Lucien Leuwen - 1973 - Episode 3

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DB - 20-08-2024

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Transcript
00:00:30Fils d'un riche banquier parisien, Lucien Leven, en garnison à Nancy, est tombé amoureux
00:00:42d'une jeune aristocrate, Bathilde de Chastelaire.
00:00:45Les jeunes gens de la société légitimiste, furieux à l'idée d'une mésalliance possible
00:00:50entre la jeune veuve et ce petit officier républicain, veulent le provoquer en duel
00:00:55et le tuer.
00:00:57Bathilde, bien à contre-cœur, s'efforce d'éloigner le jeune homme.
00:01:10Dépité, celui-ci cherche alors une consolation auprès de la belle madame d'Aucuncourt.
00:01:27L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul
00:01:33à avoir été tué.
00:01:34L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul
00:01:38à avoir été tué.
00:01:39L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul
00:01:43à avoir été tué.
00:01:44L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul
00:01:48à avoir été tué.
00:01:49L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul
00:01:53à avoir été tué.
00:01:54L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:01avoir été tué.
00:02:02L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:07avoir été tué.
00:02:08L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:13avoir été tué.
00:02:14L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:18avoir été tué.
00:02:19L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:23avoir été tué.
00:02:24L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:28avoir été tué.
00:02:29L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:34avoir été tué.
00:02:35L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:40avoir été tué.
00:02:41L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:46avoir été tué.
00:02:47L'un d'entre eux, le jeune homme de Chastelaire, se rend compte qu'il n'est pas le seul à
00:02:52avoir été tué.
00:03:12J'ai dit que vous n'auriez pas de fumier.
00:03:13Vous m'avez dit que je n'en demanderais pas plus.
00:03:17Demanderai-je, et pour qui me prenez-vous?
00:03:24Enfin, nous avons déjà été assis côte à côte.
00:03:28C'était à ce grand bal, vous vous rappelez?
00:03:30Nous n'étions pas seuls.
00:03:32Aujourd'hui, nous le sommes vraiment?
00:03:34Oui, vous me l'avez demandé.
00:03:40Fouillez partout, si vous le voulez.
00:03:42Il n'y a que des livres, c'est-à-dire des morts.
00:03:45Vous lisez beaucoup?
00:03:47Jamais.
00:03:48Au sacré coeur, on m'a défendue de lire des romans,
00:03:50et même de lire presque tout.
00:03:52Et vous continuez?
00:03:53Oui.
00:03:54Parce que naturellement, vous êtes toujours au sacré coeur.
00:03:56Je l'espère.
00:04:03Que s'est-il passé hier soir, après mon départ,
00:04:05chez madame d'Aucuncourt?
00:04:07La compagnie était très gaie.
00:04:09On a bu du champagne, du champagne frappé.
00:04:12Comme elle l'aime.
00:04:14Écoutez, elle n'est pas la seule.
00:04:17Et en quel honneur, ce champagne?
00:04:23Je viens seulement de le comprendre, madame.
00:04:26En l'honneur du départ de monsieur Dantin.
00:04:28Oh, il s'en va?
00:04:31Pourquoi?
00:04:33Écoutez, vous le savez très bien.
00:04:36Eh bien, oui, je le sais, puisqu'il me l'a dit.
00:04:39Alors, pourquoi faites-vous l'étonné quand je vous dis qu'il s'en va?
00:04:41Je ne suis pas tenue, monsieur, de vous dire tout ce que me disent mes amis.
00:04:44Mais puisque je vous dis que je sais pourquoi il part.
00:04:47Mais il n'y a pas de quoi rire.
00:04:49Il m'a parlé très clairement.
00:04:51Il vous a dit que la place est libre.
00:04:55À peu près, oui.
00:05:00Batille, vous ne m'aimez pas.
00:05:02Je comprends très bien qu'un homme comme vous soit amoureux de madame d'Aucuncourt.
00:05:06Elle est bien tombée amoureuse de vous.
00:05:10Batille, vous ne m'aimez pas.
00:05:14Elle vous donnera enfin.
00:05:16Elle va vous donner tout ce que moi je ne pourrais jamais,
00:05:19ce que je ne veux pas vous donner, vous le savez très bien.
00:05:22Elle est belle, bien plus belle que moi.
00:05:25Elle est gaie, aimable,
00:05:27aimable comme il faut l'être pour plaire à un jeune homme habitué à la société de Paris,
00:05:31tandis que moi, je suis triste.
00:05:33Je suis peut-être un monstre, mais je suis ce que je suis.
00:05:36Mais je suis ce que je suis.
00:05:38Qu'est-ce que vous attendez pour aller la rejoindre ?
00:05:40Je sais que je n'ai aucun titre à vous empêcher de répondre aux prévenances de cette femme.
00:05:44Je suis assez malheureux.
00:05:45Je sais que je n'ai aucune vertu et que je fais le malheur de ceux que j'aime.
00:05:48Mais si vous me la redonnez, je la donnerai à l'instant.
00:05:50Je sais qu'elle vous attend.
00:05:52Elle ne m'aime pas. Elle ne m'aime pas.
00:05:55Allez la retrouver.
00:05:57Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
00:06:02Batille, vous ne m'aimez pas.
00:06:07Et puis, j'ai peur de vous.
00:06:16Vous ne m'aimez pas.
00:06:18Vous ne voulez pas m'entendre.
00:06:22Mais cela ne fait rien.
00:06:24Les moments que je passe près de vous sont les plus beaux de ma vie.
00:06:29Est-ce que vous ne pourriez rester seulement cinq minutes près de moi
00:06:33sans me parler de votre amour ?
00:06:37De notre amour ?
00:06:39Vous voyez !
00:06:41Vous trichez déjà
00:06:44sans parler du tout.
00:06:49Mettez-moi à l'épreuve.
00:06:55Essayons.
00:07:04S'il savait quand je lui parle
00:07:06que je suis plus attentive à ne pas trahir mes propres sentiments
00:07:09qu'à regarder les siens.
00:07:28Le temps passe
00:07:30et j'accepte de le perdre en pauvreté insignifiante comme ce jeu.
00:07:34Comme si je ne voulais qu'attendre la fin de cette visite.
00:07:49Il est préférable que je me taise.
00:07:51Je ne pourrai jamais conserver un temps convenable en lui parlant.
00:07:55Lui parler est donc un si grand bonheur pour moi.
00:08:00Il faut que je sois sévère avec moi-même.
00:08:31Mais s'il me prend la main en me disant comme hier vous m'aimez,
00:08:34je ne réponds plus de rien.
00:09:00Mon Dieu !
00:09:02Il faut à tout prix que je mette fin à cette visite.
00:09:05Je la sens pleine de danger.
00:09:31Jamais mon père ne consentira ce que j'épouse, M. Levenne.
00:09:35Il n'y faut pas penser.
00:09:37Et je n'y pense pas.
00:09:43Oh, pardon !
00:09:54Je ne pourrai donc jamais avoir confiance en vous ?
00:09:56Je vous admets dans une intimité qui est dangereuse pour ma réputation
00:10:00et dont vous m'aviez promis de respecter les lois.
00:10:02Et vous profitez de mon peu de défiance
00:10:04pour vous permettre un geste aussi humiliant pour vous que pour moi.
00:10:09Allez, monsieur, je me suis trompée en vous recevant seule chez moi.
00:10:12Vous exagérez, madame.
00:10:14Un petit geste sans conséquence, vous faites un crime.
00:10:18J'aimais une femme aussi supérieure par l'esprit que par la beauté.
00:10:21En vérité, je ne vous trouve que jolie en ce moment.
00:10:36Eh bien, monsieur, je vous cèderai la place.
00:10:39Je vous en prie.
00:10:42Eh bien, monsieur, je vous cèderai la place.
00:10:45Bathilde !
00:10:50Pardon, madame.
00:10:58Pardon.
00:11:01Vous avez eu le repentir.
00:11:03Je vous pardonne.
00:11:06Mais il me faut quand même vous punir.
00:11:08Eh bien ?
00:11:10Décidez de mon sort.
00:11:13Je n'ai pas de mère pour me donner de sages avis.
00:11:16Une femme qui vit seule en province
00:11:18doit être attentive aux moindres apparences.
00:11:23Vous venez chez moi tous les jours.
00:11:26Eh bien ?
00:11:30Il serait plus prudent d'espacer vos visites.
00:11:34Je crains d'être punie.
00:11:36Vos visites ?
00:11:38Je crains d'être punie par vous d'une manière très sévère, madame.
00:11:42Vous n'avez pas d'indulgence pour moi.
00:11:44Et de les abréger.
00:11:46Il ne s'agit que d'éviter de faire naître des idées, vous comprenez ?
00:11:51Il y a déjà longtemps que j'en suis à supposer
00:11:54que mademoiselle Bérard compte toutes les minutes que vous passez avec moi.
00:11:59De là ce vœu que je vous exprime.
00:12:03Et qui me désespère, madame.
00:12:06Bien sûr.
00:12:08Tous les deux jours. Seulement.
00:12:18Allez, monsieur.
00:12:20Et après-demain ?
00:12:23Adieu, monsieur.
00:12:32Laissez-moi, je vous en prie. Laissez-moi, de grâces.
00:12:35Laissez-moi.
00:12:42Je vous en prie.
00:12:44Laissez-moi.
00:12:46Laissez-moi.
00:12:48Laissez-moi.
00:12:52Laissez-moi.
00:13:23Laissez-moi.
00:13:25Laissez-moi.
00:13:52Vous, vous passez deux heures tous les jours avec un homme de ce parti.
00:13:59Et encore, auquel sa naissance ne permet pas d'aspirer à votre main.
00:14:05Vous, ma fille.
00:14:10Vous qui êtes mon unique appui.
00:14:15Je sais. Je ne peux rien dire.
00:14:18Ici, vous êtes chez vous.
00:14:20Puisque je vous loue cet appartement,
00:14:22vous pouvez y recevoir, hélas, qui vous voulez.
00:14:27Mais au dehors, c'est moi qui commande.
00:14:30Je ne veux plus qu'on vous rencontre en public
00:14:32avec le personnage qui sort d'ici.
00:14:35Un homme qui n'est pas de notre monde
00:14:37et qui n'aurait jamais dû y mettre les pieds.
00:14:43Et pour commencer, nous n'irons donc pas au concert de la Malibran ce soir.
00:14:47Si vous ne voulez pas m'accompagner à ce concert,
00:14:49j'irai avec mon cousin de Blancet.
00:14:51Non, vous n'irez avec personne.
00:14:54Je veux y aller. J'irai.
00:14:57C'est bien, à votre gré.
00:15:01Mais si vous y allez contre mon ordre,
00:15:03je vous préviens,
00:15:05je ne vous connaîtrai plus.
00:15:07J'ai dit.
00:15:09Je ne vous connaîtrai plus. J'ai dit.
