• il y a 2 mois
Qu’est-ce que le nice guy ? Chloé Thibaud nous explique ce phénomène, qui n’est pas si positif que ce que l’on peut croire.

Le livre de Chloé « Désirer la vi*lence : Ce(ux) que la pop culture nous apprend à aimer » est disponible !
Transcription
00:00Je suis Chloé Thibault, journaliste et autrice du livre Désirer la violence,
00:03ce que la pop culture nous apprend à aimer.
00:06Et je vais vous parler de la banalisation des violences
00:08à travers un archétype de fiction qui est celui du nice guy, donc le mec sympa.
00:13Dans les films et dans les séries, on retrouve souvent le cliché du bad boy.
00:17Donc celui-ci, aujourd'hui, on arrive quand même à se dire qu'il faut s'en méfier.
00:20Et à l'inverse, on a la figure du nice guy, le mec sympa,
00:24qui normalement n'est pas censé nous vouloir du mal.
00:26Ce que j'invite à faire aujourd'hui, c'est à prendre conscience
00:29que cette figure du mec sympa, elle peut être tout aussi violente,
00:32voire plus violente que celle du bad boy.
00:35Je vais prendre un exemple qui est très connu, qui est celui de Twilight.
00:38Dans Twilight, on a le beau vampire incarné par Robert Pattinson,
00:41qui est Edward Cullen et qui devient très amoureux de la belle humaine Bella.
00:46Et en fait, dans le film, il y a plusieurs scènes qui passent pour étant très romantiques.
00:51Par exemple, quand il vient s'installer au bout de son lit pour la regarder dormir.
00:55En fait, si on réfléchit bien, c'est des scènes qui sont assez creepy
00:58et qui ressemblent de très près à du harcèlement.
01:01Il rentre chez elle par infraction, il lui demande pas son avis
01:04pour rester au bout de son lit en train de la regarder dormir.
01:06Imaginez une seconde qu'un homme fasse ça dans la vie réelle, c'est hyper anxiogène.
01:11Et en fait, il y a une scène où, parce qu'il espionne Bella continuellement,
01:15il lui vient en aide alors qu'elle va être agressée par une bande d'hommes dans une ruelle sombre.
01:19Il arrive, il embarque dans sa voiture, il file à toute allure,
01:22il s'insère n'importe comment sur la route, il attache pas sa ceinture.
01:26Et en fait, il dit, ouais, il faudrait que j'y retourne pour leur arracher la tête.
01:29À ce moment-là, Edward, il est super violent.
01:32Enfin, il a un comportement qui n'est pas du tout OK, il met en danger la vie de Bella,
01:36mais on a l'impression qu'il a le beau rôle.
01:38Et il y a un autre exemple qui est évidemment très connu dans la pop culture,
01:41c'est celui de Pretty Woman, le célèbre film des années 90 avec Julia Roberts,
01:45dans lequel elle incarne une travailleuse du sexe, tombe amoureuse du beau Richard Gere.
01:50Et évidemment, on sait d'emblée avec le pitch du film que leur relation est inégalitaire.
01:55Et en fait, il y a un moment où il confie à son collègue, qui est pas du tout un mec sympa,
02:00que Julia Roberts, Vivian, est une pute.
02:02Et en fait, en faisant ça, il manque de respect à Vivian.
02:05Pourquoi ? Parce qu'il autorise implicitement son collègue ensuite à tenter sa chance avec elle et à l'agresser.
02:10De fait, c'est ce qui arrive, puisque ce collègue débarque dans la chambre d'hôtel et agresse Vivian.
02:16Et à ce moment-là, Edward, donc Richard Gere, débarque et cogne son collègue
02:20et se place encore une fois en posture de sauveur.
02:23Ce qui était intéressant à ce moment-là, c'est que non seulement il passe pour le gentil qui vient sauver Vivian,
02:28alors que ce qui se passe, c'est à cause de lui.
02:30Mais ensuite, il y a un petit débrief où Julia Roberts, Vivian, lui dit
02:35« Mais purée, vous pouvez pas vous empêcher de cogner, vous, les hommes ? »
02:38Et là, Richard Gere répond « Tous les hommes ne cognent pas ».
02:41En fait, c'est assez hallucinant qu'il lui réponde ça, puisqu'il vient précisément de cogner.
02:45Mais en fait, c'est pas parce que Richard Gere, son personnage, n'a pas cogné Vivian, donc la femme,
02:50qu'il n'est pas un homme violent, puisqu'il vient de cogner précisément son collègue.
02:54Donc en fait, tout ça, tout ce que je viens d'expliquer, ça contribue à une banalisation,
02:58une minimisation de la violence et même une romantisation,
03:01puisque ces héros qui sont très violents dans les films, dans notre inconscient collectif,
03:06deviennent des hommes désirables qu'on aimerait bien rencontrer dans la réalité.

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