Lucien Leuwen - 1973 - Episode 1

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DB - 20-08-2024

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00:00:00La France est divisée en trois
00:00:171832
00:00:19Depuis les Trois Glorieuses, les trois journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830,
00:00:25la France est politiquement divisée en trois.
00:00:29Si le chef de la branche cadette des Bourbons, Louis-Philippe d'Orléans,
00:00:33sacré roi des Français, est sur le trône,
00:00:36l'autre branche des Bourbons est restée fidèle à l'Ancien Régime
00:00:39et au petit roi Henri V, qui a cinq ans.
00:00:44Ces légitimistes ont fui Paris et se sont réfugiés en province,
00:00:48près des frontières d'où ils complotent.
00:00:51Ils haïssent Louis-Philippe et surtout la République,
00:00:54qui peu à peu, régulièrement, gagne du terrain.
00:01:00Ce jour-là, 5 juin 1832,
00:01:02Paris faisait d'imposantes funérailles au général Lamarck,
00:01:05le seul général républicain.
00:01:08...
00:01:26Les partisans de la liberté de tout pays étaient venus saluer sa dépouille.
00:01:30C'est l'hommage des Polonais en exil que j'apporte ici au général Lamarck.
00:01:35Merci à la France, merci aux Républicains
00:01:38qui nous ont ouvert généreusement les bras.
00:01:41...
00:01:45L'école polytechnique avait été sévèrement consignée, mais...
00:01:50...
00:02:20Assez de discours ! Tous à l'hôtel de ville !
00:02:23...
00:02:41Ce n'est plus un enterrement, c'est une émeute.
00:02:43C'est peut-être l'enterrement de Louis-Philippe.
00:02:46...
00:02:56L'armée avec nous !
00:02:59Voilà à quoi sert l'armée aujourd'hui.
00:03:01À charger le peuple.
00:03:03Des policiers déguisés en soldats.
00:03:05...
00:03:17Ah non ! Pas ce bonnet sanglant !
00:03:19Pas de sang, mes amis ! Pas de sang, mes amis ! Pas de sang ! Pas de sang !
00:03:26...
00:03:37Cette fois, ils vont charger.
00:03:39Tous à l'hôtel de ville ! Tous à l'hôtel de ville !
00:03:41...
00:04:09Des fauteurs de troubles, profitant d'une cérémonie funèbre
00:04:14qui eut dû se dérouler dans le calme et dans la dignité,
00:04:19ont cherché à la transformer en une insurrection sanglante.
00:04:24Forçant les portes qui avaient été fermées sur mon ordre,
00:04:28sept d'entre vous ont pris part à cette émeute.
00:04:32Et en uniforme, pour y avoir assisté,
00:04:37alors que l'école était consignée,
00:04:40ils n'ont plus l'honneur d'appartenir à l'école polytechnique.
00:04:45...
00:04:47C'est à l'instant même que je leur ordonne
00:04:52de quitter ce réfectoire qu'ils déshonorent !
00:04:56...
00:05:03Coff !
00:05:05Coff !
00:05:07Armand !
00:05:09Leven !
00:05:11Lucien !
00:05:13Labussière !
00:05:15Jean !
00:05:17Blanchot ! Ernest !
00:05:21Guérin !
00:05:23Victor !
00:05:26Larguet ! Jules !
00:05:29Et Massé !
00:05:31Charge !
00:05:34Portez !
00:05:36...
00:06:05...
00:06:24Antoine !
00:06:26...
00:06:39Qu'est-ce que tu vas faire ?
00:06:42M'enterrer en province.
00:06:45Moine ?
00:06:47Je ne crois pas en Dieu.
00:06:49Ou alors je crois qu'il est méchant.
00:06:53Et toi ?
00:06:56Tu n'as pas de problème, toi.
00:07:02C'est bien ce qui m'ennuie.
00:07:05...
00:07:15Allez !
00:07:17...
00:07:47Il y a dans Alceste
00:07:49l'imperfection que la tête n'est pas assez bonne.
00:07:52Alceste devrait comprendre
00:07:54que tous ces mots qu'il ne peut endurer
00:07:56viennent du gouvernement
00:07:58et tourner contre le tyran
00:08:00la haine que lui donnent les vices de ses contemporains
00:08:03comme il devrait rester dans le monde
00:08:05pour s'y liguer avec le peu d'honnêtes gens qui y sont.
00:08:09...
00:08:25Applaudissements
00:08:31Monsieur Lucien !
00:08:35...
00:08:37Oh ! Regardez !
00:08:39Oh ! Lucien !
00:08:43Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
00:08:45Voilà un jeune homme qui porte fort mis à l'épée.
00:08:48C'est mon fils.
00:08:50Voulez-vous m'accorder quelques instants ?
00:08:52Tout de suite ?
00:08:54Bien sûr ! Bien sûr !
00:08:58Rien de grave ?
00:09:00Si.
00:09:02Ah !
00:09:04J'ai été chassé de l'école.
00:09:06Ah ! Voilà qui est ennuyeux.
00:09:08D'autant plus que j'avais à sortir.
00:09:10Eh bien, tu vas t'habiller
00:09:13et venir avec moi.
00:09:15Aubry !
00:09:17Apportez-nous du champagne.
00:09:19À la glace, n'est-ce pas ?
00:09:28Si j'ai bien compris,
00:09:30ils ne t'ont même pas laissé le temps de dîner.
00:09:32Quelle importance !
00:09:33Ah ! Si !
00:09:34À ton âge, il faut manger.
00:09:36Mon républicain de fils fera bien à son père l'honneur
00:09:39de boire avec lui un peu de champagne.
00:09:42Me croyez-vous vraiment républicain ?
00:09:45Non.
00:09:46Tu n'es pas sale.
00:09:48Tu ne portes pas les cheveux longs.
00:09:49Tu aimes les bons tailleurs, les jolies bottes et les cigares.
00:09:52Non. Non.
00:09:54Tu n'es pas républicain.
00:09:57Pourtant, excepté mes pauvres républicains attaqués de folie,
00:10:01je ne vois rien d'estimable dans le monde, mon père.
00:10:04Ils sont peut-être fous,
00:10:06mais pas bas.
00:10:07Moi, je ne pense pas que j'aurai forcément le bonheur suprême
00:10:10avec ta république.
00:10:11Il me semble que le mien, le bonheur,
00:10:14dépendra toujours de mes actions personnelles.
00:10:16Peut-être.
00:10:18Mais bien que je n'ai pas leur vertu,
00:10:21mon cœur est avec les républicains.
00:10:23Les révolutions ont souvent du cœur,
00:10:26mais pas de l'esprit.
00:10:27Voyez-vous, mon père,
00:10:29la république tarde trop à venir.
00:10:33Si j'étais un jeune paysan,
00:10:35avec quatre cents louis,
00:10:37je crois que je m'expatrierais.
00:10:40J'irais acheter deux cents hectares de terre
00:10:42aux environs de Washington ou de Cincinnati.
00:10:45Eh bien, moi, vois-tu, mon fils,
00:10:47je ne voudrais pour rien au monde vivre sous une de ces démocraties
00:10:50comme nous les pro-nouveaux libéraux.
00:10:53Je saurais vivre avec des hommes incapables d'idées fines,
00:10:56si vertueux soient-ils.
00:10:59J'ai horreur du bon sens fastidieux d'un Américain.
00:11:02En lisant les œuvres de leurs hommes distingués,
00:11:04je n'éprouve qu'un désir,
00:11:06celui de ne jamais les rencontrer dans ce monde.
00:11:09Non, je m'y ennuierais au milieu d'hommes
00:11:12parfaitement justes et raisonnables,
00:11:14si l'on veut,
00:11:16mais ne songeant qu'aux dollars
00:11:19et aux moyens d'en amasser.
00:11:21Je voudrais, quant à moi, que le peuple fût heureux.
00:11:23Moi aussi.
00:11:25Le bonheur est comme la chaleur.
00:11:27Cela monte, d'étage en étage.
00:11:29Mais je ne voudrais pour rien au monde vivre avec le peuple
00:11:32ou être obligé de le flatter
00:11:34comme il est de nécessité dans cette Amérique dont tu me parles.
00:11:37Là, si je ne plais pas à mon coordonnier,
00:11:39il répand des calomnies sur mon compte.
00:11:41Et à New York, pour devenir député,
00:11:44il faut faire la cour à ces gens-là,
00:11:46car le vote du plus grossier des artisans
00:11:48compte autant que celui de Benjamin Franklin.
00:11:51Tout cela est au-dessus de mes forces.
00:11:53J'ai mieux discuté avec M. de Talleyrand
00:11:56sur les mérites comparés de la Malibran et de Mme Pasta,
00:12:00faire la cour à M. le ministre
00:12:03qu'à mon bottier ou à l'épicier du coin de la rue.
00:12:06Agent Lucien,
00:12:08vous avez trop peu vu de la vie pour prendre de pareilles décisions.
00:12:12Attendez et buvez frais.
00:12:16Il n'empêche que,
00:12:18dans le rapport de la valeur de chacun de nous,
00:12:20je me demande quelle va être ma place, mon père.
00:12:23Au milieu de la liste ou le dernier ?
00:12:26Par malheur, pour le moment, le dernier,
00:12:28puisque le général vient de me chasser de l'école.
00:12:30De polytechnique !
00:12:32N'exagérons rien.
00:12:34Ce n'est pas pour tes opinions politiques.
00:12:36Je te souhaite de n'en avoir jamais.
00:12:38Remarque que si tu avais eu à gagner ta vie,
00:12:40tu y aurais regardé à deux fois
00:12:42avant d'aller te promener où il ne fallait pas,
00:12:44avant de risquer ta carrière, comme tu viens de le faire.
00:12:48Allons, mon fils.
