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Au milieu des vastes plaines et déserts de l'Afrique de l'Ouest s'élevait l'un des plus riches royaumes
du monde : l'empire du Mali (les actuels Mali, Guinée, Sénégal, Gambie, Burkina Faso, Côte d'Ivoire,
Mauritanie). Plongée dans le règne de l'empereur Soundiata Keïta, fondateur de l'empire du Mali.

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Transcription
00:00Maman !
00:19Écoutez ma parole, vous qui voulez savoir.
00:23Par ma bouche, vous apprenez l'histoire du Mandé.
00:25Par ma parole, vous saurez l'histoire de l'ancêtre du grand Mandé.
00:31L'histoire de celui qui, depuis l'Est, rayonna sur tous les pays de l'Occident.
00:41Écoutez l'histoire du fils du Buffre.
00:44Du fils du Lion.
00:46De Manga Sujata.
00:48De Mari Jata.
00:49De Songolon Jata.
00:50De Nare Manga Jata.
00:51L'homme aux noms multiples, contre qui les autres régimes n'ont rien pu.
00:57Sujata était diplomate, pacifique et négociateur.
01:01Il a décidé de rompre avec des pratiques qui paraissaient tout à fait normales aux yeux des Malékés.
01:07Personne ne mettra le mort dans la bouche de son prochain pour aller le vendre.
01:13En 1236, bien avant la déclaration universelle des droits de l'homme,
01:17il y a une charte qui est proclamée, qui va prendre le nom de charte du Mandé,
01:21qui interdit effectivement l'esclavage.
01:24Le premier étage de Sujata, c'est d'avoir donné au peuple Maléké sa dignité.
01:35Le berceau du Mali, c'est ce qu'on appelle le Mandé.
01:40Le Mandé qui, originellement, était un territoire, un triangle entre Bamako,
01:44Kita et Kangaba en Guinée.
01:47Donc c'est assez localisé.
01:50C'est ce Mandé dont Sujata est originaire.
01:55Et quel originaire ? Il est descendant des princes du Mandé.
02:00Dans cet espace dans lequel vont se développer les grands empires,
02:04il est important de rappeler que le premier de ces grands ensembles, c'est le Ghana.
02:08Le Ghana, c'est en fait l'appellation que les auteurs arabes ont donné
02:14à un royaume typiquement africain.
02:19L'histoire de ce royaume du Ghana,
02:23nous devrions dire le nom de ce royaume du Ouagadougou,
02:27est bien connue chez les Gécérés.
02:30C'est comme ça qu'on appelle les griots chez les Soninke.
02:34Les Gécérés ont bien conservé la mémoire de ce royaume du Ghana.
02:39Donc c'est le premier ensemble qui s'est développé dans cette zone-là,
02:42entre le Sahara et ce qui n'avait pas la physionomie de ce que le Sahara a aujourd'hui.
02:54Sujata était un roi diplomate, pacifique et négociateur.
02:59Sujata est un roi qui a mis en valeur les valeurs sociétales du Mali,
03:03sinon le garant de la charte de Kuruganfuga.
03:06C'est Sujata qui a fait l'homme du Mandika, l'humain du Mandé.
03:12Grâce à son organisation sociale,
03:15le Mali, sinon le Mandé, de la Gambie au Niger,
03:18de la forêt tropicale aux portes du Sahara,
03:21a connu une stabilité pendant près de mille ans.
03:27Donc Sujata, en parlant de lui, en grosso modo,
03:31de sa naissance à sa mort, il a vécu 55 ans.
03:3655 ans où il fut visionnaire guerrier.
03:40Il fut un révolutionnaire contre l'esclavage,
03:48la grande dictature.
04:02La légende raconte qu'il était handicapé.
04:07Mais à ce jour, on ne peut pas dire de quel handicap il souffrait réellement.
04:14Parce que, d'après la légende, il avait un handicap moteur.
04:21Il ne pouvait pas marcher.
04:24Et la légende raconte aussi qu'il avait ce handicap depuis la naissance.
04:29Donc, du point de vue scientifique,
04:32c'est difficile de concevoir qu'un enfant nait avec un handicap moteur
04:38et que tout d'un coup, à l'adolescence, à 12 ans, 13 ans,
04:43qu'il se mette dix mois guerrière ou mort et devienne droit.
04:49Du point de vue scientifique, c'est difficile à concevoir.
04:53Mais puisque c'est la légende qui le dit, on l'accepte.
04:58On l'accepte sans qu'on ait aujourd'hui la possibilité de vérifier.
05:05On ne peut pas non plus dire de quel handicap souffrait-il réellement.
05:09Aujourd'hui, je ne peux pas le dire.
05:28Il n'avait pas une grosse pathologie cérébrale.
05:32Il n'avait pas un déficit moteur important.
05:35Et il avait une croissance normale.
05:39Ainsi, à 12 ans ou à 18 ans, il peut se lever et marcher,
05:47devenir un grand guerrier, conquérir tout cet espace-là.
05:51C'est sûr qu'on peut l'affirmer scientifiquement
05:54qu'il n'avait peut-être pas une polio
05:58et qu'il n'avait pas un handicap neurologique majeur.
06:14Les sociétés ont besoin de mythes pour avancer.
06:19Il y a l'histoire, il y a la mémoire.
06:21Il y a la mémoire.
06:23Les historiens ne confondent pas les deux.
06:26Quand nous parlons d'histoire, nous parlons de traces.
