"LES CAVALES FINISSENT MAL EN GÉNÉRAL" / Bandits, truands, escrocs, ils fuient la justice et sèment les forces de police. Cela peut durer 3 jours, 3 ans… ou 30 ans. Dans l’imaginaire collectif, la cavale est une aventure.
Et dans la réalité elle est un style de vie. Comment gérer la peur ? Comment se loger ? Comment trouver de l’argent ? Comment fonder une famille ? Comment échapper aux hommes de la brigade de recherche des fugitifs ?
Ancien de la French Connection, compagnes de braqueurs rois de l’évasion, ils ont vécu au quotidien ces vies en fuite.
Et dans la réalité elle est un style de vie. Comment gérer la peur ? Comment se loger ? Comment trouver de l’argent ? Comment fonder une famille ? Comment échapper aux hommes de la brigade de recherche des fugitifs ?
Ancien de la French Connection, compagnes de braqueurs rois de l’évasion, ils ont vécu au quotidien ces vies en fuite.
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00:00C'était en plein été, la plage était bondée de monde, il faisait très beau ce jour-là et mon mari est arrivé.
00:08Moi je me trouvais là avec ma petite fille de deux ans et demi et là il me dit voilà ça y est on a fait,
00:16on vient de braquer une banque à Saint-Cyprien à quelques kilomètres d'ici et mon mari tout fier en me disant
00:23ça s'est bien passé, on a eu aucun problème et moi je le regarde stupéfait en lui disant
00:29non mais les problèmes ils sont derrière toi parce qu'il y en a partout.
00:33Donc mon mari il s'est retourné quand il a vu que tout ça c'était plein de policiers, il a commencé à prendre la mer.
00:59Pendant trois mois, il nargue les policiers du fond de la forêt de Bonbon près de Melun.
01:14Les lignées de la police sont à ses trousses et toute la presse s'en mêle.
01:18Des images du fugitif tiré d'une caméra de surveillance de la police atterrissent même dans les journaux.
01:25Tout le monde a son avis sur la question et la France entière se passionne pour savoir combien de temps va durer la folle cavale.
01:33C'est ce moment là, le moment de démarrage de la cavale qui donne ce souffle romantique à la cavale ensuite derrière.
01:46Le 20 novembre, fin de partie, l'homme des bois est arrêté chez la fille d'un ami.
01:50Et puis le 20 février 2010, l'ultime fuite, Jean-Pierre Trébert se pend dans sa cellule, il ne sera jamais jugé.
01:58Sa cavale express a relancé le mythe, les fugitifs fascinent.
02:08Imaginez un homme, une femme qui a largué les amarres et file à 200 à l'heure dans la nuit, le feu aux fesses avec juste quelques billets en poche.
02:16Pas de maison, juste une planque et quelques amis et encore quand ils vous voient, ils ont peur.
02:22Alors c'est la fuite vers une autre planque, un autre contact en évitant de se faire remarquer.
02:28Pas de bagage, pas de conversation inutile, pas d'histoire.
02:32Peut-être un truand qui monte des coups, un évadé de prison qui a absolument besoin d'argent.
02:38Ou encore un escroc qui vient de se faire condamner et ne s'est pas présenté à l'audience.
02:44Ils ne reviendront plus chez eux, c'est trop risqué, la police les attend.
02:51Où vont-ils ? Combien de temps peuvent-ils rester clandestins ? Auront-ils assez d'argent, assez de complices ? Auront-ils assez de chance ?
03:01Noël Besse, soeur de François Besse, le lieutenant de Mérines, femme de braqueurs et braqueuses à 16 heures.
03:18Pendant 8 ans, elle enchaîne évasion, cavale, prison.
03:23Laurent Fiocconi, 69 ans, aventurier et dur à cuire, pilier de la French Connection, il a disparu de la circulation pendant 16 ans en Amérique du Sud.
03:38Laurence Charère, épouse Ségura, une gamine qui n'a pas froid aux yeux.
03:43A 18 ans, elle craque pour Dédé, un jeune voyou de 24 ans, une vie d'amour et de fuite avec partout la police.
04:00Et puis, il y a les renards de la BMRF, la brigade très spéciale chargée de traquer les fugitifs de France et de Navarre.
04:07Comment font-ils pour retrouver ces évadés, ces braqueurs qui ont disparu dans la nature depuis des années ?
04:12Quelles sont leurs armes et leurs techniques ? Plonger dans les eaux profondes de la cavale.
04:27Noël Besse, jusqu'à l'âge de 33 ans, elle est inconnue du grand public mais pas des policiers.
04:33Elle est la soeur de François Besse, le roi de l'évasion.
04:36Le 12 mars 1979, le lieutenant de Mérines se fait encore la belle.
04:40Cette fois, c'est du palais de justice de Bruxelles, en plein procès.
04:43Un complice a scotché des armes sous le banc des accusés.
04:47Très vite, les policiers français la soupçonnent d'avoir fait le voyage en Belgique.
04:51Alors, elle se réfugie dans le sud. Elle est mise sous surveillance.
04:55Nous sommes à Saleil, un petit village catalan.
04:59J'ai quitté Cognac parce que j'avais été en garde à vue plusieurs fois par rapport à l'affaire de Bruxelles, l'évasion de François.
05:07Donc, je suis venue me réfugier dans le sud, pensant être à l'abri.
05:13Un samedi soir, il y a eu une bagarre. Et là, on m'a reconnue, la PJ de Perpignan.
05:18Le lendemain, ils sont venus me chercher. Ils m'ont emmenée en pyjama.
05:22Là, ça a été le début de la cavale, parce que là, je fais 72 heures de garde à vue à la PJ de Perpignan.
05:29Et là, je décide que cette histoire de Bruxelles, elle va se régler avec ou sans moi. Mais moi, je quitte la France.
05:36Direction l'Espagne. Entre-temps, son frère s'y est fait arrêter.
05:42Alors, Noël lui rend visite en prison. Et là, c'est le coup de foudre pour un de ses co-détenus espagnols.
05:48Il s'appelle Eric et c'est un braqueur chevronné.
05:53Notre rencontre a été un coup de foudre. C'était au-delà du réel. C'était tellement beau.
06:01Elle ne pense plus qu'à lui. 2 mois plus tard, le bel Hidalgo a une permission de sortie d'une semaine.
06:07Lorsqu'il sort, on a 7 jours pour se poser la question, à savoir s'il va avoir le courage de re-rentrer.
06:19Je pense qu'on, sans même en parler, dans nos yeux, on voyait très clairement que l'attirance était telle que ce n'était pas envisageable de retourner en prison.
06:35Un coup de foudre dans un parloir de prison et la vie de Noël Bess bascule.