00:12:51Veux-tu ou ne veux-tu pas
00:12:53être quelque chose dans ce monde ?
00:13:04J'ai horreur des portes par lesquelles il faut passer pour cela.
00:13:08Il y a trop de fumiers sous ces portes.
00:13:10Mon enfant, ce général qui t'a chassé
00:13:12vaut cent fois mieux que toi.
00:13:14Il a dû donner des nausées à ses chefs,
00:13:16il a sollicité en sa faveur cet avancement et ce poste
00:13:18dont il jouit aujourd'hui.
00:13:20Et toi, monsieur le républicain,
00:13:22n'as-tu pas de vergogne à ton âge
00:13:24de ne pas être en état de gagner la valeur de ce cigare ?
00:13:27Ce général est un être civil.
00:13:29Vil ou non, il t'est mille fois supérieur.
00:13:31L'homme qui, en servant les passions du fort,
00:13:33se fait donner par ceux qui possèdent l'argent
00:13:35les quatre sous que coûte ce cigare
00:13:37est un être, vil ou non, nous verrons ça plus tard.
00:13:40Mais il est fort.
00:13:42C'est un homme. On peut le mépriser.
00:13:45Il faut compter avec lui.
00:13:47Toi, tu n'es qu'un enfant
00:13:49qui a trouvé de belles phrases dans un petit livre
00:13:51et qui les répète avec grâce
00:13:53comme un acteur pénétré de son rôle.
00:13:58Vous avez raison.
00:14:00Cent fois, mon père.
00:14:04Que serais-je sans vous ?
00:14:06Que le diable t'emporte !
00:14:08Est-ce que tu deviendrais vraiment Saint-Simonien, par hasard ?
00:14:11Comme tu vas être ennuyeux.
00:14:13Tu le sais, pourtant.
00:14:15Je ne déteste que deux choses au monde.
00:14:17Les gens ennuyeux
00:14:19et l'air humide.
00:14:21Allez, enlève-toi.
00:14:23Laisse-toi regarder.
00:14:25Montre-toi. Dors.
00:14:27Réveille-toi.
00:14:29Tu es parfait.
00:14:37Viens.
00:14:39J'exige que tu occupes ce soir ma loge à l'opéra.
00:14:41Là, tu trouveras des demoiselles
00:14:43qui valent trois ou quatre cents fois mieux que toi.
00:14:47Car elles ne se sont pas données seulement
00:14:49la peine de naître.
00:14:51Et les jours où elles dansent,
00:14:53elles gagnent quinze à vingt francs.
00:14:55J'exige que tu leur donnes à souper
00:14:57et que tu dépenses ce soir au moins deux cents francs.
00:14:59Sinon, je te répudie.
00:15:01Et tu les conduiras aux rochers de Cancale
00:15:03comme mon député.
00:15:11Mademoiselle Raymond.
00:15:17Approchez, mon enfant, approchez.
00:15:19Je vous fais juge.
00:15:21Voilà un garçon à qui j'ai donné 18 mois
00:15:23pour se trouver un emploi.
00:15:25Je lui offre 200 francs par mois
00:15:27pour travailler à ma banque
00:15:29un jour par semaine.
00:15:31Il refuse?
00:15:33Oui.
00:15:35C'est peut-être que la banque l'ennuie.
00:15:37Peut-être, mon père, mais je ne suis pas un amateur d'appointement.
00:15:39Il préfère mourir de faim
00:15:41caporal sous l'uniforme.
00:15:43Paris est maintenant gâté pour moi.
00:15:45Je ne serai plus jamais ce que j'étais avant.
00:15:47Et puis, j'ai besoin d'agir.
00:15:49Et beaucoup.
00:15:51L'école polytechnique, tu m'y achevales
00:15:53avec des artilleurs.
00:15:55Je puis t'y mettre avec des lanciers, si tu veux.
00:15:57Il y a une place vacante au 27e.
00:15:59L'habit est rouge et noir, avec des passepoils jaunes
00:16:01et tronquilles.
00:16:03Peu m'importe la couleur, mon père.
00:16:05L'important pour un uniforme,
00:16:07c'est d'être au bal.
00:16:11Allons au régiment.
00:16:13Après tout, il a peut-être raison.
00:16:15En France, on pardonne beaucoup à l'uniforme.
00:16:19Et à un saut militaire,
00:16:21l'emporte toujours
00:16:23sur un saut civil.
00:16:27Mais moi, je veux que le caporal réussisse.
00:16:37C'est son excellence, le comte de Veyse.
00:16:57C'est son excellence, le comte de Veyse.
00:17:07C'est son excellence, le comte de Veyse.
00:17:33Voilà le colonel Filloteau.
00:17:35Ce gros bonhomme ?
00:17:37Il est visible, pourtant, que ce civil est un soldat.
00:17:43L'habit militaire a besoin de peu de temps
00:17:45pour s'incruster dans le caractère du Français qui le porte.
00:17:47Il suffit que ce bon enfant ait été soldat pendant dix mois,
00:17:49et toute sa vie,
00:17:51son bras, sa jambe,
00:17:53diront, je suis militaire.
00:17:59Les respects, mon colonel.
00:18:01Je vois que vous savez déjà vous présenter.
00:18:03N'oubliez pas, mon colonel, que j'étais à Polytechnique.
00:18:05Il faut au contraire l'oublier, mon ami.
00:18:07Ne parlez jamais de cet épisode au régiment.
00:18:09Bien, mon colonel.
00:18:11C'est un ancien républicain qui vous parle,
00:18:13mais qui a oublié la République,
00:18:15comme il convient un soldat de le faire.
00:18:17Un soldat loyal n'a pas de mémoire, mon ami.
00:18:21Monsieur, votre père ne m'a pas indiqué l'heure,
00:18:23mais peut-être qu'à Paris...
00:18:25Mais je vous en prie, mon colonel,
00:18:27mes parents sont là, qui vous attendent.
00:18:29Quand on voit la maison que vous habitez,
00:18:31on pense bien que vous n'avez pas besoin
00:18:33de la solde du roi pour manger de la soupe.
00:18:35Mais, mon colonel, j'attends du roi et de l'armée
00:18:37bien autre chose que de la soupe.
00:18:39Je veux apprendre un vrai métier.
00:18:41La banque n'est donc pas un bon métier.
00:18:47Bon, Vincent voyagera avec vous.
00:18:49Moi, dans la voiture, avec M. Lucien.
00:18:51Bernard et Jérôme, vous partirez par la diligence.
00:18:53Ça fera six, si c'est bien compté.
00:18:55A quelle heure veut-il partir, M. Lucien?
00:18:57Après le déjeuner, à trois heures.
00:18:59En militaire!
00:19:01C'était donc le premier engagement
00:19:03sous les murs d'Alexandrie.
00:19:05Et ces Arabes n'étaient pas des mauviettes.
00:19:07J'ai donc été blessé.
00:19:09Bon, pas grand-chose.
00:19:11Juste le temps de savoir qu'on a mal
00:19:13et d'être content
00:19:15d'avoir été touché au combat.
00:19:17Mais c'est là que le lendemain,
00:19:19en récompense,
00:19:21j'ai reçu ma première épaulette.
00:19:23Des mains de Napoléon?
00:19:25Qu'on appelait alors le général Bonaparte.
00:19:27Et qu'est-ce qu'il vous a dit?
00:19:29Ben, la formule, quoi, que j'étais sous-lieutenant.
00:19:31Voilà comme c'est arrivé.
00:19:33Il avait 29 ans,
00:19:35et moi, j'en avais 24.
00:19:37Ton âge, Lucien.
00:19:39Eh bien, nous aurons eu l'épaulette au même âge.
00:19:41Mais vous l'êtes d'un héros.
00:19:43Et moi, je la dois au pouvoir de mon père.
00:19:45Ne t'en plains pas trop.
00:19:47Oh, j'ai eu une chance dans la vie.
00:19:49Celle de n'avoir jamais eu à me plaindre de mon père.
00:19:51Bien dit, mon fils.
00:19:53Puisque vous avez été en Égypte, mon cher colonel,
00:19:55je voudrais vous montrer quelque chose.
00:19:57C'est l'esquisse d'une peinture que j'ai acquise de M. Gros.
00:19:59Oh, ben, vous savez,
00:20:01la peinture, pour moi...
00:20:03Oui, mais je crois que celle-ci vous intéressera.
00:20:05C'est une scène de notre histoire militaire.
00:20:07Les pestiférés de Jaffa.
00:20:09Ah, mon Dieu, oui!
00:20:11J'y étais, à Jaffa.
00:20:13Et je vous assure que ce n'était pas beau.
00:20:15C'est devenu une belle toile.
00:20:17Ah, oui?
00:20:19Puisque vous avez participé à cette affaire,
00:20:21mon colonel,
00:20:23votre avis nous rendra tout de même persuadés.
00:20:25Qui pourrait croire que ce gros homme civil-guerre
00:20:27ait pu être un héros?
00:20:29C'est un héros, pourtant.
00:20:31On dirait un procureur de Basse-Normandie.
00:20:33Oh, maman, ne jugez pas d'affaire...
00:20:35Non, mon Lucien, je vais bien plus loin.
00:20:37Je dis que c'est un homme
00:20:39qui a servi sous tous les régimes.
00:20:41Eh bien, oui.
00:20:43Il a sabré l'ennemi pour le régime qu'il payait.
00:20:45C'est cela, un soldat.
00:20:47Et il y a gagné les épaulettes à graines d'épinards.
00:20:49Mais c'est pas tout.
00:20:51Il y a gagné les épaulettes à graines d'épinards.
00:20:53C'est cela que j'appelle un homme.
00:20:55Un homme méprisable. Et voilà tout.
