80 ans du massacre de Maillé - Michael Cortot

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80 ans du massacre de Maillé - Michael Cortot

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00:00Et nous sommes avec Miquel Cortot, bonjour.
00:03Bonjour.
00:03Vous êtes le président de l'association pour le souvenir de Maillet,
00:06c'est en 95 qu'est créée votre association,
00:09un an tout juste après une première exposition
00:11réalisée par les archives départementales d'Indre-et-Loire.
00:14C'est le début de la fin de l'oubli ?
00:16C'est le début d'un long silence et enfin la reconnaissance,
00:20le début de la reconnaissance de ce qui s'est passé ici
00:23et la volonté de trouver aussi un lieu pour rappeler le massacre
00:30et inscrire les enseignements de ce massacre dans l'époque d'aujourd'hui.
00:34Pourquoi la parole a mis du temps à se libérer,
00:36a mis 50 ans quasiment à se libérer ?
00:40Pour différentes raisons qui ne sont pas toujours compréhensibles.
00:45Une vraie difficulté à s'exprimer,
00:48une difficulté aussi de reconnaissance des autorités,
00:50il faut le dire, le 25 août 44 c'est aussi la libération de Paris
00:54et ce qui s'est passé dans ce petit village de Touraine
00:57a longtemps été oublié par la puissance publique.
01:00Donc la création de l'association
01:03et ensuite la création de la Maison du Souvenir
01:05c'est aussi la volonté de rappeler ce qui s'est passé ici.
01:08Vous évoquez le manque de reconnaissance de la part des autorités,
01:12justement à ce titre on va écouter Nicolas Sarkozy
01:15puisque à l'époque en 2008 il était venu ici à Maillet
01:19pour reconnaître le massacre qui avait eu lieu ici.
01:24On va l'écouter.
01:25En ignorant si longtemps le drame de Maillet,
01:30en restant indifférente à la douleur des survivants,
01:34en laissant s'effacer de sa mémoire le souvenir des victimes,
01:39la France a commis une faute morale.
01:41Une faute morale, vous partagez les mots de Nicolas Sarkozy,
01:45Michael Gorto ?
01:46Complètement, complètement.
01:48Maillet c'est 124 victimes.
01:51124 victimes le 25 août 1944
01:54et il faudra attendre 2008 pour qu'un président de la République vienne
02:00pour la seule et unique fois où un président de la République est venu.
02:04Nous sommes aujourd'hui sur les 80 ans du massacre.
02:07En dehors de Nicolas Sarkozy aucun autre président de la République
02:11n'est venu honorer la mémoire des victimes.
02:13C'est pas faute d'avoir lancé des invitations ?
02:15Comme chaque année, comme chaque année nous sollicitons
02:18l'Elysée, nous sollicitons le gouvernement
02:22et chaque année c'est un combat pour obtenir la présence
02:26d'une personnalité qui donnera de la visibilité à cette commémoration
02:31et qui nous permettra de faire passer l'ensemble des messages qu'on souhaite faire passer.
02:34Romain Taiffé, effectivement il y a de l'agacement.
02:39Quel est votre sentiment sur le fait que l'État ait mis autant de temps
02:41et encore aujourd'hui il y a du mal à venir commémorer la mémoire des 124 victimes ?
02:48L'agacement je ne sais pas, parfois oui évidemment,
02:51parfois de la colère, parfois une forme de désespoir
02:54parce que je crois que ce qu'il faut comprendre c'est qu'une personnalité politique
02:57c'est une reconnaissance pour nos survivants, pour leurs familles.
02:59C'est-à-dire que cette histoire est importante aux yeux de l'État, qu'elle est reconnue.
03:02C'est aussi un moyen de faire connaître l'histoire de Maillé.
03:04Vous, vous êtes toujours là mais il y a beaucoup de médias qui ne se déplaceront
03:08ou qui ne se déplacent que lorsqu'il y a une autorité politique majeure.
03:11Et donc on peine toujours à faire connaître cette histoire.
03:14Si on n'est pas médiatisé, on ne pourra pas faire connaître cette histoire.
03:16Et je vais même aller au-delà de ça, c'est que pour faire fonctionner
03:19un outil comme la Maison du Souvenir, on a besoin de visibilité.
03:21Et si on n'est pas relié médiatiquement, on ne génère pas de visiteurs.
03:25Et sans visiteurs, économiquement, on ne peut pas s'en sortir.
03:28Donc clairement, il y a un triple enjeu à faire venir des personnalités politiques de premier plan.
03:32Et quand on voit que les réponses aux invitations sont négatives,
03:37parfois c'est du désespoir.
03:39– Michael Corteau, vous voulez rajouter quelque chose ?
03:41– Juste compléter le propos de Romain, c'est aussi un combat permanent avec l'État, il faut le dire.
03:50Aujourd'hui, nos partenaires locaux nous soutiennent dans le fonctionnement de notre travail.
03:55Tout le travail qui est mené au sein de la Maison du Souvenir,
03:57tout ce travail d'accueil des jeunes publics, des adultes,
04:01pour expliquer et pour inscrire aussi la logique du fanatisme
04:05dans ce qu'il se passe encore aujourd'hui, pour lutter contre la radicalisation.
04:10Et c'est regrettable, je trouve, que ce manque de dialogue avec l'État soit constant 80 ans encore après.

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