06:29Et l'histoire de Soumyata Keïta, il y a des traces.
06:34Et nous parlons de mémoire, ça renvoie à des faits qui sont souvent...
06:39C'est pour ça qu'on parle souvent de légendes.
06:41Parce qu'il y a des faits qui ont été volontairement,
06:44on va dire,
06:49des récits qui ont été volontairement construits de manière symbolique
06:53de façon à constituer, disons, des repères pour les générations futures.
07:00Et lorsque vous regardez ce qu'on appelle souvent la légende de Soumyata Keïta,
07:05l'épopée mandingue, vous voyez bien qu'on a là une construction
07:10et on a là une construction qui, en fait,
07:14associe histoire, c'est-à-dire fait réel, avec des projections
07:18pour donner une espèce de référence aux générations futures.
07:23Lorsqu'on vous parle de Soumyata Keïta dans son enfance,
07:26qui n'a pas marché pendant sept ans,
07:29et qui comme ça se lève, vous voyez bien la symbolique qu'il y a derrière,
07:32et qui un jour demande un bâton pour se lever,
07:35il en casse un certain nombre pour ensuite s'appuyer sur une barbe de fer pour se lever,
07:40et on le montre bien.
07:43Derrière ça, il y a un enseignement.
07:46C'est que l'impossible n'est pas mon lien,
07:48et j'aimerais bien que mes compatriotes entendent ça aujourd'hui.
07:51Donc, il y a l'histoire, il y a les constructions
07:58qui sont des constructions de type idéologique,
08:01qui sont une espèce d'appareil dogmatique
08:04que toute société a besoin pour évoluer.
08:07Quand nous disons l'épopée de Soumyata,
08:14beaucoup pensent que ce qui est dit dans l'épopée, c'est ça, l'histoire.
08:22Non, l'épopée n'est pas l'histoire.
08:24L'épopée est l'histoire à raconter,
08:28pour que ça puisse plaire, pour qu'on puisse retenir,
08:33et pour qu'on puisse transmettre de génération en génération.
08:37C'est ça, l'histoire.
09:07C'est l'art qui renferme des secrets plusieurs fois séculaires.
09:12L'art de parler n'a pas de secret pour nous.
09:16Sans nous, les noms des rois tomberaient dans l'oubli.
09:21Nous sommes la mémoire des hommes.
09:27Bala Fasege Kouate était le griot accompagnateur de Soumyata Keïta.
09:33Le Mande ne le connaissait pas sous l'appellation Bala Fasege.
09:37Il l'appelait Diakouma Doka.
09:39Diakouma Doka, comme on le sait tous au Mande,
09:44chaque famille a son griot.
09:47Et Bala Fasege est de la famille attachée à la famille royale du Mande.
09:53Lui, il était donné à Soumyata comme griot accompagnateur, conseiller.
10:00Quand Soumyata s'est exilé, son griot s'est retrouvé tout seul, Bala Fasege.
10:05Le griot dit « Je m'appelle Diakouma Doka ».
10:09Doka, fils de Diakouma.
10:13J'aurais dit non, ça c'est pas un nom.
10:16À partir d'aujourd'hui, moi je te rébaptise.
10:19Je t'appelle Bala, qui veut dire Balafon.
10:22Bala Fosege Kouate.
10:29C'est ça, son nom, c'est ça même ce que ça veut dire.
10:32Jou du Balafon, Sege.
10:36Car il y a quelque chose entre nous.
10:39Kouate.
10:41Il y a quelque chose qui nous lie.
10:44C'est ça qui donne Kouate.
10:46Bon, Bala, Bala c'est le Balafon.
10:50Jou du Balafon, Sege.
10:53C'est son nom, Sege.
10:55C'est à partir de là que lui, il a pris le nom Kouate
10:58et il devient l'ancêtre éponyme de tous les Kouate.
11:00L'ancêtre éponyme de tous les Kouate du Mandé
11:03et le griot accompagnateur du roi
11:06et le griot de la cour royale du Mandé.
11:09C'est ça, Bala Fonsege.
11:11Son histoire est connue de tout le Mandé.
11:16Tout le monde connaît cette histoire.
11:18Il y a plusieurs versions de la vie de Bala Fonsege Kouate.
11:25Des explications que l'on donne.
11:27Bon, ça fait quand même depuis le XIIIe siècle.
11:33C'est pas aujourd'hui.
11:36Donc il y a eu beaucoup, beaucoup d'interprétations,
11:39beaucoup d'explications.
11:41Mais ce qu'on peut retenir, ce que personnellement je retiens,
11:45c'est que l'histoire de Bala Fonsege
11:51c'est déjà le début de l'histoire de Sungata.
11:58À la mort du roi,
12:00Sungata et sa famille furent contraints de fuir
12:03à la recherche d'une terre d'agri.
12:10Après des années d'errance,
12:13ils atteignirent le lointain royaume de Ménang.
12:16Là, personne ne vient de les chercher.
12:20Leur exil a duré, leur marche du moins a duré plusieurs années
12:24parce qu'au départ, personne ne voulait les accueillir.
12:27Ils ont même dû traverser le fleuve Niger
12:30et ils sont arrivés du côté de Ségou,
12:33dans le royaume de Méma
12:35où le roi de l'époque n'avait pas eu de fils.
12:38Il s'est pris d'affection pour Sungata.
12:41Il l'a élevé comme son fils, en chef de guerre
12:45et en dirigeant, en meneur d'hommes.