00:20:57Mais si ses chefs le méprisaient,
00:20:59ils l'ont pourtant porté au rang qu'il occupe.
00:21:01Alors quel mérite?
00:21:03Tu parles comme ton père.
00:21:05Mais, maman, ce que vous appelez méprisable,
00:21:07c'est un homme fort, qui s'impose.
00:21:09Fort. Voilà ce qu'il est.
00:21:11Il met cent fois supérieur.
00:21:13Il a agi.
00:21:15Et moi, qu'est-ce que j'ai fait?
00:21:17Je me suis donné la peine de naître.
00:21:19Pardonnez-moi, vous voyez,
00:21:21je commence à prendre des habitudes militaires.
00:21:25Le peintre n'a pas exagéré.
00:21:27Hein, monsieur?
00:21:29C'était encore pire que cela.
00:21:31Et si on savait vraiment
00:21:33ce qui s'est passé là-bas?
00:21:37Je n'ai pas la larme facile,
00:21:39vous pouvez me croire,
00:21:41mais là, quand on voit ça...
00:21:43Monsieur Gros serait très fier,
00:21:45s'il vous voyait.
00:21:47Oui, j'aime mieux qu'on ne me voit pas.
00:21:53Au revoir, monsieur,
00:21:55avec tous mes remerciements.
00:21:59Je vous excuserai auprès de madame Levenne.
00:22:01Ah oui, c'est vrai, s'il vous plaît.
00:22:03Est-ce qu'il y a un valet derrière la porte?
00:22:05Je pense que oui. Pourquoi?
00:22:07Alors, attendez.
00:22:09Remettez-vous, remettez-vous.
00:22:13Je vous remercie, mon colonel,
00:22:15d'avoir bien voulu honorer ma maison
00:22:17de votre visite.
00:22:21Honneur!
00:22:35Le colonel!
00:22:37Le colonel Filoteau m'a chargé
00:22:39de vous présenter ses devoirs.
00:22:41Quant à toi, Lucien,
00:22:43le même colonel Filoteau
00:22:45prend la diligence demain pour Nancy.
00:22:47Bien, merci.
00:22:49Mais moi, ma chère amie,
00:22:51je crois que notre Lucien
00:22:53aurait grand profit à ne pas arriver
00:22:55à Nancy dans un tel équipage
00:22:57et à voyager plus simplement
00:22:59avec son colonel,
00:23:01qui au surplus est un excellent homme.
00:23:03Qu'en pensez-vous, mon fils?
00:23:05C'est une bonne question.
00:23:07À partir de demain,
00:23:09il faudra que tu aies tes idées tout seul.
00:23:11Arrêtez! Arrêtez!
00:23:13Descendez tous les bagages.
00:23:35Pourquoi je me laverais?
00:23:37Puisque dans deux heures, je serai aussi sale.
00:23:39Pourtant, tu nettoies bien ton cheval.
00:23:41Oui, mais le cheval, il n'a pas de sentiments.
00:23:43Et puis, si tu ne laves pas ton cheval,
00:23:45tu es puni.
00:23:47Tiens, là, le soldat, il n'a pas de morale.
00:23:49Il a la punition.
00:23:51Il faut quand même dire qu'on est payé pour ça.
00:23:53Je ne me plains pas. Je ne veux pas me laver, c'est tout.
00:23:55Tant que tu ne te sentiras pas trop mauvais.
00:23:57On n'est pas en peur, va.
00:23:59À Nancy, il fait froid.
00:24:01On ne sent pas vraiment très fort dans ces coins-là.
00:24:05Tiens, les voilà.
00:24:07Assemblement!
00:24:35Allons-y.
00:24:55Voyons voir.
00:24:59Pressons-nous un peu.
00:25:01On y va, mon lieutenant, on y va.
00:25:07Vous remplacez ici un sous-lieutenant
00:25:09qui était très aimé.
00:25:11Son père était cantinier à Montauban.
00:25:13Pourquoi me dites-vous ça, mon colonel?
00:25:15Pour que vous le sachiez, mon jeune ami.
00:25:23Capitaine, messieurs,
00:25:25je vous présente le sous-lieutenant Leveille,
00:25:27qui a compté d'aujourd'hui
00:25:29et des nôtres.
00:25:41Préparez mon cheval
00:25:43et faites-en donner un à monsieur Leveille.
00:25:47Et activez le départ, messieurs.
00:25:49Activez!
00:25:59En scène, tout le monde en scène!
00:26:09Si vous montez bien la chevale,
00:26:11vous avez une chance de vous faire respecter.
00:26:15Je monte très bien, mon colonel.
00:26:17Eh bien, parfait, mon ami.
00:26:21Ah, voici nos chevaux.
00:26:23S'il vous plaît, donnez celui-ci à monsieur Leveille.
00:26:25Bien, mon colonel.
00:26:35Vous m'excuserez, mon jeune ami.
00:26:37Malheureusement, pour aujourd'hui,
00:26:39je n'ai que ces trosses à vous offrir.
00:26:41En œuvre!
00:26:53En œuvre!
00:27:23En œuvre!
00:27:53En œuvre!
00:28:23Voilà donc les gens avec lesquels il me faudra vivre.
00:28:27Et si mon père avait vu juste?
00:28:29Peut-être vais-je devenir un pilier de café militaire
00:28:31dans une triste garnison mal pavée.
00:28:35J'aurai pour mes plaisirs des parties de billard
00:28:37et des bouteilles de bière.
00:28:39Et quelquefois, la guerre autre nom de chou
00:28:41contre des ouvriers malheureux
00:28:43et des gens qui ne sont pas des hommes.
00:28:45Je ne suis pas un homme.
00:28:47Je suis un homme.
00:28:49Je suis un homme.
00:28:51Quel caractère autre nom de chou
00:28:53contre les ouvriers malheureux
00:28:55et mourants de faim?
00:29:01Tout au plus, je serais tué par un pot de chambre
00:29:03lancé du cinquième étage par une vieille femme
00:29:05et de tenter.
00:29:07Ah, quel goût!
00:29:09Non, non, non.
00:29:11Il n'y a qu'un nigaud
00:29:13qui ne sache pas faire son nid dans un pays.
00:29:21On y va!
00:29:31Tirs!
00:29:42En avant!
00:29:51...
00:30:20Souriez ! Souriez ! On vous regarde !
00:30:32Tous ces soldats ont-ils fait leur première communion ?
00:30:41Une communion de cent sujets serait d'un bel épreuve auprès de Monseigneur.
00:31:20Quelle vie exécrable ! Que de physionomies mesquines, hargneuses, pointues !
00:31:51Et vous savez à qui on l'a donné, ce régiment de malheur ?
00:31:54Tenez ! Regardez !
00:31:58A Saint-Mégrin !
00:32:04A Sir Renéa, qui servait notre roi.
00:32:06Et qu'il vienne aujourd'hui, ici, paradé, chez nous,
00:32:09à la tête des troupes de cet infâme Louis-Philippe !
00:32:12Ça, non, docteur ! Non, non, non et non !
00:32:15Rola !
00:32:17Fermez ! Vous m'entendez ?
00:32:19Fermez, je dis ! Que personne ne regarde dans la rue !
00:32:22Fermez, tout de suite ! Fermez tout ! Fermez partout !
00:32:32Mon cher Théoto, voilà l'accueil de la nuit.
00:32:35Le jour de la mort de Monseigneur Louis-Philippe.
00:32:38Le jour de la mort de Monseigneur Louis-Philippe.
00:32:41Le jour de la mort de Monseigneur Louis-Philippe.
00:32:44Mon cher Théoto, voilà l'accueil de la noblesse de Nancy.
00:32:48À ce point-là, je n'aurais jamais cru.
00:33:15C'est l'ordre de M. le Marquis.
00:33:17Je crois qu'il n'aime pas beaucoup ses soldats.
00:33:23Oh, non ! Je n'y vois plus.
00:33:26Alors, regardez dehors. Les persiennes.
00:33:29C'est fait pour ça ?
00:33:44Quel choix de couleur foyante ont ces provinciaux.
00:34:15Je voudrais vous voir plus calme, M. le Marquis.
00:34:18Calme, c'est bien le moment.
00:34:20C'est le médecin qui vous parle.
00:34:44M. le Marquis.
00:35:15Oh, tomber avec son cheval passe encore,
00:35:18mais frapper son cheval, ça non.
00:35:23Ce garçon ne s'en relèvera jamais.
00:35:44Oh, mon Dieu !
00:36:14Oh, quelqu'un ?
00:36:16Pardon, monsieur, vous êtes le maître de poste ?
00:36:18Et mes bouchards pour vous servir, mon lieutenant.
00:36:20Monsieur, on m'a prêté au régiment, sans doute pour se moquer de moi,
00:36:23cette rosse qui m'a déjà jeté à terre.
00:36:26C'est ce que je vois, oui.
00:36:28Il me faut un cheval, un vrai, tout de suite.
00:36:30C'est-à-dire que je n'ai ici que des bidets à 10 ou 12 rouilles.
00:36:33Oh, mais le prix m'importe peu.
00:36:35Oh, voilà des choses qu'il ne faut jamais dire à un marchand de chevaux.
00:36:38Vous avez un cheval, oui ou non ?
00:36:40C'est-à-dire que j'ai peut-être votre affaire,
00:36:42à la préfecture, un cheval anglais.
00:36:453 000 francs.
00:36:47Je l'achète.
00:36:48Je vous préviens, c'est un cheval difficile.
00:36:50Il a déjà jeté à terre le préfet quatre fois.
00:36:53Allons, monsieur ! Allons !
00:36:57Dépêchons, monsieur, je suis pressé.
00:36:59J'ai revu à midi, et je ne tiens pas à reparaître
00:37:01avec cette rosse devant tout le régiment.