00:15:39C'est bien, à votre gré.
00:15:41Je vous préviens, je ne vous connaîtrai plus.
00:15:43J'ai dit.
00:15:45C'est bien, à votre gré.
00:15:47J'ai dit.
00:15:49C'est bien, à votre gré.
00:15:51J'ai dit.
00:15:53C'est bien, à votre gré.
00:15:55J'ai dit.
00:15:57C'est bien, à votre gré.
00:15:59J'ai dit.
00:16:01C'est bien, à votre gré.
00:16:03J'ai dit.
00:16:05C'est bien, à votre gré.
00:16:07J'ai dit.
00:16:09C'est bien, à votre gré.
00:16:11J'ai dit.
00:16:13C'est bien, à votre gré.
00:16:15J'ai dit.
00:16:17C'est bien, à votre gré.
00:16:19J'ai dit.
00:16:21C'est bien, à votre gré.
00:16:23J'ai dit.
00:16:25C'est bien, à votre gré.
00:16:27J'ai dit.
00:16:29C'est bien, à votre gré.
00:16:31J'ai dit.
00:16:33C'est bien, à votre gré.
00:16:35J'ai dit.
00:16:37C'est bien, à votre gré.
00:16:39J'ai dit.
00:16:41C'est bien, à votre gré.
00:16:43J'ai dit.
00:16:45C'est bien, à votre gré.
00:16:47J'ai dit.
00:16:49C'est bien, à votre gré.
00:16:51J'ai dit.
00:16:53C'est bien, à votre gré.
00:16:55J'ai dit.
00:16:57C'est bien, à votre gré.
00:16:59J'ai dit.
00:17:01C'est bien, à votre gré.
00:17:03C'est bien, à votre gré.
00:17:05J'ai dit.
00:17:07C'est bien à votre Hamburger.
00:17:09J'ai dit.
00:17:11C'est bien, à votre gré.
00:17:13J'ai dit.
00:17:15C'est bien, à votre gré.
00:17:17J'ai dit.
00:17:19C'est bien, à votre Gré.
00:17:21Livesulf.
00:17:23Inter drawings.
00:17:25Inter drawings.
00:17:27Livesulf Sabu.
00:17:29A CGP.
00:17:31Je ne vous demande pas à qui vous pensez.
00:17:34Demandez-le moi, je vous le dirai.
00:17:36Silence, silence.
00:17:45Ce garçon mérite vraiment qu'on le corrige une bonne fois.
00:17:49N'en faites rien, je vous le demande.
00:17:51Mais je suis chez moi, non?
00:17:54Le roi est chez lui partout.
00:17:57Oh, le roi.
00:18:00Le roi, je vous expliquerai.
00:18:04Il faudra que je vous parle le plus tôt possible.
00:18:08Mais ce soir, si vous voulez.
00:18:10A vous et à certains de vos amis, dont voici la liste.
00:18:13Vous comprendrez ce soir.
00:18:15Où est le roi?
00:18:45Où est le roi?
00:19:16Oh, vous nous avez comblés.
00:19:18Je n'ai pas l'impression qu'on aime beaucoup le chant en Ancien.
00:19:21Vous prendrez bien un peu avec nous.
00:19:23Un doigt, un petit doigt de champagne.
00:19:25Non, merci.
00:19:27Ma voiture.
00:19:28Mon hôtel.
00:19:29Oui.
00:19:30Ma voiture.
00:19:31Juste un petit doigt.
00:19:32Mon hôtel, tout de suite.
00:19:34Cher ami, attendez-moi.
00:19:36Deux doigts de champagne, juste deux doigts de champagne.
00:19:38Je vous en supplie, ne partez pas comme ça, cher ami.
00:19:46Vous n'avez même pas dit comment vous trouviez ma robe.
00:19:49Admirable, madame.
00:19:51Merci.
00:19:52Admirable.
00:19:53Le bouquet, surtout.
00:19:55Il va si bien avec la robe.
00:19:57Et avec la beauté qu'il porte.
00:19:59S'il va avec moi, qu'il aille avec vous,
00:20:02il représente mon cœur.
00:20:04Et je vous le donne.
00:20:16On pourrait peut-être faire quelque chose de ce clavecin.
00:20:19Des anglades.
00:20:21Rendez-vous utiles.
00:20:23Jouez-nous une valse.
00:20:34Vous dansez toujours aussi mal.
00:20:37Mais c'est ce que nous allons voir.
00:20:46Danser avec n'importe qui, ce n'est pas danser.
00:20:49Mais danser avec celui qu'on a choisi.
00:21:15C'est ce qui m'intéresse.
00:21:38Votre réussite s'en est due.
00:21:40À part la chaleur.
00:21:41Vous vous rafraîchirez demain.
00:21:43Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être.
00:21:45Le jour va poindre avant que nous soyons tous rentrés.
00:21:48Eh bien, vous voilà rendus chez vous.
00:21:50Il n'est pas tard si nous montions, madame,
00:21:52avec votre permission, bien sûr.
00:21:54Vous êtes trop nombreux.
00:21:56Et jusqu'à quel chiffre acceptez-vous vos amis?
00:21:59Dans le cas présent, jusqu'à...
00:22:06Mes hommages, madame.
00:22:14Je suis seule, vous savez.
00:22:17Oui, madame.
00:22:19Mais moi, je ne suis pas seul.
00:22:21Je sais.
00:22:23Et vous?
00:22:25Vous vous contentez de ce qu'on ne vous donne pas.
00:22:29Oui.
00:22:31Quoi qu'il m'en coûte.
00:22:35C'est bon.
00:22:37Vous l'avez dit.
00:22:39Bonne chance.
00:22:41Merci, madame.
00:22:43Bonne chance.
00:22:45Bonne chance.
00:22:47Bonne chance.
00:22:49Bonne chance.
00:22:51Bonne chance.
00:22:53Bonne chance.
00:22:55Bonne chance.
00:22:58Et bon courage.
00:23:05Et demain, allez lui dire.
00:23:08Rendez-moi ce qu'il m'en coûte.
00:23:28Bon, bon.
00:23:30Tout cela, messieurs, je le comprends très bien.
00:23:32Mais d'abord, êtes-vous sûre de le tuer?
00:23:34Je m'en charge.
00:23:36En ce cas, je n'ai rien à dire.
00:23:38Et madame de Chaste-les-Rangs, les faits, ne l'épousera pas.
00:23:41Mais croyez-moi, messieurs, je la connais bien.
00:23:44C'est une femme d'un caractère sérieux, tendre, obstinée.
00:23:48Une heure après la mort de monsieur Levenne,
00:23:51elle fera mettre ses chevaux.
00:23:53Elle ira à Bruxelles, à Vienne,
00:23:55ou dans un couvent, n'importe où.
00:23:57Mais vous la perdrez, et pour toujours.
00:23:59S'il est blessé, le jour où il est hors de danger,
00:24:03elle s'enfuit à Paris, où un mois après, il la rejoint.
00:24:06Enfin, il ne va pas continuer à nous enlever en douceur
00:24:10les plus jolies femmes de Nancy,
00:24:12dans la classe où nous pouvons nous choisir une femme.
00:24:15En tuant monsieur Levenne,
00:24:17vous satisfaites un bel accès de colère.
00:24:19Mais les beaux yeux et la dot de madame de Chaste-les-Rangs
00:24:22s'éloigneront à tout jamais.
00:24:24Ah, docteur, vous parlez un langage qui nous blesse infiniment.
00:24:27Nous ne nous battons pas pour garder la dot de madame de Chaste-les-Rangs.
00:24:30Nous nous battons pour supprimer ce monsieur.
00:24:32Ah, c'est possible.
00:24:34Si le premier d'entre vous le manque à la première rencontre,
00:24:37il en vient un second, un troisième, un quatrième.
00:24:41Alors, je vous le dis, vous passerez pour des assassins.
00:24:44Ah, docteur, je vous demande de retirer ce mot.
00:24:47Le mot sera repris ailleurs, vous verrez.
00:24:50Qui empêchera monsieur Levenne de répandre dans son régiment
00:24:53où vous avez formé vos Jeune Meublesse Lorraine,
00:24:56une société d'assurance,
00:24:58pour ne pas vous laisser enlever les meufs qui ont de bonnes têtes.
00:25:00Pas encore.
00:25:01Et vous aurez le régiment tout en quai
00:25:03qui prendra parti contre vous.
00:25:04C'est justement ce que nous demandons.
00:25:06Eh bien, messieurs, c'est justement pourquoi je vous demande de ne pas vous battre.
00:25:11À quel titre ?
00:25:14Au nom du commissaire du roi pour l'Alsace,
00:25:18la Franche-Comté et la Lorraine.
00:25:21Le roi, monsieur, ne veut pas me donner tort dans une affaire tonnerre.
00:25:24Le roi ne donne pas tort, il te donne raison.
00:25:30Il donne des ordres.
00:25:33Le roi, messieurs, ne veut pas que son corps de noblesse
00:25:36se prenne de querelles avec l'armée
00:25:38qui, un jour prochain, et vous l'attendez tout comme moi,
00:25:42se ralliera à lui.
00:25:45Toute autre attitude serait apolitique, convenez-en.
00:25:48Et c'est pour cette unique raison, mais capitale,
00:25:51que ce duel vous est impossible.
00:25:53Je dirais même interdit.
00:25:57Voulez-vous désobéir ? Pas à moi.
00:26:01Mais à notre roi légitime ?
00:26:05À quoi devons-nous tendre ?
00:26:07Éloigner monsieur Levenne de Nancy
00:26:09et ne pas perdre madame de Chastelet ?
00:26:11Sans doute.
00:26:12Eh bien, moi, messieurs, je sais un moyen assuré d'y arriver.
00:26:15Nous aurions voulu le faire nous-mêmes.
00:26:17Sans effusion de sang.
00:26:19C'est bien ce que je regrette. Quel moyen ?
00:26:21Messieurs, nous sommes tous réunis ici
00:26:24pour le service de sa majesté Charles X.
00:26:28Il faut, messieurs, que personne d'entre vous
00:26:31ne provoque monsieur Levenne avant 15 grands jours.
00:26:34Il faut, il faut, il faut, il faut.
00:26:37C'est le temps qu'il me faut
00:26:39pour employer un moyen que je préfère
00:26:41et pour toucher à mort le cœur de ce jeune homme.
00:26:44Dans 15 jours, monsieur Levenne quittera Nancy
00:26:47ou il n'ira plus chez madame de Chastenet,
00:26:50si ce me semble ce que vous désirez.
00:26:52Et que, je vous l'ai montré, vous ne tiendrez pas par un duel.
00:26:56Mais fais confiance jusqu'à présent.
00:26:58Pas seulement en raison de la haute fonction que j'occupe,
00:27:01mais de l'homme que je suis.
00:27:04Mais le moyen que je compte employer n'a qu'un défaut.
00:27:08C'est qu'il exige un secret profond.
