lui donnait accès à de l'essence.
42:35Le jour précédant l'incendie,
42:38le comportement de Flynn n'avait pas changé.
42:40Il avait passé sa journée à tempêter
42:43et à réciter des versets de la Bible.
42:49Tout tournait autour du comportement bizarre de M. Flynn.
42:55Pourquoi était-il nu ?
42:58Au cours de la journée, il a déclaré à l'une des infirmières en service
43:01que l'on arrive sur cette terre nue
43:04et que l'on en repart de la même façon.
43:07Cette affirmation nous hantait parce qu'on avait trouvé
43:10son corps nu.
43:16Jennings semblait avoir trouvé un suspect.
43:19La police d'État refusait quand même de revenir sur sa conclusion.
43:23Mais le coroner était tenace.
43:27Au début de 1975,
43:30Jennings croyait disposer d'assez d'indices
43:33pour prouver qu'il y avait eu homicide.
43:36Grâce au pouvoir que lui conférait son titre de coroner,
43:38il composa un jury de six hommes et femmes.
43:41Au cours d'un procès de deux jours,
43:44il présenta ses preuves contre la police d'État,
43:47qui défendait toujours sa position.
43:50Le jury trancha en faveur de Jennings.
43:53L'incendie était d'origine criminelle
43:56et il avait été causé par un suspect encore inconnu.
43:59Les enquêteurs devaient maintenant tenter
44:02de trouver qui avait causé la mort de ces quinze personnes.
44:05On sait maintenant que c'est Flynn qui a allumé cet incendie.
44:09Certains ont soutenu que c'était le résultat d'un esprit dérangé.
44:13D'autres croient que Flynn et les autres pensionnaires
44:16avaient tous accepté de mourir,
44:19convaincus que la mort était préférable à la vie dans cette pension.
44:26Les éléments qui se rapprochent le plus de la vérité à propos de cet incendie
44:31se trouvent sans doute dans les photos de Jennings.
44:35Après le verdict, Jennings émit les certificats de décès
44:39des résidents de la pension Geigel.
44:44Quatorze homicides et un...
44:51Je crois que le jeu en valait la chandelle.
44:54C'était mon devoir de représenter les quatorze victimes
44:58qui avaient payé de leur vie, ainsi que leurs familles, bien sûr.
45:02La photographie judiciaire est l'arme secrète des nouveaux détectives.
45:07On en parle rarement, mais elle joue un rôle crucial
45:10lors de toute enquête criminelle.
45:13Grâce à leur équipement sophistiqué, leur détermination et leur ingéniosité,
45:18les photographes judiciaires sont les yeux et la mémoire des enquêteurs.
45:24Ils sont aussi les avocats de l'enquête.
45:26Car ils contribuent à faire inculper des criminels.
45:56Sous-titrage Société Radio-Canada
46:26Sous-titrage Société Radio-Canada

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