06:40Laurence Segura, elle aussi, va céder au charme d'un braqueur, mais elle ne sait pas à qui elle a affaire.
06:46André est un jeune Nîmois fou de moto qui dit travailler dans l'informatique.
06:50Il lui fait la cour assidûment depuis des semaines, mais Laurence résiste.
06:55Quand elle cède à ses avances, il est trop tard et sa vie s'emballe.
07:02Un matin, il est parti. Il me disait que je suis dans l'électronique, VRP dans l'électronique.
07:09C'est sa salade qu'il m'avait racontée, mais je voyais bien qu'il y avait des trucs qui ne clochaient pas.
07:15Et puis après, j'ai entendu un tas de sirènes, des ping-pong, un brouhaha de fou.
07:24Je me suis mis à mon balcon et en bas des appartements, il y avait une caisse d'épargne.
07:29Et en partant, il avait décidé, avec un pote à lui, de braquer la caisse d'épargne,
07:37où j'avais mon petit compte en banque, parce que j'étais pas riche, où j'avais mon compte en banque en bas.
07:43Après, il est revenu me chercher, mais bon, là, j'ai mis le pied dedans.
07:48Je suis montée derrière lui sur la moto, il est venu me chercher et il s'est dit, c'est celle-là, je la veux.
07:59Et il m'a eue, quoi. Et donc, je suis montée derrière lui et on est parti sur les grands chemins.
08:04Et on a été loin.
08:08Un voyou qui a été loin, très loin, c'est Laurent Fiocconi.
08:12C'est qu'il a été élevé par un parrain de haute volée, son oncle Giudicelli.
08:17Très vite, le petit Laurent travaille son CV de bandit corse, maison de correction, proxénétisme, escroquerie et braquage.
08:24Avec le vent nouveau de 68, il se met au trafic d'héroïnes, c'est la French Connection.
08:29Et la connexion pour vendre l'héroïne de Marseille à la mafia new-yorkaise, c'est lui qui l'a.
08:34Mais toutes les bonnes choses ont une fin.
08:37Et en 71, il est extradé avec son complice Jean-Claude Kella vers les Etats-Unis, puis condamné à 25 ans de prison.
08:46Il y reste 3 ans et en 74, il s'évade avec ses complices italiens du pénitencier d'Atlanta.
08:55On avait une voiture qui nous attendait en face, avec les clés sous le paillasson.
08:59On avait un appartement qu'on avait loué, on avait tout préparé.
09:03Et on s'est mis dans un appartement pendant 3 mois.
09:07Mais après, comme on a vu qu'on était un peu découverts et tout, on a voulu changer d'appartement.
09:11Et on s'est séparés des Italiens parce qu'ils étaient toujours... Ils sortaient tous les jours.
09:15Direction Miami, où les attend un avion privé.
09:18Plan de vol, la Colombie, sans passer par la case passeport.
09:23On est arrivés un peu tard, donc on a fait semblant d'être en détresse.
09:28Et on a atterri à 4 heures et demie.
09:31Normalement, on avait... Vous vous intéressez toujours avec le vent en 2 faces.
09:35Et en faisant ça, on arrivait devant les policiers et tout ça.
09:41Donc on a atterri à sens contraire.
09:43Un scandale avec la tour de contrôle et tout ça.
09:46Mais nous, on a pu se jeter au bout de piste.
09:50Et nous autres, nous sommes partis faire la nuit en cartagène, toute la nuit.
09:56Et à la fin, comme on n'avait pas de chambre, on a dormi dans un bordel.
10:00Il n'y avait que là qu'il y avait des chambres.
10:05Nina ?
10:07Qu'est-ce qu'il y a ?
10:10T'es nerveuse ?
10:11Et le lendemain matin, à la terrasse d'un grand hôtel,
10:14Laurent Fiocconi rencontre Nina.
10:16Elle ne sait pas qu'il vient de s'évader et d'atterrir clandestinement en Colombie.
10:20On était à un endroit où il y avait des filles.
10:22Elles étaient là, elles arrivaient, elles sortaient et tout ça.
10:25Et elle est arrivée avec 2 copines, je crois.
10:272 ou 3 copines.
10:29Et donc on les a invitées, si vous voulez, s'asseoir avec nous et tout ça.
10:33Des étrangers, vous pensez, de sud, se sont assises.
10:36Et comme il n'y avait pas de place, j'ai dit, venez vous asseoir sur mes genoux.
10:39Elle est venue s'asseoir sur mes genoux et de fil en aiguille, on est restés ensemble.
10:55De ce temps-là, j'avais la barbe, elle m'a pris pour Jésus-Christ.
10:59J'avais 33 ans, la barbe, elle a dit ça, c'est Jésus-Christ.
11:04Nina, Laurence et Noël n'ont pas pu résister au charme du bandit de grand chemin.
11:11Le voyou, c'est quelqu'un qui fait rêver un certain nombre de personnes.
11:15Parce que finalement, dans sa vie, il va obtenir tout ce que l'homme ordinaire n'obtiendra jamais.
11:21Il va refuser tous les carcans qui sont ceux qui enferment la vie ordinaire de l'homme,
11:29qui va avoir un certain nombre de règles, d'habitudes.
11:33Donc quelque part, il symbolise cette espèce de, même si ce n'est pas une vraie liberté, mais la liberté.
11:39Et effectivement, je crois que c'est pour cette raison-là qu'il fait rêver.
11:46Parce qu'il a brisé quelque part, il a refusé les patrons, il a refusé les horaires,
11:52il a refusé de se plier même au jour et à la nuit.
11:55Il vit la nuit, il vit tout ce qui peut enfermer la vie, finalement, dans des habitudes.
12:01Regarder la télé de telle heure à telle heure, prendre le métro tous les matins à telle heure, etc.
12:07Il le refuse.
12:09Noël Bess et Eric, Laurence et André Sigura, Laurent Fiocconi et Nina.
12:19Trois couples en fuite qui ont tout partagé.
12:22Les bons moments, les vols, les galères.
12:25Et ce qui les a soudés, bien sûr, c'est la peur.
12:28On se relayait pour dormir, 2h, 8h, 2h.
12:31On faisait un roulement pour se reposer, mais c'est même pas du repos.
12:38On se lève le matin, on est fatigué, alors on prend des vitamines.
12:42Dans mon cas, c'est la vitamine.
12:44Pour mon mari, c'est des produits plus forts, déjà.
12:46On est tendu, on est paranoïaque.
12:48On est plus que paranoïaque.
12:50S'il existe un terme, on a l'adrénaline.
12:54Dès qu'on pose le pied le matin du lit,
12:58on est à la limite de la transe parce qu'on se sait poursuivi.
13:03Tu deviens complètement parano.