00:27:11Car c'est une arme de médecin.
00:27:15Je vous demande donc le secret absolu,
00:27:18même pour le peu que je vous en ai dit aujourd'hui.
00:27:21Car, messieurs, le secret que j'espérais vous soumettre
00:27:24ne m'appartient déjà plus.
00:27:26Pour le moment, je ne suis chargé que de demander à votre bravoure
00:27:30une trêve qui lui coûtera.
00:27:33Donc, nous lui demandons le plus grand sacrifice qu'elle puisse faire.
00:27:37Ne pas se montrer.
00:27:39Voilà qui est bien dit.
00:27:42Merci, monsieur. J'ai bien l'honneur.
00:27:58Il est laid, il est malpropre,
00:28:01et son chapeau a 18 ans d'âge.
00:28:04Mais la plupart de ses défauts tiennent à sa naissance.
00:28:07Son père était marchand de chanvre.
00:28:11Mais les plus grands rois ont dû se servir de conseillers ignobles.
00:28:15Allons, messieurs, allons boire un peu de punch de ma façon.
00:28:18Vous le boirez sans moi.
00:28:32Docteur! Docteur!
00:28:36Madame ne se sent pas bien.
00:28:38Que se passe-t-il?
00:28:39Je ne sais pas. Elle est saisie d'une fièvre violente.
00:28:42Elle crie, elle se débat.
00:28:44Bon, allez prendre de la glace chez la phyto de ma part.
00:28:47Je vais venir.
00:28:51Vous lui mettrez sur le front.
00:28:53Mademoiselle Bérard est avec elle.
00:28:55Oui.
00:28:56Tant mieux, c'est une bonne vie en malade.
00:28:58Allez, allez.
00:28:59Mais venez vite, docteur.
00:29:01Je vais venir, je vous l'ai dit. Allez, allez.
00:29:05Allez, allez.
00:29:15Evidemment, ça rangerait tout.
00:29:35Je reviendrai ce soir.
00:30:05Ça me paraît sérieux.
00:30:07D'autant que je ne vois rien d'organique.
00:30:10C'est ce qui me trouble.
00:30:14Reste l'explication par les nerfs.
00:30:16Ah, naturellement, les nerfs.
00:30:19Ah, monsieur le marquis, je cherche.
00:30:21Votre fille, nous le savons, est une personne très émotive.
00:30:25C'est le moins qu'on puisse dire.
00:30:27Alors je vous demande si elle a pu avoir une émotion,
00:30:30un trouble, un chagrin.
00:30:32Ou au contraire, une grande joie.
00:30:34Ça, une grande joie, non, docteur, non.
00:30:36Enfin quoi, quelque chose, je ne sais pas.
00:30:38Un choc.
00:30:39Ah oui, ça, un choc.
00:30:41Elle a eu un choc.
00:30:43Eh bien, c'est ce que je vous demande.
00:30:45Quel choc ?
00:30:46C'est cet imbécile de Blancet.
00:30:48Son cousin de Blancet ?
00:30:50Oui, il est venu lui raconter tout au long la soirée d'hier.
00:30:55Voilà comment elle est, ma fille.
00:31:05Vous vouliez parler du concert de la Maliband.
00:31:07Ah, ne faites pas l'ignorant.
00:31:09La musique n'a rien à voir là-dedans.
00:31:12Vous le savez comme moi.
00:31:14Ah, la petite d'Aucuncourt s'est outrageusement donnée
00:31:17en spectacle avec cette espèce de petit lieutenant.
00:31:21Ah.
00:31:22Oui, vous avez prié pourtant de le faire disparaître.
00:31:25Mais j'y pense, monsieur le marquis, j'y pense.
00:31:28Il est temps, il est vraiment bien temps.
00:31:31Allez, mon cher, et fasse le ciel qu'il ne soit pas trop tard.
00:31:53Oh non, laissez-moi.
00:31:56Non, non, je veux y aller, laissez-moi.
00:32:00Non, laissez-moi.
00:32:06Non, je veux y aller.
00:32:16Et j'ai bien dit, personne.
00:32:19Personne.
00:32:31On m'a prié d'attendre ici, j'attends.
00:32:34Excusez-moi, monsieur, je dois lui porter de la glace.
00:32:37Il faut absolument que je voie votre maîtresse.
00:32:40J'essaierai, monsieur.
00:32:43Cette nuit, quand tout le monde dormira,
00:32:46je mettrai une petite lampe à ma lucarne, tout sera ouvert.
00:32:51J'ai usé les 30 premières années de ma vie en me rendant froid,
00:32:54en tête à tête avec un chocolat, et toi, qui ne t'es donné que la peine de me voir,
00:32:58tu m'as fait un malheur.
00:33:01Je t'ai fait un malheur.
00:33:04Je t'ai fait un malheur.
00:33:07Je t'ai fait un malheur.
00:33:10Je t'ai fait un malheur.
00:33:13Je t'ai fait un malheur.
00:33:16Je t'ai fait un malheur.
00:33:19Tu te prétends que ton gouvernement punira les jeunes forts.
00:33:31Attends un peu, tu vas souffrir, gamin.
00:33:35Comment va-t-elle ?
00:33:38Mal.
00:33:41Ne la voyez surtout pas.
00:33:44C'est si grave.
00:33:47Je ne peux pas encore me prononcer.
00:33:50Mais docteur, je ne peux pas lui faire du mal.
00:33:52Hélas.
00:33:54Vous ne pouvez que lui faire du mal, mon enfant.
00:33:57Mais comprenez-moi, docteur.
00:33:58Il faut plutôt essayer de comprendre.
00:34:01Ou plutôt de ne pas comprendre, cela vaudra mieux.
00:34:05Mais que se passe-t-il, docteur ?
00:34:07Dites-moi la vérité.
00:34:09Je ne peux pas vous dire qu'une chose, mon enfant.
00:34:12C'est qu'il y a ici...
00:34:14un secret.
00:34:17Un secret ?
00:34:20Ne demandez rien.
00:34:22D'ailleurs, je suis tenu au silence.
00:34:24Ne cherchez rien.
00:34:26Et...
00:34:28ne revenez plus ici.
00:34:30D'ailleurs, vous ne vous recevrez pas.
00:34:32J'ai dû donner des ordres.
00:34:35Il a fallu.
00:34:47...
00:35:17...
00:35:41...
00:36:11...
00:36:41...
00:37:11...
00:37:39Vous êtes là.
00:37:41...
00:37:45Tout va bien.
00:37:51Ne parlez pas.
00:37:55Mais vous...
00:37:57Vous pouvez me parler ?
00:38:04Je n'ai rien à vous dire.
00:38:09Je ne suis pas venu vous parler.
00:38:11...
00:38:17Je suis venu vous regarder.
00:38:22Vous êtes encore plus jeune...
00:38:24que quand vous étiez en uniforme.
00:38:28Et moi ?
00:38:30Je ne suis pas trop laide ?
00:38:33Chut.
00:38:35Calmez-vous.
00:38:37Ne me répondez pas.
00:38:41...
00:38:43Là.
00:38:48Le miroir.
00:38:49...
00:39:19...
00:39:26Aujourd'hui, tout va bien.
00:39:30Parce que vous me l'avez donné.
00:39:34Alors, regardez-vous.
00:39:38Mais ne parlez pas.
00:39:39...
00:39:54Donnez-moi le coffret.
00:39:55Donnez-moi le coffret.
00:40:20Je vous le donne.
00:40:26...
00:40:28Pas comme un souvenir ?
00:40:30...
00:40:33Je ne suis pas si malade qu'à cela.
00:40:36...
00:40:47Mais pour que vous l'apportiez.
00:40:48Pour que vous l'apportiez.
00:40:50...
00:41:08Une bague, vous savez.
00:41:10C'est une promesse.
00:41:13Je sais.
00:41:14...
00:41:25Je n'aurai plus peur de vous.
00:41:27...
00:41:33Il ne faut pas.
00:41:35...
00:41:38Et moi, je ne vous ferai plus jamais de mal.
00:41:41Vous savez que vous m'en avez fait.
00:41:44Vraiment.
00:41:46Je sais.
00:41:48...
00:41:52Mais c'est fini.
00:41:54...
00:41:58Je n'ai plus de doute.
00:41:59...
00:42:17À demain.
00:42:18...
00:42:48...
00:43:18...
00:43:45Bien.
00:43:47Bien.
00:43:51Continuez.
00:43:53Continuez.
00:44:07Comment la trouvez-vous ?
00:44:10Nettement mieux.
00:44:12Nettement mieux.
00:44:14C'est bien ce que je craignais.
00:44:18Leven est venu la voir cette nuit.
00:44:23Voilà l'explication.
00:44:25L'amour guérit les blessures qu'il a faites.
00:44:27Faudra-t-il le dire à son père ?
00:44:29Gardez-vous en bien.
00:44:32Mademoiselle Berard.
00:44:34J'ai des choses à vous dire à ce propos.
00:44:37Mais pas ici, vous passerez chez moi à midi.
00:44:39Des choses que je ne peux dire qu'à vous.
00:44:42Bonnes chrétiennes et bonnes royalistes.
00:44:45Oui, il s'agit d'une affaire de la plus haute gravité.
00:44:50Et extrêmement délicate.
00:44:52J'aurai besoin de vous cette nuit même.
00:45:10La seule difficulté,
00:45:13c'est la présence continuelle de cette fille auprès d'elle.
00:45:26Bonjour, Beaulieu.
00:45:28Bonjour, docteur.
00:45:30Comment va madame ?
00:45:32Pas bien du tout.
00:45:34Elle s'affaiblit de plus en plus.
00:45:36Oh, mon Dieu !
00:45:37Bonjour, Beaulieu.
00:45:39Oh, mon Dieu !
00:45:43A tel point que je me demande si, par hasard,
00:45:47un chagrin de coeur ne vient pas aggraver la maladie de votre pauvre madame.
00:45:54Et je vous le dis en confidence, Beaulieu,
00:45:57car je sais que vous l'aimez bien.
00:45:59Oh, oui, docteur.
00:46:01Je me demande s'il ne serait pas naturel
00:46:03qu'elle puisse voir encore une fois M. Levenne.
00:46:07Hélas, monsieur.
00:46:09Voilà des jours que M. Levenne le tourmente pour le laisser venir.
00:46:14Mais que dirait le monde ?
00:46:17Nous n'en sommes plus là.
00:46:19Il nous faut au contraire faire tout ce qu'il faut pour lui faire plaisir.
00:46:23Elle est si mal cassée.
00:46:25Très mal.
00:46:29Docteur,
00:46:32il est venu hier soir.
00:46:34Oh, il est venu.
00:46:35Vous l'avez pourtant défendu.
00:46:38Oh, pour cinq minutes.
00:46:41Et est-ce qu'il doit revenir ?
00:46:47Ah, ne mentez pas, ma petite fille.
00:46:51Oui, ce soir.