12:48Et en quelques années, la réputation de Sungata
12:51a fait le tour un peu de la région
12:54parce que c'était devenu un grand chef de guerre.
12:57Et à ce moment-là, il y a eu un nouveau conquérant
13:00qui menaçait le Manding, le Mandé,
13:04il y a les deux noms,
13:06qui menaçait donc le royaume du père de Sungata,
13:10de son père, qui est Soumaoro Kanté.
13:13On disait de lui qu'il avait tué neuf rois
13:17et qu'il portait leur peau en guise de vêtements.
13:19Qu'il avait mangé leur foi et leur cœur
13:22pour s'approprier leur puissance.
13:24Qu'il maîtrisait la magie noire mieux que les sorcières elles-mêmes.
13:30Peut-être dire deux mots de Soumaoro Kanté
13:33parce que, je l'ai dit tantôt,
13:35Soumaoro Kanté était à la tête d'un royaume,
13:38le royaume du Soso,
13:40qui était un sérieux prétendant à la succession
13:43du royaume de Ghana dont je viens de parler.
13:46Chaque fois que je dis Ghana,
13:47comprenez Ouagadou,
13:49parce que le nom africain de ce royaume c'est Ouagadou,
13:51j'insiste là-dessus.
13:53Donc Soumaoro Kanté est le chef incontesté
13:58de ce royaume du Soso,
14:01qui prétend à la succession du Ghana
14:04et Soumaoro va développer une hégémonie réelle
14:11avant que celle-ci soit contestée par Sungata Keïta.
14:15Soumaoro Kanté, le roi de Soso,
14:17a envoyé les mandés à cette reprise.
14:20C'est pourquoi on dit toujours chez nous,
14:23Soumaoro, quand il faut un mandé, il faut un mandé.
14:28Donc l'ensemble de douze royaumes se sont réunis
14:34et ils ont décidé de s'unir pour affronter Soumaoro
14:38parce qu'aucun des royaumes ne peut faire face à Soumaoro.
14:41Il fallait l'union de douze royaumes pour lui faire face.
14:44Là, ils ont consulté les voyants,
14:45les voyants ont parlé de Sungata
14:48en rappelant qu'il faut faire appel à un homme
14:51d'une mère qui a beaucoup souffert.
14:54Donc tous les critères répondaient que c'était Sungata.
15:00Et c'est comme ça que la délégation
15:02fut dépêchée pour aller à la recherche de Sungata à Mema.
15:05Les chasseurs d'onzo, dont Sungata était l'héritier,
15:10décidèrent qu'il était temps d'aller le chercher.
15:13Des ambassades furent envoyées dans toute l'Afrique de l'Ouest
15:17en quête de celui qui devait sauver le mandé.
15:20Celui dont le destin avait été annoncé il y a bien des années.
15:27L'ambassade n'a pas été facile.
15:30Là, les chasseurs furent étonnés de découvrir
15:34qu'il n'y avait plus de traces de l'ancien infirme
15:37qui avait quitté le mandé des années plus tôt.
15:48Le roi de Mema a mis une armée à sa disposition
15:51et lui, avec toutes les relations qui s'étaient tissées
15:54pendant son adolescence et sa vie,
15:56dans la région, il a réussi à organiser une grande armée.
16:01Ils sont partis au Manding.
16:04Et là, il y a eu l'affrontement avec Soumaoro Kanté.
16:11Pendant que Sungata combattait les armées de Soumaoro Kanté,
16:15j'avais été envoyé au royaume de Soso pour négocier la paix.
16:19Avec moi, il y avait Nana Triban,
16:22la demi-sœur de Sungata.
16:24La seule qu'il avait toujours aimée.
16:28Nous pensions pouvoir négocier la paix avec Soumaoro Kanté.
16:40Nous nous attendions à toute la part du roi sourcil,
16:44à des tortures, à des violences,
16:47mais c'était bien autre chose qu'il nous réservait.
16:54Je te salue.
16:56Toi non plus.
17:24Toi qui t'assieds sur la peau des rois.
17:28Je te salue.
17:30Pour toi qui portes les habits de peau humaine.
17:55Nana Triban, elle était plus forte, plus courageuse
17:59que je n'aurais jamais pu l'imaginer.
18:25C'est pas un secret de dire qu'il existe quand même
18:28une assez grande misogynie dans l'historiographie africaine,
18:32même écrite par des Africains,
18:36où on ne valorise pas la misogynie,
18:39on ne valorise pas la misogynie,
18:42on ne valorise pas la misogynie,
18:45on ne valorise pas la misogynie,
18:48on ne valorise pas la misogynie,
18:50par des Africains,
18:53où on ne valorise pas du tout le rôle de la femme,
18:56alors que dans les traditions orales, au contraire,
18:59on vous parlera de Sogolon Kéju,
19:02parce qu'on dit que de cet enfant infirme,
19:04elle a fait un bâtisseur d'empire.
19:08On vous parlera de Sassouma Berthet,
19:13la belle-mère méchante mais qui a été régente
19:16légende du royaume à la mort du père de Sundiata.
19:21Donc c'était une femme ambitieuse et c'était une femme aussi
19:24qui avait la haute main sur le conseil des anciens.
19:27Et donc voilà, elle a été en capacité de gouverner
19:31le temps que son fils grandisse et prenne effectivement le pouvoir.
19:35Il y a eu la soeur, la demi-soeur de Sundiata qui a été sacrifiée
19:41puisqu'on l'a envoyée comme présente à Sumanguru Kanté
19:49en espérant qu'à part cette alliance,
19:51il renoncerait à envahir le Manding.