13:05Le soir, tu as un appartement, tu vis dans un appart,
13:08tu vis autour du bâtiment, tu vois une voiture avec 2-3 mecs à la bouche.
13:14Après, tu apprends à repérer les condés.
13:16Vous voyez quelqu'un d'étrange, vous voyez même un policier,
13:21vous commencez à être en position pour n'importe quoi.
13:28Il y a l'adrénaline qui vous vient, même un peu la peur, plein d'effets.
13:33Vous analysez, vous êtes toujours sur le qui-vive.
13:36Vous êtes à 100% sur le qui-vive, jour et nuit.
13:39C'est très fatigant, mais c'est bien.
13:42Ça vous apprend un peu à vivre.
13:46Il faut se débrouiller tout seul.
13:51Stress, angoisse, coup de chaud,
13:53la cavale est une succession d'accélérations et de doutes.
13:57La principale difficulté, se trouver une bonne planque.
14:01La planque, c'est une maison en principe isolée dans la campagne.
14:05Nous, c'est au bord de la mer,
14:07donc assez relativement facile à louer dans une agence, tout simplement.
14:11Mais ne pas y rester plus de 2 semaines, 3 semaines.
14:15C'est le grand maximum.
14:17Quand je devais changer d'appartement,
14:19on me changeait d'appartement tous les 2 ou 3 mois,
14:22ou de maison.
14:24Quand je voyais un truc louche,
14:26j'avais toujours une maison ou un appartement en retrait,
14:30pour pouvoir partir.
14:32Chaque fois, j'en avais un, et j'avais un autre.
14:35En cas de pépin, je savais où aller.
14:38Et après, ça a toujours été comme ça.
14:41On a vécu pendant 16 ans comme ça.
14:43Pour prendre le minimum de risques,
14:45il faut avoir au moins 2 ou 3 appartements.
14:47Il faut avoir des garages, plusieurs véhicules.
14:50Ça coûte énormément cher, tout ça.
14:52Vivre en cabale, ça coûte 10, 15, 20 fois plus cher
14:57que de vivre de manière officielle, etc.
15:01Et en plus, plus vous êtes recherchés,
15:04plus vous êtes, entre guillemets, chauds,
15:06plus vous avez la police aux fesses,
15:08plus ça va vous coûter cher.
15:11Parce que plus les gens qui vont vous vendre des faux papiers
15:15vont vous les vendre chers,
15:17plus les gens qui vont accepter de vous soulouer des appartements
15:20vont vous demander de l'argent,
15:22plus les gens qui vont vous transporter vont vous taxer.
15:25Et donc, le principal problème, c'est celui de l'argent.
15:28Pour trouver de l'argent pour financer leur cabale,
15:31Noël Bess et son mari Eric
15:33vont écumer pendant un an et demi les banques de la Costa Brava,
15:37une côte que son mari connaît bien.
15:39Et là, mon mari avait fait toutes ces petites banques-là,
15:42il connaissait tout ce chemin.
15:45Alors donc, on s'arrête dans des villas,
15:47on reste une semaine, deux semaines,
15:50on repart, après on continue, on continue,
15:52on s'arrête à Tarragone.
15:54Parce qu'à Tarragone, on rate un gros coup.
15:58Ça se passe très mal, deux doigts de se faire arrêter.
16:01Donc, dégoûté, on décide de redescendre par les terres.
16:06Là, on arrive sur Benidorm,
16:08parce que là, c'est la dernière,
16:10on décide que c'est la dernière.
16:12Là, on la travaille énormément
16:14et c'est la bonne catastrophe, là,
16:17parce que c'est là où tout, tout, ça tourne mal.
16:21La cavale de Noël Bess a failli se terminer à Benidorm.
16:24En entrant dans l'agence, un client donne l'alerte,
16:26Eric est piégé dans le sas
16:28et Noël doit faire exploser la cloison en verre pour le délivrer.
16:31Ils sont blessés, mais arrivent à regagner leur planque.
16:35Pour vivre à l'abri en Colombie,
16:37Laurent Fiocconi met sur pied de nouveaux trafics.
16:39Il s'associe un temps avec des guérilleros du M19.
16:43Ordre est à l'ordonnée de l'exécuter.
16:45Il part se cacher dans la jungle.
16:48Un des meilleurs moments que j'ai passés,
16:50c'est le moment que j'ai passé dans la jungle.
16:53C'est des moments très forts et en plus, c'est magnifique.
16:58J'avais une maison juste en face d'une cascade de 3 étages
17:03et avec un grand lac,
17:05parce que la cascade a tombé.
17:07Il y avait un lac immense avec la plage autour et tout
17:10et moi, j'avais juste la maison juste en face.
17:12Si les réflexes de Kaïd et ses complices protègent Fiocconi,
17:16il a aussi trouvé un bon filon pour financer sa cavale.
17:19Transformer les feuilles de coca en cocaïne.
17:22Donc je sais qu'ici, ça choque plus ou moins, ça choque énormément,
17:26mais là-bas, ça choque pas.
17:28Tout le monde travaille...
17:30Sinon, tout le monde mourrait.
17:32Ils auraient pas pour manger.
17:34Tout le monde fait ça.
17:36Le commissaire à sa chacre.
17:38Ils appellent ça des chacres.
17:40Le commissaire à sa chacre, le juge à sa chacre,
17:43le policier à sa chacre, l'infirmier à sa chacre.
17:46Tout le monde cultive ça.
17:48Donc je me suis familiarisé là-bas.
17:50Comme je m'ennuyais, il n'y avait pas de télévision,
17:53il n'y avait pas de radio, il n'y avait rien.
17:56Donc j'aimais me spécialiser.
17:58Je m'entraînais, je regardais comment ils faisaient les Indiens.
18:02Et au final, ils disent oui.
18:04Je suis arrivé à être pas trop mauvais dans ça.
18:07Et ça m'a permis de survivre.
18:09Pendant 3 ans, Laurent va vivre dans la jungle colombienne
18:13sans eau, sans électricité,
18:15avec toujours un pistolet à portée de main.
18:18A ses côtés, sa femme et 2 tout jeunes enfants.
18:21Un bébé en cavale, le risque maximum pour un fugitif.
18:331984, Bénidorme, en Espagne.
18:35Noël Bess, qui vient d'écumer les banques de la Costa Brava
18:39avec son mari, est enceinte.
18:41Moi, j'étais enceinte à Bénidorme,
18:43donc je viens accoucher ici à Alicante.
18:46Clinique privée, paiement en liquide,
18:48Noël Bess ne prend aucun risque.
18:50Dès le lendemain de son accouchement,
18:52à l'aube, elle file à l'anglaise.
18:54La petite vient de naître, on décide de se mettre au vert.
18:58Donc là, on descend, et on descend jusqu'à Murcia, ici.