00:46:54Madame m'a ordonné de tout préparer pour qu'il puisse revenir.
00:46:57Vous savez, elle lui est si attachée.
00:47:00C'est bon, je ne vous le reproche pas.
00:47:02Au contraire, je pense que vous avez bien fait.
00:47:05Oui, j'ai si peur qu'elle ne tombe dans ce que nous médecins nous appelons le marasme.
00:47:10Mon Dieu, le marasme ?
00:47:13Vous ne pouvez pas comprendre. Je vous expliquerai.
00:47:16Mais c'est très grave.
00:47:18Et c'est très long et très difficile à soigner.
00:47:21Si quelque chose peut la sauver, c'est du lait de femme.
00:47:25Du lait de femme ?
00:47:27Ah oui, j'ai entendu dire...
00:47:29Je viens de faire courir dans ton ancier et je ne trouvais rien.
00:47:32Que du lait de femme devrait-il ?
00:47:33Je voudrais du vrai bon lait d'une belle paysanne.
00:47:39De quel pays êtes-vous ?
00:47:41De Chaffer.
00:47:43C'est loin ?
00:47:45Oh non, c'est-à-dire à Saint-Lieu d'ici.
00:47:48Il le faudra tout de suite.
00:47:50Je pourrais y être dans la nuit.
00:47:52Il y a une femme qui nourrit chez nous, je la connais.
00:47:54Et revenir demain avec elle ?
00:47:56Prenez votre temps.
00:47:58Ce lait-là échauffé devient vite du poison.
00:48:01Ne revenez qu'après-demain.
00:48:04Mais il faudrait partir vite.
00:48:07Maintenant.
00:48:11Mais...
00:48:13Si je suis partie, et M. Levin qui doit revenir ce soir ?
00:48:17Ne vous inquiétez pas.
00:48:19Mettez-moi un peu au courant.
00:48:21Quelles sont les dispositions que vous preniez ?
00:48:23Oh, M. Levin connaît son chemin.
00:48:26Il a la clé, il passe par le jardin.
00:48:28Mais il attend mon signal.
00:48:31Cette petite lampe...
00:48:33que je mets sur cette fenêtre.
00:49:00C'est bon, c'est bon.
00:49:30C'est bon.
00:50:01Vous savez, Docteur, j'ai vraiment eu très peur pour elle.
00:50:04Oui, mais rassurez-vous.
00:50:06Elle est sauvée.
00:50:10Aidez-moi à l'allonger, Docteur.
00:50:19Elle est encore bien pâle.
00:50:21Vous ne trouvez pas ?
00:50:26Je ne sais pas.
00:50:28Dites-moi, vous restez-t-il encore un peu de glace ?
00:50:31Oui.
00:50:50Il vaut mieux être prudent.
00:50:52Allez m'en chercher encore.
00:50:54Oui, Docteur, tout de suite.
00:50:55Allez, dépêchez-vous.
00:51:26L'hémorragie est arrêtée maintenant.
00:51:30Oui.
00:51:32Je crois aussi.
00:51:37Ce qui l'a pris ce soir, la fera dormir jusqu'à demain.
00:51:45Mon Dieu !
00:51:48C'est pas possible !
00:51:50C'est pas possible !
00:51:52C'est pas possible !
00:51:54Mon Dieu !
00:51:56Qui aurait pu voir qu'elle était dans cet état ?
00:52:03Vous savez, à cinq mois, ça n'est pas encore très visible.
00:52:11Ma foi, Docteur, dans cette situation, cette hémorragie,
00:52:16c'était encore ce qui pouvait lui arriver mieux.
00:52:24Mais vous, Docteur, vous n'avez pas une idée de qui ça pourrait être ?
00:52:29M. de Blancet ?
00:52:31M. Buzan de Sicile ?
00:52:35De toute manière, nous n'en saurons jamais rien et nous n'avons pas le savoir.
00:52:38Je les dirai d'affaire, c'est l'essentiel.
00:52:41Faites-moi pas du tout ça, qu'on n'en parle plus.
00:52:44Et qu'on ne vous voit pas, surtout.
00:52:46Allez.
00:52:53Allez.
00:53:23Sous-titrage ST' 501
00:53:54Je ne peux vous dire qu'une chose, mon enfant.
00:53:57C'est qu'il y a ici un secret.
00:54:00Un secret ?
00:54:02Ne me demandez rien.
00:54:04D'ailleurs, je suis tenu au silence.
00:54:07Ne cherchez rien.
00:54:23Sous-titrage ST' 501
00:55:53Je vous dis que non.
00:55:55Mais je vous dis que je vais à Reims.
00:55:57C'est l'ordre du colonel du 27e lancé de Nancy.
00:55:59C'est urgent.
00:56:01Il me faut un ordre, un ordre signé.
00:56:03Sinon, vous n'aurez rien.
00:56:05On n'a pas le droit de demander les chevaux comme ça dans la nuit.
00:56:07Mais qu'est-ce que vous faites ?
00:56:09Je vous interdis, monsieur.
00:56:11Je vous en donne d'en venir.
00:56:13Je vous en donne d'en venir.
00:56:15Je vous en donne d'en venir.
00:56:17Je vous en donne d'en venir.
00:56:19Je vous en donne d'en venir.
00:56:21Je vous en donne d'en venir.
00:56:23Je vous en donne d'en venir.
00:56:25Oh !
00:56:51Eh, tu te calmes.
00:56:54Lucien ! Justement, je t'écrivais !
00:57:20Maman ! Maman !
00:57:22Maman ! Je suis fou !
00:57:24Mais qu'est-ce que tu as, Lucien ?
00:57:26Qu'est-ce qui t'arrive ?
00:57:31Oh, maman ! Je n'ai pas manqué à l'honneur,
00:57:35mais à cela près, je suis le plus malheureux des hommes.
00:57:37Oh, je te pardonne tout, mon petit.
00:57:39Ne crée aucun reproche. Est-ce une affaire d'argent ? J'en ai.
00:57:43Oh, c'est bien autre chose, maman.
00:57:47J'aimais.
00:57:50J'ai été trompé.
00:57:52Mon petit, mon petit.
00:57:57Oh, mon Dieu ! À l'aide ! Quelqu'un ! Quelqu'un !
00:58:02Venez vite !
00:58:07Relevez-le ! Relevez-le !
00:58:20Il n'est sorti ni pour le déjeuner, ni pour le dîner.
00:58:23Après 36 heures de cheval.
00:58:25Mais quand on frappe, il devrait entendre.
00:58:27Je ne dis pas qu'il n'entende pas.
00:58:29Alors, il est malade.
00:58:31Et en pesant bien fort sur la porte.
00:58:33Chez moi, on ne force pas les portes.
00:58:35Ou alors, par la fenêtre.
00:58:39Je ne sais pas.
00:58:41Je ne sais pas.
00:58:43Je ne sais pas.
00:58:45Je ne sais pas.
00:58:47Par la fenêtre.
00:59:17Par la fenêtre.
00:59:43Ce n'est rien, madame.
00:59:45Je vous l'avais dit.
00:59:55Bonjour.
00:59:57Bonsoir, plutôt.
00:59:59Pardonnez-nous cette intrusion.
01:00:01Il faut d'abord que vous dormiez.
01:00:03Aidez-moi.
01:00:05Portons-le sur le lit.
01:00:07Je vous laisse.
01:00:17Je vous ai demandé de faire quelque chose.
01:00:19Vous avez quitté Nancy sans autorisation.
01:00:21Oui.
01:00:23Je vais devoir vous demander de vous méler.
01:00:25Vous me répondrez plus tard.
01:00:29Demain.
01:00:31Demain.
01:00:37Vous m'avez bien tout dit, vous n'avez rien oublié.
01:00:49Non, mon père, je n'ai rien oublié.
01:00:52Parce que ce sont les petits faits qui sont importants.
01:00:54Les petits faits contiennent toujours de quoi éclairer ou même renverser l'explication
01:01:01des grands faits.
01:01:03On voit trop d'âme à travers vos paroles, mon fils.
01:01:08I have your feelings, my boy.
01:01:11Vous ne manquez pas d'esprit, mais vous parlez trop de ce que vous sentez.
01:01:14Cela attire les fourbes de toute espèce.
01:01:16Tâchez donc d'amuser en parlant aux autres de ce qui ne vous intéresse nullement.
01:01:21Moi, j'ai d'abord arrangé avec le général l'affaire de votre départ un peu précipité
01:01:28de Nancy, parce que vous n'avez pas l'air de savoir que jusqu'à nouvel ordre, vous êtes
01:01:33encore soldat et que sans monsieur votre père, vous seriez en prison comme déserteur.
01:01:39Mais j'arrangerai les choses avec le ministre de la guerre, car je ne tiens pas du tout à
01:01:45ce que vous soyez fusillé.
01:01:47Vous êtes trop bon.
01:01:49Beaucoup trop.
01:01:52Dans le fond, pourquoi ne feriez-vous pas de folie ou même des sottises, puisque je
01:01:58ne l'irai pas.
01:02:00Il y a une seule folie, pourtant, à laquelle je ne consentirai pas, parce qu'elle a des
01:02:04suites.
01:02:05C'est le mariage.
01:02:07Le mariage est aussi utile au bonheur des femmes que nuisible à celui des hommes.
01:02:15Mais nous parlerons de tout cela en dînant ensemble.
01:02:18Mais il n'est pas question de mariage, mon père.
01:02:21Mais j'y sens, moi, pour vous.
01:02:23Je veux vous trouver une fille riche et pas plus haute qu'une pauvre.
01:02:27Mais on n'a pas toujours de l'argent.
01:02:30Et ce peuple-là est si fou qu'avec un uniforme, la pauvreté ne lui est pas très supportable.
01:02:35La pauvreté n'est que la pauvreté.
01:02:37Ce n'est pas grand-chose.
01:02:38Il n'y a pas le mépris.
01:02:40Mais je ne veux pas abuser de mon titre de père.
01:02:44Vous ferez donc absolument ce qui vous conviendra.
01:02:46Vous serez libre de votre nouvelle activité.
01:02:49Mais au moins, il faut faire un choix.
01:02:53Je n'ai pensé qu'à cela depuis mon retour.
01:02:55Oh non, vous avez pensé à bien d'autres choses aussi.
01:02:59Mon ami, la température monte très vite ici et cela me fatigue.
01:03:03Faites-nous le plaisir de pousser le bouton du ventilateur, là.
01:03:08Non, le numéro 2, celui du bas.
01:03:11Non, merci.
01:03:13Donc, brave sous-lieutenant, vous ne voulez plus de l'état militaire.
01:03:19Non, mon père, pas en temps de paix.
01:03:21Jouer au billard, boire au café.
01:03:23Défense de lire les journaux que je voudrais lire.
01:03:25Vivre avec des...
01:03:26Bon, bon, bon.
01:03:27Mais vous pensez faire quoi?