00:37:03Si le cheval que vous m'offrez est pas sale...
00:37:05Oh, mon lieutenant, cette bête-là prend votre affaire.
00:37:07Déchargez super, mais c'est pour le miracle, une bête...
00:37:12Oh !
00:37:26La bête est peut-être un peu nerveuse.
00:37:28Elle n'est pas sortie depuis quelque temps.
00:37:30Ma foi, c'est une bête qui a des moyens.
00:37:32Oh, un bon demi-cent, une bête anglaise.
00:37:34Je vous donnerai tous ses papiers d'identité.
00:37:36Les papiers d'identité, c'est notre spécialité à nous, préfet.
00:37:43Peut-être n'est-il pas très prudent.
00:37:45Mon lieutenant...
00:38:03Monsieur le sous-préfet, je crois que je vous ai fait faire une bonne affaire.
00:38:06J'y penserai, mon ami, j'y penserai.
00:38:09Qu'est-ce que vous attendez ?
00:38:10Le cheval, monsieur.
00:38:11Il vous a dit qu'il est vendu.
00:38:15Moi, j'ai comme idée qu'il va revenir tout seul.
00:38:22Mais...
00:38:29Vous voyez, monsieur, je ne tombe qu'une fois par jour.
00:38:32Non, non, il me va, je le garde.
00:38:34Et je paie content.
00:38:36Mais pour cela, je dois passer chez l'receveur général
00:38:38où m'attend de l'argent, et j'ignore...
00:38:40Je vous y conduis, mon lieutenant.
00:38:51Quand vous voulez, mon lieutenant, je suis à vous.
00:39:08Vous montez très bien, mon lieutenant.
00:39:09Enfin, assez bien.
00:39:12Mais...
00:39:14Ce qui m'inquiète, vous connaissez bien la ville ?
00:39:17Ça, on peut le dire, oui. Nous sommes rue de la Pompe.
00:39:23Et là, c'est l'hôtel de Pont-levé.
00:39:25C'est là qu'ils vous achetaient à terre.
00:39:27Vous étiez là ?
00:39:28Ah non, mais tout le monde en parle.
00:39:30À la petite fenêtre verte, il n'y avait pas une jolie personne.
00:39:32Si, très jolie. Elle m'a vu tomber et elle a ri.
00:39:40Pourquoi riez-vous ?
00:39:41Pourquoi je ris ? Demandez-le à votre cheval.
00:39:44Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:39:45Excusez-moi, mon lieutenant,
00:39:47mais la personne qui a ri de vous à sa fenêtre
00:39:49est la marquise de Chastelaire.
00:39:51C'est la fille du Marquis de Pont-levé.
00:39:53Elle est veuve depuis trois ans, si vous voulez tout savoir.
00:39:56Très riche.
00:39:58Et cajolée par tous ces messieurs de la noblesse
00:40:00dont cet hôtel est le repère.
00:40:02Ils sont toute une bande là-dedans à conspirer ouvertement
00:40:04contre la République.
00:40:06Et en rager contre le peuple.
00:40:08La ville est commode.
00:40:09Pour eux, il n'y a que 19 lieux d'ici au Rhin.
00:40:11Et ils ont toujours une paire de chevaux
00:40:14en permanence tout près à la poste chez moi.
00:40:17Mais vous m'avez dit de demander-le à votre cheval.
00:40:19Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:40:20Ne vous fâchez pas, mon lieutenant.
00:40:22C'est elle qui en avait fait cadeau
00:40:24au colonel Buzan de Sicile.
00:40:26Qui est ce colonel ?
00:40:28C'est lui qui commandait les lanciers jusqu'à huit jours
00:40:30avant que vous n'arriviez.
00:40:32Elle lui a fait cadeau de ce cheval ?
00:40:34J'en sais quelque chose. C'est moi qui ai fait l'affaire.
00:40:37Mais dites-moi, ce colonel, il était son amant ?
00:40:40J'ai jamais dit ça.
00:40:42On l'a raconté, mais on n'en a jamais rien su.
00:40:46Si vous permettez, je parle facilement des chevaux,
00:40:48jamais des personnes.
00:41:07Mon lieutenant !
00:41:09Mon lieutenant !
00:41:16Mais oui, je devine très bien ce qu'on va dire.
00:41:19Tout le monde peut tomber avec son cheval,
00:41:21mais le frapper...
00:41:29Je sais pas si vous savez,
00:41:31mais je suis un peu déçu.
00:41:34Je sais.
00:41:35Vilain début dans une garnison.
00:41:37Je sais.
00:41:38Mon lieutenant, je vous ai fait apporter de la glace.
00:41:40Faites, faites, monsieur Bonnard.
00:41:42Oui, bien sûr.
00:41:47Restez impassibles.
00:41:49Il faut toujours, comme dit mon père,
00:41:51faire le contraire de ce qu'on attendait que vous fassiez.
00:41:59Mais je vais réparer cela,
00:42:01et tout de suite.
00:42:03Si vous avez besoin de quelque chose...
00:42:21Dépêchons, oui, dépêchons.
00:42:31Dépêchons-nous.
00:43:01C'est le cheval de monsieur le préfet.
00:43:03Et cette fois, le cavalier n'a pas peur.
00:43:06Oh, et où court-il si vite comme ça ?
00:43:09En tout cas, il faut que ce jeune homme soit bien riche.
00:43:11Oui, c'est ce qu'il faut.
00:43:13C'est ce qu'il faut.
00:43:15C'est ce qu'il faut.
00:43:17C'est ce qu'il faut.
00:43:19C'est ce qu'il faut.
00:43:21C'est ce qu'il faut.
00:43:23C'est ce qu'il faut.
00:43:25C'est ce qu'il faut.
00:43:27C'est ce qu'il faut.
00:43:29C'est ce qu'il faut.
00:43:31En tout cas, il faut que ce jeune homme soit bien riche.
00:44:29Fichu, républicain, tu me paieras ça avant.
00:44:44Garde-à-vous !
00:44:45Sors la prophète !
00:44:46Présentez !
00:44:48Garde-à-vous !
00:44:53Sors la prophète !
00:44:58Présentez !
00:45:12C'est le républicain.
00:45:13Il sait se tenir.
00:45:15Ouvrez-moi !
00:45:17Présentez !
00:45:29Officiers !
00:45:31Maresses de logis !
00:45:33Brigadiers !
00:45:36Cavaliers du Vingt-Septième !
00:45:38Au nom du Roi !
00:45:40Je vous présente le Sous-Lieutenant Leray !
00:45:47Fermez le port!
00:46:14Arrêtez!
00:46:22Sortez!
00:46:32Vieux dôme!
00:46:33Je n'aime pas beaucoup les sous-lieutenants qui ont des chevaux de colonel.
00:46:43Colonel Saint-Mégrin?
00:46:46Jamais!
00:46:47Si vous l'invitez, excusez-moi, Marsigui, mais ne comptez pas sur moi.
00:46:51Mais, mon cher, si nous invitons les notables, c'est tous, sans exception.
00:46:56Nous n'allons pas choisir nos notables.
00:47:00Saint-Mégrin est des nôtres.
00:47:01Il a un nom.
00:47:02Et pourtant, il a accepté de commander un régiment de la nouvelle armée.
00:47:06Me paraît difficile, M. le Marquis, pour Mme la Comtesse,
00:47:09d'oublier d'inviter à son bal le colonel du régiment qui tient garnison,
00:47:14et qui, en plus, vient d'arriver.
00:47:16Mon cher du Poirier, lorsque Saint-Mégrin lira le motif de ce bal,
00:47:20êtes-vous bien sûr qu'il y vienne?
00:47:22Un renégat est capable de tout.
00:47:24Et s'il vient, moi...
00:47:26Et s'il vient, moi...
00:47:28Et si le motif de ce bal ne figure pas sur mes invitations?
00:47:33Alors, quel intérêt? Ce bal a pour nous un sens politique précis.
00:47:37Et si on en ignore la raison ou si on la cache?
00:47:40Ah, mais nous, nous savons parfaitement que c'est pour célébrer les fêtes de cette auguste personne,
00:47:45momentanément hors de France.
00:47:48Nous ne faisions pas tellement de manière pour inviter le colonel Buzan de Sicile.
00:47:53Quoi, quoi, quoi? Qu'est-ce que vous disiez?
00:47:55Buzan de Sicile?
00:47:57Moi? Rien.
00:48:00Votre chère fille va bien?
00:48:02Et pourquoi ma fille n'irait-elle pas bien?
00:48:09Justement, le voilà.
00:48:11Qui ça?
00:48:12Oh, rassurez-vous, pas le colonel Buzan, son cheval.
00:48:16Ma parole?
00:48:18Mais oui.
00:48:21Elle a raison, c'est le cheval de Buzan de Sicile.
00:48:24Mais on t'a dit depuis une heure qu'un freluquet l'avait acheté.
00:48:27Je sais tout. Quand le régiment est arrivé, etc., etc.
00:48:31Il n'est pas ancien cheval, ça se voit.
00:48:51Et moi, je trouve qu'il monte très bien.
00:48:53C'est lui qu'il veut faire voir ou son cheval?
00:48:55Les deux, on dirait.
00:49:02Eh bien, moi, je ne perdrai pas mon temps à regarder un écuyer de cirque en uniforme.
00:49:06On se demande vraiment comment un petit sous-lieutenant de ce régime
00:49:10peut avoir assez d'argent pour acheter un cheval pareil.
00:49:12L'argent, l'argent. Quoi de plus facile?
00:49:14Il aurait voulu ce cheval pour quinze jours.
00:49:16Loué? Mais l'a payé?
00:49:18Trois mille francs. De quoi faire manger toute une famille d'ouvriers.
00:49:22La faire manger par qui, sans réal? Vous avez donc tellement faim.