19:54Bon, ça a été peine perdue parce que bon...
19:57Donc il s'est laissé séduire par cette jolie femme,
20:01cette jolie princesse qui a accepté...
20:04Bon, je sais pas si elles avaient vraiment leur mot à dire,
20:07mais elle ne s'est pas contentée d'être là
20:10comme une croix qu'on offrait à un roi, à un ennemi,
20:14mais elle a tout fait pour trouver le secret
20:17qui permettait à son peuple de vaincre ce tyran, cet envahisseur.
20:21Donc vous voyez, toutes ces femmes-là, elles ont eu un rôle,
20:25elles ont des personnalités différentes,
20:27elles ont eu chacune un rôle différent,
20:29mais toutes, elles se sont battues
20:32selon leurs propres moyens pour essayer d'arriver à un objectif.
20:36Et ça, la tradition orale parle...
20:39Quand on évoque Sundiata, on parle forcément de ces femmes-là.
20:46Sundiata avait remporté de nombreux combats,
20:49mais il n'était pas parvenu à vaincre Sumanguru Kande.
20:53Il était privé de celui qui parle et qui chante pour lui.
21:05Après les combats, les marches épuisantes,
21:07l'éprivation, c'est toute son armée
21:10qui avait besoin d'entendre la voix de son griot
21:12pour reprendre espoir.
21:25Nous avions réussi à nous échapper, Nana, Triban et moi.
21:28Ma présence allait redonner de la force aux troupes,
21:31mais c'est le cadeau ramené par Nana Triban qui allait tout changer.
21:37Sundiata.
21:49Cet ergot de coq était le taman du roi Sourcil.
21:52La seule chose au monde qui pouvait l'atteindre.
21:56La bataille finale allait pouvoir commencer.
22:00Le roi Sourcil,
22:01le roi de l'épreuve,
22:02le roi de l'épreuve,
22:04le roi de l'épreuve,
22:05le roi de l'épreuve,
22:07l'empire du Mali
22:09est fondé par Sundiata Keïta
22:13après plusieurs péripéties,
22:15plusieurs batailles
22:18livrées,
22:19perdues
22:21et gagnées.
22:22Et la dernière, la dernière des dernières,
22:24c'est cette bataille du Kyrénan
22:27qui va
22:30voir la victoire de Sundiata Keïta sur ce mauro-kante.
22:36La bataille de Kirina, contre les armées de Sumaurou Kanté, s'annonçait comme la plus importante de toute l'histoire du royaume du Mande.
22:46Pour Sundiata, c'était la victoire ou la mort.
22:51Sundiata avait vécu, souffert et grandi. Il n'était plus le garçon handicapé qui devait fuir son propre pays.
23:00Il avait en lui la force du Mansa, du roi des rois.
23:06La victoire militaire était totale, et Nana Kribang avait fourni à son demi-frère le moyen de se débarrasser définitivement du roi sourcier.
23:15Après la victoire de Kirina, Sundiata Keïta prit officiellement le titre de Mansa, roi des rois, premier empereur du Mande, ou empereur du Mali, comme certains l'appelaient déjà.
23:28C'est ici, à Kurkanfugan, que Sundiata allait léguer au monde sa charte du Mande.
23:58Le roi des rois, Sundiata Keïta.
24:03Le roi des rois, Sundiata Keïta.
24:09Le roi des rois, Sundiata Keïta.
24:14Ce qu'on met en avant, c'est deux conquérants qui vont s'affronter.
24:19Mais on parle très peu de la question sous-jacente, qui est la question de l'esclavage.
24:26On veut garder cette image parfaite de Sundiata, qui a souffert dans son enfance et qui est un grand conquérant,
24:34mais il est aussi prisonnier de sa culture et des contingences de son pays.
24:42La charte du Mande, qui est contestée d'ailleurs, puisqu'on ne sait pas vraiment si ça vient de lui directement ou si ça a été fait après par un conseil des sages,
24:54que c'était pour essayer de rétablir une concorde dans ce peuple qui avait été malmené,
24:59puisque maintenant les animistes et les musulmans habitaient le même empire, ils étaient citoyens d'un même empire,
25:07et qu'il a essayé justement de vouloir abolir l'esclavage pour que les animistes se sentent en sécurité dans son royaume.
25:19Lorsque Sundiata-Keta prend le pouvoir et fonde l'Empire du Mali, il y a une charte qui est proclamée, qui va prendre le nom de charte du Mande en 1236,
25:30donc après la victoire contre Smoro-Kanté.
25:32On va édicter de nouvelles règles, c'est de cela qu'il s'agit, on parle souvent de constitution, mais il s'agit plus d'un corpus de règles,
25:43d'éthique, mais aussi de gouvernance, comme on dit aujourd'hui, pour gérer autrement ce pays qui a souffert beaucoup du poids de l'esclavage,
25:51en tout cas de la servitude, parce que ces rois télés vivaient souvent des razzias,
25:59et c'était des guerres permanentes, des guerres sans arrêt, et Sundiata a décidé d'arrêter tout ça.
26:04Et c'est en cela qu'il est véritablement révolutionnaire, parce qu'il a décidé de rompre avec des pratiques qui paraissaient tout à fait normales aux yeux des Malenquins.