01:03:31Vivre à Paris, comme n'importe qui.
01:03:33Ou bien voyager.
01:03:35L'Amérique.
01:03:36La Chine.
01:03:37Ah non.
01:03:38Vu mon âge et celui de votre mère, restons à Paris, s'il vous plaît.
01:03:42Restons à Paris.
01:03:44Merci.
01:03:45Merci.
01:03:47Alors, je peux vous prendre avec moi.
01:03:52Vous vous donnez comme secrétaire particulier à mon ami M. Devese,
01:03:55qui va demain être nommé ministre.
01:03:58M. Devese?
01:04:01Tiens.
01:04:02Si je comprends bien, vous aimeriez mieux travailler chez lui que chez moi.
01:04:07La banque.
01:04:09Non, mon père.
01:04:10Vous le savez, je n'aime pas assez l'argent.
01:04:12Parce que vous en avez toujours eu.
01:04:15Peut-être.
01:04:16Mais si, après moi, vous êtes pauvre.
01:04:18Comment, après vous?
01:04:1965 n'égale pas 24.
01:04:23Bref, le comptoir vous ennuie,
01:04:25et vous préférez le bureau particulier du ministre de l'Intérieur.
01:04:31Je le crois, oui.
01:04:32Dites, je le crains.
01:04:35M. Devese est un grand administrateur.
01:04:37Tout, tout, tout, tout.
01:04:39J'entrevois là une grande difficulté,
01:04:41telle que je vous connais.
01:04:44Serez-vous assez coquin pour tenir cet emploi?
01:04:47Colbert, Richelieu,
01:04:50en un mot, tout ce qui a été en politique,
01:04:52c'est-à-dire dirigeant les hommes,
01:04:54a au moins commencé par le premier degré de la coquinerie,
01:04:57où je désire vous voir.
01:04:59Sachez qu'il vous faudra grimper quelques échelons.
01:05:03Vous me l'avez dit, j'essaierai.
01:05:05En ce moment, on n'assassine plus guère, il est vrai.
01:05:08Il y a un peu moins de sales affaires,
01:05:10mais il y en a encore beaucoup de malpropres.
01:05:13Oui, M. le sous-lieutenant,
01:05:15serez-vous assez coquin pour aider ceux qui vous emploieront
01:05:18à faire leur coquinerie?
01:05:21Voler l'argent?
01:05:22Du pauvre peuple.
01:05:24Ou, disons, à l'employer un peu différemment
01:05:27qu'il ne l'aurait employé lui-même.
01:05:29Mais il est un peu bête, le peuple.
01:05:32Et ses députés un peu sots.
01:05:34Et surtout, pas mal intéressés.
01:05:36Que voulez-vous que je sois?
01:05:38Un coquin, je veux dire un homme politique.
01:05:40Un coquin.
01:05:41Un de ces hommes actifs faisant leur propre fortune
01:05:44par le gouvernement régnant.
01:05:47Je te prouverai que Sully, le bon Sully,
01:05:50a été un voleur.
01:05:52Que Bonaparte, en Italie, volait.
01:05:54Et quoi, aurais-tu préféré un honnête homme comme Moreau
01:05:57se faisant battre à Cassino, à Neuville, enfin partout?
01:05:59Moreau ne coûtait au trésor que 200 000 francs, peut-être.
01:06:02Et Bonaparte, 3 millions.
01:06:04Mais lequel choisissez-vous?
01:06:09Bon, mon garçon,
01:06:11êtes-vous sûr que votre âme sera innomineuse
01:06:13pour entrer dans une carrière d'honneur?
01:06:16Vous ne m'avez pas répondu,
01:06:18et je m'attends toujours à ce réponse.
01:06:21Vous ne m'avez pas répondu.
01:06:25Je serai sincère avec vous, mon père.
01:06:28Je suis si malheureux et désolé,
01:06:30que je n'ai pas l'intention d'en parler.
01:06:33Je ne sais pas pourquoi,
01:06:36Je suis si malheureux et si dégoûté de la vie,
01:06:39et de moi-même,
01:06:41que je voudrais, non pas mourir, cela fait mal,
01:06:45mais être mort.
01:06:47Rassurez-vous, je ne le dirai pas à ma mère.
01:06:50Ce sont des histoires entre hommes.
01:06:54Je souffrirai trop.
01:06:56Est-ce que tu crois que je ne souffre pas, moi?
01:06:58Je t'aime, moi aussi.
01:07:01Allez, mangeons ces huîtres.
01:07:04Il est vrai, à la réflexion,
01:07:06que vous pourrez être beaucoup plus utile à mes intérêts
01:07:09comme secrétaire du ministre de l'Intérieur qu'à la banque.
01:07:13Voulez-vous un peu de ce vin blanc?
01:07:17A condition que je ne sois mêlé à aucun assassinat politique.
01:07:20Mais non, mais non.
01:07:22Il y a des hommes de main pour cela.
01:07:24Et que je ne sois pas chargé de faire des discours
01:07:26ou des pamphlets mentaux?
01:07:28Mais non, mais non.
01:07:30Il y a des gens de lettre pour cela.
01:07:32Règle absolue.
01:07:34Dans le genre sale, vous dirigez.
01:07:36Vous ne faites jamais.
01:07:39L'art de mentir s'est singulièrement perfectionné
01:07:41depuis quelques années.
01:07:43On n'exprime plus le mensonge en termes exprès
01:07:45comme du temps de nos pères.
01:07:47Il y a les mensonges, les bons et les mauvais.
01:07:50Les bons mensonges, ce sont ceux que croient
01:07:52tous les petits publics.
01:07:54Les excellents, ce sont ceux qui attrapent
01:07:56aussi les gens à voiture.
01:07:58Puis il y a les autres, les exécrables.
01:08:00Ceux que personne ne croit.
01:08:02Voilà donc le principe.
01:08:04Tout gouvernement,
01:08:06même celui des États-Unis,
01:08:08ment toujours.
01:08:10Et en tout.
01:08:12Et quand il ne ment pas sur le fond,
01:08:14le gouvernement ment sur les détails.
01:08:16Voilà une première maxime d'État
01:08:18qui ne doit jamais sortir de votre mémoire.
01:08:20Ni de votre bouche.
01:08:22Alors, je suis dans tout leur petit boulot.
01:08:24Alors, je suis dans tout leur petit secret.
01:08:26Mensonges et friponneries diverses.
01:08:28Et je ne dois jamais les trahir.
01:08:30Voilà.
01:08:32Le gouvernement escamote les droits et l'argent du populaire
01:08:34tout en gérant chaque matin de les respecter.
01:08:36Somme toute.
01:08:38J'entre dans une caverne de voleurs.
01:08:40Exactement.
01:08:42Il me faut laisser le sens moral
01:08:44en entrant à la porte du ministère.
01:08:46Si je comprends bien.
01:08:48Et...
01:08:50Bien non.
01:08:52Décidément, je n'aime pas cela.
01:08:54Alors, si vous ne voulez rien comprendre,
01:08:56allez sous une charme avec votre vertu.
01:08:58Ou entrez à la trappe, si le cœur vous en dit.
01:09:00Mais on ne mange pas d'huîtres à la trappe,
01:09:02bien que ce soit un flamelon.
01:09:20Je suis un grand sceau, madame.
01:09:22Et un grand fou.
01:09:24J'ai désiré avec passion le cœur d'une femme.
01:09:26Et je n'ai pu l'obtenir.
01:09:28Peut-être l'aurai-je obtenue.
01:09:30Mais non.
01:09:36Il aurait fallu que vous me fassiez un aveu.
01:09:38Et que vous me fassiez un aveu.
01:09:40Et que vous me fassiez un aveu.
01:09:42Et que vous me fassiez un aveu.
01:09:44Et que vous me fassiez un aveu.
01:09:46Et que vous me fassiez un aveu.
01:09:48Il aurait fallu que vous me fassiez un aveu.
01:09:50Trop cruel, sans doute.
01:09:52Vous n'avez pas eu le courage de me dire.
01:09:58De me dire, un autre m'a aimé.
01:10:00Et j'attends un enfant de lui.
01:10:02Voilà pourquoi j'étais si triste.
01:10:06Vous avez été faible, Bathilde.
01:10:08Mais moi, suis-je parfait ?
01:10:12Vous m'avez mal connu.
01:10:18Je n'ai pas détruit l'étrange sentiment que j'avais pour vous.
01:10:22Souvent, j'ai eu honte.
01:10:26Mais toujours, il m'a dominé.
01:10:34Qu'est-ce que la vie pour moi, désormais ?
01:10:38Mon père me presse de choisir un état.
01:10:42Il faudrait pour cela que j'aie foi en moi-même.
01:10:44Puisque je n'ai pas su vous plaire, que saurais-je jamais ?
01:10:50Et pourtant, c'était tout ce que j'aurais voulu savoir.
01:11:06Si j'allais à l'Ancimeu, j'étais à ses pieds.
01:11:14Et lui demander pardon de m'avoir fait cocu, peut-être.
01:11:24Quand on possède une âme comme la tienne, Lucien,
01:11:26écoute-moi bien.
01:11:28Une âme à la fois faible et impossible à contenter.
01:11:32On va se jeter à la trappe.
01:11:34Mon père a raison.
01:11:36À la trappe, Lucien Levene !
01:11:38À la trappe !
01:11:44À la trappe !
01:12:14Puisque je n'irai pas à la trappe,
01:12:18je serai un coquin.
01:12:44Hier soir, M. Votre-Père ne m'a donné
01:12:46aucune instruction particulière.
01:12:48Je fais donc comme vous, M. Lucien.
01:12:50J'attends.
01:12:52Mais enfin, Anselme, je vous assure.
01:12:54Mon père m'a bien dit huit heures.
01:12:56Je m'excuse, M. Lucien, mais pour rien au monde,
01:12:58je ne me présenterai devant M. Votre-Père
01:13:00avant qu'il ne sonne.
01:13:14Je vous présente mes devoirs, mon père.
01:13:16Je suis fâché de t'avoir fait attendre.
01:13:18Moi, peu importe, mais le ministre...
01:13:20Le ministre est fait pour m'attendre quand il le faut.
01:13:22Il a besoin de ma banque
01:13:24et a peur de mon salon.
01:13:26Bien entendu, ce n'est huit heures.
01:13:28J'étais un peu en transpiration.
01:13:30À mon âge,
01:13:32la vie devient un problème.
01:13:34Comme te voilà fait.
01:13:36Tu as l'air
01:13:38beaucoup trop jeune ainsi.
01:13:40Anselme, donnez un gilet plus sobre à M. Lucien.
01:13:44Arrange-moi tes cheveux.
01:13:46La cravate.
01:13:48Tous, quelquefois.
01:13:50Pour donner trente,
01:13:52trente-cinq ans.
01:13:54La première impression fait beaucoup
01:13:56avec les imbéciles.