00:49:27N'essayez pas d'être drôle, Dantin. Cela vous va très mal.
00:49:31Il n'est pas difficile d'être drôle quand on se permet tout.
00:49:34Je vous laisse vers la cour à ma femme, mon cher, mais vous voyez qu'il y a des risques.
00:49:39Je le sais presque autant que vous, mon cher.
00:49:41Dites ce que vous voulez. Moi, je le trouve joli, ce petit monsieur.
00:49:45Son aplomb à cheval n'est pas si parfait que vous le pensez, petite madame.
00:49:49D'ici à ce qu'il soit par terre.
00:49:51Pour la seconde fois sur ces fenêtres.
00:49:55Vous avez beau dire tout, si je n'étais pas en puissance de Marie.
00:49:59Je l'inviterais à prendre le café.
00:50:01Un inconnu?
00:50:03Justement. Comment savoir qui il est, si on ne le connaît pas?
00:50:24Un homme sans naissance. Un ouvrier, peut-être.
00:50:27Mais moi, je le verrais très bien à votre balle, ce jeune homme si mince et si joli.
00:50:31Et peut-être sait-il écrire et lire.
00:50:34Et même se présenter dans un salon, tout comme un autre.
00:50:37Les gens de rien peuvent apprendre cela aussi, en payant.
00:50:41Je vous croyais très riche.
00:50:46On m'a dit que ce petit lieutenant a même repris les appartements du colonel Buzan de Sicile.
00:50:52Chez Bonnard.
00:50:54Il rachète son cheval. Il couche dans son lit. Et après?
00:50:58Je vois que ce jeune homme a déjà beaucoup d'envieux.
00:51:01C'est bien commencé. Il vaut mieux être l'envieux que l'envieux.
00:51:06En tout cas, je peux vous dire que nous l'aurons à l'oeil, nous.
00:51:10Ce petit monsieur.
00:51:24Bonjour, mon lieutenant.
00:51:55J'ai l'impression que c'est une réplique.
00:52:02Est-ce qu'elle est réplique?
00:52:04C'est bien disposé.
00:52:37Mon lieutenant, c'est pour moi une question de loyauté.
00:52:41Oui?
00:52:43Vous êtes neuf dans notre ville.
00:52:45Vous ne pouvez pas savoir que M. Schmitt, et c'est moi,
00:52:49a fait l'an dernier six mois de prison pour ses opinions politiques.
00:52:53Il a été arrêté.
00:52:55Il a été arrêté.
00:52:57Il a été arrêté.
00:52:59Il a été arrêté.
00:53:01Il a été arrêté.
00:53:04A fait l'an dernier six mois de prison pour ses opinions républicaines.
00:53:08J'en suis désolé, monsieur, mais cela m'est égal.
00:53:11J'adore la lecture.
00:53:14Et puis, je vais vous dire,
00:53:16cette rue est la seule qui me plaît à Nancy.
00:53:19C'est par elle que j'y suis entré, et j'aurai toujours du plaisir à la revoir.
00:53:24C'est évidemment dans ce cadre.
00:53:28Vous permettez.
00:53:33Ah, je vais lui donner.
00:54:03C'est bon.
00:54:05C'est bon.
00:54:35Le régime de la guerre a été développé d'employés pour communiquer leurs pensées.
00:54:39Ce régime enfoisonne de dénonciateurs et d'espions.
00:54:43Le noble métier de la guerre est dû être une école d'espionnats.
00:54:50On poursuit partout les opinions républicaines.
00:55:03Des clés.
00:55:05Des clés.
00:55:36Cette madame de Chastelaire a un caractère sérieux et tendre.
00:55:40Elle est au milieu des misères qui occupent la plupart des hommes.
00:55:44Elle est intelligente, je vous le dis,
00:55:46mais c'est comme si elle n'avait que des sentiments.
00:55:49Dans la politique, c'est une réaliste enragée.
00:55:52Elle déteste les républicains, bien sûr.
00:55:55Mais elle pense surtout à l'économie.
00:55:58C'est ce qu'elle veut.
00:56:00Elle déteste les républicains, bien sûr.
00:56:03Mais elle pense surtout...
00:56:05Mon roi, les Bourbons sont malheureux.
00:56:07Je veux les aider, je veux les servir.
00:56:10Car elle a le dévouement même
00:56:12et ne déteste que la fausseté et l'hypocrisie.
00:56:15Elle ne s'intéresse pas à l'argent et pourtant,
00:56:18elle est riche à millions.
00:56:20Et tous les nobles lui courtent après.
00:56:22Enfin, surtout après les millions.
00:56:24Et le vieux père veut garder les sous.
00:56:26Il l'empêche même de se remarier.
00:56:29Elle était forte amie du colonel-commandant,
00:56:31le 9e lancier qui vous a précédé à Nancy.
00:56:34Le colonel Buzan de Sicile.
00:56:36Dont vous occupez les appartements ici.
00:56:39Ce qui fait jaser.
00:56:41Ah ? Et pourquoi ?
00:56:44Mais continuez ! Continuez, M. Bonnard, je vous en prie.
00:56:47Vous me donnez des renseignements
00:56:49et je les écoute comme un rapport
00:56:51sur la position occupée par l'ennemi.
00:56:53Eh oui. Bon, ben d'abord,
00:56:55un sous-lieutenant qui se loge comme un colonel
00:56:58Ensuite, vous m'excuserez,
00:57:00mais ce qui compte dans ce pays,
00:57:02c'est le rang et la noblesse.
00:57:04Et comment était-il, ce colonel Buzan de Sicile ?
00:57:06Très bel homme, mon lieutenant. Très bel homme.
00:57:09Grosse fortune. Grosse fortune.
00:57:12Et... et bonne fortune.
00:57:15Bonne fortune ? C'est-à-dire ?
00:57:18Monsieur, nous sommes entre gens discrets.
00:57:28C'est pour moi.
00:57:31Au trot ! Bigre ! Au bruit !
00:57:33Nous avons aussi madame d'Aucuncourt, oui.
00:57:36Celle-là change d'amant sans se gêner.
00:57:38En ce moment, c'est monsieur Dantin qui s'orvine pour elle.
00:57:41Elle organise des parties de plaisir dans les bois de Buralvillard.
00:57:44Où diable voyez-vous des bois par ici ?
00:57:46Là, là plus loin, là-bas. Des bois magnifiques.
00:57:48C'est un très bel endroit.
00:57:50Il y a le chasseur vert tenu par des Allemands.
00:57:52Il y a toujours de la musique.
00:57:54Mais on enivre les postillons et en rentrant,
00:57:56ils ne peuvent plus dire un mot de ce qui s'est passé.
00:58:27Hé, soldat !
00:58:32Vous m'excuserez. Je suis l'officier de semaine.
00:58:35Nos lanciers n'ont d'ordre que de s'occuper des chevaux de l'armée.
00:58:38À moins d'une autorisation spéciale.
00:58:41Et cela donne.
00:58:49Je vous sers d'oncle, mais ne mettez pas trop cet oncle dans l'apparat.
00:58:55Le colonel vous attend. Allez.
00:58:59Allez.
00:59:25Lieutenant Leven ! Lieutenant Leven !
00:59:28Le colonel vous prie d'attendre.
00:59:54Ceci n'a pas été exprès. N'oublions pas, restez impassibles.
01:00:24Lieutenant Leven, vous pouvez monter.
01:00:54Laissez-nous, adjudant.
01:01:05Monsieur, il peut y avoir des républicains.
01:01:08C'est un malheur pour la France.
01:01:10Mais j'aimerais autant qu'ils ne fussent pas dans le régiment que le roi m'a confié.
01:01:14Mon colonel...
01:01:15C'est moi qui parle.
01:01:17Inutile de nier.
01:01:19Vous passez votre vie au cabinet d'Hitlerer Schmitt.
01:01:22Vous êtes le chef de la pompe, qui est l'antre de l'anarchie ici.
01:01:26Sans cesse, on vous voit passer devant cette boutique.
01:01:29Et vous échangez des signes avec ces gens-là.
01:01:32Vous n'avez pas honte.
01:01:34Hier, chez Schmitt, vous avez lu le National.
01:01:37Vous n'avez pris ni le journal de Paris, ni le journal des débats,
01:01:40qui pourtant tenait le milieu de la table.
01:01:43J'ai tenu à vous avertir, monsieur, car je ne voudrais pas avoir envoyé au quartier général
01:01:48un jeune homme qui, déjà une fois, a manqué son état.
01:01:51Mon colonel, j'ai été renvoyé de Polytechnique, c'est vrai.
01:01:55Mais je n'étais qu'étourdi.
01:01:57Je ne connais rien à la politique et j'entrevois les plus graves objections à toutes les formes de gouvernement.
01:02:01Je ne puis donc avoir d'opinion sur celui qui convient à la France.
01:02:04Ou aux Français.
01:02:06Puisqu'il paraît qu'il y a une différence.
01:02:09Comment, monsieur ?
01:02:11Vous osez avouer que vous ne comprenez pas que seul le gouvernement du roi Louis-Philippe...
01:02:16Le sais-je moi-même, ce que je pense.
01:02:18Je serais un grand sot de songer à gouverner l'état quand je n'ai pas su gouverner ma propre vie.
01:02:22Je l'ai pris de trop avec cet espion sabreur.
01:02:25Mon colonel, je suis entré hier pour la première fois de ma vie dans ce cabinet de lecture.
01:02:30Je donnerai 50 livres et qui prouvera le contraire ?
01:02:33Ne parlez donc pas toujours d'argent. On sait que vous en avez beaucoup.
01:02:36De par monsieur votre père, qui peut tout à la bourse et beaucoup auprès des ministres.