19:02Mais Noël se rend compte que sa fille n'a pas de papiers officiels.
19:06Contre l'avis de son mari,
19:08elle décide d'aller à la mairie d'Alicante pour déclarer sa fille.
19:12Une formalité qu'elle prépare soigneusement, comme un braquage.
19:16On avait fait des repérages, d'abord,
19:18déjà de savoir où se trouvait la mairie,
19:20comment il allait se positionner pour m'attendre devant la porte.
19:24En cas qu'on me reconnaisse,
19:26parce que là, j'étais recherchée, quand même.
19:28Lui reste donc dans la voiture,
19:30et moi, je fais la queue,
19:32parce qu'il y avait du monde avant moi.
19:34Donc, j'essaie de passer,
19:36mais ce n'était pas possible.
19:38On me poussait,
19:40et j'avais l'enfant dans les bras.
19:42Je n'avais pas laissé la petite dans la voiture.
19:44J'avais mon enfant dans les bras.
19:46Donc là, il a fallu quand même que je sorte,
19:49mais pas avec la petite.
19:51Il a fallu quand même que je sorte mes papiers d'identité,
19:55les vrais.
19:57C'était très risqué.
19:59Et je suis ressortie avec le livret de famille,
20:03avec mon nom, mon prénom, mon lieu de naissance,
20:07le lieu de naissance de l'enfant,
20:09son nom, son prénom.
20:11Si je n'avais pas reconnu cet enfant,
20:13on pouvait m'accuser de l'avoir volé.
20:16Donc, il me fallait un papier authentique.
20:202 mois après, le couple est arrêté.
20:22La police a repéré une voiture utilisée lors d'un braquage
20:25et les remonte facilement.
20:27Noël est incarcéré.
20:29Heureusement, elle a le livret de famille
20:31et peut garder sa fille avec elle.
20:33Elles resteront 1 an en prison à Madrid.
20:361986, Laurence Segura, à son tour, est enceinte.
20:39Elle n'est pas impliquée dans les braquages de son mari,
20:42alors elle rentre à Nîmes pour accoucher.
20:44André est toujours en cavale.
20:46Laurence est mise sous surveillance.
20:48Quand j'ai accouché,
20:50que je suis rentrée à la clinique pour accoucher,
20:53j'ai des policiers qui faisaient des allers-venus dans ma chambre
20:57parce qu'André m'avait fait envoyer un bouquet de roses.
21:00Et donc, ils ont dû le savoir que j'avais eu contact.
21:03Ils se sont dit, il va péter un câble,
21:05il va craquer, il va venir voir son enfant.
21:07C'est pas possible.
21:08Mais de toute façon, dans le doute,
21:10ils étaient obligés de faire leur boulot.
21:12Donc, ça allait venir.
21:13Je savais jamais si c'était un toubi, un infirmier.
21:16Je m'en foutais, je faisais pas trop attention.
21:18Mais je m'en suis réellement aperçue
21:20quand mon toubi qui m'avait accouchée a pété un câble
21:24et il les a virés.
21:25Il leur a dit, maintenant, ça suffit.
21:27Vous faites votre boulot, mais moi, je fais le mien.
21:29Elle a eu un accouchement très difficile.
21:31Maintenant, vous dégagez de là.
21:33Ca a chié, quoi.
21:35Chacun son boulot.
21:37Tout de suite après l'accouchement,
21:39Laurence n'a plus qu'une obsession, retrouver André qui se cache.
21:43J'avais les boules de pas le voir.
21:45J'avais la haine, j'avais les boules de pas...
21:47Après, ça me...
21:49Je sais pas comment expliquer ça, mais ça me...
21:52Donc, j'avais fait dire par intermédiaire
21:55que c'était terminé entre nous,
21:57que je ne voulais catégoriquement plus le voir,
22:00qu'il fasse sa vie,
22:02que j'allais faire la mienne avec mon enfant
22:04et que c'était ma fille.
22:06Là, quand il a su ça,
22:08il a réappliqué ses fesses.
22:10Et...
22:12En fait, c'est le fils d'un ami à nous
22:16qui est venu, un gamin de 11 ans,
22:18qui est venu me récupérer.
22:20J'ai pris le bébé sous le bras, bien entendu.
22:22J'ai pas réfléchi 2 secondes et demie.
22:24J'ai enveloppé mon bébé dans la couverture.
22:26J'étais, je crois, en habit de maison,
22:28tout pourri, avec des taches de javel.
22:30Et je suis partie comme ça.
22:32Et j'ai tout laissé.
22:34Grâce à ce gamin envoyé par André,
22:36Laurence peut fausser compagnie
22:38au policier qui la surveille
22:40et le rejoindre dans sa planque.
22:42On se retrouve dans son appartement à L.S.
22:44Et donc, j'arrive avec le petit paquet,
22:46avec la couverture et tout.
22:48Et quand je l'ai vu,
22:50j'avais toujours les boules, quand même,
22:52de pas l'avoir vu depuis quelque temps.
22:54Et j'avais le paquet, le bébé.
22:56Elle était sage,
22:58elle bougeait pas,
23:00elle dormait,
23:02elle faisait que dormir, manger.
23:04C'était un paquet, quoi.
23:06Et je lui ai mis...
23:08J'ai dit, tiens.
23:10Tiens ta fille.
23:12La petite famille
23:14passe alors la frontière.
23:16Pendant 7 ans, ils vont sillonner l'Espagne,
23:18l'Italie, la Belgique, la Suisse.
23:20Une vie de famille presque normale.
23:22Donc on a profité un peu
23:24de l'Espagne.
23:26On était carrément allés en bas, à Malaga.
23:28On avait loué une maison qui donnait
23:30direct sur la plage.
23:32On vivait tranquillement.
23:34On avait loué un appartement
23:36au bord de la mer.
23:38C'était...
23:40C'était tranquille.
23:42Mais bon, on a toujours le souci
23:44de se dire...
23:46On est pas repéré, pas repéré.
23:50Selon si on a des bons papiers,
23:52pas des bons papiers.
23:54Dès qu'on voit une képi,
23:56que ce soit en France ou ailleurs,
23:58on se sert les fesses.
24:00On stagne, quoi.
24:02On a l'impression de stagner un peu.
24:04Je me fais chier.
24:10J'avais toujours le strict minimum.
24:12J'avais
24:14les petits jouets de maman.
24:16On rachetait aussi.
24:18Des fois, on partait un peu en catastrophe
24:20et on laissait tout.
24:22Je me rappelle, ma fille a eu 11 poussettes.
24:24Les voyous
24:26qui ne veulent faire courir
24:28de risque à personne,
24:30parce que de toute façon,
24:32ils tomberont pour ça.
24:34Ils vont éviter d'avoir des enfants
24:36pendant leur cavale.