01:13:58Il faut toujours traiter un ministre comme un imbécile.
01:14:00Il ne pense pas.
01:14:02Il n'a pas le temps de penser.
01:14:04Alors, tu n'as pas changé d'avis?
01:14:06Tu te sens, ce matin, l'âme assez scélérate
01:14:08pour rentrer dans la carrière des honneurs?
01:14:10Et sauras-tu te montrer aussi adroit
01:14:12que tous ces chefs et sous-chefs
01:14:14qui entourent le ministre?
01:14:16Mon père,
01:14:18maintenant, tout m'est indifférent.
01:14:20Peu m'importe telle ou telle carrière.
01:14:22Le seul état
01:14:24qui me conviendrait
01:14:26serait celui d'un sauvage lointain,
01:14:28obligé de chasser et de pêcher
01:14:30pour sa subsistance
01:14:32de chaque jour.
01:14:34Cela n'est ni beau, ni honorable
01:14:36pour un homme aussi jeune,
01:14:38je le sais,
01:14:40aussi personne au monde
01:14:42que vous n'aura cette confidence, mon père.
01:14:44J'apprécie
01:14:46que vous ayez pour votre mère
01:14:48des secrets qui n'en sont pas pour moi.
01:14:50Une mère est une mère,
01:14:52dit-on.
01:14:54A mon sentiment,
01:14:56un père est bien davantage.
01:14:58Mais, laissons dire,
01:15:00tous les lieux communs
01:15:02sont vrais.
01:15:06Mais, je vous aime,
01:15:08moi.
01:15:10Et vous me rendez malheureux,
01:15:12car c'est une du prix
01:15:14d'aimer.
01:15:16Vous le savez?
01:15:18Oui.
01:15:20Je le sais.
01:15:30Monsieur Devese est père de France.
01:15:34On m'a dit qu'il a du génie pour l'administration.
01:15:36Et que c'est un grand politique.
01:15:38Un grand politique?
01:15:40Ah, mon fils,
01:15:42les écailles ne vous sont pas encore tombées des yeux.
01:15:44Vous reconnaîtrez bientôt
01:15:46avec combien peu de talent l'on mène
01:15:48les grandes affaires de ce monde.
01:15:50Il y a convention entre ce monsieur Devese
01:15:52que nous allons voir de ce pas et moi.
01:15:54Un, il s'est engagé
01:15:56à arranger ta désertion
01:15:58avec son collègue de la guerre.
01:16:00Deux, te faire nommer maître des requêtes
01:16:02avec la croix, avant la fin de l'année.
01:16:04En échange,
01:16:06j'ai fait par mon salon réussir son ministère
01:16:08et sa nomination à l'intérieur.
01:16:10Et je me suis engagé
01:16:12à faire avec lui
01:16:14de compte admis
01:16:16des affaires de bourse
01:16:18basées sur des dépêches télégraphiques
01:16:20et sur les délibérations
01:16:22du conseil des ministres.
01:16:24Mais c'est un homme riche.
01:16:26Et puis la haute fonction qu'il occupe.
01:16:28As-tu jamais vu un homme riche qui ne songe pas
01:16:30à doubler sa fortune?
01:16:32Un homme riche doit être pauvre.
01:16:34Un homme éduqué, père de France,
01:16:36n'est pas lui d'examiner si sa position
01:16:38est conforme ou non à la vertu.
01:16:40Elle est bonne, sa position.
01:16:42Donc, il doit tout faire pour la conserver
01:16:44ou l'améliorer.
01:16:46Autrement, l'opinion
01:16:48le méprise, comme un lâche
01:16:50ou un saoul.
01:16:52Mais crois bien dans la tête, mon enfant,
01:16:54que, pour toutes ces raisons,
01:16:56le Devese
01:16:58ne peut pas se passer de mon fils.
01:17:02Sais-tu maintenant l'avantage d'avoir un père?
01:17:04C'est une chose fort utile à Paris.
01:17:06Tu vas le voir.
01:17:18Son Excellence m'attend.
01:17:20Tu me rends un service personnel
01:17:22si tu sais être l'intermédiaire
01:17:24entre le ministre et moi.
01:17:26Mais tout dépendra de la façon
01:17:28dont tu te feras considérer.
01:17:30Comment vas-tu te comporter avec un ministre
01:17:32qui, à cause de moi, te fera la cour?
01:17:34Pourquoi ne serais-je pas naturel avec lui
01:17:36comme avec tout le monde?
01:17:38Naturel?
01:17:40Ressource de paresseux.
01:17:42Oui, pourquoi je lui dirais,
01:17:44M. le Comte, j'ai mieux risqué
01:17:46d'être trop ferme avec vous
01:17:48que vous laisser empiéter sur ma dignité.
01:17:50Cela vous indiquera que je me moque de ma place
01:17:52tandis que vous adorez la vôtre.
01:17:54Cela dit, vous êtes un grand administrateur
01:17:56que je respecte et je suis votre homme.
01:17:58Vous êtes un grand administrateur
01:18:00et profitez de ses fautes.
01:18:02Parle comme un homme d'Etat,
01:18:04c'est-à-dire soit insignifiant,
01:18:06donne dans le lieu commun,
01:18:08élégant et vide,
01:18:10soit de force, de temps à autre,
01:18:12a hasardé de propos légers
01:18:14et un peu moqueurs.
01:18:16C'est l'inquiétude d'un homme,
01:18:18le genre de ses plaisanteries
01:18:20et la manière de les dire
01:18:22qui marquent sa place dans la société.
01:18:24Malheureusement, mon père,
01:18:26le charlatanisme n'est pas un véhicule ici.
01:18:28Sans l'impudence et le charlatanisme,
01:18:30on ne réussit pas à Paris.
01:18:32Le charlatanisme est comme un zéro
01:18:34placé à la droite d'un chiffre.
01:18:36Il en décuple la valeur.
01:18:38C'est la seule et unique religion de ce siècle.
01:18:40Pense à l'église de France, mon fils,
01:18:42si réaliste,
01:18:44si raisonnable
01:18:46et à la fortune
01:18:48qu'elle a faite.
01:18:50Son Excellence nous attend.
01:18:52Ah!
01:18:54J'oubliais.
01:18:56Voici deux petites cartes d'abonnement.
01:18:58Celle-ci pour l'opéra.
01:19:00Celle-là pour les bouffes.
01:19:02Ce sont les suites naturelles
01:19:04de vos dignités de ce matin.
01:19:06Mon père, ces plaisirs me font peur.
01:19:08Mais c'est une grande chose de débuter.
01:19:10Il faut que le monde connaisse ton visage.
01:19:12Vous m'avez promis d'acquérir
01:19:14une certaine position dans le monde.
01:19:16Alors, une demi-heure dans chacune,
01:19:18chaque soir vers onze heures.
01:19:20Je vous le promets.
01:19:22M. le ministre vous attend.
01:19:26Ne dire absolument que des choses communes.
01:19:28Rien qui ne s'écarte de l'opinion reçue
01:19:30dans la société où tu vas entrer.
01:19:34Ah!
01:19:38J'ai l'honneur de présenter mon fils
01:19:40à son Excellence.
01:19:42J'en veux faire un ami.
01:19:44Vous serez mon premier aide-de-camp.
01:19:46Ah! C'est une place de choix.
01:19:50Devez-vous l'apprendre dans son ministère.
01:19:52Il n'a rien à me refuser.
01:19:54Vous savez pourquoi?
01:19:56Naturellement, pas un mot n'a été dit
01:19:58entre nous sur les opérations
01:20:00que je fais avec ce coquin
01:20:02qu'il admire.
01:20:04Ah! Il s'en apercevra bien un jour.
01:20:06Non, non.
01:20:08C'est une chose
01:20:10qu'il n'a jamais dit.
01:20:12Il s'en apercevra bien un jour.
01:20:14Non, non.
01:20:16Il a été très maléable.
01:20:18Trop même.
01:20:20Il n'a pas fait d'objection.
01:20:22Mais c'est cela qui me fait peur.
01:20:24Comment prendra-t-il
01:20:26la première friponnerie de son Excellence?
01:20:28Voilà ce qui me préoccupe.
01:20:32Oui, peut-être avez-vous raison.
01:20:34Cette activité est le seul moyen
01:20:36de parer au coup de pistolet.
01:20:38Non, ne nous ferez pas cette peine atroce.
01:20:40Il a l'amour de la vie,
01:20:42la curiosité de lutter avec le monde.
01:20:44Et puis, sa vertu,
01:20:46si ennuyeuse,
01:20:48qu'il empêcherait de nous laisser seuls.
01:20:50On l'attrape?
01:20:52Non. Il aime trop les conversations,
01:20:54les milieux spirituels.
01:20:56Ce que j'aurais rêvé pour lui,
01:20:58c'est une vie tranquille et non brillante.
01:21:00Tel que je le connais, ça n'est pas possible.
01:21:02Il aime trop les salons.
01:21:04N'est-ce pas cela qu'il recherchait à Nancy
01:21:06auprès de cette Madame de Chastelaire?
01:21:08Ne prononcez pas ce nom-là devant lui,
01:21:10sinon les folies recommenceront.
01:21:12Si nous pouvons gagner le bout de l'année,
01:21:14peut-être aura-t-il oublié
01:21:16sa Madame de Chastelaire.
01:21:18Je n'en suis pas très sûr.
01:21:20Avec un cœur si constant,
01:21:22tout d'une pièce comme celui
01:21:24que vous lui avez fait,
01:21:26je sais bien ce qu'il lui faudrait.
01:21:28Quoi?
01:21:30Un nouvel amour.
01:21:32Quoi, si tant?
01:21:34Je ne demande pas une grande passion,
01:21:36je me suffirais.
01:21:38Je le connais.
01:21:40Ce n'est pas possible.
01:21:42Et dans le fond,
01:21:44je n'aurais peut-être pas aimé qu'il soit différent.
01:21:46Oui.
01:21:48Mais il guérirait plus vite.
01:21:50Soyez tranquille.
01:21:52Je l'ai précipité, sans le lui dire,
01:21:54dans une vie active, dans un travail de tous les instants.
01:21:56Et le soir, pour qu'il n'ait pas un instant de répit,
01:21:58à l'opéra.
01:22:00Comme son père?
01:22:02Avez-vous donc de grands chagrins
01:22:04à oublier, vous,
01:22:06quand vous allez à l'opéra?
01:22:08Vous seul pouviez me faire du chagrin.
01:22:10Mais vous ne me l'avez jamais fait.
01:22:12Jamais vous n'avez essayé de m'aimer,
01:22:14en dépit de ma conduite abominable.
01:22:26Le brusque départ de M. Levin
01:22:28nous a tous remplis d'admiration pour vous, docteur.
01:22:30Mais un point de cet événement
01:22:32reste obscur.
01:22:34Un point qui a fait courir bien des bruits
01:22:36dans Nancy.