26:17Parce que Sundiata était un prince, il n'avait pas encore régné, il est venu en tant que prince, et il y a eu cette coalition autour de lui,
26:26et ils ont édicté les principes fondateurs de ce qu'on appelle Manding Kalikan.
26:35Manding Kalikan, ça veut dire ce sur quoi le Manding a prêté serment, a juré.
26:43Donc tous les dosso-maîtres qui étaient là ont juré.
26:47Tant que nous aurons, nous détiendrons ça, tant que nous aurons Arc et Karkwa,
26:53personne ne mettra le mort dans la bouche de son prochain pour aller le vendre.
26:58Donc c'était ça leur engagement, le premier premier engagement qu'ils ont pris entre eux.
27:05Et c'est ainsi que la chose a pris forme et c'est devenu ce qu'on appelle la charte du Mandé.
27:14Il fallait trouver un modèle de société qui répond à l'aspiration du Mandéka.
27:21De quoi, puisque ces douze royaumes se sont unis, donc ils ne seront plus, les rois ne seront plus rois.
27:32Mais mieux vaut leur donner encore le pouvoir qui peut leur permettre de gérer les royaumes,
27:39même s'ils ne seront plus rois.
27:41C'est pour ça qu'on les a appelés, on les a nommés les Farins,
27:44ou d'autres disent Frans, l'équivalent du gouverneur, je ne sais pas.
27:49Donc c'était la première fois où il fallait décentraliser les pouvoirs.
27:54C'est ce que Kurganfuga a donné.
27:57Puisque Djeta était contre l'esclavage, il a aboli l'esclavage.
28:01Lors de la charte de Kurganfuga.
28:03Et c'est lors de la charte de Kurganfuga qu'on a donné le nom Mandé aux douze royaumes.
28:10L'élément historiographique qui est en tout cas le plus établi, c'est celui du serment des chasseurs.
28:16C'est vraiment celui de 1222 qui interdit effectivement l'esclavage.
28:19Maintenant la proclamation de la charte en 1236 s'inscrit dans un contexte d'établissement d'un ordre politique,
28:27qui est celui d'un empire, de Sudhyatakéta, qui est fondé sur la guerre,
28:31qui est fondé effectivement sur la notion de captif,
28:34et qui en même temps est inscrit dans un contexte un peu différent de celui des chasseurs.
28:40C'est-à-dire que la fonction sociale des chasseurs, telle qu'elle est exprimée dans le serment de 1222,
28:46n'est pas celle d'un état ou d'un empire tel qu'il se constitue en 1236,
28:50et qu'il y aura notamment des souverains qui feront des expéditions, des pèlerinages,
28:56avec des captifs qui serviront par exemple de monnaie d'échange.
28:59Du coup le rapport, je dirais, à l'humain n'est pas le même,
29:04mais le document fondamental reste celui du serment des chasseurs de 1222,
29:10qui effectivement interdit l'esclavage.
29:12Et plus qu'interdire l'esclavage, pose déjà la question des réparations.
29:17Savoir que tout tort qui est fait à une vie humaine,
29:20tout ce qui est détruit ou cassé, doit être réparé, restitué ou dédommagé.
29:26Donc du coup il y a vraiment cette idée de réparation,
29:29qui je pense ici me semble extrêmement importante à mettre en avant.
29:34Je crois que la charte du Mandé, on doit en parler,
29:39surtout en essayant de ramener ça dans la langue d'origine.
29:44Et quand on dit aujourd'hui « charte du Mandé »,
29:47pour le Malinke, ça veut dire le serment des donsous, des chasseurs traditionnels.
29:54Dans les livres d'histoire, on le met très peu,
29:57mais il y avait une espèce d'opposition entre le Mandé des chasseurs,
30:02qui était dit-on esclavagiste, puisqu'il travaillait avec le commerce transsaharien,
30:08où les Arabo-berbères venaient se ravitailler en population noire dans l'Empire du Manding.
30:14Il prenait de préférence des gens qui n'étaient pas islamisés,
30:17donc des populations qui avaient leur religion traditionnelle.
30:21Et Soumaoro Kanté, ça a été le seul roi suffisamment puissant dans la région
30:26pour essayer de défendre les populations qui étaient menacées par les chasseurs d'esclaves.
30:31Soumaoro Kanté, justement, s'est présenté comme un anti-esclavagiste,
30:35quelqu'un qui se battait contre cet esclavage-là,
30:38et qui considérait que le Mandé ne pouvait pas prospérer
30:41tant que des Malenques vendaient d'autres Malenques.
30:45Il se trouve que le personnage de Sundiata Keïta a eu le même dessin.
30:50Donc quand on y regarde de près, on a la confrontation,
30:54en fait, dans ce choc Soumaoro Kanté-Sundiata Keïta,
30:57vous avez en fait un choc entre deux personnalités qui, quelque part,
31:01ont souvent un dessin commun, parce que Sundiata aussi s'est battue.
31:08Non seulement il a promulgué une législation contre l'esclavage,
31:15mais il s'est battu véritablement contre l'esclavage.
31:18À l'époque de Sundiata, l'islam n'avait pas encore pris ses quartiers.
31:28Comme on le voit aujourd'hui, il n'avait pas pris ses quartiers chinois.
31:32Sundiata n'était pas musulman.
31:34Il n'a jamais été musulman.
31:37Mais cela ne veut pas dire qu'il n'a pas rencontré les musulmans sur son chemin.