24:38C'est trop voyant.
24:40C'est le piège évident.
24:42Malgré sa prudence de sioux,
24:44Laurent Fiocconi a circulé en Colombie
24:46avec sa femme et leurs 2 bébés.
24:52Quand la famille s'est réfugiée dans la jungle,
24:54Thomas, le plus jeune, avait 3 ans.
24:56Comme on est enfant,
24:58pour moi, c'était plutôt un héros.
25:00On voyageait beaucoup.
25:02Ça m'a donné beaucoup d'envie
25:04d'être à côté de lui.
25:06C'était le temps où vous devez se méfier.
25:08C'est le temps
25:10où il faut faire attention à qui,
25:12à comment,
25:14qu'est-ce qu'on dit, qu'est-ce qu'on ne dit pas.
25:16Ce n'est pas une vie
25:18vraiment pour un enfant.
25:20On ne peut pas s'exprimer comme on veut.
25:28C'est l'amitié qui m'a manqué.
25:30L'amitié, les contacts des amis.
25:32Aujourd'hui, je n'ai pas vraiment
25:34des amis de 15, 16 ans.
25:36Aujourd'hui, mes amis sont
25:38un peu partout.
25:40Je ne peux plus prendre contact.
25:42Je n'ai presque pas d'amis.
25:44Mais bon,
25:46les amis ont des contacts de droit.
25:50Malgré les activités de son père,
25:52Thomas n'a pas pris de balles perdues.
25:54Mais il est clair qu'on ne sort pas indemne
25:56d'une enfance en cavale.
26:06Pour éviter des blessures trop profondes à sa fille,
26:08Laurence Segura a inventé
26:10mille ruses pour qu'elle puisse voir son père en cavale.
26:12Des rendez-vous familiaux,
26:14à l'insu de la police, bien sûr.
26:18André, qui a été arrêté plusieurs fois
26:20par la police espagnole et s'est évadé,
26:22la rejoint ce 29 décembre 1994
26:24pour fêter les 7 ans de leur fille.
26:30Puis, Laurence rentre à Nîmes.
26:32La police ne la lâche pas
26:34d'une semelle.
26:36Je sortais, je partais en courant.
26:38Je passais une passerelle
26:40par en dessous.
26:42Il y avait une espèce
26:44de petite rivière.
26:46Il y avait la passerelle, je passais en dessous.
26:48Ils ne savaient pas par où j'allais sortir.
26:50J'étais obligée de les voir.
26:52Je les entendais courir.
26:54Il y en avait un devant moi.
26:56Des fois, je me retrouvais nez à nez avec.
26:58Une fois, il m'a dit...
27:00Il a vu que je l'avais vu.
27:02Il m'a dit, vas-y, traverse,
27:04en dehors des passages cloutés,
27:06puisque j'étais déjà en dehors
27:08des passages cloutés.
27:10Quelle patience ils doivent avoir,
27:12quand même, les pauvres.
27:16C'est ce groupe de policiers
27:18du FRPJ de Bordeaux
27:20leur idée, qu'elles les mettent
27:22sur la trace de la planque de son mari.
27:24Pendant un an, ils vont suivre ses déplacements,
27:26écouter ses conversations téléphoniques,
27:28identifier son entourage.
27:30Aujourd'hui, ces policiers
27:32sont à la retraite, mais ils se souviennent
27:34très bien de Laurence Segura
27:36et de ses trucs pour déjouer leur filature.
27:38Elle est rentrée dans un hôtel.
27:40Elle est ressortie.
27:42Par une autre sortie.
27:44Il y a une voiture qui l'attendait de l'autre côté.
27:46Donc nous, on était toujours sur la voiture
27:48qui était arrivée.
27:50C'est pas évident,
27:52parce que c'était sans doute, parmi les personnes
27:54qu'on a surveillées,
27:56la plus retorse.
27:58La plus difficile à suivre.
28:02Elle faisait vraiment attention à tout,
28:04mais elle n'avait pas une vie de voyouse.
28:06Elle ne traînait pas dans les bars-clubs.
28:08Elle avait une vie rongée.
28:10C'était vraiment la mère de famille
28:12qui s'occupait de ses gosses.
28:14Les gosses avaient intérêt à bien travailler
28:16à l'école.
28:18Elle devait faire du repassage
28:20avec sa belle-sœur.
28:22Elle vivait chez moi.
28:24Un petit appartement,
28:26le centre de Nîmes.
28:28Elle devait aller chercher
28:30systématiquement
28:32et récupérer la gamine.
28:34Un jour, elle n'était plus là.
28:36Elle partait de rejoindre et revenait
28:3815 jours, 8 jours après.
28:40Ça rappelle des souvenirs.
28:44Au bout d'un an de filatures infructueuses,
28:46la police et le juge d'instruction de l'époque,
28:48Alain Reynal, décident d'organiser
28:50un grand coup de filet dans l'entourage des Séguras.
28:52Alain Reynal soupçonne André
28:54d'avoir pris l'identité de quelqu'un d'autre,
28:56ce que les policiers appellent une doublette.
28:58L'ensemble de ces éléments
29:00nous ont simplement permis
29:02d'obtenir un tout petit élément,
29:04minuscule,
29:06les 2 ou 3 identités
29:08qui étaient susceptibles
29:10d'être utilisées par André Ségura.
29:12C'est tout ce que nous avons pu avoir
29:14dans ce coup de pied de la familière.
29:16Mais ce petit fil d'Ariane
29:18nous a suffit
29:20puisqu'on a subodoré
29:22que ces 3 identités
29:24étaient ce qu'on appelle des doublettes.
29:26Donc on a vérifié au travers
29:28des fichiers nationaux de la Sécurité sociale,
29:30EDF, etc.,
29:32où se trouvaient ces 3 personnes.
29:34Ces 3 personnes, tout simplement,
29:36un fonctionnaire de police est allé
29:38tranquillement à proximité des adresses concernées
29:40et il se trouve
29:42que pour l'une des 3,
29:44André Ségura utilisait
29:46l'une des 3 fausses identités à Annecy.
29:4830 avril 1997,
29:50la fausse identité
29:52d'André Ségura tombe.
29:54La police l'interpelle calmement
29:56alors qu'il rejoint sa planque à Annecy.
29:58La fin de 6 ans de cavale.
30:00Le braqueur, roi de l'évasion,
30:02tombe parce que quelqu'un dans son entourage
30:04a été trop bavard.
30:121986, en Espagne,
30:14Noël Bey sort de prison.
30:16Elle est en liberté provisoire.
30:186 mois plus tard,
30:20elle organise l'évasion de son homme.
30:22Une évasion avec son lot
30:24d'inattendus.
30:26Tout se passe très bien.
30:28On les...