01:22:38C'est le moyen que vous avez employé
01:22:40pour nous débarrasser de lui.
01:22:42Cela, je ne peux pas le révéler.
01:22:44C'est mon secret, M. Le Marquis.
01:22:46Je m'en excuse.
01:22:48Mais quelle importance, puisque le but est atteint.
01:22:50Vous savez que Mme Cunier,
01:22:52de la poste aux lettres,
01:22:54pense bien.
01:22:56Elle m'a remis le courrier de ma fille,
01:22:58tant qu'elle est malade.
01:23:00Et il s'y est trouvé, ce matin,
01:23:02une lettre de ce jeune homme,
01:23:04qui ne m'affordait plus.
01:23:06Elle laisse supposer
01:23:08que l'expédient que vous avez imaginé
01:23:10pour nous débarrasser de lui
01:23:12compromet l'honneur de ma fille.
01:23:14M. Le Marquis, je n'avais pas le choix.
01:23:16Si ce jeune homme était devenu votre gendre,
01:23:18ce n'est pas l'honneur de votre fille
01:23:20qui eût été atteint.
01:23:24C'est celui de toute votre maison.
01:23:27Là, nous sommes parfaitement d'accord.
01:23:36Vous ne brûlez pas cette lettre?
01:23:39Ce serait...
01:23:41préférable.
01:23:43Je serai fidèle à ma promesse.
01:23:45Puisqu'il vous convient
01:23:47de vous présenter aux élections,
01:23:49vous aurez ma voix.
01:23:52Mais dites-moi, du poirier,
01:23:54il vous faudra prêter serment
01:23:56de fidélité à Louis-Philippe.
01:23:58Cela ne vous gêne pas?
01:24:00Des voleurs m'arrêtent
01:24:02au coin d'un bois.
01:24:04Ils sont 3 contre 1
01:24:06et me demandent un serment.
01:24:08Fais-je de le refuser?
01:24:10Le roi actuel est ce voleur
01:24:12qui prétend me voler
01:24:14le droit d'être député.
01:24:16Il a 7 ans.
01:24:18Il n'a pas le droit
01:24:20d'être député.
01:24:22Il a ses ministres,
01:24:24ses préfets, ses gendarmes.
01:24:26Il est le plus fort.
01:24:28Il leur a son serment
01:24:30arraché par la force.
01:24:32C'est bon, bon, bon.
01:24:38Tenez.
01:24:40Voilà mon cousin de Constantin.
01:24:46Bonjour, Saint-Jean.
01:24:48Il se présente aussi à la députation, celui-là.
01:24:50Et dans le même camp que vous.
01:24:52Je sais.
01:24:54Et je lui donne même des chances sérieuses.
01:24:56Il aurait des chances, si je le voulais.
01:24:58Mais je ne le veux pas.
01:25:00Lui n'est rien.
01:25:04Il a cette importance épaisse et saute
01:25:06qui plaît tant à la chambre des députés.
01:25:08Mais elle, sa femme,
01:25:10c'est une dangereuse intrigante.
01:25:12C'est la meilleure amie de ma fille.
01:25:14Elle a sur elle
01:25:16la plus détestable influence.
01:25:18Je n'aime pas ces gens-là.
01:25:26Mon lieu me dit
01:25:28que tu as été malade.
01:25:30Et je n'en ai rien su.
01:25:32Comment cela ?
01:25:34Je t'ai écrit souvent.
01:25:36Tu m'as écrit ?
01:25:38Oui, au moins huit lettres.
01:25:40Et toi, tu reçuis les miennes ?
01:25:42Tu m'as écrit ?
01:25:44Qu'est-ce que je vous disais ?
01:25:46Inutile de chercher
01:25:48qui intercepte le courrier.
01:25:50C'est trop fort.
01:25:52Tais-toi.
01:25:54Il est derrière la porte.
01:26:02Oh, ma cousine !
01:26:04Mon cousin !
01:26:06Mais soyez donc assis,
01:26:08monsieur le député.
01:26:10Puisqu'à ce qu'on m'a dit,
01:26:12vous souhaitez être députée
01:26:14dans la chambre de Louis-Philippe,
01:26:16vous allez être obligée
01:26:18de lui prêter serment.
01:26:20Ça ne vous gêne pas ?
01:26:22Et pourquoi pas ?
01:26:24Je meurs d'envie d'aller à l'opéra.
01:26:26Et le moyen de vivre à Paris
01:26:28sans argent,
01:26:30si on n'est pas député.
01:26:32Des voleurs m'arrêtent
01:26:34au coin d'un bois.
01:26:36Ils sont trois contre un
01:26:38et demandent un serment.
01:26:40Ils auront leur serment
01:26:42arraché par la force.
01:26:44Et en y ajoutant
01:26:46toutes nos voix,
01:26:48vous voici en bonne position
01:26:50pour ces élections, docteur.
01:26:52Moi seul, peut-être.
01:26:54Je ne dois pas de remerciements
01:26:56à monsieur le docteur
01:26:58qui m'a ôté le plaisir
01:27:00de punir un insolent.
01:27:02Mais je ne lui en fais pas moins
01:27:04l'offre de ma voix,
01:27:06mais peut-on savoir maintenant
01:27:08comment vous nous avez débarrassé
01:27:10de ce monsieur Levenne ?
01:27:12Toujours pas, messieurs.
01:27:14J'ai risqué gros dans cette affaire.
01:27:16Comme vous le savez,
01:27:18j'ai horreur des coups de poignard,
01:27:20des duels, enfin des violences
01:27:22de toutes sortes.
01:27:24L'essentiel pour moi, c'est que vous ayez réussi.
01:27:26Passez donc me voir ce soir chez moi.
01:27:28On fêtera cela avec un ponche de ma façon.
01:27:30C'est encore une violence à laquelle
01:27:32je veux soustraire mon estomac, mon foie et mes reins.
01:27:34Si vous ne voyez pas d'inconvénients.
01:27:38Il se méfie de nous.
01:27:42Et savez-vous pourquoi ?
01:27:44Un homme est candidat.
01:27:46Bon.
01:27:48Puis, il est élu.
01:27:50Ah, mais cela change tout.
01:27:52Ce n'est plus le même homme.
01:27:54Il nous trahira un jour, vous verrez.
01:27:56Eh oui, il attendra d'être député pour cela.
01:27:58C'est la règle.
01:28:00J'ai été dupe annoncé
01:28:02parce que j'avais la duperie
01:28:04et la naïveté d'un cœur honnête.
01:28:06Parce que je n'étais pas assez coquin.
01:28:08Et la question de mon père
01:28:10avait un grand sens.
01:28:12Seras-tu assez coquin ?
01:28:14Bien sûr,
01:28:16les premiers vols à favoriser,
01:28:18un, du foin pour les chevaux,
01:28:20deux, du linge pour les hôpitaux,
01:28:22vont me répugner.
01:28:24Mais...
01:28:26Mais, mais, mais...
01:28:30Quelle attrape ?
01:28:32Malgré une vie innocente,
01:28:34ma vanité blessée
01:28:36me laisserait-elle un moment de repos ?
01:28:40Comment digérer cette idée
01:28:42d'être inférieur par l'esprit à ses contemporains ?
01:28:46Obéissons à mon père.
01:28:50Apprenons donc,
01:28:52sinon à voler,
01:28:54du moins à laisser passer le vol.
01:29:00Ah, vous êtes là.
01:29:04Vite, vite, courez après monsieur votre père.
01:29:06Non, non.
01:29:08Copiez d'abord cette dépêche télégraphique
01:29:10que vous lui montrerez.
01:29:12Ainsi que cette note
01:29:14que je lui adresse.
01:29:16Il faut absolument que vous le trouviez.
01:29:18Ne prenez surtout pas
01:29:20le cabriolet du ministère,
01:29:22mais prenez un fiacre dans la file d'attente en face.
01:29:24Et pour l'amour de Dieu,
01:29:26qu'il laisse cette note
01:29:28avant la fermeture de la bourse.
01:29:30Elle ferme dans trois heures la bourse,
01:29:32vous le savez.
01:29:34Vous sentez bien
01:29:36toute l'importance
01:29:38et le secret de la chose.
01:29:42Réflexion faite,
01:29:44le mieux serait que vous ramenez
01:29:46monsieur votre père ici,
01:29:48que je lui explique tout.
01:29:50Oui, si vous pouvez,
01:29:52faites tout pour ramener monsieur votre père ici.
01:29:54Car moi, je ne peux pas me montrer
01:29:56dans le comptoir de messieurs Van Peters
01:29:58et Levenne, vous comprenez, chers amis.
01:30:00Bon, je suis ici, je vous attends,
01:30:02et ce soir, à l'opéra.
01:30:06Allez, allez, allez.
01:30:10Il n'a pas eu la moindre vergogne
01:30:12à me parler de sa petite spéculation.
01:30:16Gaucher!
01:30:18Gaucher!
01:30:22Brûle la fitte!
01:30:26Et moi,
01:30:28me voilà bel et bien complice de Gaucherie.
01:30:30Mais laquelle?
01:30:46Attendez-moi!
01:30:56Tiens!
01:30:58Quel bon vent t'amène!
01:31:00On m'a prié de vous remettre d'urgence.
01:31:02Laissez-nous,
01:31:04monsieur Metral.
01:31:10Ceci.
01:31:16Et mon père va participer
01:31:18à cette manœuvre.
01:31:20Ah!
01:31:22Diable!
01:31:24On peut répondre
01:31:26qu'il fait son métier de banquier.
01:31:28Il sait d'une nouvelle, il en profite.
01:31:30Il ne trahit aucun secret, lui.
01:31:32Monsieur Metral!
01:31:34Monsieur Metral!
01:31:38Mais sans le rustleur,
01:31:40il n'y aurait pas de voleur.
01:31:42Il faut annuler cet homme, tout de suite,
01:31:44à la bourse.
01:31:46Ah, trop tard. Monsieur Rouillon
01:31:48est déjà parti depuis un moment.
01:31:50Bonjour, merci.
01:31:54Bonjour.
01:32:06Mais enfin, qui a-t-il exactement?
01:32:08Il y a mon enfant
01:32:10que le monde n'est pas divisé
01:32:12comme le croient les sceaux,
01:32:14en riches et en pauvres,
01:32:16en gens honnêtes et malhonnêtes,
01:32:18mais tout simplement en dupes et en fripons.
01:32:20La voilà, la clé.
01:32:22Il n'y a pas d'autre solution.
01:32:24C'est toi qui vas y aller, et tout de suite à la bourse.
01:32:26Mais je dois vous ramener au ministère.
01:32:28Il attend. Il vous attend.
01:32:30Ah! Parce qu'il est ministre,
01:32:32il voudrait me faire courir,
01:32:34mais je n'irai pas à son ministère.
01:32:36Assieds-toi là un instant,
01:32:38le temps que je te mette par écrit mes instructions.