31:42Cette charte du Mandé va ensuite connaître une postérité un peu compliquée,
31:48puisque dans les années 1960, l'historien et anthropologue Youssouf Tatassissé
31:54va démontrer qu'en réalité, cette charte qui aurait été proclamée en 1236
31:59est en réalité un autre document qui est le serment des chasseurs de 1222.
32:04Il y a une confusion entre la charte de 1236 et le serment de 1222.
32:09Cette confusion a été liée à la tradition orale de l'histoire
32:15et au rôle des griots qui ont lié les deux documents de manière apocryphe.
32:22Un troisième élément de confusion qui va arriver, c'est qu'à la fin des années 1990,
32:28un magistrat guinéen, Siroma Kouyate, va notamment proposer une réécriture
32:35de cette charte du Mandé, de manière entre guillemets actualisée,
32:39qui elle va être validée au niveau de l'UNESCO,
32:42inscrite notamment au patrimoine culturel de l'humanité.
32:46Et donc du coup, on est vraiment sur des documents de source
32:50qui font débat entre historiens.
32:53Mais l'élément fondamental de cette charte du Mandé,
32:56c'est que, et c'est comme ça qu'il faut l'apprendre,
32:58c'est qu'elle est vraiment la première constitution
33:01produite par des Africains de l'époque, on va dire, moderne et contemporaine,
33:06qui renvoie à la notion notamment des droits humains.
33:09Et donc elle s'inscrit vraiment dans un contexte où on fait de l'humanité,
33:14on fait de l'élément humain quelque chose d'inaliénable, quelque chose d'invendable,
33:19et on met vraiment au cœur des enjeux de la cité, des notions de fraternité,
33:24des notions de solidarité, de respect, de bienveillance, de tolérance,
33:28d'amour, de dignité, dans ce document-là.
33:33La charte, en tant que texte fondateur,
33:38comme tous nos textes fondateurs, sont des textes oraux.
33:43Ce sont des textes qui sont déclamés, qui sont enseignés,
33:48qui sont donnés sous le sceau de l'initiation.
33:53N'importe qui ne peut pas avoir accès à ces textes-là
33:58sans avoir été initié au préalable.
34:01Surtout, on oublie un peu que l'Afrique n'a pas connu cette écriture universelle.
34:10Certainement, il y a eu des judiogrammes et autres,
34:12où il y avait quelques gens qui savaient déchiffrer ça,
34:17mais on n'a pas connu cette écriture qui était scientifiquement didactique,
34:22qu'on pouvait enseigner des trucs comme ça.
34:24Ce n'était pas comme ça.
34:25Donc, il fallait donner plus de poids à l'oralité,
34:29puisqu'il fallait la garder.
34:31Donc, d'où sort aussi l'importance de l'oralité.
34:35Et pour en finir, l'oralité a plus de saveurs que l'écriture.
34:42Quelqu'un qui est dans l'oralité, ses propos sont captés facilement.
34:48Il pousse les gens à l'écouter.
34:51Et c'est à travers l'oralité qu'on peut faire accompagner la parole de la musique par le chant.
34:58Faire rire quand on veut, faire réfléchir quand on veut, faire peur quand on veut.
35:04Et après, créer l'ambiance à travers l'oralité.
35:08C'est pourquoi nous, nous tenons à l'oralité
35:10et c'est une de nos plus grandes valeurs aussi.
35:19Je n'ai pas connaissance de traces écrites précises de ce serment.
35:24Maintenant, l'histoire orale est une histoire assez compliquée,
35:31mais il y a quand même une certaine exactitude des versions orales qui tendent à penser.
35:38Je ne sais pas si ce serait au niveau des manuscrits de Tombouctou ou des manuscrits de Gao,
35:43ou des tariques, c'est-à-dire les récits qui étaient produits à cette époque-là,
35:47qui me laissent penser qu'il y a quand même eu notamment une jurisprudence
35:51qui s'est créée à partir de ces documents-là.
35:53Donc à mon sens, c'est peut-être des champs d'exploration,
35:56mais je pense que dans les documents juridiques de l'époque,
36:00il est possible ou envisageable peut-être de trouver le serment des chasseurs de 1922
36:07comme source juridique ou source jurisprudentielle.
36:10Donc ce n'est pas tellement peut-être dans le domaine de l'histoire entre guillemets
36:13qu'il faudrait trouver ces éléments-là,
36:15mais plutôt dans les recueils ou les codes juridiques de l'époque.
36:19Donc c'est vraiment, je pense, un travail d'archéologie,
36:22un travail d'exploration des sources qui reste sans doute à faire aujourd'hui.
36:31Les chasseurs déclarent,
36:34toute vie est une vie.
36:38Il est vrai qu'une vie apparaît à l'existence avant une autre vie,
36:43mais une vie n'est pas plus ancienne, plus respectable qu'une autre vie,
36:49de même qu'une vie n'est pas supérieure à une autre vie.
36:53Le texte de la charte du Mandé fait cet article.
36:56Les premiers mots de la charte disent ceci,
37:00toute vie est une vie.
37:02Aucune vie n'est plus importante qu'une autre vie.
37:08Ça c'est des bases de la sacralité de l'écologie.
37:13C'est-à-dire que les chasseurs,
37:16les chasseurs de l'époque,
37:19de l'écologie,
37:21c'est-à-dire que le chasseur, le dosso,
37:25qui va à la chasse,
37:28a déjà une vision sacrée de l'acte qu'il va les commettre.