30:30Mais manque de chance, mon mari part pas seul.
30:32Ça, je le savais pas.
30:34Il part avec 2 collègues,
30:36et dont
30:38l'ennemi public numéro 1 espagnol.
30:40En premier lieu,
30:42il décide de ne pas aller dans la cachette
30:44que j'avais prévue,
30:46avec ce qu'il fallait pour tenir
30:48minimum un mois
30:50pour la petite, pour moi,
30:52pour lui. Et arrivé à Moursia,
30:54là, ça a été l'apothéose.
30:56C'était un appartement dans un immeuble.
30:58Bon, déjà, on avait pas la clé,
31:00donc on a dû attendre dans le parking
31:02en face. Enfin, c'était...
31:04Ils sont arrivés, les 2 co-détenus
31:06sont arrivés, mais...
31:08Ivre mort.
31:10En criant.
31:12Et moi, j'ai... On a halluciné avec mon mari.
31:14On était derrière les poteaux
31:16de parking en disant...
31:18C'est eux, c'est pas possible, quoi.
31:20Le couple
31:22réussit à fausser compagnie à ces caïds
31:24espagnols trop voyants.
31:26Pendant quelques mois encore, ils repartent en cavale
31:28sans argent, à bout de souffle.
31:30Mon mari décide de rentrer en France
31:32et c'était une erreur
31:34parce que moi, j'arrêtais pas de lui dire
31:36qu'en France, j'étais recherchée,
31:38que si on...
31:40C'était pas possible que je remette
31:42un pied en France.
31:44Et lui, il me traitait de parano.
31:46Parano, pas tout à fait.
31:48La fuite de Noël,
31:50d'Eric et de leur petite fille va se terminer
31:52par une arrestation rocambolesque en France.
31:54C'est Guy Armand qui les interpelle
31:56en juillet 87.
31:58Il connaissait déjà Noël Bess.
32:00Il l'avait mise en garde à vue peu après l'évasion
32:02de François Bess du palais de justice de Bruxelles
32:047 ans auparavant.
32:06A cette époque,
32:08on faisait aucune intéression à un petit voyou local
32:10qui fournissait
32:12des armes
32:14à droite à gauche. Donc, si vous voulez,
32:16on s'intéressait et on prenait en filature
32:18cet homme.
32:20Un jour, on a eu la surprise de le voir rencontrer
32:22un couple avec un bébé.
32:24Et là, j'ai reconnu Noël Bess.
32:26On continue notre surveillance,
32:28on les prend en filature
32:30et puis là, ils se rendent à Saint-Cyprien
32:32au bord de la mer.
32:34Noël Bess
32:36reste avec son bébé
32:38sur la plage.
32:40Les deux hommes, à ce moment-là, changent de voiture,
32:42montent dans un autre véhicule,
32:44on saura plus tard que c'était un véhicule volé,
32:46rentrent dans une banque,
32:48fold up et ressortent au sissot.
32:50Nous étions le cabal
32:52en venant d'Espagne
32:54et nous n'avions plus du tout d'argent,
32:56donc
32:58mon mari décide
33:00d'aller chercher
33:02de l'argent où il savait le trouver,
33:04c'est-à-dire une banque.
33:06Cette banque, en l'occurrence.
33:08On a été un peu surpris,
33:10on a assisté
33:12de loin à cette scène.
33:14On les voit revenir sur la plage.
33:16Et là, bien sûr, en flagrant délit,
33:18on décide de les interpeller.
33:20Alors,
33:22c'est le raccourci,
33:24c'est le raccourci,
33:26parce que là, c'est le port,
33:28effectivement, c'est là.
33:30Donc ils ont dû
33:32passer par là, les cow-boys.
33:34C'était en plein été,
33:36la plage était
33:38bondée de monde,
33:40il faisait très beau ce jour-là,
33:42et mon mari est arrivé,
33:44moi je me trouvais là avec ma petite-fille
33:46de deux ans et demi,
33:48et il me dit,
33:50ça y est, on vient de braquer
33:52une banque à Saint-Cyprien,
33:54à quelques kilomètres d'ici,
33:56et mon mari, tout fier,
33:58en me disant, ça s'est bien passé,
34:00on n'a eu aucun problème,
34:02et moi je le regarde stupéfait
34:04en lui disant, mais les problèmes
34:06sont derrière toi, parce qu'il y en a partout.
34:08Donc mon mari,
34:12il s'est retourné,
34:14quand il a vu que tout ça
34:16était plein de policiers,
34:18il a commencé à prendre la mer,
34:20et il y a un des policiers
34:22qui s'est déshabillé,
34:24il est parti comme un fou
34:26dans la mer,
34:28en crawl et tout, et je voyais mon mari,
34:30c'était comique comme situation
34:32sur le moment, je voyais mon mari
34:34qui peinait,
34:36et le policier a réussi
34:38à le rattraper,
34:40il l'a ramené sur la plage,
34:42ils se sont plus ou moins
34:44battus dans l'eau,
34:46ils faisaient des remouves,
34:48et quand ils l'ont ramené
34:50sur la plage,
34:52ils se sont jetés sur lui,
34:54ils l'ont allongé sur le sable,
34:56son collègue était déjà
34:58maîtrisé,
35:00il avait déjà les bras en croix dans le sable,
35:02et puis moi qui essayais toujours
35:04de partir avec ma fille
35:06vers l'autre bout là-bas,
35:08mais ils m'ont rattrapée également très vite.
35:10Et puis voilà, elle me reconnaît,
35:12donc elle me dit
35:14bon c'est fini, je dis oui c'est fini,
35:16Noël.
35:18Donc pour le bébé, on reste tranquille,
35:20on ne bouge pas.
35:22Et là, je prends ma petite dans les bras,
35:24il prend la petite, il la repose méchamment
35:26dans le sable,
35:28et il me pointe
35:30un flingue sur la tombe comme ça,
35:32et il me dit maintenant avance,
35:34ne fais pas d'histoire.
35:36On récupère donc le véhicule, le butin, les armes,
35:38et tout ce beau monde à l'APJ,
35:40et voilà,
35:42donc ça s'est joué là en quelques minutes.
35:46Noël Bess fera deux ans de prison,
35:48Eric son compagnon 12,
35:50il meurt quelques années plus tard.
35:52Fin de l'aventure.
35:56La cavale ou les évasions,
35:58la prison, etc, c'est bien
36:00quand on est tout seul, qu'on n'a pas de charge,
36:02et puis qu'on pense qu'on n'est pas aimé,
36:04qu'on ne s'aime pas soi-même,
36:06c'est très délicat comme sujet,
36:08mais c'est, dès qu'on donne de l'amour
36:10à un enfant,
36:12on ne peut plus se permettre
36:16de risquer sa vie déjà.