01:32:40Mais on m'en a déjà donné des instructions,
01:32:42et très précises.
01:32:44Suis les miennes.
01:32:46Il ne faut pas gratter les grands hommes,
01:32:48sinon ils se négligent.
01:32:50Assieds-toi là.
01:32:52Prends le journal des débats.
01:32:54Lis la rubrique financière en attendant.
01:32:58Et apprends à faire l'opération de bourse.
01:33:00Rien ne doit être plus simple
01:33:02pour un élève de polytechnique.
01:33:06Je n'aurais jamais pensé que mon métier
01:33:08fut de lire le journal.
01:33:10Moi, vois-tu,
01:33:12je n'ai rien à demander à la faveur des hommes,
01:33:14gouvernants ou gouvernées.
01:33:16Je ne m'adresse
01:33:18qu'à leur bourse.
01:33:20C'est à moi de leur prouver,
01:33:22le matin dans mon cabinet,
01:33:24que leur intérêt et le mien
01:33:26sont les mêmes.
01:33:28Et hors de ce cabinet,
01:33:30je n'ai qu'un intérêt,
01:33:32me délasser
01:33:34en riant des sauts,
01:33:36qu'ils soient sur le trône
01:33:38ou dans la crotte.
01:33:40Dans mon métier,
01:33:42il n'y a qu'un principe.
01:33:44L'appétit du petit joueur
01:33:46est la seule chose
01:33:48qui donne une idée de l'infini.
01:33:50M. Métral, mon commis,
01:33:52te donnera des leçons.
01:33:54Non, pas de bêtises,
01:33:56mais sur l'art de la manier.
01:33:58Donc, tu cours à la bourse,
01:34:00tu y trouves ce M. Rouillon,
01:34:02tu lui donnes ce mot,
01:34:04tu lui dis qu'il coupe peut-être cette affaire.
01:34:06Ah, c'est une opération qu'il faut arrêter.
01:34:08Mais pourquoi?
01:34:10Julien, ton ministre le dira
01:34:12si tu sais l'interroger.
01:34:14Quand tu le verras,
01:34:16ne te presse surtout pas.
01:34:18Dis-lui simplement que son affaire d'aujourd'hui est arrangée.
01:34:20Quand tu le verras.
01:34:26Et attends-toi à être plutôt mal reçu.
01:34:44Eh bien, monsieur,
01:34:46c'est moi qui suis obligé de vous chercher?
01:34:48Qu'est-ce que tout cela signifie?
01:34:52Rassurez-vous, monsieur le ministre.
01:34:54Commence-la.
01:34:58Vous avez vu, monsieur, votre père?
01:35:00Il a lu votre mot
01:35:02et m'a donné ordre de courir à la bourse,
01:35:04ce que j'ai fait,
01:35:06et j'ai pu l'out arrêter.
01:35:08Alors, l'affaire est arrangée?
01:35:10Non, sans peine.
01:35:12Enfin, à la bourse,
01:35:14j'ai fini par trouver ce monsieur Rouillon,
01:35:16qui n'en avait acheté que pour 10 000 francs.
01:35:18Acheté sur votre conseil, monsieur le ministre.
01:35:20Alors, je l'ai fait aussitôt tout revendre,
01:35:22à perte,
01:35:24et mon père lui réglera la différence demain matin.
01:35:26Donc...
01:35:28Ouf! Bravo! Merci, mon ami.
01:35:30Enfin, je dois vous avouer, monsieur le ministre,
01:35:32que ce monsieur Rouillon
01:35:34n'a absolument rien compris,
01:35:36ni moi non plus du reste.
01:35:38C'était, paraît-il, une belle affaire.
01:35:40Ah! La plus belle
01:35:42dont je me sois occupé.
01:35:44Alors, pourquoi sortirez-vous?
01:35:46Vous méritez que je vous le dise.
01:35:48Venez, venez.
01:35:50Votre père m'a fait si souvent gagner de l'argent,
01:35:52je lui ai demandé cette fois
01:35:54de m'empêcher d'en gagner,
01:35:56et beaucoup, hélas.
01:35:58Je ne comprends toujours pas.
01:36:00Je ne peux pas vous dire tout,
01:36:02mais je m'étais engagé dans cette affaire
01:36:04sur une dépêche télégraphique venue d'Espagne.
01:36:06Deux heures plus tard,
01:36:08par miracle,
01:36:10qu'il ne faut pas y toucher, à cette affaire.
01:36:12On se l'était réservé.
01:36:14Qui ça, on?
01:36:16Enfin,
01:36:18devant qui pourrions-nous, votre père et moi,
01:36:20nous retirer, sinon devant on?
01:36:22Oh, enfin!
01:36:24Disons, the king,
01:36:26et non pas non plus.
01:36:28D'un fois, monsieur le ministre,
01:36:30je ne savais pas que je naviguais
01:36:32dans des sphères aussi hautes.
01:36:34Eh bien, redescendez-en tout de suite,
01:36:36et bénissons le ciel de ce miracle
01:36:38qui nous a permis à votre cher père et à moi
01:36:40de tirer à temps
01:36:42notre épingle du jeu.
01:36:44Et que dois-je faire encore?
01:36:46Acheter demain
01:36:48une très jolie montre en or,
01:36:50avec une chaîne,
01:36:52et avec un exemplaire des oeuvres de Balzac
01:36:54portant un chiffre impair,
01:36:561, 3, 5,
01:36:58que vous ferez porter par une main sûre
01:37:00à mon informatrice,
01:37:02madame Lavernet, 90 rue Saint-Arne.
01:37:04Voilà, voilà.
01:37:06Je crois que je vous ai tout dit.
01:37:10Votre excellence m'en a tellement dit, en effet,
01:37:12que je crois qu'elle ne m'a rien dit du tout.
01:37:14Allons, allons, allons, ne vous fâchez pas.
01:37:16Vous avez mené cette affaire
01:37:18à merveille, mon cher Lucien.
01:37:22Vous permettez que je vous appelle Lucien, hein?
01:37:24Je n'ai pas de permission
01:37:26à donner à votre excellence.
01:37:28Mais il est vrai que je n'ai pas mal mené
01:37:30cette affaire.
01:37:32C'est parfait.
01:37:34Bravo, bravo. Merci, bravo.
01:37:42Me voici avec tout ce qu'il y a
01:37:44de plus élégant à Paris.
01:37:48Le jour avec des coquins
01:37:52et le soir avec des catins.
01:37:56Mais qu'est-ce donc que l'opinion publique?
01:37:58Elle m'estimera pour ma journée
01:38:02et me méprisera pour ma soirée
01:38:04avec cette pauvre fille.
01:38:10J'ai bien envie de planter là le ministère
01:38:12et de retourner à Nancy.
01:38:18Si je ne lui parlais de rien,
01:38:20peut-être m'en recevrait-elle.
01:38:22Non, non.
01:38:24Ce projet est absurde.
01:38:29Vraiment, je deviens fou.
01:38:42Il doit y avoir quelque part
01:38:44quelqu'un qui croit que je l'aime.
01:38:48Je ne sais pas.
01:38:52Il ne se trompe guère.
01:38:54Si je te laisse ici encore un an ou deux,
01:38:56tu prendras toutes les manies
01:38:58de sentir d'une religieuse.
01:39:00Mais où est le mal, grand Dieu?
01:39:02Une jeune veuve de 20 ans
01:39:04s'ennuie ici à périr.
01:39:06Arrive un beau jeune homme.
01:39:08Pas tellement beau.
01:39:10Disons, beau cavalier.
01:39:12Il a commencé par tomber de cheval
01:39:14sous mes fenêtres.
01:39:16Mais alors, dis-moi ce qu'il a pour lui,
01:39:18ton monsieur Levenne,
01:39:20il est naturel?
01:39:22Il y a dans tout cela quelque chose qui ne l'est pas, naturel.
01:39:24Quelque chose que je ne comprends pas.
01:39:26Et puis,
01:39:28qu'est-ce que ça veut dire, naturel?
01:39:30Cela veut dire qu'il tombe de cheval
01:39:32et qu'on ne trouve pas cela ridicule.
01:39:36Il fait ce qu'il croit devoir faire.
01:39:38Il ne fait pas semblant.
01:39:40Il ne croit pas en Dieu
01:39:42et il le dit.
01:39:44Cela veut dire
01:39:46qu'il va à l'église rien que pour me voir
01:39:48et qu'il le dit aussi.
01:39:50C'est pour tout cela
01:39:52qu'il m'est cher.
01:39:54Tu pries pour lui, j'espère.
01:39:56Non, cela ne me semblerait pas naturel.
01:40:00Dieu doit être heureux d'avoir fait un homme tel que lui
01:40:02qui dit ce qu'il pense.
01:40:04S'il avait voulu
01:40:06qu'il pense autrement, il l'aurait fait autrement.
01:40:10Un jour,
01:40:12il a cessé de m'aimer
01:40:14et il est parti.
01:40:16Il a compris qu'il n'était pas de ton rang
01:40:18et il s'est retiré.
01:40:20Est-ce que tu l'aurais épousé?
01:40:26Ce que je lui reproche,
01:40:28c'est de ne pas m'avoir écrit une lettre.
01:40:30Écoute, je ne suis pas amoureuse de ton Lucien, moi.
01:40:32Je suis de bonne foi.
01:40:34Je suis sûre qu'il t'a écrit.
01:40:36Il ne pouvait pas deviner que ton père a retenu ses lettres,
01:40:38comme les miennes.
01:40:40Il sait tout ce que je pense.
01:40:42Son cœur aurait dû lui dire que ses lettres ne me parvenaient pas.
01:40:44Faut-il que tu sois amoureuse
01:40:46pour être d'aussi mauvaise foi?
01:40:48Oui, je le suis.
01:40:50Tu es folle.
01:40:54Mon cœur me dit qu'il m'a abandonnée.
01:40:58Dis-moi, Mathilde,
01:41:00est-ce que vous vous querelliez quelquefois?
01:41:02Pas souvent.
01:41:04Quelquefois.
01:41:06Est-ce que vous vous êtes querellée
01:41:08juste avant son départ?
01:41:10Oh non! Jamais nous n'avions été
01:41:12près l'un de l'autre.
01:41:14Comment n'a-t-il pas dit à un postillon,
01:41:16mon ami, voilà cent francs,
01:41:18prenez cette lettre, portez-la à Nancy à cette adresse
01:41:20et nous la remettez comme impropre?
01:41:28C'est ici que cet amour fatal a commencé.
01:41:32Pourquoi fatal?
01:41:34Tu l'aimes,
01:41:36et tu appelles cela fatal?
01:41:38C'est le même décor,
01:41:40les mêmes acteurs,
01:41:42ce n'est plus la même pièce.
01:41:44Le personnage principal a disparu.
01:42:02Je me demande ce qu'il fait.
01:42:10C'est ce qu'il fait.
01:42:40C'est ce qu'il fait.
01:43:10Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org