01:02:40Moi, je l'informerai, le ministre, de ce que vous pouvez toujours accompagner
01:02:44par deux ou trois valets en livrée avec des calombriormes.
01:02:48Comme ça.
01:02:50Mais mon colonel, aucun article au règlement, que je sache,
01:02:54ne défend de dépenser son argent quand on en a.
01:02:57Ça fait mauvais effet au régiment, monsieur, l'étalement de ce genre de pouvoir.
01:03:01Et sachez qu'il ne vous servira de rien dans mon régiment, monsieur.
01:03:06Vous m'avez entendu ?
01:03:09Je vous ai entendu, mon colonel.
01:03:12On m'a fait aussi rapport que vous mangez avec luxe chez vous.
01:03:15Et c'est ce que je ne puis souffrir.
01:03:17Riches ou non riches, vous devrez à l'avenir manger à la pension de 40 francs
01:03:22avec messieurs les lieutenants, vos camarades.
01:03:26Adieu, monsieur.
01:03:33Rien d'autre à vous dire ?
01:03:43Voilà donc ce qu'il faut supporter pour gagner 99 francs par mois.
01:03:47Mais compte donc à supporter ce qui gagne des millions.
01:03:54J'aimerais mieux vivre avec les laquais de mon père.
01:03:57Mais toute ma vie, je passerais pour un saut
01:03:59si je fais fiasco dans ce régiment avec le plus beau cheval de la ville.
01:04:05Pour qu'il y ait quelque action de moi cité à Paris, il faut que je me batte.
01:04:09D'ailleurs, c'est d'usage.
01:04:11On entre dans un régiment.
01:04:14Le colonel, messieurs, est fort bien renseigné sur ce qui se passe dans les cabinets de lecture.
01:04:18Vous faites erreur, mon lieutenant.
01:04:21Il y a des mouchards, c'est exact.
01:04:23Mais nous, ce serait plutôt le contraire.
01:04:25Les espions.
01:04:26Sauf votre espèce, mon lieutenant.
01:04:28Ça commence à partir des officiers.
01:04:42Je viens payer mon mois de pension.
01:04:44Bien.
01:05:06Je sais, mon cher, que désormais, vous allez prendre vos repas à l'hôtel.
01:05:10Je vous remercie.
01:05:12Le colonel m'a dit, en effet, que j'étais attendu ici.
01:05:15Attendu, sinon souhaité.
01:05:19Le colonel sait beaucoup de choses, messieurs.
01:05:25Vous voulez dire qu'il y a des mouchards?
01:05:28Je voudrais le savoir.
01:05:31Alors, allons, je vous en prie, mes chers camarades.
01:05:34Des espions qui abondent ici.
01:05:37Des espions qui abondent ici.
01:05:40M'ont accusé auprès du colonel de républicanisme.
01:05:43Et je voudrais connaître l'accusateur.
01:05:45Mais, mon cher, vous nous ennuyez toujours avec les mêmes chansons.
01:05:48Que diable ça nous fait-il que vous ayez été à Polytechnique?
01:05:50Qu'on vous en ait chassé?
01:05:51Que vous soyez tombé de cheval ou qu'on vous ait calumnié?
01:05:54Moi aussi, j'ai eu des malheurs.
01:05:56Je me suis donné une entorse il y a trois ans.
01:05:59Et les dernières, un vieillon très riche et mort sans me laisser un sou.
01:06:04Est-ce que j'en ai ennuyé, mes amis?
01:06:06Je suis donc ennuyeux.
01:06:08Ce sera le prétexte, monsieur.
01:06:10S'il vous plaît.
01:06:11Mais, je ne veux pas de prétexte.
01:06:13Je veux une raison.
01:06:14Mais, choisissez.
01:06:16J'ai choisi.
01:06:18Il me semble que j'ai un rang dans le monde
01:06:20et quelques fortunes à perdre.
01:06:22Il est donc absurde de dire que je suis républicain.
01:06:27Déclaration que je désire marquer, monsieur, par un coup d'épée.
01:06:30Voilà qui est entendu.
01:06:32A ce soir.
01:06:34À table, messieurs, à table.
01:06:36Oui, sous pont d'abord.
01:06:50Messieurs, asseyez-vous.
01:06:51Permettez-moi de vous servir de cet excellent vin.
01:06:53Vous verrez, vous m'en donnerez des nouvelles.
01:06:55Bon cher, petit vin gourd.
01:06:57Bon cher Delman.
01:06:58Lieutenant Levin.
01:06:59Voulez-vous être mon témoin?
01:07:00Lieutenant Lacour.
01:07:01Lieutenant Lacour.
01:07:02Avec plaisir, mon cher, avec plaisir.
01:07:05Messieurs.
01:07:07Messieurs, à la santé de notre nouveau camarade.
01:07:11Nouveau venu dans la garnison.
01:07:32Ah!
01:07:38Messieurs, messieurs, nous avons convenu d'arrêter au premier sens.
01:07:42Maintenant, l'affaire est terminée.
01:07:45Messieurs, veuillez vous réconcilier.
01:07:53Je vous demande votre parole d'honneur, mon camarade,
01:07:57de ne rien dire.
01:07:59Mais, mon cher, je vous donne volontiers toutes les paroles du monde.
01:08:06Je vous serai reconnaissant si personne dans Nancy
01:08:10ne se doute de ce petit accident.
01:08:12Mais très certainement.
01:08:16Messieurs.
01:08:20Je vais serrer votre blessure.
01:08:21Je vous remercie.
01:08:30Vous souffrez?
01:08:32Comme je n'ai jamais été blessé.
01:08:34Je ne sais pas si c'est beaucoup ou peu.
01:08:45Allez!
01:08:46Allez!
01:08:58Où allons-nous?
01:08:59Je vous conduis chez le chirurgien du régiment.
01:09:03Du régiment?
01:09:05Non, non, non.
01:09:07Il ne veut pas.
01:09:09Le colonel.
01:09:10Le colonel, le colonel, il faut vous soigner.
01:09:12C'est un bon coup d'épée tout de même.
01:09:15Je veux aller chez le docteur Dupoirier.
01:09:19Mais votre blessure est tout à fait chirurgicale.
01:09:21Je ne pense pas qu'un médecin puisse...
01:09:23S'il vous plaît.
01:09:25Menez-moi chez le docteur Dupoirier.
01:09:27Enfin, quoi Dupoirier?
01:09:29Mais vous n'y pensez pas.
01:09:30Savez-vous qui c'est?
01:09:32Évidemment.
01:09:34Le vrai chef du parti ultra.
01:09:36Un officier comme vous ne peut pas se permettre.
01:09:38Mon cher camarade,
01:09:40je crois
01:09:41avoir fait assez de politique comme ça aujourd'hui.
01:09:45Le docteur Dupoirier
01:09:47est le meilleur médecin de Nancy.
01:09:50Même si j'étais blessé à mort,
01:09:51même s'il n'y avait pas à Nancy d'autres médecins,
01:09:53je n'irais pas chez un Dupoirier.
01:09:56Je reste chez un chirurgien qu'il vous faut et pas un médecin.
01:10:04Je vous prie
01:10:05de me mener chez le docteur Dupoirier.
01:10:08Quoi?
01:10:09Quoi?
01:10:10Mais vous irez sans moi.
01:10:13Arrêtez!
01:10:19J'ai été votre témoin.
01:10:20Je regrette.
01:10:21Je ne serai pas votre complice.
01:10:27Allez, au diable!
01:10:40Pourquoi donc ce jeune saut est-il venu chez moi?
01:10:43Qui l'a amené?
01:10:45Et qu'est-ce qu'il peut venir chercher ici?
01:10:51Non.
01:10:52Personne.
01:10:56Personne.
01:10:57Non.
01:10:58Personne.
01:10:59Non.
01:11:00Non.
01:11:01Non.
01:11:02Non.
01:11:03Non.
01:11:04Non.
01:11:05Non.
01:11:06Non.
01:11:07Personne.
01:11:23Prêt ?
01:11:37Pardonnez-moi, Docteur, c'est cela qu'on appelle s'évanouir ?
01:11:54Exactement.
01:11:55Pour si peu de choses ?
01:12:00Jeu d'officier.
01:12:02Vous ne me connaissez pas, Docteur, j'habite...
01:12:11Je sais, je sais, vous avez un fort beau cheval et vous habitez chez Bonnard, un enragé
01:12:17républicain, l'appartement du colonel Buzon de Sicile.
01:12:21Vous le connaissiez ?
01:12:24Il fréquentait nombre de maisons où j'aimais entrer.
01:12:27L'hôtel de Chastelaire.
01:12:30Il n'y a pas d'hôtel de Chastelaire, il y a l'hôtel de Pont-levé.
01:12:35Excusez-moi, Docteur, je suis nouveau dans cette ville.
01:12:41Assez nouveau, je crois.
01:12:43Mais ne vous agitez pas comme ça, vous êtes blessé, l'enfer n'est pas passé loin de
01:12:50l'artère.
01:12:51Pour des raisons qui vous honorent, vous avez eu un duel, profitez-en.
01:12:59Vous garderez la chambre, huit jours au moins.
01:13:05Faut-il encore que ce duel vous rende intéressant ?
01:13:11Auprès de qui ?
01:13:13Et qu'il vous rapporte quelque chose.
01:13:16Il me rapporte quoi ?
01:13:18Ne demandez pas tout à la fois.
01:13:22Je vais vous reconduire chez vous.
01:13:28Je vous en prie.
01:13:58Doucement, doucement, doucement, appuyez-vous sur moi, voilà.
01:14:09Faites attention.
01:14:15Colonel Fillioto, Docteur Dupoirier.
01:14:18Mon colonel.
01:14:22Doucement, doucement, voyons, doucement.
01:14:25Asseyez-vous là.