36:18André Segura, lui aussi,
36:20a déposé les armes.
36:22En 2002, au bout de 5 ans de prison,
36:24il bénéficie d'une libération conditionnelle,
36:26il prend un emploi, monte son entreprise,
36:28se réinsère.
36:30Mais la Belgique réclame un reliquat de peine,
36:32et il repart en cavale.
36:34Laurence crie à l'injustice,
36:36à l'injustice grâciée.
36:38Aujourd'hui, il a retrouvé sa famille
36:40et une vie normale,
36:42les Segura ont tiré un trait
36:44sur leur passé.
36:46C'était un cercle vicieux,
36:48c'était prison, évasion,
36:50cavale,
36:52prison, évasion.
36:54C'était pas possible de...
36:56C'est le cercle infernal,
36:58et ça rend fou, complètement.
37:021988,
37:04Anthony tombe, lui, à Rio,
37:06après 16 ans de fuite.
37:08Les Américains sont toujours à ses trousses,
37:10et son argent ne suffit plus pour s'arranger
37:12avec la police locale.
37:14Il est mis en prison,
37:16avec femme et enfant.
37:18Terminus de la cavale,
37:20il avait un peu trop baissé sa garde.
37:22Après des années,
37:24vous faites pas attention comme au début.
37:26Avant, tout se calculait,
37:28tout se pensait, mais après,
37:30ça devient une routine, si vous voulez.
37:32Et c'est là que tout le monde pêche.
37:36Et puis, en définitive,
37:38j'en avais marre, pour ma famille,
37:40pour tout.
37:44Je crois que c'est le mieux
37:46qui pouvait m'arriver.
37:48Parce que j'ai quand même
37:50fait 6 ans de cavale.
37:52Les enfants,
37:54ils commençaient à grandir,
37:56ma femme, et tout ça.
37:58Ça, c'était aussi bien de payer la dette.
38:02Tout d'un coup, il faut la payer un jour.
38:32C'est eux qui ont arrêté Jean-Pierre Trébert
38:34ou qui ont traqué César et Baptiste,
38:36l'ancien proche des Brigades Rouges.
38:38En moyenne, la BNRF retrouve
38:40et interpelle une cinquantaine
38:42de fugitifs par an.
38:44Leurs outils,
38:46c'est de l'eau,
38:48de l'eau,
38:50de l'eau,
38:52de l'eau,
38:54de l'eau,
38:56de l'eau,
38:58de l'eau,
39:00de l'eau,
39:02de l'eau,
39:04de l'eau,
39:06de l'eau,
39:08de l'eau.
39:10...
39:12Par an.
39:14Leurs outils,
39:16des écoutes,
39:18des indicateurs,
39:20des fichiers spécialisés,
39:22tous les moyens
39:24de la police judiciaire.
39:26Si on a un fil conducteur
39:28ce matin les hommes de didier le chef de groupe partent planquer en banlieue pour des raisons de
39:39sécurité ils seront floutés il s'installe près du domicile d'un roumain la justice allemande
39:44demande son extradition en 1979 il a tenté de braquer une bijouterie c'était il y a plus
39:50de 30 ans mais en droit allemand il n'y a pas de prescription ouais stéphane stéphane c'est
39:57didier tu pourrais bouger toi te mettre côté n3 si des fois l'objectif est annoncé toi tu
40:04démarres tu te mets t'essayes de te mettre au cul fait comme si de rien n'était et puis
40:08en enquêtant une filature classique ok on se découvre pas c'est un métier où il faut quand
40:24même des gens calmes et pas impulsifs parce que c'est jamais quoi nous sommes pas fait pas du
40:33saut dessus à tour de bras on n'est pas là pour on n'est pas là pour faire du chiffre si
40:40réellement il y a une erreur et bien bon on fait ça comme si c'était un petit contrôle tout bête
40:46basique sans conséquence de grève je suis derrière le gars il est pas très loin en fait
40:56tu as vu il fait un mètre 85
41:03l'individu semble correspondre au signalement
41:25le motard arrive sur place avec un policier à pied ils prennent l'initiative d'un contrôle
41:42d'identité les autres suivent l'opération à la radio au cas où
41:55il a deux calipses sur lui là
42:00contrôle positif c'est bien la personne recherchée
42:10l'individu était armé mais il s'est laissé interpeller sans résistance s'il ne peut pas
42:20justifier d'un port d'armes les policiers vont pouvoir faire une perquisition chez lui ce qui
42:25n'était pas prévu au départ
42:26les policiers restent sur leurs gardes la porte peut être piégée ou un complice caché
42:47dans l'appartement ou encore des armes dissimulées prêtes à fonctionner
42:51alors c'est bon
42:56mais vous dormez avec un calibre comme ça là
43:03vous dites vous dormez avec une mitraillette
43:09une mitraillette dans le lit mais les policiers ne sont pas au bout de leur surprise
43:17il y a un véritable arsenal dans le petit studio
43:19il est prêt à tirer votre arme
43:24alors sur l'appareil elle est dangereuse toutes les armes sont prêtes à fonctionner
43:52cartouche chambre et marteau à l'arrière j'ai plus qu'à appuyer sur la queue de détente
43:55et ça part
43:55le suspect n'a pas accumulé que des armes il y a aussi des valises avec des caméras cachées
44:11il y a aussi des gilets pare-balles et des armes de guerre
44:20pas de produits dangereux style explosif ou quoi que ce soit ici
44:22il y a un détonateur dessus ou pas?
44:31non non non non non voilà
44:34ça peut servir soit lier des personnes ou les mettre sur la bouche etc
44:43donc ça peut peut-être pas le profit de notre gamme ça peut éventuellement aussi
44:47avoir servi avec un état qui walkie un peu tout ça rentre un peu dans l'équipement du
44:51saucissonneur j'ai vu dans vos yeux que vous étiez posé la question est-ce que je sors mon
44:56arme ou est-ce que je ne la sors pas non vous êtes posé non non non sinon vous étiez
45:01sinon on était quoi? pardon? vous étiez si on était mort c'est ça?