37:35Parce que toute vie étant une vie, toute vie étant sacrée,
37:39la vie de l'animal qui va les ravir,
37:42il faut qu'il prenne conscience que cette vie-là,
37:45vous, a la même valeur que sa propre vie à lui, ce dosso.
37:50Mais qu'est-ce qui le pousse à le faire ?
37:52Il faut qu'il l'explique à l'animal avant de l'abattre.
37:55Donc c'est-à-dire que tout est lié,
37:58le respect de la flore,
38:01le respect de tout ce qui est être vivant sur terre,
38:07ce respect-là est dû à chaque être,
38:11par le dosso à travers la vision sacrée de l'écologie.
38:17La mare qui coule, le dosso considère ça
38:21comme un don de Dieu, un don du Créateur,
38:24qu'il ne faut pas polir,
38:26parce que si tu polis aujourd'hui, demain tu vas boire où ?
38:29Donc c'est des éléments comme ça qui sont là
38:33et qui font partie de la charte
38:38et qui guident les gens vers une certaine vision sacrée
38:45de tout ce qui peut nous mener à protéger notre environnement
38:50et à évoluer correctement.
38:58La charte du monde a été inscrite au patrimoine cultural de l'humanité.
39:05Je pense qu'elle fait partie des textes importants
39:10qui ne sont peut-être pas suffisamment valorisés
39:14parce qu'effectivement derrière il y a toute cette controverse
39:17sur les sources, l'origine,
39:19et qui devraient être davantage réactualisés
39:25parce qu'il y a déjà cette problématique
39:27de la réactualisation d'un document apocryphe,
39:31mais qui pourrait servir d'exemple, je pense,
39:33pour repenser pas mal de constitutions contemporaines.
39:38Donc ça c'est un premier élément,
39:39c'est-à-dire qu'il y a des sources du passé
39:42qui peuvent servir aujourd'hui
39:44au niveau de la manière de repenser nos États.
39:47Deuxièmement, je pense qu'il y a aussi un enjeu de soft power
39:53autour de cette charte du monde,
39:55et entre pays africains d'une part
39:57et entre pays africains et pays occidentaux.
40:01Et troisièmement, je pense que le fait d'inscrire la charte du monde
40:07au patrimoine culturel de l'UNESCO
40:11a été contesté par certains
40:13qui ont estimé qu'il n'y a pas eu de débat scientifique suffisant,
40:19biais quelque part le travail historique.
40:22Et donc là aussi c'est un élément
40:24qui renvoie tout simplement au parti pris
40:27qui est fait derrière l'histoire,
40:29et quelque part à la nécessité peut-être
40:33de mieux travailler le contexte historique
40:37de production des éléments de référence africaine.
40:41Donc pour moi il y a une dimension
40:44pas forcément d'instrumentalisation,
40:46pas forcément de manipulation,
40:49mais je trouve que le débat qui est autour de cette charte,
40:54son inscription au patrimoine culturel de l'UNESCO
40:57est en soi une bonne chose,
40:59mais n'est pas suffisamment accompagné, je dirais,
41:02de contextualisation, de clarification,
41:05de recherche sur l'histoire qui est derrière.
41:11L'interprétation qui est faite autour de ce document
41:14est aussi liée, je dirais,
41:16à un prisme un peu colonial et raciste.
41:18Et donc on va voir apparaître des thèses
41:20qui vont expliquer que cette charte-là n'a jamais existé,
41:23qu'elle a été réécrite a posteriori
41:26par des historiens ou des militants
41:29qui veulent montrer la grandeur de l'Afrique
41:32et qui seraient influencés un peu comme Parcher Antadiop,
41:35qui voudraient dire qu'il n'y a pas d'Afrique,
41:37qui voudraient influencer un peu comme Parcher Antadiop,
41:40qui voudraient réinventer quelque chose qui n'aurait jamais existé.
41:42Donc tout ce discours un peu de décrédibilisation
41:45vis-à-vis d'un document dont on a quand même
41:47une source par tradition orale qui montre que,
41:49bien avant la Déclaration universelle des droits de l'homme,
41:52bien avant un certain nombre de textes
41:54constitutifs de l'humanisme européen,
41:57eh bien on avait en Afrique des textes
41:59qui ont pensé cette conception des droits de l'homme.
42:01Donc du coup, il y a vraiment une bataille
42:03qui est à la fois historiographique,
42:05qui est aussi politique et qui est aussi idéologique,
42:08qui est très particulière autour de l'histoire de cette charte du Mandé.
42:14Cette histoire du Mandé, c'est une histoire qui mérite d'être connue
42:18parce qu'au-delà de l'histoire,
42:20elle donne une espèce de repère aux générations suivantes
42:28qui trouvent là des sources d'inspiration.
42:32Je pense que nos artistes ont encore du boulot.
42:37Nous, historiens, on a du travail,
42:39mais nos artistes aussi ont vraiment des sources d'inspiration
42:42pour voir quand vous voyez une chose que je n'ai pas dite.
42:48C'est lorsqu'on parle de Sundiata Keïta
42:50et de sa réussite et de son brio.
42:53Mais ce n'est pas un homme isolé.
42:55Une des forces de Sundiata Keïta aussi,
42:57c'est sa capacité à choisir les hommes
43:00avec qui il accompagne.
43:03C'est là aussi qu'on apprend vraiment l'humilité des hommes de valeur
43:08qui sont prêts quelquefois à travailler pour le service
43:11pas de quelqu'un, mais d'une cause.
43:13Parce que Sundiata, c'est plus qu'une personnalité, c'est une cause.