01:14:28Voilà.
01:14:38Ni cataplasme, ni remède, du repos.
01:14:41Je repasserai dans deux jours pour le pansement.
01:14:47Mais vous ne faites que les sottises.
01:14:49Pourquoi être allé chercher ce médecin qui est le maître culte des ultas de la région ?
01:14:53Parce que c'est le plus cher.
01:14:55Voilà une raison.
01:14:56Disons surtout, mon colonel, que si je n'agis pas,
01:15:00je ne trouverai pas ici le plus petit salon pour passer mes soirées.
01:15:04Et où est le plaisir de vivre si on ne se ménage pas des conversations piquantes ?
01:15:09Mais pourquoi avoir choisi le représentant le plus éclatant
01:15:12d'une société hostile à l'uniforme que nous portons ?
01:15:15Il y a ici une société très fermée
01:15:17qui ne veut pas recevoir les gens qui portent notre habit.
01:15:20Par lui, j'essaie d'y pénétrer.
01:15:23J'aurais peut-être le plaisir de triompher d'une difficulté.
01:15:26Ce qui ferait grand plaisir à mon père.
01:15:29Monsieur, votre père est très puissant, je le sais.
01:15:32Il suffirait qu'il dise un mot aux ministres de la guerre
01:15:35pour que l'on vous envoie dans une autre garnison.
01:15:38Vous m'avez compris, je pense.
01:15:42Alors, qu'est-ce que vous allez décider ?
01:15:46Non, mon colonel, je ne quitterai pas Nancy.
01:15:49Il se trouve que je n'y suis pas encore malheureux.
01:15:52Restez-y, mais à vos risques et périls.
01:15:56Vous êtes très aimable, avec votre visage d'enfant de coeur,
01:16:00mais vous êtes maladroit.
01:16:02Et dans l'armée, c'est le défaut qu'on pardonne le moins.
01:16:06De maladresse en maladresse, vous accumulerez des haines
01:16:10et des colères plus que vous n'imaginez.
01:16:14De vrais ennuis vous guettent, lieutenant Levenne.
01:16:17Enfin, cette affaire de duel vous aura fait un peu de bien.
01:16:22Votre oncle aura un peu moins à vous défendre.
01:16:25Pardonnez-moi, mon colonel, mais ce soir, je suis assez fatigué.
01:16:29Bon, je m'en vais.
01:16:32Mais un dernier mot.
01:16:34Et c'était cela que j'étais venu vous dire.
01:16:37Le duel, c'est parfait, mais faites encore un effort.
01:16:42Ici, un beau portrait de Louis-Philippe.
01:16:47Hum?
01:16:51Pensez-y.
01:16:52Allez!
01:17:17Vous allez me prendre pour un médecin de Paris
01:17:20qui fait de l'esprit et qui parle de toi, son malade.
01:17:23Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander
01:17:26pourquoi vous êtes venu me trouver.
01:17:29Est-ce que vous vous ennuierez ainsi?
01:17:33Ou est-ce que vous seriez curieux de connaître
01:17:37ce que je suis en train de faire?
01:17:40Je ne sais pas.
01:17:42Ou est-ce que vous seriez curieux de connaître
01:17:46d'autres gens que les militaires de ce pouvoir
01:17:50ou de rencontrer d'autres gens que vos amis républicains?
01:17:56Je me suis toujours demandé pourquoi vous vous êtes fait soldat de ce régime.
01:18:00Un homme à qui le feu des canons prussiens ne fait pas peur
01:18:04ne peut être un hypocrite de la bravoure.
01:18:07Mais vous, vous allez tirer principalement le sabre contre les ouvriers
01:18:11qui sont quatre cents contre dix mille.
01:18:14Remarquez en plus l'effet sur l'opinion.
01:18:16Dans ce duel ignoble, l'admiration et la sympathie
01:18:20iront toujours aux partis qui n'a ni canon ni fusil.
01:18:24Et quoi, docteur? Vous êtes donc un si grand ami du peuple?
01:18:27Je suis un ami du vrai roi de France.
01:18:30Et lui sera pour le peuple.
01:18:32Un peuple qu'il faut ménager.
01:18:34Car les riches devront bientôt chercher leur sécurité
01:18:37dans l'absence du désespoir chez le pauvre
01:18:40et non dans la force.
01:18:42Dieu vous garde, monsieur, de jamais tuer des Français.
01:18:46Mais monsieur, j'entre dans la vie.
01:18:48Je trouve en France deux ou trois maisons de commerce
01:18:50qui se disputent le monopole des faveurs sociales.
01:18:52En attendant le choix que je pourrais faire plus tard
01:18:55j'ai accepté un petit intérêt dans la maison de Louis-Philippe.
01:18:58Et c'est la seule qui me fait des offres réelles et positives.
01:19:01Quand on a le malheur de vivre sous un gouvernement fripon
01:19:04comme le nôtre actuellement
01:19:07et de raisonner juste et de voir clair.
01:19:10L'homme d'aujourd'hui n'est qu'une peliche de plus à ces ordres.
01:19:13Voyons, un tel rôle est-il fait pour un homme bien né comme vous?
01:19:17Avec des mœurs élégantes, une éducation délicate et de la fortune.
01:19:22Pourquoi ne seriez-vous pas des nôtres?
01:19:24Car si nous n'arrêtons pas le mal,
01:19:26nous allons tomber dans les horreurs de la démocratie.
01:19:29On ne pensera plus qu'à l'augmentation de la population.
01:19:32Mais ce sera une population malheureuse,
01:19:35manquant de pain, trop nombreuse et trop instruite.
01:19:39Tous les paysans sauront bientôt lire.
01:19:41Viendra des écrivains incendiaires qui mettront tout en discussion.
01:19:45Et vous n'aurez bientôt plus aucun principe sacré.
01:19:48D'ailleurs, la démocratie amènera nécessairement,
01:19:52littérairement parlant et dans les arts,
01:19:54le règne des gens médiocres, raisonnables, bornés et plats.
01:19:59Voyons de plus près, par exemple, les intérêts des familles nobles de Nancy.
01:20:03Il y a dans ces familles nobles de fort beaux partis possédant des biens importants.
01:20:08Non, non, docteur, je ne pense nullement au mariage.
01:20:11Je préférerais la prison.
01:20:13Mon père à Paris, si je le voulais, pourrait me trouver quelques banquières hollandaises
01:20:16aussi riches que toutes vos dames prises ensemble.
01:20:18Vous oubliez un petit détail, monsieur. La naissance.
01:20:21Mais docteur, comme je vous l'ai déjà dit, je n'ai encore rien décidé.
01:20:24Il se peut même qu'un jour je prenne un emploi dans une autre maison de commerce
01:20:28qui place la foi comme une chose nécessaire dans sa mise de fonds.
01:20:31À la bonne heure. Je vois, monsieur, que vous respectez ce qui est respectable.
01:20:36Et je vois que vous serez bientôt des nôtres.
01:20:45Qu'est-ce qu'il y a, docteur?
01:20:47Cinq heures. C'est l'heure du salut.
01:20:52L'heure de quoi?
01:20:54L'heure du salut.
01:21:02Excusez-moi, docteur, qu'est-ce que vous avez dit?
01:21:05Que je vais au salut à la chapelle des pénitents.
01:21:14Eh bien, moi, en me montrant pieux, je vais me faire noble.
01:21:19Que dirait-on de moi, docteur, si je vous accompagnait?
01:21:23Oh! Oh! Rien ne vous ferait plus d'honneur.
01:21:26Au bris!
01:21:28Mais je vous préviens, vous allez vous exposer aux plaisantes rivaltériennes de vos camarades.
01:21:32On sait déjà d'Annecy le peu de cas que vous en faites.
01:21:34Le colonel nous a indiqué, le premier jour au rapport, qu'il irait à la messe.
01:21:38Et votre sage conduite a porté ses fruits.
01:21:41Hier, chez le marquis de Pontlevay,
01:21:43où l'on disait que vous étiez un pilier de ce polisson de Schmitt,
01:21:46madame de Chastelaire a pris votre défense.
01:21:48Ah?
01:21:49Oui, sa femme de chambre, qui passe sa vie aux fenêtres, lui rend compte de tout.
01:21:53Elle vous voit passer et repasser sur votre cheval de mille écuins.
01:21:58Mon cheval!
01:22:00Dire que le peu de distinction dont je jouis dans cette ville vient uniquement de mon cheval.
01:22:05Et non pas parce qu'il est bon, mais parce qu'il est cher.
01:22:14Ce jeune républicain est moins chaud que tous ces petits parisiens qui viennent d'ici chaque année visiter la vallée du Rhin.
01:22:19Nous en viendrons à beau.
01:22:21Il suffira de le faire amoureux de quelqu'une de nos femmes.
01:22:24Et je le tiens.
01:22:29Dépoulez-vous, la mère!
01:22:31Oh, non, non, ma chère amie, je ne peux pas souffrir cette dame.
01:22:34Je la trouve laide, vaniteuse, méchante, et s'autre.
01:22:38Mais ma chère, il n'est pas bon dire du mal d'une femme quand elle est laide.
01:22:44Passez votre chemin. Ici, c'est une chapelle privée. Allez, allez.
01:22:47Eh bien, eh bien, eh bien, Antoine.
01:22:51La maison de Dieu n'est-elle pas ouverte à tous?
01:22:55Allons, ma femme, venez, venez.
01:22:59Il me semble, madame, que la maison de Dieu n'est pas un lieu.
01:23:03Pardon? C'est à moi que s'adresse ce madame?
01:23:06Je vous trouve plaisant, mon petit abbé.
01:23:09Si nous ne venions pas ici par principe, vous n'auriez même pas un chat.
01:23:13Souvenez-vous que votre devoir est de ne me répondre que quand je vous interroge.