45:05si oui c'est vrai qu'il me demande je sors je sors pas je ne me suis pas posé la
45:10question parce que si je me la posais j'hésite pas
45:14vous allez prendre une cartouche là dessus
45:16ah bah oui je sais bien je sais bien qu'est-ce que vous voulez que je fasse
45:23on va essayer que ça se passe bien on est un garçon intelligent peut-être un peu moins
45:31mais on va essayer de l'être et puis voilà on fait notre boulot
45:37port d'armes non autorisés avec le facteur aggravant d'associations de malfaiteurs
45:43le soi-disant collectionneur d'armes ne va pas être extradé tout de suite vers l'allemagne
45:47il va d'abord répondre de ses actes devant la justice française
45:51il risque jusqu'à dix ans d'emprisonnement
45:59de retour au service les hommes de didier procèdent à un inventaire des collègues
46:03spécialisés viennent identifier les armes
46:05j'ai marqué mais j'ai les numéros déjà là
46:07chargeur 20 coups chargeur 30 coups il manque les chargeurs ronds
46:10c'est un beretta 35 la première arme de jess bond avant qu'on lui impose
46:20le walter ppk dans je crois jess bond contre docteur no ces armes ils vont
46:26essayer de les faire parler de voir si elles ont servi à d'autres délits dans d'autres affaires
46:30numéro de série modification reconditionnement autant d'indices qui peuvent faire démarrer
46:36une nouvelle piste 571 703 elle a été remontée certainement avec deux numéros puisqu'il ya
46:42deux numéros apparents il y en a ici qui est là mais qui me paraît bizarre on dirait qu'elle
46:51était frappée dessus 222 032 on remarque sur le gilet que le numéro d'identification il a été
46:58baillé été découpé quoi découpé c'est le modèle type police nationale pour sa défense le suspect
47:04s'est dit collectionneur d'armes mais à l'examen pour les spécialistes cet argument ne tient pas
47:09je suis pas tout à fait d'accord avec l'idée de collectionneur parce que je vois pas aller le
47:13travail qu'il a fait sur le fait faire sur le beretta par exemple pas un travail de collectionneur
47:18il a bien abîmé le bien abîmé le flingue donc ce qu'on a un collectionneur n'accepterait pas de
47:23faire le filetage qui a été fait ici a bouffé toute une partie de l'avant de la culasse pour
47:30pouvoir y installer ce silencieux là qui s'adapte tout à fait dessus je l'ai monté
47:35tout à l'heure un collectionneur n'aurait pas fait ça démontre aussi que les gens lorsqu'ils sont
47:43en cavale il reste actif lui en l'occurrence c'est quelqu'un qui a beaucoup d'armes chez lui
47:48beaucoup de munitions des gilets pare-balles on va dire le parfait matériel du braqueur ou de
47:55l'individu qui fournit les équipes de braqueur je dirais que là c'est un petit peu la cerise
47:59sur le gâteau et on est plutôt satisfait de d'avoir agi d'avoir agi de la sorte et d'avoir
48:05pris les précautions et d'avoir travaillé sur cet individu pour nous c'est plutôt une aussi
48:09plutôt négatif d'une affaire d'une affaire encore une fois qui au départ est très ancienne c'est
48:13pour ma femme que je m'occupe j'ai fait du placard à la roumanie quand c'était vraiment
48:24de la duraille je me suis jamais plié je me suis pourtant c'était des enculés finis des machins
48:31des mecs qui se croyaient au dessus je t'emmerde quand tu veux tu es mon connard on va voir
48:37par contre j'aimerais bien savoir quand est-ce que je peux on peut m'enlever ça
48:44ça fait quand même un bout mais c'est long la perquisition
48:50la fin d'une cavale c'est un moment particulier où un flic et un truand arrive à se parler c'est
49:04une grande satisfaction pour le premier un soulagement parfois pour le deuxième pendant
49:09quelques instants flics et voyous parle le même langage peut-être même dans quelques années se
49:14reverront-ils comme jean-marie flory et laurent fioconi jean-marie flory fut l'un des premiers
49:20policiers de la brigade des stups mise sur pied dans les années 70 pour démanteler la french
49:25connexion la filière clandestine de laurent fioconi il a rencontré pour la première fois en 1988 dans
49:31sa prison brésilienne peu après son arrestation ce matin il vient lui rendre une petite visite
49:36en voisin la vie facile est en fait très dur il ya des soucis des inquiétudes sans arrêt
49:49pas se faire prendre
49:52toutes ces longues années d'errance où il faut se cacher ou changer d'identité je crois que je
49:58sais pas on pourrait lui on pourra en discuter avec lui mais je sais pas s'il regrette ou pas
50:02aussi leur demain il lui a été donné de recommencer sa vie s'il était
50:11décidé de recommencer la même chemin de reprendre le même chemin je sais pas
50:20jean-marie flory a quitté la police en 1996 laurent fioconi est rentré dans son village
50:26en 2000 après avoir purgé 12 ans dans une prison de haute sécurité américaine
50:33quoi de nouveau alors c'est à vous habiter à la maison familiale
50:37on attend les partages ah enfin alors là je crois que ça je crois que ça se fait
50:46maintenant ça va se faire bonjour à mon fils
50:49c'est la bible à la fermée j'ai vu que c'était la bible ça y est il va rentrer en religion non
51:00non non j'ai ma femme j'ai ma femme très très croyante très très très croyante c'est grâce
51:06au bon dieu qu'on est encore là vous le dire ça c'est ça c'est sûr c'est sûr qu'il devait
51:12partir depuis un bon moment on essaie de convertir le diable de la maison en 1988
51:19le limier des stups a fait le voyage au brésil pour auditionner l'homme qu'il suivait à la trace
51:23depuis 16 ans pour la première fois il pouvait l'interroger petit souvenir entre retraités
51:29on était venu voir pour des détails pour conforter l'enquête judiciaire mais moi dans un coin secret
51:38de mon de ma mémoire de ma tête j'avais envie en parlant avec lui de d'avoir des précisions sur
51:47l'équipe qui recevait la marchandise on n'était pas tout à fait sûr de savoir qui était qui et
51:52combien et donc j'ai essayé de lui tirer le verre du nez un petit peu mais il est malin il n'avait rien dit
51:59il n'a ni confirmé ni infirmé mais il n'a rien dit voilà il a senti le petit peu le piège quoi
52:06parce qu'on a parlé de tout il fait bien son métier et moi j'essaie de se faire un peu le
52:11mon métier mais le contre carré quand même on peut pas j'avais un truc d'aventurier j'aimais le
52:17danger j'aimais le j'ai j'aimais jouer vous voulez voir que monter des trucs et on était content que
52:25ça s'était bien passé tout ça peut-être peut-être que j'aurais pu servir dans autre chose aussi mais
52:30non c'était ça a été marie oui c'est j'ai j'ai eu beaucoup j'ai pris beaucoup de plaisir j'ai perdu
52:35beaucoup de choses aussi par exemple la famille les trucs comme ça donc si j'avais à refaire ma
52:42vie peut-être que je ferais pareil ou peut-être que je pourrais dire différemment sans rancune
52:50l'ancien trafiquant dédicace à l'ancien policier le livre qu'il a écrit sur sa vie
52:55le meilleur flic de france avec tout mon respect et admiration amicalement
53:02un seigneur mais qui a fini par tomber comme noël baisse et son homme comme
53:14andré ségura les cavales finissent mal en général