43:19Le premier étage de Sundiata,
43:21c'est de devoir donner au peuple Malinke sa dignité.
43:27De lui redonner sa dignité.
43:29De lui redonner sa grandeur d'âme.
43:32De lui redonner sa confiance.
43:36Sa confiance.
43:38Parce que c'était le plus grand empire qui venait de naître.
43:45Donc tous les peuples qui étaient à l'intérieur de l'empire
43:49étaient considérés comme faisant partie du groupe Malinke.
44:00Depuis une vingtaine d'années, une trentaine d'années,
44:04l'histoire de cette période,
44:06qui est pourtant l'une des périodes, à mon avis,
44:10une période charnière, une période très importante
44:13de la longue durée de l'histoire africaine,
44:15cette période, aujourd'hui, de mon point de vue,
44:17depuis quelques années, a été délaissée.
44:19Alors qu'au mois des indépendances,
44:21et c'est pour ça qu'on n'écrit jamais l'histoire par hasard,
44:24il y a quelques années,
44:26on n'écrit jamais l'histoire par hasard.
44:28Et quelqu'un disait, toute histoire est contemporaine.
44:31Ça veut dire qu'on écrit souvent l'histoire,
44:34pas souvent, très souvent l'histoire,
44:36en fonction des préoccupations du moment.
44:40Au mois des indépendances, cette histoire était très prisée
44:42parce qu'elle a servi de levain au nationalisme africain.
44:47Et c'était normal.
44:49Il fallait réhabiliter ces peuples colonisés
44:53à qui on avait dénié toute histoire.
44:56Il fallait mettre à jour l'histoire de ces empires
45:02qui ne sont pas des lieux de mémoire,
45:04comme l'avait dit quelqu'un à propos de Ghanos.
45:06Ce ne sont pas des lieux de mémoire,
45:08ce sont des réalités vivantes et qui continuent aujourd'hui.
45:11Cette histoire, en plus, dans un pays comme le Mali,
45:14où la tradition est très forte,
45:16Mali, Guinée, Sénégal, dans tous ces pays-là,
45:19cette histoire, elle est présente dans le présent.
45:22Le passé est présent dans le présent.
45:39L'Afrique aussi a participé à la construction du monde,
45:43que partout, dans toutes les régions du monde,
45:47il y a pu y avoir des personnages, des personnalités
45:51qui ont réussi à faire de grandes choses.
45:54Par exemple, l'intelligence n'appartient pas
45:58à une seule couleur de peau, à une seule culture
46:02ou à un seul environnement géographique.
46:05Et que partout, si on s'intéressait davantage
46:08à ce qui se passe, comment s'est construit ce monde,
46:11on verrait que dans beaucoup d'autres régions,
46:14et surtout l'Afrique a été assez malmenée
46:17sur le plan des études historiques
46:19et même sur ce qu'elle a pu apporter
46:21et qui a été nié pendant longtemps,
46:23on peut se rendre compte qu'on a eu aussi
46:26de grands hommes et de grandes femmes
46:28et qui méritent d'être connues aussi bien
46:31que ceux qu'on nous met constamment en exemple
46:34et qui sont toujours occidentaux.
46:37Si Sunyata, son nom a traversé le temps,
46:40c'est parce qu'il a posé des actes
46:44qui ont durablement marqué son temps,
46:47mais qui ont eu aussi en plus un impact
46:50sur les siècles qui ont suivi.
46:52C'est extrêmement important.
46:54Ça veut dire que c'était des actes forts.
46:56Dans cette Afrique précoloniale,
46:58il y a eu des hommes de génie
47:00qui ont réussi à faire de grandes choses
47:03parce qu'il aurait pu se contenter,
47:05une fois qu'il a pu vaincre Somorocante,
47:08il a récupéré les territoires du vaincu,
47:11mais il a voulu faire un empire.
47:14Il lui fallait un débouché sur la mer,
47:16il a envoyé ses généraux et ses lieutenants
47:19conquérir d'autres territoires,
47:21ce qui fait qu'il pouvait aller partout.
47:23Il était à la limite de l'Algérie d'aujourd'hui,
47:26il était à la limite de la Mauritanie,
47:28et l'Empire du Mali a fait du commerce
47:31avec l'Afrique du Nord.
47:33Et l'or, parce qu'on n'en a pas parlé,
47:35mais c'était un pays grand producteur d'or,
47:38il a développé aussi cette production d'or,
47:41arrivait jusqu'en Europe.
47:43Ce qui fait qu'il ne s'est pas contenté
47:45de recevoir cette terre, de l'organiser,
47:49mais il a développé la culture du coton aussi.
47:53Il y a énormément de choses qu'il a faites,
47:56et je pense que c'est une figure quand même extraordinaire
48:00à montrer en exemple aux jeunes générations.
48:07Le territoire mané n'avait jamais été aussi vaste.
48:10Il ressemblait les trois royaumes libres
48:12et les douze portes du Mali.
48:15Avec la charte qu'il avait édictée,
48:17basée sur les règles ancestrales de la confrérie des chasseurs,
48:21la société devint plus juste et plus prospère.
48:24C'est ainsi que l'Empire du Mali fut fondé,
48:27et qu'il a rayonné à travers les siècles jusqu'à nos jours.
48:40Sous-titrage Société Radio-Canada
49:40L'Histoire du Mali
50:10L'Histoire du Mali
50:40Sous-titrage Société Radio-Canada
51:10Sous-titrage Société Radio-Canada

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