01:23:18M. votre père, qui a été le laquet de ma grand-mère, aurait dû vous instruire.
01:23:42Tenez, vous serez très bien ici.
01:23:49C'est ce jeune officier millionnaire qui s'est battu en duel il y a quinze jours.
01:23:52Mais on le disait blessé à mort.
01:23:54Le bon docteur l'a sauvé des portes du tombeau.
01:23:57Je vous prie de me dire le nom de ces beaux messieurs et de ces belles dames.
01:24:00J'en ferai une liste.
01:24:04C'est la marquise d'Aucuncourt, la plus belle dame du monde.
01:24:07La plus belle dame du monde.
01:24:09La plus belle dame du monde.
01:24:11La plus belle dame du monde.
01:24:13La plus belle dame du monde.
01:24:15La plus belle dame du monde.
01:24:18La plus séduisante de nos dames.
01:24:20Mais c'est mon petit cavalier, c'est bien lui.
01:24:23Je le reconnais.
01:24:25Et à sa gauche son mari.
01:24:26Vous voyez, il est d'énombre.
01:24:29Et à sa droite.
01:24:32Oh, rien, un ami, un ami.
01:24:34C'est la comtesse de Serpierre, et c'est quatre filles à marier.
01:24:50Merci, merci.
01:24:51Les comptes relairent, euh, les trois frères relairent.
01:25:02Pas de fortune.
01:25:03Il manque un cheval pour eux trois.
01:25:09On disait que le colonel avait cherché à le faire périr en duel.
01:25:12On dit qu'il est d'Amiens. Leveine, c'est un nom du Nord.
01:25:15Est-ce que ce ne serait pas une déformation de Lévis ?
01:25:17En tout cas, puisqu'il est ici, c'est qu'il est des nôtres.
01:25:28C'est le marquis de Saint-Réal. Deux cent mille livres de rente.
01:25:39Mais...
01:25:56Merci, merci.
01:26:01De la part de madame la comtesse de Marseille...
01:26:26...
01:26:55...
01:27:12Mais enfin, vous êtes incroyable !
01:27:14Comment ? Vous avez gardé par-devant vous cette lettre sans me la communiquer aussitôt ?
01:27:19J'ai oublié, excusez-moi. Je ne pensais pas que...
01:27:23...
01:27:27Vous ne pensiez pas quoi ? Que c'était important ?
01:27:30Une lettre vous parvient, qui vous annonce une branqueroute,
01:27:33qui va vous priver, nous priver d'une part importante de vos revenus,
01:27:37et vous ne faites rien, vous oubliez. Vous ne pensez pas que...
01:27:40Voilà ce petit officier qui va encore tomber.
01:27:44...
01:27:51Et qu'il tombe ! Voilà à quoi vous vous amusez quand je vous parle de choses sérieuses.
01:27:56...
01:28:04Au même endroit ! Oh ! À ça tu vas me le payer, animal !
01:28:10...
01:28:20Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Vous disiez ?
01:28:23...
01:28:38...
01:28:53...
01:28:56...
01:29:06...
01:29:09Colonel de Saint-Mégrin ?
01:29:12Croyez-vous que le colonel se méprendra sur la signification véritable de cette soirée ?
01:29:16Pour moi, je n'ai pas changé d'avis.
01:29:19Et si je puis me permettre, cher ami,
01:29:22ne pensez-vous pas qu'il eût été bon de faire figurer sur vos invitations le motif de ce bal ?
01:29:26On ne croit tout de même pas que j'organise ce bal pour donner à danser.
01:29:30Ce Saint-Mégrin ne viendra pas, je le crains, ma chère.
01:29:34Il viendra. Il nous a prêté une de ses grandes tentes à nos couleurs, vertes et blanches,
01:29:40qu'on appelle marquise.
01:29:42Monsieur le Chevalier Leven.
01:29:45Oh ! Voilà un ennobissement bien rapide.
01:29:50Il est vrai que Leven est un nom bien bourgeois.
01:29:53Je ne vous le fais pas dire.
01:29:55Et vous l'invitez, ce petit monsieur de rien,
01:29:58qui passe son temps dans le cabinet de lecture de Schmitt.
01:30:00Oh ! Chez Schmitt ? Il n'y est allé qu'une fois.
01:30:03Ah ! Comment le savez-vous ?
01:30:07Ce n'est pas moi, mon cher.
01:30:09C'est ma femme de chambre qui le guette tous les jours à travers les vitres.
01:30:12Elle est formelle sur ce point.
01:30:14Ah ! Nous allons enfin tout savoir.
01:30:17S'il passe dans la rue de la pompe pour vous ou pour votre femme de chambre ?
01:30:21Je n'en sais rien, mon cher.
01:30:22Nous allons le savoir. Nous allons le lui demander.
01:30:25Il vient ici tout à l'heure.
01:30:27Ah ! Parce que vous le recevez.
01:30:28C'est le docteur Dupoirier qui nous l'a présenté.
01:30:31Ah ! Je n'y pensais pas.
01:30:33C'est un bon parti pour une fille sans dot.
01:30:35Oui. Plus beau que vous.
01:30:37Viens de l'Inde.
01:30:39Peux-tu te taire ?
01:30:41Pardonnez-moi, maman.
01:30:44Il est même assez riche pour vous épouser toutes les trois.
01:30:47Exactement.
01:30:48Alors comme ça ne se fait pas, il n'en prendra aucune.
01:30:54Vous êtes gentil, vous.
01:31:00Baptine ! Baptine !
01:31:30Oh ! Je vais être obligé de la saluer.
01:31:51Mais c'est que je ne lui ai pas été présenté.
01:31:55Oh ! Mes chutes nous ont fait faire connaissance.
01:31:58Ce joli petit Parisien n'est bien qu'à cheval.
01:32:01Je vais la saluer.
01:32:02Et si elle prend mon salut pour une impertinence, tant mieux.
01:32:05Fais comme si je ne le voyais pas.
01:32:14De l'indifférence.
01:32:20Elle a été forcée de me regarder comme une chose qu'on rencontre dans la rue.
01:32:23C'est flatteur. J'ai joué le rôle d'une charrette.
01:32:27Mais après tout, est-ce qu'elle m'a reconnu ?
01:32:44Eh bien, monsieur Levin, eh bien, vous voilà bien gai.
01:32:47C'est que je viens de tomber de cheval.
01:32:48Encore ?
01:32:49Mais ce qu'il y a de pire, c'est que cette chute a eu des spectateurs.
01:32:51Qui cela ?
01:32:52Une jeune personne qui occupe le premier étage de l'hôtel de Pont-levé.
01:32:55Mais c'est madame de Chastelaire. Elle ne vous a peut-être pas vue ?
01:32:58Ah si, elle m'a vue.
01:32:59Quand savez-vous ?
01:33:00Elle vient d'éclater de rire en me voyant.
01:33:02Là, dans l'escalier.
01:33:13Oh, elle la reconnaît.
01:33:14Ah oui ?
01:33:16Bien sûr, c'est le cheval du colonel Buzan de Sicile.
01:33:26De quoi parliez-vous donc là, vous autres ?
01:33:29De madame de Chastelaire.
01:33:32Allez, mademoiselle, allez servir le café. Voulez-vous ? Allez.
01:33:35Allez.
01:33:37Vite.
01:33:43Vous m'obligeriez beaucoup, monsieur,
01:33:45en ne parlant jamais avec mes filles des aventures de cette dame.
01:33:47Ce sont là des choses qui ne doivent pas faire l'entretien des jeunes filles.
01:33:50Madame de Chastelaire a apporté de Paris des manières bien dangereuses.
01:33:55Et elle ne passe pas précisément pour détester les uniformes.
01:34:04Exécrable bonne femme.
01:34:35Madame de Chastelaire.
01:34:37Madame de Chastelaire.
01:35:04Madame de Chastelaire.
01:35:34Madame de Chastelaire.
01:36:04Madame de Chastelaire.
01:36:34Madame de Chastelaire.
01:37:04Madame de Chastelaire.
01:37:06Madame de Chastelaire.
01:37:08Madame de Chastelaire.
01:37:10Madame de Chastelaire.
01:37:12Madame de Chastelaire.
01:37:14Madame de Chastelaire.
01:37:16Madame de Chastelaire.
01:37:18Madame de Chastelaire.
01:37:20Madame de Chastelaire.
01:37:22Madame de Chastelaire.
01:37:24Madame de Chastelaire.
01:37:26Madame de Chastelaire.
01:37:28Madame de Chastelaire.
01:37:30Madame de Chastelaire.
01:37:32Madame de Chastelaire.
01:37:34Madame de Chastelaire.
01:37:36Madame de Chastelaire.
01:37:38Madame de Chastelaire.
01:37:40Madame de Chastelaire.
01:37:42Madame de Chastelaire.
01:37:44Madame de Chastelaire.
01:37:46Madame de Chastelaire.
01:37:48Madame de Chastelaire.
01:37:50Madame de Chastelaire.
01:37:52Madame de Chastelaire.
01:37:54Madame de Chastelaire.
01:37:56Madame de Chastelaire.
01:37:58Madame de Chastelaire.
01:38:00Madame de Chastelaire.
01:38:02Madame de Chastelaire.
01:38:04Madame de Chastelaire.
01:38:06Madame de Chastelaire.
01:38:08Madame de Chastelaire.
01:38:25Mais ma parole vas-t-il de vous fumer ?
01:38:30Comme Mme Georgesson.
01:38:32Rassurez-vous, mon père. Il n'y a pas de tabac.
01:38:35Oh, mais alors, vous êtes doublement folle.
01:38:40Ma fille est complètement folle.
01:38:44Complètement folle.
01:39:00Sous-titrage ST' 501
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